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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1316

  • Guerre des sexes ?

     

    par Gérard Leclerc

     

    2435494823.jpgSamedi dernier, dans l’émission On n’est pas couché de Laurent Ruquier sur France 2, une violente altercation s’est produite entre la romancière Christine Angot et Sandrine Rousseau, ancienne secrétaire nationale adjointe des Verts.

    Le motif de l’incident, la violence sexuelle subie par des femmes, explique son caractère passionnel, vu les sentiments qu’elle provoque. L’affaire a pris une dimension supplémentaire avec l’intervention de Marlène Schiappa, secrétaire d’État en charge de l’égalité entre les hommes et les femmes, qui a cru bon saisir le CSA. J’avoue concevoir assez mal comment le CSA pourrait intervenir dans un pareil domaine, sauf à sanctionner les responsables de l’émission, ce qui contribuerait encore plus à la confusion générale.

    Je serais assez d’accord avec Rachida Dati qui, interrogée sur l’émission, estime qu’il s’agit d’une question qui relève de l’intimité de chacune des deux protagonistes et qu’on ne saurait en tirer une conclusion d’ordre politique. Ce qui touche au politique, donc au domaine de la loi, ce peut être la défense de l’intégrité des personnes à l’encontre de toute agression, même s’il est souvent délicat d’opérer un discernement dans cet ordre là. Mais comment arbitrer entre deux femmes qui expriment la douleur de ce qu’elles ont subi, selon des modes rigoureusement contradictoires ? C’est impossible, c’est vain et c’est même contre productif. Cela rappelle les impasses d’un certain féminisme dans les années soixante, lorsque les structures militantes étaient dans l’incapacité de traiter des difficultés personnelles de chacune, au-delà des revendications du combat commun.

    Par ailleurs, il y aussi le risque d’attiser le guerre des sexes, à partir d’une mise en cause unilatérale de l’agressivité masculine. C’est une des causes du malaise actuel. Tout ne se joue pas seulement sur la scène de la revendication des droits. Il y a peut-être, préalablement, la grande question de ce que la Bible appelle l’Alliance et qui concerne ce domaine mystérieux de la rencontre de l’homme et de la femme.  

    Gérard Leclerc

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 4 octobre 2017.

  • Conférence d'Hilaire de Crémiers à Marseille

     

    21106908_1314479941995428_5576558479160819346_n.jpgMercredi soir s'est tenue à Marseille 14 rue Navarin, la première conférence du Cercle Honoré d'Estienne d'Orves donnée par Hilaire de Crémiers sur « Maurras et le Chemin de Paradis ».

    Un plein succès, une quarantaine de militants et sympathisants ayant attentivement suivi une conférence brillante, empreinte d'érudition et aussi d'une part d'émotion suscitée par le propos d'Hilaire de Crémiers faisant apparaître la profondeur de la pensée de Charles Maurras et son engagement, dès sa jeunesse, dans les grands combats du siècle à venir. 

    Prochaine conférence : Mercredi 11 octobre. Rejoignez-nous !

    (Ci-dessus : Hilaire de Crémiers et Guy Bertran)

  • Le cynisme européiste d’Emmanuel Macron

    Le discours d'Emmanuel Macron à la Sorbonne

     

    Par François Marcilhac

     

    3466611312.jpg« Une Europe souveraine, unie, démocratique  »  : le titre du discours de Macron à la Sorbonne, le 26 septembre, suffit à prouver le tour de passe-passe, comme hier la «  fédération d’États-nations  » inventée par Jacques Delors – une fausse synthèse d’éléments inconciliables pour faire passer la pilule. Selon Delors, une Europe fédérale ne remettait pas en cause l’indépendance des nations, puisqu’elle préservait les États, ce qui était évidemment contradictoire  ; selon Macron, il convient d’attribuer à l’Europe les attributs de la nation  : la souveraineté, l’unité et un régime politique – la démocratie – reposant sur l’existence d’un imaginaire demos européen. Opposées en apparence dans leur formulation, les deux supercheries, aussi fédéralistes que ringardes, sont identiques. Macron regarde l’avenir dans le rétroviseur des «  pères fondateurs  ». Comme s’il s’était trompé d’époque. Comme s’il n’avait pas vu que l’Europe ne fait plus rêver des peuples qui, d’ailleurs, y ont toujours vu autre chose que leurs voisins  : pour les démocrates-chrétiens, surtout français, la garantie de la paix en sortant de l’histoire grâce à la constitution d’un ersatz de chrétienté  ; pour d’autres, notamment les Allemands, la possibilité de retrouver à plus ou moins long terme “leur” suprématie continentale – la «  destinée manifeste  » à la sauce germanique  ; pour d’autres encore, une assurance-indépendance contre un voisin – russe – jugé par nature menaçant. Et pour beaucoup, la possibilité d’appartenir à un club économique et monétaire permettant d’assurer leur développement, appartenance qui, ayant ses contraintes, peut se retourner en cauchemar car l’Europe est tout sauf solidaire – les Grecs l’ont appris à leurs dépens. Quant au Royaume-Uni, qu’il ait été dehors ou dedans (mais toujours à moitié), il est fidèle à la doctrine de Churchill  : le projet européen, c’est bon pour les nations continentales.

    Histoire, identité et horizon

    Macron a beau pérorer que l’Europe est «  notre combat  », «  notre histoire, notre identité, notre horizon  », il mêle là encore une platitude – l’Europe est en un sens «  notre histoire  » – à deux affirmations idéologiques. En quoi serait-elle «  notre combat  » – Quel «  citoyen  » européen serait prêt à mourir pour Gdansk davantage que pour Dantzig  ? – ou «  notre identité  »  ? Comme s’il existait une identité européenne préexistante aux identités nationales qui n’en seraient que les déclinaisons alors que, bien au contraire, l’identité européenne n’a jamais été que le carrefour des identités nationales. Non, évidemment, que ce dialogue n’ait eu d’incidence sur la culture de chacun des peuples qui y ont, inégalement du reste, participé dans l’histoire. Mais jamais ce dialogue n’a fini par constituer le brouet insipide d’une identité européenne. Enfin, en instituant l’Europe comme «  notre horizon  », Macron rétrécit singulièrement celui de nations historiques comme l’Espagne, le Portugal, le Royaume-Uni (dont il justifie ainsi la sortie) ou évidemment la France, dont les horizons se confondirent toujours avec la terre entière – reculant, comme il se doit, au fur et à mesure que ces nations avançaient. «  Notre horizon  » ne saurait se limiter au «  petit cap du continent asiatique  » (Paul Valéry).

