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Idées, débats... - Page 449

  • Où Anatole France fait dire à l'abbé Lantaigne en quoi la République est détestable

     

    « - Je hais la République, dit M. Lantaigne, parce qu'elle est la diversité. La diversité est détestable. Le caractère du mal est d'être divers. Ce caractère est manifeste dans le gouvernement de la République qui plus qu'aucun autre s'éloigne de l'unité. Il lui manque avec l'unité l'indépendance, la permanence et la puissance. Il lui manque la connaissance, et l'on peut dire de lui qu'il ne sait pas ce qu'il fait. Bien qu'il dure pour notre châtiment, il n'a pas de durée. Car l'idée de durée suppose l'identité, et la République n'est jamais un jour ce qu'elle était la veille ... Elle n'est pas destructible, elle est la destruction. Elle est la dispersion, elle est la discontinuité, elle est la diversité, elle est le mal.»   ♦ 

    Anatole France 

    L'Orme du mail, L'Histoire contemporaine, Calmann Lévy, Paris, 1897 

     

    Textes de grands auteurs ou acteurs de l'Histoire

    Une publication  Lafautearousseau

  • Médias & Actualité • Macron, Fillon, débat présidentiel : Philippe Muray avait tout vu

     

    Une analyse de Vincent Tremolet de Villers            

    Le phénomène Macron, l'affaire Fillon, les débats interminables... La lecture des chroniques de Philippe Muray donne un précieux éclairage à cette campagne indiscernable. [Figarovox, 5.04] Et une intense hostilité envers le Régime, ou le Système, ajouterons-nous.

     

    2395788714.jpgOn ne risque pas de le voir sur BFMTV, moins encore de lire ses tweets. Il est pourtant l'analyste indispensable de cette campagne présidentielle. Philippe Muray nous a quittés il y a onze ans et certains jours il nous semble qu'il est là pour tenir le stylo. Se plonger dans ses chroniques, c'est retrouver à chaque ligne l'actualité que l'on voulait fuir et on imagine aisément l'inventeur des Mutins de Panurge écrire devant un meeting d'Emmanuel Macron : « Un bataillon de “helpers” et de “coworkers” distribue des pancartes “Bougeons les lignes” à chacune et chacun des participants. Ils les brandissent quand passe le prophète de bonheur. Les lignes bougent avec lui, son projet est un cri. Le sky est blue. La France frileuse, enfin, pense Printemps. »

    Ouvrons ses Exorcismes spirituels et suivons ce précieux guide dans le brouillard de cette campagne. Qui est système, antisystème ? « Le nouveau rebelle est très facile à identifier: c'est celui qui dit oui (…) c'est un héros positif et lisse. » Sa révolte ? « C'est le langage de l'entreprise qui se veut moderne. » Mais pourquoi ce jeune rebelle sourit-il sans cesse ? « C'est un sourire près de chez vous, un sourire qui n'hésite pas à descendre dans la rue et à se mêler aux gens », poursuit Muray : « C'est un sourire qui descend du socialisme à la façon dont l'homme descend du cœlacanthe, mais qui monte aussi dans une spirale de mystère vers un état inconnu de l'avenir où il nous attend pour nous consoler de ne plus ressembler à rien. »

    Muray ne nous renseigne pas seulement sur Macron, il nous éclaire aussi sur la violence médiatique du « Penelopegate ». Le choc entre l'atmosphère chabrolienne de la vie de François Fillon et la morale scandinave qui s'installe dans notre pays rejoint toute sa réflexion sur la disparition du romanesque. Le roman, expliquait-il, est rendu impossible par l'installation de « l'empire du Bien » qui trie le bon grain de l'ivraie et dissipe le clair-obscur par un éclairage sans ombre. Pas de Balzac, sans secret (« Nos études sont des égouts qu'on ne peut curer », dit le notaire Derville dans Le Colonel Chabert ), sans arrangements discrets, sans persienne.

    Dans Purification éthique, il y a vingt cinq ans, Muray écrivait : « Par le dévoilement des turpitudes de la vieille société (en l'occurrence de “la classe politique”) -, l'homme de l'époque actuelle se découvre encore plus propre qu'il ne croyait, encore plus beau, plus sain, plus réconcilié, plus colorisé, plus innocent et plus moral (…). La télé est pure, nous sommes purs. Vous êtes formidables. Quelques salauds, pour le contraste, défilent sur l'écran. C'est la grande purge. »

    Mais c'est surtout cette incroyable profusion de débats qui réalise sa prophétie. Ces débats où les intervenants débattent de la question de savoir si le deuxième débat était à la hauteur du premier et s'il est nécessaire d'en organiser un troisième. « Le débat est devenu une manie solitaire qu'on pratique à dix », écrivait-il dans un célèbre texte intitulé « Il ne faudrait jamais débattre ».

    Il dénonçait un univers où l'on proclame le dialogue et la controverse mais où l'insulte - Christine Angot face à François Fillon -, la dérision - le passage obligé des candidats devant comiques et imitateurs - l'emportent sur la réflexion. Des pratiques démocratiques, équitables et qui pourtant évacuent les inquiétudes qui nous hantent. Le système éducatif qui « dénature complètement les idéaux de l'école républicaine et qui ne transmet plus rien de la France » (Augustin d'Humières*) ? Vous avez une minute trente. Les perturbateurs endocriniens et le terrorisme islamiste, la construction européenne et le statut des attachés parlementaires… Allez ! On enchaîne: sans transition et sans hiérarchie. On se contentera du coup d'éclat de Philippe Poutou ou d'un trait de Jean-Luc Mélenchon. On se demandera si cette « punchline » aura de l'influence sur les prochains sondages dont on remettra en cause, lors d'un débat, la fiabilité.

    Et l'école, la culture, l'intégration, les villes moyennes qui s'éteignent une à une ? Rien ou si peu. Le réel est toujours reporté à une date ultérieure. Muray encore une fois : « On convoque les grands problèmes et on les dissout au fur et à mesure qu'on les mouline dans la machine de la communication. Et plus il y a de débat, moins il y a de réel. Il ne reste, à la fin, que le mirage d'un champ de bataille où s'étale l'illusion bavarde et perpétuelle que l'on pourrait déchiffrer le monde en le débattant ; ou, du moins, qu'on le pourra peut-être au prochain débat.» 

    *Un petit fonctionnaire (Grasset).

    Vincent Tremolet de Villers

    Vincent Trémolet de Villers est rédacteur en chef des pages Débats/opinions du Figaro et du FigaroVox            

  • Histoire & Royauté • Patrick Demouy sur TV Libertés : tout sur le sacre des Rois de France

     

    Patrick Demouy est professeur émérite d’histoire médiévale à l’Université de Reims et à l’Institut catholique de Paris. Ses travaux portent sur les cathédrales, les évêques, les rois et leur sacre. Et il vient de publier le merveilleux récit des origines de la royauté sacrée. En en révélant le sens.

