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Actualité France - Page 353

  • Maintenant que les acteurs de la présidentielle sont annoncés...

     

    Par Jean-Philippe Chauvin

     

    1345578492.2.jpgLes acteurs de la prochaine présidentielle sont désormais nommés, et le spectacle a déjà bien commencé, accumulant surprises et trahisons, petits meurtres entre amis et ressentiments... Quelques célébrités politiques sont déjà défaites, avant même que la campagne officielle ne débute : le « dégagisme » évoqué par les partisans de M. Mélenchon a joué à plein, ses victimes étant Mme Duflot, MM. Sarkozy, Juppé, Valls, sans oublier le président en exercice qui, lui, se dégage aussi et tout seul de cette campagne qui ne le concerne plus directement. Mais cette « sortie des artistes » atteint désormais ses limites, et le fait que M. Hamon, candidat officiel du Parti socialiste, dépasse désormais M. Mélenchon dans les études d'opinion, en est le premier signe et cela pourrait  augurer d'un combat plutôt classique, malgré la « nouveauté » toute relative d'un Macron. Mais la prudence s'impose et j'éviterai soigneusement, à ce jour, de faire un pronostic : n'insultons pas l'avenir, car l'histoire n'est jamais écrite avant que d'avoir lieu.

     

    Les trois prochains mois nous réservent sans doute bien des surprises, mais ce spectacle électoral m'incite plutôt, tout en le suivant et en m'y engageant, à proposer « autre chose que ce qui existe » présentement : la Monarchie héréditaire et successible (ce dernier terme étant ardemment défendu par mon ancien professeur d'université Claude Nières, qui le préférait même à « héréditaire ») a le mérite immense de préserver la magistrature suprême de l’État des appétits et des ambitions politiciennes tout en chargeant (et le terme n'est pas inapproprié) une famille de cette représentation symbolique de l’État et le roi lui-même de la responsabilité de l'arbitrage politique. Cela n'empêche évidemment pas la vie parlementaire et le débat politique, mais, lorsque la « première place » est prise, les risques d'une dérive et d'abus de pouvoir sont plus limités (sans, pour autant, disparaître complètement, les hommes étant ce qu'ils sont, et la Monarchie n'ayant pas vocation à faire des hommes parfaits...).

     

    Qu'elle apparaisse lointaine en ces temps d'élection présidentielle n'empêche pas la Monarchie d'être toujours nécessaire : peut-être est-ce le spectacle contemporain de cette lutte des clans et des chefs pour un bail chez Mme de Pompadour* qui fera, a contrario, réfléchir nos concitoyens et avancer dans les esprits l'idée royale... Dance cas, l'élection du printemps aura au moins servi à quelque chose ! 

     

    * Le palais de l’Élysée a appartenu à la marquise de Pompadour, favorite du roi Louis XV...

     

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Et si, pour redresser la France, on restaurait la monarchie ? C'est sur Boulevard Voltaire que la question est posée

     

    Par Laure Fouré
     
    « À quoi bon confier le pouvoir à un gouvernant qui ne dispose pas des moyens juridiques de l’exercer ? » C'est cette question que pose Laure Fauré dans un article pertinent de Boulevard Voltaire [28.01]. La citation finale de Patrick Buisson démontre d'ailleurs amplement que ce ne sont pas seulement des moyens juridiques qui manquent au régime actuel pour être un Etat digne de ce nom, en tout cas digne de la France, adapté à elle. Cette citation atteste aussi de la profonde imprégnation de la pensée de Patrick Buisson par les doctrines contre-révolutionnaires. Quant au Prince lui-même, il devra, en effet, disposer du consentement des Français - quel que soit le moyen de l'exprimer. Sans-doute ne pourra-t-il être qu'un prince pleinement français. Français de droit et, plus encore, français de fait. Ainsi sont les princes d'Orléans dont on rappellera pour finir qu'ils sont des Bourbons.  Lafautearousseau

     

    3632260486.jpgAlors que la campagne électorale en vue du prochain scrutin présidentiel bat déjà son plein à travers le lamentable spectacle des « primaires » de la droite comme de la gauche, dont les candidats rivalisent de médiocrité, comment ne pas se prendre à rêver d’un changement de régime puisque celui-ci, depuis des décennies, ne cesse de défaire la France ?

    Certes, le fondateur de la Ve République entendit restaurer notre cher et vieux pays en le dotant d’une Constitution propre à redonner une certaine autorité au chef de l’État, mais ses successeurs s’appliquèrent tant à dégrader la fonction, jusqu’à abandonner la souveraineté dont ils disposaient au profit de l’oligarchie européenne, qu’il ne nous reste aucun espoir de redressement sans un renouvellement profond des institutions qui nous régissent.

    Malgré l’affirmation incantatoire des « valeurs de la République », au contenu jamais défini mais qu’il faudrait respecter comme de nouvelles Tables de la Loi, les Français assistent impuissants à la décadence d’une nation dont le rayonnement illumina pourtant le monde jusqu’aux heures funestes de la Révolution de 1789, matrice des idéologies totalitaires qui ensanglantèrent le siècle dernier.

    Face à ce désastre, la France ne se redressera qu’en renouant avec la tradition multiséculaire qui correspond le mieux à la nature particulière de son peuple et aux vicissitudes de son histoire, selon la méthode de l’empirisme organisateur brillamment développée par Charles Maurras, à savoir une monarchie héréditaire garante d’un État fort délivré de l’emprise des partis qui divisent les citoyens en factions rivales et destructrices de l’unité nationale.

    Bien sûr, le retour du prince, que les Français pourraient désigner par référendum parmi les héritiers des Bourbons et des Orléans, ne constitue qu’un moyen et doit s’accompagner impérativement de la mise en place de nouvelles institutions, après dénonciation des différents traités qui ont progressivement confisqué les principaux attributs de notre souveraineté politique. 

