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Actualité France - Page 349

  • Dérapage, bavure... Les « contractions » de Vincent Peillon...

     

    Mur-bleu gds.jpgCertes, nous dira-t-on, maintenant, Peillon, c'est du passé, c'est dépassé. C'est vrai, et c'est du reste très bien ainsi. Il n'en demeure pas moins qu'il ne faut pas tout laisser passer, et qu'il y a des choses qui doivent être dites : donc, un dernier mot sur l'ancien ministre de l'Education nationale...

    C'est bien connu, depuis La Fontaine, « selon que vous serez puissant ou misérable... »

    On a vu, récemment, que Vincent Peillon, grand prêtre de la Nouvelle Religion Républicaine, pouvait tout se permettre, dire tout et n'importe quoi, et surtout des choses qui, dites par quelqu'un d'autre, auraient déclenché une fureur hystérique et une énorme opération médiatique, où la moraline et les injonctions de la bien-pensance et du politiquement correct se seraient déchaînées.

    Ce fut le cas le mardi 3 janvier, dans une émission politique sur France 2. Vincent Peillon a osé comparer le sort fait actuellement aux musulmans (quel sort ?) à celui des Juifs sous le régime de Vichy. Déclarant que l'on « utilisait » la laïcité, aujourd'hui, contre des musulmans comme « ça a été fait » sous Vichy, contre les Juifs !...

    Tout simplement. C'est énorme, non ?

    Eh ! bien, cherchez les réactions indignées à de tels propos, littéralement aberrants : vous n'en trouverez guère ! BFM/TV, pour une fois, a bien un peu cherché à réagir, en invitant, dès le lendemain, mercredi, William Goldnadel pour débattre de la chose avec David Assouline, porte-parole et « défenseur » de Vincent Peillon. Avec quelques rapides commentaires sur les JT du même soir, où l'on se pressa d'envoyer les sujets suivants, ce fut à peu près tout.

    La Sainte alliance de la cléricature médiatique et du politiquement correct avait manifestement décidé d'étouffer dans l'œuf cette affaire, alors que le même « politiquement correct » aurait très certainement demandé la mort politique de toute autre personne, procédant sur le champ à sa lapidation médiatique avec, de toute évidence, mais c'est plus surprenant, l'aval d'un CRIF que l'on a connu, naguère, nettement plus intransigeant, et qui, d'ordinaire, ne laisse quasiment rien passer. Passons... 

    Il faut donc se contenter de ce qui a été dit dans ce court débat sur BFM/TV... 

    David Assouline, étant donné l'énormité du « dérapage » - comme disent les journaleux... - fut très arrogant et très combattif : il savait que le scandale était tel qu'il fallait l'étouffer immédiatement en criant plus fort encore que ceux qui commençaient à s’indigner ; dans une envolée fourre-tout (il reprocha à William Goldnadel d'écrire dans Valeurs actuelles et dans Le Figaro !) il alla jusqu'à excuser Vincent Peillon, disant que, lors de réunions publiques, il fallait parler et répondre rapidement à beaucoup de gens (ce qui est vrai), que cela était difficile (ce qui est encore vrai) et que, parfois, cela obligeait à des... « contractions » !

    Admirable, non, le coup des « contractions ?

    Face à tant de mauvaise foi et d'arrogance agressive, William Goldnadel étonna - positivement - par son calme et sa retenue, qualifiant la misérable prestation de Vincent Peillon comme elle devait l'être : de la « bêtise ». Et de resituer le tout dans le double contexte de « plenelisation » - dû au fougueux trotskyste, qui a commis le livre « Pour les musulmans » (rien que le titre, tout un programme !...) - et de l'irrésistible processus de crétinisation qui emporte la gauche ! 

    Et « l’échange », qui de fait n'eut pas lieu, s'arrêta là, à la justesse de cette remarque, qui méritait, certes, d'être faite publiquement : les propos de Vincent Peillon ne relèvent que d'une incommensurable bêtise.

    Il n'empêche : le vrai visage de Vincent Peillon, on le connaît très bien, à Lafautearousseau*, mais il a cru bon de rendre encore plus publique son islamophilie délirante, dont la seule raison d'être est que, selon lui, l'Islam est un moyen supplémentaire de détruire tout ce qui est « chrétien » en France, afin de laisser place nette à sa Nouvelle Religion Républicaine. Ce faisant, il n'a fait que montrer sa méconnaissance totale de l'Islam, et du totalitarisme qu'il induit partout où il règne en maître. La haine viscérale du christianisme l'empêche de voir que, si d'aventure l'Islam s'implantait en France, il détruirait ou soumettrait - comme il le fait partout ailleurs dans le monde, là où il domine - tout ce qui n'est pas « lui » ; et la Nouvelle Religion Républicaine du grand prêtre Peillon ne pèserait alors pas lourd, son sort serait alors vite réglé... 

    Goldnadel a raison, il l'a bien dit : « bêtise » ; processus de « crétinisation », qui explique, tout simplement, le déclin intellectuel que subit « la gauche » .  

     
  • « La fierté d'être conservateur » selon Mathieu Bock-Côté

    Edmond Burke : « L'homme qui n'aimait pas notre Révolution » 

     

    Mathieu Bock-Côté livre ici une remarquable réflexion à propos du dernier ouvrage de Guillaume Perrault, grand reporter au Figaro, qui, selon l'intellectuel québecois, consacre intellectuellement la renaissance d'une pensée politique longtemps oubliée et pourtant essentielle. On sait qu'en tout cas, la pensée de Mathieu Bock-Côté nous est proche, ce qu'on vérifiera ici. On lira cet article avec intérêt. Il ne s'agit pas là d' « un conservatisme chagrin et défaitiste ».  LFAR

     

    1985674552.3.jpgGuillaume Perrault est une des plus belles plumes du Figaro, et certainement une des plus appréciées. D'une chronique à l'autre, il éclaire l'actualité à la lumière d'une culture encyclopédique et défend la légitimité d'un conservatisme s'affranchissant des critères de respectabilité édictés par le tribunal de la gauche idéologique. Perrault n'appartient pas à cette catégorie d'hommes de droite qui rêvent d'être cooptés par la gauche et qui pour cela se condamnent à l'impuissance. Il ne cultive pas un conservatisme chagrin et défaitiste, mais courtois et sûr de lui. C'est dans cet esprit de conquête qu'il vient de faire paraître chez Plon un remarquable ouvrage. Le titre claque comme un drapeau dans la bataille : Conservateurs, soyez fiers!

    L'honneur de la France

    Ce terme, on le sait, est rarement revendiqué. Une philosophie politique meurt si elle n'est pas capable de se nommer. Alain Finkielkraut, dans L'Ingratitude, l'avait remarqué : le conservateur, c'est toujours l'autre. Perrault répond : le conservateur, c'est moi ! Encore faut-il retracer l'histoire de cette tradition intellectuelle, pour juger de ses mérites. Et c'est pour cela que Perrault consacre la première partie de son ouvrage à revisiter les grands moments de l'histoire de France depuis la Révolution jusqu'à la colonisation en passant par l'affaire Dreyfus, le Front populaire et la Résistance, pour y voir le rôle qu'y ont joué les conservateurs. Il montre bien comment les conservateurs, à leur manière, chaque fois, ont porté l'honneur de la France. Il montre aussi comment on leur a volé leur histoire. Perrault entend la leur rendre en la délivrant des mensonges sous lesquels elle était ensevelie. En un mot, ils n'ont pas démérité !

    Chaque fois, leur posture est la même : ils défendent une liberté éduquée par la civilisation. L'homme ne saurait renier ses appartenances sans s'avilir. Contre l'utopisme et le fanatisme, les conservateurs se veulent les gardiens du réel et entretiennent le sens des institutions. Au cœur de leur philosophie, on trouve un refus viscéral de la table rase, qui pousse à arracher l'homme à ses appartenances. L'homme est un héritier. Et l'homme français est un héritier de l'histoire de France. Comme l'écrit Perrault, « le patriotisme appartient à l'univers affectif des conservateurs ». Perrault classe le général de Gaulle parmi les conservateurs, et montre bien comment c'est une patrie charnelle et spirituelle qu'il défendait, et non seulement un pays abstrait se définissant par le seul culte des droits de l'homme. On en dira autant de Churchill. Au XXe siècle, ce sont les grands conservateurs qui ont sauvé la démocratie.