    Dans un somptueux livre qui fait référence et qui est destiné au grand public, Patrick Demouy évoque les acquis de la monarchie française sans vision politique ou apologétique. Adossée au baptême de Clovis, l’auteur décrit, par le menu, une cérémonie qui a permis d’asseoir la légitimité de 50 rois de Pépin Le Bref à Charles X. Il permet de lever le voile sur le mystère de la Sainte Ampoule, sur le choix de Reims après Sens, Noyon, Laon et Orléans, sur les pouvoirs surnaturels du Roi et sur le sacre – ou non – des reines de France. L’historien médiéviste a fait avec cet ouvrage une incursion dans plus de 1 000 ans d’histoire célébrant l’union du Roi et de la Nation [TV Libertés, 23.02]. Ce rappel historique ne peut manquer d'intéresser les royalistes et, par delà, les patriotes français. 

     

    [Durée : 28']    TV Libertés, dont nous recommandons les programmes 

     

    Le-sacre-du-roi.jpg

    Édition « La Nuée Bleue », coédité avec « Place des Victoires ».   Grand format : 27 x 36 cm – reliure de prestige.  288 pages. 45 Euros.

    A Lire aussi dans Lafautearousseau ... 

    Royauté • « Le Sacre du Roi », un ouvrage de Patrick Demouy

  • Famille de France • Vidéo [Archive] : La famille royale de France en exil au Maroc

     Entretien entre le roi Mohamed VI et le prince Jean de France au palais royal de Tétouan - Juillet 2003

     

    Pourquoi cette vidéo - malgré ou à cause de ses aspects d'un autre temps - est-elle émouvante, a-t-elle un intérêt ? Parce qu'elle montre les descendants des rois de France exilés de leur patrie et celle-ci privée de leur présence dans cette période de l'entre-deux-guerres qui devait conduire la France, dans l'insouciance, au désastre de juin 1940; parce qu'elle nous présente la famille de France, malgré tout, dynamique, enjouée, moderne, de la modernité d'alors; parce qu'elle livre des images des défunts comte et comtesse de Paris, alors jeunes mariés, de la duchesse de Guise, et la noble figure du duc de Guise, arrière grand-père de l'actuel prince Jean, qui eût été Jean III s'il avait régné. Cette famille, héritière des rois de France, souffrait de l'exil : elle le faisait avec dignité. Et l'on comprend que le prince Jean ait tenu, il y a près de quinze ans, à « mettre ses pas dans les pas de ses ancêtres » et qu'il se soit rendu - en juillet 2003 - au Maroc, où il rencontra le roi Mohamed VI. (Illustration ci-dessus).   Lafautearousseau 

     


    Archive vidéo: La famille royale de France en... par guisalemont

     

    Voici une émouvante vidéo de la Famille royale de France, enregistrée par British Pathé. Sur cette vidéo, filmée durant l’entre-deux-guerres, Leurs Altesses Royales le Dauphin de France et la Dauphine de France, sont filmés durant un séjour au domaine princier de Larache où le chef de la Maison royale de France, Jean III  de France, Duc de Guise et son épouse, vivaient en exil, dans cette partie espagnole du royaume chérifien (en raison de la loi d’exil votée par la République française).

    Sur cette incroyable vidéo, nous pouvons donc apercevoir le prince Henri d’Orléans, comte de Paris (Henri VI de France) et son épouse Isabelle d’Orléans-Bragance, comtesse de Paris, le duc de Guise Jean III de France et son épouse la princesse Isabelle d’Orléans, duchesse de Guise. (Vidéo : British Pathé, Merci à Stéphane Blanchonnet pour le partage de cette vidéo). 

    Source La Couronne

  • Mieux vaudrait créer un jardin public à la place de la Grande Mosquée de Paris, si on devait la céder à l'Algérie !

     

    Mur-bleu gds.jpgL'Algérie a entamé officiellement les procédures d'appropriation de la Grande Mosquée de Paris, a affirmé son ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa : « Les procédures visant à faire de la Mosquée de Paris une propriété de l'Etat algérien ont été entamées officiellement par le biais de l'ambassade d'Algérie à Paris », a-t-il affirmé devant la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale. Selon lui, la démarche s'appuie sur une loi française stipulant qu' « un pays étranger guerre-1914-1918-annee-1915-036-d.jpgqui finance une association de droit français peut, passés 15 ans, prétendre à la propriété de cette entité, ce qui est le cas pour la Grande Mosquée de Paris ». Rappelons que la décision de construire la Mosquée de Paris fut prise après la Première Guerre mondiale, pour rendre hommage aux dizaines de milliers de morts musulmans, venus de ce qui était alors l'Empire français combattre - courageusement - pour la France.  

    Sans refuser l'idée en soi, Charles Maurras se montra très circonspect, dans l'Action française du 13 juillet 1926, sur les conditions dans lesquelles cette décision fut exécutée. A l'occasion de l'inauguration de cette grande mosquée, lors de la visite du sultan du Maroc Moulay-Youssef, il écrivit, ce jour-là, un article dans lequel on découvre un Maurras perspicace (il avait anticipé le réveil de l'Islam : « je ne crois pas que l'on puisse en douter...»); un Maurras respectueux - comme cet autre grand royaliste que fut Lyautey - vis à vis des peuples musulmans (ces « nobles races...»: on dirait, aujourd'hui, qu'il était non-raciste !...); un Maurras lucide et reconnaissant («...auxquelles nous avons dû un concours si précieux...»). Et qui jette sur ces populations un regard amical, voire admiratif, lorsqu'il évoque « les très belles robes de nos visiteurs marocains », de « ces majestueux enfants du désert » ...

    capture-d_c3a9cran-2015-08-11-c3a0-21-12-31.pngMais aussi, et simultanément, un Maurras inquiet parce que, justement, perspicace, et bien plus futé que bien d'autres, qui ne voyaient pas plus loin que le bout de leur nez. Ne sollicitons pas trop les textes, en cherchant à leur faire dire ceci ou cela. Mais, pourtant, n'y a-t-il pas un solide avertissement, qui ressemble à s'y méprendre à de la prémonition, dans les lignes qui suivent ? Et Maurras n'y apparaît-il pas visionnaire ? (Extrait) : 

    « ...Cette mosquée en plein Paris ne me dit rien de bon.... s'il y a un réveil de l'Islam, et je ne crois pas que l'on puisse en douter, un trophée de la foi coranique sur cette colline Sainte Geneviève où tous les plus grands docteurs de la chrétienté enseignèrent contre l'Islam représente plus qu'une offense à notre passé : une menace pour notre avenir... la construction officielle de la mosquée et surtout son inauguration en grande pompe républicaine, expriment quelque chose qui ressemble à une pénétration de notre pays et à sa prise de possession par nos sujets ou nos protégés...

