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Actualité France - Page 355

  • En cingleries aussi, jamais deux sans trois : après l'ISF et les 35 heures, le Revenu universel !

    « Benoît Hamon, atteint du syndrome (ou du complexe) d'Erostrate » 

     

    Mur-bleu gds.jpgIl était une fois...

    Il était une fois un petit élu de parti, qui avait un gros problème : comment acquérir de la notoriété, comment devenir connu, à défaut d'être célèbre, se demandait-il ? Et cela, parce qu'il voulait absolument gagner une élection. Oh, pas grand-chose, pas une grande élection, non ; vraiment, même, très peu de chose : la primaire du Parti socialiste.

    Que faire, que dire, qu'inventer ? se lamentait-il. La folie des 35 heures ? Martine me l'a déjà piquée ; l'autre folie de l'ISF, piquée aussi, par François (pas Hollande, non, Mitterrand) !

    Alors, Benoît a fait comme Erostrate : vous savez, ce grec inconnu qui, désirant à tout prix sortir de l'anonymat, incendia cette merveille du monde qu'était le temple d'Artémis, à Ephèse. Succès complet de l'opération : vingt-quatre siècles après, si le monde a perdu l'une de ses merveilles, Erostrate, lui, est passé à la postérité, et pour toujours.

    Benoît Hamon, atteint du syndrome (ou du complexe) d'Erostrate a trouvé lui aussi, enfin, son idée géniale. Il n'y a plus de temple à brûler, alors il a pensé à un truc sensationnel : je vais, se dit-il, donner 700 euros par mois à tout le monde ! Et j'appellerai cela le Revenu universel ! En voilà une idée qu'elle est bonne, se dit-il, tout content de lui, et, ni une ni deux, il se mit à proposer son thème de campagne. « Car il faut faire rêver », répondit-il à ceux qui le regardaient, mi effarés, mi consternés. Et il ne s'abaissa pas à expliquer comment il trouverait les 3 à 400 milliards que coûterait sa génialissime invention : cela aurait été d'un vulgaire ! Rêvons, vous dis-je... Et puis, il était tellement content de se démarquer ainsi de Hollande : lui avait dit « je ferai payer les riches », Hamon rétorque, superbe « je ferai toucher les riches » et Liliane Bettencourt recevra ses 700 euros par mois, comme tout le monde !... 

    Dans sa chronique du Figaro magazine, Zemmour, avec raison, tourna la chose en dérision ; et il nota : Hamon cartonne à Alger et Bamako, il fait un tabac, là-bas. Parce que, « le tam-tam de Jonathan », pour reprendre le titre d'un ouvrage du grand visionnaire Jean Raspail, cela fonctionne très bien : « Y’a bon la France ! » voilà ce qui se transmet, plus vite que la vitesse de la lumière ou du son, dans toute l'Afrique, de celle du Nord à la sub-saharienne. Oui, l'intéressé n'en a peut-être pas conscience, ou il n'en a cure, mais le résultat de sa démagogie délirante c'est ce cri qui court partout, dès maintenant : « Y’a bon, Hamon, y'a bon la France... ».

    Oui, mais, pour nous, la France et les Français, Hamon et ses folies, « y’a pas bon », mais pas bon du tout...

    Car, pour parler clair, outre le formidable appel d'air supplémentaire que cette folie furieuse créerait en matière d'immigration, Benoît Erostrate, pardon, Benoît Hamon n'a pas l'air de se rendre compte que son idée géniale, suréminente, sublimissime, ce serait tout simplement un GBSA, un grand bond social en arrière : un saut dans le temps passé de 2.000 ans, qui nous ferait revenir à cette époque où le peuple de la ville de Rome s'accommodait fort bien de ne pas travailler, pourvu qu'il ait de quoi manger et de quoi se distraire; et ce serait le retour de la mentalité décadente du « panem et circenses », que dénonçait Juvenal : le beau « progressisme » que voilà ! Qu'il est « novateur », ce programme qui ramène 2.000 ans en arrière !... 

    Illustration : Erostrate de Fernando Pessoa - La Différence.

  • L'analyse de Zemmour : « Benoît Hamon, le socialiste qui monte parce qu'il promet tout »

     

    CHRONIQUE - Éric Zemmour voit en Benoît Hamon l'idole montante des étudiants idéalistes et des banlieues où le chômage des jeunes est massif. [Figarovox - 20.01]. Comme toujours ou presque sa critique touche les points sensibles et dégage l'essentiel.  LFAR

     

    522209694.4.jpgIl est l'homme qui monte. Celui qui remplit les salles. Suscite l'enthousiasme sur les réseaux sociaux. Le Fillon de la primaire socialiste, se réjouit-on déjà dans son entourage.

    Benoît Hamon a tout compris. Celui que Martine Aubry appelait « petit Ben » avec affection a bien grandi. Il a retenu les leçons de ses glorieux aînés. Il a fendu l'armure, comme avait dit Jospin. Et il nous étonne par sa démagogie, comme avait dit Chirac. Rien ne l'arrête ni ne le retient. Son « revenu universel » jongle avec les centaines de milliards d'euros, mais lui ne cille pas d'effroi. On se demande parfois s'il n'est pas comme nos grands-parents qui mélangeaient les anciens francs et les nouveaux !

    Mais Hamon n'en démord pas. Le travail est mort, les robots vont tout prendre ; il faut donc payer les gens à ne rien faire. Avec quel argent ? On trouvera. Les riches sont là pour ça. Et si cela ne suffit pas, la Banque centrale fabriquera les billets nécessaires.

    Petit Ben a réponse à tout. A côté de lui, Arnaud Montebourg passe pour un père Fouettard lorsqu'il défend le travail et l'industrie comme socle de la richesse nationale. Evidemment, c'est moins « fun » que la multiplication magique des billets !

    Hamon ne s'arrête pas en si bon chemin. Il condamne toute fermeture des frontières aux migrants. L'honneur de la France, les valeurs, l'accueil, la tradition d'asile, la République… etc. On connaît la chanson. Il tance, tel un prêtre du nouvel ordre moral, Manuel Valls qui a osé dire à Angela Merkel qu'elle avait eu tort d'ouvrir en grand ses bras aux migrants. Hamon ne met à son revenu universel aucune limite ni d'âge ni de nationalité. Et ne supprime par ailleurs aucune allocation déjà existante. C'est open bar !

    Il va faire un tabac à Alger ou à Bamako. Il est déjà devenu l'idole des étudiants idéalistes et des banlieues où le chômage des jeunes est massif. Il a fait les gestes et dit les mots qu'il faut. Il a condamné Israël et exalté la « juste lutte » des Palestiniens. Il a dénoncé le Syrien Assad qui combat Daech. Lorsque les caméras de France 2 ont découvert dans des cafés de banlieue que les femmes y étaient persona non grata, il a aussitôt répliqué que le sexe féminin était de même interdit des bars ouvriers au XIXe siècle. Peu importe que ce soit un odieux mensonge, et que les ouvrières se rendaient dans les bars à l'époque de Maupassant ou de Zola, Hamon n'a cure de la vérité historique ; seule la vérité électorale l'intéresse.

    Hamon n'aime pas les ouvriers mais les chômeurs ; il est féministe lorsqu'il s'agit de défendre le mariage gay dans les bars du Marais ; il l'est beaucoup moins dans les bars de Sevran, où les jeunes hommes lui expliquent « qu'on est ici comme au bled ». Jusqu'où ne montera-t-il pas ? 