    Macron a évoqué les «  pères fondateurs  », eux qui, instrumentalisant le traumatisme de deux guerres mondiales dont les nations furent avant tout les victimes et à peine la cause occasionnelle, conçurent aussitôt leur projet comme un asservissement du politique à l’économique au plus grand profit de l’hégémonie américaine. Il est vrai que c’est de cette idéologie matérialiste que Macron est le héraut. Idéologie consumériste qui constitue le brouet insipide européen que nous évoquions à l’instant. C’est pourquoi, disciple de Monnet, il veut explicitement substituer le «  débat scientifique  » au «  débat politique  » et abandonner l’Europe aux «  experts  », c’est-à-dire aux lobbies.

    Un souverainisme de repli  ?

    Aussi, après Mitterrand à Strasbourg en 1995 – «  le nationalisme, c’est la guerre  » –, a-t-il beau dénoncer en «  continuateur  » plus qu’en «  révolutionnaire  » (Pierre-André Taguieff) «  nationalisme, identitarisme, protectionnisme, souverainisme de repli  », «  idées qui se présentent comme des solutions préférables  » auxquelles il avoue, deux lignes plus haut, préférer «  les bourrasques de la mondialisation  »  : ses propos n’en font que mieux ressortir son aveuglement et son cynisme. Aveuglement devant la résurgence, partout dans le monde, singulièrement en Europe, d’un besoin d’identité face, précisément, aux dégâts culturels, plus encore qu’économiques, du mondialisme. Car avant d’être des «  idées  », «  nationalisme, identitarisme, protectionnisme, souverainisme de repli  » traduisent un besoin de persévérer dans l’être auquel c’est le mondialisme, par ses ravages, qui risque de donner un visage peu amène – et le succès relatif de l’AFD en Allemagne n’est pas forcément pour nous réjouir. Il en est de même du faux nationalisme catalan, sur fond d’égoïsme économique  : que traduit-il sinon un “chacun pour soi” que le mondialisme favorise  ? Macron est dans le domaine des idées, ou plutôt de l’idéologie. Aux prétendues idées de repli, il oppose une Europe qui «  ne vivra que par l’idée que nous nous en faisons  ». Idée en l’occurrence sonnante et trébuchante, puisqu’elle consiste à faire de l’Europe un open space – parlons macronien – du mondialisme, comme le montre l’entrée en vigueur, avant même sa ratification par les parlements nationaux, du CETA, traité de libre-échange euro-canadien, auquel Macron a toujours été favorable. C’est là tout son cynisme. Faire servir, comme les «  pères fondateurs  », une idée apparemment généreuse à la mise en coupe réglée des peuples et des civilisations sous un impératif de primauté de l’économique cachant la volonté de puissance de l’Argent sans rivages. La souveraineté, l’unité et la démocratie dont il rêve, ce sont celles des marchés dictant leur loi à des peuples submergés, à l’identité éclatée. Il est vrai  : «  Moi je n’ai pas de ligne rouge, je n’ai que des horizons.  »

    C’est à Giscard, qu’il fait penser. “Jeune” président (plus jeune même), centriste et atlantiste, il mêle lui aussi, en libéral-libertaire assumé, volonté de faire éclater les cadres de la société (l’avortement et le divorce pour Giscard, la PMA et bientôt la GPA et l’euthanasie pour Macron) et dépassement du national au profit d’une Europe mondialisée. Giscard est l’instigateur de l’élection du Parlement européen au suffrage universel, du regroupement familial puis de la Constitution européenne, devenue le traité de Lisbonne. Pour Macron  : listes européennes transnationales, Europe à deux vitesses pour forcer le passage au fédéralisme, budget «  du cœur de l’Europe  », valorisation du «  défi  » migratoire. Et comme Giscard à l’époque, peut-être notre «  pionnier  » se pense-t-il trop jeune pour prendre sa retraite après deux mandats nationaux et se voit-il déjà le premier président de l’Europe. Mais il faut auparavant diluer la France dans le grand tout européen. Bien sûr, les Allemands, Merkel en tête, n’ont pas les mêmes projets, surtout en matière budgétaire. Les Français ont toujours été les seuls «  Européens  ». Alignement explicite sur le «  modèle allemand  », que viendra sanctionner un nouveau «  traité de l’Élysée  », en matière sociale (la «  convergence  »), monétaire (la dogmatique austéritaire) et migratoire, bradage des derniers fleurons de notre industrie au profit du capitalisme d’outre-Rhin (Alstom dernièrement)  : les Allemands se contentent de ramasser ce que Macron leur offre. Ils savent que la condition d’une Allemagne toujours plus forte est une France toujours plus «  européenne  », c’est-à-dire toujours plus faible.  

     

  • Philippe Bilger : « Marseille: une négligence professionnelle de la préfecture du Rhône »

     

    Par   

    L‘attentat de dimanche aurait pu être évité si le tueur n'avait été relâché par la préfecture du Rhône, estime Philippe Bilger. [Figarovox, 4.10]. Il plaide pour un renforcement des contrôles professionnels et arrêter de croire que les lois nouvelles remplaceront les actes. Il plaide surtout pour que la France retrouve le simple courage ! LFAR

     

    547261786.jpgSentinelle a heureusement évité à Marseille, en tuant l'assassin, d'autres victimes que les deux malheureuses jeunes femmes. Qui pourrait discuter l'utilité de cette force de surveillance, de vigilance et de riposte ? 

    Qui pourrait douter de la nécessité de voter au plus vite le projet de loi antiterroriste qui ajoute des armes à l'état de droit en maintenant celui-ci à la pointe extrême de ce qu'une démocratie peut se permettre d'accepter ?

    Si je confirme mon adhésion à cette présence militaire si efficace en l'occurrence et aux futures dispositions législatives qui sont attendues par le peuple français - son approbation vaut bien la contestation des universitaires et des juristes qui les récusent -, cela tient à un sentiment que j'ai éprouvé régulièrement face aux crimes terroristes.

    Depuis l'affaire Merah jusqu'à toutes celles qui ont endeuillé, au fil du temps, la France, l'Etat s'est immédiatement et spontanément projeté, après chaque désastre, dans des inventions législatives.

    Parce qu'il y croit et qu'il espère d'elles une plus grande sûreté et une répression plus rigoureuse contre les assassins. Et qu'il éprouve le besoin légitime de répondre à l'attente explicite des citoyens.

    On n'a pas à se moquer de ce prurit venant poser sur le chagrin collectif comme une consolation vigoureuse et mieux armée pour demain.

