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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1313

  • Etat de crise

    Palais de l'Elysée, la grille du Coq 

     

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

     

    Parce qu’elle désigne celui qui régnera temporairement sur la France, l’élection présidentielle a toujours, depuis 1965, constitué le moment clé de notre vie politique, un moment « dramatique » au sens étymologique. Cependant, depuis l’adoption du quinquennat, avec comme conséquence évidente un retour plus rapide de l’échéance, la tendance est incontestablement à une certaine hystérisation. On ne peut nier que cette hystérisation malfaisante est, sinon créée, du moins orchestrée et entretenue par des médias qui y trouvent tout leur intérêt. Ces médias exercent un véritable pouvoir auquel, en vertu d’une sorte de droit divin qui les protégerait, il est interdit de porter atteinte - alors même que la liberté, voire la licence, dont ils jouissent ne leur est garantie que par le pouvoir politique.

     

    L’élection de 2017 sera en tout cas le résultat d’un processus étonnant. Pour la première fois, le président en exercice, candidat « naturel » à sa propre succession, renonce à se représenter : renonciation d’autant plus surprenante qu’elle s’accompagne d’un auto-satisfecit qui permet à certains socialistes de continuer à défendre un bilan désastreux. Pour la première fois aussi, les deux partis de l’alternance organisent tour à tour une élection primaire : les deux vainqueurs sont l’un (M. Fillon) en butte à la suspicion générale, l’autre (M. Hamon) présenté comme le probable fossoyeur de son propre camp; d’où ce paradoxe, peut-être temporaire : les deux candidats les plus fringants, Mme Le Pen et M. Macron, sont hors du jeu politicien bi-partisan traditionnel.

     

    Il est possible, voire probable, que M. Fillon se trouve dans l’obligation de retirer sa candidature au profit d’un candidat désigné directement par le seul appareil partisan des Républicains : de toute façon, M. Macron paraît tout à fait capable d’arriver devant l’un ou l’autre dès le premier tour. Il est probable, voire certain, que M. Hamon conduise le PS à l’échec en ne figurant pas au second tour de la présidentielle : il devra dès lors  se contenter de faire mieux que M. Mélenchon. Dans les deux cas, le barnum médiatique qui a littéralement porté les deux primaires n’aura servi à rien, si ce n’est justement à hystériser davantage la vie politique.

     

    M. Straus-Kahn, à qui la victoire semblait acquise, avait dû renoncer dès 2011 à l’élection de 2012, permettant ainsi à M. Hollande de se retrouver élu par défaut - avec les conséquences que l’on sait. Si, comme le déclare Me Collard (BFM, 1er février), M. Fillon - à qui la victoire semblait aussi acquise - « ne peut pas rester candidat » car il est désormais « dans une position schizophrénique », il en sera de même de l’élu(e) de 2017 dont la légitimité sera forcément minimale. Cette élection constituerait dès lors un nouveau raté de la vie politique française telle qu’elle résulte des jeux du système (quinquennat) et de l’omniprésence des factions (primaires) conjugués à la médiocrité croissante du personnel politicien. Un pas de plus dans la démoralisation générale et la perte du crédit du politique. Un pas de plus vers une véritable crise politique, peut-être même une crise de régime. 

  • Retour sur le cas Fillon, un homme politique qui aime vraiment beaucoup l'argent, surtout l'argent de l'Etat

     

    Par Antiqquus

    Un commentaire [reçu le 3.02] qui nous paraît mettre à jour l'essentiel dans cette affaire plutôt médiocre, devenue, dans le contexte électoral, quasiment une affaire d'Etat.  LFAR

     

    Le problème n'est pas judiciaire ! Fillon ne nie nullement avoir fait verser par le Sénat 84 000 € à ses fils étudiants en droit. Il ne nie pas avoir fait verser un salaire de 9 300 € à sa femme. Il ne conteste pas avoir fait salarier royalement son épouse pour un travail symbolique pendant plusieurs années par Ladreit de Lacharrière qui l'a reconnu. Ce qu'il dit, c'est que tout était légal.

    Peu importe ! Le problème est que cet homme politique qui annonce qu'il taxera encore plus les classes moyennes afin de redresser les finances de la France aime vraiment beaucoup l'argent, même et surtout l'argent de l'Etat. Et de plus il est vraiment naïf ! Clemenceau disait déjà à la fin du XIX° siècle : « Si vous voulez voler l'Etat impunément, il vous faut d'abord vous assurer de preuves sur les prévarications de vos ennemis. Ainsi, vous serez invulnérables ». Et il s'y connaissait en matière de magouilles !. Fillon se figurait sans doute que ses ennemis l'épargneraient en raison de leur privilégiature commune. C'est lamentable. Et voilà l'homme « honnête et distingué » auquel la bourgeoisie catholique était toute prête à donner ses suffrages.

    Elle en sera réduite à  se rabattre sur Macron ; bien sûr, il est moins présentable, mais il contribuera à préserver, pense t-elle, le statu quo. 

  • C'est aujourd'hui la fête du prince Gaston de France

    La famille royale de France lors de la communion du prince Gaston

     

    Aujourd’hui, lundi 6 février, jour de la saint Gaston, Lafautearousseau souhaite une très bonne fête au jeune prince Gaston de France.

    S. A. R. le prince Gaston de France, est le fils aîné de Leurs Altesses Royales le duc de Vendôme et la duchesse de Vendôme. Le prince Gaston sera un jour le Chef de la Maison de France, héritier des quarante rois qui ont fait la France. Le prince Jean de France et son épouse la princesse Philoména ont choisi le prénom Gaston pour leur fils aîné, en souvenir du grand-père de feue Madame la comtesse de Paris, le Prince impérial consort du Brésil, Gaston d’Orléans, comte d’Eu (1842-1922).  