    ...Nous venons de transgresser les justes bornes de la tolérance, du respect et de l'amitié. Nous venons de commettre le crime d'excès. Fasse le ciel que nous n'ayons pas à le payer avant peu... »

    Et, dans le même article, mesuré, reconnaissant, mais bien plus lucide que beaucoup, Maurras exprimait le souhait que « ...les nobles races auxquelles nous avons dû un concours si précieux ne soient jamais grisées par leur sentiment de notre faiblesse... »

    Aujourd'hui, le contexte a, évidemment, changé. L'Empire français n'existe plus, et ceux qui, loyalement, courageusement et glorieusement sont venus en Métropole pour défendre leur patrie sont, bien sûrs, tous morts. L'hommage qui devait, à bon droit, leur être rendu l'a été, quelle qu'en soit la façon. Le monument toujours debout est donc le témoignage commémoratif d’un passé glorieux, certes, mais sa raison d'être première a disparu, avec le contexte qui l'accompagnait. Aussi, si les 7.500 mètres carrés qu'il occupe devaient être, pour une raison X ou Y, cédés à l'Algérie, donc aliénés, il nous semblerait plus normal de tourner une page que l'Histoire ne nous a pas attendus pour tourner, de toute façon, et de leur trouver une nouvelle affectation.

    Si l'Algérie tient tant que cela au « monument de la colline », elle n'a qu'à le démonter et le remonter chez elle : elle a largement de quoi payer l'opération, ses coffres regorgent de milliards, venant des bénéfices que lui procure le pétrole que nous avons trouvé et exploité, et que nous lui avons laissé, on ne sait pas trop pourquoi, en lui offrant un Sahara qui ne lui avait jamais appartenu, l'Algérie elle-même en tant que telle n'ayant jamais existé, sous sa forme actuelle, avant nous...

    Un espace vert public, dans une ville qui en manque, serait certainement l'une des solutions les plus raisonnables. En tout cas plus raisonnable que la cession pure et simple à l'Etat Algérien d'un morceau de la colline Sainte-Geneviève ; du cœur de Paris ; en plein cœur de Paris... 

  • Le patriotisme selon saint Macron ou selon Charette ?

     

    Par Floris de Bonneville 

    Parue sur Boulevard Voltaire le 3 avril, cette chronique oppose opportunément et de façon fort juste, à propos de Macron, la patrie abstraite, idéologique, indéfinie, des révolutionnaires, à la patrie charnelle, historique, concrète, nécessairement délimitée, des hommes et des penseurs de la Tradition. Combien de fois, dans nos veillées, nos réunions, nos articles, les royalistes que nous sommes, avons-nous récité, cité, repris, le magnifique discours que Charette avait tenu un jour à ses hommes au cours des guerres de Vendée ! C'est ce discours que Floris de Bonneville oppose ici à l'idéologie multiculturaliste d'Emmanuel Macron. Dans son récent grand article du Monde, qui nous dit que « Pierre Boutang reprend le pouvoir », Jean Birnbaum relève que « le mouvement royaliste [...] a lui-même plus d’influence sur les droites qu’on ne le croit. » Il a raison, sauf que cette influence ne se limite pas aux droites, touche aussi maints penseurs dits de gauche, comme il en donne, d'ailleurs, lui-même des exemples. C'est dans cette direction que la France devra tourner ses regards pour s'en sortir !  Lafautearousseau 

     

    Floris de ....pngLe discours d’Emmanuel Macron à Marseille restera dans les annales politiques comme une anthologie de médiocrité absolue. Où l’on voit que la bête de scène compte sur l’inaudibilité par des auditeurs admiratifs de ce bout-à-bout de mots magiques qui ont fait la force, jusqu’à présent, du candidat. Car, ne nous y trompons pas, Macron est un jeune homme intelligent et opportuniste qui n’a d’ambition que pour sa carrière. S’il est élu président de la République (le summum d’une vie pour le commun des mortels), dès la fin de son mandat, il reprendra du service auprès de ses obligés de la finance. Et ce langage indescriptible, où les mots savants se suivent dans un brouillamini savant, le sert auprès des plus faibles de nos concitoyens qui ne réalisent pas qu’ils sont l’objet d’une OPA qui va lui permettre d’atteindre son but, si on ne réussit pas à l’éliminer avant le 23 avril.

    Prenons l’exemple d’une évocation du patriotisme en face d’une masse de Marseillais de toutes origines qu’il a savamment identifiés un à un : « Être patriote, ce n’est pas la gauche qui s’est rétrécie sur ses utopies. Être patriote, ce n’est pas la droite qui se perd dans ses avanies et l’esprit de revanche. Être patriote, ce n’est pas le FN, le repli et la haine qui conduira à la guerre civile. Être patriote, c’est vouloir une France forte, ouverte dans l’Europe et regardant le monde. »

    Tout auditeur intelligent pourrait penser : mais ce gars-là se moque de nous ! Pour qui se prend-il ? Pour le Bon Dieu, pour le centre de la France, ni gauche, ni droite… Macron, c’est une succession d’utopies… de gauche essentiellement. Macron, c’est le communautarisme qui peut conduire à la guerre civile. Être patriote, c’est être Français. Point final. Ce n’est pas être Européen. 

    L’Europe n’a jamais été une patrie. Être patriote, c’est aimer d’abord sa famille, puis ses amis, puis ses voisins, puis son pays. 

    Mais être patriote, c’est surtout ce qu’en a écrit François Athanase Charette de La Contrie, ce héros vendéen cher à Philippe de Villiers et à nos cœurs. Une ode au patriotisme dont Macron n’aurait pas pu en écrire une ligne. 

    « Notre patrie à nous, c’est nos villages, nos autels, nos tombeaux, tout ce que nos mères ont aimé avant nous. Notre patrie, c’est notre foi, notre terre, notre roi. Leur patrie à eux*, qu’est-ce que c’est ? Vous le comprenez, vous ? Ils veulent détruire les coutumes, l’ordre, la tradition. Alors qu’est-ce que cette patrie narguante du passé, sans fidélité et sans amour. Cette patrie de billebaude et d’irreligion ? Beau discours, n’est-ce pas ? Pour eux la patrie semble n’être qu’une idée : pour nous, elle est une terre… Ils l’ont dans le cerveau, nous nous l’avons sous les pieds : c’est plus solide. Et il est vieux comme le diable leur monde qu’ils disent nouveau et qu’ils veulent fonder en l’absence de Dieu… Vieux comme le diable… On nous dit que nous sommes les suppôts des vieilles superstitions… Faut rire. Mais en face de ces démons qui renaissent de siècle en siècle, nous sommes une jeunesse. Messieurs, nous sommes la jeunesse de Dieu, la jeunesse de fidélité ! Et cette jeunesse veut préserver, pour elle et pour ses fils, la créance humaine, la liberté de l’homme intérieur… »

    Charette, bien sûr, c’est l’anti-Macron absolu, celui qui a donné sa vie pour Dieu et son roi. Saint Macron est à mille lieues d’être patriote. Un gourou sans foi ni loi que nous avons trois semaines pour éloigner du second tour.

