L’effondrement du cours du pétrole et ses conséquences géopolitiques, par Antoine de Lacoste.

(Cet article est paru dans le dernier numéro de Politique Magazine. Nous le publions ici avec l'aimable autorisation du journal et d'Antoine de Lacoste que nous remercions chaleureusement l'un et l'autre).
Alors que les marchés financiers s’effondraient sous les coups d’un virus inattendu, les cours du pétrole ont suivi le mouvement, plus violemment encore. Plus géopolitiquement aussi. Car si le monde boursier se serait bien passé d’une chute incontrôlée intervenue sous l’effet de la panique, il n’en est pas du tout de même dans le monde du pétrole.
Pendant des décennies, l’OPEP a contrôlé les prix du pétrole. Son emprise a démarré en fanfare en 1973, lorsque l’organisation a décidé de quadrupler le prix du baril, provoquant une grave crise économique dans les pays occidentaux. A partir de cette date, le monde a vécu sous la dépendance des diktats des 14 pays membres de cette organisation à composante fortement musulmane. Même les Etats-Unis, pourtant alliés étroits de l’Arabie Saoudite (pétrole contre sécurité), avaient bien du mal à modérer les appétits financiers du cartel pétrolier.