    S. A. R. le prince Gaston de France en images

    Source : La Couronne

  • « Je pense à vous ce soir, Ô morts de février »

     

    AUX MORTS DE FÉVRIER 

     

    Les derniers coups de feu continuent de briller

    Dans le jour indistinct où sont tombés les nôtres

    Sur onze ans de retard serai-je donc des vôtres

    Je pense à vous ce soir, Ô morts de février.  

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    Robert Brasillach, 5 février 1945

    (Poèmes de Fresnes, Minuit et demi, 1945)

     

    Sur le 6 février 34, lire aussi dans Lafautearousseau ...

    Pourquoi le 6 février 1934 a été stérile : l'analyse de Maurice PUJO

    Maurras a-t-il vraiment « voulu » le roi ? La réponse de Pierre Boutang

     

  • La Semaine de Magistro, une tribune d'information civique et politique

     

    La  Semaine de MAGISTRO - Adossée à des fondamentaux politiques avérés, Magistro, une tribune critique de bon sens, raisonnée et libre, d'information civique et politique. [05.02]  

    A tout un chacun

     Jacques BICHOT  Economiste, démographe, Professeur émérite à l'Université Lyon 3  
    Identité et différences : qu’en dit l’économiste ?  

    Ce qui est lamentable dans l’affaire Fillon

    Françoise THIBAUT    Professeur des Universités, Essayiste, historienne      Les Systèmes sont fatigués     

    Du côté des élites

    Sophie de MENTHON   Présidente d'ETHIC  Après la victoire de Benoit Hamon, ETHIC s'inquiète de la menace implicite sur les entreprises

    • Ivan RIOUFOL  Journaliste politique  
    François Fillon, l'homme à faire taire 
     Unir les droites

    • Maxime TANDONNET  Haut fonctionnaire, ancien conseiller au cabinet du Président de la République  Le nouveau paria de la République ?

    • Eric ZEMMOUR    Journaliste politique    Embarrassants soutiens d’Emmanuel Macron

    En France

    • Gérard-François DUMONT   Recteur, démographe, Professeur à la Sorbonne   Pour une meilleure dynamique des territoires

    • Jean-Thomas LESUEUR    Délégué général de l'Institut Thomas More      Quelle politique migratoire pour 2017 ?  

    De par le monde

    • Jean SALVAN    Officier, général de corps d'armée (2S)   La Russie et Poutine revisités

    Faites suivre à vos amis, dans votre famille et partagez ...  MAGISTRO  vous invite aussi à vous rendre sur son site et y (re)lire tous les écrits depuis son origine (2008).  MERCI. 

  • Culture • Loisirs • Traditions ...

  • Famille de France • Les Princes Gaston et Antoinette de France au ski

     

    Après avoir célébré Noël en Autriche, le Duc et la Duchesse de Vendôme et leurs enfants les Princes Gaston, Antoinette, Louise-Marguerite et Joseph ont pris leurs quartiers d’hiver dans une station de ski du canton de Berne en Suisse. Durant cette semaine le Prince Jean et la Princesse Philomena ont descendu les pistes en famille.

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    La Princesse Antoinette a pris beaucoup de plaisir à s’initier à la pratique des sports d’hiver avec son moniteur.

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    A la fin du séjour le Prince Gaston et la Princesse Antoinette posent avec leur moniteur de ski. (source: Noblesse & Royauté)

  • Culture & Société • Luchini : « Péguy, Zola, Marx et moi... Des cimes de la littérature aux mornes plaines de la politique »

     

    Par Vincent Trémolet de Villers    

    ENTRETIEN - Fabrice Luchini pose sur notre époque [Figaro - 31.01] le regard ébahi d'un exilé dans son propre monde. Tout l'accable, tout l'amuse et, quand il joint aux bonheurs de l'esprit l'acuité du moraliste, notre langue retrouve, comme par miracle, sa pureté cristalline et son propos nous captive. Luchini est un membre éminent de la cohorte grandissante des antimodernes. Et cela n'est pas indifférent pour l'évolution des idées, des esprits de la France contemporaine en crise aigüe. Quant au sujet de son prochain spectacle qui tourne autour de l'argent, est-il utile d'en souligner l'actualité ?  LFAR  

    Est-ce du théâtre, un spectacle, une conversation ? C'est une forme unique : la sienne. Depuis vingt-cinq ans, Fabrice Luchini monte en scène avec pour seule troupe les ombres de nos grands écrivains. Elles lui tiennent compagnie pour une profonde et jubilatoire polyphonie. Poésie ? *, son spectacle construit autour du Bateau ivre, triomphe depuis deux ans et vient d'être récompensé par un Globe de cristal. Au Théâtre du Montparnasse, ils sont près de huit cents, chaque soir, à venir l'écouter dire Rimbaud, Labiche et Céline.

    À la fin du mois de mars, en parallèle de ce spectacle, il débute une lecture autour de l'argent. Péguy, Zola, Marx, Bruckner tracent le profil de l'âme humaine sur le revers d'une pièce de monnaie. Ce sera au Théâtre des Déchargeurs**. Nommé aux César (catégorie meilleur acteur) pour son rôle de bourgeois burlesque dans Ma loute, le film de Bruno Dumont, le comédien poursuit inlassablement son travail sur la puissance du verbe.

     

    Vous entamez à la fin du mois de mars une lecture de textes autour de l'argent. Pourquoi l’argent ?

    La crise des subprimes est à la base de cette lecture. C'était en 2008. J'étais totalement traumatisé par cette crise financière. Je regardais C dans l'air quatre fois par semaine : on nous disait que c'était la guerre, qu'on était en 1929. Dans ce désastre, on voyait apparaître les économistes. On ne les avait jamais vus avant. Depuis, ils sont devenus des stars sublimes : Élie Cohen, Philippe Dessertine, Christian Saint-Étienne, Michel Didier, Bernard Maris. Ils disaient des mots incompréhensibles : « Fonds toxiques », « effet dominos » … Je voulais comprendre.

