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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1311

  • Qu'il prenne garde, le trotskyste Cédric Herrou !

     

    1903076588.10.jpgCédric Herrou se présente comme un paysan. Il lève le poing gauche, et parle pourtant plus comme un révolutionnaire bien formé, bien aguerri aux méthodes de l'agit-prop, que comme un céréalier, un maraîcher ou un éleveur ! Il est paysan comme la moindre personne dans la rue est Pape ou roi d'Espagne ! Quand on le voit à la télé, il est assez souvent vêtu « façon clown », bonnet de laine jaune vif, écharpe rouge vif aussi, pantalon d'une autre couleur encore. Mais ce clown, plutôt burlesque, a un je-ne-sais-quoi de trop sérieux ; voire même d'inquiétant dans le regard. Son vrai « métier » ? : prêter la main au passage de la frontière par des clandestins, et, donc, de fait, se faire l'un des maillons de la chaîne des « passeurs », en clair, des trafiquants de chair humaine, des négriers des temps modernes. Le beau paysan que voilà !

    Il vient d'être condamné symboliquement à 3.000 euros d'amende, mais avec sursis. Autant dire, rien. D'ailleurs, enhardi par ce succès, et par l'aide des trotskystes, ses frères, il annonce, fièrement, qu'il continuera.

    Fort bien.

    Mais qu'il prenne garde, le trotsko Herrou. Il s'est trouvé, en Allemagne et en France, lors des derniers attentats meurtriers, quelques terroristes de Daech déguisés en « clandestins ». Oh, pas beaucoup ; pas des milliers, ni des centaines, juste quelques-uns. Mais pour les braves types (hommes, femmes et enfants) qui ont croisé leur route, qui se sont trouvés, comme dit la chanson, « au mauvais moment au mauvais endroit », ces « juste quelques-uns » ont signifié la fin de leur existence ; des familles brisées, détruites, ravagées.

    Alors, nous n'avons qu'un seul commentaire à faire, face à ce désolant personnage, à son action scélérate, et à ce non moins désolant verdict. C'est qu'il vaut mieux pour lui - le trotsko Herrou - que, dans les jours, semaines et mois qui viennent, il n'y ait pas d'attentat meurtrier commis par un seule de ces « clandos » qu'il a fait passer en France.

    Car, si tel était le cas - comme, on vient de le dire, cela l'a été déjà en Allemagne et en France - alors les citoyens français, à défaut d'une justice clémente envers ceux qui se mettent hors la loi pour aider des hors la loi - seraient en droit de venir sonner à la porte de sa maison, dans les Alpes maritimes, vallée de la Roya, pour lui demander des comptes... 

  • Éric Zemmour : « François Bayrou, ou l'oxymore permanent »

     

    Par Eric Zemmour           

    CHRONIQUE [Figaro, 8.02] - « Un livre pour annoncer une candidature à la présidentielle : un classique de la vie politique française dont use à son tour François Bayrou.»  De la lecture de ce livre qui est aussi celui d'un homme de culture, d'enracinement, y compris paysan, et de perspectives historiques toujours présentes, mais, concomitamment, d'un homme voué aux nuées et aux compromissions du Système, Eric Zemmour dégage les contradictions qui stérilisent et tuent. Lui aussi pétri d'expérience, d'Histoire et de lectures, Zemmour raisonne avec la lucidité et le réalisme de Bainville. « Le grand Bainville », dit-il souvent. Et avec le temps, point dans ses raisonnements, ses jugements, cette forme de pitié qui s'était fait jour avec l'âge chez Bainville pour ses contemporains victimes ou acteurs d'un Système dévastateur. En un sens, toutes proportions gardées, Zemmour est dans cette filiation bainvillienne. Et c'est une chance pour l'Intelligence française d'aujourd'hui. Les royalistes français ont sans-doute quelques titres à ressentir et apprécier cette chance plus que d'autres ...  Lafautearousseau  

     

    picture-1649413-612mqxqb.jpgJean-Jacques Rousseau nous avait conseillé d’ « écarter tous les faits ». Quand on ouvre un ouvrage de François Bayrou, surtout à la veille d'une campagne présidentielle, et qu'on lit dans l'introduction « contrairement à ce que disent les benêts, quand la crise s'avance, l'expérience ne nuit pas », on doit faire un effort pour « écarter tous les faits », en l'occurrence les entêtants parfums tactiques, le cynisme usé des ambitions élyséennes qui ressortent comme crocus au printemps, et la banalité commerciale de ces livres de politiques, mélange de confession personnelle et de programme électoral, qui ne sont que des moyens d'autopromotion médiatique. Avec le dernier livre de Bayrou, il y a d'évidence tout cela ; mais il y a autre chose : la réflexion d'un des derniers « agrégés qui sache écrire ». La culture du lettré est à double tranchant pour le politique : elle marque sa supériorité sur ses pairs, mais aussi révèle plus crûment ses contradictions qui sont celles de toute sa classe, et de notre époque. François Bayrou ou l'oxymore permanent.

    Bayrou est un fils de paysan qui aimait les livres ; un barrésien qui ne renie rien de la « terre et les morts » ; un catholique qui retrouve des accents péguystes lorsqu'il fulmine contre la domination de l'argent ; un lecteur avisé de Simone Weil qui considère que « l’enracinement » est un des besoins essentiels de l'homme. Il croit au peuple français, à son identité, et ne pense pas que l'Histoire de France ait commencé en 1789 : « C’est avec un peuple que l'on gouverne et non pas contre lui », nous dit-il avec conviction. Mais dans le cadre de son projet européen, il est allié (on pourrait dire même qu'il s'est acoquiné) avec des gens qui nient l'idée même de peuple (Cohn-Bendit), qui pensent qu'il faut gouverner contre les peuples (le cercle de la raison cher à Alain Minc) et en tout cas sans le peuple (les technocrates bruxellois et les juges européens). Il admire à la fois de Gaulle et Monnet, alors que celui-ci a toujours combattu celui-là, et que celui-là a toujours méprisé celui-ci. Il compare les frontières à des lignes Maginot, alors que c'est depuis que nous les avons abolies que nous ne maîtrisons plus rien : capitaux, marchandises, hommes, autant de « libertés » imposées par l'Europe pour mieux désarmer la souveraineté des États.

    Il veut une démocratie ouverte en Europe alors qu'une démocratie nécessite l'existence préalable d'un peuple européen qui n'existe pas. Une démocratie ouverte en Europe signifierait la fin de la construction européenne car elle mettrait au grand jour les terribles rapports de forces entre nations, entre l'Allemagne et la France, entre le Nord et le Sud, entre l'Ouest et l'Est, que les technocrates bruxellois tentent d'occulter par leur jargon et leurs pratiques oligarchiques.

    Il défend avec une farouche sincérité la langue française mais il se retrouve toujours dans le camp de ceux qui l'ont abandonnée à Bruxelles.