    L'appel de l'enracinement

    Il y a dans le conservatisme une défense de la dignité des gens ordinaires, qui travaillent fort, aiment leur pays et leur famille et en ont assez de voir les ingénieurs sociaux, identitaires et psychologiques chercher à les rééduquer. Le sens commun devrait avoir ses droits. Dans la deuxième partie de son livre, Perrault conjugue le conservatisme avec les grands enjeux contemporains, qu'il s'agisse de l'immigration, de la sécurité, de l'école, du travail ou des questions de société. Une conviction ferme le porte : la France n'est pas une pâte à modeler et on ne saurait mépriser le désir du peuple d'habiter un monde qui n'est pas toujours chamboulé au nom de l'innovation perpétuelle. Perrault nous convainc aisément de la pertinence du conservatisme comme philosophie appliquée.

    Perrault note tristement que « le regret attendri du pays de notre enfance est devenu un crime ». Il y a une beauté de la nostalgie, ce noble sentiment que les modernes méprisent. N'est-elle pas l'autre nom de ce que Perrault nomme « cette pieuse sollicitude envers l'héritage » ? Comment pourrait-on se réjouir de « la fin de tout sentiment de continuité » ? Il faut habiter un monde durable. L'espoir des conservateurs « est de compenser l'altération perpétuelle de toute chose en prenant appui sur des fondations aussi durables que l'airain et sur des invariants anthropologiques ». Il y a une telle chose que la permanence humaine.

    Perrault redonne ses lettres de noblesse à ce désir de durer, sans lequel il n'y a tout simplement pas de civilisation possible. Ce sont peut-être là ses plus belles pages.

    Mais le monde change : longtemps moqués, les conservateurs reviennent au cœur de la vie publique au moment où se dissipe le récit enchanté de la modernité. Le conservatisme renaît lorsqu'une société entend de nouveau l'appel de l'enracinement, comme c'est le cas dans les temps tragiques. La poussée conservatrice qui travaille en profondeur la France depuis quelques années vient de trouver son manifeste. C'est un manifeste courtois, honnête, civilisé, sans hargne, mais un manifeste résolu. Ce très beau livre, qui réussit l'exploit d'être aussi subtil qu'affirmatif, restera : en donnant à nouveau le droit aux conservateurs d'avancer fièrement sous leur propre bannière, il consacre intellectuellement la renaissance d'une tradition politique essentielle.   

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    Par Guillaume Perrault, Plon, 248 P., 15,90 €  

    Mathieu Bock-Côté

    [Le Figaro, 21.02]

    XVM7713ddbc-9f4e-11e6-abb9-e8c5dc8d0059-120x186.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politique, vient de paraître aux éditions du Cerf.

  • Raciste, stigmatisant, discriminant, francophobe... : mais, c'est Bernard-Henry Lévy !

     

    Mur-bleu gds.jpgImaginez un seul instant que lafautearousseau - ou qui que ce soit, du reste... - ait écrit l'équivalent du misérable petit texte précédent, imité de lui mais contre l'Islam.

    Quelque chose comme :
     
    « Bien sûr, nous sommes résolument anti-cosmopolites. Bien sûr, tout ce qui est bled, djellaba, darbouka, fantasia, bref, "mouslim" ou vert-prophète nous est étranger, voire odieux » : que diraient le CRAN, SOS Racisme, ou toute autre organisation (qu'il faut d'ailleurs dissoudre) ? Il est assuré qu'elles porteraient plainte.
     
    Nous, nous ne risquons rien, car nous nous livrons à un exercice assumé de parodie et de détournement.
     
    Mais est-il normal qu'un riche bobo de gauche, prétendument philosophe (philosophe du pauvre, un vrai philosophe, c'est Platon, c'est Aristote.) vienne se moquer de tout un peuple, de ses moeurs et coutumes ? Certes, nous dira-t-on, le texte date un peu (1985) : mais, justement, il ne l'a pas renié, il n'a jamais fait son mea culpa, ni présenté ses excuses. Ce qui aggrave son cas.
     
    Mais BHL n'en a  cure : cet intello mégalo des salons dorés de la bourgeoisie parisienne friquée sait qu'il ne risque rien : il vit dans un pays où il « fait » son sale fric, mais il crache sur ce même pays ; il hurle avec les loups, il fait partie du Système, de la bien-pensance et du politiquement correct ; il caresse l'opinion au pouvoir dans le sens du poil. Ou plutôt, il la fait. Il peut dire ce qu'il veut, dont le millionième inverse serait interdit à n'importe qui d'autre. Nous, par exemple. C'est cela qui est odieux.
     
    On ne peut que lui rappeler que, après ce qu'il a fait en Libye, et la catastrophe qui en a découlé, la seule chose qu'il y aurait à faire, pour lui, serait de se cacher le plus loin possible, de se  faire oublier, s'il se peut, et de disparaître des écrans radars. Mais, non ! La coqueluche des mangeurs de caviar à la louche continue, sans se lasser. Dernière opération médiatique : dénoncer « une rafle obscène » à propos du décret Trump interdisant, pour 90 jours,  l'entrée aux USA des ressortissants de sept pays jugés « à risque » par la présidence étatsunienne.
     
    Ce qui est « obscène », c'est la caste de ces nantis/privilégiés parfaitement incarnée par BHL, qui se permet de pérorer sur tout et n'importe quoi, pour dire et faire tout et, surtout, n'importe quoi, sans que jamais personne n'ose lui rabattre son caquet. 
  • « Je soutiens Marin » !

      

    Mur-bleu gds.jpgUne sorte de petit miracle : c'est ce à quoi l'auditeur de la matinale de France info a eu droit, ce matin du mardi 22 février, peu avant 7 heures. Tout d'un coup, sans crier gare, l'équipe de la matinale - très à gauche, et très en pointe à gauche - envoie un reportage, court mais éloquent, sur cette « affaire »* dont, jusque-là, les médias n'avaient pas parlé... 

    A Lyon, le 11 novembre 2016, dans un jardin public, un couple s'embrasse. Des « jeunes » (vous avez compris de qui il s'agit...) semblent trouver cela obscène, puisqu'ils se mettent « courageusement » (tout un groupe contre deux !) à les prendre physiquement à partie. Le jeune Marin, 20 ans, qui par hasard passe là à ce moment, n'hésite pas une seconde, et défend le couple : il reçoit une volée de coups de béquilles très violents sur la tête, sombre dans le coma ; pronostic vital engagé et lourdes séquelles à craindre. Quinze jours après, il est sorti du coma, et réapprend tous les gestes du quotidien, avec courage et détermination (c'est un sportif). Mais tout reste très difficile...

    Le pitoyable semble-président, qu'il nous faut supporter encore pendant quelques semaines, n'est pas venu au chevet de Marin. Pourtant, il ne pouvait ignorer « l’affaire », et il a reçu une pétition, dont le nombre de signataires ne cesse d'augmenter, pour que Marin reçoive la Légion d'honneur. Mais un jeune Français qui ne fait que son devoir, n'écoute que son courage, vole au secours des agressés, cela ne doit pas lui plaire. Pensez, il faudrait dire qui l'a tabassé à mort : des « jeunes », impensable ! 

    Donc, maintenant, Marin s'en sort, il commence à récupérer, mais avec le seul appui de sa famille et de ses amis. Pas de pétition en vue chez les Balasko, Benguigui ou Olivier Py, de la race des signeurs dont nous parlions récemment. Pas d'émoi journalistique, pas de belles consciences, pas de prénom chez les bobos, occupés ailleurs, et par leurs très chers « autres » ...

    Mais, au fond c'est mieux ainsi. En effet, n'allez surtout pas croire que nous allons, ou que nous voulons, « faire de la politique » en parlant de Marin. Bien au contraire. Si nous, qui n'avons jamais « été Charlie », et qui l'avons dit et redit, nous nous sentons si proches de Marin, si nous pouvons dire « Je suis Marin », c'est parce que le courage spontané de ce jeune étudiant (3ème année) nous permet, bien mieux que de polémiquer, de nous souvenir de ce que Gustave Thibon nous a si souvent dit et redit, lors de ses discours des Rassemblements royalistes des Baux : une société saine, c'est une société avec un minimum de lois, mais un maximum de mœurs.

    L'acte courageux de Marin nous le rappelle, aujourd'hui, en l'illustrant à la perfection. C'est en ce sens qu'il est bien plus « politique » que de la basse politique politicienne, et qu'il interdit toute récupération ou manipulation de mauvais aloi. Que chacun, mentalement, fasse preuve du même état d'esprit que Marin ; que chacun se comporte, le cas échéant, comme lui : voilà le message éminemment sain et réconfortant qu'envoie cette pénible affaire. Et voilà en quoi le jeune Marin est à donner en exemple à tous.

    Nos lecteurs sont bien habitués, maintenant (Lafautearousseau a eu dix ans le 28 février dernier) au chiasme de Sénèque, que nous avons choisi comme devise dès nos débuts : « Non quia timemus non audemus, sed quia non audemus timemus » : « Ce n'est pas parce que nous avons peur que nous n’osions pas, c'est parce que nous n'osons pas que nous avons peur » .

