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  • Ralliement

     

    Par Hilaire de Crémiers

     

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    Les Irlandais ont répondu « oui » au référendum qui portait abrogation de l’amendement constitutionnel interdisant l’interruption volontaire de grossesse. 

    À 66,5 % des votants. C’était le vendredi 25 mai. L’avortement sera donc légal jusqu’à trois mois de grossesse et, sur justification médicale, entre trois et six mois. Le Premier ministre Leo Varadkar, d’origine indienne et lui-même homosexuel affiché, s’est félicité de cette « révolution tranquille ». Ce référendum fait suite à celui de 2015 qui avait autorisé le prétendu mariage homosexuel. La catholique Irlande qui, il y a encore vingt ans, se refusait à ce genre d’évolution dite « sociétale », rejoint le troupeau européen des peuples qui se suicident, dans la pratique qui sera généralisée et, sans le dire, quasi obligatoire sous contrainte morale, d’une « culture de mort » qu’avait véhémentement dénoncée en son temps saint Jean-Paul II. En la circonstance, la voix souveraine de l’Église ne s’est pas fait entendre. Et c’est, peut-être, ce qu’il y a de plus grave.

    La lecture des éditoriaux du Monde et de Libération – on n’ose pas avancer d’autres titres ! – donne à comprendre, avec les mêmes arguments continuellement ressassés, quel plan diabolique oriente tout cet ensemble de décisions auquel l’Europe institutionnelle a amené tous les pays d’Europe ou presque ! Au nom des droits de l’Homme, le permis de tuer et de forniquer comme on veut, autant qu’on veut. Avec interdiction d’interdire sous peine de délit et de crime. Et ces lois sont les bases intangibles du nouvel ordre social : Sodome et Gomorrhe, et l’infanticide généralisé ! Exultation des médias : un référendum qui donne envie de référendum, écrit Le Monde. Restent encore cinq pays qui ne sont pas tout à fait alignés, dont la Pologne. C’est donc une évidence pour la haute morale qui guide nos maîtres à penser : il faudra réduire cette opposition. La Pologne est dénoncée ; l’Europe s’en occupe. Chypre devra y passer et il ne faudra pas oublier jusqu’à la petite principauté d’Andorre ! La même loi pour tous ! Et, après, qui osera se plaindre de la dégradation des mœurs, de l’effondrement de la natalité, de l’effroyable abandon moral de la jeunesse ? Et qui osera s’étonner des progrès de l’islam et de l’islamisme ? Il n’est pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.

    « La France continue dans la même voie. Elle en arrive à la révision de ses lois de bioéthique. Pourquoi cette révision et à quoi sert-elle ? Politique magazine en fait son dossier de ce mois-ci. C’est, évidemment, capital. »

    Toute l’astuce consiste, en se servant de sondages dont on ne sait que trop comment ils sont fabriqués, à invoquer une opinion présentée comme majoritaire pour contourner l’obstacle d’une intelligente, forte, constructive opposition qui, par sa seule existence et la seule vérité de son argument, devrait arrêter toute tentative de passer outre. Eh bien, non ! Le rapport de synthèse du Comité consultatif national d’éthique, remis le mardi 5 juin, laisse la porte ouverte à toutes les transgressions. Notre dossier aide à comprendre le pourquoi et le comment.

    Le 23 mai à l’Élysée, le président Macron recevait en dîner privé différents partenaires des travaux préparatoires. La question portait sur la PMA et la GPA ; les représentants des opposants au changement de loi étaient, comme par hasard, minoritaires. L’Élysée a fait savoir que le président, maintenant, se réservait la question. A été annulé l’évènement national qui devait clore les États généraux de la bioéthique début juillet. Tout est reporté en septembre. La Manif pour tous, de son côté, a déjà envoyé aux autorités son propre rapport de 400 pages. Il est à espérer qu’il sera reçu et lu.

    Vient un moment où la vérité doit être dite. Il n’y a pas de synthèse possible dans un « en même temps » supérieur entre le vrai et le faux, le bien et le mal, le juste et l’injuste, le oui et le non. L’opinion ne fait pas la loi. Une majorité d’opinions favorables ne donne pas raison à une loi en soi criminelle et profondément immorale ; elle ne crée pas un droit de tuer, n’ouvre pas une possibilité de tripatouiller la vie humaine et de livrer au marché ovocytes, spermes, embryons, ventres, enfants et familles. Qu’est-ce que vaut l’opinion en pareil cas ? Ou ce qu’on appelle telle ? Surtout quand elle est manipulée ? Par l’argent et par des puissances plus ou moins cachées qui obéissent à des mots d’ordre ?

