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  • Théâtre & Exposition • Nous irons contempler Les Nymphéas • Par Bruno Stéphane-Chambon

    Piece_1752_340x0.jpgIls sont tous deux face à cette étendue d’eau, cette mer qui borde la côte vendéenne, elle est parfois agitée puis soudain, d’un immense calme, à l’image d’un étang de Cheverny. Au printemps 1923, Clemenceau, le Tigre, et Monet, le géant des arts, cohabitent au crépuscule de leurs vies.

    Chacun est un Janus. Le vieux père de la Victoire, socialiste forcené et ministre de l’Intérieur a été, à la fois, opposé aux syndicats, sans hésitation pour faire tirer sur les grévistes, un ennemi de la monarchie mais organisateur en 1918, d’une opération en mer Noire pour soutenir les armées blanches en lutte contre la Révolution bolchevique. Clemenceau fut, dans le même temps, soucieux de la paix sociale et duelliste forcené, courageux et proche des poilus qu’il visite de nombreuses fois dans les tranchées, seulement coiffé d’un simple chapeau et réprimant sans pitié les pacifistes, les défaitistes et les « embusqués ». Le « tigre » s’est montré, en terme de diplomatie, favorable à un rapprochement avec l’Autriche en 1908 et sourd aux appels de son empereur et du pape Benoît XV pour une paix séparée dès 1916. Enfin, cet homme réputé pour être un des grands séducteurs de son époque, (on lui attribue 800 conquêtes dont l’ancienne maîtresse du duc d’Aumale, l’actrice Suzanne Reichenberg, la comtesse d’Aunay, et, la cantatrice Rose Caron) n’hésita pas, une fois cocufié, à faire constater l’adultère de son épouse, la faire condamner à quinze jours dans la prison de Saint-Lazare avant de l’exiler aux États-Unis dans des conditions précaires avec la perte de la garde de ses enfants et de sa nationalité française.

    Cet homme bourru, connu pour ses interventions cruelles et brutales, avec ses éditoriaux dans les journaux progressistes de l’époque, est aussi un amateur d’art raffiné et collectionneur d’estampes japonaises, de statuettes bouddhistes, de laques, et de nombreux objets d’art asiatiques. Il avait rencontré, en 1864, le peintre Monet lorsqu’il était étudiant au Quartier latin. Leur amitié devint indéfectible surtout depuis la parution le 20 mai 1895 d’un article dans le journal La Justice, que Clemenceau rédigea sous le titre « Révolution de cathédrales » qui était un grand hommage au peintre.

    L’artiste, lui aussi, n’était pas sans contradictions. Républicain, il ne voulut pas s’engager dans la guerre de 1870, tour à tour pauvre mais dispendieux, puis riche et avare, avec parfois des élans de grande générosité. D’un caractère fort, parfois acariâtre, il était aussi doué pour l’horticulture et avait donné de nombreux conseils dans ce domaine à Clemenceau.

    Clemenceau et Monet

    Les voila donc réunis dans cette bâtisse et en conflit permanent au sujet de l’exposition des Nymphéas à l’Orangerie que Clemenceau s’était démené à récupérer et que, soudain, Monet avait décidé de ne pas occuper avec ses œuvres.

    Leur passe d’armes a pour témoin la fidèle cuisinière Clotilde, interprétée par Marie-Christine Danède, avec beaucoup de cocasserie et non sans charme. Elle joue le rôle du coryphée. Autre personnage central, Marguerite Baldensperger, éditrice du livre que prépare Clemenceau sur Démosthène. Mariée, ayant perdu récemment sa fille aînée, une relation sentimentale se créée avec cette personne raffinée qui restera le dernier grand amour, certainement platonique du vieux Tigre qui lui adressera plus de six cent lettres. Incarnée tout en finesse par Sophie Broustal, le personnage se révèle en alternance fragile, mais aussi très volontaire dans son acharnement à convaincre Clemenceau d’achever son œuvre. Sur un texte ciselé de Philippe Madral, bénéficiant d’une mise en scène élégante de Christophe Lidon, connu pour sa riche carrière et d’un décor toute en limpidité de Catherine Bluwal, avec des éclairages de Marie-Hélène Pinon, qui offre les tonalités de l’impressionnisme, les deux acteurs principaux sont en situation pour exprimer leur art.

    On se souviendra longtemps du monologue de Michel Aumont, dans le rôle de Monet, essayant de décomposer les différentes teintes et couleurs des reflets des flots de la mer. Atteint d’une cécité partielle, Clemenceau avait réussi à le convaincre de se faire opérer d’un œil. Cette intervention avait donné lieu à une vision jaunie des objets et de la nature. D’où la prépondérance de l’ocre dans ses dernières œuvres. Face à lui, Claude Brasseur surprenant de vérité, rejoignant dans son jeu et peut être le surpassant, son prestigieux père. A se demander s’il interprète Clemenceau, ou si c’est Clemenceau qui joue Claude Brasseur.

    Ces deux monstres incarnent l’osmose du théâtre avec l’Histoire.

    Nous ne pourrons plus aller contempler les Nymphéas sans se souvenir de leurs voix ! 

    Clemenceau La Colère Du Tigre
    Pièce de Philippe Madral – Mise en scène Christophe Lidon
    Avec Claude Brasseur, Michel Aumont, Sophie Broustal et Marie-Christine Danède.

    Théâtre Montparnasse
    31, rue de la Gaîté, Paris 14ème
    Courriel : resa@theatremontparnasse.com
    Téléphone : 01 43 22 77 74
    Du mardi au samedi à 20h30, matinée, samedi à 17h30
    Horaire modifié le : Jeudi 25 décembre à 17h30
    Séances supplémentaires : Dimanche 28 décembre à 15h30, Mercredi 31 décembre à 17h30 et Dimanche 4 janvier à 15h30.
    Relâches exceptionnelles : Mercredi 24 décembre et Jeudi 1er janvier 2015
    Places : 18 €/ 34 € / 50 et 54 €.
    Tarifs Réveillon : 20 € /42 € / 65 € et carré or : 70€

    Les Nymphéas
    Musée de l’Orangerie • Jardin des Tuileries, Paris 1er
    Tél : 01 44 77 80 07
    information@musee-orangerie.fr
    Horaires : 9h à 18h
    Tous les jours sauf le mardi, le 1er mai, le matin du 14 juillet et le 25 décembre

     

    Politique magazine  •    

  • Alain de Benoist - « Front national : pourquoi Florian Philippot a raison »

     

    Nous avons été intéressés - comme souvent - par ces réflexions d'Alain de Benoist dans Boulevard Voltaire. En soi, elles nous paraissent pertinentes et justes; elles constatent une situation et en tirent des conclusions du point de vue de la logique des partis, dans le cadre du Système. Il sont ce qu'ils sont. Alain de Benoist les consdère en l'état. Simplement, même si un certain nombre des positions du Front National concordent avec les nôtres - mais c'est aussi vrai d'autres hommes et mouvements politiques de bords bien différents - comme nous l'avons souvent exprimé ici, et comme c'est notre raison d'être, nous ne croyons pas qu'aucun parti politique intégré, de fait, au Système, soit capable de restaurer profondément et durablement la France. Ce dernier objectif, le seul pour nous qui vaille vraiment, appelle un tout autre engagement. LFAR

     

    Jean-Marie Le Pen privé de sa présidence d’honneur, puis exclu du groupe que le Front national vient de former au Parlement européen, après s’être déclaré « en guerre contre Florian Philippot ». C’est le conflit familial qui repart ?

    Les journalistes et les gens de droite ont un point commun : leur irrésistible tendance à transformer les sujets politiques en sujet « people ». Avec la guerre des générations au FN, ils s’en sont donné à cœur joie : le père contre la fille, la fille contre le père, la comparaison avec les Atrides, avec le roi Lear de Shakespeare, avec Dallas, et que sais-je encore. Après quoi, chacun s’est amusé à distribuer les bons et les mauvais points : « Marine la parricide », la « gentille Marion », le « méchant Philippot », le « fidèle Gollnisch », etc. Autant d’enfantillages, alors que l’on était devant une question de principe assez simple. Aucun parti politique ne peut admettre que l’un de ses membres tienne des propos de nature à nuire à la ligne qu’il a adoptée. Cela vaut pour les simples adhérents comme pour les dirigeants. Si Marine Le Pen ne s’en était pas tenue à ce principe, ce n’est pas de piété filiale qu’elle aurait fait preuve, mais de népotisme. Jean-Pierre Chevènement, quand il a quitté le gouvernement, disait qu’« un ministre, ça ferme sa gueule ou ça s’en va ». Si Jean-Marie Le Pen était en désaccord avec les orientations du parti qu’il a fondé, il aurait mieux fait d’en démissionner. Cela lui aurait épargné d’inutiles humiliations. S’en tenir aux questions de personnes est l’une des pires façons de concevoir la science politique.

    Et que nous dit la science politique ?

    Elle nous dit d’abord que le grand phénomène politique de ces dernières années est l’apparition d’un populisme du peuple, que les partis populistes s’efforcent aujourd’hui de capter. Et que le populisme n’est pas l’« extrême droite », comme le répètent paresseusement les tenants de l’idéologie dominante. Dans les années 1930, les ligues nationalistes opposaient des idées de droite aux partis de gauche. Le populisme oppose le peuple aux élites, ce qui n’est pas du tout la même chose. Comprendre en quoi le Front national a changé, c’est comprendre qu’il a cessé d’être un mouvement nationaliste pour se muer peu à peu en parti populiste. Bien entendu, il y avait déjà du populisme dans l’ancien FN, comme il y a encore du nationalisme dans le nouveau. Mais l’accentuation n’est pas la même. Qu’une certaine droite ne s’y reconnaisse plus est tout à fait normal. Cela explique les réactions de Jean-Marie Le Pen, tout comme celles de Gollnisch, car leur logiciel a fait son temps. Ils restent attachés à des formes et des thématiques que la vague de populisme actuel a complètement dépassées.

    Le fait est que le FN n’a pas que des amis à droite…

    Depuis la disparition de Ras l’front, les deux journaux les plus hostiles au Front national sont Rivarol et Minute, ce qui devrait quand même donner à penser. Quant à Valeurs actuelles, qui vient d’être vendu à l’affairiste franco-libanais Iskandar Safa, l’homme le plus riche du Liban après la famille Hariri, contre qui un mandat d’arrêt international avait été lancé en 2002 et qui fut interdit de séjour sur le territoire français pendant plusieurs années, son directeur général, le « Young Leader » Yves de Kerdrel, grand ami d’Emmanuel Macron, a bien l’intention d’en faire dans les mois qui viennent le journal de campagne de Sarkozy.

    On évoque un FN qui serait de gauche dans le nord de la France et de droite dans le sud. Cela implique-t-il des stratégies contradictoires ou complémentaires ?

    Ces distinctions sont elles aussi dépassées. Les nostalgiques de l’ancien Front national n’ont pas non plus compris à quel point la sociologie électorale a changé. Le cœur de cible du FN, c’est la « France périphérique » (Christophe Guilluy), la France « déconnectée », celle des territoires ruraux, urbains et périurbains qui, loin des grandes métropoles où continue de se créer la richesse, abrite les « perdants de la mondialisation », autrement dit les catégories populaires socialement les plus vulnérables : ouvriers, employés, retraités, jeunes, etc., soit 60 % de la population. Ces gens-là, qui subissent de plein fouet les effets du chômage, de la désindustrialisation, de la déflation salariale, des « plans sociaux » et de la précarité, se fichent éperdument du clivage droite-gauche et des divergences réelles ou supposées entre Marion Maréchal-Le Pen et Florian Philippot.

    Contrairement à ce que l’on dit, ce ne sont pas des gens qui rejettent la politique, mais qui rejettent la classe politique actuelle (les partis dits « de gouvernement », aux électorats protégés), ce qui est bien différent. Et ce contre quoi ils réagissent, ce n’est pas tant les menaces pesant sur leur identité que la décomposition de la sociabilité, de la communauté de mœurs qui leur est propre sous le triple effet de la mondialisation, de l’« intégration européenne » et de l’immigration – à quoi s’ajoutent encore des réformes « sociétales » inspirées par un individualisme profond (« la gauche ne défend plus guère que des valeurs individualistes », remarquait récemment Jacques Julliard). Comme le dit Vincent Coussedière, l’un des rares auteurs actuels (avec Guy Hermet, Marco Tarchi et quelques autres) à avoir compris sa véritable nature, le populisme « correspond à ce moment de la vie des démocraties, où le peuple se met à contrecœur à faire de la politique, parce qu’il désespère de l’attitude des gouvernants qui n’en font plus ». Tout est là. 

    Boulevard Voltaire

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  • Disparition de Boutros Boutros-Ghali : un scribe égyptien qui incarna le rêve français

     

    Ancien membre du cabinet de l'Egyptien Boutros Boutros-Ghali, Paul-Marie Coûteaux* rend hommage à l'intellectuel francophile que fut cet ancien secrétaire général de l'ONU, dans une intéressante tribune pour Figarovox.[26.02]. On pourra en discuter certains points et, sans-doute, en apprécier le fond.  LFAR

     

    imagesIFB2VAG7.jpgAprès tant et tant de voyages, de combats et d'épreuves, Boutros Boutros-Ghali eut l'ultime consolation de mourir au Caire, dans son pays, parmi les siens ; malgré les atteintes de l'âge, il était toujours, à 94 ans, débordant d'esprit, de cœur et d'un goût insatiable pour le travail, qui firent de ce grand scribe d'apparence frêle et d'une impeccable élégance, une personnalité connue et respectée dans le monde entier, en particulier dans l'univers francophone, en France et bien entendu en Egypte.