    Il n'empêche que la France abuse de la pratique législative qui vise à faire croire en certaines circonstances qu'on agit, que la loi peut devenir un substitut au véritable accomplissement.

    En amont de chaque processus criminel, si on voulait bien analyser dans le détail en n'ayant pas peur de pointer les responsabilités et les défaillances, on s'apercevrait qu'à chaque fois des comportements humains, professionnels, techniques n'ont pas été à la hauteur de ce qu'ils auraient dû inscrire dans la quotidienneté. Dans la chaîne de l'excellence, un maillon a sauté et tout s'est délité. Et, en définitive, le paroxysme de l'horreur est atteint.

    Il n'est pas une de ces terrifiantes affaires où à sa source on n'ait pas été confronté à une incurie, une négligence, une coordination lacunaire ou absente.

    Pour le double crime de Marseille, la police pourrait à Lyon être questionnée sur ce plan mais surtout la préfecture du Rhône qui n'a pas permis que la rétention du tueur puisse être édictée le samedi 30 septembre. Ce qui aurait empêché la double monstruosité sur laquelle on verse des larmes et des torrents d'indignation.

    Mais au risque de choquer, le pouvoir politique a moins peur en France de faire voter des lois que d'exercer un redoutable contrôle professionnel sur tous ceux qui à un moment ou à un autre ont failli et donc, sans le savoir, fait surgir le pire.

    Il convient de perdre l'habitude de pourfendre des abstractions pour n'être pas obligé de sanctionner des coupables. Adopter une telle démarche reviendrait à changer d'esprit, de méthode et de courage.

    Les massacres ne sont pas forcément facilités par de mauvaises lois. Mais, le plus souvent, par des hommes ou des femmes qui ont fait dévier, par insuffisance, incompétence, légèreté, le cours de notre destin collectif vers l'innommable.

    Rien de ce qui est proprement humain n'est étranger à la sauvagerie, à cette saleté du terrorisme.

    Il faudrait être doublement sans faiblesse.

    Pas dans le même registre évidemment.   

    XVMe46fa484-a8dc-11e7-8c3b-0492b00cca53-77x120.jpgMagistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, Philippe Bilger a été plus de vingt ans avocat général à la Cour d'Assises de Paris. Auteur de très nombreux ouvrages, il tient le blog Justice au singulier et a dernièrement publié Moi, Emmanuel Macron, je me dis... (éd. du Cerf, 2017).

  • Espagne : Le roi Felipe VI s'est exprimé dans un discours d'une fermeté sans précédent

     Palais Royal de Madrid

     

    Le roi d'Espagne a rompu le silence hier, en fin de journée. 

    Les Echos titraient hier soir, à 22 h 15 : « Le roi d'Espagne attaque durement les dirigeants catalans » C'est en effet ce qui ressort de ce discours.

    Nous avons choisi de reprendre ci-dessous quelques extraits du commentaire du Huffington Post.

    Mais l'écoute du discours du roi s'impose. Malgré une très médiocre traduction, il est sous-titré, en français.  LFAR

     

     

    Le commentaire du Huffington Post - 3.10.2017 - 21 h 26 

    Une prise de parole exceptionnelle pour le garant de l'unité de l'Espagne. Dans un discours d'une rare fermeté, le roi Felipe VI a accusé mardi 3 octobre les dirigeants indépendantistes de la Catalogne de menacer la stabilité de l'Espagne, comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-desus. 

    L'épreuve de force entre le gouvernement central et les dirigeants catalans, qui menacent de déclarer l'indépendance, a plongé l'Espagne dans sa crise la plus grave depuis (...) 1977. Dans une charge aussi rare que cinglante, Felipe VI a accusé les dirigeants catalans de s'être placés « en marge du droit et de la démocratie » en organisant le référendum de dimanche. 

    « Avec leur conduite irresponsable, ils peuvent même mettre en danger la stabilité de la Catalogne et de toute l'Espagne », a dit le souverain qui ne s'était pas exprimé sur la crise depuis dimanche. L'Etat doit assurer « l'ordre constitutionnel en Catalogne », a-t-il ajouté dans une allocution télévisée. 

    Face à cela, « c'est la responsabilité des pouvoirs légitimes de l'Etat d'assurer l'ordre constitutionnel et le fonctionnement normal des institutions, le respect de l'Etat de droit et l'autonomie de la Catalogne », a déclaré Felipe VI, sur le trône depuis 2014.

    Aux termes de l'article 155 de la Constitution, jamais encore invoqué, le gouvernement peut obliger une région à respecter ses obligations constitutionnelles si elle les viole ou si elle « porte gravement atteinte à la l'intérêt général de l'Etat ».

  • Notre vieil « ennemi héréditaire », l'Angleterre ...

     

    En deux mots.jpgSi l'on doutait que les journalistes - notamment de radio et de télévision - fussent attelés sans relâche et sans vergogne à une fonction de pure et classique propagande, l'affaire du Brexit, la façon très monolithique, très « formatée » dont elle n'a cessé d'être présentée, en donne une illustration tout à fait claire. Le bourrage de crâne parle chez nous un langage moins brutal, plus doucereux, que celui des régimes totalitaires d'autrefois ou même d'aujourd'hui, mais le résultat est le même. Sans qu'on soit sûr qu'il ne soit pis.

    Les médias n'ont pas désarmé avec le temps. France Inter annonçait encore samedi matin, sous une forme à peine hypothétique, la fonte à venir des effectifs de la City. Ces derniers n'ayant plus d'autre choix que de gagner Frankfort ou ... Paris.

    À ce que l'on dit dans les cercles éclairés, Paris, en effet, ambitionnerait même de ravir à la City sa place de premier rang. On ne demanderait pas mieux dans ces colonnes, si c'était sérieux. Il est permis, peut-être même normal, d'essayer. On ferait bien, toutefois, à notre avis, de ne pas trop y compter. La place et le potentiel de la City dans les opérations financières du monde lui est acquise depuis si longtemps, les liens qu'elle a tissés partout sont si étroits, les habitudes si ancrées, que le plus probable est qu'elle la conservera.

    On se plaît encore à Paris, Bruxelles, et ailleurs, à supputer que le Brexit pourrait bien ne pas aller à son terme, que les Anglais pourraient, en langage gaullien, « caler» , faire machine arrière ; que les négociations de sortie de l'U.E. pourraient ne pas aboutir avant longtemps ; que l'économie anglaise en supporterait de si funestes conséquences qu'elle s'en repentirait assez vite... Bref, toutes espèces de circonstances de nature catastrophique devant amener, en matière européenne, l'opinion britannique à s'inverser.