    Êtes-vous parvenu à comprendre ?

    Pas vraiment. J'appelle Philippe Dessertine, je l'invite à déjeuner. C'était rue de l'Abbaye. Dessertine me dit : « Tout se joue ce week-end » puis, il ajoute : « Heureusement, on a Musca. » Musca ? Je lui demande qui est Musca. C'est un génie, me dit-il, le secrétaire général de l'Élysée, il vole entre Berlin, Londres, Hongkong. Hongkong ! Je le relance sur les fonds toxiques. Il me dit : « Prenons un exemple, la Société générale. » Je blêmis. Je lui demande pourquoi il choisit cette banque. Il me répond que c'est un exemple. Je m'inquiète. Je sors de table pour appeler ma banque, la Société générale. Mon envie de compréhension de la macroéconomie disparaît : je ne pense plus qu'à mon assurance-vie. Je veux vider mon compte tout de suite, maintenant ! Si tous les Français avaient réagi comme moi, nous aurions eu une émeute. « L’argent rend fous les gens », c'est par ces mots de Jules Romains que je commence ma lecture. C'est une vérité indiscutable.

    Comment avez-vous construit cette lecture ?

    Pendant ces année-là, j'ai passé du temps avec Dominique Reynié et d'autres économistes à parler de ces sujets. Je voulais résolument faire un spectacle sur l'argent mais je ne savais pas par quel bout l'aborder.

    Pourquoi ?

    Un spectacle sur l'argent, c'est la fausse bonne idée. On ne peut pas circonscrire le problème. J'ai abandonné le projet. Je l'ai repris il y a quelques mois, en sélectionnant des écrivains qui abordent la question : Péguy, Guitry, Pagnol, Bruckner, Jean Cau… Il y a aussi un texte de Marx qui explique que l'argent vient compenser les impuissances. « Je suis laid », dit Marx, mais je peux avoir la plus belle dans mon lit, donc je ne suis pas laid. Ce qui est terrifiant pour Marx dans l'argent, c'est qu'il réconcilie tous les contraires et donc il déréalise toutes les vraies substances de la personnalité, de l'identité.

    Quel est votre rapport à l’argent ?

    Je n'arrête pas d'essayer d'objectiver ce que gagnent les gens que je vois. Ce qu'ils ont en TVA, en masse salariale. « Masse salariale » : c'est un mot que j'adore. « T’en es où au niveau de la masse salariale ?» Ça crée un contact, ça enclenche une conversation. On manque souvent de sujet de conversation. Si je déjeune avec Finkielkraut et qu'il me renseigne sur Heidegger, je ne lui parle pas « masse salariale ».

    Vous gagnez beaucoup d'argent…

    Je gagne très bien ma vie. J'ai certainement dû être très inquiet jusqu'à 35 ans. Pas tellement généreux. Je viens d'un milieu où le soir mon père terminait ses quinze heures de travail en comptant la caisse. C'était un acte ritualisé. Tout était éteint, il était 9 heures du soir et mon père comptait les pièces que lui avaient rapportées les salades, les pommes de terre, les carottes et les fruits. La caisse était au centre de notre vie. Je ne suis pas du tout né dans une famille de professeurs qui voteraient à gauche et qui trouveraient que l'argent est sale. Pour mon père, l'argent n'était pas sale. Nous habitions rue Bachelet et le soir il lisait en se collant à la fenêtre pour avoir la lumière du lampadaire de la rue, ce qui lui évitait d'allumer nos lampes. Ça faisait des économies.

    Et vous ?

    Je n'ai aucun mythe de l'abondance, du généreux qui invite. En revanche, je ne suis absolument pas avare. J'aimais énormément mon père, il avait tous les droits, mais aujourd'hui je suis allergique à l'avarice. C'est trop violent. Mon père avait une vraie cohérence dans l'avarice. Il ne voyait personne. Il n'avait aucun ami. Une fois, je lui montre deux personnes dans la rue et je lui dis : « Évidemment, vous ne vous invitez pas, mais tu leur parles au square, quand même ?» Il me répond : « Oh oui, c'est les seuls », et arrive cette phrase : « Ils sont aussi cons que nous. » Un silence. Il poursuit : « Ou disons qu'on est aussi cons qu'eux. » C'est du Schopenhauer !

    Au cœur de cette lecture, il y a un long extrait de L'Argent, de Charles Péguy…

    Péguy est la matrice de cette lecture. Pourtant, il était très loin de moi, Péguy. À tort. Je le plaçais à côté de Léon Bloy : le chrétien exalté complètement dément. J'avais une vague référence qui me revenait et qui disait que sa maman empaillait des chaises. Mon professeur Jean-Laurent Cochet répétait : « La paille en dessous était faite comme les cathédrales. » À part cela, je n'avais pas de rapport à Péguy.

    Alors pourquoi Péguy ?

    Pourquoi Péguy ? Parce que dans l'écriture de Péguy, il y a des ressemblances avec Bach. Pourquoi Péguy ? Parce qu'il y a chez lui une haine de la modernité et j'y suis toujours assez sensible. Il y a une langue, de la répétition : il faut aller dans le secret. Dans la tête de quelques-uns, Péguy, c'est poussiéreux, c'est la France moisie. Pour d'autres, c'est le socialiste, le catholique, l'héroïque défenseur de Dreyfus. Mais moi, je me fous des commentaires. L'écume, c'est le travail des intellectuels. Le mien consiste à rejoindre les courants profonds. J'essaye de remonter à l'origine. Comment on arrive à cette écume ? L'acteur doit être dans une innocence qui frise la bêtise. Avant de chercher à commenter Péguy, je cherche à retrouver ses rythmes, son humeur.