    Mais, pour louer encore l'acte courageux du jeune Marin et pour le donner en modèle à tous, tant cet idéal est nécessaire aujourd'hui, on peut encore citer Virgile, et sa parataxe fameuse, que Marin a parfaitement illustrée, aussi : « Amore, More, Ore, Re ». C'est à tout cela que se reconnaît le véritable ami, « par l'amour, les mœurs, les paroles, les actes ». 

    A lire ici ... 

    La mère de Marin lance un appel

    je soutiens Marin facebook

     

  • « Un roi immédiatement » ... Un livre dont on parle déjà beaucoup : réactions dans les commentaires ...

     

    2504458051.3.jpgNous avons évoqué, lundi dernier [27.02] le livre-événement de Marin de Viry, « Un Roi immédiatement » auquel Le Figaro - papier et éditions en ligne - avait fait largement écho, deux jours plus tôt  [25.02]. Il ne s'agit pas d'une réflexion théorique : cet ouvrage est dicté par les circonstances que nous vivons, celles sur lesquelles, de son côté, Maxime Tandonnet a donné l'alarme, au fil de plusieurs articles dans la grande presse. Un titre les résume toutes : «Nous assistons à la décomposition de la Ve République ».

    Un Roi immédiatement ? Les réactions ont suivi dans les commentaires de Lafautearousseau, plurielles, sous certains aspects. Mais toutes d'accord sur l'impératif institutionnel posé par Marin de Viry dcomme une sorte d'urgence.

    Nous avons choisi de reprendre ces commentaires tels quels. Il pourraient ouvrir à de nouvelles réactions, rouvrir le débat ...  LFAR 

     

    Commentaires

      « Que l'exigence d'un roi pour maintenant soit ...impérativement proclamée !» Et si c'était possible dans tous les médias...Mais que ce le soit dans la volonté de l'amélioration de la démocratie constitutionnelle et parlementaire issue d'élections libres ! La présence du Roi, premier serviteur de son peuple, à l'écoute de ses besoins dans ses tournées officielles partout où le peuple travaille, souffre ou se réjouit, ferait bouger toutes les lignes. Les politiciens ambitieux et, pourquoi pas, compétents se préoccuperaient de proposer des programmes et ne chercheraient pas à obtenir la première place : elle serait toujours prise ! Je crains que ce ne soit pas encore pour demain....

    Écrit par : NOEL 09h56 - lundi 27 février 2017

     

     Un Roi immédiatement. Je n'ai pas encore lu le livre de Marin de Viry mais son titre qui claque comme un étendard dans la tempête, à lui seul me suffit et je souhaite que son écho résonne suffisamment fort pour qu'il interpelle les français, donne lieu à des réflexions inspirées chez ses lecteurs et à des débats publics et télévisés aussi nombreux que possibles. Car plus que jamais depuis la fondation de la 5éme République, la question royale mérite d'être posée dans son principe. Quant à son contenu, tous les conceptions et les débats sont souhaitables. Le Roi et la démocratie vont parfaitement de pair au 21ème siècle.

    Écrit par : Gilbert CLARET 12h48 - lundi 27 février 2017

     

    De fait, la question du régime est récurrente. Elle n'a jamais cessé d'être posée. La solution monarchique est alors celle qui est mise en avant, comme la plus naturelle à la France. Marin de Viry n'est pas n'importe qui. Il connaît la situation du pays et il est bien placé pour juger de la profondeur de la crise qu'il traverse. Il sait que la prochaine élection présidentielle ne résoudra rien ; que très probablement elle sera un coup pour rien. Alors s'impose un impératif : « un roi immédiatement ». Il se pourrait que nos idées soient appelées à progresser plus vite que nous ne pensons.

    Écrit par : FABRE 14h45 - lundi 27 février 2017

     

    Bonjour à tous un Roi immédiatement semble être une nécessité devant le cahot de' la campagne présidentielle et les incertitudes sur ce que demain nous réserve, alors Oui un Roi, mais pourquoi vouloir un Roi espagnol alors qu'à Paris et Dreux nous avons ce qu'il nous faut. On me dira, avec juste raison, que le temps de se disputer sur un prétendant n'est pas encore venu, mais méfiance tout peut aller très vite !! Amitiés du sud-ouest sous un beau soleil,

    Écrit par : Cosacien 17h32 - lundi 27 février 2017

     

    Mais qui a donc parlé d'un roi espagnol ? Nous avons en France la famille des Orléans, parfaitement légitime et restée constamment française. Pourquoi chercher ailleurs un Roi que nous avons sous la main ici, en France ?

    Écrit par : Gilbert CLARET 19h20 - lundi 27 février 2017

     

    Mais non, les Français n'accepteraient pas un roi qui serait étranger, même s'il a des papiers français. L'accent, les manières, sa vie même à l'étranger le rendraient littéralement impossible. Alors, vous avez raison.

    Écrit par : BOB 18h28 - lundi 27 février 2017

     

    La monarchie active - je ne parle pas des monarchies décoratives - est la seule solution politique saine. Mais il n'est pas sûr que la France ait encore en elle ce qu'il faut de sang, de force et de volonté pour une telle renaissance. C'est une nation exsangue, épuisée, égarée, qui se regarde mourir.

    Écrit par : éric 20h14 - lundi 27 février 2017

    Marin de Viry : « Après 30 ans d'antifascisme, Le Pen aux portes du pouvoir. Bravo les gars ! »

     

    A lire aussi dans Lafautearousseau ...

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    Frédéric Rouvillois : « Pourquoi les Français sont nostalgiques de la monarchie » [1ère partie]

    Frédéric Rouvillois : « Pourquoi les Français sont nostalgiques de la monarchie » [2e partie]

     

  • Maastricht, vingt-cinq ans ... • Éric Zemmour : « Ce Traité qui fait déchanter les lendemains…»

     

    Le traité de Maastricht fête ses vingt-cinq ans ce mois-ci et Eric Zemmour dresse ici comme un bilan synthétique de ces vingt-cinq années, à travers la monnaie unique, l'euro, qui fut, de fait, ce que ce traité instituait de plus important et de plus concret. On connaît la suite que Zemmour résume excellemment.  LFAR  

     

    picture-1649413-612mqxqb.jpgC'est l'anniversaire le plus discret de l'année. Pas de bougies ni gâteau. Le traité de Maastricht fête ses vingt-cinq ans et tout le monde regarde ailleurs. Les anciens partisans du « oui » n'en sont pas particulièrement fiers ; les anciens partisans du « non » n'ont pas envie de célébrer une défaite.

    La monnaie unique s'est pourtant installée dans la liste brève des grandes monnaies mondiales ; mais l'euro n'est toujours pas parvenu à contester au dollar son rôle de monnaie de réserve. Les chantres du oui promettaient une période de croissance et la fin du chômage ; la zone euro est la région du monde où la croissance est la plus faible. Les concepteurs de la monnaie unique assuraient qu'elle favoriserait « la convergence » des économies européennes ; elle a au contraire accentué les divergences.

    Nos experts avaient oublié une loi économique élémentaire : dans une zone unifiée, chaque pays se spécialise dans ce qu'il a de meilleur; l'industrie la plus productive (l'Allemagne) devient l'usine de la zone ; les plus doués dans les services (France, Espagne) développent toujours plus de services ; et les mieux dotés en belles plages et en patrimoine culturel (Italie, Grèce) attirent toujours plus de touristes. Seule une politique de change peut permettre de contrebalancer ces évolutions inexorables : c'est ainsi que Pompidou a forgé les grands groupes industriels français à l'abri d'une monnaie dévaluée. La monnaie unique est une machine conservatrice qui rend beaucoup plus difficiles les changements de cap économique.

    C'est pour cette raison que l'euro qui était conçu comme un outil de paix a provoqué une résurgence des conflits entre nations. L'industrie allemande a réduit en miettes la concurrence de ses rivales française et italienne. La production industrielle de cette dernière a baissé de 20 % depuis l'introduction de l'euro. La seule solution pour compenser ces effets structurels serait une redistribution entre vainqueurs et perdants. Mais les Allemands refusent avec véhémence cette « union de transferts ».

    Un échec économique

    L'euro est donc un échec économique, mais est avant tout un symbole politique, celui d'une plus grande unification du continent européen. Cette monnaie fut voulue par les Français et imposée aux Allemands qui connaissaient, eux, les lois économiques. Mitterrand voulait s'emparer du deutsche mark, la « bombe atomique » allemande.

    Mais c'est l'Allemagne, qui ne voulait pas de l'euro, qui en profite le plus : son industrie règne sans partage sur le continent et exporte mieux grâce à une monnaie plus faible que ne le serait le seul mark.