    Il n'est pas de ces aveugles volontaires qui se refusent à admettre la montée inexorable de ce qu'il appelle une « double répudiation entre Français et Arabes ». Il défend l'idée d'un « habeas corpus des nations », un droit de la nation française à rester ce qu'elle est, dans son histoire, ses paysages, son mode de vie. Mais il était prêt à soutenir à la présidentielle un Alain Juppé, adepte honteux du multiculturalisme et des « accommodements raisonnables » qu'il avait observés au Canada. Il exalte comme notre atout majeur notre démographie dynamique qui nous permettra dans moins de vingt ans de rattraper la population allemande, comme si nous devions préparer la prochaine guerre contre celle qu'il nous présente pourtant comme notre sœur européenne ; mais il tait pudiquement les rapports de forces démographiques qui penchent depuis une dizaine d'années, selon le très politiquement correct Insee lui-même, en faveur du dynamisme démographique des familles immigrées.

    Il n'ignore pas que l'islam impose la domination absolue de la religion sur toutes les activités humaines, mais il veut croire que cette opposition philosophique peut se dissoudre dans les compromis du réel. Il pense que la laïcité est « la volonté la plus achevée du respect de l’autre », alors qu'elle est l'arme la plus efficace pour empêcher la religion de conquérir l'espace public, ce que l'islam réussit pourtant avec une rare efficacité dans toutes les cités où les musulmans sont devenus majoritaires. Il s'obstine depuis des décennies à ne pas comprendre que son modèle Henri IV est venu après et non avant les guerres de religion, et que l'Édit de Nantes ne fut qu'une trêve et ne régla rien du tout.

    L'ancien ministre de l'Éducation nationale ne dissimule rien de la lutte inexpiable qui oppose depuis des décennies pédagogistes et traditionalistes, ceux qui défendent l'enseignement comme une animation contre les partisans de la transmission ; mais il fait semblant de ne pas voir que les premiers ont écrasé les seconds. Il est fier d'avoir gagné une bataille (provisoire) en remettant le latin en 5e alors qu'on sait désormais que l'effondrement du niveau en maths a été opéré à partir du remplacement des sections C et D par une grande section S, décidé alors qu'il était rue de Grenelle.

    Lire du Bayrou, c'est y voir plus que les traditionnelles et souvent pittoresques circonvolutions d'un centriste qui veut ménager la chèvre et le chou, la droite et la gauche, le diable et le bon Dieu ; c'est lire et déceler toutes les contradictions d'un homme politique français depuis les années 1980. C'est le contraire des idées claires dont il se revendique, mais cette confusion des esprits et ces contradictions d'un homme et d'une ambition avortée éclairent les linéaments d'un choc frontal entre le peuple et les élites, et l'incapacité de la première génération qui n'a pas connu la guerre à éviter les conflits qui s'annoncent. C'est plus que l'échec d'un homme politique à s'extraire du marigot politicien pour oser affronter réellement le conformisme des élites parisiennes. C'est dévoiler quelques ressorts profonds du désespoir français.  

    « Il défend avec une farouche sincérité la langue française mais il se retrouve toujours dans le camp de ceux qui l'ont abandonnée à Bruxelles » 

    Eric Zemmour 

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    Résolution française, François Bayrou. L'Observatoire, 324 p., 16,90 €.           

  • La Semaine de Magistro, une tribune d'information civique et politique

     

    La  Semaine de MAGISTRO - Adossée à des fondamentaux politiques avérés, Magistro, une tribune critique de bon sens, raisonnée et libre, d'information civique et politique. [12.02]  

    A tout un chacun

    • Pierre GEOFFROY   Président de la Fondation Lyautey   Attention à la marche …  

    • Marie-Laure des BROSSES   Présidente du Mouvement Mondial des Mères   Osons le dire !  Prenons garde ! 

    Du côté des élites    

    • Mezri HADDAD  Philosophe, Ancien Ambassadeur    François Fillon, victime expiatoire de la crise des démocraties libérales ?

    • Henri HUDE   Philosophe, Directeur du Pôle d’éthique au Centre de recherches des Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan (CREC)   A propos de Marion Maréchal-Le Pen  

    • Roland HUREAUX   Essayiste    Fillon : une déstabilisation prévisible, des conséquences imprévisibles

    • Ivan RIOUFOL  Journaliste politique   Non à la France rêvée d'Emmanuel Macron

    • Eric ZEMMOUR    Journaliste politique    François Bayrou, ou l'oxymore permanent

    En France

     Antoine ASSAF   Ecrivain, philosophe franco-libanais   Le temps des forteresses !

    • Maxime TANDONNET   Haut fonctionnaire, ancien conseiller au cabinet du Président de la République    Les scénarios de 2017

    Au Delà

    • Marie-Noëlle TRANCHANT   Journaliste culturelle  Silence de Scorsese

    Faites suivre à vos amis, dans votre famille et partagez ...  MAGISTRO  vous invite aussi à vous rendre sur son site et y (re)lire tous les écrits depuis son origine (2008).  MERCI. 

  • Paris, ce 14 février, Jacques Sapir aux Mardis de Politique magazine, un rendez-vous à ne pas manquer ...

    Les mardis de Politique magazine

    Conférence mardi 14 février 2017

    L’euro, la France, l’Europe

    par Jacques Sapir
    directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). 

    Le conférencier dédicacera son ouvrage
    Souveraineté, démocratie laïcité (éditions Michalon)

    Rendez-vous à partir de 19h00 - Conférence à 19h30 précises
    Participation aux frais : 10 euros  - Etudiants et chômeurs : 5 euros

    Salle Messiaen
    3, rue de la Trinité 75009 Paris  Métro: La Trinité, Saint-Lazare

    Renseignements : Politique magazine, 1, rue de Courcelles, 75008 Paris
    Tél. : 01 42 57 43 22

  • Au pas du canard

    Pas de l'oie à La Havane

     

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

     

    On ne fera croire à personne que Le Canard enchaîné a trouvé, comme par hasard, un beau matin de janvier 2017, les divers documents qui lui ont permis de porter le coup que l’on sait à la candidature de M. Fillon. Celui, celle, ceux qui ont informé l’hebdomadaire satirique l’ont sans doute fait avec l’objectif, en grande partie atteint, de nuire. Certains ont tout de suite pensé à un sordide règlement de comptes entre politiciens de droite. Hypothèse certes crédible. En fait, plombé par cette affaire, M. Fillon pourrait bien ne pas être ce fameux second du premier tour auquel la victoire finale contre Mme Le Pen semble assurée. C’est désormais M. Macron qui a le vent en poupe. 

     

    Il se trouve que ce même M. Macron suscite toujours de fortes sympathies jusque dans les rangs du gouvernement (Mme Royal ne tarit pas d’éloges à son sujet) et peut-être même un peu plus haut : on est donc en droit de se demander si le coup ne viendrait pas plutôt de ce côté-là. On ne peut en tout cas que constater la rapidité avec laquelle la « Justice » s’est saisie de l’affaire, emboîtant le pas du Canard et réagissant illico à chaque nouvelle révélation. Or, aux ordres de la Chancellerie, le Parquet national financier est forcément lié au pouvoir actuel. De plus, créé en 2014, à la suite de « l’affaire Cahuzac », il est dirigé par Mme Houlette, elle-même sous l’autorité du procureur général de Paris, Mme Champrenault - toutes deux nommées par M. Hollande d’après la suggestion de Mme Taubira et avec la bénédiction de Mme Royal.