    Alors, oui, en avant, marche !   

    *  Les guillotineurs 

    Journaliste
    Ancien directeur des rédactions de l’Agence Gamma
     
  • VIDEO • Bérénice Levet : « Nous devrions énoncer un droit des peuples à la continuité historique ! »

     

    Mieux ou aussi bien que ce que nous aurions pu dire, ou différemment mais dans un même profond sillage : nous nous employons à faire écho à tout ce qui rejoint cette école de la Tradition à laquelle nous appartenons. Qui, en effet, œuvre à régénérer la pensée française et, tout simplement, à redresser la France, sa civilisation. Les idées que Bérénice Levet expose ici pour Boulevard Voltaire [3.04] sont évidemment de cet ordre.  LFAR   

     


    Bérénice Levet : « Nous devrions énoncer un... par bvoltaire (6'59'')

     

    Dans son dernier livre Le Crépuscule des idoles progressistes, Bérénice Levet dénonce la nouvelle anthropologie mise en place dans les années 70 et fondée sur un « alibi » : l’individu serait d’autant plus libre, original et créatif qu’il serait délié de tout héritage… Cette idéologie a débouché sur un désastre civilisationnel. Nous avons posé un éteignoir sur le processus d’humanisation, qui se fait par la transmission de l’héritage. Il y a un épuisement de ces idoles, mais l’hégémonie culturelle continue de leur appartenir. 

    Confrontés à un communautarisme islamique toujours plus véhément, nous aspirons, cependant, à nous souvenir de qui nous sommes. Et nous sommes les héritiers d’un génie français : la clé de la transmission est de donner à connaître, mais aussi à aimer, cet héritage. 

    Le Crépuscule des idoles progressistes

    Boulevard Voltaire

  • A ne pas manquer ce soir, 20h40 sur KTO, « Prêtres sous la Terreur » ou « Quand la France exterminait ses prêtres » 

     

    Mur-bleu gds.jpgA dire vrai, le titre exact, que nous aurions évidemment préféré, eût été : « Quand la France révolutionnaire exterminait ses prêtres ». Car pas plus que la Révolution, le peuple français n'a jamais voulu l'assassinat du roi, puis de la reine, et le long et monstrueux infanticide du petit roi Louis XVII ; ni l'assassinat des prêtres, dont il est ici question ; ni le génocide vendéen...

    Mais, enfin, ne boudons pas notre plaisir, car si KTO n'est pas une grande chaîne généraliste (nous parlons ici uniquement en terme d'audience) il est toujours bon que, où que ce soit ; la vérité soit dite et établie sur l'horreur absolue que représenta la sinistre période révolutionnaire.

    Elisabeth Caillemer a vu « Prêtres sous la terreur », félicitant KTO qui « apporte sa pierre à l'édifice du politiquement incorrect en diffusant un excellent documentaire consacré à la déportation et au massacre de milliers de prêtres sous la Révolution ».

    Factus obediens usque ad mortem (obéissants jusqu'à la mort) : lorsque les terroristes révolutionnaires lancèrent, comme un défi, à la face de la France, de l'Europe et du monde, leur message totalitaire, la France entière se souleva contre eux, lançant le message exactement contraire, celui de la liberté intérieure, face à l'oppression d'un pouvoir sans limite qui, ne se reconnaissant aucune autorité supérieure, se révélait vite mille fois plus tyrannique que les antiques oppressions qu'il prétendait abolir.

    L'expression la plus achevée de ce soulèvement se trouva évidemment dans tout le Grand Ouest, mais plus des deux tiers des département nouvellement créés furent en état d'insurrection armée contre l'intrusion de la folie barbare dans le royaume qui fut, jusqu'en 1789, celui de « la douceur de vivre » (Talleyrand). 

    A ce soulèvement massif et quasi général de la très grande majorité du peuple français, la Révolution répondit par la seule chose qu'elle connaissait vraiment : la Terreur !

    1064058210.jpg« Juillet 1790, - reprend Elisabeth Caillemer - l'Assemblée constituante adopte la Constitution civile du clergé... Rome où la Révolution, il faut choisir ». La majorité des ecclésiastiques refuse de prêter serment : on les appelle « réfractaires ». Le régime qui commence sa prétendue devise par « Liberté » commence par interdire aux gens leur liberté intérieure ! Les prêtres « réfractaires » (appelés aussi « insermentés ») sont pourchassés par les républicains, dont le troisième mot de la devise est - rappelons-le- « Fraternité » ! « A Paris - dit Elisabeth Caillemer - 180 prêtres retenus captifs dans le couvent Saint-Joseph des Carmes sont massacrés. Le documentaire nous emmène aussi dans l'Ouest de la France, berceau de la résistance contre-révolutionnaire. Là-bas, la folie meurtrière des sans-culottes se déchaîne. Fusillades à Angers, noyades à Nantes, emprisonnements à Rochefort. Exposés de manière chronologique et didactique, ces faits terrifiants témoignent surtout de la haine anticléricale et de la violence inouïe de la république naissante, dont les méthodes n'ont rien à envier à celles de Daech. »

    Eh ! oui : n'en déplaise à nos modernes Mélenchon ou Hamon, qui ne cessent d'en appeler aux mânes des grands ancêtres, ceux-ci comptent en fait parmi les pires criminels de toute l'histoire de l’Humanité ; ils sont la matrice d'où sortiront tous les monstres et toutes les horreurs du XXème siècle : Staline, Hitler, Mao Zedong, Pol Pot, Ho Chi Minh, Ceaucescu, Castro, la Stasi et la Securitate, le Goulag et le Lao Gai... 

    Rappelons, par ailleurs, que les nazis n'ont rien inventé, et que le monstrueux massacre d'Oradour sur Glane a eu son précédent, en Vendée, aux Lucs sur Boulogne, en 1794, soit 150 ans auparavant *

    Toute occasion de faire la lumière sur ces monstrueux évènements est bonne à prendre, et la vérité doit être dite, à temps et à contretemps, afin de faire cesser le Mémoricide, deuxième crime que la République idéologique ajoute à son premier - le génocide vendéen - puisqu'elle refuse toujours, plus de deux siècles après, de dire la vérité sur la Terreur et le massacre des Français sur laquelle elle s'est construite, et sur laquelle notre actuel Système, qui reconnaît en elle ses fondements, repose également. 