    Mais le bon temps s'achève pour les Allemands. Trump veut fermer le marché américain aux voitures allemandes tandis que la politique accommodante de la Banque centrale européenne exaspère les épargnants allemands qui accumulent des économies guère rémunérées.

    L'euro s'est avéré une tragique erreur économique ; mais s'en débarrasser pourrait en constituer une plus tragique encore. C'est l'ultime argument des partisans de l'euro. Alors, comme on dit à Bruxelles : happy birthday

    Eric Zemmour

    Article paru dans Le Figaro Magazine du 17 février 2017 - Repris ici de La semaine de Magistro

     
  • Alain de Benoist : Emmanuel Macron - tout le contraire d’un populiste !

     

    Alain de Benoist

    En peu de mots, quelques phrases, une brève analyse, Alain de Benoist dit au fil de l'entretien qui suit, [Boulevard Voltaire, 23.02] ce qu'il convient de penser d'Emmanuel Macron, du moins selon lui comme selon nous. Chacun sait que nous avons ou avons eu avec ce brillant intellectuel, de fort anciens débats et certains points de divergence. En tout cas, face à l'imminence de dangers très évidents et très certains, pour la France, comme, en général, pour la civilisation européenne, nous partageons les mêmes points de vue sur un certain nombre de sujets essentiels. Ces convergences méritent, nous semble-t-il, d'être signalées et utilisées.  Lafautearousseau 

     

    Benoist2.jpgEmmanuel Macron comme Donald Trump : le phénomène est plus intéressant que le personnage lui-même. Comment expliquer l’actuel phénomène Macron, qui se veut candidat hors système, alors qu’il est justement un pur produit du système ?

    On peut facilement ironiser sur le personnage. Le petit Mickey travesti en Rastignac, la petite chose qui veut se faire aussi grosse qu’un président, le Micron transformé en Maqueron, le Ken du couple Ken et Barbie, le télévangéliste christique débitant à chacun les niaiseries qu’il veut entendre. Mais tout cela ne cerne qu’imparfaitement le phénomène. Ce qui frappe d’abord, c’est qu’Emmanuel Macron est le premier candidat postmoderne que l’on ait jamais vu se présenter à l’élection présidentielle. Les arguments raisonnés, les promesses lyriques, les démonstrations destinées aux électeurs, tout cela faisait encore partie de la modernité. Avec la postmodernité, on est dans l’affect à l’état pur, dans l’émotion, l’amour, l’extase. Le sentiment submerge tout, comme dans le discours des gourous.

    Certains reprochent à Macron de n’avoir pas de programme et de multiplier les déclarations contradictoires. Mais on perd son temps à s’indigner ou à vouloir lui répondre. En régime postmoderne, les contradictions n’ont aucune importance, et ce n’est pas avec des programmes que l’on conquiert l’opinion. C’est avec des postures et des incantations. Ce ne sont pas les mots qui comptent, mais le métalangage, pas le réel mais le plus-que-réel, pas le textuel mais l’hypertextuel. En recourant à des stratégies narratives, à des mécanismes persuasifs fondés sur ce que lui indiquent les algorithmes, Macron ne cherche à convaincre que d’une chose : qu’il faut communier avec lui, fusionner avec lui, qu’il faut l’aimer autant qu’il s’aime lui-même (« Parce que je veux être Président, je vous ai compris et je vous aime ! »). Il est plein de vide, mais ce vide le remplit mieux que tout autre contenu. Une bulle, certes, mais qui continue à enfler.

    Un mutant politique, un phénomène typiquement postmoderne. 

    Dans L’Obs, le philosophe Michel Onfray – qui faisait récemment la une de votre revue, Éléments – assure qu’Emmanuel Macron « est en réalité l’autre nom de l’ubérisation de la société ». Vous confirmez ?

    Bien sûr. Au-delà des banalités et des platitudes qu’il accumule avec un aplomb que rien ne vient entamer, Macron se situe dans une perspective bien précise qu’on peut résumer de la façon suivante : la mondialisation heureuse, l’ubérisation de la société et la précarité pour tous. De ce point de vue, Macron est un libéral au sens complet du terme : libéral en économie, libéral en matière « sociétale », libéral en tout. C’est pourquoi il séduit à la fois la gauche « branchée », les économistes hors-sol et les centristes fascinés par la Silicon Valley, Jacques Attali et Bernard Kouchner, Alain Minc et Corinne Lepage, Renaud Dutreil et Pierre Bergé. Nathalie Kosciusko-Morizet ne déparerait pas dans ce paysage !

    Macron se dit au-delà de la droite et de la gauche. Vous venez vous-même de publier un livre intitulé Le Moment populiste – Droite-gauche, c’est fini ! (Pierre-Guillaume de Roux). Ce positionnement apporte de l’eau à votre moulin ? 

    La grande caractéristique du populisme est de substituer au clivage horizontal droite-gauche un clivage vertical entre le peuple et les élites (« ceux d’en haut » contre « ceux d’en bas »). Mais l’effacement du clivage droite-gauche ne se constate pas seulement à la base. Par réaction, il se retrouve aussi dans la classe dominante, avec l’idée d’une « union nationale » destinée à faire barrage au populisme et à neutraliser les « récalcitrants » des deux bords. Il y a, là, une certaine logique : en même temps qu’il coalise à la base un électorat venu de la gauche et un électorat venu de la droite, le populisme suscite à la tête un regroupement de factions hier encore antagonistes, mais qui n’ont pas de mal aujourd’hui à réaliser que rien ne les sépare vraiment.

    Cette nouvelle stratégie était déjà présente dans l’idée de « troisième voie » théorisée par Anthony Giddens à l’époque de Tony Blair, dont l’objectif avoué était de contribuer au « renouveau » de la social-démocratie dans le sens d’une fusion assumée avec la logique libérale. C’est elle que l’on retrouve en France chez Emmanuel Macron, véritable héritier du blairisme, quand il assure que « le vrai clivage dans notre pays […] est entre progressistes et conservateurs », ou chez le libéral Guy Sorman, pour qui « le récent référendum britannique sur la sortie de l’Union européenne n’a pas opposé la droite conservatrice à la gauche travailliste, mais les partisans de l’ouverture à ceux de la fermeture ». La « fermeture » étant censée désigner le « tribalisme » et le « repli sur soi », il faut comprendre que l’« ouverture » signifie l’adhésion à tout ce qui transcende les frontières, à commencer par les marchés financiers. La position de Macron représente donc le symétrique inverse du populisme. Elle cherche à unifier les élites mondialisées au-delà des étiquettes, tout comme les populistes essaient d’unifier le peuple.

    Personne ne semble réaliser que, dans cette optique, un second tour de l’élection présidentielle opposant Marine Le Pen et Emmanuel Macron, où ne serait donc présent aucun représentant des deux grands partis de gouvernement qui ont en alternance gouverné la France pendant trente ans, représenterait un véritable tournant historique. 

    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier

    Intellectuel, philosophe et politologue 

    Revue Eléments

  • « Un roi immédiatement » ... Un livre dont on parle déjà beaucoup, dont on reparlera

     

    2504458051.3.jpgLe Figaro - papier et éditions en ligne - a fait largement écho, il y a trois jours [25.02], à la sortie d'Un Roi immédiatement, de Marin de Viry*.

    Mais pourquoi une telle injonction, une telle exigence, une telle urgence, un tel impératif, se demandera-t-on ? L'introduction du Figaro au Grand entretien de Vincent Trémolet de Villers avec Marin de Viry à propos de son ouvrage, en donne la raison : « la crise politique qui traverse le pays », « sur fond de déroute morale, intellectuelle, économique et sociale. » Crise politique, déroute : ces mots sont forts. Ils ne sont pas exagérés. 

    Pour Marin de Viry une telle situation vécue par les Français dans une sorte de sidération désabusée et en un sens désespérée de cette politique, exige un roi immédiatement

    Vincent Trémolet de Villers interroge longuement Marin de Viry, dans ce Grand entretien du Figaro de vendredi dernier et ce que nous appelons dans Lafautearousseau, depuis l'origine, la question du régime, en forme la trame, le souci, l'objet.   

    Est-il si important de se demander si la conception de la monarchie de Marin de Viry correspond à la nôtre ? Nous savons depuis longtemps qu'il y a bien des façons d'être monarchiste et que la monarchie qui se dégagera un jour, peut-être, de ce que feu le Comte de Paris appelait les réalités de notre temps, et ses urgences, comme celles d'aujourd'hui, sera surtout ce que l'Histoire la fera bien plutôt que des théories.

    A chaque jour, sans-doute, suffit sa peine et, pour aujourd'hui, ce qui importe, c'est que la question soit posée, que l'exigence d'un roi pour immédiatement - même si cet immédiatement signifie demain ou après demain - soit si impérativement proclamée.