    Copte (ce mot, désignant les Chrétiens d'Egypte veut dire en fait Egyptien - en grec Aeguptios), il eut pour grand père un Premier ministre (Pacha) qui, seul de ses coreligionnaires à occuper de si hautes fonctions, se signala par sa francophilie, introduisant notamment des pans entiers du code civil français dans la législation égyptienne avant d'être assassiné par un fanatique musulman ; son père, Youssef, élevé chez les dominicains de Sorèze, appartenait à cette génération où, en signe d'indépendance, on s'adressait au mandataire anglais en français. Boutros fit des études de droit, en bonne partie à Paris, avant de devenir professeur d'université puis ministre d'Etat aux Affaires étrangères sous la présidence d'Anouar El Sadate qu'il aida à mener une politique de paix avec Israël, enfin vice-Premier ministre. En 1991, le soutien des pays non alignés qui appréciaient qu'il se soit fait, de conférences internationales en colloques de juristes, le chantre d'un monde bipolaire, celui de la plupart des pays d'Afrique et de la France lui valurent d'être élu Secrétaire général des Nations Unies ; ceci à la barbe des Anglo-Saxons, pris par surprise grâce à l'habilité d'une diplomatie française plus vigilante qu'on ne croit - et notamment à l'action de l'ambassadeur de France Alain Dejammet. Après un mandat ambitieux mais tumultueux au cours duquel, profitant de la fin de la guerre froide qui l'avait longtemps bloquée, il tenta de donner à l'Organisation universelle un rôle conforme à sa Charte, et après s'être heurté à de multiples reprises à la politique de Washington et son intraitable ambassadrice Madeleine Albright, il fut le seul Secrétaire général auquel un second mandat fut refusé : en 1996, alors que 14 des 15 membres du Conseil de Sécurité votèrent pour sa réélection, un contestable véto états-unien en décida ainsi.

    A 75 ans, cet infatigable travailleur que les distractions ne distrayaient guère, ne posa pas pour autant son sac : élu en octobre 1997 Secrétaire général de l'Organisation de la Francophonie, organisation trop mal connue qui pourrait jouer un grand rôle si seulement la France la prenait (et se prenait elle-même) au sérieux, il s'attacha à en faire un ensemble politique capable de faire entendre sur la scène internationale, en une autre langue, une autre voix. C'était le prolongement naturel et l'on pourrait dire familial d'une des missions qu'il se donna à l'ONU qu'il voulut arracher à l'unilinguisme - pour avoir eu l'honneur d'être sa plume à New-York, où il s'appliquait, à la différence de biens des officiels français, à parler « dans l'autre langue de travail » aussi souvent qu'il le put, je témoigne que cet engagement faisait plus que grincer les dents locales… Sur l'enjeu de la bataille linguistique dont j'ai alors vu chaque jour l'acuité, l'Egyptien avait dit l'essentiel à l'écrivain Peroncel-Hugoz : « Le français est la langue du non-alignement ».

    Il est regrettable que la France, déplorablement peu représentée à ses obsèques le 18 février, ne se soit pas davantage associée au touchant hommage que lui rendit une Egypte arrachée à la dictature islamiste soutenue par les Etats-Unis et actuellement remise sur sa voie nationale par le général Sissi. Car c'est sans nul doute la grandeur d'un personnage que tout, l'héritage familial, la stature de grand juriste international et la culture très parisienne prédisposaient à incarner une troisième voie, celle du « tout politique » opposée à la fois au « tout religieux » et au « tout marché » dont les excès conjugués mettent le feu à la terre entière - troisième voie qui est aujourd'hui tout l'enjeu de la francophonie et serait, si elle le voulait encore, la mission de la France dans le monde. Copte, il éprouva très tôt le fanatisme religieux, que seuls contiennent la raison, la démocratie et le droit. Juriste, fait professeur honoris causa par 18 universités sur quatre continents (aucune aux Etats-Unis), il crut au droit pour régler les relations entre les nations. Dans un mémorable discours prononcé non sans audace au Québec en 1992, il affirma que les souverainetés nationales (protégées, mais aussi coordonnées, pour ce qui dépasse leurs marges d'action, par une Organisation universelle, et par ce qu'il nommait « les ententes régionales », sujet de sa thèse) demeuraient la pierre angulaire d'un monde en ordre, et autant que possible en paix : on le vit dans le grave épisode de l'établissement de relations diplomatiques avec Israël, qu'il relate dans un de ses livres, « Le Chemin de Jérusalem » où l'on voit sa confiance, que nous avons bien tort d'avoir perdue, en une solution politique au conflit israëlo-arabe, contre les divers faucons et les fondamentalismes, deux fanatismes qui ne sont qu'apparemment des adversaires. Penseur, mais aussi artisan infatigable de l'équilibre mondial qui le porta à défendre sur toutes les scènes le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, sans peur d'affronter droit dans les yeux la super-puissance, il fut une sorte de gaulliste mondial. Sur cet immense et multiforme effort pour humaniser le monde, lisons la très complète biographie que lui a consacrée l'an dernier Alain Dejammet (éd. Alain Bonnier), et saluons la mémoire d'un vieux scribe égyptien qui fut l'une des plus belles incarnations du rêve français. 

    Paul-Marie Coûteaux           

    Paul-Marie Coûteaux est directeur des Cahiers de l'Indépendance. Il fut le conseiller de Boutros Boutros-Ghali de 1991 à 1993. 

  • Le Lys repousse sur les dalles de la banlieue, par PM.

    Le Fils d’un Roi, de Cheyenne-Marie Carron, raconte comment deux lycéens deviennent royalistes.

    Orpheline kabyle adoptée par une famille française chrétienne, Cheyenne-Marie Carron explore la société française depuis plusieurs films, avec un regard bien à elle : L’Apôtre traitait de la conversion d’un jeune musulman, Jeunesse aux cœurs ardents relatait l’engagement dans la Légion étrangère d’un jeune gauchiste.

    Sa dernière pellicule nous invite à nouveau dans l’univers de la banlieue. Elle met en scène l’amitié entre Kevin, un fils de prolétaire qui se débrouille vaille que vaille dans la brocante, et un jeune enfant d’émigrés, Elias, vivant chez sa mère, Marocaine de cœur et Française d’adoption.

    Les deux protagonistes n’arrêtent pas de pédaler en vélo dans leur quartier, balades récurrentes qui rythment leur quête de vérité, rêvant de beauté et de grandeur en opposition avec un décor triste, dans lequel ils évoluent. Ces promenades sont marquées par des étapes, qui sont des réunions, des confrontations et des retrouvailles. Leur parcours n’est pas anecdotique, il appartient au récit épique : histoire de deux chevaliers en quête non pas du Graal, mais de la rencontre espérée avec un Roi ! Oh surprise ! Ils ne pédalent pas mais chevauchent des destriers pour entamer une nouvelle croisade.

    Découverte de la royauté

    Le thème principal, véritable colonne vertébrale de ce film, est la découverte de la royauté, de son mystère, et surtout de la mise en évidence que ce principe est inaliénable et inscrit dans les gênes de notre humanité, quelle que soit son appartenance ethnique ou religieuse. Autour de la tige royale du Lys, colonne vertébrale du film, s’enroulent de nombreux thèmes et digressions, qui s’invitent dans le scénario de la réalisatrice. Même s’il est parfois difficile de les suivre, il ne s’agit point d’une cacophonie, mais bien plutôt une symphonie intégrant les grands thèmes de notre existence et essence.

    Tout d’abord la doctrine républicaine qui s’impose et s’oppose, avec l’usage de la censure, à l’histoire de notre pays. Car ces adolescents sont à contre-courant de leur propre génération, et surtout du programme de l’Éducation nationale. On est obligé d’évoquer la scène où nos deux paladins, dans le cadre d’un cours scolaire, sont amenés à présenter un exposé sur le roi, sous l’œil du professeur complètement désemparé.

    Les ouvriers réduits en esclavage en 1789

    Élias : « On va commencer par vous lire un texte de Tocqueville qui mentionne un discours de Louis XVI. Le prolétariat fut une création républicaine par l’expropriation de la classe ouvrière opérée par la Révolution. Les ouvriers ont été réduits en esclavage par les idéaux de 1789 ».

    Kevin : « Qui a supprimé le système corporatif qui garantissait la sécurité et les libertés ouvrières ? Qui a interdit aux ouvriers et au peuple l’exercice du droit naturel d’association ? Qui a enlevé à l’ouvrier la propriété professionnelle et les droits qui en découlent ? Qui a confisqué aux associations ouvrières l’immense patrimoine financier ? Qui a massacré le peuple et en particulier les ouvriers depuis 1789 ? Qui a supprimé les congés, les dimanches et tous les jours fériés ? Qui a obligé les enfants à travailler dès 5 ans dans les manufactures et les femmes la nuit ? La Révolution ! »

    Élias : « La Révolution a été une immense escroquerie puisqu’elle a dépouillée l’ouvrier de tous les droits que lui garantissait la Royauté »…

    D’autres thèmes sont évoqués, parfois brutalement, mais tous inhérents à la branche principale. La transmission du savoir, l’amour immense de Kevin pour sa mère, handicapée et prostrée, et sa résurrection, l’amour conjugal avec aussi la tromperie, scène iconoclaste qui amène à la rédemption par le pardon, la misère de la banlieue, avec ses injustices sociales et l’exploitation capitaliste des requins, petits chefs d’entreprises ou assureurs, et surtout la déliquescence de l’Éducation nationale. Mais sont mis à l’honneur, l’amitié, la pureté et la beauté. En filigrane : le destin avec la mort subite. Enfin l’espoir, la transmission du savoir avec l’exercice du théâtre que pratiquent les jeunes lycéens, qui interprètent dans une forêt les textes médiévaux de Pierre de Blois. Et surtout l’amour filial avec un duel entre père et fils, en guise de réconciliation, récitant sous sa forme théâtrale élisabéthaine La Complainte du Prisonnier de Richard Cœur de Lion.

    À la fin, Kevin se rend à la Basilique Saint-Denis et se met face au mausolée du roi Louis XVI, agenouillé devant Dieu.

    Un film, ou plutôt un séisme. On ne saurait trop souligner un montage astucieux qui nous transporte d’un univers à l’autre, la teinte pastel utilisée par une caméra proche du pinceau, et surtout l’admirable interprétation de tous les acteurs, qui nous font croire à un reportage pris sur le vif tant les jeunes ados parlent dans leur langage propre. On soulignera plus particulièrement le rôle pathétique de la mère d’Elias, la puissance émotionnelle du père de Kevin, le naturel des deux jeunes acteurs principaux, la palme revenant au professeur complètement formaté mais d’une sincérité absolue, qui n’arrive pas à concevoir que ses élèves de banlieue ne puissent point être des républicains, mais des royalistes !

     

    Réalisatrice : Cheyenne-Marie Carron

    Acteurs et actrices : Arnaud Jouan (Kevin), Aïmen Derriachi (Elias), Yann-Joël Collin (Le père), Véronique Berthoud (La mère).

    Le DVD du film qui est en vente sur le site de la réalisatrice : www.cheyennecarron.com

  • Martigues, samedi 1er septembre, hommage à Charles Maurras : trente photos, comme il y a ”trente beautés”, de Martigues.

    PETIT REPORTAGE EN TRENTE PHOTOS 

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    L'extrémité est du Quai Brescon, ou "Miroir aux oiseaux", le quai natal de Charles Maurras... 

    Le quai s'étire d'ouest en est, avec la forme d'une parenthèse : la maison natale de Maurras est située à l'autre extrémité, ouest, du quai, exactement à l'opposé de cette vue. 

    "Au bord des eaux de lumière fleuries,
    Sur l’antique chemin où le Vieillard des mers,
    Entre les oliviers de la Vierge aux yeux pers,
    Vit dans leur manteau bleu passer les trois Maries,
    Tu naquis. Ton enfance heureuse a respiré
    L'air latin qui nourrit la limpide pensée
    Et favorise au jour sa marche cadencée. 

    Le long du rivage sacré,
    Parmi les fleurs de sel qui s'ouvrent dans les sables,
    Tu méditais d'ingénieuses fables,
    Charles Maurras; les dieux indigètes, les dieux
    Exilés et le Dieu qu’apporta Madeleine
    T’aimaient : ils t’ont donné le roseau de Silène
    Et l’orgue tant sacré des pins mélodieux,
    Pour soutenir ta voix qui dit la beauté sainte,
    L’Harmonie, et le chœur des Lois traçant l’enceinte
    Des cités, et l’Amour et sa divine sœur,
    La Mort qui l’égale en douceur." (Anatole France) 

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    Avant la messe : Jacques Davin en grande conversation avec Jean-Louis Hueber, son épouse (en rouge) et le frère de celle-ci, Richard Gaud, derrière elle. 

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    Jacques Trémolet de Villers sourit à Joël Broquet et son épouse; Pierre Daudé (de dos, à droite, veste bleue) et un ami se trouvent à côté de Jean-Louis Hueber, qui serre une main; Richard Gaud est avec sa soeur; Hilaire de Crémiers devant la porte d'entrée...

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    Duo de choc en grande conversation : Jacques Davin, à gauche, Jean-Louis Hueber de face, devant la porte de l'église.

     

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    En attendant l'Abbé Guillaume de Tanouärn : au premier rang, Nicole Maurras, à l'extrême gauche; derrière elle, Jean-François Mattéi

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    Amies, parentes, alliées, de vieilles familles martégales se sont retrouvées pour l'occasion : les Salomon, Antelme, Meiji, Gallet, Davin... On a transpercé le temps et, à travers les générations, on a fait la jonction symbolique avec les Anciens qui ont connu et aimé Maurras, et pour qui il était, tout simplement, "Charles"... Marie-Claire Salomon a revu les trois frères Davin, fils et petits-fils de Camelot du Roi, dont le grand-père, son ami et allié Emile, père de Pierre, fut l'un des neuf fondateurs de la section d'Action française de Martigues

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    Arrivé de Pologne, après trois avions, l'Abbé de Tanouärn officie et prononce l'homélie.

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    Malgré le mistral, "sixième beauté de Martigues" tout de même, selon Maurras, on s'attarde quelques instants devant "la cathédrale" : à droite, de dos, veste bleue, Pierre Matarèse; au centre, Jean-Baptiste Donnier s'entretient avec Dominique Paoli (de dos, veste rouge); Joël Broquet est au fond, à gauche, devant le pilier de gauche

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    Jean-Baptiste Donnier et Laurence de Crémiers; de dos, à gauche, Mme Berret

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    Hilaire de Crémiers et Auguste Berret

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    Venus de Paris, Georges Rousseau et Suzanne Loetscher...