    En effet, il est indispensable de recouvrer notre indépendance, sans laquelle aucune réforme ne saurait être conduite efficacement : à quoi bon confier le pouvoir à un gouvernant qui ne dispose pas des moyens juridiques de l’exercer ?

    Grâce à cette nouvelle liberté d’action, le roi pourra redevenir le fédérateur des intérêts particuliers en vue du bien commun de l’ensemble des citoyens, incarner la continuité de l’État par la transmission héréditaire de la fonction et permettre au peuple français de reconquérir son identité à un moment de son histoire où celle-ci se trouve gravement menacée, tant par l’invasion migratoire de populations exogènes que par la colonisation culturelle et linguistique du monde anglo-saxon, plus particulièrement de l’empire américain.

    Comme le rappelle Patrick Buisson dans son dernier ouvrage,« l’idée que l’autorité politique ne constitue pas un dominium, un droit de propriété rapporté à un individu, mais un ministerium, un office exercé au nom de tous, est au cœur de la pensée occidentale. […] Cette vision de l’administration de la Cité aura d’abord été en France le propre de la monarchie, pour qui elle semble inséparable de la conception organiciste de la société qu’exprime Louis XIV dans son Mémoire pour l’instruction du dauphin rédigé en 1661 : “Car enfin, mon fils, nous devons considérer le bien de nos sujets bien plus que le nôtre propre”. » Seul un roi puisant sa légitimité dans l’Histoire est véritablement capable de servir « la cause du peuple ».  •

    Juriste
  • Corruption, actualité la plus immédiate : Rousseau vient d'écrire à d'Alembert...

     

    Mur-bleu gds.jpgDe Cahuzac et Thévenoud hier (vous savez, ces deux pourfendeurs PS de la fraude fiscale, qui appelaient les galeux à « faire repentance »), à Fillon aujourd'hui - et encore, pour ne parler que d'eux, dans l'immense foule qu'il faudrait citer ! -  prenons le temps d'être court, comme le conseillait Pascal ; et lisons les mots que Jean-Jacques vient d'envoyer à Jean Le Rond (plus connu par la suite de son nom : d'Alembert).

    Ils semblent écrits d'hier, non ? :

    « Jamais, dans une monarchie, l’opulence d’un particulier ne peut le mettre au-dessus du Prince ; mais, dans une république, elle peut aisément le mettre au-dessus des lois. Alors, le gouvernement n’a plus de force, et le riche est toujours le vrai souverain »

    Jean-Jacques Rousseau, Lettre à d’Alembert sur les spectacles, 1758.

    Comprenne qui pourra, comprenne qui voudra ... 

  • La Belle et la Bête

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    Il devait s’agir d’une « élection primaire ouverte » organisée par le Parti socialiste. Mais, avant tout soucieux de communication, M. Cambadélis, en a fait des « primaires citoyennes » (notez le pluriel, sans doute emphatique mais on se demande pourquoi; et l’adjectif en voie de dépréciation, tout de nos jours étant « citoyen » - sauf peut-être la lecture du présent article), et désormais organisées par une certaine « Belle Alliance populaire » (sans doute une antiphrase). Qu’importe qui de MM. Valls ou Hamon l’aura finalement emporté : vu la tournure des événements, il est fort peu probable que le candidat de la « Belle, etc. » fasse bonne figure à l’élection présidentielle. Cette primaire était manifestement à usage interne : il s’est agi ni plus ni moins de prendre la main sur le parti, ou ce qu’il en reste, en vue d’échéances plus lointaines. On voit bien la dérive…

     

    Qui dira en effet les torts de toute «  primaire » ? Qu’elle concerne la droite ou la gauche, ce type d’élection constitue un dévoiement des institutions, en ce qu’elle contribue à contourner la constitution de 1958, conçue pour minimiser le rôle des factions. Déjà malmenée par le quinquennat, voici cette constitution en butte à la réinstallation sans vergogne par les partis d’un jeu politicien jusque là plus ou moins contenu : la bête reconquiert son territoire. Certes, ne sont concernés dans les faits que les deux grands partis, adoubés par les médias puisque dits « de gouvernement ». Il s’agit cependant bien d’une simple imitation destinée sans aucun doute à accentuer l’américanisation de notre vie « politique » (guillemets de rigueur). Tout le petit monde des appareils politiciens et médiatiques y trouve son compte, faisant mine d’ignorer que ce qui fait sens aux Etats-Unis, où depuis deux siècles le clivage démocrate-républicain structure la vie électorale, confine chez nous au non sens pur et simple.

     

    Du coup, on ne peut s’étonner qu’une primaire devienne l’occasion des propositions les plus utopiques, autant dire démagogiques (l’abolition des frontières, le revenu universel, le droit à l’enfant, etc.). ce que M. Valls lui-même a le mérite de dénoncer clairement : « promettre n’importe quoi pour gagner » (Alfortville, vendredi 27). Au mieux aura-t-on droit à un catalogue de mesures relevant de la simple bonne (ou mauvaise) gestion ministérielle, très nettement en deçà de ce qu’il faut bien appeler le sens et l’intérêt de l’Etat. Ainsi, et à titre d’exemple, MM. Valls et Hamon n’ont fait qu’effleurer dans leur débat du 26 ce que devrait et pourrait être une politique étrangère conforme à nos intérêts et à notre légitime ambition. Mais n’est-il pas déraisonnable d’attendre du politicien qu’il se transforme en politique ?

     

    Les primaires ne font que participer d’un mouvement plus général. Minée de l’intérieur, la Ve République montre ses limites. Sa décomposition peut aller très vite. Ainsi, certains, dont M. Mélenchon, réclament une sixième république, aux antipodes de l’actuelle « monarchie républicaine ». Retour au funeste parlementarisme garanti. Pour le coup, c’en serait fait de ce qui reste d’un Etat souverain plus ou moins capable d’assurer ses missions régaliennes. 