    Cela nous paraît méconnaître la situation, notamment économique, de l'Angleterre post-Brexit, en réalité nettement plus florissante que la nôtre en ce moment, tout autant que la psychologie du peuple anglais et de ses gouvernants.

    L'Histoire nous enseigne plutôt que les Anglais - peuple et Institutions - après avoir longtemps débattu, s'être affrontés âprement sur la ligne à suivre, une fois la décision prise, s'y tiennent jusqu'à avoir atteint leurs objectifs. De l'entêtement des Britanniques, l'Histoire nous donne maints exemples : la période napoléonienne qui ne s'achève qu'à Waterloo, comme la Seconde Guerre mondiale que l'Angleterre a menée seule, face aux puissances de l'Axe, après le défaut de la France en juin 40, et jusqu'à ce que Russes et Américains entrent dans le conflit. De Gaulle dira qu'elle fut l'âme de cette guerre, finalement gagnée, et c'est sans doute vrai.

    51dW11FzjZL._SX195_.jpgL'actuel ministre des Affaires Etrangères de Grande Bretagne, Boris Johnson, l'ancien maire de Londres, a écrit sur Winston Churchill un gros livre foisonnant, écrit à la va comme je te pousse, construit le plus anarchiquement du monde, mais bourré de faits, d'anecdotes, de mots d'esprit et surtout rempli d'admiration pour le courage, l'héroïsme même, le patriotisme et le profond loyalisme monarchique de son grand homme, dont il est patent qu'il est son modèle et son exemple. Son livre enseigne ces vertus.

    Typique du fonctionnement des institutions britanniques, auxquelles les Français entendent généralement fort peu de chose, une sorte de maturation en cours chez les tories et, probablement, chez l'intéressé lui-même, semble en ce moment devoir pousser Boris Johnson vers le 10 Downing street, où il pourrait bien un jour assez proche succéder â la pâle mais décidée Thérèsa May. Sans-doute est-elle aussi parfaite patriote anglaise que lui, mais sans son panache.

    Ainsi, les fonctionnaires de Bruxelles devraient avoir affaire dans les mois qui viennent â de redoutables et efficaces négociateurs, tandis que les acteurs réels de toutes les formes d'activité européenne, économique et autres, seront - sont déjà - pressés de mettre en place les accords - désormais bilatéraux - qui permettront de la poursuivre. Avec ou sans Brexit, l'Angleterre ne cesse pas d'exister, les réalités de transcender les bouts de papier et les idéologies.

    La France ne devra pas être en reste, n'aura pas avantage à s'enfermer dans son tête à tête de plus en plus inégal avec l'Allemagne. L'égoïsme anglais, quoique sous d'autres formes, n'est pas moindre que celui de notre grand voisin d'Outre-Rhin. Face à cet égoïsme, celui de notre vrai et vieil « ennemi héréditaire », nous aurons souvent à dresser le nôtre, à défendre nos intérêts bec et ongles. Mais, en la circonstance, nous devrions avoir, avec l'Angleterre - et en tirer quelque parti - ce point de convergence fondamental : son obstination à conserver sa souveraineté.  •

    Retrouvez l'ensemble de ces chroniques en cliquant sur le lien ci-dessous

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Goldnadel au Figaro : « L'antifascisme exacerbé a ressuscité l'obsession de la 'race' »

     

    Par  

    Depuis Charlottesville, les revendications antiracistes se sont multipliées aux Etats-Unis et en France. Gilles-William Goldnadel estime que l'antiracisme pervers et surmédiatisé aura conduit au renouveau de la « guerre des races ». Il nous semble avoir raison. Cette chronique [Figarovox, 2.10] dit un grand nombre de simples vérités !  LFAR

     

    Black_Lives_Matter_protest.jpgLe résultat le plus patent et le plus efficace de l'antiracisme factice qui sévit depuis 50 ans aura été la guerre des races. 

    Je rappelle que celui-ci a interdit pendant longtemps l'utilisation du vocable de « race » sous peine d'excommunication. Aucune différenciation entre semblables n'étaient tolérable.

    Dans la réalité, et au fil des années, l'obsession du racisme aura abouti à l'obsession de la race, la couleur des uns étant systématiquement synonyme de souffrance, celle des autres tout aussi systématiquement synonyme de racisme monopolistique. Toute contestation de cet esprit de système étant ipso facto suspectée de racisme systémique.

    L'autre caractéristique de l'antiracisme factice s'observant dans la forme hystérique et obsessionnelle de sa représentation médiatique.

    Les États-Unis, comme toujours, ont lancé la mode culturelle de cet antiracisme et imprimé son mode de communication électronique et frénétique.

    Les semaine s écoulées depuis les événements de Charlottesville nous en ont livré quelques échantillons choisis : destructions de statues de généraux sudistes, interdiction d' « Autant en emporte le vent » à Memphis, contestation de Christophe Colomb, critiques contre Kate Bigelow, réalisatrice du film Détroit et incapable en tant que blanche de comprendre la souffrance noire (Libération 11 août), manifestations de footballeurs noirs américains refusant, un genou à terre, de saluer le drapeau national.

    Le prétexte donné à ce dernier geste étant la violence policière blanche. Si nul ne saurait contester l'existence de celle-ci et encore moins l'excuser lorsqu'elle survient, le courage et l'honnêteté intellectuels commandent d'indiquer qu'il arrive aussi de voir des Blancs violentés volontairement par des Noirs.

    Je rappelle ici mon article dans lequel je m'étonnais que nul n'ait cru devoir reprocher à Obama l'oubli du vocable « racisme » lorsque délibérément un homme noir à Dallas a assassiné quatre policiers blancs innocents pour venger la mort d'un noir. Ici sévit la guerre des races.

    L'un des effets pervers de l'obsession antiraciste unilatérale aura été de redonner à de nombreux Blancs américains (dont les plus pauvres sont les seuls qui ont vu leur espérance de vie diminuer ces dernières années) une conscience de race à nouveau exacerbée.

    L'honnêteté oblige également à constater tristement que l'élection d'un président noir aux États-Unis, saluée, au-delà de ses réelles qualités intellectuelles intrinsèques, avec un empressement extatique que j'ai toujours considéré comme racialiste, n'aura en rien calmé la question raciale obsessionnelle. Tout au contraire.

    Étrangement, ce président qui avait commencé brillamment son magistère en ignorant superbement sa différence, l'aura achevé huit ans plus tard en frayant avec les Black Matters , groupe racialiste radical s'il en est.