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    Auguste Berret et son épouse.

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    Dans l'une des salles du restaurant : debout, au téléphone, Philippe Kaminski, animateur de l'indispensable site Maurras.net ; assis, Jean-Louis Hueber, Richard Gaud, sa soeur Sylvie Hueber, Jacques Davin, de dos

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    Deux autres salles, ci-dessus et ci-dessous : à droite, ci-dessous, Guy Brocard et Brigitte Montignon, venus d'Aix en Provence; debout, veste rouge et de dos, Dominique Paoli en discussion avec André Latil; à gauche, veste sombre et cravate, Serge Antelme, dont la maison se trouve à un jet de pierre de celle de Charles Maurras, à Ferrières...

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    Jacques Trémolet de Villers avec, à sa droite, Nicole Maurras. En face d'eux, Franck Charriol et son épouse

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    Yves-Henri Allard, deuxième sur la droite, est presque en face de Jean-Baptiste Donnier

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    Jean-François Mattéi et Marie-Louise Dujol, au fond, devant la fenêtre

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    Presque immuable, presque hors du temps, le Martigues des pêcheurs

    maurras,martigues

    Juste avant le début des interventions, dans le jardin du Chemin de Paradis : le mistral n'empêchera pas la sono de fonctionner, ni les images et les sons d'être captés : Nicolas Balique, de RFI, est aux commandes... Satisfaction d'Hilaire de Crémiers, qui aime à répéter "Maurras m'est à coeur..." et qui propose une analyse fine et érudite des Contes du Chemin de Paradis...

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    Paul Lombard, maire communiste de Martigues, n'avait pas hésité à venir en personne "chez" Charles Maurras, décernant au passage un brevet de patriotisme à Jacques Maurras : certains devraient réviser leurs "classiques". Étonnons ceux qui connaissent mal Maurras : il avait, lui-même, prévu la place du Parti Communiste, dans le comité qui, selon lui, devait gérer, après lui, sa maison.  

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    Henri Bec et les Hueber semblent passionnés par ce que leur montre François Davin (casquette)

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    Dominique Paoli "lance" les interventions et annonce Jacques Trémolet de Villers, Jean-François Mattéi, Jean-Baptiste Donnier, Hilaire de Crémiers.... Jean-Louis Faure aura ce commentaire : "Je n’ai pu assister qu’à la seconde partie de l’événement.
    Après midi de féérie, hors de temps, fasciné par quatre authentiques savants, qui nous ont fait voyager, chacun selon leur sujet, de l’Antigone de Sophocle au désespérant 20ème siècle, au travers de la poésie d’un grand français..."

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    Nicole Maurras souhaite à son tour la bienvenue aux quatre intervenants et souligne l'action de la Municipalité de Martigues pour l'entretien de la maison.

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    C'est un Jacques Trémolet de Villers éblouissant, lyrique, émouvant, qui rendit le premier de ces quatre magnifiques hommages au maître de Martigues

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    Après vint le philosophe, qui parla de sagesse, de poésie, d'amour : les intervenants se trouvaient tout à côté du "petit logis de pierre" contenant le coeur de Maurras (son corps est à Roquevaire, dans le caveau familial); sur ce logis court un bandeau de marbre avec un vers d'Euripide, pour lequel Jean Moréas a proposé la traduction suivante : "Hélas, que le soleil est beau..."; et, en dessous, deux vers de Mistral, à la fin de Miréio : "...La mar, bello plano esmougudo, / Dou paradis es l'avnegudo..." ("la mer, belle plaine frémissante / Du paradis est l'avenue...")

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    Avec Jean-Baptiste Donnier, c'est le juriste rigoureux qui s'exprime, en un exposé clair, solide, convaincant : "Maurras est un bon guide parce que Maurras est un penseur moderne; mais c'est un critique moderne de la modernité; Maurras représente, je crois, l'autre versant de la modernité; l'autre modernité possible". Notre société, aujourd'hui, gagnerait à s'en inspirer...

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  • « J’en appelle à toutes les mères »

    Procès de Marie-Antoinette - Pierre Bouillon (1776-1831) Musée Carnavalet

     

    Par Juliette Mondon

    Comme nous le faisons toujours lorsqu'il s'agit de la Famille de France, nous plaçons cet article en tête de notre parution de ce jour. Publié hier dans Boulevard Voltaire à l'occasion de la Fête des Mères, il nous a paru avoir ici toute sa place, malgré son apparente inactualité. Apparente seulement,  comme on le verra, et particulièrement bienvenu dans un média royaliste, venant d'un site qui - quoique ami - ne l'est pas. Royaliste, en l'occurrence, prend ici tout son sens à proprement parler contre-révolutionnaire. Merci à l'auteur et à nos confrères de Boulevard Voltaire d'avoir publié ces vérités. LFAR

     

    dfeb92a26cd7c2cd2725e0fed7ac6eb2.jpeg.jpgCes mots prononcés par Marie-Antoinette, face au tribunal qui l’accuse, résonnent en cette fête des Mères d’une façon à la fois tragique et prophétique.

    Voici une femme, une mère présentée face à cette cour de justice improvisée, exposée à la vindicte populaire, face à ces révolutionnaires, qui se sont autoproclamés juges et tribuns et bourreaux. Ces délateurs auront réussi, après avoir assassiné le roi, après avoir séparé chacun des membres de la famille, arraché l’enfant des bras de sa mère, à ourdir un complot machiavélique destiné à faire mourir la mère sous l’accusation de son propre fils. Un enfant de huit ans.

    Ainsi cette femme, qui se tient debout devant ses délateurs sanguinaires, ce n’est plus la reine. C’est d’abord la mère. Cette mère que la folie collective a voulu transformer en femme incestueuse, en putain, en sorcière. Comme l’opinion est prompte à se laisser emporter par la rumeur et la calomnie !

    Lancée par quelques-uns, voici que cette rumeur grandit, s’étend et se transforme en images maudites, en peurs irrationnelles, en folie destructrice.

    Cette mère est accusée de tous les maux, dont le plus ignoble : l’inceste. Car à travers cette accusation, c’est finalement, symboliquement, la mère que l’on tue. Ou plutôt le lien mère-enfant. Certes, il y a la monarchie de droit divin que l’on veut anéantir, comme si la mort des uns permettait la vie des autres, comme si l’on pouvait anéantir le sens du sacré, par la mort de ses témoins.

    Mais il y a quelque chose d’encore plus radical, d’encore plus pernicieux. C’est qu’en faisant mourir le père, la mère et son enfant, on brise aussi symboliquement, et non pas seulement comme un effet collatéral, le lien sacré de la famille. En séparant le père de sa femme, le fils de sa mère, on commence par briser symboliquement le lien charnel existant entre chacun de ses membres.

    Et puis, comme on pensait qu’en tuant le roi et la reine, on supprimerait la monarchie de droit divin, qu’on tuerait le sacré, qu’on anéantirait Dieu lui-même, on les a assassinés. Tous.

    Tragique erreur commise que de croire qu’en supprimant une personne, on peut supprimer aussi la dimension sacrée de sa vie. Qu’en broyant une famille, on parvient à briser toute famille. 

    La République est née du meurtre d’une mère, du meurtre d’une famille. Voilà ce qui m’apparaît, aujourd’hui, comme une prise de conscience. La République a voulu naître dans le sang d’une famille. Réaliser cela est horrible, pour la mère que je suis. Et cela éclaire d’un jour nouveau ce que nous vivons aujourd’hui.

    Et cela me fait brutalement prendre en horreur cette « République » que l’on sert à toutes les sauces comme ultime rempart contre les intégrismes. 

    Car comment accepter que ce système, que nous honorons dans les institutions d’aujourd’hui, se soit rendu coupable de la mort « par omission » d’un enfant de huit ans, muré et abandonné dans la prison du Temple après l’assassinat de ses parents ? Comment accepter une telle violence, une telle injustice ?

    Qu’un idéal, quel qu’il soit, ait pu conduire à une telle folie, à une telle barbarie, qu’une volonté d’affranchissement ait pu à ce point s’aveugler sur le sens du sacré, sur la « mort du sacré », me révolte. Quel est donc le socle de cette devise républicaine, sur la liberté, la fraternité et la solidarité, si la « liberté » et cette « fraternité » se sont écrites dans le sang d’un innocent ? Aucun système ne peut fonder son existence sur le meurtre d’un innocent.

    « Ô liberté, que de crimes on commet en ton nom ! » aurait crié Madame Roland avant d’être guillotinée.

    « J’en appelle à toutes les mères. »

    Cette phrase désespérée lancée par une mère à toutes les mères de France résonne en moi d’une façon poignante. Car je lis une continuité entre la décapitation de la famille de Louis XVI et ce que nous vivons aujourd’hui. Et surtout entre cet appel de Marie Antoinette et l’appel que nous, les mères, devons lancer à toutes les mères de ce pays simplement pour que survive notre humanité.

    Que reste-t-il des valeurs de cette humanité dans une société qui n’a de cesse de saper, ruiner, détruire la famille ? Il n’en reste pas. Je constate tous les jours que la haine n’est pas morte.

    J’en veux pour preuve l’autisme de notre société, qui n’accepte plus que nous rappelions la plus simple des évidences : simplement de penser qu’un enfant a besoin d’un père et d’une mère pour exister. Oui, ne vous en déplaise, Messieurs les fossoyeurs : la première famille d’un enfant est d’abord celle qui lui donne la vie.

    Les révolutionnaires ont cru décapiter le sacré… mais le sacré ne meurt jamais. Les lobbies LGBT ont cru décapiter la famille… mais la famille ne meurt pas. Et elle ne mourra jamais. 

  • Éphéméride du 23 octobre

     Eilean Donan Castle, à Kyle of Lochalsh, dans les Highlands

     

     

     

    1295 : Signature de l'Auld Alliance

     

    Il s'agit d'un traité d'alliance défensive, directement dirigé contre les Anglais, signé entre le Roi d'Écosse et le Roi de France.

    En réalité, l'alliance entre Français et Écossais, conséquence logique d'intérêts communs (les deux nations s'opposaient aux Anglais) remonte beaucoup plus loin dans le temps.

    Dès 1165, Guillaume le Lion envoie une ambassade à Louis VII de France. On connaît cette amitié durable sous le nom d'Auld Alliance. Le traité de 1295 prévoyait que si l'un des deux États subissait une attaque de l'Angleterre, l'autre État envahirait celle-ci.

    Ci dessous les armes d'Écosse, jusqu'à l'Acte d'union avec l'Angleterre de 1603 (Acte forcé...), portant la devise latine 

     

    Nemo me impune lacessit (Personne ne me provoque impunément). 

     

    553px-Kingdom_of_scotland_royal_arms_svg.png

    En 1326, Robert Bruce, Roi d'Écosse, renouvela l'Alliance par le Traité de Corbeil.

     

    Ecossais-colour3.jpg

             

               Écouter :  Marche De Robert Bruce (Guerre De Cent Ans).mp3 

     

     

    Aux XIVème et XVème siècles, le Traité fut invoqué à six reprises.

    Ce n'est que le 6 juillet 1560 que le Traité d'Edimbourgh révoqua officiellement l'Alliance. Mais ce n'est par exemple qu'en 1903 que le gouvernement français révoqua l'article stipulant que tout citoyen écossais était officiellement et légalement reconnu comme citoyen français : c'est Henri II, le fils de François premier, qui avait promulgué une Lettre de grande naturalisation automatique, entre Français et Écossais...

    En 1429, des Écossais aidèrent Jeanne d'Arc devant Orléans.

    En 1558, le Dauphin François (futur François II) épousa Marie Stuart, Mary Queen of Scots (voir l'Éphéméride du 24 avril) : leur mariage, heureux et plein de promesses, ne dura pourtant que moins de deux ans, à cause de la mort prématurée du jeune roi. Son épouse repartit alors vers son Écosse natale, et le destin tragique que l'on sait (voir l'Éphéméride du 5 décembre)...

     

    orleans8.jpg

             

    En 1942, De Gaulle qualifia l'Auld Alliance de "plus vieille alliance au monde". Il avait pour sa part autorisé des parachutistes français, pendant la guerre, à être réunis à une unité anglaise (les SAS),car elle était dirigée par un écossais, David Stirling.

     

    Pour en savoir plus sur l'Auld Alliance :

     

    http://auldalliance.org/indexf.html

     

     

    Ci dessous, traité conclu entre les rois d'Écosse et de France John Balliol et Philippe le Bel, le 23 octobre 1295 :

     

    AULD ALLIANCE.JPG
     
    Ce fut en application de cette Auld Alliance que John Stuart (ou Stewart) emmena un contingent d'Écossais à la bataille de Baugé, permettant au roi de France, Charles VII, de remporter la victoire (voir l'Éphémeride 22 mars).
     
    Ce même John Stuart, nommé premier Commandant de la Garde du Corps du Roi, est directement aux origines de la Maison du Roi (voir l'Éphéméride du 17 août)... : dans notre Album Drapeaux des Régiments du Royaume de France, voir la photo "Maison du Roi et cavalerie légère", et les suivantes...
     
    Le 3 décembre 1743 sera créé le Royal Écossais :
     

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    dont voici le Drapeau colonel :

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    1698 : Naissance d'Ange-Jacques Gabriel

     

    Pendant quarante années, la dynastie des Gabriel régna sur Versailles, et servit la Beauté de la manière la plus aboutie et la plus aimable.

    En ce qui concerne Ange-Jacques Gabriel, si son génie a surtout orné Paris même et Versailles, il a été à l'origine aussi de la splendide Place royale de Bordeaux (dite aujourd'hui "de la Bourse") et du très beau Pont Jacques Gabriel de Blois...

