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Dans la revue l'Incorrect, chloroquine, vaccin, masques : où en sommes-nous ?, par Gabriel Robin.

Déjà une petite dizaine de jours que notre confinement dure. Le temps vous semble long ? Courage, c’est loin d’être fini. Pour sortir de cette sombre période, il n’y a pas de secret ; il faut vaincre cette cochonnerie de Sars Cov-2.  Une victoire qui passera par le développement de traitements médicaux, le dépistage massif de la population et l’équipement des Français, particulièrement de nos armées de soignants. Une victoire qui ne se fera pas sans une bonne appréhension du problème par la population française. Elle a trop longtemps été méprisée et tenue dans l’ignorance, à tel point qu’on nous juge trop ignares pour savoir correctement enfiler un masque chirurgical ! Une honte.

Faute d’avoir pris à temps les mesures prophylactiques qui s’imposaient (à commencer par l’arrêt des lignes aériennes de passagers en provenance de Chine, comme l’a fait la Russie), nous sommes contraints à livrer une course contre la montre face à la nature. L’OMS avait prévenu : plus les mesures sont prises tôt, plus elles sont efficaces. Revue d’effectif dans la sixième puissance mondiale ayant l’un des taux de prélèvements obligatoires les plus élevés au monde … où les hôpitaux en sont réduits à lancer un appel aux dons pour avoir le minimum nécessaire.

 

Les traitements et l’espoir d’un vaccin

 

a-Etat des lieux en France :

Il n’y a toujours pas de traitement spécifique pour traiter le covid-19, maladie provoquée par le Sars Cov-2. Par ailleurs, aucun médicament reconditionné dans le cadre d’un protocole de traitement contre le covid-19 ne suscite encore de consensus scientifique. Pour pallier ces déficiences, des recherches et des expérimentations cliniques in vivo sont actuellement menées dans le monde entier. En Europe, un grand essai clinique portant sur 3200 patients (dont 800 en France) appelé Discovery a démarré le dimanche 22 mars pour une durée d’une quinzaine de jours. Quatre traitements sont évalués : le remdesivir (développé pour le virus Ebola) , le lopinavir en combinaison avec le ritonavir (médicament contre le VIH), le lopinavir et le ritonavir associés à l’interféron bêta et enfin l’hydroxychloroquine (antipaludéen dont la promotion médiatique a bénéficié sous nos latitudes de la personnalité charismatique du professeur Raoult de l’IHU Méditerranée). Notons que pour l’heure, sont éligibles aux essais cliniques les patients présentant des signes respiratoires inquiétants.

Tous ces traitements ont pour objectif de limiter la réplication du virus. Le problème est que ce virus doit être combattu dès l’apparition des premiers symptômes, comme l’ont expliqué la plupart des spécialistes internationaux et Français. Le susnommé Didier Raoult l’a explicitement dit dans sa dernière vidéo : « Sur le plan thérapeutique, ce que l’on est en train de voir, c’est que les malades, au moment où ils ont une insuffisance respiratoire et qu’ils rentrent en réanimation, n’ont presque plus de virus. C’est alors trop tard pour traiter les gens avec des antiviraux. C’est quand ils ont des formes modérées, moyennes, ou qui commencent à s’aggraver, qu’il faut les traiter. À ce moment, on contrôle les virus qui se multiplient. Quand ils sont rentrés en réanimation, le problème ce n’est plus le virus » S’attaquant aux voies respiratoires, le Sars cov-2 provoque dans ses formes les plus grandes une pneumonie interstitielle bilatérale et un « sepsis » comparable à celui du virus de la variole. C’est d’ailleurs pour éviter le risque de surinfection que Didier Raoult associe à la chloroquine un antibiotique appelé azithromycine (qui convient aux personnes allergiques à la pénicilline).