    D'un excès l'autre : Ce n'est certainement pas le nouveau président américain qui calmera cette situation névrotique. Donald Trump, rejeté outrageusement dès le début par le pouvoir médiatique, a fait le choix stupide et affligeant de la fuite en avant.

    Dans l'affaire « des genoux à terre », alors qu'il avait un beau sujet pour rassembler une majorité bigarrée autour du drapeau étoilé, celui-ci a préféré traiter les sportifs mutins de « fils de pute », donnant ainsi rétrospectivement raison à ses caricaturistes les plus caricaturaux.

    Dernier exemple américain en date de l'illustration d'un excès médiatique consternant : des graffitis sur la porte de la chambrée de soldats noirs ont permis au discours antiraciste d'un officier blanc de grande éloquence de faire le tour du monde.

    Ce discours était absolument nécessaire dans l'enceinte de la caserne, mais sa publicité planétaire totalement disproportionnée avec l'incident.

    Sauf à permettre à tout raciste pervers de prendre le monde médiatique en otage complaisant en écrivant sa haine sur la porte d'une mosquée, d'une église, d'une synagogue , d'une chambrée ou de toilettes, l'exposition de la bêtise humaine ne saurait tolérer une malsaine surexposition.

    Et si le prêchi-prêcha antiraciste médiatisé présentait la moindre efficacité depuis qu'il est imposé par la fausse morale préfabriquée, les lignes qui précèdent n'auraient pas existé.

    La France ne se trouve pas en meilleure situation. Les mauvais vents de Charlottesville n'auront pas mis un mois à franchir l'océan.

    Les antiracistes de pacotille et les antinazis d'opérette n'ont pas non plus chômé : le Cran qui veut culbuter Colbert et dégommer Dugommier jusqu'à Mélenchon qui prétend que ce sont des antifas de rue qui ont chassé les nazis.

    Cécile Pina (Figarovox 29.9) révélait que des islamistes radicaux avaient été autorisés par l'université Lyon 2 à organiser une conférence à l'intérieur de son enceinte. Le pire était d'apprendre que Jean-Louis Bianco, es qualité de président de l'Observatoire de la laïcité, avait accepté d'envoyer un message aux participants, donnant ainsi son onction à la manifestation. Pour illustrer l'obscénité d'un tel encouragement, on précisera que le parti des Indigènes de la république fera partie de la joyeuse équipe.

    Je rappelle ci-après, la contribution de la porte-parole de ce parti à la guerre des races : « Mohamed Merah c'est moi. Le pire c'est que c'est vrai. Comme moi, il est d'origine algérienne, comme moi il a grandi dans un quartier, comme moi il est musulman. Comme moi, il sait qu'il sera traité d'antisémite s'il soutient les palestiniens colonisés, d'intégriste s'il soutient le droit de porter le foulard. Mohamed Merah c'est moi et moi je suis lui.… Nous sommes des indigènes de la république. Je dis ce soir, je suis une musulmane fondamentale

    Et encore ceci: « Il faut dénationaliser l'histoire de France. Je crois qu'il faut faire exploser cette identité française. …» Houria Bouteldja citée par Pierre-André Taguieff dans « L'islamisme et nous » (CNRS éditions 2017)

    Une sympathisante de ce parti Indigène, Danielle Obono, est également député insoumise de la république. Invitée cette semaine sur BFM, elle répugnait, dans le cadre des lois antiterroristes en gestation, à considérer comme un signe de radicalisation, l'attitude d'un chauffeur de bus qui refuserait, comme cela arrive, de conduire après une femme. Evidemment, madame Obono, qui n'a rien contre le « Nique la France », aime à se dire féministe.

    Joli succès de l'antiracisme d'extrême-gauche: Le parti mélancholique est en passe d'ajouter la guerre des races à la guerre des classes.  

    Gilles-William Goldnadel

    est avocat et écrivain.  

  • Dans nos commentaires : Péroncel-Hugoz remet les pendules à l'heure à propos du tropisme kurde ...

     

    1417414836 - Copie.jpgL'article d'Antoine de Lacoste que nous avons publié hier - Les chrétiens syriens à l'épreuve des Kurdes - a suscité aussitôt des commentaires intéressants. Particulièrement opportun et autorisé : celui reçu hier de Péroncel-Hugoz qui fait un sort dûment motivé au tropisme kurde. On le lira avec intérêt. Lyrisme et exaltation ne font pas de la bonne politique.   LFAR

     

    IMG - JPEG - Copie - Copie.jpgLe commentaire de Péroncel-Hugoz

    Bravo à Lacoste qui ne se laisse pas avoir par l'islamiquement correct et qui nous montre que les « héroïques » Kurdes se comportent envers les chrétiens comme les autres mahométans mais en enrobant leurs comportements d’une astucieuse com (par ex. les femmes kurdes combattantes ...) susceptible de plaire aux bobos islamo-gauchistes ... Penser que de 1898 à 1920 les plus grands tueurs d'Arméniens turcs furent les Kurdes ...  

    Les chrétiens syriens à l'épreuve des Kurdes

  • Marseille, ce mercredi 4 octobre, Hilaire de Crémiers parlera de Maurras en son Chemin de Paradis

     

    Rendez-vous au 14 rue Navarin, à 18h30 !

  • Les chrétiens syriens à l'épreuve des Kurdes

    Kurdes

     

    Par Antoine de Lacoste

     

    1456949215.pngPlus d'un million de Kurdes peuplent le Nord de la Syrie et cohabitent avec un peu moins d'un million d'arabes. Pragmatiques, ils vivaient en bonne intelligence avec le régime, bénéficiant d'une certaine autonomie en échange de leur neutralité politique.

    Leurs relations avec les arabes (sunnites, alaouites ou chrétiens) étaient distantes mais sans hostilité manifeste. C'était avant la guerre et les Kurdes, malgré leur propension naturelle à l'hégémonie, n'avaient de toute façon guère le choix. Toutefois, leur rêve d'un Etat kurde officieux, les habitait toujours.

    La guerre va leur permettre de progresser dans leurs ambitions.

    L'armée syrienne, en grande difficulté jusqu'à l'intervention russe, n'avait plus les moyens de contrôler le nord du pays : la priorité était d'endiguer la marée islamiste qui voulait prendre le pouvoir. Tel n'était pas le but des Kurdes qui se contenteraient toujours d'un territoire à eux dans le Nord. Des deux maux Assad a choisi le moindre et a donc fort logiquement laissé les Kurdes prendre le contrôle des villes et des postes-frontières, à l'exception d'un seul, au Nord-Est, tenu par des milices chrétiennes et quelques militaires syriens.