    À Paris, Ange-Jacques Gabriel réalisa l'École militaire et la Place Louis XV (dite aujourd'hui "de la Concorde"), avec les façades des Hôtels de Crillon, de Coislin et de la Marine.

    On doit aussi à Ange-Jacques Gabriel, dans les environs de Paris, les agrandissement des châteaux de Menars et  de Choisy  - détruit à la Révolution... - le château de Compiègne, le pavillon du Butard à La-Celle-Saint-Cloud...

    Et, bien sûr, à Versailles, le fastueux Opéra Royal du château, inauguré pour le mariage du futur Louis XVI avec Marie-Antoinette (voir l'Éphéméride du 16 mai)...

     

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     Le Petit Trianon, à Versailles...
     
     
     

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     Sur Gabriel (ci dessus, portrait par Jean-Baptiste Greuze), voir aussi notre Éphéméride du 4 janvier, jour de sa mort...
     
     
     
     

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    1749 : Naissance de Nicolas Appert
     
     APPERT.jpg
     
     
    Il est l'inventeur, en 1804, de l'appertisation, procédé de conservation qui consiste à stériliser par la chaleur des denrées périssables dans des contenants hermétiques (boîtes métalliques, bocaux...)
     
    Pasteur démontrera le bien-fondé des travaux d'Appert en 1860, reconnaissant en lui un précurseur. Il a ainsi expliqué sa méthode pour conserver les aliments :

    "Le procédé cons
  • Éphéméride du 5 novembre

    1955 : Mort d'Utrillo (ici, La Place des Abbesses sous la neige, 1917)

     

     

     

     

     

    1219 : Prise de Damiette, François d'Assise commence à organiser sa rencontre avec le sultan Al Kamil...

    On est alors au début de la Cinquième Croisade et, en Égypte, les Croisés viennent de remporter un beau succès. C'est à cette période, pendant l'occupation de Damiette, que les Fioretti situent la rencontre du Sultan avec François d'Assise : celui-ci se rend auprès d’Al-Kamil pour le convertir, mais si Al-Kamil le reçoit cordialement et civilement, il refuse le baptême...

    http://www.freres-capucins.fr/Saint-Francois-et-le-Sultan-Dieu.html

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    1499 : Impression du Catholicon par Jehan Calvez à Tréguier 

     

    Il s'agit du premier dictionnaire trilingue, breton-français-latin, écrit par Jehan Lagadeuc en 1464.

    C'est aussi le premier dictionnaire de cet ordre (quelque six mille entrées) faisant intervenir le français.

    Un manuscrit est conservé dans le fonds latin de la Bibliothèque Nationale de France sous la cote "Latin 7656". Il est composé de 131 feuillets écrits recto-verso. Il manque environ le tiers des feuillets. Il s'agit d'une copie de l'original.

    Catholicon.jpg

    Marque de l'imprimeur (Calvez) figurant sur la version incunable du Catholicon, en 1499 

    http://www.catholicon.net/

     

     

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    1906 : Marie Curie devient professeur à la Sorbonne 

     

    À 39 ans, elle succède, en fait, à son mari, Pierre Curie, mort prématurément au mois d'avril.

    Elle est le première femme professeur de l'enseignement supérieur français, et la seule a avoir reçu deux Prix Nobel ( de Physique en 1903, de Chimie en 1911).

    MARIE CURIE.JPG
     
     Pierre et Marie Curie avaient découvert le radium en 1898 : voir l'Éphéméride du 21 decembre)
     
     
     

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    1917 : Naissance de Jacqueline Auriol
     
     
    Elle est la première femme pilote d'essai.
     

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    1922 : Mort de la mère de Charles Maurras

     

    Charles Maurras connut une petite enfance très heureuse.

    Il n'eut qu'un frère, Joseph, qui mourut en 1924 à Saïgon (il était médecin militaire), l'autre frère - François - étant mort très jeune. Charles adoptera, d'ailleurs, trois des cinq enfants de son frère à la mort de celui-ci. Et il a fait connaître, d'une façon tendre et plaisante, le caractère heureux, joyeux en enjoué de Joseph, toujours partant pour une promenade, un jeu ou une activité quelconque, en lui donnant le surnom de "Monsieur "allez !" ", signifiant par là la parfaite entente régnant entre les deux frères...

    La même entente et affection profonde régnait entre Charles et ses parents. Malheureusement, très tôt - il avait six ans - Charles perdit son père, le 3 janvier 1874. Sa mère, elle, vécut beaucoup plus longtemps, et toujours en parfaite harmonie avec son fils...

    Charles Maurras a longuement parlé de sa mère et de sa "maison carrée" de Martigues.

    5 novembre,sorbonne,prix nobel,pierre et marie curie,jacqueline auriol,bnf,catholicon,sabatier,alexis carrel,utrilloIl a aussi  écrit un ouvrage au titre éloquent, Le bienheureux Pie X sauveur de la France, dans lequel on trouve des choses importantes sur la relation mère/fils. La mère de Maurras, croyante fervente, était inquiète pour son fils Charles qui s'était éloigné de la religion; elle était allé à Rome, voir le pape, qui lui avait déclaré, en substance : je bénis son oeuvre, elle aboutira (entrevue racontée par Maurras lui-même, dans son livre Le bienheureux Pie X sauveur de la France, Plon, 1953, pages 52/53) :

    "Ne parlez pas à votre fils de ce que je vais vous dire... Ne lui en dites jamais rien... Mais je bénis son oeuvre...". Il se tut, pour ajouter : "Elle aboutira". Tel fut le trésor que ma mère emporta de Rome. Elle ne m'en fit jamais part. Pendant les onze années qui lui restaient à vivre, elle n'y fit aucune allusion... J'eus la clef du mystère huit jours après sa mort, survenue le 5 novembre 1922. Deux amies à qui elle s'était confiée, me donnèrent le secret des paroles pontificales : mon oeuvre a été bénie de Pie X. Elle aboutira. J'avais la prophétie et la bénédiction de ce Bienheureux...

     

     

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    1944 : Mort d'Alexis Carrel

     

    Il reçut le Prix Nobel de Médecine 1912.

    Accusé d'eugénisme - alors qu'il ne faisait que reprendre des idées répandues un peu partout, et que les "eugénistes" révolutionnaires ou francs-maçons, qui disent les même choses que lui ne sont jamais inquiétés... - il vit s'abattre sur lui la chape de plomb de la conspiration du silence...

    Cette courte réflexion des Dominicains d'Avrillé, sur l'homme et l'oeuvre, mérite l'attention :

     

    http://www.dominicainsavrille.fr/alexis-carrel-1873-1944/

     

    ALEXIS CARREL.jpg

    •  "La prière est la forme d'énergie la plus puissante que l'on puisse susciter."

    •  "L'intelligence est presque inutile à celui qui ne possède qu'elle." - (L'homme, cet inconnu)

    •  "Après tout, c'est le développement de la personnalité humaine qui est le but suprême de la civilisation." - (L'homme, cet inconnu)

    • "Ce n'est pas celui qui prie pour lui-même qui est guéri. C'est celui qui prie pour les autres." - (L'homme, cet inconnu)

    • "La science de l'homme est devenue la plus nécessaire de toutes les sciences."

     

     

     

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    1955 : Mort de Maurice Utrillo

     

  • Éphéméride du 5 décembre

     Le Franc, au temps où l'on ne prétendait pas que la France de toujours c'est la République...

     

     

     

    1360 : Naissance du Franc 

     

    Le 5 décembre 1360, à Compiègne, le roi Jean II crée une nouvelle monnaie, le "Franc", de même valeur que la monnaie existante, la livre tournois.

    La nouvelle pièce commémore sa libération comme l'indique son appellation (franc et affranchissement sont synonymes de libre et libération)... 

    JEAN II.JPG

    "Nous avons été délivré à plein de prison et sommes franc et délivré à toujours", rappelle le roi dans son ordonnance. "Nous avons ordonné et ordonnons que le Denier d'Or fin que nous faisons faire à présent et entendons à faire continuer sera appelé Franc d'Or." 

     

    Le Franc de 1360 est en or fin de 3,88 grammes. Il vient en complément de l'écu d'or qu'a introduit Saint Louis au siècle précédent, et de la livre tournois en argent. Il vaut une livre, ou vingt sous tournois.

    Le premier Franc représente le roi à cheval avec la légende "Johannes Dei Gratia Francorum Rex."

    Une version ultérieure du Franc, en 1365, représentera le roi à pied (le "Franc à pied") 

    franc.gif
    Si la création du Franc marque une étape majeure dans l'histoire de notre monnaie, il ne faut pas oublier qu' "une multitude de monnaies"  (Michel Mourre) existèrent sous la Royauté : Louis XIII créera ainsi la plus importante d'entre elles, le Louis d'or (voir l'Éphéméride du 31 mars). 
     
     
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    1560 : Mort de François II

     

    Son frère, Charles IX, lui succède, et sa femme Marie Stuart - Mary Queen of Scotts... - repart en Écosse, vers son destin tragique...

    Les deux époux (ci dessous, miniature extraite du livre d'heures de Catherine de Médicis) ne seront restés unis que deux ans et huit mois, du 24 avril 1558 (date de leur mariage, voir l'Éphéméride du 24 avril) au 5 décembre 1560 (jour de la mort du roi), et n'auront régné qu'un an et cinq mois, du 10 juillet 1559 au 5 décembre 1560... 

    250px-Francois_Second_Mary_Stuart.jpg
     

     

     

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    1766 : Départ de Bougainville pour une expédition autour du monde

     

    Louis XV a chargé  le comte Louis-Antoine de Bougainville, qui quitte Brest avec deux frégates royales "La Boudeuse" et "l'Étoile", de restituer officiellement la colonie des îles Malouines (aujourd'hui, îles Falklands) au gouvernement espagnol.

    Le 6 avril 1768, Bougainville arrivera à Tahiti et procèdera à l'observation scientifique de la Polynésie (voir l'Éphéméride du 6 avril).

    On lui doit les bougainvillées - ou bougainvilliers... - de nos jardins...

    BOUGAINVILLEES.JPG
     
     
     
     

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    1870 : Mort d'Alexandre Dumas

     

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    site officiel des Amis d’Alexandre Dumas :
     

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    1926 : Mort de Claude Monet

     

    Coquelicot_Monet3.jpg

      http://www.intermonet.com/oeuvre/oeuvre.htm

     

     Dans notre album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet, voir la photo "Monet, qui ajoute à l'univers..."

     

     

     

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    1983 : Saint Savin sur Gartempe classée au Patrimoine mondial de l'Humanité...  

     

    SAINT SAVIN.jpg 

     

    Pour André Malraux, l'ensemble réellement extraordinaire des fresques romanes de l'Abbaye est comme "la Sixtine de l'Art Roman".

    La voûte de la nef de 42 mètres est recouverte de plusieurs cycles iconographiques qui comptent environ une cinquantaine d’épisodes de l’Ancien Testament. Ceux-ci ont été tirés des livres de la Genèse et de l’Exode : l'histoire d'Adam et Ève, d'Abel et de Caïn, de Noé, d'Abraham, de Joseph et de Moïse.

    14 scènes ont aujourd'hui totalement disparu et 3 ont été déposées. Au total, environ 460 m² sont recouverts de peinture.

     

    En réalité, en 1983, lors de sa 7ème Session - qui dura du 5 au 9 décembre - l'UNESCO ne "classa" que les fresques de l'Abbaye, qui devra attendre 2006 pour être "classée" dans sa totalité :

    http://www.abbaye-saint-savin.fr/

    https://www.art-roman.net/stsavin/stsavin.htm

     SAINT SAVIN PEINTURES.jpg

    pour "suivre" au plus près les fresques :

    https://inventaire.poitou-charentes.fr/operations/le-patrimoine-roman/64-decouvertes/392-l-eglise-romane-de-saint-savin-une-voute-peinte-exceptionnelle

     

     

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    1989 : Record du monde de vitesse pour le TGV atlantique

     

    La rame 325 du TGV Atlantique atteint la vitesse de 482,4 km/h. La record du monde de vitesse détenu par la RFA est battu de 73 km/h.

    Le 18 mai 1990, la SNCF réitèrera son exploit en faisant grimper son TGV à 515,3 km/h.

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  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse et d'actualité de lafautearousseau...

     

    "Tension en Nouvelle-Calédonie, le destin de l'Europe ?" L'édito de Mathieu Bock-Côté, dans Face à l'info :

    • Partie 1 (5'54):

    • Partie 2 (7'38) :

    https://x.com/mbockcote/status/1792667467501953094

    @CNEWS's video Tweet

     

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    16.000 l'an passé : c'est finalement un nombre record de 18.000 jeunes pour le pèlerinage de Pentecôte 2024 entre Paris et Chartres !

    (extrait vidéo 2'03)

    https://x.com/LPLmedia/status/1792551249809743985

    Affluence record pour le pèlerinage de Pentecôte entre Paris et Chartres

     

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    1. Juste constatation de William Thay : 

    "L'Europe est considérée comme le ventre mou du monde. Une civilisation qui abandonne son art de vie au nom du "pas de conflit, pas de vague". Nous devons nous réarmer pour faire face à des Empires qui nous menacent comme l'#Iran, la Chine, la Russie, la Turquie."
     
    (extrait vidéo 1'40)
     

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    2. Fabien Bouglé compare la France ("formidable") et l'Allemagne ("mauvais) en se plaçant du point de vue de la "décarbonation" :

    "FORMIDABLE ! Le mix électrique français était hier à 99% décarboné grâce à son #nucléaire et ses barrages. MAUVAIS  ! L'Allemagne était le très mauvais élève de l'Europe qui - avec ses #éoliennes et son charbon - polluait 16X plus que la France."

     

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    3. Sarah Knafo a évidemment raison ! :

    "Exécuter les OQTF, c’est possible ! Nous avons des moyens de pression colossaux sur les pays d'origine :
    1. Supprimer l'aide au développement;
    2. Fin des visas étudiants et pour les dirigeants voulant se faire soigner ici; 3. Fin des Western Union;
    4. Gel des avoirs des dirigeants."
     