    Eric Zemmour           

  • La circonscription de François Fillon offerte à NKM : une lâche soumission…

     

    Par Robert Ménard

    Comment ne pas y voir un symbole ? Et un présage ? C'est ce qui est exposé ici à fort juste titre. [Boulevard Voltaire 23.01]. D'accord avec Ménard !  LFAR 

    3557448962.jpgFrançois Fillon a donc offert sa circonscription, sa propre circonscription, à Nathalie Kosciusko-Morizet. Comment ne pas y voir un symbole ? Et un présage ?

    Celle-là même qui incarne l’exact opposé des convictions affichées par l’ancien Premier ministre — en matière de mœurs, de religion, d’immigration, de famille, d’éducation… — hérite donc, grâce à lui et avec sa bénédiction, d’un fief acquis de tout temps à la droite, d’une véritable rente de situation.

    J’avoue n’avoir jamais imaginé que François Fillon donnerait si vite et si clairement la preuve — oui, la preuve — qu’il était prêt à abandonner, et avant même le début de la campagne, cette rectitude qu’il présentait pourtant comme sa marque de fabrique.

    Il a beau réaffirmer que, malgré les pressions, il ne changera rien à son programme – devrait-il en être perçu comme un « extrémiste » -, le champion des Républicains nous prépare, avec cette place — et quelle place ! — offerte à la pire ennemie de ceux qui l’ont élu, à bien d’autres capitulations, à bien d’autres reniements.

    On a beau se souvenir que Rachida Dati ne fut pas un grand garde des Sceaux — c’est le moins que l’on puisse dire —, on la prend presque en sympathie quand on la compare à une NKM, toute en arrogance, en suffisance, véritable égérie de cette droite honteuse d’elle-même, de ces élites qui choisissent leur camp au doigt mouillé, seulement obsédées de leur carrière, de leur réussite, convaincues de leur supériorité d’appartenir à une caste à qui le pouvoir, ses attributs et ses avantages seraient réservés. 

    On répondra, du côté des supporters de François Fillon, que c’est le prix à payer pour avoir la paix dans ses propres rangs, qu’il vaut mieux une NKM redevable qu’une NKM en liberté, que son pouvoir de nuisance est tel… bref, on nous répondra que la politique, c’est la politique et que, pour gagner une élection…

    Une petite musique que les soutiens de l’ex-Premier ministre juraient pourtant de ne pas reprendre à leur compte. On ne mangeait pas de ce pain-là, nous promettaient-ils.  

    Gagnant de la primaire de la droite contre toute attente, François Fillon n’allait pas finir de nous surprendre… Il nous aura donc surpris, en effet. Mais par la rapidité de l’abandon de ces « valeurs » dont il se parait… 

    J’ai une pensée pour mes amis de Sens commun à qui je n’ai jamais fait, comme certains, de procès en haute trahison. Mais comment, aujourd’hui, avaler cette couleuvre supplémentaire ? Difficile, d’un même mouvement, de saluer le succès de la Marche pour la vie et d’aller voter pour une NKM qui déclarait encore au magazine Têtu, en novembre dernier : « Dans le fond, j’aurais pu voter le mariage pour tous… »

    NKM promue, protégée, sanctuarisée, c’est l’alignement sur ce qu’il y a de pire dans la politique. Ce contre quoi la génération Manif pour tous s’est élevée. Pire qu’un renoncement. Une lâche soumission. 

    Robert Ménard

    Maire de Béziers

    Ancien journaliste. Fondateur de Reporters sans frontières et de Boulevard Voltaire

  • L'amitié franco-allemande

     

    Par Jean-Philippe Chauvin

    L’amitié franco-allemande est un bienfait, et elle ne doit pas être un carcan si elle veut demeurer et prospérer.

     

    4184008190.jpgForcée ou déséquilibrée, elle serait source de ressentiment et l’on sait combien ce dernier peut porter les nuées terribles du dissentiment et, parfois, de la guerre (1), comme celles des deux derniers siècles entre la vieille France et la nouvelle Allemagne née de notre défaite de 1870. Accuser la germanophobie française d’être responsable des trois derniers conflits directs entre les deux pays, comme l’a fait récemment le candidat importun et désavoué Vincent Peillon, est ridicule et peu conforme à la réalité, tout comme serait inopportun une germanophilie qui se parerait de l’idée « d’Europe » pour renoncer à toute indépendance française, pourtant première condition d’une franche amitié entre deux puissances qui, effectivement, ont longtemps eu des intérêts conflictuels en Europe, mais peuvent toujours gagner à les dépasser, sinon à les oublier… 

    Le jour du premier tour des primaires de la Belle Alliance Populaire était aussi l’anniversaire de ce fameux traité de l’Elysée, signé par de Gaulle et Adenauer, le 22 janvier 1963, traité trop souvent oublié et, il faut le dire, tout aussi incompris par ceux qui le commémorent sans le connaître. Et pourtant ! Ce traité mériterait une lecture attentive et, pourquoi pas, d’être revalorisé par les deux Etats, dans son esprit original : car, nos européistes ne s’en vantent pas, c’est bien Jean Monnet, le « père fondateur de l’Europe », qui a fait échouer ce traité car il ne rentrait pas dans le cadre de ses idées atlantistes… C’est ce qu’explique Michel Clapié dans son manuel universitaire « Institutions européennes » (publié en 2003) : « le traité de l’Elysée du 22 janvier 1963 (…) devait ouvrir l’ère nouvelle d’une entente franco-allemande privilégiée destinée à prendre le pas sur la relation transatlantique jusque-là défendue par Bonn. (…) Le traité de Paris fut aussitôt dénaturé par le Bundestag qui n’en autorisa la ratification qu’en l’assortissant d’un préambule directement inspiré par Jean Monnet, qui réaffirmait le lien privilégié de l’Allemagne avec les Etats-Unis d’Amérique, (…) un préambule dans lequel il était dit que ce traité ne portait pas préjudice à la loyauté du gouvernement fédéral vis-à-vis de l’OTAN, ni aux relations étroites entre l’Amérique et l’Europe. (2)» Ainsi, c’est bien Jean Monnet qui a été le fossoyeur de l’indépendance européenne et, d’une certaine manière, de la construction européenne souhaitable… (3) 

    Aujourd’hui, l’Allemagne s’est émancipée de la France et de son lien particulier avec celle-ci, et plus encore depuis Mme Merkel qui reprend la politique bismarckienne de M. Kohl, mais en y ajoutant une volonté de domination (sans la puissance ?) de son pays sur l’Union européenne toute entière : la tragédie grecque dont M. Hollande fut le témoin impuissant (certains diraient le complice passif…) a renforcé la position allemande dans le monde économique et politique, et lorsque le monde extérieur pense « Europe », il téléphone à Berlin, non à Bruxelles ou à Paris, à rebours de 2003 où c’était la France de MM. Chirac et Villepin qui incarnait et entraînait l’Europe (en coordination étroite avec l’Allemagne et la Russie), du moins celle qui se voulait libre de toute dépendance impériale atlantique… 

    MM. Macron et Fillon veulent renouer des liens forts avec l’Allemagne, et ils ont raison. Mais les liens en question ne doivent pas être ceux qui emprisonnent mais ceux qui, au contraire, servent la liberté de chacun et l’intérêt de tous. Et il faudra, avant que de resserrer ces liens entre les deux Etats que la France, elle, retrouve sa « force d’être » et que son Etat soit digne de son nom et de ce qu’il impose, au regard de l’histoire et du monde qui, comme le clame, au-delà des temps, Georges Bernanos, « a besoin de la France ». Retrouver la liberté de parole que deux quinquennats de suivisme atlantiste ont fortement dégradée… La République en est-elle capable ? Si elle renoue avec la pratique capétienne qui, parfois, fut la sienne depuis de Gaulle, l’espoir est permis ! Mais il y manquera, tant que nous serons en République, la continuité qu’offre, sans mot dire, la présence d’une dynastie à la tête de l’Etat…   

    1. Guerre aujourd’hui impossible entre nos deux pays, la France ayant « l’assurance-vie atomique » contrairement à sa voisine ; 

    2. Extraits de Michel Clapié, « Institutions européennes », Champs Université, Flammarion, 2003, pages 132-133, 376 ;

    3. Cette construction européenne souhaitable n’est sûrement pas le fédéralisme européen selon le rêve de MM. Schuman et Monnet, mais bien plutôt une union confédérale souple des Etats européens… Souple, ce qui ne signifie pas faible, bien sûr !