    Il faut en finir avec ces ralliements pseudo-démocratiques qui asservissent les uns après les autres tous les peuples chrétiens. Pour le plus grand profit de leurs ennemis ! Il est temps de dire : non licet. Vraiment souverain, c’est-à-dire libre, sera celui qui le dira avec autorité.      

    Hilaire de Crémiers

  • La littérature en danger

    « Houellebecq coche toutes les mauvaises cases »

     

    par Gérard Leclerc

     

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    Le Figaro de samedi faisait sa une sur la littérature.

    Ce quotidien, on le sait bien, a une solide tradition littéraire, à laquelle il entend rester fidèle. Mais pour le coup, la littérature était un vrai sujet politique et il faut que le souci exprimé d’une menace sur la liberté d’écrire et de publier soit vraiment fondé pour qu’en une saison particulièrement tendue sur le plan national et surtout international, la rédaction ait choisi cette priorité-là. En deux mots, il y aurait menace du politiquement correct, de sa censure et même de sa dictature. Étienne de Montety explique dans l’éditorial que nous sommes menacés d’une contagion à l’américaine : « Dans les associations, et aux États-Unis dans des maisons d’édition, des esprits vétilleux travaillent à surveiller les arts et les lettres. Leurs ciseaux vertueux n’ont rien à envier aux censeurs de jadis. Ils traquent les romans sans égards pour le génie de leur auteur, scrutent les toiles des maîtres, auditionnent les opéras avec l’oreille d’un juge d’instruction. »

    Certes, nous ne sommes pas encore à la censure opérée par des «  lecteurs de sensibilité » américains qui sont chargés de traquer tout ce qui dans la production éditoriale est susceptible de choquer les différentes catégories de population. Cela peut faire penser à la traque des fausses nouvelles, à propos desquelles le gouvernement français cherche à légiférer, ce qui inquiète vivement les défenseurs de la liberté d’expression. Lorsqu’on s’en prend aujourd’hui à un écrivain comme Pierre Loti, on se demande qui va y passer demain. Pourquoi pas Voltaire dont, il est vrai, on a soigneusement expurgé certains ouvrages dans les récentes rééditions ? À ce compte, nous dit Teresa Cremisi, Houellebecq coche toutes les mauvaises cases. Il heurte toutes les sensibilités. Mais alors, à quoi bon pourra servir demain la littérature, dont une des principales mission est de nous révéler en vérité, et plus qu’aucune enquête sociologique, ce qu’il en est de nos mœurs, de l’évolution de nos mentalités ?

    J’ai envie d’ajouter que ce n’est pas seulement la littérature qui est en cause. Ce pourrait être demain l’Écriture sainte elle-même, la Bible, dont certaines pages, certaines affirmations, certains interdits n’agréent pas aux sensibilités contemporaines. La menace est sérieuse, elle vise jusqu’à la liberté de conscience.  

    Gérard Leclerc

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 11 juin 2018

  • L'Italie, problème ou solution de l'Europe ?

     L'Italie ferme ses ports à l'Aquarius, le bateau qui porte secours aux migrants

     

    Par Eric Zemmour

    Le Figaro magazine dans sa dernière livraison [8.06] a publié cette chronique d'Eric Zemmour qui pose les vraies questions et y apporte de justes réponses. A preuve cette interrogation : « Un pays peut s'inquiéter de la révolution « populiste » italienne : c'est l'Espagne. Qui va remplacer Lampedusa ? Cadix ? Malaga ? ». Au soir où nous écrivons, il semble que ce devrait être Valence... Alors, une révolution populiste, bientôt, en Espagne aussi ?  LFAR

     

    687294929.jpgLa situation en Italie est révélatrice de tous les atermoiements de l'Union.

    « Le bon temps pour les clandestins est fini ; préparez-vous à faire les valises.» Le patron de la Ligue, Matteo Salvini, a le sens de la formule qui fait mouche. Ce n'est pas un hasard s'il a choisi le poste de ministre de l'Intérieur, laissant à ses alliés du mouvement M5S les ministères sociaux. À ce poste, on peut encore montrer qu'un État déterminé a les moyens d'agir. Encore faut-il qu'il le soit.

    C'est toute la question posée par l'affaire italienne. Celle de la légitimité démocratique est derrière nous. Elle s'est réglée par un compromis à l'italienne: les vainqueurs des élections ont renoncé à « leur » ministre des Finances europhobe ; le président de la République italienne et les milieux européens de Bruxelles qui le soutenaient ont renoncé à empêcher une majorité «populiste» de gouverner. 