  • Élections : 2 + 2 = 5

     

    par Ph. Delelis

    En principe, le comptage des voix dans une élection ne fait appel qu’aux quatre opérations élémentaires (additions, soustractions, multiplications, divisions), mais, visiblement, certaines ne sont pas connues des organisateurs. 

    Un petit récapitulatif n’est donc pas superflu en vue notamment des scrutins futurs (le passé a ceci d’irritant qu’il ne peut pas être changé).

    1. Le nombre de bureaux de votes au début et à la fin du scrutin doit être identique. Si ce n’est pas le cas, il y a plusieurs explications possibles mais une fracture spatio-temporelle ou, plus généralement, un phénomène spontané de physique quantique, ne sont pas les plus probables.

    2. La somme des voix recueillies par un candidat dans tous les bureaux de vote doit être égale au nombre de voix recueillies par ce même candidat au niveau national.

    Si ce n’est pas le cas, il y a peu explications rationnelles mais peut-être l’usage de l’algèbre non commutative. Toutefois, il devrait être admis que si le règlement de l’élection n’a pas permis le recours à cette forme particulière d’algèbre, alors on ne devrait pas l’employer. D’une façon générale, le cadre mathématique conceptuel ne devrait pas être laissé à l’appréciation des présidents de bureaux de vote. Au centralisateur des résultats non plus, d’ailleurs.

    3. La « participation » n’est pas un concept abstrait mais le nombre concret des électeurs déposant un bulletin dans une urne (matérielle ou électronique).

    Si, au fur et à mesure du dépouillement, la participation ne suit pas une progression globalement linéaire mais au contraire subit des fluctuations, alors il est probable que le centralisateur des résultats, au lieu de pratiquer une addition qui le fatiguait par sa simplicité, a suivi une suite de Collatz. Celle-ci consiste, pour la détermination du chiffre suivant à prendre, ou bien la moitié du terme précédent si celui-ci est pair, ou bien le triple du terme précédent augmenté de 1 s’il est impair. Cette suite restant encore une énigme pour les mathématiciens, il est peu recommandé, là encore, d’y avoir recours.

    4. En divisant le total des voix obtenues par un candidat par le nombre de suffrages exprimés (le total des bulletins moins les bulletins blancs et nuls), et en multipliant par cent, on obtient le « pourcentage » de voix de ce candidat. Cette notion, un peu subtile il est vrai (quoique figurant au programme du CM2), permet une comparaison rapide des scores. Si le numérateur ou le dénominateur change, et hors le cas où ils se modifient dans une proportion identique, alors le pourcentage change.

    Si ce n’est pas le cas, alors il est probable que l’on ait encore quitté l’arithmétique des Hussards de la République et que l’on ait glissé, par exemple, vers la géométrie hyperbolique. Elle a certes permis les voyages dans l’espace mais n’est pas spécialement adaptée aux processus électoraux. Sauf, bien sûr, à vouloir envoyer le scrutin dans un trou noir. 

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  • lafautearousseau est-il fait pour toi ? Et toi, es-tu fait [faite] pour lafautearousseau ?

    La Marianne noire nouvel emblème de notre république diversitaire ?

     

    1903076588.10.jpgL'actualité, qu'elle soit nationale ou internationale, est trop souvent déprimante pour refuser toute occasion de rire ou de sourire un peu. Regardez les 30'' amusantes de cette pub télé, assez bien faite, pour SFR 1. Puis, lisez le pastiche qu'elle nous a inspiré. Parodie évidemment « politique », « détournant » un spot publicitaire, pour la bonne cause et l'appliquant non plus au ballon rond mais... à votre quotidien préféré. A noter que nous ne tutoyons pas les lecteurs de Lafautearousseau, d'ordinaire : nous ne le faisons ici qu'à à titre parodique, évidemment ... 

     

     

    Ce qui pourrait donner quelque chose comme ceci :

    Si tu penses que métissage et immigration sont les deux mamelles de la nouvelle France que nous concocte le Système, et que c'est très bien ainsi..

    Que le fin du fin, c'est de faire rentrer chaque année en France 300.000 Erythréens, Somaliens, Maliens, Tchétchénes, Kosovars et autres Syriens, sans oublier bien sûr les chers maghrébins, tout cela au nom de la « diversité » (!), qui tue, précisément, la « diversité France »...

    Si pour toi la France n'est qu'un vaste hall de gare où vient qui veut, un immense tiroir-caisse pour toutes les Léonarda de la planète, bref une simple vache-à-lait pour le monde entier...

    Si ta passion c'est les « migrants » (!), les « sans-papiers » (!!) et ceux qui se mettent hors la loi pour aider ces hors la loi (!!!)... alors

    Ne regarde pas ce quotidien, il n'est pas fait pour toi !

    II 

    Mais pour les passionnés de la France, de ses traditions, de ses racines, pour ceux qui croient en son avenir et sont prêts à se battre pour lui, pour ceux qui veulent tout donner pour la France et qui sont décidés à « la préserver des barbares et de la barbarie » (Charles Maurras) ...  alors

    Bienvenue sur ce quotidien !

    Viens retrouver en exclusivité, chaque jour, une analyse et une ligne politique claire, dans l'esprit de l'Action française et au service du seul Bien commun ! 

    Lafautearousseau, le quotidien de l'Action française sur le Net !

    Et, à la fin, au lieu de te croiser les bras, comme dans la vidéo :

    • Tu donnes à ton quotidien les moyens d'exister (minimum 5 euros chacun par an - plus, si tu peux - c'est à ta portée, non ?);

    • Et tu fais connaître et tu diffuses à tour de bras, autour de toi, à tous ceux que tu apprécies, le premier quotidien dont dispose l'Action française depuis 1945 où son imprimerie lui fut volée et son titre interdit.  