     

    Pour effacer toute suspicion, le mieux serait que le Canard fasse lui-même preuve de transparence en dévoilant ses sources. Il ne le fera certainement pas au nom de la bien commode déontologie, les journalistes pouvant s’exempter de ce qu’ils exigent de tout un chacun. Ce qui compte, paraît-il, ce sont les faits. Mais qui fait les faits ? Les médias, justement. Parce que, comme l’écrit M. Bilger dans Les citoyens sont des journalistes comme les autres ! : « les "faits" ne constituent pas un socle fixe et incontestable qu’il suffirait au journaliste de transmettre […] ils sont d’une certaine manière, à partir d’un noyau dur souvent infime, construits, élaborés et interprétés. »  

     

    Les médias bénéficiant de subventions publiques et les journalistes d’une niche fiscale, on est en droit d’attendre la plus grande rigueur intellectuelle. La question du fait tel qu’il est présenté se pose avec encore plus d’acuité dans le cas du service public où des journalistes rémunérés (certains, grassement) avec l’argent de tous les Français sont à l’évidence, dans leur très grande majorité, des militants d’idéologie gaucharde qui ne se privent jamais d’instiller leurs idées. Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter France Inter, de regarder France 2 (3, 5, etc.). D’ailleurs, dans l’affaire Fillon, tout le service public a marché lui aussi au pas du Canard. On comprend donc que Me Goldnadel ait lancé une pétition contre « la mainmise scandaleuse de la gauche sur l’audiovisuel public ». Ce serait faire justice à tous les Français que de leur proposer avec le service public une information honnête dans ses comptes rendus et équilibrée dans ses commentaires. 

     

  • Quand la France s’éveillera

     

    Par Frédéric Marc 

    « 1789, Mai 68, ne sont que les manifestations d’une apostasie lente et progressive qui atteint son apogée dans ce que nous vivons aujourd’hui. » Une réflexion intéressante, au tour parfois personnel, mais où la référence à Bernanos est ici bienvenue, parce qu'elle ramène aux sources de nos maux et à leur actualité [Boulevard Voltaire, 12.02]. Selon Henri Massis, « Bernanos, c'était un camelot du roi ». On en a ici une évidente illustration.  LFAR

     

    En 1974, Alain Peyrefitte prophétisait : Quand la Chine s’éveillera… 40 ans après, la Chine s’est réveillée et que voyons-nous ? Des robots.

    À l’aéroport d’Amsterdam, les avions-cargos de la China Cargo Airlines, dans une noria infernale, déversent en Europe des produits manufacturés au rythme d’un avion par demi-heure (j’étais en transit dans cet aéroport, je les ai comptés).

    L’autre jour, en attendant le départ de ma fille pour sa première colonie de vacances, j’ai sympathisé avec une maman chinoise. Nous avons échangé sur les différences entre les enfants français et chinois.  

    « Les enfants chinois n’ont pas de doudou et ne sucent pas leur pouce, disait-elle l’air désolé. Nous, Chinois, avons été éduqués comme des robots, on apprend tout, on est capables dès la petite enfance d’enregistrer des tonnes d’informations mais on est incapables d’inventer, d’imaginer. J’ai fait des études en France et j’étais terrorisée à l’idée de devoir composer une rédaction, d’imaginer quoi que ce soit. »

    ​‌C’est ce que me disait un étudiant chinois rencontré sur les bancs de l’université : « Ce qu’on aime chez vous, Français, c’est l’esprit critique et novateur. »

    Il m’est ainsi apparu une évidence : la France a une vocation, mais cette vocation est endormie par des siècles de conformisme bourgeois et d’emprise matérialiste. Oui, des siècles, car n’imaginez pas que tous nos maux remontent à Mai 68. Croyez-vous que la PMA et la GPA soient nées spontanément de cerveaux dérangés ? Le mal français est profond. Il faut remonter à Descartes : le dualisme cartésien, ce grand péché français… faisait de l’homme « un ange conduisant une machine », disait Maritain.

    1789, Mai 68 ne sont que les manifestations d’une apostasie lente et progressive qui atteint son apogée dans ce que nous vivons aujourd’hui, et ses limites, à cause de ou grâce à l’islamisme conquérant.

    Macron, marionnette inconsistante fabriquée par les banquiers et les multinationales, essaie de nous vendre la France des robots.

    Nous lui opposerons La France contre les robots

    Dans ce livre écrit au sortir de la guerre, Bernanos prophétisait ce qui nous arrive : 

    « Un jour, on plongera dans la ruine du jour au lendemain des familles entières parce qu’à des milliers de kilomètres pourra être produite la même chose pour deux centimes de moins à la tonne. […]

    Le danger n’est pas dans les machines, sinon nous devrions faire ce rêve absurde de les détruire par la force, à la manière des iconoclastes qui, en brisant les images, se flattaient d’anéantir aussi les croyances. Le danger n’est pas dans la multiplication des machines, mais dans le nombre sans cesse croissant d’hommes habitués, dès leur enfance, à ne désirer que ce que les machines peuvent donner. »

    ​‌Dans un passage intitulé « La révolution de la liberté », Bernanos ajoute : « Je suis un homme de l’ancienne France, [cet homme dont] le caractère, le “tonus” vital venait du climat moral et mental dans lequel il avait été formé […] L’homme de l’ancienne France, cher lecteur, vous paraîtrait aisément aujourd’hui un anarchiste. » »

    Quand, donc, l’ancienne France s’éveillera-t-elle ? Ouvrez donc les yeux.

    La Manif pour tous a été le signal de ce réveil. Mai 2017 pourrait être cette révolution de la liberté.

    Et ne nous leurrons pas : la France ne sera pleinement réveillée que quand elle aura retrouvé son honneur et ses racines chrétiennes, ce que Bernanos appelle « sa magistrature spirituelle », n’en déplaise aux laïcards hargneux.

    Alors la France pourra redevenir ce qu’elle a toujours été : la figure de proue de l’Europe. Cette terre où on peut être heureux comme Dieu en France.

    Mais pour que Dieu revienne en France, il faut l’avoir dans son cœur. 