    « On croit toujours en France que l'immigration est un phénomène qu'on ne peut maîtriser, une sorte de fatalité qu'on doit subir. C'est faux »  Éric Zemmour

    B9715977905Z.1_20180608234215_000+GFMBEN2UR.2-0.jpgDésormais, c'est à Salvini de jouer. D'abord parce que l'immigration fut le thème qui l'a porté au pouvoir. Ensuite parce qu'il doit montrer qu'il peut expulser massivement les clandestins (il a promis 500.000 renvois) et arrêter la déferlante migratoire sur les côtes italiennes. Salvini s'en est déjà pris aux ONG qui, sous couvert d'humanisme, sont les complices des passeurs. Il devra utiliser la marine italienne non pour sauver les migrants mais pour les arrêter, voire détruire leurs barques. Il devra enfin tenir tête aux juges européens qui ne manqueront pas de dénoncer des pratiques contraires aux « droits de l'homme ». Osera-t-il ? Il devra aussi faire pression sur les pays de l'autre côté de la Méditerranée - Tunisie, Maroc et, au-delà, les autres pays d'Afrique pour qu'ils reprennent leurs ressortissants. Au temps de Ben Ali en Tunisie et de Kadhafi en Libye, ces pays bloquaient les migrants pour qu'ils ne se déversent pas sur l'Europe - preuve que c'est possible. L'Algérie n'hésite pas à renvoyer brutalement les migrants qui essayent de s'installer chez elle.

    On croit toujours en France que l'immigration est un phénomène qu'on ne peut maîtriser, une sorte de fatalité qu'on doit subir. C'est faux. Les mouvements démographiques sont une guerre qu'on veut gagner ou qu'on accepte de perdre. Comme le note l'historien Pierre Vermeren, le milliard de Chinois pauvres n'a jamais débarqué dans le Japon riche parce que l'État japonais s'est organisé pour qu'il en soit ainsi. Aux États-Unis, depuis l'arrivée de Trump, l'immigration venue du Mexique s'est beaucoup réduite.

    Emmanuel Macron et les dirigeants de l'Europe répètent que chaque nation ne peut rien faire seule et que la question migratoire ne pourra être résolue qu'ensemble. C'est exactement l'inverse. Ensemble, les Européens ont prouvé qu'ils ne font rien. Les États qui l'ont décidé ont bloqué toutes les routes migratoires - la Hongrie en est le meilleur exemple. Et la Pologne montre qu'il est possible d'accueillir une immigration choisie: ils ont accepté des Ukrainiens et refusé les musulmans. Un pays peut s'inquiéter de la révolution « populiste » italienne : c'est l'Espagne. Qui va remplacer Lampedusa ? Cadix ? Malaga ?  

  • Politique magazine numéro de mai : « Maître du monde ? »

     

    Au sommaire de ce nouveau numéro :

    UN DOSSIER : Etats généraux de la bioéthique

    EUROPE : La crise italienne 

    L'EOLIEN INDUSTRIEL : Mensonges et nuisances

    Et aussi dans ce numéro…  54 pages d’actualité et de culture !

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    Retrouvez dans Lafautearousseau les derniers articles traitant de la politique de Donald Trump ... 

    En force !

    Pour la France, comme pour l’Amérique, le libre-échange ce sont des déficits

    Donald Trump, comme l'oncle Picsou ...

    Macron aux USA entre incantations (beaucoup) et réalisme (beaucoup moins) ...

  • Paris ce 12 juin, Antoine de Crémiers parlera du transhumanisme aux Mardis de Politique magazine... A ne pas rater !

     

    Rendez-vous à partir de 19 h 00 - Conférence à 19 h 30 précises
    Participation aux frais : 10 euros -  Etudiants et chômeurs : 5 euros

    Salle Messiaen, 3 rue de la Trinité  Paris 9° - Métro La Trinité, Saint-Lazare

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    Renseignements : Politique magazine, 1 rue de Courcelles Paris 8° - T. 01 42 57 43 22

  • En force !

    Charlevoix (Quebec) 8 juin 2018. Donald Trump : « La France « est un pays merveilleux, spécial ! Et vous avez un président spécial, je vous le dis ! »

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

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    Faut-il vraiment s’étonner des foucades de M. Trump et de son slogan America first ! ?

    Celui-ci et celles-là ne sont que la façade conjoncturellement spectaculaire des tendances lourdes et profondes des Etats-Unis d’Amérique. A commencer par cette « soif maintenant multiséculaire de richesse et de puissance » (LFAR, « En deux mots », vendredi 8 juin). Ce faisant, M. Trump s’inscrit dans la lignée de ses prédécesseurs lointains ou immédiats. On peut même dire que son manque d’empathie pour l’Europe rappelle fortement MM. Bush (« junior ») et Obama. 