    On saura gré à Marin de Viry de s'être chargé de cette sorte de mission et à Vincent Trémolet de Villers de lui avoir fait écho.

          

    Marin de Viry est un écrivain et critique littéraire français, membre du comité de direction de la Revue des deux Mondes. Il enseigne à Sciences Po Paris, dont il a été diplômé en 1988, et a été le conseiller en communication de Dominique de Villepin durant sa campagne pour l'élection présidentielle de 2012. Auteur du Matin des abrutis (éd. J.C. Lattès, 2008) et de Mémoires d'un snobé (éd. Pierre-Guillaume de Roux, 2012), il vient de publier Un Roi immédiatement (éd. Pierre-Guillaume de Roux, 2017).

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  • En France, le retour du peuple

     

    PAR CHRISTIAN TARENTE

     

    933807218.jpgLes événements extérieurs survenus en 2016 - succès international de Poutine, Brexit, élection de Trump -, tout à fait inattendus, ont heureusement surpris ceux qui aspirent à secouer le cocotier mondialiste. En réalité, ils n'ont pas de quoi nous réjouir : alors que le monde se réveille, nous, Français, continuons à nous repaître de combats de coqs dans des fonds de basse-cour... Comment voir autrement ces fameuses « primaires », qui étaient censées apporter une modernisation décisive à notre vie démocratique ? Le pays légal reste fidèle à son refus de prendre en compte le bien commun. Pourtant, le peuple de France multiplie les signes de son réveil. Longtemps leurré par le rêve mondialiste - horizon irremplaçable des élites, de la classe politique et des médias -, il a eu peu à peu les yeux dessillés par le réel. Sur au moins trois plans : les conséquences de l'immigration exorbitante ; les résultats d'une économie livrée aux seules forces du marché planétaire ; enfin, les perspectives menaçantes ouvertes par le rejet de toute éthique naturelle. Dans ces trois cas, on a pu voir des révoltes gronder. Le jour où elles sauront comprendre ce qui les relie et se coordonner, les Français seront mûrs pour passer de la simple révolte à la révolution culturelle globale que la situation exige.

    LE PEUPLE NOUS DEÇOIT :
    CHANGEONS LE PEUPLE !

    On a vu comment l'immigration, répondant initialement à des besoins purement économiques, a progressivement engendré un monstre idéologique où les fantasmes d'un nomadisme généralisé ont rejoint les vieilles haines contre le passé de la France, et d'abord son patrimoine chrétien. Des populations assimilables tant qu'elles étaient peu nombreuses et qu'il y avait volonté de les intégrer, se sont retrouvées trop importantes pour pouvoir éviter plus longtemps un clivage culturel dommageable à tous. On se rappelle les « odeurs » dénoncées par Chirac, en dépit de son « progressisme » revendiqué. L'Islam lui-même, dans ses aspects socio-politiques comme sur le plan des moeurs (voile, hallal, etc.), a fini par apparaître comme destructeur du mode de vie français. Les élites, au lieu de prendre le problème à bras le corps, se sont abritées derrière une ligne de défense : la dénonciation de l'islamophobie. Une digue qui s'est révélée de plus en plus fragile.

    Confronté à ces nouvelles réalités, le peuple les a d'abord subies passivement comme on subit les intempéries. Puis il a réagi, avec ses seuls moyens : le racisme, c'est-à-dire le rejet global de l'autre, ou, lorsque des élections lui en donnait l'occasion, le vote Front national. Il est indéniable que, sur ce sujet, le peuple attend désormais du pouvoir, quel qu'il soit, une politique forte. Mis à part les discours électoraux, qui n'engagent « que ceux qui y croient », rien n'indique encore que les élites en aient pris conscience : en 2016, la seule immigration « légale » est en nette croissance par rapport à 2015, et représente l'équivalent de villes comme Bordeaux, Rennes ou Le Havre. « Grand remplacement » ? « Changement de peuple » ? En tout cas, on voit bien qu'il y a là un facteur déterminant de ce qu'il est convenu d'appeler la « droi-tisation » de la société.

    LA CASSE ÉCONOMIQUE

    Un nom marque l'origine du grand dérapage économique que nous continuons de vivre, même s'il a du plomb dans l'aile : Jean Monnet. Après la Libération, Monnet s'est habilement allié à la démocratie chrétienne alors au pouvoir, imperméable aux arguments gaulliens, et qui, naïve, n'a pas vu où il voulait l'emmener, et la France avec elle. Monnet, c'était le libre-échange généralisé, européen et transatlantique pour commencer, et c'était le triomphe des puissances d'argent. C'est son programme qui a été réalisé, non sans certains succès économiques, mais avec des effets pervers, destructeurs en profondeur de la société, tant sur les plans politique, social et humain que du point de vue économique lui-même.

    FRANCE PÉRIPHÉRIQUE
    ET HORREUR ANTHROPOLOGIQUE

    On lui doit notamment la dislocation méthodique du tissu industriel français, et le chômage qui lui est lié. Le résultat, consternant, est surtout humainement dramatique. La description clinique du stade actuel en a été faite par le géographe Christophe Guilluy, notamment dans son livre La France périphérique (Flammarion). Encore n'est-ce qu'un des aspects d'une dérive progressive, une véritable fuite en avant : elle a conduit à construire l'Europe contre les nations, alors qu'il fallait au contraire, pour qu'elle soit durable, bâtir la solidarité européenne sur la reconnaissance des réalités nationales, bref, faire l'Europe des nations. La prise de conscience de cette réalité par le peuple de France est sans doute longue et difficile, tant la propagande « pro-européenne » est omniprésente, mais le rejet progressif de l'oligarchie encore dominante prélude à une remise en cause de tous ses dogmes. Le Brexit en a été un signal retentissant.

    Simone Veil, auteur de la loi autorisant l'avortement, ne semble pas en considérer les suites sans quelque désarroi. Sur le mode de Guillaume II disant de la guerre mondiale qu'il avait provoquée : « Je n'ai pas voulu cela. » Les suites de la loi Veil, c'est l'application systématique d'un « effet cliquet » conduisant à avancer sans cesse vers une destruction croissante de la nature humaine. Selon la formule d'Alphonse Allais, « quand on a passé les bornes, il n'y a plus de limites... » C'est en effet ce à quoi on assiste, faisant redouter le pire des perspectives annoncées par le « transhumanisme ». À cet égard, l'optimisme invétéré d'un Luc Ferry n'est, hélas, pas de nature à nous convaincre, contrairement aux mises en garde de beaucoup d'autres, comme Jean-Pierre Dickès.

    Cet « effet cliquet » paraissait inéluctable quand la décision d'étendre l'institution du mariage civil aux homosexuels a fait déborder le vase. Et ce fut la grande révolte populaire de la Manif pour tous. Sans effet apparent, puisque l'autisme des parlementaires a imposé le vote de la loi, mais la résonnance en a été profonde : on sait désormais qu'une réaction est possible, le printemps 2013 en constitue une butte-témoin, prélude à l'indispensable révolution culturelle de demain.

    Le retour du peuple fait peur à ceux qui ont tôt fait de le stigmatiser en le qualifiant de « populisme ». Ils se gardent bien de donner la moindre publicité au « Baromètre politique français », le dispositif d'enquête électorale le plus complet jamais réalisé en France, dû au Centre de recherches politiques de Sciences Po, le CEVIPOF. On y constate que, depuis des années, l'institution dont les Français ont la meilleure opinion est... l'armée. Suivie de la police et des PME... Et cette tendance ne cesse de croître. Le retour du peuple ? Ce sont maintenant les statistiques officielles qui l'annoncent.. 

    Politique magazine, février 2017  -  Consulter ... S'abonner ...

     

  • Justice & Actualité • Que vienne le Prince

    Le Duc et la Duchesse de Vendôme

     

    PAR JACQUES TRÉMOLET DE VILLERS

     

    1295935921.jpgLes hasards des travaux, des plaidoiries, des discours et des conférences m'ont conduit, depuis quelques semaines, à fréquenter un très ancien confrère âgé de plus de deux mille ans : Marcus Tullius, dit Cicéron.

    Cette rencontre avait un aspect de retrouvailles car, en dehors des années d'humanités, comme on disait alors à propos des lettres classiques, je l'avais quelque peu fréquenté dans les premières années de mon exercice professionnel. Elle s'est révélée d'une jeunesse étonnante.

    Depuis que j'ai embrassé la carrière d'avocat, voilà maintenant plus d'un demi-siècle, je n'ai cessé d'entendre le même refrain. À savoir que notre profession changeait, suivant l'évolution du droit et des moeurs, des nécessités et des techniques.