    Cadre culturel
     
  • Patrick Buisson : « la démocratie, rien d'autre qu'un pis-aller, une forme de résignation, un expédient pour basse époque ? »

     

    Les lignes qui suivent, puissantes et pénétrantes, toutes marquées d'authentique esprit contre-révolutionnaire, ne sont pas de Charles Maurras, venues de temps lointains  ... Mais du premier des conseillers du précédent président de la République française, Patrick Buisson. « Le doute n'habite-t-il pas le système lui-même ? » demande-t-il. Il en fut l'un des rouages les plus hauts placés de 2007 à 2012. Sans illusion et sans abandon ni de ses convictions de fond ni de sa lucidité critique. Est-ce folie de supposer possible qu'en certaines circonstances déterminées un tel régime pourrait s'effondrer sur lui-même, se défausser, laisser la place ? A méditer. Lafautearousseau 

     

    bv buisson.jpg« Il y a quelque chose de particulièrement sinistre dans l'atmosphère qui nimbe les heures crépusculaires d'une fin de règne en régime démocratique. Au sentiment d'inachevé, que souligne l'impuissance à s'inscrire dans le temps long de l'histoire, se mêle la sourde aversion que suscite chez tout esprit épris d'unité la perspective d'être de nouveau confronté au fanatisme mou d'une campagne électorale, au mimodrame d'une guerre civile. Telle est ma fracture intime : avoir développé une expertise au sujet d'un processus dont la résultante collective ne me paraît pas toujours ordonnée au bien commun. Car si l'élection présidentielle est bien ce moment où l'on confronte les projets, c'est aussi le moment où s'accomplit un rituel de séparation qui dresse les Français d'abord en plusieurs factions rivales, puis en deux camps apparemment irréconciliables. Là est la malédiction du nombre abstrait, anonyme, informe, que Victor Hugo résuma en une formule fulgurante : « Je suis le Médiocre immense. [...] Je suis Tous, l'ennemi [...] de Tout. » Là est aussi la critique la plus aiguë de la démocratie : la multitude opposée à l'unité, la fragmentation à l'indivisibilité, le dénombrement contre le rassemblement. Le doute n'habite-t-il pas le système lui-même ? La célèbre sentence de Churchill qui fait de « la démocratie le pire régime à l'exclusion de tous les autres » ne semble-t-elle pas nous dire que, finalement, la démocratie n'est rien d'autre qu'un pis-aller, une forme de résignation, presque un expédient pour basse époque ? Dans le feu de l'action, le gérant démocratique ne se pose que rarement ce genre de question. Sauf à l'heure des comptes. Alors, il vacille, titube, se perd dans une interminable introspection traversée par un fort sentiment d'injustice dès lors qu'il en vient à envisager la défaite. » 

    Patrick Buisson

    La Cause du peuple - Perrin - 2016 [Pages 283-84]

  • Paris, ce soir 13 février, colloque de l'Association pour l'Histoire : Le naufrage de l'Europe bruxelloise

     

    Poursuivant le travail de réinformation entrepris depuis plusieurs années, l'Association pour l'Histoire organise Lundi 13 février 2017, une réunion consacrée à l'histoire de l'Union Européenne et à l'analyse des déceptions qu'elle a engagées.

    Christophe Réveillard, professeur à l'UMR Roland Mousnier de l'Université Paris IV et auteur du Dictionnaire historique et juridique de l'Union Européenne publié aux Presses Universitaires de France, dans la collection Major, présentera le personnage de Jean Monnet, ses liens avec les États Unis d'Amérique et son rôle dans la genèse de l'Europe d'après guerre.

    Christophe Beaudoin, conseiller au Parlement Européen et auteur de La Démocratie à l'épreuve de l'Union Européenne (Editions LGDJ) analysera les dérives d'une technocratie bruxelloise aujourd'hui largement coupée des peuples.

    Philippe Conrad, directeur de la Nouvelle Revue d'Histoire, se penchera sur les perspectives envisageables pour une nouvelle Europe porteuse d'un modèle de civilisation différent de celui véhiculé par la mondialisation marchande. 

  • Grenoble : ce lundi 13 février, une table ronde du Centre Lesdiguières à ne pas rater

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    Soucieux de l'état actuel de la France et de son avenir, à la veille d'échéances politiques capitales en 2017, le Centre LESDIGUIERES vous invite à une réunion le LUNDI 13 février , sous la forme d'une

     

    TABLE RONDE

     

    sur

     

    LA SOUVERAINETE NATIONALE

     

    avec les représentants locaux

     

    de Debout la France (Nicolas Dupont-Aignan)

    du Parti Chrétien Démocrate (Jean-Frédéric POISSON)

    de l'Action Française

    et du Front National (Marine Le Pen)

     

    Une introduction et une conclusion du Professeur Jean-Christophe Lévèque, économiste, permettront de planter le décor et de tirer les principaux enseignements de ces échanges.

     

    Cet événement aura lieu à partir de 20 heures au 10 place Lavalette, 1er étage et sera suivi d'un buffet. Entrée : payante (tarif réduit pour chômeurs et étudiants).

    10 place Lavalette, 38000 Grenoble - salle du 1er étage (Tram : arrêt «Notre-Dame »). CONTACT : lesdixguieres@laposte.net

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • Patrimoine • À Martigues, par Charles Maurras

     

    Il faut être reconnaissants au site Maurras.net d'avoir remis à jour cet écrit de Charles Maurras, un petit article touristico-sociologique intitulé À Martigues et publié en 1926 par le magazine L’Illustration (numéro 4361 du 12 octobre.). Version agrémentée de six aquarelles de l’artiste avignonnais Louis Montagné.

    S’il refuse le pessimisme automatique des anciens, Maurras ne peut cacher ici une certaine inquiétude : l’âme de Martigues est liée depuis des siècles à l’activité des pêcheries, et, si celles-ci en viennent à péricliter, que restera-t-il de cette âme ?

    Amis lecteurs, imprimez-donc ce texte et prenez-le avec vous pour aller visiter Martigues ! Vos avis seront sans doute divers, mais vous ne pourrez contester que les vues dépeintes par les six aquarelles se retrouvent peu ou prou dans la réalité d’aujourd’hui, et sans doute penserez-vous comme nous que, moyennant l’achèvement de la restauration de la maison du Chemin de Paradis qui fut la propriété de Charles Maurras, et l’éradication de quelques horreurs datant des décennies de l’après-guerre, la « Venise provençale » possède tous les atouts pour charmer le visiteur et poursuivre sa longue histoire, quel que soit le nombre de ses pêcheurs, de grand comme de petit Art.

     

    2736404638.jpgLe clair pinceau et les couleurs brillantes de M. Louis Montagné 1 se rient de l'encre grise et du langage abstrait dont il faut bien qu'un simple écrivain se contente. N'essayant pas de rivaliser avec l'aquarelle, je lui laisse le soin de louer les beautés visibles de ma petite ville natale. L'invisible me reste. Je tenterai de l'indiquer.

    Cette église, cathédrale ou plutôt primatiale, vous plaît ? Vous êtes sensible aux lueurs changeantes de ce petit port ? Vous riez de plaisir devant ce quai oblique où les barques légères attendent tristement ? Le rythme de la lumière et de la vie vous a obscurément intéressé et même conquis ? Les plus minutieuses descriptions littéraires ne pourraient rien ajouter à ce sentiment. Mais peut-être la curiosité qui est née vous fait-elle songer à vous demander quel est le peuple qui travaille dans cet air doré et sous ce ciel en fleur, ce qu'il a dans le cœur, ce qu'il a dans la tête, d'où il vient, ce qu'il fait, en un mot comment ce petit monde a vécu depuis qu'il est là.