    Ainsi n’en finit-il pas de prendre des décisions qui déplaisent aux autres, alliés ou pas : dénonciation des accords de Paris (sur le climat) et de Vienne (sur le nucléaire iranien), ouverture d’une ambassade à Jérusalem, taxation des importations d’acier et d’aluminium, etc. On ne sait pas ce qui agace le plus ses adversaires : qu’il fasse ce qu’il avait dit ou que, l’ayant fait, il affirme qu’il sera « inflexible ». Face à lui, donc, en principe les six autres membres du G7, en réalité surtout MM. Macron et Trudeau. Leur déclaration préalable commune prônant « un multilatéralisme fort, responsable, transparent » leur aura valu une réplique cinglante du président américain sur tweeter, qui pis est pour eux non dépourvue d’un humour presque inquiétant : « Hâte de les voir demain » !

    M. Macron avait quand même tenu à son endroit des propos d’une grande fermeté (De Gaulle lui-même n’aura jamais fait preuve à l’égard des Etats-Unis d’une telle véhémence). Rendant M. Trump seul responsable du désaccord, il prévenait que les « six » ne signeraient pas n’importe quoi car ils constituent un marché « plus grand que le marché américain ». Cet argument est malheureusement plus fallacieux que dirimant, nul ne semblant pour l’instant en mesure de concurrencer des Américains disposant des atouts maîtres qui fondent leur suprématie financière, économique, militaire et, in fine, politique.

    M. Trump, en bon réaliste, ne fait pas mystère de ne considérer que la force supposée de son adversaire. Les Chinois l’ont bien compris : cet autre empire, quasi-monarchique, a d’excellents arguments qu’il ne se prive pas de faire valoir. Et ce n’est pas un hasard si, dans le bras de fer sino-américain, M. Trump vient de lever les sanctions qui frappaient l’équipementier téléphonique chinois ZTE, pourtant accusé de violation de l'embargo sur l'Iran et la Corée du Nord. D’ailleurs, là où leur faiblesse contraint les Européens à subir le diktat de l’embargo américain, en l’occurrence en Iran, les Chinois s’empressent de les remplacer. 

    Estimer, comme l’a fait M. Macron, que la position américaine « permettait de reforger l’Europe » et même de « renforcer l’accord entre les six et de construire une alliance plus large pour éviter que le monde ne soit déstabilisé » risque fort de rester un voeu pieux. On ne peut en tout cas penser sérieusement que le salut de la France passe par une Union européenne en l’état, ni même refondée, c’est-à-dire, dans l’esprit des européistes, confortée et renforcée sur la base des mêmes « valeurs » et principes qui ont présidé à sa fondation. Cette caricature d’Europe, M. Zemmour vient une fois de plus, et avec raison, d’en dénoncer l’« inanité » (RTL, jeudi 7) : tout le monde voit bien qu’elle est « bloquée, divisée, impuissante ». 

    7261f4f_31450-1rd7w9j.xuaz.jpgOn nous avait promis un G7, glacial dans la forme, rugueux sur le fond. Ce fut sans doute le cas si l’on en croit certains témoignages. Arrivé le dernier, M. Trump est reparti le premier, sans attendre la photo : tout un symbole. Il a même retiré sa signature d’un communiqué final qui n’engageait pourtant à rien. Ni les propos bravaches de M. Macron ni la coalition de tout ou partie des six ne semblent avoir produit d’effet. Comme annoncé, M. Trump, offensif et accusateur, est resté intraitable sur l’essentiel : s’ils veulent continuer de dialoguer sur le commerce international, les Européens devront donc finalement accepter de discuter « avec un pistolet sur la tempe » contrairement à ce qu’ils avaient claironné. 

    En fait, aucun droit supranational ne fera jamais plier un Etat fort, sûr de soi et décidé à faire primer son intérêt. M. Macron finira peut-être par comprendre que si l’Union, telle qu’elle est, nous condamne à la faiblesse, une autre Europe est possible, celle de certains Etats, fondée cette fois sur une volonté de puissance dûment assumée.   

  • Permanence américaine : les présidents passent, les contextes changent, les Etats-Unis restent tels qu'en eux-mêmes ...

    Donald Trump au G7 de Charlevoix. En médaillon son lointain prédécesseur le président Coolidge ...

     

    2293089609.14.jpgD'un sommet l'autre...

    Trump a été l'incontestable vedette médiatique du G7 de Charlevoix. Par sa rudesse, sa brutalité, parfois même sa grossièreté, et par ce que Louis-Joseph Delanglade appelle ses foucades, qui ont fait in fine de ce sommet un fiasco, il a tenu le monde entier en haleine. Personnage sans nul doute spécial, il n'en incarne pas moins la volonté de puissance de l'Amérique profonde. Qu'elle soit en phase isolationniste et protectionniste ou en phase interventionniste et hégémonique, cette volonté de puissance est une constante de l'histoire américaine, dont Trump, à sa manière, n'est qu'un épigone. 