    On se moquait des avocats à la Daumier, à l'allure méprisante et au geste emphatique, sans se rendre compte que, Daumier, de son temps, se moquait déjà d'eux et que le pli méprisant de la bouche et le verbe incontrôlé sont d'aujourd'hui et seront demain comme ils étaient hier.

    Et, dans ces retrouvailles, que dit Cicéron, aujourd'hui, aux avocats mais aussi aux juges et aux hommes politiques - car il fut, par la nécessité, autant juge qu'avocat et homme d'État ? II dit que ces métiers - disons mieux ces professions, ou, selon les termes qu'il employait, ces « devoirs » - ne peuvent pas être convenablement accomplis si ceux qui en ont la charge n'ont pas exercé leur esprit et leur âme à la pratique d'une saine et simple philosophie. Tout le reste, techniques, agrément, art de la parole, sens de la communication, habileté, richesse, voire même cette vertu que Napoléon appréciait tant chez ses généraux - la chance - sont secondaires. En effet, sans cette vertu (au sens premier du mot) fondamentale, les hommes ne sont ni bien défendus, ni bien jugés et les cités ne sont pas bien gouvernées.

    Que cette lumière simple, égale et tranquille, éclaire aujourd'hui, comme elle servait en son temps à voir ou à éclairer le droit des gens et la prospérité de la république ! Elle renvoie les interminables et ennuyeux débats à leur vide. Elle pose les questions essentielles à ceux qui se présentent à nos suffrages : qui êtes-vous ? Que pensez-vous ? Où est votre âme ? Où est votre esprit ? Qui sont vos amis ? Et pourquoi sont-ils vos amis ? Avec, en ligne de fuite nécessaire à la compréhension du tableau : que savez-vous de la France et que voulez-vous pour elle ?

    Elle nous renvoie aussi nous-mêmes à nos propres responsabilités. La République n'est pas la chose de quelques-uns. Elle n'est surtout pas l'enjeu des factions. Elle est la chose publique. C'est-à-dire qu'elle appartient à tous. Et donc d'abord à nous, qui nous en préoccupons, avec, au fond de l'âme, l'angor patriae, cette angoisse de la patrie qui est la marque sensible de la vraie charité politique.

    ciceroa.jpgNous connaissons, tous le combat sans issue que Cicéron mena pour sauver l'unité de la République et la concorde des citoyens contre les factions en furie. Il en mourut, martyr d'un temps qui semblait révolu. Mais nous savons aussi que la semence jetée par sa sagesse devait fleurir chez celui-là même qui commit la faute - le crime - de le faire exécuter. Octave devenu Auguste, remplaça le chaos républicain par un principat qui vit fleurir les arts de la paix, Horace, Virgile, les routes et les aqueducs, les villes et le droit, la civilisation étendue au monde connu.

    Après la cacophonie insupportable de nos campagnes interminables, que vienne, pour nous aussi, celui en qui germent nos espérances : le Prince français. 

    Politique magazine, février 2017  -  Consulter ... S'abonner ...

  • Religions • Un athée face aux religions

     

    Par Péroncel-Hugoz

    Lors de son récent séjour en Europe, notre confrère a été frappé par la véritable « occupation » des médias réalisée par le néo-philosophe Michel Onfray dont les prestations naguère au Maroc ne passèrent pas inaperçues non plus… D'où ce récit vu du Maroc, et cette analyse par les textes.

     

    peroncel-hugoz 2.jpgC’était il y a cinq ou six ans dans l'espace des pas perdus de l’Institut français de Casablanca. Je m’y trouvais en compagnie d'un fameux psychanalyste et essayiste marocain, le docteur Rouchdi Chamcham*, qui m’y présenta l'une de ses connaissances françaises, l’essayiste Michel Onfray, spécialiste de l’athéisme ou, plutôt, selon sa propre formulation, de l’« athéologie ». 

    Changement de thème

    Il nous précisa qu’il était venu à Casa pour « s’y adresser à des étudiants ». Pour leur parler de quoi ? « D’athéologie », nous répondit-il, ce qui me conduisit à lui dire que l’athéisme n’était pas du tout bien vu par le Maroc officiel ou populaire. Pas de réaction de sa part, si ce n’est une moue dubitative, mais rencontrant quelque temps plus tard l'un des étudiants ayant assisté à la conférence de M. Onfray, il m’apprit que ce dernier avait finalement parlé d’une autre de ses spécialités : « l’art de jouir », bref « l’hédonisme »… 

    Une place à part

    Se définissant lui-même, dans ses écrits, comme « d’aucun sérail, d’aucune coterie, d’aucune tribu », Michel Onfray occupe, il est vrai, depuis bientôt vingt ans une place à part au sein de l’intelligentsia de l’Hexagone : issu d’un milieu populaire et provincial, en Normandie, il a créé avec succès dans cette province industrielle et agricole, une « université gratuite », ouverte à tous et très courue. Regardé de haut à Paris par la « gauche caviar » mais ayant conquis de très nombreux lecteurs ou auditeurs grâce à ses textes ou émissions non-conformistes sur Albert Camus, Nietzsche, les Freudiens, les Libertins, il est peu à peu devenu, comme on dit, « incontournable ». Il faut ajouter qu’il est avenant, qu’il sait parler, qu’il est rarement ennuyeux, et puis, il y a eu un phénomène de mode, drainant même des intellos très parisiens vers les percutants cours publics du « Maître » en sa bonne ville de Caen, un lieu peu « branché » jusqu’ici… 

    Près de cent volumes…

    Suivant une tendance de plus en plus marquée de l’édition française actuelle, Onfray l’athée militant, l’hédoniste proclamé, s’est donc mis à publier sur les religions, notamment sur les deux principales fois révélées : le christianisme et l’islam. La bibliographie de cet auteur relativement jeune encore (il est né en 1959) frise déjà la centaine de volumes. Pour nos suiveurs, nous avons sélectionné quelques définitions très « onfreïennes», extraites notamment de trois ou quatre de ses plus récents entretiens ou essais, par exemple Décadence. De Jésus à Ben Laden, vie et mort de l’Occident (Flammarion, Paris) et Penser l’Islam (Grasset, Paris). 

    Du Vatican à Israël 

    « Le Concile Vatican-II (réputé avoir « modernisé » l’Eglise) a évacué la transcendance et le sacré, pour confiner le catholicisme dans un moralisme politiquement correct ».

    « Une civilisation vit tant qu’elle résiste à ce qui veut sa mort ».

    «Le catholicisme triomphe médiatiquement parce que le pape François sait en user, en jésuite, mais (…) le catholicisme est épuisé ».

    « La France blanche et catholique va vers sa disparition ».

    « Si d’aventure un Mélenchon ou une Marine Le Pen arrivaient au pouvoir pour mener une autre politique, ils auraient le même destin que Tsipras et Syriza [en Grèce] ».

    « L’Islam bénéficie d’un jugement favorable : la fameuse religion de paix, de tolérance et d’amour…»

    « Si les droits de l’homme  étaient la véritable raison des attaques françaises, [contre les jihadistes], pourquoi n’attaquerions-nous pas (…) la Chine, Cuba, l’Arabie, l’Iran, le Pakistan ? ou même les Etats-Unis sinon Israël… ? ». 

    De l'Irak à la Libye

    « Le droit d’ingérence, théorisé par (le ministre français) Kouchner, permet à l’Occident de continuer sa politique impérialiste sans en avoir l’air ».

    « Nous avons bombardé des pays musulmans qui ne nous menaçaient pas directement : Irak, Afghanistan, Libye, Mali aujourd’hui, l’Etat Islamique ».

    « La plupart des intellectuels (occidentaux) ayant pignon sur rue ont soutenu les guerres quand ils ne les ont pas voulues ; je songe au terrible rôle de Bernard-Henry Lévy (philosophe parisien ayant poussé le président Sarkozy à intervenir en Libye pour y éliminer Kadhafi) ».

    « Islamophobe au-dehors la France est islamophile au-dedans ».

    « Aujourd’hui l’Islam est une religion exponentielle, en pleine forme, forte de ce que Nietzsche appelait la grande santé ».