    (extrait vidéo 0'49)
     
     
    L'immigration irrégulière est mal gérée au regard des moyens alloués, juge  la Cour des comptes

     

    4. Qui a parlé de "pluralité dans l'odieux "sévice public" (le mot, maintenant bien connu, est de Goldnadel) ? Derrière "les Duhamel", la nièce et cousine...

    Image

    La familia grande ?...

     

    5. Dans L'Écho : Défense: un méga contrat se profile pour John Cockerill, FN Herstal et Thales...

    https://www.lecho.be/entreprises/defense-aeronautique/un-nouveau-mega-contrat-se-profile-pour-l-entretien-des-blindes-de-la-defense/10547026.html

     

    6. Pourquoi notre État tolère-t-il cette forme de terrorisme ? Tout simplement, parcequ'il est anti-chrétien, anti-Église, et qu'il se veut lui-même "la" Nouvelle religion républicaine, son but premier étant d'éradiquer la religion traditionnelle dans ce pays-ci, depuis deux mille ans : le christianisme... : "Si ma famille sait, elle me tue" : l’Église face au défi de l'accueil des musulmans convertis au christianisme (Entame de l'article de Bénédicte Lutaud et Amaury Coutansais-Pervinquière, dasn Le Figaro)...

    "ENQUÊTE - Plus de 350 ex-musulmans ont été baptisés cette année à Pâques. Soit 5% des adultes, une constante depuis 10 ans. Un lourd défi pour les paroisses, chargées de les accompagner dans le chemin de croix qui les attend.

    Août 2003. Dans une pièce sombre, porte verrouillée, Myriam entend sans les écouter des sourates du Coran résonner en boucle. La douleur des coups assénés par son mari se fait plus lancinante. Son tort ? Avoir manifesté son mécontentement en découvrant l'existence de sa deuxième épouse en Algérie. Au milieu de cet enfer, pourtant, Myriam reçoit, dit-elle, «des apparitions». De la Vierge Marie. Elle la prie et est «exaucée» : délivrée, elle repart en France avec ses enfants. Après un long chemin de reconstruction, la Française, séparée de son mari, reçoit finalement le baptême à Antibes en 2018, à 52 ans.

    Chaïnez a 16 ans lorsque sa mère, pourtant musulmane, la «force» à se rendre à la basilique Notre-Dame de la Garde, à Marseille, pour sortir d’une profonde dépression. «C’est un lieu très visité par les musulmans qui viennent y mettre un cierge», explique-t-elle. Face à une statue de la Vierge à l’Enfant, Chaïnez est bouleversée : «C’était comme si on m’enlevait un poids. Je n’ai jamais ressenti un tel bonheur». Depuis ce jour, en secret, elle cherche des réponses dans la Bible. 12 ans plus tard, elle est baptisée à Pâques 2023.

    Mehdi Djaadi, 37 ans, a lui aussi été élevé dans une famille musulmane. Après avoir sombré dans la délinquance, et même été tenté par l’islam radical, il fait une rencontre déterminante avec un pasteur. Baptisé en 2007 dans l’Église réformée de France, il se convertit ensuite au catholicisme, avec une première communion en 2013. Aujourd’hui, il témoigne de sa foi dans un seul en scène à succès, «Coming out».

    Comme eux, plusieurs centaines d’ex-musulmans reçoivent le baptême catholique chaque année en France.…"

    Cette année, qui enregistre une hausse record des baptêmes d'adultes (+31%), selon l'enquête annuelle de la CEF, 5% des nouveaux baptisés sont issus de familles de tradition musulmane, soit environ 350.

    Ce

  • Avis de recherche ! Où en est la croisade contre la ”cléricature médiatique” promise par Mélenchon ?... Ou : à quand la

                 Tout le monde s'en souvient, c'était il n'y a pas si longtemps : Jean-Luc s'en va-t-en guerre !...(air connu).....

              Malheureusement, il semble qu'il ne s'en prend à "eux" que lorsqu'il est attaqué, lui. Quand c'est le Pape, qui est traîné dans la boue, odieusement diffamé par ceux-là même qui défendent Mitterrand (Frédéric), Cohn Bendit ou Polanski, là, pour Jean-Luc (comme pour Georges...) c'est silence radio : motus et bouche cousue !...

                Il n'empêche: même si on ne doit pas se leurrer, ni sur la chose ni sur la personne, elle était réjouissante, la salve qu'il a tiré contre "les journalistes pourris"...

                Et elle nous fait juste regretter qu'il se soit - semble-t-il... - arrêté en si bon chemin (1)...

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    Une grande voix s'est tue ? Déja ? Il serait dommage que la basse politique politicienne accapare et récupère des colères qui seraient mieux employées dans cette oeuvre de salubrité publique qu'est la nécéssaire dénonciation de la "cléricature médiatique"...

                Souvenez- vous : "Une certaine caste médiatique se déchaîne contre moi ! J'ai commis le crime de lèse vache sacrée..."

                C'était le bon temps, où Mélenchon venait de découvrir l'eau tiède, et où cela le faisait rugir, nous promettant des lendemains saignants. Hélas, il semble plutôt devenu adepte des émissions de télé réalité genre Perdu de vue. A moins que son brusque silence, après un si bon départ, ne s'explique par ses tractations électorales pour savoir qui sera le candidat du Front de gauche (il souhaite que ce soit lui, évidemment) à la prochaine présidentielle...

                A la bonne époque, donc, au bon vieux temps d'il n'y a pas si longtemps, Mélenchon rugissait contre la police de la pensée, la censure, la diabolisation, la reductio ad hitlerum, la mise au pilori dès qu'on sortait des clous. Bien sûr, il savait que tout cela existait. Seulement il n'en faisait pas les frais, avant, alors.... c'était bon pour les autres ! Mais, comme il venait d'y goûter, au lynchage en direct, alors il a réagi. Mieux vaut tard que jamais !...

                 C'est vrai que, d'où qu'elles viennent, on n'en n'aura jamais assez des dénonciations de "la cléricature médiatique"; du "pouvoir de l'argent" (vite, il faut faire lire à Jean-Luc l'Ephéméride du 20 avril, naissance de Charles Maurras, où se trouve résumé à grands traits L'Avenir de l'Intelligence, qui montre bien que c'est la Révolution qui a libéré les forces de l'Argent et leur a ouvert toutes grandes les portes d'une domination qu'elles exercent, maintenant, sans partage...); et on n'en n'aura jamais assez non plus, d'où qu'ils viennent, des appels à la lutte et à la résistance contre ce pouvoir tyrannique: n'est-ce pas Daudet qui disait -cette phrase étant sa devise-: "Qui n'a pas lutté n'a pas vécu !"...

                 Donc, Jean-Luc a annoncé urbi et orbi qu'il allait lutter et se battre. Oui mais, voilà, quelques semaines, et même quelques mois maintenant après cette sympathique ruade dans les brancards, quid ? On attend toujours, on reste sur sa faim, et Jean-Luc semble totalement récupéré par ses intrigues politico-électorales. La torpeur estivale arrivée puis passée,  la rentrée elle aussi arrivée et en passe de passer, on commence à s'inquiéter. Car, de fait, lutter contre la cléricature médiatique, c'est une tâche qui urge. Et, pour le public, c'est bien plus intéressant que les petites questions de personnes...

                 Il serait dommage que, sitôt attelé à la tâche, Jean-luc dételle...

    (1) petit florilège, pour ceux qui auraient oublié : "sale corporation voyeuriste", "vos sujets de merde", "tu fermes ta petite bouche", "ton métier pourri", "...tellement votre tête est pourrie...", "petite cervelle"..., et trois extraits glanés sur le net :

     

    I :

    Le politique : Regardez cette semaine par exemple. Le jour 2 après qu'on ait tous jeté de grosses larmes sur l'abstention populaire, quel était le titre du journal Le Parisien ? Faut-il rouvrir les maisons closes, sujet qui est venu sur quatre ou cinq radios, c'est intéressant ça non ? Alors ce mélange de voyeurisme et de prostitution publique va continuer jusqu'à la catastrophe évidemment, évidemment bien sûr.

    L'étudiant : En tout cas on dirait que ça intéresse les gens la réouverture des maisons closes.

    Le politique : Mais si vous parliez de choses intelligentes, ça les intéresserait aussi.

    L'étudiant : Mais c'est un débat important, c'est...

    Le politique : Non c'est un débat sans aucun intérêt. Aucun intérêt.

    L'étudiant : ça dépend... C'est un débat sur l'hypocrisie de notre société

    Le politique : Voilà c'est ça, c'est tout le problème à vous le refoulé politique (sic) de la petite bourgeoisie. Moi je m'excuse mais ce que vous racontez ça concerne personne dans mon quartier. Personne s'est dit “tiens je préfèrerai aller dans une maison close que d'aller chercher les putes au coin de la rue”. J'ai jamais entendu quelqu'un me parler de ça. Sinon vous et votre sale corporation voyeuriste et vendeuse de papier.

    L'étudiant : Parce que le problème c'est qu'elles sont dans les bois les prostituées...

    Le politique : Mais j'en ai rien à faire. Si vous voulez me parler de ça, vous allez trouver quelqu'un d'autre, d'accord. Avec moi vous parlez de choses sérieuses. Dignitas and Gravitas, la maxime romaine. Avec moi vous parlez de politique et vos sujets de merde vous allez les faire avec des gens qui veulent répondre à la merde.

    L'étudiant : Non mais ce que je veux dire c'est

    Le politique  : Non non c'est fini. Terminé. (bruits de bouche et clapets avec la main gauche) Tututututut.

    L'étudiant : Non mais vous m'avez emmené sur le terrain de...

    Le politique : Tu fermes ta petite bouche. Tu me parles de politique. Moi, je te parle de médias et de ton métier pourri et si tous ce que tu trouves à faire c'est de me répondre ça tu vas faire ton interview plus loin. Ok.

    L'étudiant : Mais je ne comprends pas cette agressivité, enfin c'est...

    Le politique : C'est vous qui êtes agressif, vous vous en rendez même pas compte tellement votre tête est pourrie.

    L'étudiant : Mais c'est vous qui avait commencé à

    Le politique : Vous vous trouvez digne de parler à un homme comme moi? Vous trouvez digne alors que je vous donne comme exemple un titre pourri du Parisien de commencer avec moi un débat sur la prostitution. Mais vous me prenez pour qui bonhomme? Je ne veux pas parler avec vous de ça, c'est clair? Si vous voulez me parler de politique, je vous répondrai.

    L'étudiant : Bah fallait pas parler du titre du Parisien si vous ne vouliez pas parler de ça.

    Le politique : Je veux vous parler du titre du Parisien petite cervelle, pas de la prostitution, du titre du Parisien

    L'étudiant : C'est moi qui suis insultant ? Vous me parlez de petite cervelle et c'est moi qui suis insultant?

    Le politique : Parce que je crois que c'est une limite que vous avez atteint.

    L'étudiant : Ah bon... bah merci.

    Le politique : Moi je ne vous dis pas merci. Vous êtes tous les mêmes et vous êtes en train de nous préparer un drôle de métier. Vous allez être comme les autres, à mouliner du papier qui se vend.

     

    II :

                Jean-Luc Mélenchon a déclaré qu'il menait une "lutte politique" contre le système médiatique qui "interdit l'indépendance d'esprit" aux journalistes, se disant "partisan d'une révolution citoyenne des médias", après la polémique autour d'une vidéo qui a fait florès sur internet. Entre les deux tours des régionales, l'eurodéputé s'était emporté contre un étudiant en journalisme qui l'interrogeait avec une caméra, parlant de "métier pourri" et de "sale corporation voyeuriste".

                Pour le président du Parti de Gauche, cet "incident de départ n'a aucun intérêt", émanant d'un étudiant qui n'a pas de carte de presse. "Qui penserait à dire qu'un étudiant en médecine est un médecin ?", a-t-il lancé, dans un discours parfois confus, debout devant quelque 70 étudiants du Centre de formation des journalistes (CFJ) à Paris, lors d'un débat sur les médias. A un étudiant le qualifiant de "showman" qui réussit à faire rire son auditoire, M. Mélenchon a répondu qu'il n'était "pas au spectacle".

                "Ma critique est devenue une critique sociale et une critique radicale, je suis partisan d'une révolution citoyenne des médias", a-t-il fait valoir. "Comment être révolutionnaire dans la société (...) et m'arrêter à la porte de la cathédrale médiatique ?", a-t-il demandé, répétant qu'il n'y aurait "ni excuses ni regret" de sa part sur l'épisode de la vidéo. "Je mène une lutte politique", a-t-il martelé.

     

    III :

                «Un débat sans aucun intérêt (…) C'est vos problèmes à vous, le refoulé de la petite bourgeoisie (…) Moi, ce que vous racontez, ça ne concerne personne dans mon quartier, personne ne m'interpelle pour me dire "Tiens, je préférerais des maisons closes que d'aller chercher des putes au coin de la rue"…»), les relances de Félix Briaud font sortir l'eurodéputé de ses gonds.

                «Avec moi, vous parlez de politique! Vos sujets de merde, vous les faites avec les gens qui veulent répondre à de la merde!», lâche-t-il, avant de conclure l'entretien, sans grande commisération envers son interlocuteur: «Ecoute-moi bien petite cervelle: Tu fermes ta petite bouche, tu me parles politique… moi je te parle de médias et de ton métier pourri!»

  • Culture & Littérature • Alain Finkielkraut : un néo-réac sous la coupole

     

    Par Henri BEC

     

    2015-03-20_155205_bec-village.jpgAlain Finkielkraut a prononcé son discours de réception à l’Académie française (on dit son « remerciement »), où il avait été élu en avril 2014. On se souvient que cette élection avait été accompagnée des cris d’orfraie du petit monde médiatico-bobo, scandalisé de l’élection d’un pareil réactionnaire.

    D’une part elle nous a donné le plaisir d’assister à l’effondrement d’une pensée, et peut-être même d’un système qui ne séduit plus les esprits. Les mouvements de l’histoire sont toujours lents nous a appris Jacques Bainville, ceux de la pensée également. Mais l’Académie s’est une fois de plus honorée de résister au mauvais air du temps.