    Il est là depuis très longtemps. C'est un peuple pauvre de gloire, mais non d'ancienneté. Son origine a donné lieu à quelques disputes entre amateurs de chartes et producteurs de diplômes. Il paraît que les plus anciens certificats de vie de la ville de Martigues ne remontent guère au-delà du treizième siècle et d'un certain papier qui a été signé et scellé par un archevêque d'Arles entre 1200 et 1300. C'est possible. Ce n'est pas sûr. Et qu'est ce que cela prouve ? Tout ce qui est écrit a été, du moins grosso modo. Mais tout ce qui a été n'a pas été écrit.

    Par exemple, l'Ordre religieux et militaire des Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem fait remonter son origine à Gérard de Martigues 2, qui a été béatifié, s'il vous plaît. Ce bienheureux Gérard Tenque, né vers 1040 et que la première croisade a trouvé établi à Jérusalem, a-t-il eu l'originale fantaisie de placer son berceau dans une localité qui lui serait postérieure de deux bons siècles ? Naturellement la critique peut dire que Gérard, simple mythe solaire, n'a jamais existé ou qu'il ne s'appelait point Tenque, un chroniqueur disant Gerardus tunc, « Gérard alors » qui aura été traduit Gérard Tunc, ou Thunc, ou Tonc, ou Tenque, ce qui est bien dans l'ordre des choses mortelles 3.

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    Mais, si le nom de son Gérard fut sujet de telles transformations, le nom de Martigues et de son étang, Marticum stagnum, reste tout de même l'un des plus vieux de notre Provence. Il se réfère au cycle de Marius. Quand ce général démagogue passa en Gaule pour y barrer la route à la première grande invasion germanique, cent quatre ans avant Jésus-Christ, il menait dans ses camps, au dire de Plutarque, une prophétesse syrienne du nom de Marthe, revêtue d'un manteau de pourpre et mitrée à l'orientale, qui inspira une confiance invincible à ses soldats et à leur chef. Le nom de Marius remplit la contrée. La montagne de sa Victoire, que les pêcheurs appellent Dalubre (delubrum, le Temple), est la reine de l'étang de Marthe (ou de Berre). Les collines qui bordent l'étang de Caronte (stagnum currens, l'étang qui court) abritent des vallons où les débris gréco-romains affleurent sans cesse. 4

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    En août 1925, un jeune artiste voyageur, errant par l'île de Martigues, qui est notre quartier central, aperçut, au fond d'une remise où jouait le soleil, un chapiteau de marbre d'une rare beauté. Il supposa d'abord que cela provenait de quelque chapelle bâtie au dix-septième ou au dix-huitième siècle. En regardant mieux, il dut se rendre à l'évidence. Le chapiteau corinthien était un pur antique. On a eu la bonté de m'en faire présent. Peut-être, en le voyant de près, les critiques aboutiront-ils avec moi à cette conclusion, provisoirement énorme, qu'après tout c'est peut-être dans ces parages qu'abordèrent les premiers fugitifs phocéens.

    Évidemment, la première Marseille que nous imaginons riveraine du Coenus 5 et de l'étang de Marthe aura vite et souvent changé de place. Mais tout a changé de place ici, et il faut comprendre pourquoi.

    Le rivage méditerranéen est un territoire essentiellement envahi. Les premiers colonisateurs s'en doutèrent. Furent-ils Ligures ou Ibères, avant d'être Grecs ? En ce cas, ils craignaient les Phéniciens, qui craignirent les Grecs, qui craignirent les Carthaginois, qui craignirent les Romains, qui finirent par craindre les Goths, qui craignirent eux-mêmes les Normands, qui craignirent les Maures, que l'on n'a pas cessé de craindre jusque vers notre année 1830, date de la prise d'Alger par la flotte de Charles X. Mais l'Islam se réveille, et il n'est pas dit que ces craintes millénaires ne recommencent pas d'ici peu, sans avoir à changer d'objet. Dès lors, tout aussitôt, ce qui a été recommence. L'éternel exode reprend dans toutes les agglomérations où l'on ne se sent pas en nombre suffisant pour résister et pour tenir. Les habitants des petits bourgs quittent leurs maisons, ils se réfugient sur les collines où ils se fortifient et s'arrangent pour vivre tant que subsiste le péril. Dès qu'il s'éloigne, le pêcheur accourt repeupler les cabanes ou les bâtiments du rivage jugés les plus propices aux travaux de son industrie. Bref, les chartes du treizième ou quatorzième siècle, dont nos archivistes font si grand état, ne les induisent pas absolument en erreur, mais leur font appeler naissance une renaissance. Ils prennent pour la ville fondée ce qui n'est que la ville rebâtie et restituée.

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    Où ? Au même endroit ? Peut-être bien, à cinq ou six cents mètres près. Il n'y avait d'ailleurs pas une ville, mais trois. Elles fusionnèrent par un acte d'union que dicta le roi Charles IX et que symbolisa une bannière tricolore, où le blanc de l'Île, le rouge de Jonquières et le bleu de Ferrières se retrouvaient par parties égales. Les quartiers réunis eurent du mal à vivre en paix, l'antagonisme antique ne s'est pas éteint : « Monsieur, disait au dix-neuvième siècle un marguillier 6 de l'Île, comme un étranger le félicitait de l'érection du clocher de Jonquières, j'aimerais mieux voir mon clocher de l'Île par terre que le clocher de Jonquières debout. »

    Telle est la stabilité de ces fureurs locales, dans le plus instable pays du monde et dont les aspects familiers n'ont cessé de changer à vue d'œil, bien avant que les « travaux » dont on se plaint tant aujourd'hui puissent être accusés de le déshonorer.

    Chacune de nos générations aime à dire que Martigues n'est plus Martigues, pour l'avoir ouï dire à ses anciens qui l'ont toujours dit, et leurs pères, et les pères de leurs pères, dans tous les siècles. La cité provençale, que l'on baptisait un peu ridiculeusement de Petite Venise, n'aura bientôt plus que deux îlots et trois ponts. J'ai connu trois îlots, quatre ponts. Ceux qui m'ont précédé parlaient de quatre ou cinq îlots et de je ne sais plus combien de ponts fixes et de ponts-levis. Ce qu'on appelle le pittoresque a donc perdu, mais l'essentiel a-t-il bougé ? Un certain jeu de l'eau et de la lumière, une certaine dégradation du soleil dans une atmosphère de subtiles vapeurs, la courbe des rivages, le profil des hauteurs, les mouvements du sol, son harmonieuse composition ne dépendent en rien de ce que le pic et la pelle de l'homme, sa drague même si l'on veut, peuvent déplacer de sable ou de boue, et les rapports qui règlent la beauté de la terre ne sont guère liés à ce que change la vertu de notre effort.