    On le vérifiera en lisant ou relisant la description et le commentaire que Jacques Bainville donnait en son temps d'un autre sommet, panaméricain celui-là auquel s'était rendu un lointain prédécesseur de Donald Trump aujourd'hui bien oublié, le président Coolidge. Deux présidents bien différents, une Amérique telle qu'en elle-même. L'on n'a pas grand mal à transposer. A discerner les dissemblances comme les ressemblances frappantes avec l'actualité et ses permanences. Voici ce texte. Lisez-le, réjouissez-vous !  •

     

    De Jacques Bainville

    Journal, tome III (1927-1935), 18 janvier 1928

     

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    On ne peut manquer d'être frappé de l'assurance avec laquelle le président Coolidge s'est exprimé dans son discours d'ouverture du congrès panaméricain. Cette assurance paisible est celle que donnent la puissance et la richesse. De loin, une vue superficielle des choses laissait croire que les États-Unis, à l'assemblée de La Havane, seraient jugés par les Républiques latines, qu'ils auraient des comptes à rendre ou des excuses à fournir pour leur politique d'intervention au Nicaragua, en Haïti et ailleurs. La grande République de l'Amérique du Nord a tout de suite paré le coup. Tout au moins, en présence du président Coolidge, la question ne sera pas posée.

    La grande République des États-Unis a la majesté de la république romaine. M. Coolidge s'est rendu à La Havane avec un déploiement de force, un appareil de luxe qui font penser au voyage d'un proconsul. Il a derrière lui le Sénat de Washington, qui rappelle le Sénat romain. Et il parle aussi de paix, comme en parlait Rome, qui a, en effet, pendant plusieurs siècles, donné la paix au monde d'alors, mais en intervenant partout où cette « paix romaine»  était troublée. 

    Virgile avait donné la formule d'une doctrine de Monroe lorsqu'il conseillait aux Romains de se souvenir qu'ils étaient destinés à gouverner les peuples. Cet orgueil tranquille est l'accompagnement de la grandeur. A quoi sert de se dissimuler que les États-Unis sont très grands, qu'ils ont en hommes et en ressources des disponibilités immenses et qu'ils n'ont à subir le contrôle de personne ? On ne peut, en somme, que rendre justice à leur modération. C'est celle d'Auguste disant a Cinna : « Je suis maître de moi comme de l'univers.»  

    Le respect - le Code dit très bien « la crainte révérentielle »  - que les États-Unis inspirent, se traduit, à chaque instant, par des soumissions imprévues. On croyait que le Mexique, très avancé et un peu bolchévisant du président Calles, tenait tête à la République voisine. Il est devenu doux comme un agneau. Il y a un parti yankee au Nicaragua, et ce n'est peut-être pas le moins influent. Ne dites pas aux citoyens de la République de Panama qu'ils sont sous influence étrangère; ils  se fâchent. Ne dites pas aux citoyens de la République de Colombie que la politique du dollar, aidée par la politique du gros bâton, a séparé d'eux les citoyens de Panama; vous les offenseriez. Le récent manifeste de M. Romain Rolland et de quelques autres défenseurs de la liberté des peuples à disposer d'eux-mêmes court grand risque de n'être pas entendu.

    Mais on s'explique aussi que les Etats-Unis, habitués à trouver autour d'eux si peu de résistance, n'acceptent pas de discussion avec la vieille Europe, qu'ils se tiennent dédaigneusement à l'écart de la Société des Nations, que, pour les dettes, dites de guerre, ils proposent des chiffres qui sont à prendre ou à laisser, qu'ils construisent autant de navires de guerre qu'il leur plaît dès que l'Angleterre n'admet pas leur formule de limitation des armements navals, qu'ils aient leur conception du « bannissement de la guerre»  et qu'ils l'imposent, bref qu'on ne gagne jamais à vouloir ruser ou finasser avec eux.

    On a trop encensé autrefois la liberté américaine. On la comprenait comme la liberté civique, l'idéal de la démocratie etc... Mais, être libre c'est être fort. Parce qu'ils sont forts, les États-Unis possèdent une liberté souveraine qui en arrive à ne pas se distinguer beaucoup de l'impérialisme, sinon par le fait que le président Coolidge, à la différence du président Hindenburg, ne porte pas d'épaulettes, d'éperons ni de sabre. 

  • Culture • Loisirs • Traditions

  • Royauté • Petit pamphlet, humoristique : « Au royaume de l’Olympe rêvait Jupiter… »

    Emmanuel Macron à Versailles ...