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • A Paris, Marseille, et des dizaines de villes de France ou de l'étranger, ferveur d'un 21 janvier patriotique

     

    Ce sont des dizaines de messes pour le roi Louis XVI qui ont été dites en France, aux Etats-Unis, en Belgique, en Roumanie, en Pologne et en bien d'autres lieux, samedi 21 janvier. Nous en avons annoncé ici près de quatre-vingt, auxquelles s'ajoutent toutes celles dont certainement nous n'avons pas eu connaissance. Des messes nombreuses et recueillies, mais aussi beaucoup de rencontres, conférences, débats et manifestations de diverses sortes. En ces temps de trouble et d'inquiétude, le besoin de racines, de retour aux sources, nationales et historiques, apparaît ainsi bien plus prégnant qu'aux époques d'insouciance. Ainsi ces évocations du roi Louis XVI, du martyre de la famille royale et des horreurs révolutionnaires, prend-il un tour très actuel.

    A Paris, cette année encore, l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, était tout simplement pleine à craquer, pour rendre hommage au Roi Louis XVI, lâchement exécuté il y a 224 ans. (Photo en titre). La messe, dite à la demande de l’Oeillet Blanc, a été célébrée par le Père Jean-François Thomas. À la demande du chef de la Maison de France, présent, un membre de l’Oeillet Blanc, en l’occurrence, Monsieur Christian Franchet d’Esperey,  a lu en introduction à la Messe de Requiem, le testament du Roi Louis XVI.

    IMG_0786.JPGA Marseille, après une très belle messe, fervente et recueillie, merveilleusement chantée, célébrée par Mgr. Jean-Pierre Ellul, dans la basilique du Sacré-Coeur en présence d'une très nombreuse assistance, une rencontre enrichissante et réussie s'est tenue à Notre-Dame du Liban. Là encore, les participants ont été nombreux, dans une atmosphère amicale et chaleureuse. Jeunes et anciens s'étaient chargés ensemble de l'organisation qui a été de bout en bout excellente : accueil dans les jardins de Notre-Dame du Liban autour d'un vin chaud, bienvenu en cette fin janvier; puis une remarquable conférence de Jacques Trémolet de Villers sur Jeanne d'Arc et Louis XVI, deux martyrs français, après les interventions de Jean Gugliotta, Jérémy Bizu  et la lecture du très beau texte de Choderlos de Laclos qu'on pourra lire ou relire en cliquant ici. Nous n'en disons pas plus : On retrouvera les moments forts de ce 21 janvier à Marseille, on pourra écouter la conférence de Jacques Trémolet de Villers, grâce à une vidéo que nous diffuserons sous quelques jours...  

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    Illustrations : Guy Bertan, Jean Gugliotta, Jacques Trémolet de Villers à la tribune; vues de la salle, comble lors de la conférence.

  • Albert Camus :« Cet échafaud ne marque pas un sommet, il s’en faut. Certes, c’est un répugnant scandale »

     

    albert_camus.jpgLe 21 janvier, avec le meurtre du Roi-prêtre, s’achève ce qu’on a appelé significativement la passion de Louis XVI. Certes, c’est un répugnant scandale d’avoir présenté, comme un grand moment de notre histoire, l’assassinat public d’un homme faible et bon. Cet échafaud ne marque pas un sommet, il s’en faut. Il reste au moins que, par ses attendus et ses conséquences, le jugement du roi est à la charnière de notre histoire contemporaine. Il symbolise la désacralisation de cette histoire et la désincarnation du Dieu Chrétien. Dieu, jusqu’ici, se mêlait à l’histoire par les Rois. Mais on tue son représentant historique, il n’y a plus de roi. Il n’y a donc plus qu’une apparence de Dieu relégué dans le ciel des principes.

    Les révolutionnaires peuvent se réclamer de l’Evangile. En fait, ils portent au Christianisme un coup terrible, dont il ne s’est pas encore relevé. Il semble vraiment que l’exécution du Roi, suivie, on le sait, de scènes convulsives, de suicides ou de folie, s’est déroulée tout entière dans la conscience de ce qui s’accomplissait. Louis XVI semble avoir, parfois, douté de son droit divin, quoiqu’il ait refusé systématiquement tous les projets de loi qui portaient atteinte à sa foi. Mais à partir du moment où il soupçonne ou connaît son sort, il semble s’identifier, son langage le montre, à sa mission divine, pour qu’il soit bien dit que l’attentat contre sa personne vise le Roi-Christ, l’incarnation divine, et non la chair effrayée de l’homme. Son livre de chevet, au Temple, est l’Imitation de Jésus-Christ. La douceur, la perfection que cet homme, de sensibilité pourtant moyenne, apporte à ses derniers moments, ses remarques indifférentes sur tout ce qui est du monde extérieur et, pour finir, sa brève défaillance sur l’échafaud solitaire, devant ce terrible tambour qui couvrait sa voix, si loin de ce peuple dont il espérait se faire entendre, tout cela laisse imaginer que ce n’est pas Capet qui meurt mais Louis de droit divin, et avec lui, d’une certaine manière, la Chrétienté temporelle. Pour mieux affirmer encore ce lien sacré, son confesseur le soutient dans sa défaillance, en lui rappelant sa « ressemblance » avec le Dieu de douleur. Et Louis XVI alors se reprend, en reprenant le langage de ce Dieu : « Je boirai, dit-il, le calice jusqu’à la lie ». Puis il se laisse aller, frémissant, aux mains ignobles du bourreau.

     

    Albert Camus

    L’homme révolté, La Pléïade, pages 528-529

     

  • Une loi liberticide, et en contradiction avec le discours permissif ambiant !

     

    Mur-bleu gds.jpgDepuis 2013, un mineur se déplaçant seul pouvait voyager dans l’UE avec un titre d’identité en cours de validité, sans autorisation parentale. Dans un hémicycle garni d’une dizaine de députés, l'Assemblée nationale a voté, le jeudi 8 octobre dernier, à l'initiative du groupe Les Républicains, le rétablissement de l'autorisation de sortie du territoire pour les mineurs. Le texte vient d'entrer en vigueur ces jours derniers, et ceci (sic) « afin de tenter de limiter les départs vers les zones de conflits comme la Syrie » !

    Bon. Après tout...

    Mais il y a une chose qui intrigue, là-dedans, et qui serait presque amusante. C'est la contradiction flagrante entre le discours que l'on ne cesse de tenir aux jeunes, en particulier, mais aussi à toute la société, en général, et ce désir soudain d'interdiction.

    Par exemple, de nos jours, le discours obligé, issu du politiquement correct, c'est :

    Tu veux avorter, ma fille ? Mais bien sûr ! Et comment donc ! C'est ton choix, c'est ton corps, c'est ta liberté, c'est ta vie...
     