    Mais il y a une vision du monde chez Péguy…

    Disons qu'il n'est pas très « revenu universel », le Péguy. C'est même l'anti-Benoît Hamon puisqu'il ne cesse de dire que « travailler, c'est prier ». Alors que je n'ai ni la grâce ni la joie d'avoir la foi, je continue, par Nietzsche, de tourner autour du christianisme ; mais avec Péguy je reconnais qu'on entre dans quelque chose qui est de l'ordre du mystère. Écoutons cette voix qui remonte du fond des âges : « Nos vieux maîtres, nos bons maîtres n'étaient pas seulement des hommes de l'ancienne France. Ils nous enseignaient au fond la morale, je dirai même l'être de l'ancienne France. » Il continue : « Ils nous enseignaient la même chose que les curés et les curés nous enseignaient la même chose qu'eux. » Quand il décrit Paris, on dirait de la sociologie contemporaine : « La population est coupée en deux classes si parfaitement séparées que jamais on n'avait vu tant d'argent rouler pour le plaisir, et l'argent se refuser à ce point au travail. Et tant d'argent rouler pour le luxe et l'argent se refuser à ce point à la pauvreté. » En 1910, Péguy voit l'horreur de la financiarisation du réel !

    Qu'est-ce qui distingue une lecture d'un spectacle ?

    Une lecture n'impose aucune obligation de représentation théâtrale. L'exercice que je vais commencer sera un exercice austère, dans une salle minuscule, à peine 70 personnes. C'est une lecture écologique. Je minimise les émissions de CO2, je réduis mon bilan carbone.

    Vous en êtes à près de 300 représentations pour Poésie ? Comptez-vous arrêter le spectacle ?

    Je ne vais pas arrêter Poésie ? pour une raison simple : depuis une vingtaine de jours, je crois être un peu moins incorrect sur Le Bateau ivre. Tant qu'il y a de la demande, je n'arrête pas, et la demande continue. Manifestement, un certain public a encore le goût des textes de Molière, Rimbaud ou Céline. Et j'éprouve une grande joie à aller au Théâtre du Montparnasse.

    Comment expliquez-vous ce succès phénoménal ?

    Qui sait ce qui motive celui qui réserve son billet pour Poésie ? Si je suis optimiste, je songe à la belle formule de Yasmina Reza, qui me confiait à la fin du spectacle : « J’ai compris pourquoi je suis française. » Si je suis pessimiste, j'imagine que les spectateurs se disent : « Bon, il y a de la culture mais on ne s'ennuie pas. » Pourquoi les gens adhèrent-ils ? C'est un mystère. Dans le spectacle, j'essaye simplement de mêler ma petite vie à la grandeur de nos textes. Le miracle, c'est de faire un spectacle qui a de la drôlerie sans céder au fascisme de l'obligation du divertissement.

    Les spectateurs sortent enthousiasmés !

    Peut-être avaient-ils besoin de se retrouver dans notre langue…

    N'êtes-vous pas lassé ?

    Pas du tout. J'ai la chance de servir Rimbaud, Nietzsche, Molière. Est-ce qu'un interprète se lasse de jouer les Partitas de Bach ?

    Les politiques viennent vous voir. Comment jugez-vous la parole politique ?

    Délicat, comme question. Devenir orateur ou maîtriser l'art du récit demande des décennies. Cela fait trente-cinq ans que j'y travaille. La restitution d'un texte englobe une obsession quasiment mystique. Ce n'est pas avec quatre séances qu'un homme politique peut trouver son médium (qu'il m'arrive moi-même de perdre). Les rythmes, les sons, l’amplitude : là sont les vrais problèmes. Comment être ample sans être grandiloquent ? Comment être entendu pour produire l'écoute et comment ne pas crier pour ne pas produire l’inconfortable ?

    Vous lirez aussi du Jean Cau…

    Les portraits écrits par Jean Cau, ça frôle le Saint-Simon.

    Toujours antimoderne ?

    Toujours aussi insensible au concept de progrès. Quand il y a des discours merveilleusement emphatiques sur l'horreur de cette cochonnerie de société, j'y souscris. Notre société est absurde. L'Amérique a fait gagner un président simplement parce qu'il a fait le buzz sur une coupe de cheveux. Moi, en tant que coiffeur, la présence de Trump, avec sa mèche, ses cheveux qu'il a piqués à des singes en voie d'extinction, cela me pétrifie. Comment voulez-vous croire à la société ?

    Êtes-vous inquiet ?

    Entre le Chinois qu'a pas l'air marrant, Trump et ses cheveux délirants, Poutine et ses airs impénétrables, disons que je ne suis pas optimiste. Mais je ne l'ai jamais été. La seule question, dit Cioran, est la suivante : « Est-ce que l'homme était utile ?» Il raconte que dans les dîners mondains il partait toujours le dernier « parce que celui qui partait en premier, tout le monde le massacrait ». Ce n'était pas des gens méchants, c'était des gens gentils. Mais c'est comme ça, dès que quelqu'un part, « on se le fait ».

    C'est sombre…

    Il faut se méfier du pessimisme aussi. Il peut devenir une convention et un autre conformisme comme l'enthousiasme mécanique. Le pessimisme des écrivains que j'aime tourne parfois à la posture. C'est une autre doxa, un politiquement correct inversé.

    Il vaut donc mieux être Philinte qu'Alceste…

    Mon éthique de 2017 ? C'est pas la faute des autres et je ne juge personne. Je veux décider de ne pas avoir d'opinion.

    Par exemple ?