  • Identité socialiste

     

    par Gérard Leclerc

     

    XVM495e5cb0-8a51-11e6-8bce-57b23a9183a7-100x108.jpgL’affrontement qui oppose Manuel Valls et Benoît Hamon est sans aucun doute décisif pour déterminer ce qu’est ou ce que sera l’identité de la gauche. Cette question de l’identité n’a pas été dénouée. Le Parti socialiste n’a pas eu son Bad Godesberg. Faut-il rappeler que le Parti social démocrate allemand décida, lors de son congrès de Bad Godesberg en 1959, l’abandon de ses références au marxisme et l’adoption de l’économie de marché. Jamais, le Parti socialiste français ne s’est livré à pareil aggiornamento en dépit du tournant qu’a constitué en 1983 le changement radical de politique économique du président Mitterrand, à l’instigation de Jacques Delors. François Mitterrand n’était nullement disposé à reconnaître la mutation idéologique pourtant évidente qui s’était produite, avec l’abandon de l’orientation étatiste de son projet présidentiel.

    Il est vrai qu’il y a dans le patrimoine du socialisme français une désinence possibiliste. Sans renier les objectifs ultimes de transformation sociale, il s’agit de consentir à un certain pragmatisme, sans lequel l’exercice des responsabilités réelles n’est pas possible. Mais avec le tournant de 1983, on est très au-delà du possibilisme. On se lie complètement aux règles du libre-marché, sur lesquelles d’ailleurs l’autorité de Bruxelles exerce une vigilance sans faille. Il y a des socialistes qui n’ont jamais admis ce tournant. Jean-Luc Mélenchon en est le prototype. Ceux qu’on a appelés les frondeurs participaient aussi, à leur manière, de cette fidélité à l’ADN du socialisme, en se dressant contre toutes les décisions du quinquennat de Hollande qui renforçaient l’alignement du pouvoir sur le libéralisme économique.

    Benoît Hamon est-il l’homme qui ramènera le Parti socialiste à ses purs idéaux ? Incontestablement le désaccord avec la ligne de Manuel Valls est profond. Y aura-t-il pour autant désaveu du tournant de 1983, avec toutes ses conséquences ? Ce n’est nullement évident, comme il n’est nullement évident que soit renoués les liens avec la tradition syndicaliste et ouvrière des origines. Un Jean-Claude Michéa rappelle obstinément qu’il y incompatibilité entre cette tradition et l’évolution libertaire des frondeurs qui restent complices d’une culture largement commune avec les libéraux-libertaires.

    Gérard Leclerc - France catholique

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 26 janvier 2017.

  • La charge d'Alain Finkielkraut contre « les fossoyeurs du grand héritage français »

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  • PS, date de péremption dépassée

     

    par Olivier Pichon

     

    thU42DGU00.jpgLa primaire du PS pourrait constituer l’annonce de la fin du parti socialiste, si ce n’est du socialisme. Ne nous réjouissons pas prématurément ; en 1993 il fut balayé à l’assemblée nationale, en 2002, absent au second tour des présidentielles. Il a su se redresser depuis, en partie sous la houlette de son secrétaire général, un certain François Hollande. Aujourd’hui le cadavre bouge encore, mais son fossoyeur pourrait bien en être Benoît Hamon, électoralement parlant du moins. Il en a d’ailleurs la tête…

    Valls et Hollande sanctionnés, la paresse plébiscitée

    Sans préjuger des résultats du second tour et a fortiori de la présidentielle, les militants (peu nombreux) ont voté non pour un présidentiable mais pour un candidat qui conserverait les valeurs du socialisme. Examinons de près ces valeurs en question. Parmi celles-ci, les tendeurs de sébile ont voté massivement pour le revenu universel de Benoît Hamon. Ils attendent encore de l’Etat qu’il distribue, sans comprendre que ce sera un grain de mil dans la bouche d’un âne et qu’il y a belle lurette que l’on distribue en creusant la dette, sur le dos des générations à venir. Un vote égoïste, ignorant et archaïque.

    Il y a « 11 millions de pauvres » en France, nous apprend la presse, chiffre en augmentation, et l’on continue à redistribuer ! En bonne logique, ce chiffre devrait baisser. Hamon a-t-il pensé avec son revenu universel, au gendre de Marx (l’époux de Laura, Paul Lafargue, qui était mal vu par son Beau-père), qui fit l’éloge de la l’inactivité dans un livre : « Le droit à la paresse » 1883 (l’année de la mort de Marx). Il défendait l’idée que les ouvriers ne devaient pas réclamer le droit au travail – c’est une erreur masochiste selon Paul Lafargue.
    La sécurité sociale contre la sécurité nationale.

    Plus de 750 milliards d’euros, c’est le budget social de la France. Contre 35 milliards pour le budget militaire ! En cette période troublée voilà qui ne laisse pas d’inquiéter. Mais Benoît Hamon ne nous a guère parlé de souveraineté et d’indépendance nationale, voire de sécurité publique. Il a reçu le soutien de Martine Aubry et d’une vingtaine de dinosaures échappés de Jurassic Park.

    Dans ces conditions on serait tenté presque de défendre Valls qui a quelques lumières sur le fait que le socialisme remonte à deux siècles et qu’il est une vieille lune promise à l’oubli de l’histoire. Il semble entrevoir qu’à côté de l’Etat providence, il existe un Etat régalien étouffé par le premier. La réduction du temps de travail et les loisirs, voire l’oisiveté rentière sont beaucoup plus le résultat de la productivité, de l’investissement, du marché et du capital que de la loi.

    Mais où est donc Macron ?

    Nous avons donc en matière d’offre politique les socialistes sans le socialisme, Valls par exemple, les socialistes « socialistes » avec Mélenchon, Hamon, Montebourg, les socialistes sans le dire avec Philippot mais le cas le plus complexe est incontestablement Macron. Il est de gauche mais pas socialiste. Pour simplifier, il est sur la ligne Valls mais en plus charmeur, et en amputant son discours de la souveraineté, de l’identité et de l’autorité, sur lequel Valls a eu la témérité d’aller – ce qu’il vient de payer cher.