    Des combats entre l'armée et les milices chrétiennes d'un côté, les combattants kurdes de l'autre (regroupés dans les YPG) eurent lieu, faisant tout de même des victimes et des prisonniers de chaque côté. On était toutefois loin de la conflagration générale.

    Les Turcs regardaient cela d'un mauvais œil, mais leur préoccupation de l'époque était surtout d'organiser la révolte islamiste pour renverser Assad.

    La bataille de Kobané va tout changer.

    Grâce à l'aide des Turcs, Daesh réussit à conquérir une partie du Nord de la Syrie faisant ainsi la jonction avec la frontière turque. Après la conquête de la vallée de l'Euphrate (Raqqa, Deir ez-Zor en partie, Mayadin, Al Quaïm) et des champs pétrolifères du Sud-Est du pays, les islamistes ont pu vendre le pétrole jusqu'en Turquie grâce à des norias de camions qui circulaient dans l'indifférence générale.

    L'aviation de la coalition ne les a quasiment jamais attaqués, ce qui est tout de même curieux. Il faudra attendre les avions russes pour qu'enfin cesse le trafic.

    Il restait toutefois une ville à conquérir pour Daesh : Kobané, peuplé majoritairement de Kurdes. Des combats furieux entre les YPG et les islamistes durèrent plusieurs semaines.

    C'est là que se noua l'alliance entre les Kurdes et les Américains : ceux-ci décidèrent d'aider massivement les combattants kurdes. Le soutien de leur aviation fut décisif (comme toujours d'ailleurs au cours de cette guerre) et Daesh dut se retirer. Le bilan était lourd des deux côtés mais la victoire des kurdes allait sceller leur alliance avec les Etats-Unis.

    Armés et financés par eux, les Kurdes purent consolider leurs positions le long de la frontière turque n'hésitant pas à attaquer les militaires syriens et les milices chrétiennes pour mieux assoir leur autorité.

    L'armée turque a alors réagi, a franchi la frontière afin de couper en deux le territoire kurde et l'empêcher ainsi de se tailler un territoire en continu. Les Kurdes se sont retirés devant les chars turcs sur ordre des Américains qui ne voulaient pas d'affrontement direct entre ces deux forces.

    Aujourd'hui, les Kurdes sont l'infanterie des Etats-Unis : ils sont en train de reprendre Raqqa (ex-capitale du califat maintenant moribond) et prennent position au Nord de Deir ez-Zor afin d'empêcher l'armée syrienne de reprendre le contrôle de la totalité du pays.

    Raqqa et Deir ez-Zor sont de peuplement arabe et non kurde, mais peu importe : ce qui compte pour les Etats-Unis, c'est de détruire Daesh et d'empêcher les Syriens de reprendre le contrôle de leur pays. Le retour de la paix sous l'égide d'Assad n'a jamais été l'objectif.

    Mais, une fois de plus, ce sont les chrétiens qui souffrent de la situation.

    Ils sont relativement nombreux dans la région, et il faut savoir que les exactions kurdes à leur endroit ne sont pas rares : vexations, arrestations et, plus grave, assassinats ciblés voire parfois déplacements forcés de populations. Le silence est assourdissant sur le sujet, mais les Kurdes font partie des héros médiatiques de cette guerre et il convient de ne pas entacher leur réputation.

    Le sujet n'est pas nouveau pourtant : les Kurdes ont participé au génocide de 1915, soit sur ordre des Turcs, soit, le plus souvent, pour dépouiller les malheureux Arméniens ou Assyriens. Le brigandage est une vieille tradition chez eux...

    Certes, certains chrétiens leur doivent la vie par leur résistance opiniâtre contre Daesh ; les YPG sont assez efficaces. Mais cela ne doit pas masquer la réalité sur ce que sont les Kurdes : ils sont Kurdes et le reste ne compte pas. Leur islam est très lointain et l'idéologie marxiste qui les habite assez théorique, mais les chrétiens comptent encore moins pour eux.

    Ils veulent un territoire et sont prêts à tout pour cela : les Américains l'ont bien compris et s'en servent pour éliminer Daesh. Et les Kurdes se servent des Américains pour assoir leur pouvoir local.

    Fort heureusement, les chrétiens sont encore assez nombreux dans la région, en particulier dans le Nord-Est. Les villes d'Hassaké (180 000 hab.) et Qamishli (170 000 hab.) comptent de nombreux syriaques catholiques et orthodoxes dont les jeunes sont armés et organisés. Mais la vie y est très difficile et beaucoup songent à partir.

    C'est précisément ce qu'attendent les Kurdes.  

    Retrouvez l'ensemble des chroniques syriennes d'Antoine de Lacoste dans notre catégorie Actualité Monde

  • Catalogne : Mariano Rajoy deviendra-t-il Mariano Kerenski ?

     

    Par Javier Portella

    Nous avons dit presque par accro, aussitôt après l'attentat islamique de Barcelone [Cf. Lien ci-dessous] ce que nous pensons fondamentalement de la question catalane. Sur la situation née du référendum de dimanche dernier, qui, bien-sûr intéresse la France et l'Europe, Javier Portella donne ici une analyse où rien ne manque : connaissance de la situation, clarté et hauteur de vue [Boulevard Voltaire, 2.10]. Nous ne pensons pas autrement que lui, même si, d'un point de vue français, nous ne nous serions sans-doute pas exprimés avec la même radicalité. En tout cas, le point est fait, les justes appréciations sont portées.   LFAR

     

    77dae4cee53d71a6de676a118bdb1379.jpeg.jpgIl y a quelque chose de fascinant, je vous assure, à suivre sur le terrain, à chaud – je me trouve ces jours-ci à Barcelone -, les prolégomènes d’une révolution. Certes, c’est on ne peut plus déchirant et angoissant de voir comment ton pays est en train d’être dépecé avant de tomber dans l’abîme. Mais ce qui devient fascinant, c’est de voir, de constater, jour après jour, le degré absolu de bêtise et de traîtrise de la part des Kerenski sans la collaboration desquels il ne pourrait jamais y avoir aucune révolution.

    En l’occurrence, leur claudication remonte à très loin : à quarante ans, lorsque le nouveau régime dit démocratique, craintif et espérant amadouer le fauve, a entrepris la cession la plus complète des ressorts du pouvoir : depuis la police jusqu’à l’enseignement et l’endoctrinement médiatique. Sans oublier l’argent : c’est à 55 milliards d’euros que s’élève, à l’heure actuelle, la dette de la Generalitat envers l’État espagnol. Si celui-ci fermait le robinet, pas un seul policier, pas un seul fonctionnaire, pas un seul des dirigeants de la sédition n’aurait touché, ce 30 septembre, son salaire. En espagnol, on appelle ça « ser, tras cornudo, apaleado ». En français, être cocu et content.