    Rassuré quant au paysage, faut-il l'être un peu moins sur la population ? Elle est sans doute composée d'alluvions très variés. Le territoire de Provence est ouvert du côté des montagnes, béant vers l'Italie et l'Espagne, l'Afrique et l'Orient. Il me souvient bien que, dans mon enfance, vers 1875, certaine famille dite des Mansourah, venue d'Égypte, paraît-il avec Bonaparte, n'était pas tout à fait assimilée. On n'en parle plus aujourd'hui. L'œuvre est faite ; les sangs sont réunis.

    Voici plus singulier : vers la même époque, dans une maison qui n'avait pas changé de propriétaire depuis 1550, mon quai natal portait certains débris très nets des bandes scandinaves de Robert Guiscard, que l'on eût beaucoup étonné en leur disant leurs origines, car ils parlaient provençal, sentaient français, jugeaient à la romaine ; néanmoins, les fortes carrures, le teint blond transparent, les yeux vert glauque en disaient long sur l'antécédent séculaire. Sur le quai voisin, l'apport punique et Tyrien se manifestait par d'autres silhouettes géantes de brachycéphales très bruns. À la génération suivante, ces derniers ont perdu de leur taille et leur teint s'est éclairci, tandis que les premiers ont bruni à fond. Dans tous ces cas et beaucoup d'autres, on voit les survivances d'invasions lointaines résorbées, pour un temps, par les forces unies d'un noyau plus ancien encore, dont les caractères changent très peu. Il semblait fait pour résister en proportion du nombre des assauts endurés. 7

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    L'élément principal de ce fonds primitif, celui qui tient solidement au pays, est formé des pêcheurs. Ils sont là deux mille environ, actifs et paresseux, rieurs et graves, anarchistes et traditionnels, dépensiers et âpres gagneurs. Autrefois, leur corporation comprenait un grand Art et un petit Art. Le premier montait des tartanes pontées et allait travailler en Méditerranée. On raconte qu'il y a un quart de siècle environ, les pêcheurs du grand Art gagnèrent beaucoup d'argent. La mer avait été propice, le thon, le mulet et le loup avaient bien donné. Ils crurent que cela continuerait toujours. La confiance orgueilleuse les égara. Se pliant à la vieille passion séculaire qui leur fit inventer la martingale, les patrons de tartanes se mirent à jouer comme on n'avait jamais joué jusque là. En un hiver, ils eurent tout perdu et, comme on dit là-bas, ils furent « rôtis » (les Italiens, en pareil cas, ne sont que « frits »). Bateaux, agrès, tout fut perdu, vendu, bientôt dilapidé. Cet hiver vit la fin du grand Art de la pêche, qui n'est plus représenté à Martigues que par quelques couples de chalutiers appartenant à des Compagnies.

    Le petit Art subsiste. Ceux qui l'exercent sur des barques non pontées, appelées en général des bettes, ne laissent pas de constituer encore la plus importante de nos pêcheries sur ce front maritime, soit que l'on considère le produit du travail, le nombre des marins que la flotte enrôle annuellement, la connaissance du métier, les coutumes anciennes. Il serait difficile de sous-estimer ce trésor.

    Quelles belles prières étaient récitées avant de jeter les filets : Notre Père, donnez-nous du poisson, assez pour en donner, en manger, en vendre et nous en laisser dérober ! Le matin, lorsque le soleil se levait, le mousse enlevait son bonnet et disait gravement sur un rythme de psaume : Saint Soleil, bon lever ! Et nous autres bon jour, santé, liberté, longue vie ! Lorsque le soleil se couchait, le même mousse officiait : Bonsoir, patron et mariniers, toute la compagnie ! Que le bon Dieu conserve la barque et les gens ! Et celui qui ne dit pas « Ainsi soit-il », le cul de la bouteille lui échappe ! Dure malédiction ! Chacun, se hâtant de la détourner, criait : Amen ! Cette vieille population était donc religieuse, tous les témoignages concordent, et c'est ce qui explique son reliquat d'extrême bonhomie et tout ce qu'il comporte de loyauté, de générosité, d'amitié sociale profonde.

    L'ancien régime du mariage peut le faire comprendre. S'il a un peu évolué, il n'a pas disparu. Les fiançailles se célèbrent habituellement à l'époque dite de la seconde communion. Le fiancé a treize ans et la fiancée douze ; les accords ont lieu dans les familles avec une solennité qui rappelle un peu le distique d'Aubanel 8 :

    Alor, fier e sage, li paire,
    An pacheja coume de rei.

    Alors, fiers et sages, les pères
    Ont pactisé comme des rois.

    Le pacte dûment conclu, les enfants peuvent se parler. Ils se parlent longtemps. Cela tenait bien une douzaine d'années, car, vers dix-huit ans, le garçon partait pour le service, qui durait quelque quarante-quatre mois ; il avait donc vingt-deux ou vingt-trois ans à l'heure des justes noces !

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    La ville pose sur les eaux, elle est née du produit des eaux, mais l'ancienne marine de commerce, disparue, ne renaîtra pas. Le canal de Marseille au Rhône ne peut pas la faire renaître. Ce point du trajet est trop proche de Marseille et de Saint-Louis du Rhône pour qu'un arrêt utile y soit indiqué. Les gens sensés dans le pays s'en sont bien aperçus ! Ils disent : Nous verrons passer des bateaux. Oui, tant qu'il y aura des yeux ouverts pour ce spectacle. Bientôt ces yeux se fermeront. Des cités ouvrières fondées de-ci, de-là, abriteront les fourmilières appelées par les nouvelles industries du rivage, mais auront leurs comptoirs, leurs économats, leurs coopératives, tout ce que l'industrie moderne veut et doit créer à son ombre. L'organisme original qui fit le centre de l'ancienne principauté de Martigues, sans lien vivant avec les nouvelles bourgades voisines, se desséchera et mourra.

    Il n'y aura plus de Martigues parce qu'on aura négligé d'y sauver, comme cela serait encore possible, une belle et antique corporation de travailleurs de la mer qui ne demandent qu'à perpétuer la force et la vie. 

    Source : Maurras.net

  • Théâtre & Politique • La résistible ascension de… Marine Le Pen ? Les « fils » de Brecht se trompent de cible

     

    Par Jean-Paul Brighelli

    Une critique théâtrale selon Brighelli [Bonnet d'âne, 8.02], ce n'est jamais tout à fait innocent de différentes remarques idéologiques, sociétales ou politiques. Avec son style, sa langue, sa lucidité, son esprit. Tout ce que l'on aime chez lui et qui a toujours grand sens. Même dans les cas où comme dirait Causeur, on n'est pas d'accord.  LFAR  

     

    2304514035.jpgJ’y suis allé pour Philippe Torreton, piètre analyste politique mais très grand comédien, et à la fin, j’ai applaudi tous les acteurs, tous remarquables, quelles que soient parfois les pitreries lourdingues que leur impose le metteur en scène, Dominique Pitoiset. La nécessité par exemple de faire jouer l’Acteur (Gilles Fisseau) à poil pendant 15 minutes ne m’est pas apparue clairement — sinon parce que depuis quatre ou cinq ans, depuis qu’Olivier Py a joué à ça avec un Roi Lear lamentable, tout scénographe qui se respecte doit dénuder au moins un personnage. Le dernier épisode, c’était un Mariage de Figaro pathétique, mis en scène par Rémi Barché à la Criée, le mois dernier, où le Comte exhibait sa chipolatas étique et Chérubin ses œufs sur le plat.