    Macron sera donc de gauche sans le socialisme ou de gauche avec le sociétal. Mais ses positions sur la sécurité sociale, sur le temps de travail, sont des positions partagées à gauche, surtout n’y rien changer ! Là où il fait preuve d’un peu plus de hardiesse, c’est sur l’apprentissage et le statut des autoentrepreneurs. Il veut être le candidat du travail, (pas d’accord avec Paul Lafargue!) : baisse des charges, maintien du CICE. Simplifier le code du travail ? Du bon sens tout simplement.

    Tout cela ne justifie pas enthousiasmes et ralliements, il demeure assez largement étatiste lorsqu’il transfère les cotisations salariales sur la CSG et augmente la taxation du capital, alors même que celui-ci est déjà fortement taxé et constitue la première cause du refus de prise de risque, qu’il préconise par ailleurs. Quant aux retraités, s’il s’en trouve qui votent Macron… c’est par ignorance ou masochisme. Ils sont dans le collimateur du gentil gendre idéal. Des mots que tout cela, beaucoup de flou et de contradictions. Macron, pour capter les centristes, affirme aimer l’Europe. Mais de quelle Europe s’agit-il, celle de Jean-Claude Junker ou celle des patries ?

    Sur le plan électoral, si Hamon l’emporte au second tour, il peut tailler des croupières à Mélenchon. Mais pour Macron, décidément favorisé par le sort, Hamon peut jouer le rôle de repoussoir et lui permettre d’engranger les voix qui se seraient portées sur Valls. L’heure de vérité devrait sonner pour l’enfant chéri des dieux de la gauche et du système. Sa présence au second tour n’est pas improbable, de même que son élection à la présidence, tout dépendra de l’adversaire qu’il aura face à lui. On peut deviner déjà celui ou celle qui le ferait élire. La France aura alors un président socialiste et tout rentrera dans l’ordre !   

    Politique magazine - 01.2017
  • En cingleries aussi, jamais deux sans trois : après l'ISF et les 35 heures, le Revenu universel !

    « Benoît Hamon, atteint du syndrome (ou du complexe) d'Erostrate » 

     

    Mur-bleu gds.jpgIl était une fois...

    Il était une fois un petit élu de parti, qui avait un gros problème : comment acquérir de la notoriété, comment devenir connu, à défaut d'être célèbre, se demandait-il ? Et cela, parce qu'il voulait absolument gagner une élection. Oh, pas grand-chose, pas une grande élection, non ; vraiment, même, très peu de chose : la primaire du Parti socialiste.

    Que faire, que dire, qu'inventer ? se lamentait-il. La folie des 35 heures ? Martine me l'a déjà piquée ; l'autre folie de l'ISF, piquée aussi, par François (pas Hollande, non, Mitterrand) !

    Alors, Benoît a fait comme Erostrate : vous savez, ce grec inconnu qui, désirant à tout prix sortir de l'anonymat, incendia cette merveille du monde qu'était le temple d'Artémis, à Ephèse. Succès complet de l'opération : vingt-quatre siècles après, si le monde a perdu l'une de ses merveilles, Erostrate, lui, est passé à la postérité, et pour toujours.

    Benoît Hamon, atteint du syndrome (ou du complexe) d'Erostrate a trouvé lui aussi, enfin, son idée géniale. Il n'y a plus de temple à brûler, alors il a pensé à un truc sensationnel : je vais, se dit-il, donner 700 euros par mois à tout le monde ! Et j'appellerai cela le Revenu universel ! En voilà une idée qu'elle est bonne, se dit-il, tout content de lui, et, ni une ni deux, il se mit à proposer son thème de campagne. « Car il faut faire rêver », répondit-il à ceux qui le regardaient, mi effarés, mi consternés. Et il ne s'abaissa pas à expliquer comment il trouverait les 3 à 400 milliards que coûterait sa génialissime invention : cela aurait été d'un vulgaire ! Rêvons, vous dis-je... Et puis, il était tellement content de se démarquer ainsi de Hollande : lui avait dit « je ferai payer les riches », Hamon rétorque, superbe « je ferai toucher les riches » et Liliane Bettencourt recevra ses 700 euros par mois, comme tout le monde !... 

    Dans sa chronique du Figaro magazine, Zemmour, avec raison, tourna la chose en dérision ; et il nota : Hamon cartonne à Alger et Bamako, il fait un tabac, là-bas. Parce que, « le tam-tam de Jonathan », pour reprendre le titre d'un ouvrage du grand visionnaire Jean Raspail, cela fonctionne très bien : « Y’a bon la France ! » voilà ce qui se transmet, plus vite que la vitesse de la lumière ou du son, dans toute l'Afrique, de celle du Nord à la sub-saharienne. Oui, l'intéressé n'en a peut-être pas conscience, ou il n'en a cure, mais le résultat de sa démagogie délirante c'est ce cri qui court partout, dès maintenant : « Y’a bon, Hamon, y'a bon la France... ».

    Oui, mais, pour nous, la France et les Français, Hamon et ses folies, « y’a pas bon », mais pas bon du tout...

    Car, pour parler clair, outre le formidable appel d'air supplémentaire que cette folie furieuse créerait en matière d'immigration, Benoît Erostrate, pardon, Benoît Hamon n'a pas l'air de se rendre compte que son idée géniale, suréminente, sublimissime, ce serait tout simplement un GBSA, un grand bond social en arrière : un saut dans le temps passé de 2.000 ans, qui nous ferait revenir à cette époque où le peuple de la ville de Rome s'accommodait fort bien de ne pas travailler, pourvu qu'il ait de quoi manger et de quoi se distraire; et ce serait le retour de la mentalité décadente du « panem et circenses », que dénonçait Juvenal : le beau « progressisme » que voilà ! Qu'il est « novateur », ce programme qui ramène 2.000 ans en arrière !... 