     

    Par Guy Adain

    2293089609.14.jpgQu'il manque un roi à la France, Macron n'a pas fait que le penser. Curieusement, il l'a dit, écrit, publié, précisé. Qu'il tente de remplir ce vide semble évident. Au moyen de symboles et de postures qui tendent à restaurer ce que tout le monde nomme depuis lors, la verticalité du Pouvoir. Il n'est pourtant qu'un élu. Elu d'une minorité. A la tête d'un mouvement qui n'est rien d'autre qu'un parti. Son mandat est tout aussi éphémère que celui de Trump à qui il a rappelé qu'il n'est pas éternel. La vraie royauté est tout autre. C'est ce que nous dit ici Guy Adain en ce dimanche de juin.  LFAR

     

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    Me croire Roi de France, Me rêver Empereur d’Europe est une chose, en être convaincu en est une autre ! 

    Bien sûr je tiens bon la barre et je mène mon Vaisseau France à ma guise, l’équipage est à ma botte, mais les passagers renâclent un peu et font du mauvais esprit. Certes je suis bien leur Capitaine, mais ils me refusent mon vrai titre : « Seul maître à bord après Dieu ! » 

    Les Français sont volontiers… Insoumis ! La France s’est éloignée de Dieu ! Pour sûr je sais bien que je ne suis que le PDG, je ne suis pas le patron, lui, le vrai patron je dirai même le Saint Patron est bien là, bien présent, mais ce n’est pas moi ! Certes, je pourrais Lui demander conseil ;  mais franchement, vous me voyez lui poser la question : « Monseigneur, comment « être » La France ? » Vous imaginez les gazettes du lendemain ? 

    Et pourtant, il faudra bien un jour se résoudre à respecter les lois naturelles, à respecter l’Ordre du Monde, à accepter les règles de l’Univers et du Cosmos. L’humilité et les Devoirs ont disparu au profit des Droits ! Je sais, et je pressens ces choses, mais je n’ose les dire et encore moins les mettre en œuvre. A qui puis-je me confier, si ce n’est à toi…Marianne ! Que vois-tu dans les lignes de ma main ? 

    Pour l’heure, tout me réussit, ou presque, suis-je en mesure de continuer sur cette lancée ? J’ en doute ! Mes passagers ont le mal de mer… Et d’autres le mal de l’Air…France. Il semblerait que mon train de réformes déraille, même sur des chemins de fer. La contestation est partout, et pire encore, la morosité, la peur, l’angoisse, la perte de confiance, minent le Vaisseau France. Des étudiants aux retraités, tous les demi-solde de France ont un moral de « Retraite de Russie » ! Rien ne va plus, comme disent les croupiers de table de jeu avant de ramasser la mise… 

    La France est en jachère, elle est gavée de pesticides et n’est plus ensemencée en bon engrais que sont, l’Amour, l’Honneur, le goût du Travail, le sens du Service, l’Espérance ! Sur le Vaisseau France, l’équipage ne tardera pas à se mutiner, quant à la chiourme attelée au banc d’infamie, je l’ai mise En-Marche, et, elle rame, elle rame !  Mais je sens bien que ça ne va pas durer. 

    Et si, toute honte bue, j’osais rencontrer le…Saint Patron, si j’osais écouter la voix de ce Sage, juste pour ouïr la voix de la Sagesse, si j’osais fouler de mes pieds la Voie Royale ? J’y songe, il me faut me décider, les Peuples de France sont en attente, Marianne ne supporte plus son bonnet Phrygien. Et tout compte fait, je me verrais bien en « Faiseur en de Rois. » 

    Si j’osais désigner aux Français leur Roi de cœur ? Si j’avais le courage de tenir la gageure d’en appeler au Roi, et de mettre « En-marche » la République vers le Royaume ? Ne serais-je pas : «  Le Président Royal ? » 

    La Couronne

  • Disparition • Décès de Michaël Bar-Zvi : Evocation des dialogues de Pierre Boutang avec des personnalités du monde juif ...

    Pierre Boutang - Michaël Bar-Zvi

     

    Nous apprenons la disparition toute récente de Michaël Bar-Zvi dont Gérard Leclerc nous dit brièvement qui il fut et notamment quels furent, plus de 30 années durant, ses liens de disciple et d'ami avec Pierre Boutang. Il fut en effet l'un de ses plus proches parmi les intellectuels du monde juif avec lesquels Boutang entretint de riches dialogues devenus des amitiés, sans rien renier jamais de sa filiation maurrassienne. Le plus célèbre d'entre eux est George Steiner, qui, lui, en raison de sa conception du peuple juif en quelque sorte voué à l'extraterritorialité, à l'inverse de Michaël Bar-Zvi, n'est pas sioniste.  