Pour schématiser, les antiviraux doivent être administrés précocement aux contaminés, soit avant la détérioration de l’état du patient. Une fois la pneumonie provoquée par le covid-19 déclenchée, l’oxygénation et l’assistance respiratoire deviennent les traitements les plus importants, ce qui explique la grande proportion de personnes hospitalisées … mais aussi l’intérêt des tests généralisés et précoces. Plus le diagnostic est posé tôt, plus les traitements antiviraux pourront être efficaces. La simple téléconsultation ne saurait être efficace face à des patients qui ne ressentent pas qu’ils ont des infiltrats pneumoniques et peuvent s’effondrer à tout moment. C’est tout le problème de la stratégie française qui, faute de diagnostiquer suffisamment, renvoie des patients à la maison avec une boite de dolipranes et des tisanes. Une atroce sélection qui trahirait presque le serment d’Hippocrate. La médecine n’est-elle pas l’exercice visant à déterminer le soin adapté à une maladie diagnostiquée avec certitude ? Sans dépistage, il est difficile d’établir un diagnostic fiable à une maladie qui, dans ses premiers jours, peut ressembler à un virus saisonnier classique avant de basculer dans une forme beaucoup plus grave et déstabilisante pour les spécialistes.

La Société de réanimation française a ainsi diffusé un guide intitulé « Propositions d’aide au choix des traitements pharmacologiques ». Ce groupe de réflexion précise en introduction que le document ne consiste pas en une série de recommandations mais qu’il est un guide pratique pour les médecins dépassés par la situation souhaitant utiliser des traitements hors essais cliniques. La première information intéressante du texte est que trois types de contaminés hospitalisés sont distingués, fonction de la gravité de leur état : les patients hospitalisés avec atteinte respiratoire oxygéno-requérante, les patients hospitalisés avec SDRA (syndrome de détresse respiratoire aigüe) léger et les patients avec SDRA modéré et sévère. Deux approches sont « proposées ». L’une antivirale et l’autre immunomodulatrice. Pour l’heure, la chroloroquine suscite un motif d’espoir pour la prise en charge des patients en début de maladie, en dépit des critiques sur la méthodologie de l’étude de Raoult … qui sera peut-être confirmée par les essais cliniques.

Subsiste un point aveugle : les capacités d’accueil du système hospitalier français. Avec les soins intensifs, de nombreuses personnes pourront être sauvées. C’est pour cette raison qu’il est demandé aux Français de pratiquer les gestes barrières et d’éviter les contacts interpersonnels rapprochés et nombreux. Nous ne pouvons pas nous permettre de nous retrouver dans la situation lombarde (1247 lits de soins intensifs occupés sur le 1250 disponibles). De plus, une étude chinoise diffusé le 19 mars 2020 a démontré qu’une forte exposition à la charge virale augmentait les risques de choc septique. Ce que le professeur Ian Mac Kay (Innovation Lead Advanced Therapies at Innovate UK) a confirmé, expliquant que la sévérité de la maladie pouvait être liée à la charge virale détectée et que les ré-inoculations virales répétées avaient de grandes chances d’aggraver le diagnostic. De quoi inquiéter les soignants qui déplorent déjà cinq décès en France. En première ligne, ils se sacrifient littéralement pour le bien commun.

 

B-Etat des lieux à l’international

Les traitements expérimentés en Europe le sont aussi dans le reste du monde. Toutefois, quelques différences et innovations sont notables. D’abord, l’étude « randomisée » qui a obtenu les meilleurs résultats porte sur un médicament japonais anti grippal connu sous le nom d’Avigan, soit du favipiravir développé par les laboratoires Fujifilm Toyama. Zhang Xinmin, un officiel chinois du ministère des sciences et de la technologie, s’est montré enthousiaste puisque les patients traités à Shenzen sont devenus séronégatifs au covid-19 en quatre jours contre 11 jours pour les autres traitements testés. Comme pour les autres traitements, celui-ci fonctionne mieux s’il est pris dès les premiers symptômes, afin d’empêcher la reproduction virale. Un autre médicament a aussi été testé, montrant quelques signes encourageants : l’arbidol. Vieil antiviral à large spectre, il peut être utilisé en prophylaxie mais n’est pas homologué par l’Union européenne ni disponible dans le commerce. On peut se poser une question : pourquoi n’avons-nous pas un seul antiviral à large spectre à donner aux soignants ? C’est indigne du XXIème siècle.