    Si j'ouvre W9 et que je vois Les Ch'tis dans la jet set. Ce sont des gens avec des casquettes en arrière, des filles avec des shorts très appétissants, des maillots de bain, une maison, une piscine et des dialogues insensés. Je regarde ça, ahuri, mais je n'ai pas d'opinion. Sur l'écran, il y a une histoire d'amour, puis il y a une fille qui n'est pas intégrée, puis ils vont se balader en voiture et puis ils se refoutent à poil. Ils sont bronzés avec plein de tatouages. J'objective. Je m'informe pour savoir combien de gens regardent cette série, combien de gens regardent Plus belle la vie. 3,4 millions pour Plus belle la vie, et Bruno Dumont ne fera jamais plus de 1,5 million. Mais ce serait trop simple si le camp du bien, c'était Bruno Dumont, et le camp du mal, Les Ch'tis dans la jet set. Tout cela est une énigme et tout cela me dépasse. Je me contente d'aller dans un minuscule théâtre de 70 places pour dire du Charles Péguy, au magnifique Théâtre du Montparnasse pour dire Le Bateau ivre.   

    « Pourquoi Péguy ? Parce qu'il y a chez lui une haine de la modernité et j'y suis toujours assez sensible » 

     

    * Poésie ? Du 7 au 20 mars. Tél. : 01 43 22 77 74 - www.theatremontparnasse.com

    ** Des écrivains parlent d’argent, Du 28 mars au 27 avril. Les mardi, mercredi et jeudi. Tél. : 01 42 36 00 50 - www.lesdechargeurs.fr

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    Vincent Trémolet de Villers 

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  • BD • « Robert Sax », un tome 2 réussi

     

    par Anne Bernet

     

    938307326.pngGaragiste à Bruxelles dans les années 50, Robert Sax, garçon brillant au physique de jeune premier, s’ennuie. Mêlé sans le vouloir à une affaire d’espionnage, il a trouvé du charme au danger avant de retourner à la grisaille du quotidien.

    Mais voici qu’un article relatant l’assassinat de la chanteuse Suzy Belair, abattue en pleine rue alors qu’elle rentrait chez elle après son spectacle, réveille chez Sax de douloureux souvenirs : c’est exactement dans les mêmes circonstances qu’Alice, sa jeune épouse, fut assassinée sept ans plus tôt en rentrant du cinéma … Le coupable n’a jamais été identifié.

    Persuadé de pouvoir enfin faire arrêter l’assassin de sa femme, et malgré les avertissements de son beau-frère commissaire à la PJ, Sax est prêt à prendre tous les risques …
    L’hommage à Jacobs, le créateur de Blake et Mortimer, est évident, jusque dans le style du dessin, qui s’en inspire fortement.

    C’est d’ailleurs ce qui confère l’essentiel de son charme à un album délicieusement « rétro ». Tout est dans l’ambiance et c’est, il faut l’admettre, réussi. 

    Rodolphe, Alloing et Drac, Robert Sax, Paradis perdu, tome 2, Delcourt, 48p., 14,50 €.

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  • Culture • Loisirs • Traditions ...

  • Terrorisme & Société  • Paris, terrorisme islamiste : Bravo au soldat qui a tiré !

     

    Mur-bleu gds.jpgParis, matinée du vendredi 3 février, Palais du Louvre. Un terroriste islamiste, armé d'une machette et d'une autre arme blanche, se précipite sur un militaire en criant le sinistre Allahou Akbar. Le soldat riposte par cinq balles, et le met hors d'état de nuire. Excellent réflexe, méthode à suivre : Messieurs les militaires et les policiers, tirez les premiers ! Et tirez pour mettre hors d'état de nuire, s'il le faut pour tuer, n'ayons pas peur des mots ! Vous qui êtes chargés de la défense de la France contre ces terroristes, répondez à la folie meurtrière par l'usage résolu des armes, d'une main ferme et qui ne tremble pas. Mieux vaut un terroriste islamiste mort qu'un Français, soldat ou civil, blessé. 

    Et, au moins, on n'encombrera pas nos prisons de gibier de peloton d'exécution, comme ce sinistre Salah Abdeslam que l'on continue à engraisser et à qui l'on offre une salle de sport privée alors qu'une Cour martiale reconstituée (puisque nous sommes en guerre) aurait dû le juger, depuis son arrivée sur le sol national, la sentence, en temps de guerre, pour les traîtres (puisque le Salah est officiellement français, mais ‘ «de plastique » seulement) étant d'ordinaire le peloton d'exécution. Qu'est-ce qu'on attend ? Sommes-nous en guerre, ou pas ? Le Salah a-t-il fait allégeance à l'armée ennemie, ou pas ? Oui ! Donc, recréons, comme cela s'est toujours fait en temps de guerre une Cour martiale, jugeons-le, et exécutons la sentence... 

    Quant à nos soldats et forces de police dans la rue, qu'ils continuent à défourailler sans trembler, avec un seul objectif : sortir les assassins du circuit ! 

    Qu'ils pensent à cette phrase de Voltaire, adaptée au temps présent : les fous furieux de Daech ne valent pas les os d'un soldat français !...

    Dernière chose : protestons à nouveau contre ces journaleux ignares qui reprennent systématiquement le mot de « martyr » que s'octroient les assassins islamistes. Non, ils ne sont pas martyrs, et il ne faut pas leur faire le cadeau de les appeler tels.  « Je ne puis rien nommer, si ce n’est par son nom. / J’appelle un chat un chat, et Rollet un fripon », disait Boileau.

    Faisons comme lui, nommons les choses par leur nom : un assassin est un assassin, en aucun cas le héros pur qu'est un martyr. 