    * A lire dans Lafautearousseau ... 

    Quand Oradour sur Glane était en Vendée

  • Médias & Idées • Où « Le Monde » expose sur une pleine pagne signée Jean Birnbaum que « Boutang reprend le pouvoir »  

    Le Monde du 1.04.2017, p. 7, avec photo de Pierre Boutang, vers 1955  [Jean-Marie Marcel]
     
     
    auton10-869de.jpgCe long et intéressant article, bourré de faits, de noms, de citations puisées à différents livres de et sur Pierre Boutang, mérite l'attention et appellera sinon une réponse du moins différentes observations et réflexions de la part de ceux, dont nous sommes, qui, d'une manière ou d'une autre, se situent dans le sillage, la filiation directe de Pierre Boutang et, somme toute, appartiennent à la même école que lui, fût-ce de façon plus ou moins libre, plus ou moins proche. Mais l'auteur de l'article a raison d'écrire que la vraie fidélité de Boutang à Maurras fut toujours empreinte de liberté.        
     
    Si, selon Jean Birnbaum, Boutang reprend le pouvoir, c'est évidemment au sens de son livre de 1977 réédité l'an dernier, ce qui signifie, pour ce qui est de sa pensée et de son œuvre, un retour en force de son influence, dans le cercle de ses amis, de ses disciples et de ses successeurs, mais aussi bien au delà, au cœur de la politique et, au sens maurrassien, de l'intelligence françaises, ce que l'article signale à différentes occasions.
     
    Nous aurons certainement à discuter plusieurs des interprétations assez personnelles que Jean Birnbaum livre sur la pensée, l'œuvre, l'action, la vie de Pierre Boutang. Certaines d'entre elles sont contredites ou nuancées par différents articles parus dans le numéro spécial que La Nouvelle Revue Universelle a consacré à Boutang à l'automne dernier à l'occasion du centenaire de sa naissance.
     
    Ce grand article - d'ailleurs repris le même jour dans l'édition numérique du Monde - n'appelle toutefois nulle polémique, plutôt un débat, et quelle qu'en soit la forme, nous aurons, après l'avoir simplement signalé aujourd'hui comme important, à y revenir prochainement. Et, sans-doute, à le publier. 
     
    Lafautearousseau

  • Histoire & Monde • Vers une réhabilitation des Pahlavi ?

    L'impératrice Farah et Andy Warhol 

    Par Péroncel-Hugoz

    Près de 40 ans après la Révolution iranienne, notre confrère revient sur la politique d’ouverture culturelle de l’Iran jadis et essaie de décrypter des signes actuels de réouverture.

     

    peroncel-hugoz 2.jpgDes années avant que le mouvement des mollahs ne chasse d’Iran la dynastie nationale des Pahlavi, le roi Hassan II avait conseillé au chah Mohamed-Réza de ménager traditions et susceptibilités musulmanes dans sa vaste entreprise de modernisation de l’Empire perse islamisé. 

    Le monarque iranien, l’épée dans les reins tenue par des « progressistes » du monde entier, en fait des marxistes poussés par les Soviétiques, n’en continue pas moins sa fuite réformatrice  en avant, allant, au nom de sa « Révolution blanche » jusqu’à soumettre à la réforme agraire les immenses propriétés du clergé chiite iranien. Dès lors le chah ne sortirait plus que broyé, avec son régime modernisateur, de sa confrontation avec l’ayatollah Khomeiny, intraitable religieux originaire des Indes. 

    Occidentalisation ?

    Parmi les reproches adressés par les mollahs aux Pahlavi, figurait au premier rang leur « tentative d’occidentalisation du peuple musulman de l’Iran », et de citer «l es sommes fabuleuses données à l’impératrice Farah par le chah pour l’achat de tableaux impies en Occident ».

    En effet, Mohamed-Réza avait chargé son épouse de constituer une collection d’Etat d’œuvres d’art moderne du monde entier, Iran compris. La chahbanou avait été initiée à la culture universelle lors de ses études d’architecture à Paris, avant ses fiançailles inattendues avec le chahinchah, comme on disait alors.

    Au cours de la décennie 1970, en particulier, période qui devait se terminer par la Révolution islamique, ce fut, de la part de l’impératrice et de ses conseillers artistiques, une véritable frénésie d’achats. Je citerai en vrac Van Gogh, Picasso, Faridah Lachaï, Hopper, Magritte, Pollock, Bacon, Moore, Calder, Miro, Léger, Rouault, Derain, Monet, Ensor, Vuillard, Giacometti, Gauguin, etc., etc. Un ensemble unique dans les pays du Sud.

    Le président Rafsandjani

    Une collection estimée aujourd’hui à 2 ou 3 milliards d’euros et qui, après le départ forcé des Pahlahi en 1979 (pour un exil en Egypte puis au Maroc, enfin aux Amériques et en France), ne fut pas détruite mais cachée.

    Lorsque je fus reçu par le président Rafsandjani après la mort de Khomeiny, pour un entretien publié dans Le Monde, j’osai demander à ce haut dignitaire politico-religieux la faveur exceptionnelle de voir la fameuse collection. Non seulement cela me fut accordé mais en plus les autorités iraniennes me firent voir jusqu’aux appartements privés des Majestés impériales déchues, avec les uniformes du chah et les manteaux de l’impératrice laissés dans les penderies…

    De Boucher à Bacon

    Parmi les tableaux je notai un Boucher très nu, très coquin ayant appartenu, selon mon guide, à la mère du chah, alors exilée en Californie et aussi un Francis Bacon, de la collection d’Etat, figurant un homme nu se contorsionnant…  Si le Boucher n’a pas réapparu lors de la réouverture du Musée d’Art moderne de Téhéran, conçu jadis sur les instructions de Farah, en revanche, à ma grande surprise, j’ai pu voir sur internet que le nu de Bacon était bien actuellement montré aux Iraniens et aux étrangers à Téhéran. Il y a quelque chose de changé dans la République des mollahs et des pasdarans…

    La « collection Farah »

    Jusqu’où cela ira-t-il ? Jusqu’à une réhabilitation au moins culturelle des Pahlavi ? Pas tout de suite sans doute mais il y a des prémices sous nos yeux : des échanges provisoires d’œuvres d’art de la sulfureuse « collection Farah » ont lieu ou vont avoir lieu avec l’Allemagne, la France, etc.

    Un membre de la famille Khomeiny, qui avait rencontré un Pahlavi à l’étranger, a seulement été assigné à résidence à son retour au pays. Tout récemment, une manifestation royaliste en Iran, près du mausolée de Cyrus le Grand, empereur perse avant l’Islam, que les Pahlavi érigèrent en modèle, a été dispersée sans poigne excessive.