Dans cette guerre, on s’aperçoit que les vieilles armes sont parfois les plus fiables quand le combat fait rage. Ainsi, une grande étude clinique est lancée à Utrecht (mais aussi en Australie ou en Chine) autour de ce bon vieux BCG anti tuberculose bien français. Dans une vidéo passionnante, le médecin interniste Roger Seheult explique que ce vaccin stimule nos défenses immunitaires et permettrait d’offrir un premier rideau de protection contre le Sars Cov-2, comme on l’avait aussi constaté autrefois avec la fièvre jaune. Naguère obligatoire sous nos latitudes, le BCG pour fonctionner dans le contexte de l’épidémie de coronavirus doit avoir été injecté il y a moins de 20 ans. C’est pour cette raison que certains pays, dont la France par la voix de Jérôme Salomon, envisagent de revacciner les soignants de première ligne.

 

C-L’espoir d’un vaccin :

Au contraire des médicaments évoqués plus avant, le vaccin du Sars Cov-2 risque bien de reposer sur une technologie de rupture et une innovation. Avec deux milliards de personnes confinées chez elles, le temps presse. Les Etats-Unis, l’Allemagne (CureVac, la Russie, le Japon, la Chine ou la France (Sanofi-Institut Pasteur) se livrent une féroce compétition. La société américaine Moderna est la première à avoir lancé un essai clinique de Phase 1. Olivier Schwartz, directeur de l’unité virus et immunité à l’Institut Pasteur a indiqué que « Cette entreprise propose une nouvelle stratégie vaccinale. Elle consiste à injecter directement un ARN [Ndlr : un morceau de patrimoine génétique] synthétique chez l’homme, qui va permettre à l’organisme de produire directement une des protéines du coronavirus. L’objectif est que le patient développe une résistance spécifique au virus, en produisant des anticorps neutralisants contre cette protéine ». Si cela se confirmait, ce serait une première et un changement majeur.

 

Masques, tests et mesures prophylactiques : la défaite de l’Europe                                                                                            

Pour finir un point sur l’essentiel : nous manquons de tout. De masques. Essentiels pour limiter l’expansion du virus, les masques sont le gros point d’interrogation de cette crise. Marisol Touraine affirme qu’elle a quitté le ministère de la Santé en laissant 750 millions de masques FFP1 derrière elle. Pourtant, nous n’en avions qu’une petite centaine de millions au déclenchement de l’épidémie. Où sont passés les autres ? Un mystère qui devra être élucidé. On  sait que 19 millions d’entre eux ont été envoyés en Chine… Ces masques sont nécessaires pour en finir avec le confinement. Ils sont indispensables et utilisés massivement dans toute l’Asie, comme le recommande d’ailleurs l’OMS. Au lieu de prendre les Français pour des imbéciles, le gouvernement aurait dû expliquer que nous n’en avions pas. Nous devons donc les rationner comme nous le faisons avec les médicaments.

À l’identique, nous ne testons pas assez. Nous avons grand besoin de tests rapides et efficaces pour évaluer la situation et isoler les malades contagieux le temps qu’ils se remettent. Lesquels devront aussi, le plus rapidement possible et quand l’état des stocks le permettra, bénéficier de traitements antiviraux hors hospitalisation. C’est en ça que le traitement du docteur Raoult représente un espoir, n’étant pas cher ni compliqué à produire. Tant pour les soulager d’une maladie douloureuse et incapacitante que pour les rendre moins contagieux le plus vite possible. C’est ce que fait la Corée du Sud avec un grand succès.

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