  • Mémoire • Homélie de la messe de requiem pour le roi Louis XVI, à Saint-Germain-l'Auxerrois

     

    Prône de la messe de Requiem pour le roi Louis XVI, le samedi 21 janvier 2017, il y a exactement deux semaines, en l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, par le P. Jean-François Thomas s.j. 

    Monseigneur, Madame, mes chers Frères,

    Si le Roi des rois a connu une telle déréliction et une telle solitude lors de son passage parmi nous, il ne faut point être surpris qu’un roi terrestre digne de sa mission doive connaître une souffrance identique par imitation du Maître. Les succès humains sont toujours entachés d’une certaine prosternation devant les règles du monde et ceux qui les inspirent. Un fils de saint Louis, par son sacre, plie la nuque sous les insignes royaux et devient un serviteur du Christ, et donc de ses frères, se condamnant à ne pas être compris ou aimé s’il demeure fidèle.

    Les deux sceptres

    Le 11 juin 1775, dans la cathédrale Notre Dame de Reims, Louis XVI reçoit les deux sceptres : la main de justice, symbole de vertu et d’équité, ornée de la dextre divine bénissant, aide le roi à guider les égarés, à relever ceux qui sont tombés, à récompenser l’humilité et à confondre l’orgueil ; le sceptre royal, marque de puissance, rappelle au roi ses devoirs de mener une vie droite, de lutter contre le mal pour le bien de son peuple chrétien et d’aider chacun à demeurer sur un chemin de justice. Le Roi était pieux et il comprit la symbolique de tous les rites de son couronnement, désirant restaurer l’élan religieux brisé dans le royaume par la décadence et l’immoralité du siècle des Lumières. Il accepta le poids de la couronne et avec elle les épines qui le rendraient de plus en plus conforme à Celui qui l’avait revêtu de son autorité. Il entra ainsi, seul, dans sa fonction, entouré par la médiocrité tintamarresque de son époque. Dieu allait permettre que ce roi, le plus vertueux de tous depuis bien des règnes, connût l’abjection la plus complète, le dénuement, la trahison, la mort ignominieuse.

    L’homme seul

    Cette solitude vécue par le Roi, il ne la subit pas mais il l’embrassa, chaque jour davantage, alors qu’il avançait vers le sacrifice et vers le martyre. C’est là que réside son héroïsme et, osons le dire, sa sainteté. Un parcours identique fut suivi, cent trente ans plus tard, par Nicolas II et sa famille. Seulement la Russie moderne, de nouveau orthodoxe, a eu l’humilité de reconnaître son crime et de canoniser ces victimes de la violence diabolique. La France, elle, n’a pas eu le courage de confesser son péché, de courber la tête et l’Eglise catholique se désintéresse des vertus de ce Roi. La solitude consentie du Roi nous renvoie à la solitude qui est la nôtre depuis que nous l’avons assassiné en commettant ce parricide. Ce qui surgit du bain de sang de la révolution, et qui nous poursuit comme un spectre, est l’homme que nous sommes, dans toute sa faible nature, se condamnant à errer seul dans le monde par orgueil car il repousse désormais toute dépendance et toute servitude vis-à-vis du transcendant. De tout temps, cet homme a aimé la rhétorique, qu’elle tombât de la tribune ou de la chaire, du comptoir de bar ou d’un fauteuil d’académie. Cependant, la rhétorique révolutionnaire, mijotée par les soins pernicieux des philosophes de ce siècle enténébré, poussa l’homme dans un gouffre dont il ne remonta jamais. Les rhéteurs et les orateurs de Quatre-vingt-treize ont tous été engloutis par leur propre fureur, laissant l’homme, c’est-à-dire nous, leurs fils hélas, tout pantelants et pataugeant dans notre bourbier, ceci jusqu’à ce jour, puisque nous avons refusé de crier notre solitude de damnés et d’implorer le pardon. Léon Bloy écrit dans La Chevalière de la Mort : « Une rhétorique telle qu’on en avait jamais vu chez aucun peuple, apparut en ces temps, comme un météore prodigieux, annonciateur désorbité de la débâcle universelle. (…) Sous le masque sanglant d’une rhétorique transcendante poussée jusqu’à l’égorgement et jusqu’à la terreur suprême, l’homme immuable, le misérable Homme de la Chute, suait et haletait dans son éternelle lamentation. »

    Les consolations spirituelles

    Louis XVI fut privé de tous les dictames humains à partir de 1789 et il ne mit plus son espérance que dans les consolations spirituelles. Le 11 mars 1791, il écrivait dans une lettre adressée à un des précepteurs du Dauphin : « Parlez-lui et toujours avec respect de Dieu, de ses attributs et de son culte : prouvez-lui que l’autorité des rois vient de Dieu ; et que s’il ne croit pas à la puissance du Maître des rois, il sera bientôt la victime de ces hommes qui ne croient rien, méprisent l’autorité, et s’imaginent être les égaux des rois. Qu’il apprenne dès à présent, que la religion est digne de tous ses hommages ; que l’incrédulité et la fausse philosophie minent sourdement les trônes, et que l’autel est le rempart des rois religieux. Méfiez-vous de tous ces principes erronés, enfants perdus de la nouveauté, de l’esprit du siècle, et du poison de l’incrédulité. Loin de lui tous les ouvrages où la philosophie prétend juger Dieu, son culte, son église et sa loi divine. »

    « Mon frère, bientôt je ne serai plus… »