    Le portrait de la chahbanou qu’elle avait commandé à Andy Warhol n’est évidemment pas encore montré sur les cimaises téhéranaises… mais les portraits de Mao l’athée ou de Marilyn Monroe la scandaleuse ont, en revanche parait-il, été tirés du placard où ils étaient remisés depuis la Révolution et les Iraniens peuvent voir derechef ces exemples de l’« art décadent de l’Ouest »… Soit 60 œuvres des 300 du « Fonds Pahlavi ». 

    Attendons la suite. Une élection présidentielle aura lieu ce printemps en Iran. 

    Péroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le360 du 31.03.2017

  • Royauté • « Le Sacre du Roi », un ouvrage de Patrick Demouy

     

    Demouy.jpgParu le 1er Octobre 2016, cet ouvrage de Patrick Demouy raconte le Sacre des Rois et des Reines de France. Ce somptueux livre de référence est destiné au grand public. Plus de mille ans d’histoire célébrant l’union du Roi et de la Nation.

    Patrick Demouy raconte l’origine et l’évolution du Sacre, cette onction unique en Europe. Il décrypte les enjeux symboliques et politiques de cette cérémonie qui a permis d’assoir la légitimité du Roi et de sa dynastie pendant des siècles. Il éclaire la légende de la Sainte Ampoule, les guérisons miraculeuses des écrouelles, et comment Reims s’est imposée comme ville du sacre. Toutes les étapes du Rituel du sacre sont détaillées, du Lever du Roi au magnifique Festin offert par la ville, qui clôturait une cérémonie longue de 7 heures.

    L’ouvrage comprend également le récit, sous forme de notices illustrées, des 76 sacres royaux, de Pépin le Bref en 751 à Charles X en 1825.

    Une somptueuse iconographie composée de 270 images : miniatures médiévales, gravures, tableaux, photos des insignes royaux (couronnes, sceptres …) et des lieux du sacre. 

    Le-sacre-du-roi.jpg

    L’auteur, Patrick Demouy, Professeur émérite d’histoire médiévale à l’université de Reims Champagne-Ardenne et à l’Institut catholique de Paris, portent ses travaux sur les cathédrales, les évêques, les rois et la vigne en Champagne.

    Édition « La Nuée Bleue », coédité avec « Place des Victoires ».
    Grand format : 27 x 36 cm – reliure de prestige.
    288 pages. 45 Euros.

  • Livres & Actualité • Alain de Benoist : Le moment populiste

     

    Une recension par Jean-Paul Brighelli

    Analyse façon Brighelli - fond et forme - d'une grande force d'évocation et d'une toujours évidente lucidité [31.03].

     

    164510964.jpgVoilà deux mois que j’ai sur ma table le Moment populiste, d’Alain de Benoist (Pierre Guillaume de Roux Editeur).

    Deux mois que j’attends le bon moment de parler d’un livre intensément érudit et qui explore toutes les facettes d’un mot qui pue un peu aux narines des crétins — sauf qu’il rentre justement en grâce ces temps-ci.

    Populisme : le terme pour ma génération a été longtemps associé à « poujadisme » (certification vintage Pierre Poujade 1953-1958, avec résurgence Gérard Nicoud et CIDUNATI, 1969), et ne concernait guère que les revendications des petits commerçants — à ceci près que l’Union Fraternité Française, qui obtint 52 députés en 1956 (dont Jean-Marie Le Pen, réélu en 1958) dépassa rapidement la stricte défense des Beurre-Œufs-Fromages.

    Puis vint Georges Marchais, maillon indispensable pour comprendre comment un mot longtemps associé à l’extrême-droite a glissé peu à peu sur l’arc politique, au point d’être aujourd’hui l’œil du cyclone à partir duquel se définissent les politiques. À partir duquel s’est construite, surtout, « l’extraordinaire défiance de couches de la population toujours plus larges envers les « partis de gouvernement » et la classe politique en général, au profit de mouvements d’un type nouveau » : c’est l’attaque du livre d’Alain de Benoist — et j’aimerais beaucoup qu’on lui fasse grâce des étiquettes a priori, dans une France qui justement, comme il l’analyse fort bien, s’ébroue hors du marigot gauche-droite.

    Ce que des journalistes paresseux ont nommé le « trumpisme » (croient-ils vraiment que le peuple américain qui a voté pour le faux blond le plus célèbre au monde croit en ses vertus ?) n’est en fait que la mesure du « fossé séparant le peuple de la classe politique installée ». Inutile donc d’« accumuler les points Godwin » en criant au retour des années 1930 dès qu’un mouvement politique parle au peuple : en fait, de Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon en passant par Nicolas Dupont-Aignan et tout ce qu’il reste du chevènementisme, ce sont moins les politiques qui parlent au peuple que le peuple qui parle aux politiques. Et qui même lui crie aux oreilles.

    A émergé il y a une dizaine d’années un populisme new style. Alain de Benoist évoque la victoire du « non » au référendum de 2005, le référendum confisqué par les pseudo-élites qui nous gouvernent, droite et gauche mêlées — bien la preuve qu’il n’y a plus de droite ni de gauche quand il s’agit de défendre les avantages acquis de l’oligarchie au pouvoir. Je pencherais plutôt pour les élections de 2002, où entrent les 16,86% de Jean-Marie Le Pen (ajoutons-y les 2,34% de Bruno Mégret et sans doute les 4,23% de Jean Saint-Josse) et les 5,33% de Jean-Pierre Chevènement de l’autre côté de l’arc électoral, cela fait quand même près de 30% de voix qui ne se portaient pas sur les deux partis traditionnels qui monopolisent depuis quarante ans les chaises musicales au sommet de la République.

    Mais je comprends le raisonnement d’Alain de Benoist : l’élection de 2005 était la preuve par neuf qu’une seconde oligarchie, européenne celle-là, se superposait à la vieille oligarchie française. De surcroît, le cumul des mandats étant ce qu’il est, c’était pour ainsi dire la même classe politique de l’UMPS qui se partageait les dépouilles électorales, à Bruxelles comme à Paris. « La droite a abandonné la nation, la gauche a abandonné le peuple », dit très bien notre philosophe, citant Pierre Manent. Que la Gauche ne soit plus représentée que par un quarteron de bobos parisiens — qu’elle ait à ce point rompu avec le peuple (et la candidature de Jospin en 2002 est emblématique de cette scission) est une évidence. Que la Droite se soit européanisée, mondialisée, et ait renié le bonapartisme jacobin qui caractérisait la politique gaulliste est une autre évidence.