    Tu veux te marier avec ton meilleur copain de classe, mon fils (ou : ma fille, avec ta copine...) ? Mais bien sûr, voyons, qui pourrait t'en empêcher ! C'est ton choix, ton corps, ta liberté, ta vie...
     
    Tu veux fumer, mon gâs ? Du cannabis ou n'importe quoi d'autre ? Mais vas-y donc, qui oserait t'en empêcher ! La loi permissive n'est pas encore passée, mais on s'y active déjà, puisque, tu le vois, la première « salle de shoot » a été ouverte à Paris... Et tant pis pour le minot qui va traverser dans les clous et que tu écraseras parce que tes réflexes seront fortement amoindris : il n'avait qu'à être chez lui ou à l'école ! Tant pis pour celui ou celle qui, affaiblis par l'âge ou la maladie, croiseront la route de ton deux roues ou quatre roues qui ne les évitera pas, pour la même raison. Ils sont au moins sûrs que cela ne leur arrivera plus !... 

    Et on pourrait multiplier les exemples : tout est permis, il est interdit d'interdire, pourvu que cela aille toujours dans le même sens, celui de la destruction de la famille et de la société, par le biais d'un individualisme exacerbé et poussé jusqu'à ses plus folles limites.

    Mais, alors, puisque tout est permis aux jeunes (et aux moins jeunes) du moment que c'est « leur corps, leur choix, leur liberté, leur vie », pourquoi, tout d'un coup, une interdiction ?

    Dans Le Médecin malgré lui, Molière fait dire à Martine : « Il me plaît, à moi, d'être battue... ». Des centaines de jeunes, Français de plastique, adaptent cette réplique au délire terroriste islamiste ambiant, et veulent partir faire le djihad en Syrie, ou ailleurs : "il me plaît, à moi, d'aller faire le djihad". Et on prétendrait le leur interdire ? Eux à qui l'on permet tout ?

    Mais, qu'ils y aillent, en Syrie ! Qu'ils partent, et en masse ! Vous voulez aller au paradis d'Allah, allez-y, c'est par là !...

    On devrait même leur offrir le billet d'avion (un aller simple) pour une fois, ce serait une dépense utile, qui viderait un peu nos cités et zones de non-droit d'assassins en puissance et dé-poubelliserait un petit peu nos « quartiers » ... 

  • La gifle

     

    par Ph. Delelis 

     

    gifle-valls-va-porter-plainte-contre-le-jeune-homme-de-19-ans-video.jpgDevant la nouvelle consternante de l’agression d’un ancien premier ministre en tournée électorale, il paraît utile de faire un petit point sur les cinq raisons pour lesquelles on ne doit pas gifler un responsable politique.

    1. C’est interdit par la loi. Cet argument se suffit à lui seul. Certes, il arrive que la loi dise n’importe quoi, proclame des droits théoriques, comporte des déclarations de principes et porte aux nues toutes sortes de bons sentiments et de pensées politiquement correctes que l’on peut ignorer sans trop de dommages, mais là, c’est assez simple : on n’a pas le droit. Même la fessée sera interdite dans les prochains jours, et par conséquent elle ne constituera plus une alternative à la gifle au motif fallacieux que certains politiques seraient de grands enfants.

    2. Ça peut coûter cher. Si l’incrimination retenue par le parquet et, à sa suite, par le tribunal, est seulement la violence légère n’ayant pas entraîné d’incapacité de travail (il semble que la victime continue à courir les routes), la peine sera au maximum une amende de 750 € (C. pénal, art. R.624-1). Mais si, pour protéger la dignité de la fonction, la justice retient la circonstance aggravante d’un acte commis contre un dépositaire de l’autorité publique, alors la sanction pourra aller jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende (art. 222-13). Cela peut paraître sévère mais les violences faites aux avocats et aux prostitué(e)s, notamment, sont passibles des mêmes peines ; il est utile de le rappeler en passant.

    3. L’excuse régionale n’est pas admise. « Ici c’est la Bretagne » aurait déclaré l’agresseur en assenant son coup. C’est assez étrange, il faut bien le dire, beaucoup moins fort et moins cohérent que : « souviens-toi du vase de Soissons ». En prononçant cette phrase, Clovis avait fendu le crâne du soldat qui l’avait outragé quelques mois auparavant dans la capitale du royaume des Francs (mais Clovis faisant la loi, il n’y avait pas eu de suites judiciaires).

    4. Ça peut faire mal à l’agressé. Cette considération se suffit à elle-même : il n’y a que dans les salons et les universités où l’on peut soutenir que la violence morale est pire que la violence physique.

    5. Ce peut être dangereux pour l’agresseur. Les gardes du corps sont des gens nerveux et surarmés. Heureusement, ils sont aussi surentraînés et très sélectifs dans leur riposte, mais si l’on imagine un instant un fonctionnaire un peu dépressif, un tantinet contrarié, levé du mauvais pied – c’est humain – alors… paf ! Comment dit-on « bavure » en breton ? 

     

    Politique magazine - 01.2017

  • Après Juvisy : L'explosion générale de violence redoutée, vue par Thibault de Montbrial

     

    Par Vincent Tremolet de Villers           

    ENTRETIEN - Samedi soir, des jeunes ont semé la terreur dans un quartier calme de Juvisy. Thibault de Montbrial expose [Figarovox du 16.01] comment ces bandes mues par la haine de notre pays atteignent un degré de violence paroxysmique. Et pourraient conduire à une explosion communautariste généralisée. Face à quoi l'incompétences des politiques est manifeste. Il y a là, pour la France, un danger majeur. Une explosion en gestation. Et un système politique inefficace.  LFAR

     

    XVM0daf6508-dc02-11e6-8620-c271acfe3201.jpgUne bande venue d'Athis-Mons a semé la terreur samedi soir dans un quartier calme de Juvisy. Ce type de violence semble s'installer dans le pays. Est-ce le cas ?

    Les violences commises en bande se multiplient sur le territoire national.

    Ces phénomènes sont le plus souvent observés dans les transports. Certains TER de la région PACA en sont ainsi régulièrement la cible, comme d'autres en Rhône-Alpes et en région parisienne.

    Mais les forces de l'ordre sont les premières victimes de ces violences de groupe.

    Tout le monde conserve à l'esprit la dramatique attaque de deux équipages de police survenue à Grigny le 8 octobre 2016, au cours de laquelle deux policiers avaient été grièvement brûlés.

    Depuis le début 2017 et pour ne s'en tenir qu'aux seuls événements dont j'ai pu avoir connaissance, des policiers ont été victimes de violences graves et ont dû battre en retraite avec des blessés lors du tournage d'un clip de rap à Mantes-la-Jolie, après un contrôle à Bobigny, ou encore dans une banlieue de Nancy.

    La tendance est donc nettement à l'accentuation de ce phénomène de « bandes ». Leur violence toujours plus désinhibée n'est guère freinée par des moyens policiers très vite submergés par le nombre. Quant au système judiciaire, il est dépassé, d'une part du fait de la difficulté de rassembler les preuves contre les participants à ces razzias, et d'autre part, en raison de l'entrave que constitue l'ordonnance de 1945 applicable aux nombreux participants mineurs : lorsque ceux-ci sont arrêtés, leur remise en liberté assortie d'une lointaine convocation chez le juge des enfants n'a en effet pas grand-chose de dissuasif.

    Certains des casseurs seraient rentrés dans un appartement privé pour le saccager. N'y a-t-il pas un risque d'un basculement collectif dans l'autodéfense ?