    Les spectateurs en tout cas ont beaucoup applaudi. Reste à savoir quoi. J’ai peur qu’ils aient surtout apprécié le miroir de connivence que leur tendait la mise en scène — des bobos marseillais pratiquant abondamment l’entre-soi, fiers de ne pas appartenir à la majorité qui dans cette ville votera MLP, et d’autant plus confortés dans leurs convictions électorales (Hamon ? Mélenchon ? Le NPA peut-être…) qu’ils sont sûrs que leur candidat ne sera pas qualifié pour le second tour. C’est un vote snob sans conséquence. Il ferait beau voir qu’ils élussent quelqu’un qui menât une vraie politique de gauche… Derrière les Communards de luxe se cachent toujours des Versaillais repus.

    La pièce de Brecht est à l’origine (1941) une allégorie transposant dans le monde d’Al Capone l’ascension d’Hitler au pouvoir. Hervé Briaux, le Président, c’est Hindenburg ; Daniel Martin (Goebbel), c’est Goebbels, dont il affecte la claudication ; P.A. Chapuis (Rom), c’est Ernst Röhm, le chef des S.A. éliminé par les S.S. durant la Nuit les Longs Couteaux, qui conclut presque l’histoire. Dans la pièce originelle, un bateleur passe régulièrement le long du quatrième mur avec un panneau explicitant la correspondance entre la fable et l’Histoire. 

    Dominique Pitoiset s’est voulu plus malin que l’auteur et a déshistoricisé la pièce au maximum, « afin de mettre ses pas dans ceux de Brecht, dit le programme, et de s’attacher à distinguer non seulement Hitler derrière Ui, mais surtout, derrière Hitler, les mécanismes qui rendent possibles — y compris aujourd’hui — une telle prise de pouvoir ». Hello Trump, bonjour Marine. Ou quelque chose comme ça.

    Une Ascension pavée de bonnes intentions, donc, mais à laquelle manquent une giclée de bon sens historique et un doigt d’analyse pour que le cocktail soit digeste.

    En décontextualisant la pièce, on fait d’Hitler une figure ordinaire du tyran : c’est gommer un peu vite la spécificité de l’hitlérisme. Et le recours, au tout début, au « Va pensiero » de Nabucco (le chœur des Juifs en exil à Babylone) est bien tout ce qu’il reste du projet monstrueux du Führer. Le principe de la double historicité, explicité par Brecht dans la conclusion fameuse de la pièce (« Il est encore fécond, le ventre dont est sortie la bête immonde ») d’ailleurs supprimée pour une raison obscure, aurait suffi à un spectateur moyennement intelligent pour tisser des liens avec le présent, si nécessaire. À trop enfoncer le clou…

    Quant à affirmer (c’est le final bleu-blanc-rouge de la mise en scène) que MLP est une dérivation d’Arturo Ui (et Rom, c’est Philippot ?), c’est rater ce qui, en 2017, en plein néo-libéralisme mondialisé, est la vraie tentation fasciste. Non pas tel ou telle candidat(e) de l‘ordre et de la nation (deux gros mots, comme chacun sait), mais justement les représentants si lisses de la barbarie douce (version Le Goff) et de la dérégulation mondialisée. Et croire qu’il vaut mieux une pseudo-démocratie aux ordres du « Consortium » (ainsi a été traduit par Dominique Pitoiset le « trust du chou-fleur » originel de Brecht) plutôt qu’un(e) patriote est une conviction d’une naïveté renversante.

    La bande sonore, très étudiée dans son éclectisme, fournit une illustration éclatante de ce confusionnisme historique. La séquence Nabucco, projetée sur un écran, a été enregistrée le 12 mars 2011 à l’opéra de Rome, avec Riccardo Muti au pupitre profitant de l’occasion, en présence de Silvio Berlusconi, pour demander au public de résister — avec une pluie de tracts tombant du poulailler comme dans Senso. Puis alternent la Toccata et Fugue de Bach (c’est le côté allemand) ou les Carmina Burana de Orff (pour le côté teuton), et en fil conducteur le rock « métal industriel » du groupe Rammstein, vaguement suspect — à son corps défendant, autant que je sache — de sympathies néo-nazies. Avec une jolie séquence sur Bésame Mucho — que Consuelo Velazquez a composé en 1941, l’année même d’Arturo Ui. Clin d’œil qui ajoute à la confusion : la tyrannie n’est pas de toujours, elle n’est pas une tentation inhérente à l’homme, elle est le produit d’un contexte historique et économique. Hitler est sorti du traité de Versailles, Pol Pot de la guerre du Viet-nam, et Goldmann Sachs de la financiarisation mondialisée. Le fascisme actuel n’a pas le visage d’une blonde, mais celui d’un système. C’est d’ailleurs ce qui fait sa force, parce qu’il est plus simple de finir une pièce sur un Torreton éructant en silence que sur l’assimilation de la « bête immonde » à la mondialisation décomplexée qu’incarnent aujourd’hui certains.   

    Jean-Paul Brighelli
    Enseignant et essayiste, anime le blog Bonnet d'âne hébergé par Causeur

  • Culture • Loisirs • Traditions

  • Livres & Société • Adieu l’Argent-roi ! Place aux héros européens ! Critique de la civilisation de l’Argent - Apologie de l’héroïsme

     

    Par Michel Klen                                            

    Une recension qui parlera aux contre-révolutionnaires, traditionalistes, antimodernes que nous sommes - ou, comme on voudra, révolutionnaires de l'anarchie politique et sociale d'aujourd'hui. L'héroïsme consiste-t-il plutôt à vivre ou plutôt à mourir pour sa patrie, sa civilisation, ses idéaux, sa communauté ? On sait que Maurras privilégiait le premier des deux termes de l'alternative. Et qu'à son engagement personnel n'a pas manqué la part de l'héroïsme. Plus français qu'européen, il n'ignorait pas, cependant, cette dernière dimension de notre identité. Nous non plus, d'ailleurs [Revue Défense Nationale - 02.2017]. Lafautearousseau

     

    sans-titre.pngLe message de Marc Rousset est fort : nous vivons l’époque de la civilisation individualiste de l’argent, de la civilisation hédoniste matérialiste sans idéal, sans âme, sans courage, sans héroïsme. Le constat est sans appel : le règne de l’argent « transforme toute chose en son équivalent monétaire avec un prix ! ». « De nos jours, les gens connaissent le prix de tout, mais la valeur de rien », remarquait déjà Oscar Wilde. Nous vivons « le monothéisme de l’argent » sous le signe du dollar, « vrai Saint-Esprit plus précieux que du sang », a renchéri Céline.