    Et de citer le célèbre poème de Brecht, « Die Lösung » (« la Solution ») :

    « Ne serait-il pas
    Plus simple alors pour le gouvernement
    De dissoudre le peuple
    Et d’en élire un autre ? » 

    Le populisme moderne est né d’une absence d’alternative. Rien à voir, sinon à la marge, avec le populisme des années de plomb : il ne s’agit pas de revanche (sur le traité de Versailles / les Juifs / les Francs-macs ou que sais-je) mais d’une révolte face à la confiscation de tous les pouvoirs par une minorité qui ne se reproduit qu’en pure consanguinité. D’une offense à la « common decency » chère à Orwell et à Jean-Claude Michéa (dont chaque livre, chaque interview fournit une occasion pour les Saint-Jean-Bouche-d’or de crier à la trahison des clercs). Le modèle en fait du populisme actuel n’est pas 1933, mais 1788.

    Capture-d’écran-2017-03-29-à-14.09.20.pngPour preuve (preuve aussi de la qualité des analyses d’Alain de Benoist, dont je ne vais pas vous faire une lecture exhaustive, achetez-le plutôt), le virage populiste de Jean-Luc Mélenchon, qui est rhétoriquement l’héritier de Marchais, et politiquement sur une ligne fort proche, quand on y pense un peu sérieusement, de celle de Marine Le Pen. C’est même l’opinion de cet imb… de Maurice Szafran, qui écrit désormais dans ChallengesSo long, Marianne

    Oui, oui, je sais, les futurs électeurs de Mélenchon se pincent le nez en lisant cette dernière phrase. Mais ce sont les mêmes qui l’année dernière lisaient l’Ere du peuple, un titre habilement médité par le leader de la France insoumise, sans doute méditait-il déjà le slogan de sa campagne actuelle. Les mêmes qui dénoncent le népotisme de toute la classe politique (et Alexis Corbière, le second de Mélenchon, d’estimer que « l’affaire Fillon heurte le moment populiste où nous sommes »), les mêmes qui depuis quinze ans déplorent l’abandon du peuple par la gauche et « comprennent » que d’anciens communistes aient viré FN, dans les vieux bastions du PCF — dans le Nord notamment. Les mêmes qui lisent avidement Christophe Guilluy (longuement interviewé ce mois-ci dans Eléments, la revue que patronne Alain de Benoist — tiens, tiens), et savent bien que Gauche et Droite méprisent la France périphérique — et d’ailleurs, la France tout court.

    Alexis Corbière explique donc dans l’interview pré-citée que le mot « populisme » fait aujourd’hui débat, que le peuple est contre l’oligarchie et le népotisme, et que la situation actuelle est pleine d’une violence potentielle qui l’amène à conclure à la nécessité d’une Assemblée Constituante.

    Cher Alexis Corbière, je crois qu’il est trop tard. Alain de Benoist analyse finement la disparition des « lendemains qui chantent » — et le rôle qu’a joué dans la montée du populisme l’effondrement de l’utopie socialiste, à l’Est. Seule une reddition en rase campagne de Hamon donnerait du sens à une candidature Mélenchon — mais la rue de Solférino maintiendra Hamon, parce qu’ils haïssent Mélenchon, au PS, et surtout parce qu’ils rêvent d’une victoire de MLP, qui permettrait, croient-ils, un sursaut pro-PS aux Législatives et la survie des Eléphants. J’ai bien peur (en fait, je n’ai pas peur du tout) que nous ne soyons plus en 1788, mais déjà en 1791. Ça va mal se passer dans les urnes, et ça va finir dans la rue.

    Je dis « ça », exactement comme Céline au début du Voyage au Bout de la nuit (« Ça a débuté comme ça » — une phrase d’une fabuleuse circularité), non pour écrire populaire, mais parce que c’est le Ça freudien, le refoulé de tant de décennies, qui est en train de remonter. À jouer au plus fin avec le peuple, on finit par perdre — on ne peut pas le tromper tout le temps, même si on l’a trompé longtemps. Voilà, ça va finir comme ça. 

    Jean-Paul Brighelli
    Enseignant et essayiste, anime le blog Bonnet d'âne hébergé par Causeur.

  • Histoire • Marie-Thérèse d’Autriche

     

    par Anne Bernet

     

    938307326.pngPour un Français, peu de noms émergent de la longue liste des souverains Habsbourg et, leur poserait-on la question, sans doute serait-ce celui de Marie-Thérèse qui leur viendrait d’abord à l’esprit. Peut-être parce que l’impératrice, épouse d’un duc de Lorraine, fut la mère de Marie-Antoinette et qu’elle exerça sur sa fille, comme sur tous ses enfants, -elle en eut seize- une influence fâcheuse. Montée sur le trône en 1740, la jeune femme n’avait pas été préparée à régner par son père, Charles VI, qui espérait la naissance d’un fils et négligea l’éducation politique d’une princesse prête à hériter d’un empire amputé de l’Espagne, revenue aux Bourbons, et d’une partie de ses territoires italiens et balkaniques. Si la France demeurait hostile, le vrai péril venait désormais de la Prusse de Frédéric II. Les premiers mois du règne furent désastreux, au point que tout sembla perdu. Mais Marie-Thérèse fit face, avec une détermination étonnante. Lorsqu’elle s’éteignit, en 1780, elle avait préservé ses possessions et, au prix de retournements d’alliances spectaculaires dont elle fut l’unique bénéficiaire, repris sur la scène internationale une place prépondérante. Pour y parvenir, elle avait froidement sacrifié sa progéniture, fidèle à la devise ancestrale : « les autres font la guerre ; toi, heureuse Autriche, marie-toi ! »

    Jean-Paul Bled donne de la vie et de l’œuvre de l’impératrice une analyse remarquable, qui éclaire toute l’histoire du XVIIIe siècle. Travail d’autant plus nécessaire qu’il n’existe pratiquement aucune biographie française de ce personnage crucial. 

    Marie-Thérèse dAutriche, de Jean-Paul Bled, Perrin Tempus. 

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  • Conférence : L’Histoire des Bourbons de France et des Bourbons d’Espagne [Paris, ce soir, 31 mars]

     

    3038070342.jpgVendredi 31 mars 2017, l’Institut de la Maison Royale de France et la Hermandad Nacional Monárquica de España, délégation France, ont le plaisir de vous inviter à la conférence sur l’histoire des Bourbons de France et des Bourbons d’Espagne présentée par l’historien Philippe Delorme.

    Cette conférence exceptionnelle sera donnée à 19H30 dans la grande salle paroissiale de l’église Saint Germain l’Auxerrois, paroisse des rois de France. Pour pouvoir participer à cette conférence, merci de remplir et de retourner le bulletin d’Inscription ci-dessous.  