    Les résultats obtenus par tous les collabos objectifs de la sécession – depuis Juan Carlos 1er et son fiston jusqu’à l’ensemble des dirigeants de droite, de gauche et du centre – sont maintenant là : une région, la Catalogne, irréconciliablement, mortellement scindée en deux ; et une nation, l’Espagne, vieille de plusieurs siècles, qui risque d’être démembrée. C’est ainsi qu’elle deviendrait le premier État-nation européen à périr. 

    « Mort à l’État-nation ! », « Vive l’Europe des mille petites régions ! », vont s’écrier certains, tandis que d’autres – les mondialistes qui souhaitent et le Grand Remplacement et le Grand Éparpillement conduisant à la mort des peuples et des nations – vont se frotter les mains. Il faut, certes, œuvrer pour la grande Europe, pour l’Europe vécue en tant que patrie charnelle, puissante, grande, belle. Mais cette Europe, qui passe certainement par la reconnaissance des particularités et les droits de ses régions, ne passe nullement par la dissolution de ces grandes unités de langue, de culture et d’histoire que sont les peuples devenus nations depuis des siècles. 

    Que va-t-il se passer maintenant en Catalogne ? La révolution gronde, c’est évident. Mais non seulement la révolution sécessionniste. L’autre aussi : celle commandée par les gauchistes et les communistes de CUP, Podemos et Esquerra Republicana, qui voient dans l’indépendance le premier pas vers la dissolution du pays et la révolution totalitaire de leurs rêves. Plus les eaux seront troubles, plus et mieux pourront-ils y pêcher. Or, il s’agit d’une révolution d’un type nouveau. Non pas la révolution des prolétaires (ou prétendus tels), mais celle des bobos. La première révolution du XXIe siècle, la révolution 2.0, celle du « dernier homme », que dirait Nietzsche, la révolution de l’Homo festivus, que dirait Philippe Muray.

    La grande question est, dès lors : les enfants de l’angélisme, les bobos à l’esprit Bisounours qui ont, dans un air de fête, occupé tout le week-end les écoles pour rendre possible la tenue, dimanche, d’un simulacre de référendum, les révolutionnaires de ce prétendu « populisme de gauche » qui recueille le plus grand nombre de voix dans les seuls quartiers huppés, en un mot tous ces gens si gentils et charmants, vont-ils être capables de dresser des barricades et d’y laisser vaillamment, s’il le faut, leur peau ?

    On peut en douter. Tout comme on peut douter que, lorsque lundi ou mardi la République indépendante de Catalogne sera proclamée, Mariano Rajoy ose prendre les mesures que la loi commande et le moindre bon sens exige : état d’urgence, suspension de l’autonomie de la Catalogne et arrestation du président Carles Puigdemont et des principaux dirigeants du coup d’État.  

    Écrivain et journaliste espagnol

     

    A lire dans Lafautearousseau ...

    En deux mots : Barcelone : « No tinc por »

  • Macron dit à Rajoy son « attachement à l'unité constitutionnelle de l'Espagne ». Il a bien fait !

     

  • Aix-en-Provence : Café Actualité ce soir mardi 3 octobre avec Hilaire de Crémiers ... A ne pas manquer !

     

    18h45 : accueil. Entrée libre.

    19 h : conférence et débat animé par Antoine de Crémiers

    20h30 : fin de la réunion.

    Participation sous forme de consommation.

    Consommations à commander et régler au bar en arrivant. Merci !

    La soirée s'achèvera par un dîner réunissant les participants qui le souhaitent. 

    Inscriptions et renseignements: 06 16 69 74 85

    Café d'Actualités d'Aix-en-Provence : généralement, le premier mardi de chaque mois.

  • Quand une secte veut régenter la langue

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    logo lundis.jpgDeux événements d’importance la semaine dernière pour la langue française.

    D’abord, la démission de M. Lussault, sans doute poussé vers la sortie par M. Blanquer lui-même, si on a bien compris les propos du ministre le même jour sur RTL. On ne s’en plaindra pas car il s’agit (enfin !) d’un coup franc porté au très idéologique et très dangereux Conseil Supérieur des Programmes, position avancée du « pédagogisme » au coeur même du si mal dénommé ministère de l’Education nationale. Le galimatias prétentieux utilisé par ce monsieur aurait fait rire s’il n’avait été un signe de plus de la déconstruction des esprits érigée en arme de guerre scolaire, notamment par l’ex-ministre Mme Belkacem : l’utilisation systématique de ce que d’aucuns ont qualifié de « novlangue » (en référence au roman d’Orwell, 1984) a en effet permis au funeste CSP d’égarer les esprits non avertis en déformant volontairement toute réalité par l’utilisation d’un jargon dont le ridicule ne le cède en rien à l’hermétisme (1)

    Preuve que cette guerre est totale, au même moment le serpent de mer féministe de l’écriture inclusive ressort la tête, avec la parution chez Hatier d’un manuel d’histoire, niveau CE2, intitulé Magellan et Galilée - Questionner le monde. Confondant volontairement genre (grammatical) et sexe, les enragé·e·s de l’écriture inclusive dénoncent la primauté grammaticale du masculin dans laquelle ils et elles (ou mieux « elles et ils », si on va au bout de leur logique) voient une sorte de « complot machiste », l’actuelle écriture étant jugée sexiste. Assertion sans fondement pour M. Bentolila, linguiste. Ce dernier, après avoir  rappelé fort justement (Figaro Vox, 26 septembre) le caractère arbitraire de la langue, souligne une évidence : « Le français possède en effet deux genres, l'un est dit masculin, l'autre est dit féminin. Il s'agit bien de marques de genre et non pas d'indicateurs de sexe. » En fait, le masculin en français joue un double rôle grammatical, celui de masculin stricto sensu mais aussi de « générique » (on pourrait faire la comparaison avec l’infinitif, forme non marquée, certains disent « indifférenciée », du verbe et quasi neutre). Dire que le masculin l’emporte sur le féminin ne signifie donc pas que l’homme l’emporte sur la femme. 