    Nous publions en Lire la suite le texte d'hommage qu'Olivier Véron des Provinciales a confié à Gérard Leclerc. On ne sera pas forcément d'accord sur tout. Le débat n'est pas interdit.   LFAR

    De Gérard Leclerc ...

    arton22534-b73f0.jpgMichaël Bar-Zvi (1950-2018) nous a quittés mardi dernier, au terme d'une longue épreuve supportée courageusement.

    Ceux qui connaissent Pierre Boutang savent l'importance de sa rencontre avec le jeune lycéen à Turgot en 1967. Plus largement, on peut parler d'un événement dans les annales du royalisme français. Un autre rapport se créé avec la communauté juive, au-delà des convulsions de l'antisémitisme d'État dont Michaël sera le plus lucide des analystes.

    Le philosophe d'Ontologie du secret, lecteur passionné de Martin Buber, va être ainsi à l'origine d'une étonnante métamorphose. C'est lui, pourtant fidèle résolu de Maurras, qui va permettre à de jeunes juifs « déjudaïsés » de se réapproprier toute la profondeur de leur tradition biblique.

    Michaël Bar-Zvi, après cette année de terminale inoubliable (c'est aussi celle de Mai 68) sera l'interlocuteur permanent de Boutang, et leur amitié sera à l'origine d'une pensée dont Olivier Véron sera le principal médiateur. Dans le texte qu'il a bien voulu me confier, le directeur des Provinciales dessine une première rapide synthèse de l'héritage que nous laisse Michaël Bar-Zvi.   

    GL

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  • Culture • Loisirs • Traditions

  • Mémoire • Bientôt un 20ème album dans Lafautearousseau : Drapeaux des régiments du Royaume de France

    Les Hussards de Bercheny - En 1719/1720. les hussards de Bercheny sont levés à Constantinople parmi les émigrés hongrois par le comte de Bercheny, patriote hongrois proscrit par les Habsbourg. C'est le plus ancien régiment de hussards français encore en activité.

     

    2293089609.14.jpgCe n'est pas un sujet futile que ce rappel et cette mise en valeur de nos gloires militaires d'Ancien Régime. On y retrouvera en même temps ce goût natif de la beauté, ce sens esthétique quasi parfait qui animaient nos ancêtres de l'Ancienne France. Il nous en reste quelque chose et ce n'est pas le moment de les oublier en ces temps où la pensée dominante en est au dénigrement systématique de l'héritage national. 

    Un vingtième album est en préparation dans Lafautearousseau.

    Il n'est pas encore terminé, mais nous vous proposons déjà les 108 premières photos.

    Son titre : Drapeaux des Régiments du Royaume de France.

    Sentiment, beauté, honneur à notre Armée.

    Si vous avez des suggestions à nous faire, des documents à nous proposer, n'hésitez pas...  

    Voir les 108 premières photos  ICI

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  • Société • Avortement : la normalisation éthique de l’Irlande

     

    Par Yves Morel

     

    Par referendum, le 25 mai, les Irlandais ont dit « oui » à la légalisation de l’avortement, qui sera entièrement libre jusqu’à trois mois de grossesse, autorisé sur justification médicale entre trois et six mois.

    Ils bouclent ainsi le cycle de la légalisation de la décomposition des mœurs, commencé avec l’institution du divorce, en 1995, puis du mariage homosexuel en 2015. La très catholique Irlande rejoint donc le camp des peuples décadents, avides de droits illimités, ennemis du devoir, abêtis, aliénés par leurs fausses libertés vénéneuses, et préparant leur ruine.

    L’avortement, instrument du suicide de notre civilisation

    Car soyons lucides : un peuple qui identifie la liberté à la jouissance sans entrave, et qui institue comme un « droit fondamental », le meurtre de milliers d’enfants à naître, s’achemine sur son extinction. En effet, il renonce alors à vivre, se moque de disparaître à longue échéance. Et les prodromes de cette disparition sont repérables. L’immigration a profondément modifié la composition des populations ouest-européennes, désormais « polyethniques » et « multiculturelles ». Ce n’est qu’une étape : avec la différence de fécondité et de natalité, nos pays connaîtront bientôt le Grand Remplacement. La légalisation de l’avortement est un auxiliaire puissant de ce retournement démographique sans précédent. L’Irlande était un môle de résistance à la décrépitude et aux grandes invasions d’ores et déjà commencées ; elle ne l’est plus.

    On ne respecte pas des peuples décadents et abêtis

    On déplore que nos immigrés ne respectent pas nos mœurs occidentales. Mais comment pourraient-ils respecter et vouloir imiter des peuples qui sacrifient, avec une belle inconscience, leurs valeurs de civilisation les plus précieuses, leurs enfants à naître, leur foi, leur morale, leur avenir, leur existence même ? Comment n’inclineraient-ils pas, au contraire, à mépriser ces peuples, à dénoncer leur immoralité, leur veulerie, et à les agresser, par le terrorisme, notamment, en attendant de les asservir ?