    Non seulement la propriété privée n'est pas un frein à la violence, mais elle constitue manifestement une incitation.

    Comme certains des commentaires recueillis par la presse auprès de riverains de Juvisy concernés le montrent, de tels phénomènes ne peuvent sur la durée qu'inciter les résidents à envisager leur sécurité différemment.

    Plutôt que le terme péjoratif d'autodéfense, je préfère l'expression légale de légitime défense, qui permet à un individu qui est soumis à une agression d'utiliser la violence pour se défendre ou défendre des tiers (famille, voisins…). À cet égard, il est intéressant de rappeler que le Code pénal prévoit une présomption de légitime défense spécifique pour « celui qui accomplit l'acte pour se défendre contre les auteurs de vols ou de pillages exécutés avec violence » (article 122-6-2e).

    Lorsque l'irruption dans un appartement se produit la nuit, cette présomption se combine à celle prévue par le 1er alinéa de ce même article 122-6 du Code pénal, qui présume de la légitime défense de « celui qui accomplit l'acte pour repousser, de nuit, l'entrée par effraction, violence ou ruse dans un lieu habité ».

    Il va de soi que si, dans un monde idéal, il appartient à la police et à la gendarmerie de protéger les populations, personne ne pourra sérieusement reprocher à un père de famille de défendre sa famille y compris par la violence si les forces de l'ordre n'ont pu empêcher l'agression subie, qu'elles aient été débordées ou que, trop peu nombreuses, elles soient tout simplement absentes.

    Les politiques proclament leur refus des zones de non-droit mais ont-ils selon vous pris la mesure de cette violence endémique ?

    On sent un embarras politique autour de cette question. Si certains ont la lucidité de reconnaître l'existence de « zones de non-droit » sur notre territoire, d'autres dans un mélange d'angélisme, de déni et d'incantation, prétendent toujours qu'elles n'existent pas.

    La réalité permet de jouer sur les mots : s'il n'existe aucun endroit du territoire qui soit totalement et en permanence inaccessible aux forces de l'ordre et aux services de secours, certaines zones ne font plus l'objet que d'intrusions ponctuelles d'effectifs en nombre, pour les besoins d'une opération précise et pour une durée limitée. Mais en pratique, les forces de l'ordre n'y sont plus présentes au quotidien, état d'urgence ou pas.

    D'une façon générale, les hiérarchies préfectorales et policières n'hésitent plus à décourager, voire à interdire verbalement aux équipages de sécurité publique de se rendre dans tel ou tel quartier, sous le prétexte édifiant de ne pas « provoquer ». La même logique conduit à stationner les unités de CRS ou de gendarmes mobiles à l'extérieur des périmètres les plus chauds. La crainte quotidienne des autorités est qu'un « incident », comme on appelle pudiquement les guets-apens contre les policiers, gendarmes ou pompiers par des bandes agressives et souvent armées, ne conduise les fonctionnaires à ouvrir le feu pour se dégager, ce qui constituerait l'étincelle que chacun redoute avant un enchaînement de grande violence.

    Il faut avoir la lucidité de comprendre deux choses. D'abord, ces bandes sont constituées autour d'une logique ethnico-territoriale, et leur développement est une des nombreuses conséquences néfastes de la communautarisation de la société. Ensuite, corollaire du point précédent, ces bandes sont mues par une haine de notre pays, qui s'exerce contre ses représentants (les forces de l'ordre) et ses habitants, comme dans les transports ou bien à Juvisy samedi.

    Il s'agit donc d'un phénomène d'une gravité extrême, à la fois par ses causes éthiques et par son expression.

    À cet égard, je suis sidéré de constater que la question de ces violences en bandes ethnico-territoriales est quasiment absente des débats politiques actuels, qu'il s'agisse des primaires de droite ou de gauche ou des déclarations publiques des autres candidats. À supposer que l'explosion générale de violence redoutée par la plupart des professionnels ne survienne pas d'ici à la prochaine élection, il est crucial que notre prochain président de la République prenne conscience de ce que les tensions ont désormais atteint sur différents points de notre territoire un degré paroxysmique, et nécessiteront d'autres initiatives que les éternelles condamnations de circonstance pour éviter une réaction en chaîne dont chaque jour nous rapproche. 

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    Spécialiste des questions de terrorisme, Thibault de Montbrial est avocat au barreau de Paris et président du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure. Son premier livre, Le sursaut ou le chaos, est paru en juin 2015 aux éditions Plon. Il a préfacé le livre La France djihadiste d'Alexandre Mendel, paru en avril 2016 aux éditions Ring.

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    Vincent Tremolet de Villers           

  • La Monarchie est-elle une grande chose morte ? Quand la République s'inspire de la Monarchie... [2]

     

    Par Jean-Philippe Chauvin

     

    4184008190.jpgLa France vit actuellement en République : cela paraît indéniable si l'on se réfère, non seulement au titre de l’État, à son affirmation d'être une République et de sa répétition rituelle, faite d'habitudes et de commémorations qui rappellent l'histoire du régime républicain ou qui lui sont rattachées, de façon parfois abusive d'ailleurs : le cas de 1789, par exemple, pourrait bien lui être disputé, comme le feront d'ailleurs les « monarchiens » (monarchistes constitutionnels et centristes) de ce temps et les partisans du roi Louis-Philippe ensuite, les uns et les autres se référant à la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen rédigée par les monarchistes Mounier et La Fayette (et dénoncée, en 1793, par les républicains Saint-Just et Robespierre...). En revanche, sa gêne (dans le meilleur des cas) à l'égard de certains événements historiques nationaux, comme la commémoration de Bouvines en 2014, est révélatrice d'une volonté de ne pas remettre en cause le mythe de Valmy, plus « républicainement correct »... 

    Tous les candidats à la prochaine présidentielle font aussi profession de foi républicaine, avec quelque ambiguïté parfois, et « les valeurs de la République » sont régulièrement et automatiquement évoquées dès qu'un problème surgit, véritable « mantra » gouvernemental et politicien : il n'est pas sûr que cela soit vraiment rassurant ou suffisant au regard des défis contemporains. 

    En somme, qui n'est pas républicain aujourd'hui ? Mais, en fait, il y a une confusion, voulue et entretenue depuis Jules Ferry, entre République et France, et certains qui parlent République pensent, d'abord, France, mais sans l'avouer explicitement, par peur d'être mis au ban des institutions et de toute espérance ministérielle ou présidentielle. 

    Et pourtant ! La Cinquième République garde (ou renouvelle ?) la marque de la Monarchie, dans ses institutions comme dans ses pratiques, et si l'on voulait pousser plus loin, elle reprend de la Monarchie, sans l'avouer, ce qui peut lui donner quelques racines, quelques évidences, voire quelque légitimité : cela était déjà vrai avec la Troisième République qui, dans ses livres d'histoire pourtant si peu neutres et véritablement « stato-républicains », valorisaient certains aspects de feue la Monarchie d'avant 1789. Ainsi, Saint Louis n'était pas renié, ni le « bon roi » Henri IV et sa « poule au pot », le qualificatif de « bon » étant sans doute le moyen de distinguer de ses prédécesseurs et successeurs (Henri III et Louis XV étant particulièrement dévalués dans les cours de la Troisième), ceux-ci servant de repoussoirs pour montrer les « dangers » de la Royauté. Le statut accordé à Louis XIV était ambigu : si la Troisième République voulait bien en recueillir la gloire et les territoires conquis (en particulier l'Alsace, sous le joug allemand de 1870 à 1918), elle en dénonçait le Pouvoir absolu avec des grimaces de dégoût, au risque de commettre un impair sur la nature même de la Monarchie louisquatorzienne... 