    Illustration : Erostrate de Fernando Pessoa - La Différence.

  • L'analyse de Zemmour : « Benoît Hamon, le socialiste qui monte parce qu'il promet tout »

     

    CHRONIQUE - Éric Zemmour voit en Benoît Hamon l'idole montante des étudiants idéalistes et des banlieues où le chômage des jeunes est massif. [Figarovox - 20.01]. Comme toujours ou presque sa critique touche les points sensibles et dégage l'essentiel.  LFAR

     

    522209694.4.jpgIl est l'homme qui monte. Celui qui remplit les salles. Suscite l'enthousiasme sur les réseaux sociaux. Le Fillon de la primaire socialiste, se réjouit-on déjà dans son entourage.

    Benoît Hamon a tout compris. Celui que Martine Aubry appelait « petit Ben » avec affection a bien grandi. Il a retenu les leçons de ses glorieux aînés. Il a fendu l'armure, comme avait dit Jospin. Et il nous étonne par sa démagogie, comme avait dit Chirac. Rien ne l'arrête ni ne le retient. Son « revenu universel » jongle avec les centaines de milliards d'euros, mais lui ne cille pas d'effroi. On se demande parfois s'il n'est pas comme nos grands-parents qui mélangeaient les anciens francs et les nouveaux !

    Mais Hamon n'en démord pas. Le travail est mort, les robots vont tout prendre ; il faut donc payer les gens à ne rien faire. Avec quel argent ? On trouvera. Les riches sont là pour ça. Et si cela ne suffit pas, la Banque centrale fabriquera les billets nécessaires.

    Petit Ben a réponse à tout. A côté de lui, Arnaud Montebourg passe pour un père Fouettard lorsqu'il défend le travail et l'industrie comme socle de la richesse nationale. Evidemment, c'est moins « fun » que la multiplication magique des billets !

    Hamon ne s'arrête pas en si bon chemin. Il condamne toute fermeture des frontières aux migrants. L'honneur de la France, les valeurs, l'accueil, la tradition d'asile, la République… etc. On connaît la chanson. Il tance, tel un prêtre du nouvel ordre moral, Manuel Valls qui a osé dire à Angela Merkel qu'elle avait eu tort d'ouvrir en grand ses bras aux migrants. Hamon ne met à son revenu universel aucune limite ni d'âge ni de nationalité. Et ne supprime par ailleurs aucune allocation déjà existante. C'est open bar !

    Il va faire un tabac à Alger ou à Bamako. Il est déjà devenu l'idole des étudiants idéalistes et des banlieues où le chômage des jeunes est massif. Il a fait les gestes et dit les mots qu'il faut. Il a condamné Israël et exalté la « juste lutte » des Palestiniens. Il a dénoncé le Syrien Assad qui combat Daech. Lorsque les caméras de France 2 ont découvert dans des cafés de banlieue que les femmes y étaient persona non grata, il a aussitôt répliqué que le sexe féminin était de même interdit des bars ouvriers au XIXe siècle. Peu importe que ce soit un odieux mensonge, et que les ouvrières se rendaient dans les bars à l'époque de Maupassant ou de Zola, Hamon n'a cure de la vérité historique ; seule la vérité électorale l'intéresse.

    Hamon n'aime pas les ouvriers mais les chômeurs ; il est féministe lorsqu'il s'agit de défendre le mariage gay dans les bars du Marais ; il l'est beaucoup moins dans les bars de Sevran, où les jeunes hommes lui expliquent « qu'on est ici comme au bled ». Jusqu'où ne montera-t-il pas ? 

    Eric Zemmour           

  • La circonscription de François Fillon offerte à NKM : une lâche soumission…

     

    Par Robert Ménard

    Comment ne pas y voir un symbole ? Et un présage ? C'est ce qui est exposé ici à fort juste titre. [Boulevard Voltaire 23.01]. D'accord avec Ménard !  LFAR 

    3557448962.jpgFrançois Fillon a donc offert sa circonscription, sa propre circonscription, à Nathalie Kosciusko-Morizet. Comment ne pas y voir un symbole ? Et un présage ?

    Celle-là même qui incarne l’exact opposé des convictions affichées par l’ancien Premier ministre — en matière de mœurs, de religion, d’immigration, de famille, d’éducation… — hérite donc, grâce à lui et avec sa bénédiction, d’un fief acquis de tout temps à la droite, d’une véritable rente de situation.

    J’avoue n’avoir jamais imaginé que François Fillon donnerait si vite et si clairement la preuve — oui, la preuve — qu’il était prêt à abandonner, et avant même le début de la campagne, cette rectitude qu’il présentait pourtant comme sa marque de fabrique.

    Il a beau réaffirmer que, malgré les pressions, il ne changera rien à son programme – devrait-il en être perçu comme un « extrémiste » -, le champion des Républicains nous prépare, avec cette place — et quelle place ! — offerte à la pire ennemie de ceux qui l’ont élu, à bien d’autres capitulations, à bien d’autres reniements.

    On a beau se souvenir que Rachida Dati ne fut pas un grand garde des Sceaux — c’est le moins que l’on puisse dire —, on la prend presque en sympathie quand on la compare à une NKM, toute en arrogance, en suffisance, véritable égérie de cette droite honteuse d’elle-même, de ces élites qui choisissent leur camp au doigt mouillé, seulement obsédées de leur carrière, de leur réussite, convaincues de leur supériorité d’appartenir à une caste à qui le pouvoir, ses attributs et ses avantages seraient réservés. 

    On répondra, du côté des supporters de François Fillon, que c’est le prix à payer pour avoir la paix dans ses propres rangs, qu’il vaut mieux une NKM redevable qu’une NKM en liberté, que son pouvoir de nuisance est tel… bref, on nous répondra que la politique, c’est la politique et que, pour gagner une élection…

    Une petite musique que les soutiens de l’ex-Premier ministre juraient pourtant de ne pas reprendre à leur compte. On ne mangeait pas de ce pain-là, nous promettaient-ils.  