    La question de l’avortement est au cœur de celle de la survie de notre civilisation, avec, d’ailleurs, celle de la contraception. Contraception et avortement, légalisés, ont pour but et pour effet de dissocier la sexualité des devoirs et de la responsabilité inhérents à toute vie sociale. La satisfaction des désirs sexuels devient ainsi une fin en soi, et n’est plus ordonnée à une finalité spirituelle, éthique, et proprement sociale. Partant, elle favorise l’irresponsabilité. Hommes et femmes deviennent des bêtes, qui copulent sans se soucier en rien de donner un sens à leur acte, et des implications de celui-ci pour l’individu lui-même, le couple (fût-il éphémère) et la société. Avec cette différence que les animaux sont soumis à leur instinct, lequel les ordonne à la perpétuation de leur espèce. Au contraire, nos contemporains, « libérés » par la contraception et l’avortement, ne sont soumis à rien, sinon, plus que jamais, à leurs pulsions, ayant la possibilité de se dérober à la responsabilité de leur acte. Des individus prisonniers de leur libido, et sans souci de leur dignité, de celle de l’espèce humaine, et de l’avenir de leur civilisation : voilà ce que font de nous la contraception et l’avortement. Des individus atomistiques, dénués de conscience, de vie spirituelle, de morale. Avec de telles loques, un peuple ne peut bâtir rien de durable. Et, par là, il ne peut éduquer les enfants qu’il fait encore. Des adultes égoïstes, matérialistes et hédonistes ne peuvent tenir lieu de modèles. C’est d’ailleurs bien pour cela que les jeunes ne respectent plus leurs parents, ni les adultes en général : on ne s’incline pas devant de telles gens.

    A n’en pas douter, les Irlandais ont fait le mauvais choix : celui de nous rejoindre dans l’entreprise du suicide de notre civilisation.n   

     Yves Morel

    Docteur ès-lettres, écrivain, spécialiste de l'histoire de l'enseignement en France, collaborateur de la Nouvelle Revue universelle 
  • Cinéma • Gueule d'ange

     

    Par Guilhem de Tarlé

    Gueule d’ange, un drame de Vanessa Filho, avec Marion Cotillard (Marlène), Ayline Aksoy-Etaix (Elli) et Alban Lenoir (Julio). 6 nominations au Festival de Cannes. 

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    C’est Marion Cotillard qui m’a attiré et, à regarder les premières scènes, j’ai commencé par le regretter amèrement jusqu’à m’en vouloir. D’ailleurs, après évidemment La Môme et Alliés, j’ai un mauvais souvenir de toutes les autres productions dans lesquelles, selon moi, cette actrice a servi de caution : Juste la fin du monde, Mal de pierre, Rock’n Roll et Les Fantômes d’Ismaël.

    Qu’est-ce qui m’a donc pris d’aller voir, sans n’en rien savoir, cette Gueule d’ange, qu’en l’occurrence elle a perdu, à tout le moins, dans son rôle de mère dévoyée ?

    Je commençais à avoir honte, me demandant comment j’oserais confesser cette absence de discernement… lorsque tout-à coup, ce docufiction m’a pris aux tripes.

    Je ne sais pas si c’est un bon film, c’est en tout cas un film épouvantable, d’un réalisme horrible, qui dépeint la relation entre une malade alcoolique, pour ne pas dire plus, et sa petite fille Elli qu’elle appelle Gueule d’ange. 

    J’ai regretté au début d’être entré dans la salle… Je n’ai pas regretté de n’en être pas sorti précipitamment. C’est malheureusement la vraie vie, dans toute sa nudité, dans toute sa laideur, de certains déshérités tels qu’on en rencontre de temps en temps dans la rue. Et l’on s’étonne que l’école se satisfasse d’un message téléphonique, que le chauffeur de taxi ne bronche pas, et même que le brave forain, Julio, se contente de déposer Élli à son domicile.

    Il faut avoir le cœur bien accroché… et le whisky est bienvenu une fois rentré chez soi. 

    Je m’interroge même, à notre époque où l’on interdit d’exhiber des animaux dans les cirques en raison de la souffrance qu’ils pourraient endurer… Comment peut-on laisser une enfant, dont on n’ose même pas nous donner l’âge, interpréter ce rôle et jouer dans ce film sans craindre les suites psychologiques d’une telle prestation. Le crime d’esclavage ne concerne-t-il que les « affreux colonisateurs » ?

    Prions le Ciel, qu’adulte, Ayline ne devienne pas une Marlène !   • 

    PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et plusieurs dizaines d’autres sur mon blog Je ciné mate.