    « Islamophobe renvoie, par le suffixe « phobe » à la peur : avoir peur de l’islam n’est pas le détester (…) Est-ce être islamophobe que de préférer la paix à la guerre ? »

    Conclusion provisoire

    Comme le montrent éloquemment les citations ci-dessus, Michel Onfray ne redoute ni les paradoxes, ni les oxymores, ni de bousculer maintes idées présentement dominantes… 

    * Auteur d’essais marquants sur La psychanalyse au Maroc (Eddif, Casablanca) et La circoncision au Maroc (Afrique-Orient)

    Péroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le360 du 3.02.2017

  • Société • Malika Sorel : « Dans les banlieues, cessons de reculer »

     

    Un fort intéressant entretien d'Alexis Feertchak du Figaro avec Malika Sorel, qui y déploie sa lucidité et sa fermeté ordinaires. Celles qui manquent justement aux élites politiques ou médiatiques qui structurent le Système, bien plus, d'alleurs, pour ce ui est des premières, qu'elles ne gouvernent la France.  LFAR  

     

    3018051584.jpgAprès le viol présumé de Théo à Aulnay-sous-Bois, des émeutes urbaines ont éclaté en Seine-Saint-Denis. Dans quelle mesure peut-on dire que cette dégradation du climat sécuritaire est l'illustration d'une crise sociale et politique ? 

    Ce qui est frappant, c'est le climat d'hystérie qui s'empare de plus en plus souvent de notre société. Chacun, ou presque, a son mot à dire sur ce qui s'est produit et voudrait imposer aux enquêteurs et même à la Justice la qualification des faits ainsi que la sentence. Les juges sont placés sous une pression inacceptable dans une démocratie. 

    Alors sommes-nous dans la traduction d'une crise sociale et politique ? Une crise politique, assurément car c'est bien l'ordre établi et tous ceux qui l'incarnent de près ou de loin qui se trouvent un jour ou l'autre contestés, et parfois placés dans l'incapacité d'exercer leur mission. Des guet-apens sont tendus à des pompiers. Des policiers tombent dans des embuscades ou sont attaqués car leur surveillance dérange. Un nombre croissant d'enseignants refusent d'exercer leur mission en certains lieux. De même en va-t-il pour des médecins et bien d'autres professions. 

    Quant à la crise sociale, tout dépend de ce que vous mettez dans le terme « social. Si vous l'entendez au sens qui a cours depuis le début des années quatre-vingt, alors non, nous ne sommes pas dans la simple traduction d'une crise sociale. Le problème est beaucoup plus profond, et surtout multidimensionnel. L'État, qu'il ait été piloté par la droite ou par la gauche, a consenti de lourdes dépenses dont le contenu n'a pas été suffisamment porté à la connaissance de l'opinion publique. L'État devrait communiquer davantage afin que l'on cesse de l'accuser de n'avoir pas assez investi. Ces accusations répétées - de toutes parts - nourrissent le ressentiment et parfois même la haine à l'égard des institutions et de leurs représentants.  

    N'y a-t-il pas aussi une dimension culturelle voire religieuse à cette crise des banlieues ?

    C'était le cas en 2005. Pourtant les médias ont persisté à répéter que tout ce qui se produisait était lié à la mort effroyable des deux jeunes dans un transformateur. Gilles Kepel a mis en évidence que l'embrasement des banlieues avait eu pour origine le lancement non intentionnel d'une grenade à proximité d'un lieu qui présentait l'aspect extérieur d'un entrepôt. Les policiers ignoraient que ce bâtiment était utilisé comme lieu de culte. Sur place, l'information a été aussitôt propagée que la mosquée avait été visée délibérément, et qu'il s'agissait d'une attaque de l'État contre l'islam et les musulmans. Il convient de s'interroger sur les groupes de pression et d'influence qui trouvent intérêt à diviser la société selon la croyance, l'ethnie ou la « race ». 

    Il est prématuré de tirer des conclusions sur ce qui se produit aujourd'hui et qui se propage à travers un nombre croissant de territoires. Nous sommes en présence d'une population sous le choc de ce qui vient d'arriver et qui se retrouve très vraisemblablement instrumentalisée. Il appartient à nos services de renseignement d'identifier au plus vite quelles sont les forces qui s'activent en sous-main et qui ont intérêt à ce que la police ne puisse plus pénétrer certains quartiers, ou même que la situation échappe à tout contrôle.  

    Peut-on comparer la situation actuelle aux émeutes de banlieue en 2005 ?

    Depuis 2005, la situation s'est fortement dégradée. Le niveau de violence a considérablement augmenté. Cela était prévisible puisque le fond du sujet n'a jamais été véritablement abordé. On a persisté dans le déni du réel et dans la manipulation des masses. Pourtant, comme le montrent ses propos consignés dans Un président ne devrait pas dire ça, François Hollande n'ignore rien de la gravité de la situation. Évoquant la marche pour Charlie, il fait état de « ces trois France qui semblent parfaitement irréconciliables » et s'interroge : « comment on peut éviter la partition ? … Car c'est quand même ça qui est en train de se produire : la partition ». En 2005, il n'aurait pas employé le terme de « partition » qui est extrêmement lourd. Quel est le bilan de François Hollande dans ce registre ? C'est celui de sa tentative de refondation des politiques d'intégration, que j'ai contribué à torpiller car elle menait tout droit à la disparition à terme de l'identité française. Nul n'a le droit de créer les conditions de l'enterrement de l'identité du peuple français. Chaque peuple a droit au respect de son identité, a fortiori sur son propre territoire. J'ai eu l'occasion d'analyser longuement les différents rapports pour Le Figaro

    Malheureusement, les choses n'en sont pas restées là, puisque nous avons eu droit ensuite à un certain nombre de réformes scolaires ainsi qu'à l'adoption de la loi « Égalité et Citoyenneté » qui partent toujours de la même approche et qui recèlent un degré non négligeable de toxicité pour notre avenir à tous. Et l'on en arrive à présent à ce qu'un postulant à la fonction suprême ose asséner qu’ « il n'y a pas de culture française »  !  

    Comment jugez-vous la réaction des autorités politiques à ce nouvel accès de violence ? 

    Il y a eu de bonnes et de mauvaises réactions. Lorsqu'une enquête est en cours, on ne doit pas tenter d'interférer. Chacun se doit de laisser la Justice suivre son cours. Aussi, la visite du président de la République à l'hôpital n'aurait pas dû se produire car non seulement elle jette du sel sur les plaies, mais elle est de surcroît perçue comme un parti pris. Il avait lui-même reproché au président Nicolas Sarkozy de réagir trop souvent, et lui, que fait-il ? Ensuite, certains politiques de premier plan se sont mis à relayer l'appel au calme lancé par la famille. On croit rêver ! Ce faisant, le politique se démet lui-même de son autorité.

    Autre point : qu'une première manifestation ait été autorisée, car il est naturel que des citoyens éprouvent le besoin de marcher ensemble, on peut le comprendre. Mais nous n'en sommes plus là. D'autant que nous sommes en état d'urgence. Comment expliquer que le pouvoir expose ainsi son incapacité à faire appliquer la loi ? C'est préjudiciable pour tous, car toute faiblesse de l'État peut être interprétée comme une invitation à défier encore davantage les institutions. Or, la population a besoin d'être protégée. La sécurité est le premier des besoins. 

    Le refus réitéré par le gouvernement de la délivrance d'un récépissé de contrôle d'identité est une très bonne décision. Cette demande part du principe que nos policiers sont suspects. Cette mise en cause récurrente de la police nationale est catastrophique. Il ne faut pas venir ensuite s'étonner de la dégradation de la situation de la sécurité en France. 

    Que faire ?

    Cesser de démissionner et de reculer en pensant que c'est la meilleure façon d'acheter la paix. Nous le voyons, c'est l'inverse qui se produit. Il faut retrouver le chemin de la raison. En revenir au traitement des individus, et des individus seuls. Considérer chaque être humain sur la base de ce qu'il est en tant qu'être humain, et donc tourner le dos à l'approche communautaire qui pourrait conduire à terme à la partition évoquée par le Président François Hollande. Travailler à retisser le lien de confiance entre notre société, l'école et le corps enseignant. Le chantier est exigeant, mais il est décisif pour l'avenir de notre société. Beaucoup peut encore être fait dans ce domaine. L'espoir est de mise. Responsabiliser les parents, mais aussi les accompagner dans leur mission car l'éducation n'est pas toujours tâche aisée, loin s'en faut ! Dans mes écrits, j'émets un grand nombre de propositions et recommandations. Simplement, il faut être bien conscient que rien ne sera possible sans prendre en compte le fait que la France n'est plus en capacité d'accueillir de nouveaux flux migratoires. Et ce n'est pas qu'une simple question d'ordre socio-économique. 

    Repris de La Semaine de Magistro du 19.01. Paru sur Figarovox le 14.02.2017

  • Médias & Régime des partis • Bayrou, vous croyez qu'on peut lui faire confiance ?

    Illustration Action française Provence

     

    Le plus cocasse est que l'analyse du phénomène Macron par Bayrou face à Bourdin, les yeux dans les yeux, est exacte et, du point de vue politique, complète. Quand ces hommes-là sont-ils sincères ? Mais, bien-sûr, jamais. C'est évident.