    Au fur et à mesure qu’il perdit de son pouvoir, il gagna en autorité naturelle car il s’en remit sans crainte entre les mains du Créateur. Ce que Bossuet souligna dans son oraison funèbre du grand Condé, pourrait s’appliquer à Louis XVI : « Lorsque Dieu forma le cœur et les entrailles de l’homme, il y mit premièrement la bonté comme le premier caractère de la nature divine, et pour être comme la marque de cette main bienfaisante dont nous sortons. » Cette bonté du Roi est éclatante dans les pires jours de son asservissement, de son emprisonnement, de son accusation, de sa condamnation. Il écrit du Temple, à Monsieur de Malesherbes, un de ses avocats : « Je ne me fais pas illusion sur mon sort ; les ingrats qui m’ont détrôné ne s’arrêteront pas au milieu de leur carrière ; ils auraient trop à rougir de voir sans cesse, sous leurs yeux, leurs victimes. Je subirai le sort de Charles I, et mon sang coulera pour me punir de n’en avoir jamais versé. » Et à Monsieur, son frère, il avoue dans une missive du 28 avril 1792 : « Lorsque la tempête brise le vaisseau, il ne reste au passager que le courage de la résignation ; c’est à peu près ma position. Les périls qu’on me fait appréhender, n’altéreront jamais ce que je me dois comme Roi, et comme chef d’une des premières nations du monde. » Le 11 août 1792, n’ayant plus d’illusion sur l’issue de son sort, il lui demande : « Mon frère, bientôt je ne serai plus, songez à venger ma mémoire, en publiant combien j’aimais ce peuple ingrat. Un jour rappelez-lui ses torts, et dites-lui que je lui ai pardonné. »

    1759951582.jpgExemple immortel…

    Extraordinaire vengeance que celle qui avoue son amour et qui répond à l’offense par le pardon ! Il s’agit là de la solitude et de l’horreur de la Croix. L’imitation est parfaite, et ceci sans ostentation et sans faux semblant car il ne s’agit pas d’une de ces déclarations grandiloquentes, ne prêtant pas à conséquence, dont sont familières les personnalités civiles et religieuses de notre époque. Nous connaissons trop, depuis deux siècles, ce qu’est la miséricorde républicaine qui écrase sans pitié ses ennemis comme lors de l’épuration de la Libération ou les événements de 1962, ou la mansuétude religieuse des autorités qui n’hésitent pas à rejeter ou à persécuter ceux qui n’ont pas l’heur de leur plaire. La déclaration d’amour et de pardon de Louis XVI n’est pas sournoise ou politique. Elle jaillit du cœur car elle y était enracinée depuis longtemps. Louis XVI est devenu grand dans cette solitude, dépassant la gloire de François Ier ou de Louis XIV. Le chaos révolutionnaire a fait émerger, malgré lui, ce que la monarchie de droit divin possédait de plus précieux, et que nul autre régime ne pourra jamais atteindre : une communion profonde et inaltérable avec Dieu duquel toute autorité légitime découle. Les révolutionnaires, dans leur cruauté satanique, ont rendu l’exemple de Louis XVI immortel et inégalé.

    … et fructueuse infortune

    Notre pays, plus que jamais, devrait méditer sur la fructueuse infortune solitaire du Roi qu’il a décapité. Tous les candidats possibles pour occuper la plus haute charge dans notre terre ancestrale ne seront jamais capables d’atteindre une telle altitude car leur ambition ne repose pas sur cet amour et ce pardon uniquement reçus dans le sacre par le souverain. Dieu ne permettra de restaurer le trône qu’à un homme habité par cette passion pour son peuple, ceci jusqu’à accepter de verser son sang malgré l’ingratitude.

    Ecoutons ces vers profonds du grand poète catholique oublié, Armand Godoy, dans Ite Missa est : 

    « Ce n’est pas pour moi que je demande ta miséricorde.

    Ce n’est pas pour moi : c’est pour les autres, pour mes pauvres frères.

    J’attends à genoux que ta clémence, Agneau de Dieu, m’accorde

    La fin de tous leurs désespoirs et de toutes leurs colères.

    J’attends à genoux que le souffle infernal de la Discorde

    Devienne azuré baiser de violettes printanières

    Et que l’Angoisse aux voix multiples et l’Ennui monocorde

    Se taisent à jamais sous le chant lumineux des rosaires.

    J’attends à genoux que la sinistre et ténébreuse horde

    Des crimes soit le clair essaim des caresses tutélaires.

    J’attends à genoux que ta clémence, Agneau de Dieu, m’accorde

    La fin de tous les tourments, la fin de toutes les misères.

    Ce n’est pas pour moi que je demande ta miséricorde.

    Ce n’est pas pour moi : c’est pour les autres, pour mes pauvres frères. »

     

    Nous attendons nous aussi que la divine Providence redonne à notre royaume orphelin le père que nous ne méritons plus. Des pages douloureuses de notre histoire vont s’ouvrir devant nous. Qui saura résister ? Qui saura demeurer fidèle aux dons insignes accordés jadis à cette terre ? Qui saura aimer et pardonner dans une solitude accablante ? Qui saura offrir sa tête pour le salut des autres ? Qui saura monter les marches de l’échafaud en regardant le ciel où le soleil commencera de se lever ? Il nous faut implorer et nous convertir, et ne jamais cesser d’espérer.   

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  • Racines • Marseille, Chandeleur, Vierge noire, Navettes : la Tradition vivante, belle, joyeuse

    Après l'acte religieux, à 8 heures, l'archevêque de Marseille, Georges Pontier, bénit les navettes dans le Four des Navettes, qui maintient son activité depuis 1781, en présence du maire de la ville et des représentants des différents corps de l'Etat. Nos traditions, nos racines, ce qui constitue, sur deux mile ans, notre être profond, il ne faut pas en parler : il faut en vivre, il faut les vivre, tout simplement. C'est la meilleure et la seule réponse à apporter aux tenants du mondialisme, grand effaceur des frontières, des diversités, de ces différences qui nous enrichissent

     

    A Marseille, l’octave de la Chandeleur, c'est quelque chose ! Rappelons que ce jour - toujours le 2 février - est celui de la présentation de Jésus au Temple ; dans les maisons, on enlève donc ce jour-là les crèches que l'on a installées dès le début de l'Avent (qui commence quatre dimanches avant Noël, donc fin novembre). On les remettra dans dix mois !