    Nos féministes reprochent ainsi au XVIIe siècle d’avoir, dans une sorte de déni de la femme, tordu le cou par la norme à un usage assez souple : tantôt on cite tel ou tel vers (2) du grand Racine où l’accord de genre est déterminé par la seule proximité, tantôt on rappelle avec dégoût certains propos du grammairien Bouhours, abbé de son état, justifiant la primauté du masculin (3). M. Enthoven, philosophe, préfère voir dans la langue « une mémoire dont les mots sont les cicatrices » et penser qu’il est vain de croire « abolir les injustices du passé en supprimant leur trace » (Libération, 27 septembre). Mais la dimension de la controverse, plus que linguistique, est bien sociétale. On sait, et c’est significatif, que les personnes dites LGBTQI (4) sont de fervent·e·s partisan·e·s de l’écriture inclusive qui permet(trait) de nier la loi commune de la binarité du genre (sexuel).  On comprend mieux dès lors dans quelle stratégie d’ensemble s’inscrit la présente attaque contre notre langue. Voilà pourquoi nous avons déjà droit aux députées, professeures et plombières. Voilà pourquoi discours et écrits sont émaillés de « toutes et tous » ou de « celles et ceux » (on continue, par courtoisie désuète, à privilégier le féminin par la première place). Voilà pourquoi le manuel des éditions Hatier utilise systématiquement le « point milieu » comme nous l’avons fait à titre d’exemple (avec risque d’erreur car nous ne sommes pas allés à « cette » école) dans cet article. 

    Si M. Lussault, quoique grotesque, reste dangereux, les tenants de l’écriture inclusive le sont tout autant : c’est la même volonté de subversion, la même négation d’une réalité qui dérange quelques farfelus encore minoritaires.  •

     

    (1) Une piscine devient ainsi un « milieu aquatique profond standardisé ».

    (2) « Surtout j'ai cru devoir aux larmes, aux prières / Consacrer ces trois jours et ces trois nuits entières. » (Athalie, IV, 3)

    (3) Il affirme dans ses Remarques nouvelles sur la langue française écrites en 1675 que « lorsque les deux genres se rencontrent, il faut que le plus noble [le masculin] l’emporte ».

    (4) LGBTQI = Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Trans, Intersexes, (en) Questionnement.

  • L'attentat de Marseille, malheureusement, n'en est qu'un de plus !

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgQue dire de l'attentat de Marseille, que nos lecteurs ne sachent déjà, qui n'ait été vu et revu sur toutes les chaînes d'info en continu ? Tout le monde, aujourd'hui sait - ou croit savoir - tout sur tout, tout de suite ! Inutile d'en rajouter.

    Qu'exprimer alors d'important qui ne l'ait déjà été ici ? Nous n'aimons pas tellement les redites logorrhéiques qui ne servent à rien sinon à passer sa colère, son exaltation indignée, son horreur, rafale de points d'exclamation à l'appui. Les sentiments que nous venons de dire, nous les connaissons tous ; ils ne servent pas le Pays au niveau qui convient. En tout cas pas avec le sérieux voulu. Les forces de l'ordre font leur travail avec courage et en grande part avec efficacité. Ce sont elles qui en courent les risques - les plus élevés. Et les assassins ressortent de leurs actions rarement vivants. Comme si, à leur encontre, une sorte de peine de mort, d'exécution immédiate, avait été tacitement et heureusement rétablie.  Nul ne s'en étonne ni ne s'en indigne. Comme jamais, « nécessité fait loi » ! Les militaires de l'opération Sentinelle ont encore abattu le forcené d'hier, Gare Saint-Charles, à Marseille. Ils ont fait ce qu'il y avait à faire. Deux passantes sont mortes qui ne font que s'ajouter à la longue liste des victimes des fous de l'Islam.  Se taire, s'incliner...

    Mais pourquoi ces victimes, celles de Paris, de Nice, de Toulouse, de Levallois-Perret ... hier de Marseille ? A raison de quelles causes, de quelle politique, puisque c'est de cela qu'il s'agit ? Et de quelles responsabilités ? Telle est la vraie question. Depuis les attentats de janvier 2015, il y a presque trois ans, rien de fondamental ne s'est ajouté. Les choses ont continué : les flux migratoires - comme avant et  - comme il était prévisible - les attentats, en France et dans toute l'Europe. Ne s'est ajoutée que la vague supplémentaire des migrants réfugiés, ou prétendus tels. Folie supplémentaire elle aussi, sous le Haut Patronage européen d'Angela Merkel.

    Pourquoi ces victimes ? A raison, à cause de quoi, de qui ? Nous avons répondu à cette question dès janvier 2015 - le 8 - et, après trois ans, nous ne voyons pas grand chose à y changer. Il nous semble avoir, alors, vu et dit l'essentiel.

    Le voici :

    « Quand on laisse entrer chez soi, en un laps de temps relativement court, des millions d’immigrés venus d’un autre continent, nés d’une civilisation radicalement différente, guidés par les mirages d’un niveau de vie que leur misère originelle rend terriblement attrayants et qui n’ont que peu de sens et de respect de ce que sont les mœurs, les lois, les traditions du pays où ils arrivent, quand on en a soi-même largement perdu l’amour et la pratique, il n’y a pas de quoi être étonnés des troubles et des violences qui se produisent inéluctablement. C’est la première réflexion qui nous vient à l’esprit après les événements tragiques d’hier, à Paris. Il y a longtemps, ici, en effet, que nous mettons en garde contre la politique d’immigration de la France, devenue plus périlleuse encore du fait de la crise économique et du laxisme de nos gouvernants. Du fait, aussi, d’un certain nombre de nos erreurs - de graves erreurs - en matière de politique étrangère. Il y a longtemps que nous signalons à quel point notre République vit sur une poudrière et qu’il peut arriver un temps où le travail de nos services de sécurité ne suffira plus à empêcher la multiplication des violences et des attentats. Ce temps est peut-être arrivé et il ne faut pas manquer d’en rechercher les causes, d’en marquer les responsabilités. Certes, tous les musulmans de France ne sont pas des terroristes. Loin de là. Nombre d’entre eux sont probablement en voie d’intégration. Et le réalisme devrait conduire, si nous en sommes capables, à les y aider, à les y encourager. Mais les risques de l’immigration massive demeurent ; elle est un terreau porteur de terribles dangers. Et, en tout cas, tous les terroristes qui menacent aujourd’hui la France le font au nom de l’Islam. »

    Tout esprit censé comprendra qu'il s'agirait aujourd'hui de mettre en place une politique inverse de celle qui a été menée jusqu'ici en matière d'immigration. Et en bien d'autres domaines corrélés, encore : famille, Education, culture, médias. Etc. En bref, il s'agirait en tous domaines essentiels, selon la formule maurrassienne, de « renverser la mécanique de nos malheurs ». •  Lafautearousseau