       Septembre 2016

  • Après la Nasa, le Pays légal découvre son exoplanète : sa composition ? Du « faux jeune » Macron et du « vrai vieux » Bayrou

      

    Mur-bleu gds.jpgLe « dégagisme », pour reprendre l'excellente expression de Mélenchon, avait touché tout le monde, jusqu'à hier, montrant l'exaspération des Français face à ces hommes ou femmes politiques - pas forcément âgés, d'ailleurs... - qui incarnent depuis trop longtemps tout ce qu'ils ne veulent plus voir : Cécile Dufflot fut la première virée, puis Sarko et Juppé (et NKM) ; puis Valls et Montebourg (et Peillon) ; Hollande, jugeant plus prudent de ne pas se représenter, s'auto-dégagea lui-même. A un près, on se croirait dans la comptine des Dix petits nègres, magistralement employée par Agatha Christie dans son chef d'œuvre : disparaissant l'un après l'autre, à la fin, « N’en resta plus qu'un. / Un petit nègre se retrouva tout esseulé / Se pendre il s'en est allé... »

    Car c'est bien de cela qu'il s'agit. Bayrou était, non pas le dernier des Mohicans, mais le dernier des vieux caïmans, le dernier dinosaure, sur l'avenir duquel les très engoncés politologues - en l'occurrence, paléontologues - dissertaient longuement. Ne s'étant présenté à rien, il n'avait pas été formellement « dégagé », jusqu'ici, mais il a fait le même calcul que Hollande. Habilement (ou hypocritement : chacun son choix) il s'est lui aussi auto-dégagé, mais habillant ce sabordage du joli nom d'alliance, ou de pacte, pour sauver les apparences.

    Tout content, le sémillant Macron - toujours sans programme complet et, donc, sans « chiffrage », et qui a commencé sa dégringolade dans l'opinion, après ses multiples déclarations ineptes et insanes - a accepté ce « baiser de la mort », voyant le seul côté arithmétique des choses, pensant qu'il suffisait d'ajouter des chiffres sondagiers à d'autres, et croyant qu'il tenait, là, « un tournant dans la campagne ». 

    Laissons-les tous les deux à leurs illusions, et tâchons de raisonner froidement. Cette alliance contre nature va-t-elle peser d'un grand poids pour Macron, ou va-t-elle au contraire être pour lui un grand poids, certes, mais un grand poids mort, un insupportable boulet, qui va l'entraîner dans sa dégringolade ?

    On ne peut que pencher pour la seconde interprétation, lorsque l'on jette un œil sur les trois tweets suivants de Bayrou, précédant le quatrième, qui les contredit à angle droit. Cette cuisine électorale (élu, sans vergogne, par les voix "de droite" (?) maire de Pau, Bayrou refuse sa voix à "la droite", pour la présidentielle ) étant justement ce qui écœure les Français, ce dont ils ne veulent plus, et ce qui a conduit au « dégagisme de tous ». La simple lecture de ces trois tweets, suivie de celle de leur tweet contraire se passe de tout commentaire, et formera notre conclusion, qui s'impose d'évidence :

    Trois tweets anti Macron (« mais, ça », comme dit Alain Delon dans la pub, « c’était avant » !) :
     
    Derrière Emmanuel Macron il y a des gds intérêts financiers incompatibles avec l'impartialité exigée par la fonction publique #Bourdin Direct

    Emmanuel Macron est le principal responsable de la politique économique de François#Hollande depuis quatre ans. Et pour quels résultats?#QDI

    Je ne me reconnais pas dans ce qu'E#Macron incarne. Son projet de société est proche de celui défendu par N#Sarkozy en 2007»Questions.Pol

    Et, tout d'un coup, ô miracle, Bayrou a vu Saint Macron ! :
     
    •  J'ai décidé de proposer à Emmanuel#Macron une alliance pour offrir à la France une vraie alternance#Présidentielle 2017#ConfBayrou 
  • Livre : Notre ennemi, le capital de Jean-Claude Michéa

     

    Par Aristide Leucate

    Une recension critique du dernier ouvrage de Michéa. Le capitalisme dont il est ici question [Boulevard Voltaire, 22.02] étant celui qui poursuit sa logique de déracinement du monde, pris dans ses diversités, ses traditions, ses cultures, ses nationalités et ses ethnies, nées de la géographie et de l'Histoire. Nous refusons, nous aussi, le grand magma, le grand métissage, ourdis par ce capitalisme-là. Fils de la Révolution, non pas de la tradition, il se heurte, ou se heurtera, à ce nationalisme français, dont Maurras pensait - voir ci-dessus - qu'il se reverrait, par la force des choses.    LFAR

     

    3266751844.jpgLe bandeau rouge entourant le livre donne précisément le ton du dernier essai de Jean-Claude Michéa, socialiste proudhonien, conservateur libertaire, critique orwellien du capitalisme : « Il est aujourd’hui plus facile d’imaginer la fin du monde que celle du capitalisme. » Cette citation (empruntée au philosophe américain Fredric Jameson) donne le vertige, tant il est vrai que le capitalisme comme « processus qui n’existe que par le mouvement », selon Marx, semble ne pas vouloir s’arrêter dans son fol arraisonnement prométhéen du monde.

    Plus rien, en effet, n’échappe à son emprise et, n’en déplaise aux libéraux de tout poil, sectateurs d’Adam Smith, de Frédéric Bastiat ou de Milton Friedman, la fameuse « main invisible du marché » a, c’est le moins que l’on puisse dire, littéralement perdu… la main sur le marché, celui se configurant perpétuellement suivant la boussole toujours changeante des intérêts économiques et procéduraux du moment. Car, c’est un fait, rappelle Michéa, que le « bougisme » est cet état consubstantiel au capitalisme qui récuse, d’avance, toute notion d’enracinement, de sédentarité, voire de temporaire stabilité : « La mobilité (qu’il s’agisse de celle des capitaux, des marchandises et des humains eux-mêmes) définit, depuis Adam Smith, la condition sine qua non de tous les équilibres entre l’offre et la demande. »

    Fidèle à sa méthode de la pelote qu’on dévide (quatre chapitres sous forme de réponses à autant de questions et pas moins de seize scolies, elles-mêmes enrichies de substantielles notes infrapaginales), Michéa, en marxologue conséquent, poursuit sa patiente et passionnante généalogie des implications radicales du capitalisme, ce « tout-marché » « axiologiquement neutre » ayant fini par capturer dans sa nasse la « gauche de progrès » qui, ce faisant, n’en finit pas de s’éloigner toujours plus et sans remords du socialisme originel. Qu’un Manuel Valls ait pu, en son temps, exhorter à débaptiser le Parti « socialiste » est assez révélateur du grand tournant libéral de la « gauche républicaine », déjà imprimé au moment de l’affaire Dreyfus. 

    Sans s’en réclamer explicitement, Michéa exprime une dilection marquée pour le mouvement populiste espagnol Podemos, dont il écrit que « quel que soit le destin qui attend par ailleurs Podemos, l’immense mérite historique de ce mouvement est donc d’ores et déjà d’avoir su accomplir cette véritable révolution culturelle (le retour, par-delà l’opposition gauche-droite, aux clivages anticapitalistes qui étaient ceux du socialisme, de l’anarchisme et du populisme originels) qui, seule, peut encore permettre de maintenir à flot le projet d’unir la grande majorité des classes populaires autour d’un programme réellement émancipateur ».

    Cette intrusion préférentielle, assez inhabituelle chez un auteur dont toute l’œuvre a toujours brillamment consisté à tenir la distance critique d’avec toute forme d’engagement (fût-il purement platonique), est sans doute la partie la moins convaincante de l’ouvrage. Il paraît discutable, en effet, de concevoir Podemos ou n’importe quelle autre éruption de type populiste ailleurs en Europe comme la traduction d’une critique radicale du capitalisme, quand tous mettent d’abord en exergue leur rejet des élites kleptocratiques foncièrement coupables de détournement ou de captation démocratique. 

    On sera bien plus sensible, en revanche, à son explication très pédagogique de l’emballement dans lequel s’est trouvé pris le capitalisme de casino post-fordiste (refermant, du même coup, l’idyllique parenthèse de plein-emploi et de croissance exponentielle des Trente Glorieuses) et qui allait conduire à ce turbo-capitalisme financiarisé de la titrisation artificielle entièrement spéculatif car reposant sur « l’hypothèse selon laquelle la dette déjà cumulée de la planète pourrait, un jour, se voir couverte en totalité par la croissance économique à venir ». Et Michéa, à la suite de Rosa Luxemburg, de prophétiser un « hiver du capitalisme » cataclysmique. La seule question est de savoir quand ce moment adviendra.   

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    Docteur en droit, journaliste et essayiste