    Gagnant de la primaire de la droite contre toute attente, François Fillon n’allait pas finir de nous surprendre… Il nous aura donc surpris, en effet. Mais par la rapidité de l’abandon de ces « valeurs » dont il se parait… 

    J’ai une pensée pour mes amis de Sens commun à qui je n’ai jamais fait, comme certains, de procès en haute trahison. Mais comment, aujourd’hui, avaler cette couleuvre supplémentaire ? Difficile, d’un même mouvement, de saluer le succès de la Marche pour la vie et d’aller voter pour une NKM qui déclarait encore au magazine Têtu, en novembre dernier : « Dans le fond, j’aurais pu voter le mariage pour tous… »

    NKM promue, protégée, sanctuarisée, c’est l’alignement sur ce qu’il y a de pire dans la politique. Ce contre quoi la génération Manif pour tous s’est élevée. Pire qu’un renoncement. Une lâche soumission. 

    Robert Ménard

    Maire de Béziers

    Ancien journaliste. Fondateur de Reporters sans frontières et de Boulevard Voltaire

  • L'amitié franco-allemande

     

    Par Jean-Philippe Chauvin

    L’amitié franco-allemande est un bienfait, et elle ne doit pas être un carcan si elle veut demeurer et prospérer.

     

    4184008190.jpgForcée ou déséquilibrée, elle serait source de ressentiment et l’on sait combien ce dernier peut porter les nuées terribles du dissentiment et, parfois, de la guerre (1), comme celles des deux derniers siècles entre la vieille France et la nouvelle Allemagne née de notre défaite de 1870. Accuser la germanophobie française d’être responsable des trois derniers conflits directs entre les deux pays, comme l’a fait récemment le candidat importun et désavoué Vincent Peillon, est ridicule et peu conforme à la réalité, tout comme serait inopportun une germanophilie qui se parerait de l’idée « d’Europe » pour renoncer à toute indépendance française, pourtant première condition d’une franche amitié entre deux puissances qui, effectivement, ont longtemps eu des intérêts conflictuels en Europe, mais peuvent toujours gagner à les dépasser, sinon à les oublier… 

    Le jour du premier tour des primaires de la Belle Alliance Populaire était aussi l’anniversaire de ce fameux traité de l’Elysée, signé par de Gaulle et Adenauer, le 22 janvier 1963, traité trop souvent oublié et, il faut le dire, tout aussi incompris par ceux qui le commémorent sans le connaître. Et pourtant ! Ce traité mériterait une lecture attentive et, pourquoi pas, d’être revalorisé par les deux Etats, dans son esprit original : car, nos européistes ne s’en vantent pas, c’est bien Jean Monnet, le « père fondateur de l’Europe », qui a fait échouer ce traité car il ne rentrait pas dans le cadre de ses idées atlantistes… C’est ce qu’explique Michel Clapié dans son manuel universitaire « Institutions européennes » (publié en 2003) : « le traité de l’Elysée du 22 janvier 1963 (…) devait ouvrir l’ère nouvelle d’une entente franco-allemande privilégiée destinée à prendre le pas sur la relation transatlantique jusque-là défendue par Bonn. (…) Le traité de Paris fut aussitôt dénaturé par le Bundestag qui n’en autorisa la ratification qu’en l’assortissant d’un préambule directement inspiré par Jean Monnet, qui réaffirmait le lien privilégié de l’Allemagne avec les Etats-Unis d’Amérique, (…) un préambule dans lequel il était dit que ce traité ne portait pas préjudice à la loyauté du gouvernement fédéral vis-à-vis de l’OTAN, ni aux relations étroites entre l’Amérique et l’Europe. (2)» Ainsi, c’est bien Jean Monnet qui a été le fossoyeur de l’indépendance européenne et, d’une certaine manière, de la construction européenne souhaitable… (3) 

    Aujourd’hui, l’Allemagne s’est émancipée de la France et de son lien particulier avec celle-ci, et plus encore depuis Mme Merkel qui reprend la politique bismarckienne de M. Kohl, mais en y ajoutant une volonté de domination (sans la puissance ?) de son pays sur l’Union européenne toute entière : la tragédie grecque dont M. Hollande fut le témoin impuissant (certains diraient le complice passif…) a renforcé la position allemande dans le monde économique et politique, et lorsque le monde extérieur pense « Europe », il téléphone à Berlin, non à Bruxelles ou à Paris, à rebours de 2003 où c’était la France de MM. Chirac et Villepin qui incarnait et entraînait l’Europe (en coordination étroite avec l’Allemagne et la Russie), du moins celle qui se voulait libre de toute dépendance impériale atlantique… 

    MM. Macron et Fillon veulent renouer des liens forts avec l’Allemagne, et ils ont raison. Mais les liens en question ne doivent pas être ceux qui emprisonnent mais ceux qui, au contraire, servent la liberté de chacun et l’intérêt de tous. Et il faudra, avant que de resserrer ces liens entre les deux Etats que la France, elle, retrouve sa « force d’être » et que son Etat soit digne de son nom et de ce qu’il impose, au regard de l’histoire et du monde qui, comme le clame, au-delà des temps, Georges Bernanos, « a besoin de la France ». Retrouver la liberté de parole que deux quinquennats de suivisme atlantiste ont fortement dégradée… La République en est-elle capable ? Si elle renoue avec la pratique capétienne qui, parfois, fut la sienne depuis de Gaulle, l’espoir est permis ! Mais il y manquera, tant que nous serons en République, la continuité qu’offre, sans mot dire, la présence d’une dynastie à la tête de l’Etat…   

    1. Guerre aujourd’hui impossible entre nos deux pays, la France ayant « l’assurance-vie atomique » contrairement à sa voisine ; 

    2. Extraits de Michel Clapié, « Institutions européennes », Champs Université, Flammarion, 2003, pages 132-133, 376 ;

    3. Cette construction européenne souhaitable n’est sûrement pas le fédéralisme européen selon le rêve de MM. Schuman et Monnet, mais bien plutôt une union confédérale souple des Etats européens… Souple, ce qui ne signifie pas faible, bien sûr !