    La Cinquième République a été, souvent, longtemps et encore aujourd'hui si l'on écoute MM. Mélenchon et Devedjian, considérée comme une sorte de « monarchie » présidentielle ou républicaine, et son fondateur comparé au roi-soleil par le célèbre dessinateur Moisan (du Canard enchaîné). La Gauche, dans le même temps du paroissien de Colombey-les-deux-églises, manifestait pour la « défense de la République » avant que, à son tour, elle s'installe dans le trône élyséen sous les traits des deux François, MM. Mitterrand et Hollande, le premier sachant, comme le général de Gaulle, ce qu'il devait à la tradition monarchique, ce qui lui valut d'être surnommé « le dernier des capétiens », comme si, depuis, nous étions rentrés dans une sorte de « régence sans fin »... 

    Ainsi, la Monarchie a-t-elle inspiré la Cinquième République : quel destin pour une « grande chose morte » supposée ! Certes, ce rôle particulier et éminemment symbolique ne suffit pas pour faire de ce qui reste une République une Monarchie pleine et entière, « à la française », c'est-à-dire royale, héréditaire, politique. En paraphrasant Pierre Boutang, l'on pourrait dire que la Cinquième est une « Semble-Monarchie » tout comme l’État républicain n'est, surtout actuellement, qu'un « Semble-État » : n'est-ce pas mieux que rien, ou est-ce encore pire, il peut y avoir débat. 

    C'est d'ailleurs cette apparence de Monarchie qui fournit à l’État actuel une certaine aura et une place particulière dans le concert des nations et de leurs relations : à l'étranger, on sait (et on voit) qui dirige, au sens politique, la France et son État, et lorsque le Chef de l’État n'assume pas son rôle de « monarque », la France paraît absente de la scène mondiale, ou trop dépendante des grandes puissances contemporaines (États-Unis ou Allemagne, entre autres). Si le Président oublie son statut particulier et que son élection n'est rien d'autre, en définitive, qu'une « acclamation » (au sens médiéval du terme) chargée d'une confiance populaire (qui peut être aussi une menace), une sorte de pacte qui rappelle le sens du sacre royal, le « pays réel » lui coupe la tête (électoralement parlant, bien sûr), en se fondant le temps d'une élection dans le « pays légal ». Ce n'est pas d'être « trop monarque » qu'on lui reproche (même si c'est souvent le discours tenu par les politiques), mais de ne pas l'être assez : de ne pas être le garant de la justice (qu'elle soit politique ou sociale, ou simplement « morale ») comme l'était saint Louis sous le chêne de Vincennes ; de ne pas être l'arbitre suprême, ou d'oublier ses devoirs d’État à l'égard du pays comme de ses citoyens... 

    M. Hollande s'est voulu un « président normal », mais c'est quand il exerce (pour de bonnes ou mauvaises raisons, là n’est pas la question) son droit de grâce, d'essence royale et reliquat (selon quelques magistrats agacés) de l'Ancien régime, « survivance monarchique » selon les partisans de la République des juges, qu'il est écouté et compris, à tort ou à raison, des Français : n'est-ce pas la confirmation que la Monarchie, ou au moins son esprit, reste, d'une certaine manière, bien ancrée dans l'inconscient collectif national ?  •  (A suivre).

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

    A lire aussi dans Lafautearousseau ...

    La Monarchie est-elle une grande chose morte ? [1]

  • Recherche des causes ... Les principales, les plus effectives ...

  • Ivan Rioufol : « Le “ progressisme ” malade de ses dénis »

    Peuple en colère ... 

    Par Ivan Rioufol

    CHRONIQUE - Comprendre la désintégration de la nation invite à s'arrêter [Le Figaro du 12.01] sur le dérèglement intellectuel de cette gauche qui a tant fasciné la droite. De cette droite qui l'a tant suivie. Et parfois dépassée pour diverses raisons - dont celles liées à de puissants intérêts. Ainsi la désintégration de la nation qu'Ivan Rioufol pointe ici avec justesse a souvent été l'œuvre commune de la droite et de la gauche. Et François Fillon n'y a pas été toujours étranger, toujours opposé. C'est pourquoi ici, nous ne lui ferons ni confiance ni procès anticipés. S'il venait à être le futur Chef de l'Etat, nous le jugerions aux actes. Ni plus ni moins. Quant à la critique du prétendu progressisme à laquelle Rioufol se livre ici, y compris s'agissant du centrisme de Macron, elle rencontre naturellement notre accord.  Lafautearousseau.    

     

    picture-269762-59fn6n7.jpgSept fantômes du PS se sont disputés, jeudi soir à la télévision, la place de candidat à la présidentielle. Les Français les verront apparaître deux fois encore avant le premier tour de leur primaire, le 22 janvier: ce court délai devrait suffire pour faire le tour des programmes. Le manichéisme de Vincent Peillon, la démagogie de Benoît Hamon, la suffisance d'Arnaud Montebourg sont les vieux restes qui rappellent ce que fut le progressisme du temps de sa splendeur. Manuel Valls, qui avait ouvert le procès de ce socialisme infatué, ne cesse depuis de se renier pour tenter de rassembler une armée des ombres. L'entendre rejeter le libéralisme après avoir déclaré son « amour» de l'entreprise est une incongruité parmi d'autres. Lundi, un sondage du Figaro donnait l'ancien premier ministre perdant au second tour face à Montebourg, soutenu par les « socialos » morts-vivants. Valls se perd à vouloir séduire des zombies.

    Pour autant, comprendre la désintégration de la nation invite à s'arrêter sur le dérèglement intellectuel de cette gauche qui a tant fasciné la droite. Deux et deux n'ont jamais fait quatre dans ce monde qui marche sur la tête. « Faire plier les réalités » a toujours été l'orgueilleux objectif d'une idéologie rétive à la réflexion et aux résultats. Rien d'étonnant à ce que les candidats de la ronflante Belle Alliance Populaire reprennent l'héritage de la gauche marxiste, dépensière et immigrationniste. L'assistanat, la culture de l'excuse, le clientélisme restent les piliers des projets. Hamon est, avec Peillon, l'un des plus décomplexés dans le cynisme électoral. Pour plaire aux cités, il minimise le sexisme culturel qui s'y observe et soutient la cause palestinienne dans sa lutte contre l'existence d'Israël. « Il s'agit du meilleur moyen pour récupérer notre électorat de banlieue et des quartiers », s'était-il justifié en 2014.

    Redonner des responsabilités à ces laborantins de l'Homme nouveau reviendrait à asséner le coup de grâce à la nation sur les genoux. D'autant qu'aucun des grands sujets qui sont au cœur des inquiétudes des gens - l'immigration de peuplement, la cohabitation avec l'islam conquérant, le séparatisme territorial - n'a été pour l'instant abordé par la plupart des prétendants. Le débat ne peut se réduire au travail, à l'emploi et à la redistribution des richesses, alors même que la France est en guerre, depuis les attentats islamistes des 7 et 9 janvier 2015 contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher de Vincennes. Or c'est bien le déni qui fédère les survivants du socialisme. Valls fait figure d'intrus quand il tient tête à l'islam radical. Jeudi dernier, sur France 2, il n'a pas cédé au discours victimaire d'une femme voilée censée représenter les Françaises musulmanes. La gauche soumise déteste cette raideur.