    Bulletin d’Inscription à la conférence

  • Justice & Royauté • Camille Pascal : Saint louis et son chêne expliqué aux « historiens de garde »

    Saint Louis rendant la justice sous le chêne de Vincennes, Pierre-Narcisse Guérin, Musée des Beaux-Arts d'Angers

     

    Par Camille Pascal     

    Au cours de l'Émission politique, François Fillon a été prié de se prononcer sur la crédibilité de Saint Louis rendant la justice sous son chêne. Dans cette remarquable tribune [Figarovox 24.03] Camille Pascal montre comment cela est révélateur du rejet des intellectuels contemporains à l'égard de toute référence au roman national. Beaucoup de choses ont disparu en même temps que la monarchie. A commencer par la vraie justice qui s'incarnait dans la personne du Roi et qu'il garantissait. Vint ensuite la justice révolutionnaire. On sait ce qu'elle fut et, somme toute, elle s'est prolongée ...  LFAR  

     

    3192984736.jpgIl est des émissions politiques qui ont marqué l'histoire de la télévision française, d'autres, l'Histoire contemporaine tout court, il est plus rare qu'elles aient provoqué un débat sur l'Histoire de France. L'Émission Politique, puisque tel est son nom, diffusée jeudi dernier sur France 2 et dont François Fillon était l'invité, marquera, à n'en pas douter, l'histoire de la télévision mais seuls les résultats du premier tour des élections présidentielles permettront de dire si elle aura joué un rôle dans l'histoire politique de notre pays. Néanmoins, une chose est sûre désormais, cette émission aura fait de l'Histoire de France un enjeu majeur de ce scrutin.

    Le « cabinet noir », chacun le sait, a toujours été depuis Monsieur Gabriel Nicolas de la Reynie, une prérogative du Lieutenant Général de Police et donc le domaine exclusif de la Maison du Roi. Quant à Christine Angot, malgré le tintement de ses bracelets, elle n'est pas, loin s'en faut, Madame de Staël, ni même Marguerite Duras dont elle a fait, ce soir-là, un pastiche pathétique. Pour autant, si l'Histoire affleurait déjà dans ces deux grands moments de télévision, elle n'était pas encore au centre du débat.

    Il a fallu attendre la confrontation entre le candidat et un professeur d'Histoire-Géographie au lycée de Nanterre, Madame Laurence de Cock, vice-présidente d'un étrange « Comité de Vigilance face aux usages publics de l'histoire » - on se demande bien en quoi l'Histoire qui constitue la mémoire collective des événements passés n'est pas d'usage public ? - pour que l'Histoire fasse son entrée en majesté sur le plateau de l'émission. Il s'agissait de condamner toute référence au fameux récit national qui est désormais considéré par certains intellectuels comme une sorte d'avant-poste du révisionnisme. L'échange fut courtois, presque respectueux de part et d'autre, alors même que les trois furies antiques, Tisiphone, Mégère et Alecton, continuaient à tournoyer autour des projecteurs quand madame Laurence de Cock demanda de but en blanc à François Fillon si la figure du Roi Saint-Louis rendant la justice sous son chêne lui paraissait « crédible » ?

    Le candidat des Républicains s'attendait certainement à tout ce soir-là sauf à devoir se prononcer sur la crédibilité de Saint-Louis... Chacun sait, pourtant, que l'image du Roi Saint-Louis rendant la justice sous son chêne dans les jardins du château de Vincennes n'est pas une invention de l'imagerie populaire, comme la barbe fleurie de Charlemagne par exemple, mais qu'elle est tirée du témoignage direct du fameux sire de Joinville (1224-1317), compagnon d'armes, conseiller et historiographe du Roi Saint-Louis. Ce personnage historique a donc non seulement existé mais il nous a laissé des souvenirs parfaitement crédibles qui sont encore aujourd'hui la principale source sur l'histoire de ce règne. Alors certes, comme toutes les sources qui sont à la disposition de l'historien, ce témoignage doit être soumis à une critique interne et externe, c'est-à-dire qu'il doit faire l'objet d'une analyse rigoureuse avant d'être confronté minutieusement aux autres sources disponibles. Il revient donc à l'historien d'expliquer dans quel contexte et surtout avec quel « outillage mental », selon la très belle expression de Lucien Febvre, le texte a été produit, mais dès lors que celui-ci n'est pas un faux, comme la donation de Constantin par exemple, il est par nature « crédible ».

    Le lecteur comprendra aisément qu'aux yeux de madame de Cock, le témoignage d'un noble et pieux chevalier franc du XIIIème siècle, croisé par-dessus le marché, soit hautement suspect mais il n'en demeure pas moins que le récit que Jean de Joinville a fait du Roi Saint Louis rendant la justice sous un chêne du bois de Vincennes est non seulement crédible mais parfaitement véridique. Peut-être faut-il rappeler à Madame de Cock, didacticienne et historienne du « fait colonial », que le Roi de France est au Moyen-Âge le principe de toute justice et qu'il peut donc à ce titre, non seulement faire la Loi, mais juger en lieu et place de magistrats qui n'étaient, en réalité, que ses délégués et qui perdaient de fait cette délégation en sa présence. Ainsi non seulement la scène du bois de Vincennes est-elle parfaitement crédible mais elle est évidemment très utile pour permettre de faire comprendre à des élèves de primaire ou du collège en quoi les rois de France étaient d'abord des « Rois de Justice ». C'est ce qu'avait parfaitement compris Ernest Lavisse, bête noire de Madame de Cock, et grand admirateur de Joinville.

    En s'interrogeant sur la « crédibilité » de ce témoignage, madame de Cock a fait preuve en vérité d'un très grand mépris non seulement pour le roi Saint-Louis, le sire de Joinville, mais au-delà pour tous ceux de nos ancêtres qui ont eu le tort, à ses yeux, de vivre au XIIIème siècle, de croire en Dieu et même en la Mission Divine de la France qui justifiait, alors, les Croisades. Il est vrai que les sujets du Roi Saint-Louis n'avaient pas la chance de lire Libération tous les jours ni même de pouvoir profiter de l'enseignement de madame de Cock.

    Ce dont cette enseignante, certainement dévouée, n'a semble t'il pas pris tout à fait conscience c'est qu'en s'interrogeant publiquement et d'un petit ton d'ironie sur la crédibilité d'un épisode parfaitement authentique de l'histoire du Roi Saint-Louis, elle a posé sur la civilisation française du XIIIème siècle le regard « colonial » que la IIIème République et ses instituteurs portaient sur les cultures, les récits et les croyances « indigènes » au début du XXème siècle. Regard condescendant et méfiant que cette historienne du « fait colonial » est, n'en doutons pas, la première à condamner. 

    « Non seulement la scène du bois de Vincennes est parfaitement crédible mais elle est très utile pour faire comprendre à des élèves en quoi les rois de France étaient d'abord des " Rois de Justice " ». 

    Camille Pascal