    D’autre part, le discours prononcé sous la coupole n’en fut pas moins éminent : « Le nationalisme, voilà l’ennemi : telle est la leçon que le nouvel esprit du temps a tirée de l’histoire, et me voici, pour ma part, accusé d’avoir trahi mon glorieux patronyme diasporique en rejoignant les rangs des gardes-frontières et des chantres de l’autochtonie. Mais tout se paie : ma trahison, murmure maintenant la rumeur, trouve à la fois son apothéose et son châtiment dans mon élection au fauteuil de Félicien Marceau. Les moins mal intentionnés eux-mêmes m’attendent au tournant et j’aggraverais mon cas si je décevais maintenant leur attente » .

    Alors il a répondu à leur attente mais il les a déçus.

    La France s’oublie elle-même

    Dans de nombreux ouvrages dont le très controversé L’identité malheureuse, Alain Finkielkraut n’a cessé de déplorer la disparition progressive de notre culture, notre langue, notre littérature, notre religion, nos traditions et tout simplement notre art de vivre, pour en arriver à l’être désincarné dont rêve tout dictateur, notamment le dictateur consumériste américain. Et de regretter que la France « semble glisser doucement dans l’oubli d’elle-même ».

    « Notre héritage, qui ne fait certes pas de nous des êtres supérieurs, mérite d’être préservé, entretenu et transmis aussi bien aux autochtones qu’aux nouveaux arrivants. Reste à savoir, dans un monde qui remplace l’art de lire par l’interconnexion permanente et qui proscrit l’élitisme culturel au nom de l’égalité, s’il est encore possible d’hériter et de transmettre » .

    Fils d’un juif déporté, son remerciement, au terme duquel il devait, selon une belle tradition, faire l’éloge de son prédécesseur, Félicien Marceau, homme de lettres belge, condamné par contumace à 15 ans de travaux forcés pour collaboration avec l’ennemi, condamnation qu’Alain Finkielkraut juge « exorbitante » , était très attendu. « Il n’y a pas de hasard, pensent nos vigilants, et ils se frottent les mains, ils se lèchent les babines, ils se régalent à l’avance de cet édifiant spectacle ».

    Mais il eut été étonnant que Finkielkraut s’abaissât à un jeu malsain.

    Rappelant Richelieu, fondateur de l’Académie, il cite Pierre Gaxotte, l’historien de l’Action française, évoquant Blum : « Comme il nous hait ! Il nous en veut de tout et de rien, de notre ciel qui est bleu, de notre air qui est caressant, il en veut au paysan de marcher en sabots sur la terre française et de ne pas avoir eu d’ancêtres chameliers, errant dans le désert syriaque avec ses copains de Palestine ». Il reprend Simone Weil (la philosophe, pas l’autre) et affirme, comme elle l’avait écrit dans L’enracinement, avoir été étreint par le « patriotisme de compassion » … « non pas donc l’amour de la grandeur ou la fierté du pacte séculaire que la France aurait noué avec la liberté du monde, mais la tendresse pour une chose belle, précieuse, fragile et périssable. J’ai découvert que j’aimais la France le jour où j’ai pris conscience qu’elle aussi était mortelle, et que son « après » n’avait rien d’attrayant » .

    L’hommage à Félicien Marceau

    Puis c’est tout en nuances qu’il analyse l’évolution intellectuelle de Louis Carette, le véritable nom de Félicien Marceau.

    Celui-ci occupait le poste de chef de section des actualités au sein de Radio-Bruxelles, placé sous le contrôle direct de l’occupant. Lorsque la connaissance des mesures prises contre les juifs commence à se répandre, il écrit  « Je puis concevoir la dureté. Je suis fermé à la démence. Je résolus de donner ma démission » .

    « Ce geste ne lui est pas facile » commente Finkielkraut. « Deux hontes se disputent alors son âme : la honte en restant de collaborer avec un pouvoir criminel ; la honte, en prenant congé de laisser tomber ses collègues et de manquer ainsi aux lois non écrites de la camaraderie » . Il explique longuement sa démarche, « révulsé par la guerre immonde qui suscite tout ce qu’il y a d’immonde dans le cœur déjà immonde des braillards » et rappelle que De Gaulle lui a accordé la nationalité française en 1959 et que Maurice Schumann a parrainé sa candidature à l’Académie française.

    Son discours stigmatise tous ceux qui, sans nuance mélangent les époques et les hommes pour ne juger qu’à l’aune d’un moment : « Aux ravages de l’analogie, s’ajoutent les méfaits de la simplification. Plus le temps passe, plus ce que cette époque avait d’incertain et de quotidien devient inintelligible. Rien ne reste de la zone grise, la mémoire dissipe le brouillard dans lequel vivaient les hommes, le roman national qui aime la clarté en toutes choses ne retient que les héros et les salauds, les chevaliers blancs et les âmes noires » …

    … « Car les hommes prennent pour l’être vrai le système formé par la rumeur, les préjugés, les lieux communs, les expressions toutes faites qui composent l’esprit du temps. Cartésiens et fiers de l’être, ils ont le cogito pour credo. « Je pense, donc je suis » disent-ils alors que, le plus souvent, au lieu de penser, ils suivent « Les démocrates, les modernes que nous sommes, prétendent n’obéir qu’au commandement de leur propre raison, mais ils se soumettent en réalité aux décrets de l’opinion commune ».

    Et de déclarer solennellement sous cette coupole, devant les représentants de l’intelligence et de la culture française, protecteurs de la langue : « Je ne me sens pas représenté mais trahi et même menacé par les justiciers présomptueux qui peuplent la scène intellectuelle » …

    Il analyse enfin longuement l’œuvre littéraire de Félicien Marceau : « Félicien Marceau appartient à cette période bénie de notre histoire littéraire, où les frontières entre les genres n’étaient pas encore étanches. Les auteurs les plus doués circulaient librement d’une forme à l’autre et savaient être, avec un égal bonheur, romanciers, essayistes, dramaturges« .

    Contre le prêt-à-penser

    Sa conclusion résume, dans un magnifique raccourci, les pensées distillées quotidiennement par les penseurs-censeurs enfermés dans leurs certitudes, leurs caricatures et finalement leurs erreurs, grands prêtres satisfaits du penser correct :

    « C’est la mémoire devenue doxa, c’est la mémoire moutonnière, c’est la mémoire dogmatique et automatique des poses avantageuses, c’est la mémoire de l’estrade, c’est la mémoire revue, corrigée et recrachée par le Système. Ses adeptes si nombreux et si bruyants ne méditent pas la catastrophe, ils récitent leur catéchisme. Ils s’indignent de ce dont on s’indigne, ils se souviennent comme on se souvient » .

    La place manque ici pour évoquer la magnifique réponse de Pierre Nora. Le directeur des Débats a rendu un hommage appuyé à Alain Finkielkraut après le départ de quelques grincheux. Dans Marianne (oui, oui Marianne !) Laurent Nunez se demande si ces « idiots » (sic) ont bien tout compris.

    Il entretient avec le nouvel académicien, dit-il, « une amitié distante » faite de « tout ce qui nous rapproche et nous réunit : une sensibilité attentive au contemporain, un judaïsme de génération et d’enracinement décalé, un souci de l’école et de la transmission, un rapport intense à la France, à sa culture, à sa langue, à son histoire. »

    Il formule le même constat sur « la désintégration de l’ensemble national, historique et social et même sur le naufrage d’une culture dans laquelle nous avons tous les deux grandi » .

    Mais : « À mon sens, le mal vient de plus loin, de la transformation douloureuse d’un type de nation à un autre que tout mon travail d’historien a cherché à analyser. Ses causes sont multiples et l’immigration me paraît avoir joué surtout un rôle d’accélérateur, de révélateur et de bouc émissaire. En un sens, je suis, en historien, encore plus pessimiste que vous. L’identité nationale, vous disais-je, serait peut-être aussi malheureuse s’il n’y avait pas un seul immigré, car le problème principal de la France ne me paraissait pas la puissance de l’Islam, mais la faiblesse de la République » .

    Et pour finir : « L’Académie française représente, sachez-le, le conservatoire et le condensé de tout ce qui vous tient le plus à cœur : une tradition historique vieille de près de quatre siècles, la défense de la langue dans son bon usage, le respect de la diversité des personnes dans l’unité d’un esprit de famille et le maintien, par-delà l’abîme de nos différences, d’une éternelle courtoisie. La Compagnie vous a ouvert les bras, vous allez connaître avec elle ce que c’est qu’une identité heureuse » .

    Déception bien sûr de ceux qui attendaient une condamnation sans appel, sinon une exécution, de Félicien Marceau d’abord, d’Alain Finkielkraut ensuite. Aussitôt les écrans et les radios se sont fermés, les patrons de la pensée manipulée sont partis pratiquer leur terrorisme intellectuel sur une autre victime, la discrétion s’est abattue sur cette brillante entrée à l’Académie où, faut-il le rappeler, la famille d’Orléans a son siège attitré sous la coupole. Ce fut, pour l’occasion, une fille de feu le comte de Paris qu’une limousine noire aux vitres teintées a amenée jusqu’à la cour intérieure pour respecter cette règle multiséculaire. Il est plaisant de constater que l’Académie n’entend pas rompre le fil de l’histoire. 

    Politique magazine

  • Maurrassiens et technocratie, par Philippe Germain.

    La technocrature, maladie sénile de la démocratie  : (14/15)

    Nébuleuse maurrassienne et Technocratie

    Si un mouvement politique à considéré la prise de pouvoir par la Technocratie «  normale  », c’est bien l’Action française. Depuis 1956, elle a été sensibilisée à la montée en puissance technocratique. C’était, a rappelé Christian Franchet d’Esperey dans une belle émission de Radio-courtoisie1, la grande idée de Pierre Debray lorsqu’il rendait compte dans Aspects de la France, des évolutions de la société industrielle. Par sa grande pédagogie, Il fit comprendre le «  phénomène technocratique  » à toute une génération d’étudiants monarchistes des camp CMRDS.

    philippe germain.jpgPour Hilaire de Crémiers, Debray avait compris par Maurras que la technocratie n’était pas un pure produit de la société industrielle mais la complice nécessaire à l’idée et aux institutions républicaines dans beaucoup de pays, y compris en Union Soviétique. Une sorte de dénonciation avec quarante ans d’avance de ce que certains appellent la super-classe mondiale qui prétend diriger, car les «  technos  » pensent avoir le savoir du pouvoir et le pouvoir du savoir. Et maitre Trémolet de Villers de renchérir sur le phénomène du «  complot des éduqués  » qui cherchent où se placer pour trouver les places où coule l’argent publique, se cooptent en passant du public au privé, ne prennent pas le risque de se faire taxer de «  sale capitaliste  » mais profitent des résidences d’été, des voitures de fonction, des grands hôtels, des aéroports. A son tour Franchet d’Esperey rappelle que Debray fut le premier a mettre en évidence dans la Nomenklatura soviétique la rivalité entre les bureaucrates – disons l’élite politique – et les technocrates. En fait Debray avait été influencé par les analyses postmarxistes des revues Arguments et Socialisme et Barbarie. D’où son espérance de la montée d’une «  nouvelle classe ouvrière  » française pouvant faire revivre l’anarcho-syndicalisme avec lequel l’Action française des origines avait cherché la jonction. On ne trouvait ce langage nulle part ailleurs, d’autant qu’il était exprimé en totale fidélité maurrassienne.

    Les boutangistes de l’hebdomadaire La Nation Française – ces maurrassiens séparés de la «  vieille maison  » – s’opposaient aussi au groupe social des technocrates mais sur d’autres bases. D’abord les influences des positions «  humanistes  » et anti-techniques de philosophes comme Heidegger et Gabriel Marcel. Ensuite la volonté de s’appuyer sur les «  poujadistes  », cette classe moyenne agressée par les développements de la société industrielle.

    Les deux héritiers catholiques de Maurras ont montré une hostilité à l’égard de la société de consommation déracinante, massifiante et désacralisée. Leur opposition à la technocratie est différent de l’anti-synarchisle communiste et de celui des contre-révolutionnaires catholiques, même proche comme Louis Daménie. Depuis longtemps les maurrassiens s’attendent à une prise du pouvoir politique par les technocrates. Au point d’ailleurs qu’ils envisagèrent d’appuyer une stratégie royaliste sur ce groupe sociale.

    Retournement et Technocratie

    En 1980, les maurrassiens2 de la Nouvelle Action Française qui étaient entré en dissidence avec la ligne «  ralliée  » des Renouvinistes, avaient développé une réflexion stratégique novatrice sur la base du phénomène technocratique et celui de la «  société du spectacle  » dénoncée par Guy Debord.

    Dans le n° 13 du laboratoire d’idées de La Revue Royaliste, le sociologue Michel Michel proposait «  un modèle  » stratégique basé sur une ligne politique différente de celle de Debray et des boutangistes, concernant la technocratie  : «  Une autre ligne est possible que nous inspire la pratique même des contre-révolutionnaires dans la situation créée dans le passé par la modification des élites du début de l’ère industrielle. Au début du XIX° siècle, le système de valeurs des contre-révolutionnaires semblait indissolublement lié à I ‘ancienne société féodale et s’appuyait sur I ‘aristocratie terrienne et les portions de la société qu’elle contrôlait. Pourtant, la pensée contre-révolutionnaire a su tout au long du XIX° siècle, conquérir des fractions importantes des «  nouvelles élites  », rechristianiser en partie une bourgeoisie voltairienne, etc…  De même, au début du XX° siècle, I’Action française a su présenter à des groupes non acquis (intellectuels, syndicalistes, «  producteurs  » de Valois, etc…) une synthèse leur permettant de s’accorder avec les groupes qui avaient conservé la sensibilité de l’ancienne France. Pourquoi donc ne pas rechercher à convertir une fraction des élites nouvelles de la technocratie, non à la sensibilité de la bourgeoisie conservatrice ni même à celle héritée de Ia société féodale, mais à ce que notre système d’analyse et de valeurs a de permanent ? » En d’autres termes Michel proposait d’infiltrer la Technocratie afin de retourner ses meilleurs éléments au profit de la restauration monarchique.