    Le carriérisme et la consommation effrénée en guise de bonheur ont remplacé dans l’esprit de nos contemporains l’idéal, la vocation, le sens de la transcendance, du sacré, du courage, le goût de l’effort, du dépassement, du don de soi, de donner un sens plus élevé à son existence. Et c’est bien là que le bât blesse. Le cri de colère de l’auteur porte précisément sur la perte de ces valeurs qui constituent le socle de l’héroïsme. Sur cette thématique, Marc Rousset est formel : une société se juge sur ses héros. Or, l’idéologie dominante tend à rejeter toute notion d’héroïsme. Ce « signe d’immortalité pour les Grecs et les Romains » a été rayé de notre imaginaire collectif. Les jeunes Français connaissent mieux les vedettes de la téléréalité que les hommes illustres de l’histoire de France ! L’auteur s’en inquiète : mais où sont passés les grandes célébrités, les mythes et les légendes européennes qui ont peuplé l’imaginaire de nos pères sans interruption depuis l’Antiquité ? « Pris dans une formidable bourrasque qui déracine, nivelle et normalise, les Européens encore lucides assistent hébétés, à la mise à mort de leur culture et voient se creuser derrière eux un fossé qui cherche à les couper de leur passé, de leurs racines et de leur identité ».

    Le fil directeur de cet ouvrage très documenté repose sur une apologie de l’héroïsme. Les références historiques abondent. Il y a les héros du Moyen Âge et notamment la chanson de Roland, ce poème épique célébrant les vertus de la chevalerie, de l’honneur féodal et de la foi, une chanson de geste qui a transformé en légende un fait historique. Les exemples sur lesquels s’appuie Marc Rousset sont diversifiés. Il cite le grand compositeur Richard Wagner qui a montré dans ses œuvres « le pouvoir maléfique de l’argent tout en mettant en avant le mythe salvateur du héros ». Il mentionne aussi Saint- Exupéry qui a loué dans son roman Vol de nuit la bravoure des pilotes de l’aviation commerciale pour qui la mission d’acheminement du courrier avait un caractère sacré : « Ils doivent agir comme si quelque chose dépassait, en valeur, la vie humaine ». L’auteur accorde une place poignante dans ce chapitre sur les héros à l’historien et essayiste Dominique Venner, qui s’est suicidé dans la cathédrale Notre-Dame de Paris le 21 mai 2013. Pour Marc Rousset, Venner s’est donné la mort dans ce lieu hautement symbolique, non par désespoir, mais par espérance. Par ce geste, il a voulu faire comprendre que « la victoire ne peut s’obtenir, dans toute l’histoire des peuples, que si les combattants sont prêts à mourir pour leur cause ». Le code d’honneur japonais (Bushido) rentre également dans cette thématique. Cette règle de vie a emprunté au bouddhisme l’endurance stoïque, le respect du danger et de la mort, au shintoïsme le culte religieux de la patrie, au confucianisme une culture morale et artistique ainsi que la morale des relations au sein de la famille et dans la société. Or aujourd’hui, la gloire, l’héroïsme et les vertus militaires ne parlent plus aux générations actuelles. Le général Bigeard en était d’ailleurs parfaitement conscient : « Le regard que je porte sur notre pays et sur la plupart des gouvernants me montre bien que se battre pour les autres, pour la patrie et pour la gloire, de manière totalement désintéressée, est une notion qui semble dépassée, d’un autre siècle, d’une bonne partie de ce XXe siècle que j’ai vécu tambour battant ». 

    Au vu d’un tel recul des valeurs, Marc Rousset pose la question : est-ce la fin de l’honneur ? L’histoire est riche d’exemples de grands soldats qui n’ont pas failli à cette dignité morale. Le commandant Hélie de Saint-Marc, chef de corps du 1er REP (régiment étranger parachutiste), fer de lance de la révolte militaire au putsch d’Alger (22 avril 1961), a justifié, à l’occasion de son procès, son engagement par la notion sacrée qu’il avait de l’honneur : « On peut demander beaucoup à un soldat, en particulier de mourir, c’est son métier. On ne peut lui demander de tricher, de se dédire, de se contredire, de mentir, de se renier, de se parjurer ». C’est aussi au nom de l’honneur que le général François Meyer, à la fin de la guerre d’Algérie, a outrepassé les ordres pour sauver trois cent cinquante harkis. Alors que les directives officielles de Paris intimaient l’ordre aux officiers de laisser leurs soldats musulmans en Algérie, le jeune lieutenant de l’époque installa ses harkis en France, faisant le tour des chantiers et des usines pour placer ses compagnons d’armes délaissés. « L’honneur ce n’est pas une idée, c’est une pratique », souligne le général. Une pratique qui remonte au XVe siècle : « Il était de tradition, chez les amiraux de Castille, de choisir la mort plutôt que d’abandonner un seul de ses hommes » conclut cet officier courageux.

    Les carences de la société occidentale à donner un sens à la vie dans un monde livré au matérialisme ont fait le lit des islamistes qui ont exploité ce vide pour diffuser leur idéologie morbide. Certains s’étonnent que, dans un continent où on apprend depuis plusieurs décennies aux jeunes Européens de souche à détester leur propre histoire, de jeunes musulmans aillent chercher ailleurs « l’accomplissement d’une virilité et d’un héroïsme qu’on tourne désormais en ridicule sur la terre d’Europe ! ». Sur ce registre d’une actualité brûlante, Marc Rousset nous prévient dans une diatribe virulente : « Les fous de Dieu musulmans, incultes, déséquilibrés, drogués, manipulés, intéressés par le martyre de la Félicité divine et qui s’en prennent à des civils ne sont pas des héros ».

    « L’idéologie islamiste s’empare de paumés déculturés et en quête de réification* identitaire, des irrécupérables dès lors que la mort n’est rien pour eux ». Mourir en martyr « comme un petit crétin fanatisé ou diminué intellectuellement » pour accéder au paradis n’est pas une action héroïque. Les leçons des attentats du 13 novembre 2015 à Paris renforcent ce jugement : les terroristes ne sont ni des héros idéalistes, ni des musulmans pratiquants mais « des jeunes socialement ou ethniquement frustrés, sanguinaires, haineux, jaloux et inassimilables ».

    Marc Rousset parle avec ses tripes. Ce diplômé de HEC et de plusieurs universités américaines, docteur ès sciences économiques, n’utilise pas la langue de bois. Son livre, très érudit, est intéressant par la diversité des thèmes abordés, ses anecdotes et ses innombrables citations empruntées aux plus grands auteurs. Avec ses multiples références, ce document a demandé onze années de travail à son auteur. 

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    * Transformation d’un rapport social, d’une relation humaine en « chose. » Le concept est dû à Marx.

    Michel Klen