    1430097718.jpgDes crèches familiales, à l'intérieur des maisons particulières (ci contre), qui, soit dit en passant, sont un héritage direct de la sinistre Révolution. Lorsque celle-ci déclencha sa persécution de tout ce qui s'opposait à elle - la Terreur... -  et notamment de l'Eglise catholique, fermant les églises et assassinant les prêtres « réfractaires », la Provence, ultra catholique et ultra royaliste, réagit d'une façon inattendue : puisqu'on nous ferme nos Eglises, et que nous ne pouvons plus voir nos crèches, qui s'y trouvent, eh ! bien, nous ferons les crèches chez nous ! se dirent les Provençaux. Le Diable porte pierre !

    Les sinistres représentants en mission de la sinistre Convention et de sa non moins sinistre Terreur n'en croyaient pas leurs yeux, quand ils arrivaient dans le Midi. L'un d'eux, Albitte - surnommé « le tigre de l'Ain » parce qu'il martyrisa aussi Lyon - fut l'un des plus féroces. Sévissant particulièrement dans le quart sud-est de la France (à Lyon, Marseille, Toulon, à l'armée des Alpes...), c'est lui qui, lors de la séance de la Convention du 17 juillet 1793 - rapportée par le Moniteur, dans lequel était notée l'intégralité de débats de l'Assemblée - brossa le tableau d'un Midi contre-révolutionnaire, le comparant à la Vendée, et se trouve ainsi directement à l'origine de l'expression Vendée du Midi, ou Vendée provençale...

    3007626652.jpgCe bref rappel historique ayant été fait, il faut reconnaître que c'est, aujourd'hui, une tradition bien vivante et bien belle que la Chandeleur (mot qui vient de chandelle, bougie - donc : lumière - pour célébrer le Christ, lumière des peuples) : il est, de plus, réellement réconfortant - en nos temps de sinistrose - de voir cette foule de jeunes scolaires (mais pas seulement) venus de tous les établissements de la cité, à cinq heures du matin (ci contre : ils se sont évidemment levés bien plus tôt, ou, pour certains, pas couchés du tout) pour assister à une messe matinale aussi recueillie que joyeuse.

    L'octave débute le 2 février, à 5h, avec la procession de la vierge Noire. Le départ du cortège est donné sur le Quai des Belges et remonte jusqu’à l’Abbaye de Saint-Victor. Les uns vont à pied, d'autres embarquent, avec la Vierge noire, sur des bateaux conduits par des élèves de l'Ecole de la Marine marchande.

    168717428.jpgQuand tout le monde est arrivé sur le parvis de l’Abbaye (ci contre), l’archevêque de Marseille, en présence du maire, procède à la bénédiction de la ville, de la mer et des cierges verts de l’abbaye, puis célèbre la Messe solennelle des fêtes de la Chandeleur. 

    À 8h, l’archevêque vient au Four des Navettes pour procéder à la bénédiction du four (ci dessous), des fameuses navettes, de ceux qui les fabriquent, de ceux qui les vendent et de ceux qui les mangent !

    Pour les non Marseillais, il faut savoir que ces navettes rappellent par leur forme (navette signifie bien sûr « petite embarcation ») les traditions orales de la venue des Saintes Maries de la Mer. Quant aux crêpes que l'on dégustera ensuite - mais, là, toute la France est concernée - il s'agit bien sûr, par leur forme ronde, de rappeler le disque solaire, le Christ étant, pour les Chrétiens, le vrai Soleil du monde. 

    Rapide reportage en images

     A partir de 3 heures du matin, on se concentre sur le Vieux-Port 

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     La statue de la Vierge Noire est embarquée...

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    ...direction la Basilique de Saint Victor, du Vème siècle

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    A peine débarquée, la Vierge noire est portée à l'intérieur de la Basilique : la Messe va commencer.

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    Il est cinq heures : sous les vénérables voûtes de la basilique, noire de monde, et malgré la Révolution qui a détruit l'intégralité de l'abbaye - il n'en subsiste que l'église - la même foi depuis près de deux mille ans.

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    La foule de jeunes scolaires

  • Sagesse éternelle d'Homère : « Le gouvernement de plusieurs n'est pas bon, n'ayons qu'un seul chef, un roi »

     

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    « C'est l'idée qui fait le bon bûcheron, ce n'est pas la force. C'est l'idée qui permet au pilote sur la mer lie de vin de diriger la nef rapide toute secouée des vents. C'est l'idée qui fait qu'un cocher l'emporte sur d'autres cochers. Tel se fie à son char et à son attelage, et sottement prend le tournant très large, en allant de-ci de-là, en laissant les chevaux vaguer par la piste, au lieu d'en rester maître. Tel autre, qui conduit des chevaux médiocres, en revanche sait plus d'un tour ; il ne quitte pas la borne des yeux, il prend le tournant très court, il n'oublie pas de tenir d'abord fermement ses bêtes au moyen des rênes de cuir, et il mène sans défaillance l'oeil rivé sur qui le précède. » 

    HOMERE - L'ILIADE - Chant XXIII

    Discours de Nestor, Trad. Paul Mazon

     

    Grand merci aux amis [P.P., M.P., Ph.P.] qui nous ont transmis, en manière de vœux, ce superbe discours d'Homère - qui rejoint ici la citation de lui, bien connue, que Maurras avait placée en tête de son Enquête sur la Monarchie, parue en l'année 1900, à l'orée du siècle dernier. Le lecteur qui le souhaitera s'y reportera. LFAR