    Appelons désignons la voie technocratique proposée par Michel, comme un modèle stratégique de type «  retournement  », cette tactique si chère au spécialiste du renseignement Vladimir Volkoff, ancien étudiant maurrassien rédacteur à Amitié Française Université. Le retournement appartient bien à la «  boite à outils  » maurrassienne. Le doctrinaire du néo-royalisme la revendiquait dès 1909  : «  Lorsque j’étais enfant, explique Maurras, le plus beau des faits d’armes, celui qui unissait la bravoure à l’utilité, me semblait devoir être d’accourir à toute bride sur la batterie ennemie, de hacher à leur poste les servants et les canonniers, puis, au lieu d’enclouer vainement les pièces conquises, de les retourner aussitôt pour leur faire jeter le désordre et la mort dans les lignes de l’adversaires.3  » Rêverie d’enfant que Maurras mettra en application pour retourner la jeune Action française alors républicaine – cette élite en fusion d’après l’historien Jean-Pierre Deschodt – au service du roi. Rêverie d’enfant qui deviendra modèle stratégique dans son texte trop méconnue Mademoiselle Monk4. Modèle stratégique que le maurrassien Patrick Buisson déploya auprès de Nicolas Sarkozi, au point de lui permettre d’acceder à la Présidence de la République en 2005. Car une stratégie n’a de valeur que déployée.

    Débat de stratégie royaliste

    Un débat s’instaura entre le maitre et l’élève, entre Pierre Debray et Michel sur le bienfondé du modèle proposé. Pour ce dernier «  De même qu’il y a aujourd’hui des enseignants contre l’école, des curés contre I ‘Eglise et des magistrats contre I ‘appareil judiciaire, on doit s’attendre à ce que les plus exigeants des technocrates ne soient plus des instruments dociles de la «  raison d’Etat  » technocratique. Pourquoi ne pas envisager d’être les promoteurs dans ce milieu d’une «  nouvelle synthèse  » et d’y organiser l’équivalent de ce que te syndicat de la magistrature a été pour le milieu judiciaire ? A I’ancienne synthèse, aujourd’hui en décomposition, fondée sur la dialectique entre une intelligentsia progressiste (eschatologie du progrès et de la «  libération de I’Homme  ») et une technocratie de la rationalité abstraite (mal) régulée par I’opinion publique€, nous proposons de substituer une nouvelle synthèse fondée sur une intelligentsia anti-progressiste (néo-traditionnaliste,… ) et une technocratie enracinée (service public des communautés concrètes), plus tard (peut-être) régulée par un pouvoir politique indépendant.  »

    Pour sa part, dans Je Suis Français, Debray argumenta contre l’hypothèse du retournement technocratique  : «  En 1956 quand j’ai commencé à étudier le phénomène, je l’ai abordé sous un angle purement sociologique et non pas historique. A L’époque je parlais de bureau-technocratie. Ce qui prêtait à malentendu. Ainsi La Revue Royaliste semble s’imaginer que je refusais le progrès technique, que je versais dans le poujadisme et que je suivais trop servilement certaines analyses des «  gauchistes  » de Socialisme et Barbarie… Il est vrai que ce sont des marxistes dissidents qui ont été les premiers à nous alerter sur la véritable nature de la société soviétique et sur les transformations d’un capitalisme détaché du capital. Mais il fallait reprendre ces analyses, exactes au niveau des faits, en fonction de l’empirisme organisateur.  » Ce qu’il fit. Partant du constat de physique sociale de la création d’une Nomemklatura par le «  citoyen-général Bonaparte  », il contesta le modèle stratégique proposé par Michel.

    Ce débat fut interrompu par l’élection de François Mitterrand à la présidence de la république. Il n’en reste pas moins vrai que le dossier de retournement technocratique proposé par Michel Michel reste un modèle du genre digne de celui de la «  Stratégie nationaliste  » proposé en 1962 par Pierre Debray et qui lui aussi ne fut pas déployé.

    C’est donc par l’intérêt constant qu’elle porte au phénomène technocratique et à sa prise de pouvoir politique, jusqu’à y voir prospectivement un potentiel stratégique, que l’Action française à jugé à minima «  normale  » la prise du pouvoir politique par Macron en 2017. Nous verrons qu’elle va même au-delà.

    Germain Philippe ( à suivre)

    1 «  Centenaire de la Revue Universelle fondée par Jacques Bainville en 1920  », Libre journal de Jacques Trémolet de Villers , émission du 28 mai 2020, Radio-Courtoisie, avec Jacques Trémolet de Villers, Hilaire de Crémiers, Christian Franchet d’Esperey.
    2 Olivier Dard, «  « Des maorassiens aux maoccidents : réflexions sur un label et sa pertinence en lisant un essai récent », in Bernard Lachaise, Gilles Richard et Jean Garrigues (dir), Les territoires du politique. Hommages à Sylvie Guillaume, Presses universitaires de Rennes, 2012, pp. 167-176.
    3 Charles Maurras, Préface de 1909 à Enquête sur la Monarchie, Les éditions du porte-glaive, 1986, p.5.
    4 Le texte de Maurras est paru en 1902 dans la Gazette de France avant d’être repris en 1905 dans L’Avenir de l’intelligence sous le titre Mademoiselle Monk.

  • Onfray, ou la sculpture de soi, avec Annick Geille.

    Source : https://www.atlantico.fr/

    Michel Onfray publie ces jours-ci le douzième volume de sa contre-histoire de la philosophie –La résistance au nihilisme- (Grasset) ainsi que le premier numéro (en ligne) de sa revue « Front populaire ». Double actualité du philosophe le plus populaire de France.

    4.jpgLire Michel Onfray ces derniers temps, l’écouter sur un plateau ou à la radio, c’est constater le même phénomène. Onfray est devenu bon. Très bon. Pourquoi ? Depuis sa  -regrettable- lettre à Macron, et la mise en lumière d’erreurs  et d’approximations dans certains textes concernant l’histoire des religions, le fondateur des « universités nomades» s’est repris. Michel Onfray est une éponge. Il lit, écoute, entend, ressent et corrige le tir. Très réceptif, celui qui fait aimer la philosophie un peu partout en France apprend de ses erreurs, s’il y en a : tant et si bien qu’en ce début d’été 2020, le « sachant » médiatique qu’il est devenu parvient à une sorte de perfection dans  la consolidation de son image.

    «  Le gauchisme culturel fait la loi dans la plupart des médias traditionnels »,  précise l’auteur dans « La résistance au nihilisme », douzième volume de sa contre-histoire de la philosophie ( Grasset). Après cet hommage aux théories  de l’essayiste et sociologue Jean-Paul Le Goff « Le gauchisme culturel et ses avatars » (cf. revue « Le Débat » 2013), Michel Onfray déroule sur 528 pages une somme considérable : Le panorama intellectuel de la France d’après 68. Un vade-mecum du « nihilisme contemporain  comme symptôme de ce que les déshérités n’ont plus aucune consolation »  précise l’éditeur. Une sorte de défilé des penseurs du demi-siècle, avec le déroulé des œuvres, théories et opinions, espoirs, contradictions, désillusions  en  mémoire d’une époque assez bouillonnante ;  facile à lire  - malgré son érudition-, « La résistance au nihilisme » regroupe, tels les onze précédents volumes de cette « Contre-histoire de la philosophie », les cours que le philosophe délivra à ses étudiants de tous âges lors de ses « universités populaires itinérantes ». Le volume 12 de cette «philosophie alternative » fait l’inventaire des vraies- ou fausses- valeurs du dernier demi-siècle, dans le vide des promesses non tenues de Mai 68. « Il s’agit de l’extraordinaire chantier de Michel Onfray :écrire une contre- histoire cheminant le long de la » philososophie officielle » indique la quatrième de couverture. Nous croisons Bernard- Henri Levy et les « Nouveaux philosophes », tels que vus par Gilles Deleuze (1925-1995) : «  Ils ont introduit en France le marketing littéraire ou philosophique au lieu de faire une école (…) Il faut que la multitude d’articles de journaux, d’interviews, d’émissions de radio ou de télé remplacent le livre, qui pourrait très bien ne pas exister du tout. Au fil des pages, nous rencontrons Bourdieu (1930-2002) : «  Pierre Bourdieu fait exploser les catégories qui voudraient qu’on soit de droite donc contre mai 68, ou de gauche, donc pour mai 68 ». Or il y eut des gens de droite pour Mai 68, Maurice Clavel par exemple, et des gens de gauche contre, ainsi Régis Debray » rappelle l’auteur.  

    Onfray renverse certaines statues à bon escient. « Pour le dire  autrement, tous ceux qui ont trempé dans Vichy, Guitton, Valéry, ou Maurice Clavel, la collaboration, soit activement comme Rebatet, Chardonne ou Morand, soit passivement comme Beauvoir, Sartre, et Merleau-Ponty,  ces derniers en ayant vécu normalement, sans rien faire contre l’occupant, en s’arrangeant même plutôt bien de sa présence (…) ». Beau chapitre consacré à Jankélévitch, et à l’antisémitisme tel que défini par « Yanké », qui exige de « pouvoir revendiquer sa judéité sans qu’autrui l’assigne à ce qu’il aura présenté comme étant sa définition. » 

    Comment  ce «nihilisme »  contemporain est-il advenu  ? Outre le « gauchisme culturel » qui  en est le principal artisan,  s’est déchaîné l’antiracisme. «  SOS Racisme a introduit le principe racial et le communautarisme ethnique qu’il affirme combattre. Cette façon de faire marque une rupture avec la tradition républicaine française : les Juifs, les « Beurs », les Maghrébins, les »Blacks » revendiquent des droits pour eux, ils mènent un combat politique en leur faveur et de ce fait, ils inaugurent la revendication identitaire qui fait fi de l’appartenance commune à la collectivité. (…) La République a vécu. » ,dit Michel Onfray à ce propos. 

    L’auteur règle ses comptes à l’écologie punitive. » Leur critique de la raison, du cartésianisme, de la science, du progrès, des Lumières est partielle et partiale(…)» Contrairement à ce que font croire au peuple les clichés du gauchisme culturel ,Michel Onfray note la présence d’hommes de droite dans les rangs de la Résistance, dont le premier d’entre eux, le Général de Gaulle « sans cesse récusé par la gauche pour n’être pas des siens a été l’homme qui a initié la Résistance en France « mais les légendes ont toujours été préférées aux vérités qui gênent », conclut Onfray sur ce chapitre.`

    « Dans l’histoire de la philosophie, il existe une domination  idéaliste, notamment platonicienne. Or, on peut proposer une contre-histoire de la philosophie qui se soucie d’un autre lignage : matérialiste, hédoniste, nominaliste, athée, sensualiste,etc. », dit encore Onfray pour définir le concept de ses recherches. D’abord repris par France-Culture, ses cours sont commercialisés « sous forme de coffrets comprenant chacun 11 à 13 disques compacts audio », édités par Frémeaux & Associés ». On les trouve aussi sur le site de Michel Onfray. Le discours se propage.

     

    Et voici que le philosophe alternatif devient éditeur  de  presse, alors que paraît sa revue « Front populaire » (titre qui a les défauts de ses qualités, mais pourquoi pas ?) («  Déjà imprimée, la revue papier trimestrielle sera disponible le 23 juin en kiosques et le 25 en librairies. Mais d'ores et déjà, cette publication de 166 pages qui entend "mener le combat des idées pour retrouver notre  souveraineté" a gagné le pari financier de son lancement. (cf. Challenge/juin 2020.)»Soyez résolus à ne plus servir et vous voilà libres ! » : tel est la profession de foi de «  Front Populaire » ( cf.Discours de la servitude volontaire/1548/. La Boétie) « Le Discours sur la servitude volontaire » n’est rien d’autre qu’un manuel d’insurrection – mais quel manuel! », précise Onfray, dans  son édito. « Résister à la petite musique crétinisante du pouvoir »… Et de tous les pouvoirs, au fond :  la formule pourrait définir non seulement la revue, mais le projet de la galaxie Onfray 2020. Le fondateur et l’ animateur treize années durant  de la « l’université populaire » de Caen est aujourd’hui le dirigeant d’une entreprise « made in Onfray ». Entreprise pensée au millimètre près, depuis le site : contact@michelonfray.com, avec comme logo les lunettes rectangulaires du philosophe. Lui qui n’a pas de passion pour les journalistes- et c’est un euphémisme- en est devenu un. Editeur de presse, à lui et à Stéphane Simon -son associé- (ex associé de Thierry Ardisson), les joies du « business plan », du retour sur investissement ,du stress et du surmenage propres aux lancements de presse. Les contributeurs de « Front Populaire « sont des « souverainistes de droite ou de gauche » issus de la société civile. 

    Les  cours de « contre-philosophie » sont dans l’air du du temps. Une fureur  sourde gagne le pays. Tout le monde est « contre » tout. Les amphithéâtres des universités populaires sont bondés. Michel Onfray a compris. Le public n’en peut plus des discours idéologiques préfabriqués. Onfray est donc  devenu imprévisible. Plus libre. Et c’est ce que son public attend. Cette liberté de ton, cette proximité qui force le respect car il n’y a jamais de préétabli des mots, de théorie guidant le téléspectateur dans la « bonne » direction.