    En fait, le courant humanitariste et universaliste s'asphyxie sous la vague conservatrice. Aux États-Unis, la gauche en perdition s'est retranchée derrière ses bastions des médias et de Hollywood pour faire feu sur Donald Trump. Lors de la soirée des Golden Globes, l'actrice Meryl Streep a porté l'indignation du camp du Bien devant un monde de paillettes, de strass et de dollars. Mercredi, CNN et le site BuzzFeed ont rendu publique une série d'infamies non sourcées et invérifiables. Barack Obama se réserve une sortie piteuse le 20 janvier, pour avoir mesquinement multiplié les chausse-trappes à l'intention de son successeur. Un sort similaire est promis à la gauche française, incapable de s'avouer dépassée par l'histoire. Certes, la forte audience que rencontre Emmanuel Macron dans ses meetings peut laisser croire en un renouveau du progressisme dont il se réclame avec talent. Mais cet Obama blanc, non plus, ne dit rien des réalités qui dérangent.

    L'insécurité culturelle occultée

    Macron, comme Trump, symbolise le rejet d'une démocratie confisquée. Un besoin d'air frais les porte. Mais l'analogie s'arrête là. Si l'Américain sanguin a pris le parti des « ploucs » contre les « élites », le Français sophistiqué ensorcelle davantage les people que le peuple. Les fondamentaux de son programme sont ceux d'un centrisme angélique qui voit en Angela Merkel le modèle à suivre, dans les migrants le prétexte à l'ostentation des bons sentiments, dans l'Union européenne la protection des peuples. Macron a l'art de faire du neuf avec du vieux. Des juppéistes, des membres de l'UDI et du Modem, dont François Bayrou lui-même, sont appelés à rejoindre cet entre-deux qui leur ressemble. En marche ! pourrait aussi ringardiser définitivement le PS momifié. Cependant, nulle part n'apparaît, derrière cette belle figure, le chef de guerre attendu. Il est peu probable que ce rôle soit un jour endossé par celui qui préfère légaliser le cannabis. Trop de retenues empêchent Macron d'aborder l'insécurité culturelle qui taraude les peuples. Cette semaine, un sondage montre que 77 % des Belges ne se sentent plus chez eux.

    François Fillon, que les enquêtes d'opinion disent en perte de vitesse, a pour lui de vouloir s'émanciper du conformisme de la fausse droite et des humanitaristes professionnels. Si, sur la réforme de la sécurité sociale, il a donné le sentiment de reculer dès la première critique, sa résistance aux pressions de ses alliés corrige la faiblesse de caractère qu'il a laissé voir. Ceux qui veulent mettre leur grain de sel dans son projet ont jusqu'à présent été tous éconduits, sèchement concernant Laurent Wauquiez et sa proposition de rétablir la défiscalisation des heures supplémentaires . « Les grilles de lecture du microcosme ne sont plus celles de cette France silencieuse et fiévreuse que j'ai parcourue de long en large », a-t-il expliqué mardi. Les combats contre l'islam politique et l'immigration remplaciste sont des thèmes qui, occultés par le PS et Macron, s'annoncent prometteurs si les réponses se montrent à la hauteur. « L'immigration doit être fermement contrôlée et réduite », a annoncé Fillon, mercredi à Nice. La concurrence du FN lui interdit tout recul.

    Cécité de l'Église

    Même le pape François, si décevant dans son refus de faire obstacle à la déculturation de l'Europe*, admet que l'immigration pose des problèmes. Lundi, devant le corps diplomatique, il a recommandé une nouvelle fois aux « autorités publiques » de suivre une « démarche prudente » pour l'accueil des migrants. L'Église sortirait-elle enfin de sa cécité ? 

    * Laurent Dandrieu, « Église et immigration. Le grand malaise », Presses de la Renaissance.

    Ivan Rioufol           

  • Grand corps malade

    Illustration de couverture du Figaro Magazine du 13.01.2017 

     

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

     

    Il y a un an, dans un entretien accordé au Corriere della Sera à propos de son livre Penser l’islam, M. Onfray constatait avec lucidité et non sans dépit  : « La France a renoncé à l'intelligence et à la raison, à la lucidité et à l'esprit critique. Houellebecq a raison : nous vivons déjà sous le régime de la soumission. » Soumission au terrorisme intellectuel pro-islamique. Aujourd’hui, invité à parler de son dernier ouvrage, Décadence, M. Onfray le présente volontiers, par exemple sur BFM/RMC le 11 janvier dernier, comme une sorte de pendant, disons « philosophique », au roman Soumission. Donnons-lui acte qu’il affirme bien que l’islam est « la goutte d’eau qui fait déborder le vase », c’est-à-dire porte en quelque sorte le coup de grâce à un Occident réputé chrétien, mais précisons qu’en ramenant l’action dudit islam à celle de ses « minorités agissantes », il élude la dimension culturelle voire civilisationnelle que pose hic et nunc la religion de Mahomet. Reconnaissons aussi que, à travers leurs propos et leurs écrits, MM. Onfray et Houellebecq semblent bien partager le même constat sur l’état de déliquescence morale de nos sociétés : à l’attitude veule du personnage central de Soumission fait écho la perte des valeurs dénoncée par l’auteur de Décadence (d’où sa question triviale à ses interlocuteurs journalistes : « vous connaissez quelqu’un prêt à mourir pour un smartphone ? »).

     

    En revanche, les deux ouvrages paraissent diverger quant à leur finalité et, de fait, ne produisent pas le même effet. Le roman de M. Houellebecq sonne plutôt comme un avertissement, une mise en garde ultime avant l’éventuelle catastrophe, qui surviendra(it) en l’absence de tout sursaut : rien n’interdit de penser que la fiction puisse avoir un effet cathartique et salvateur. A contrario, l’essai de M. Onfray se donne toutes les apparences d’une vérité définitive, assénée comme un diagnostic quasi médical : il suffit pour s’en convaincre de citer les différentes explicitations du titre, tantôt « vie et mort du judéo-christianisme », tantôt « De Jésus à Ben Laden - Vie et mort de l’Occident ». Mort clinique, donc, sous nos yeux, de l’Occident chrétien. A prophétiser la fin d’une civilisation on ne prend pas de risque - mais le verdict sans appel de M. Onfray est contestable du seul fait qu’il est improuvable : on peut bien penser comme lui que « les civilisations meurent à un moment donné », il n’empêche que la nôtre pourrait bien se survivre encore quelques décennies, voire quelques siècles.

     

    Néanmoins, M. Onfray a un grand mérite : intellectuel très médiatisé, il joue désormais le rôle bienvenu de lanceur d’alerte. En effet, même vivante, notre civilisation, et plus précisément nos sociétés « occidentales », mieux vaudrait dire européennes, sont bien malades. Deux siècles de matérialisme et de rationalisme effrénés conjugués à deux guerres « civiles » les ont fortement émoussées. Mais, peut-être, ce cycle touche-t-il à sa fin comme pourrait le laisser penser le renouveau intellectuel de ceux (contre-révolutionnaires ? réactionnaires ? anti-modernes ?) qui ne croient ni aux vertus de la post-modernité ni à celles de l’idéologie mondialiste. C’est l’avis de M. Buisson, lequel nous invite dans ses entretiens (Boulevard Voltaire, France Inter, TV Libertés) à intégrer la notion de temps long, si contraire au court-termisme contemporain : il va falloir être patient, laisser les idées pénétrer les esprits mais, explique-t-il, on voit déjà les prémices d’un nouveau cycle radicalement différent du cycle idéologique, forcément long, qui a commencé avec les Lumières et qui, lui, touche à sa fin. M. Buisson n’est ni romancier ni essayiste, son analyse a le mérite de reposer sur une grande culture historique et une pensée politique solide. 