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • A Paris, Marseille, et des dizaines de villes de France ou de l'étranger, ferveur d'un 21 janvier patriotique

     

    Ce sont des dizaines de messes pour le roi Louis XVI qui ont été dites en France, aux Etats-Unis, en Belgique, en Roumanie, en Pologne et en bien d'autres lieux, samedi 21 janvier. Nous en avons annoncé ici près de quatre-vingt, auxquelles s'ajoutent toutes celles dont certainement nous n'avons pas eu connaissance. Des messes nombreuses et recueillies, mais aussi beaucoup de rencontres, conférences, débats et manifestations de diverses sortes. En ces temps de trouble et d'inquiétude, le besoin de racines, de retour aux sources, nationales et historiques, apparaît ainsi bien plus prégnant qu'aux époques d'insouciance. Ainsi ces évocations du roi Louis XVI, du martyre de la famille royale et des horreurs révolutionnaires, prend-il un tour très actuel.

    A Paris, cette année encore, l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, était tout simplement pleine à craquer, pour rendre hommage au Roi Louis XVI, lâchement exécuté il y a 224 ans. (Photo en titre). La messe, dite à la demande de l’Oeillet Blanc, a été célébrée par le Père Jean-François Thomas. À la demande du chef de la Maison de France, présent, un membre de l’Oeillet Blanc, en l’occurrence, Monsieur Christian Franchet d’Esperey,  a lu en introduction à la Messe de Requiem, le testament du Roi Louis XVI.

    IMG_0786.JPGA Marseille, après une très belle messe, fervente et recueillie, merveilleusement chantée, célébrée par Mgr. Jean-Pierre Ellul, dans la basilique du Sacré-Coeur en présence d'une très nombreuse assistance, une rencontre enrichissante et réussie s'est tenue à Notre-Dame du Liban. Là encore, les participants ont été nombreux, dans une atmosphère amicale et chaleureuse. Jeunes et anciens s'étaient chargés ensemble de l'organisation qui a été de bout en bout excellente : accueil dans les jardins de Notre-Dame du Liban autour d'un vin chaud, bienvenu en cette fin janvier; puis une remarquable conférence de Jacques Trémolet de Villers sur Jeanne d'Arc et Louis XVI, deux martyrs français, après les interventions de Jean Gugliotta, Jérémy Bizu  et la lecture du très beau texte de Choderlos de Laclos qu'on pourra lire ou relire en cliquant ici. Nous n'en disons pas plus : On retrouvera les moments forts de ce 21 janvier à Marseille, on pourra écouter la conférence de Jacques Trémolet de Villers, grâce à une vidéo que nous diffuserons sous quelques jours...  

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    Illustrations : Guy Bertan, Jean Gugliotta, Jacques Trémolet de Villers à la tribune; vues de la salle, comble lors de la conférence.

  • Albert Camus :« Cet échafaud ne marque pas un sommet, il s’en faut. Certes, c’est un répugnant scandale »

     

    albert_camus.jpgLe 21 janvier, avec le meurtre du Roi-prêtre, s’achève ce qu’on a appelé significativement la passion de Louis XVI. Certes, c’est un répugnant scandale d’avoir présenté, comme un grand moment de notre histoire, l’assassinat public d’un homme faible et bon. Cet échafaud ne marque pas un sommet, il s’en faut. Il reste au moins que, par ses attendus et ses conséquences, le jugement du roi est à la charnière de notre histoire contemporaine. Il symbolise la désacralisation de cette histoire et la désincarnation du Dieu Chrétien. Dieu, jusqu’ici, se mêlait à l’histoire par les Rois. Mais on tue son représentant historique, il n’y a plus de roi. Il n’y a donc plus qu’une apparence de Dieu relégué dans le ciel des principes.

    Les révolutionnaires peuvent se réclamer de l’Evangile. En fait, ils portent au Christianisme un coup terrible, dont il ne s’est pas encore relevé. Il semble vraiment que l’exécution du Roi, suivie, on le sait, de scènes convulsives, de suicides ou de folie, s’est déroulée tout entière dans la conscience de ce qui s’accomplissait. Louis XVI semble avoir, parfois, douté de son droit divin, quoiqu’il ait refusé systématiquement tous les projets de loi qui portaient atteinte à sa foi. Mais à partir du moment où il soupçonne ou connaît son sort, il semble s’identifier, son langage le montre, à sa mission divine, pour qu’il soit bien dit que l’attentat contre sa personne vise le Roi-Christ, l’incarnation divine, et non la chair effrayée de l’homme. Son livre de chevet, au Temple, est l’Imitation de Jésus-Christ. La douceur, la perfection que cet homme, de sensibilité pourtant moyenne, apporte à ses derniers moments, ses remarques indifférentes sur tout ce qui est du monde extérieur et, pour finir, sa brève défaillance sur l’échafaud solitaire, devant ce terrible tambour qui couvrait sa voix, si loin de ce peuple dont il espérait se faire entendre, tout cela laisse imaginer que ce n’est pas Capet qui meurt mais Louis de droit divin, et avec lui, d’une certaine manière, la Chrétienté temporelle. Pour mieux affirmer encore ce lien sacré, son confesseur le soutient dans sa défaillance, en lui rappelant sa « ressemblance » avec le Dieu de douleur. Et Louis XVI alors se reprend, en reprenant le langage de ce Dieu : « Je boirai, dit-il, le calice jusqu’à la lie ». Puis il se laisse aller, frémissant, aux mains ignobles du bourreau.

     

    Albert Camus

    L’homme révolté, La Pléïade, pages 528-529