    Jadis impressionnée par « La stricte observance » (Gallimard/Folio), petit texte (128 pages) limpide, d'une grande importance, peu remarqué, dans lequel Onfray s'interrogeait sur la mort (celle de la femme aimée, suivie du décès de son père, ouvrier agricole en Normandie), j’en avais rendu compte ici. L’auteur posait des questions à la foi chrétienne, qu’il respecte. L’homme qui advenait était vrai. Croyants ou pas, nous partagions sa peur. Sa douleur. "Humain, trop humain" : Michel Onfray nous ressemblait. "On ne fait jamais son deuil, disait-il, "c'est le deuil qui nous fait”. Bras tendus dans le noir,Onfray cherchait la lumière. Cela arrive à des gens très bien.Le deuil, la solitude,  la peur.Pas très gai, mais universel. Ce récit romanesque, inspiré de « Vie de Rancé », dernière et magnifique oeuvre de Chateaubriand, disait presque tout de Michel Onfray. « Heureuse solitude, Seule béatitude, que votre charme est doux, De tous les biens du monde, en ma grotte profonde, Je ne veux plus que vous ». (François-René de Chateaubriand, Vie de Rancé/1844)

    Avec « La résistance au nihilisme » et « Front populaire »Michel Onfray s’impose. Au point que le philosophe, de plus en plus « populaire », pourrait (dit-on) « songer à un destin politique ». Problème. Il y a deux Onfray. Le tribun, qui a l’art et la manière de développer la planète Onfray, et l’auteur de « La stricte Observance ». Pudique, sauvage. Une sorte d’ennemi intérieur du premier, résistant à la résistance. Entre l’homme des vidéos, des sites, des abonnements et de l’édition, et l’écrivain secret qu’est Onfray, - qui va l’emporter ? L’artiste fasciné par le « Cosmos », ou le dompteur des foules assoiffées de considération ? Le romancier de « La Stricte Observance » ou le bateleur du tarot ? A suivre.

    « La résistance au nihilisme »/contre- histoire de la philosophie 12 (Grasset)/29 euros/ 528 pages

    « Front populaire »/ Revue trimestrielle mise en ligne le 18 juin/ publiée en kiosque et dans les librairies  le 23 juin/166 pages/ 14,90€. 

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  • Un débat de fond sur l'Europe et sur l'Euro, dans Lafautearousseau

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    Notre note du samedi 12 avril (Bernard Maris sur France Inter : "La zone euro est en train de créer une guerre économique qui est en train de détruite l'Europe") a suscité un long et intéressant débat de 17 commentaires substantiels que nous trouvons utile de vous faire connaître.

    Le débat pour le débat, ce n'est pas notre affaire, bien-sûr. En revanche, les débats ont un évident intérêt lorsqu'ils servent à s'approcher de positions justes, lorsqu'ils sont utiles à la clarification de notre ligne politique. C'est à dire, au fond, utiles à rechercher quel est, en chaque matière, (ici, en matière de politique européenne) l'intérêt de la France. C'est, en effet, cela notre souci.

    Lafautearousseau

    Participants à ce débat qui a duré près de deux semaines : Patrick Haizet; Catoneo; de Wargny; LUC; Thulé; Anatole et Marcel. Qu'ils en soient remerciés.

     

       Désolé, je ne suis pas du tout convaincu par l'argumentaire de M.Maris.
    Le principal problème de la France, c'est son régime politique, lequel, s'il était bon, saurait nous protéger des supposés méfaits de l'Euro, par une politique appropriée. Pourquoi s'empresser d'oublier la judicieuse remarque du baron Louis à Louis XVIII - qui reste valable - et s'adonner aux fâcheuses habitudes et délices ratés des 3 dernières républiques qui ont passé leur temps à pratiquer des dévaluations compétitives ? (Mitterrand et Delors ont même dévalué 3 fois de suite au printemps 1981).
    Car il ne faut pas se leurrer, une sortie de la France de l'€ impliquerait immédiatement une défiance (économique et politique) de tous les marchés vis-à-vis de notre pays et un renchérissement du coût de la dette française, plus une série imprévisible de dévaluations du FF, même rattaché à l'€ par un faux serpent monétaire. Cela pourrait également provoquer une crise de toute la zone euro, et un réajustement international de toutes les monnaies, y compris du $ qui serait tiré vers le bas (sans que la France ait son mot à dire).
    Sortir de l'€ est plus facile à dire qu'à faire !
    Ce n'est sûrement pas aujourd'hui une priorité. Il y a mieux à faire politiquement.
    Et notre gouvernement socialiste a déjà suffisamment fait d'erreurs comme cela, pour en ajouter une autre aux effets parfaitement incontrôlables.
    C'est une matière ou l'idéologie est hors de propos, car la France n'est pas seule au monde Elle est même un opérateur relativement secondaire sur le plan monétaire.

     Patrick Haizet | samedi, 12 avril 2014 

      L'euro est toxique pour les pays malades, peuplés de gens apeurés. Je rejoins le commentaire de M. Haizet en confirmant que la France n'est pas du tout un opérateur monétaire, sa devise fut toujours cotée par opposition, car il n'y a que 5 devises internationales et ce depuis très longtemps : dollar, sterling, euromark, franc suisse et yen.

    Ce pays doit être réformé de fond en comble. C'est bien ce qu'ont ressenti des peuples latins dans la panade qui crient de douleur mais qui aucun n'exigent que leur pays sorte de l'euro. Bizarre ! Grèce, Irlande, Portugal, Espagne, Italie remontent la pente en sueur, mais remontent.
    Ceux que nous toisons volontiers seraient-ils plus intelligents que les Français ? Pas difficile, à voir le succès nulle part ailleurs des programmes économiques du Font de gauche et du Front national.
     

    Catoneo | samedi, 12 avril 2014 

      M. Maris est un prédicateur bien connu de la gauche. Son expertise est celle de gribouille, qui pour se protéger de la pluie, se place sous une gouttière. En somme, une autre version de l'arroseur arrosé. Les recettes idéologiques pour des problèmes liés à la mauvaise gouvernance, de gauche ou de droite, ont toujours abouti aux assignats de la révolution et à la banqueroute. Le baron Louis, l'excellent ministre de l'économie et des finances de Louis XVIII, avait bien raison de dire qu'il fallait au pays une bonne politique pour avoir une bonne économie. C'est ce que font les Allemands ou les Néerlandais. Mais, hélas, notre pays a la fâcheuse habitude de choisir les solutions de facilité ou pire la lâcheté. Le terme de "rigueur" dont se gargarisent si volontiers nos gouvernants et l'élite bureaucratique n'est qu'une vaste fumisterie ou une rodomontade de boulevard. Pour le reste, je partage les points de vue de M.Haizet et de Catoneo. 

    de Wargny | samedi, 12 avril 2014  

      Je regrette, pour ma part, que Patrick Haizet, grand connaisseur de l'univers économique et financier mondial, comme Catoneo, dont je lis les notes avec grand intérêt, ne répondent directement à aucun des arguments avancés par Bernard Maris et, même, dans une certaine mesure, par Dominique Seux.
    Est-ce qu'une certaine défense a priori de l'euro ne serait pas en elle-même aussi une idéologie ? Voire un dogme, une religion ? Une simple peur ? Bref, comme réflexes classiques de la Droite libérale ?
    Si l'euro est toxique pour les pays malades, l'on pourrait légitimement en conclure qu'il l'est donc pour nous tant que nous n'aurons pas recouvré la santé ... Même remarque s'agissant de notre régime politique malfaisant. Si l'on peut dire, il règne. Nul Louis XVIII, ni baron Louis à l'horizon. Et si nous étions l'Allemagne, l'euro nous irait assez bien ! Mais nous ne le sommes pas. Et même : est-il si sûr qu'un jour ou l'autre, l'Allemagne, à force de garantir ou de payer pour les autres, ne finira pas par considérer que, tous comptes faits, la défense de l'euro lui coûte, en définitive, plus cher qu'il ne lui rapporte ? Les Allemands sont meilleurs que nous pour ce genre de calculs ... Il n’est pas sûr du tout que la première à « sortir de l’euro » soit la France !
    Je n'ai, sans-doute, ni les compétences économiques et surtout financières de Patrick Haizet, ni celles de Catoneo. Mais, au moins en partie, du bon sens peut y suppléer.
    Je comprends que l'on ait à se méfier de l'aventurisme politique et économique comme de l'amateurisme des socialistes actuellement au pouvoir.
    Mais j'ai lu, hier, dans le Figaro, une argumentation serrée – quoiqu’à mon sens, trop hostile à l’Allemagne - de Philippe Villin banquier d'affaires et ancien directeur général du Figaro, qui, lui aussi, prône une sortie organisée de l'euro. Il n'est ni socialiste, ni homme de gauche.
    Que dire des analyses - qui me paraissent intelligentes et sérieuses - d'Hervé Juvin, qui, lui non plus, n'est ni socialiste ni homme de gauche, et va dans le même sens ? Ou, dans un autre univers, d’Eric Zemmour, analyste perspicace ?
    Patrick Haizet nous dira-t-il que ce sont des idéologues ; qu’ils n’y entendent rien ? Ne leur faisons pas crédit a priori, mais ne rejetons pas leurs positions d’un simple revers de main.
    Les arguments en faveur d'une sortie de l'euro n'émanent plus seulement des politiques et de leurs discours. Ils gagnent, sont partagés, par de nombreux esprits avisés, droite et gauche confondues.
    J'ai l'impression qu'il ne suffit plus aux défenseurs de l’euro de leur opposer quelques idées générales souvent caricaturales ou simplement polémiques et, finalement, assez rebattues. Il faudrait être pointus, répondre point par point !
    C'est rarement le cas.
     

    LUC | dimanche, 13 avril 2014  

      L’instauration de l’euro aurait été une chose excellente à condition de respecter deux conditions : que le niveau de la monnaie unique ne soit pas indexé sur l’ancien mark, et que sa mise en place s’accompagne d’un système de protection commerciale aux frontières. Or, aucune de ces conditions n’a été remplie. Au lieu d’assurer une protection communautaire, c’est la carte du libre-échangisme intégral que l’on a décidé de jouer. On a assisté au démantèlement du tarif extérieur commun qui, jusque là, protégeait en partie l’Europe de la concurrence. La surévaluation chronique de l’euro a ensuite accentué les déséquilibres. En même temps, on a artificiellement plaqué une monnaie unique sur des économies divergentes à tous égards.

    Le grand argument que l’on oppose en général à une éventuelle sortie de l’euro serait que les pays qui s’y risqueraient verraient instantanément leur dette augmenter, puisque celle-ci resterait libellée en euros. On peut répondre qu’en contrepartie ces pays pourraient adopter des mesures susceptibles de favoriser la hausse de la demande intérieure et le rétablissement de leur compétitivité, ce qui leur permettrait au contraire de mieux faire face à leur endettement. Un retour aux monnaies nationales associé à une forte dévaluation – comparable à ce qui s’est passé dans les pays de l’Est lorsque ceux-ci ont abandonné le rouble après l’effondrement du système soviétique – abaisserait le coût des produits pour les acheteurs étrangers, et stimulerait d’autant les exportations, ce qui donnerait de meilleurs moyens de régler la dette. On a aussi fait observer que toute dévaluation consécutive à un retour aux monnaies nationales se traduirait fatalement par un renchérissement des produits importés hors de la zone euro. Mais ce dernier est en réalité assez faible : pour la France, les importations de biens et de services hors de la zone euro ne représentent que 13 % du PIB.

    Sortir de l’euro ne suffirait toutefois pas à s’affranchir de la dictature des banques et des marchés. Le retour aux monnaies nationales n’est en effet pas une panacée. Il ne réglerait aucun des problèmes structurels des sociétés actuelles, et ne constituerait en aucune façon une rupture avec la logique du Capital. Selon Jacques Sapir, "Recouvrer notre souveraineté monétaire n’aurait pas de sens si cela ne devait pas s’accompagner d’un changement radical de notre politique".
     

    Thulé | samedi, 12 avril 2014 

      Le problème de fond est que la science économique n'est pas prédictive, et si elle reste un bon outil d'analyse historique, elle ne donne aucune assurance de bonne application de la théorie universitaire.
    Chaque fois que la "science" est prise en défaut, les économistes distingués signalent que la mise en application n'était pas chimiquement pure ; voulant oublier qu'aucune société humaine n'est chimiquement pure.
    Je crois que Sapir intègre de plus en plus les scories d'impureté dans son raisonnement depuis qu'il est bien moins catégorique dans les solutions à retenir d'urgence avant la mort du malade annoncée chaque année pour la Noël.

    Reste la question de la fracture de l'Eurogroupe à l'initiative de l'Allemagne et de ses "alliés". Berlin fera tout pour l'éviter car le taux de change actuel est au maximum commercial compatible. Un euromark prendrait mécaniquement 15% sur le dollar. Par la dévaluation symétrique des monnaies de ses "clients douteux" le gap serait porté à 30%. C'est insoutenable.

    Mais si d'aventure, Paris tombait aux mains d'aventuriers et recréait le franc, il n'en deviendrait pas pour autant une monnaie d'échange à l'international. Peu de fournisseurs étrangers accepteraient de facturer en franc, surtout s'il y a du délai de fabrication.
    Rappelons-nous que jusqu'aux derniers jours du franc, les acteurs maritimes français de l'arc atlantique cotaient leur fret en Deutsch Marks au départ des ports français (Manche et Gascogne) à destination de tous les ports d'Afrique atlantique.

    Certes le franc français ressuscité circulera de force, mais à l'intérieur de l'hexagone et sur les bulletins de paie, sans que l'on ne sache jamais, passé vendredi midi, sa parité future du lundi matin. Les échanges économiques, même intérieurs, se feront en partie en monnaie sérieuse parce que les intrants étrangers dans les produits distribués resteront importants et en détermineront leur valeur. Le grossiste lambda sait en quelle monnaie d'origine il achète ses stocks quelle que soit la monnaie libellée dans la facture.

    Pas besoin d'aller à l'université écouter Bernard Maris pour comprendre cela, il suffit d'avoir un peu travaillé dans le secteur du commerce extérieur pour savoir que le franc est une piastre à usage domestique.
     

    Catoneo | dimanche, 13 avril 2014 

      Il serait possible de conserver le seul avantage incontestable de l’euro – constituer à terme une monnaie de réserve – en transformant la monnaie unique actuelle en une monnaie commune au niveau déterminé à partir de l’euro et des monnaies nationales restaurées.

    La monnaie commune établit une barrière face au reste du monde, mais n’interdit pas l’ajustement des parités de change entre les pays membres.