  • Grand corps malade

    Illustration de couverture du Figaro Magazine du 13.01.2017 

     

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

     

    Il y a un an, dans un entretien accordé au Corriere della Sera à propos de son livre Penser l’islam, M. Onfray constatait avec lucidité et non sans dépit  : « La France a renoncé à l'intelligence et à la raison, à la lucidité et à l'esprit critique. Houellebecq a raison : nous vivons déjà sous le régime de la soumission. » Soumission au terrorisme intellectuel pro-islamique. Aujourd’hui, invité à parler de son dernier ouvrage, Décadence, M. Onfray le présente volontiers, par exemple sur BFM/RMC le 11 janvier dernier, comme une sorte de pendant, disons « philosophique », au roman Soumission. Donnons-lui acte qu’il affirme bien que l’islam est « la goutte d’eau qui fait déborder le vase », c’est-à-dire porte en quelque sorte le coup de grâce à un Occident réputé chrétien, mais précisons qu’en ramenant l’action dudit islam à celle de ses « minorités agissantes », il élude la dimension culturelle voire civilisationnelle que pose hic et nunc la religion de Mahomet. Reconnaissons aussi que, à travers leurs propos et leurs écrits, MM. Onfray et Houellebecq semblent bien partager le même constat sur l’état de déliquescence morale de nos sociétés : à l’attitude veule du personnage central de Soumission fait écho la perte des valeurs dénoncée par l’auteur de Décadence (d’où sa question triviale à ses interlocuteurs journalistes : « vous connaissez quelqu’un prêt à mourir pour un smartphone ? »).

     

    En revanche, les deux ouvrages paraissent diverger quant à leur finalité et, de fait, ne produisent pas le même effet. Le roman de M. Houellebecq sonne plutôt comme un avertissement, une mise en garde ultime avant l’éventuelle catastrophe, qui surviendra(it) en l’absence de tout sursaut : rien n’interdit de penser que la fiction puisse avoir un effet cathartique et salvateur. A contrario, l’essai de M. Onfray se donne toutes les apparences d’une vérité définitive, assénée comme un diagnostic quasi médical : il suffit pour s’en convaincre de citer les différentes explicitations du titre, tantôt « vie et mort du judéo-christianisme », tantôt « De Jésus à Ben Laden - Vie et mort de l’Occident ». Mort clinique, donc, sous nos yeux, de l’Occident chrétien. A prophétiser la fin d’une civilisation on ne prend pas de risque - mais le verdict sans appel de M. Onfray est contestable du seul fait qu’il est improuvable : on peut bien penser comme lui que « les civilisations meurent à un moment donné », il n’empêche que la nôtre pourrait bien se survivre encore quelques décennies, voire quelques siècles.

     

    Néanmoins, M. Onfray a un grand mérite : intellectuel très médiatisé, il joue désormais le rôle bienvenu de lanceur d’alerte. En effet, même vivante, notre civilisation, et plus précisément nos sociétés « occidentales », mieux vaudrait dire européennes, sont bien malades. Deux siècles de matérialisme et de rationalisme effrénés conjugués à deux guerres « civiles » les ont fortement émoussées. Mais, peut-être, ce cycle touche-t-il à sa fin comme pourrait le laisser penser le renouveau intellectuel de ceux (contre-révolutionnaires ? réactionnaires ? anti-modernes ?) qui ne croient ni aux vertus de la post-modernité ni à celles de l’idéologie mondialiste. C’est l’avis de M. Buisson, lequel nous invite dans ses entretiens (Boulevard Voltaire, France Inter, TV Libertés) à intégrer la notion de temps long, si contraire au court-termisme contemporain : il va falloir être patient, laisser les idées pénétrer les esprits mais, explique-t-il, on voit déjà les prémices d’un nouveau cycle radicalement différent du cycle idéologique, forcément long, qui a commencé avec les Lumières et qui, lui, touche à sa fin. M. Buisson n’est ni romancier ni essayiste, son analyse a le mérite de reposer sur une grande culture historique et une pensée politique solide. 

     

  • Éducation : désertion en rase campagne

     

    par Olivier Pichon

     

    thU42DGU00.jpgUn rapport sénatorial fait état d’un fait que le ministre Najat Valaud-Belkacem s’est bien gardée de diffuser : la démission massive des candidats au poste d’instituteur et de professeur. Mais que sont devenus les avantages de la fonction publique, si protecteurs en cette période de chômage de masse ? 

    Les impétrants semblent préférer l’inconnu plutôt que l’enfer pédagogique. Inutile de préciser que les démissionnaires sont très éloignés des hussards noirs et même de l’apostolat pédagogico-antiraciste des années 90/2000.

    Une désertion en rase campagne donc, de ceux-là même que le président normal voulut massivement recruter au début de son mandat : « nous partîmes 60 000 (en fait le chiffre ne fut jamais atteint) et nous fûmes beaucoup moins en arrivant en ZEP » pour plagier Corneille…

    Un objectif soviétoïde

    En réalité le phénomène s’explique parfaitement. Les 60 000 postes étaient un objectif planifié quantitatif ( et non qualitatif) ; comme dans un plan soviétique, on recruta massivement sans sélection véritable le tout-venant, sans vocation ni compétence alors même qu’un apprentissage exigeant, avant un tel « lâcher sur zone », se révèle absolument indispensable.

    Résultat, la carences cognitive des uns le disputait au découragement des autres face à l’ampleur de la tâche, attestant en creux la noblesse du métier. L’objectif était électoraliste. Il s’agissait de perpétuer l’image d’une gauche « intellectuelle, – alors que la fonction enseignante est frappée par la désintellectualisation du métier – mais aussi d’une gauche sociale (qui crée des emplois budgétaires) dont la clientèle est traditionnellement celle des fonctionnaires.

    Las ! Les études montrent que la fonction publique bascule de plus en plus à droite ! Echec sur toute la ligne. Face à un tel spectacle, on cherche vainement l’excellence dans ce grand corps malade.

    L’excellence méconnue

    Il est nécessaire de dire que cette dernière se maintient tant bien que mal dans le secteur des classes préparatoires, secteur que les ministres de droite et de gauche n’ont pourtant cessé de vouloir faire disparaître.

    Une anecdote que je voudrais vous conter témoigne de l’effroyable impéritie de ce ministère qui, à vrai dire, n’est plus gouverné et ne connait même pas ce qui se passe en son sein. Un jeune professeur de classe préparatoire fait une demande d’inspection, afin d’avancer dans sa carrière, comme c’est l’usage.

    Après un assez long délai, se présente l’inspecteur, professeur en faculté reconnu et respecté pour ses travaux, plutôt de droite. L’inspection se présente sous le meilleures hauspices. Seulement, l’universitaire, totalement déconnecté du monde des classes préparatoires, se voit obligé d’avouer à l’enseignant sa méconnaissance absolue du système qu’il découvre… Embarrassé pour le noter, il finit par se ranger à l’avis de l’inspecté pour convenir des résultats de l’évaluation…

    Ce petit fait met en évidence que le navire n’a plus de capitaine et que le commandement ignore ce que contiennent ses cales ; sans gouvernail, il navigue au fil de l’eau à grands frais budgétaires. L’échouage ou les récifs sont pour bientôt, inévitables, et même, nécessaires, mais ils feront des victimes. Au premier rangs desquels les enfants et l’avenir de notre pays…   

     
    Politique magazine - 01.2017