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  • Médias • Débat Fillon-Juppé : Misère du journalisme politique ... Mutez-les au service des sports !

     

    Par David Desgouilles

    Qui pointe ici et moque avec talent la nullité du journalisme politique, tel que le dernier débat Juppé-Fillon l'a de nouveau démontré [Antidote, 25.11]. Si le débat entre les deux finalistes fut soporifique, ce n'est pas seulement parce que Juppé et Fillon ont été sur la défensive. La mise en scène grotesque du duel avait de quoi exaspérer. Le fait n'est pas anodin ou sans importance : l'inculture et la prétention des journalistes en lice pour de tels débats contribue à abaisser davantage encore s'il se peut le politique et ses acteurs. Théoriquement des hommes d'Etat, qui devraient se comporter et être traités comme tels. Ce n'est pas le cas. David Desgouilles a bien raison de le signifier aux uns et aux autres.  LFAR

     

    2504575220.pngDepuis quelques années, notre consoeur Natacha Polony fustige le journalisme politique qui tend à ressembler au commentaire sportif. Jamais elle n’aura eu autant raison qu’à l’occasion de ce débat. Tout y était. Pour ma part, j’étais sur France 2 et j’ai eu l’impression dès le début qu’on allait assister à la finale de coupe du monde. L’arrivée des joueurs au stade. Ouf, ils n’avaient pas leur casque sur les oreilles, les supporters n’aiment pas ça. La reconnaissance de la pelouse, c’est important. Les allers-retours avec le plateau, et les consultants qui nous expliquent qu’un tel a de l’avance sur l’autre au classement. Que le second doit « tout donner » pour faire son retard. On s’enquiert de la forme des joueurs. On s’interroge sur le rythme du match qui s’annonce. Viril ? Musclé ? Attentiste ? Un petit tour vers les reporters présents parmi les supporters des deux équipes. L’ambiance est là. Cela manque tout de même de drapeaux et de cornes de brume. Retour sur le plateau. Le vieux consultant FOG est là qui analyse le jeu des deux protagonistes. Si FOG est là, c’est que le match est sérieux. Du niveau d’un Brésil-Allemagne.

    Mais le débat commence, et on est déçu… Presqu’aussi ennuyeux que le premier match. Les équipes sont défensives. Quelques tacles virils mais corrects. L’avant-match nous avait promis une finale de coupe du monde, et on a droit à un Créteil-Belfort. D’un coup, on prend l’envie d’aller à la buvette. Et on épargne le résumé du match au lecteur. Parce qu’il va lire ce texte certainement de bon matin, et qu’il ne faut pas le rendormir.

    On en arrive donc à l’après-match. Des reporters partout, encore une fois. Au bord du terrain, pour recueillir les impressions des joueurs. Ont-ils le sentiment d’avoir bien joué ? Tel Didier Deschamps, ils esquivent les questions et font montre de langue de bois. Et retournent aux vestiaires. Formidable scoop : l’un des reporters parvient à obtenir la réaction de l’épouse d’un des deux joueurs vedettes. Isabelle a apprécié le jeu d’Alain, on s’en doute. Retour plateau. On refait le match, mais manque Eugène Saccomano. Il faut bien reconnaître que Nathalie Saint-Cricq n’a pas les qualités de l’ancien commentateur de RTL et Europe 1. Qui a bien joué ? Qui a gagné ? FOG cause tactique. Il appelle ça « méthode » mais c’est de la tactique.

    On en arrête là. On se demande si tous ces gens sont conscients du ridicule de leur mise en scène. Sont-ils dupes ? Qu’on se rende compte ! La moitié d’un journal télévisé, la suppression de « Parents mode d’emploi » qui a peiné ma fille cadette, pour un débat qui concerne quatre millions de personnes alors que 41 millions d’électeurs ont dédaigné cette primaire dimanche dernier. Ils vont faire quoi, lorsque ce sera la vraie finale de la vraie élection présidentielle, en mai prochain ? Prendre l’antenne à huit heures du matin ? Accompagner les joueurs dans leur échauffement ? Les interroger depuis leur salle de bain ? Aligner les débats à quatre, à cinq, à sept commentateurs en plateau, jusqu’au soir ? Suivre les véhicules des finalistes avec motos sous les vivas des supporteurs ? Sont-ils à ce point conscients du dédain qu’inspire la politique aujourd’hui, pour oser mise en scène si consternante ? Poser cette question, c’est y répondre. Le journalisme politique et le journalisme sportif ont aujourd’hui complètement fusionné.   

    David Desgouilles

    Blogueur et romancier. Il est membre de la rédaction de Causeur. Il a publié Le bruit de la douche, une uchronie qui imagine le destin de DSK sans l'affaire du Sofitel (éd. Michalon, juin 2015). Son prochain roman de politique-fiction, Dérapage, paraît le 11 janvier 2017 aux éditions du Rocher.

  • Société & Régime des partis • Juppé réveille la meute

     

    par Louis Vick 

    En portant le débat sur des sujets clivants, Alain Juppé tente de réunir les voix manquantes à gauche pour emporter la primaire des partis LR-UDI-PCD. 

    Le 21 novembre, Alain Juppé dénonçait une « vision extrêmement traditionaliste » de son concurrent François Fillon, qui siégeait pourtant dans le même gouvernement il y a cinq ans.

    Le 22 novembre, il demandait soudainement à l’ancien premier ministre de Sarkozy de « clarifie[r] sa position sur l’avortement », mettant dans l’embarras celui qui a bénéficié au premier tour des voix massives des militants ‘Manif pour tous’. Puis il dénonçait sans les préciser des « soutiens d’extrême-droite » de l’ex chef du gouvernement.

    Dans la foulée, des médias tels Libération et L’Obs attaquaient violemment François Fillon, ne laissant guère de doute sur leurs intentions pour le second tour de la primaire. Et Le Monde relayait amplement les polémiques.

    Le temps est compté pour Alain Juppé, mais la technique pourrait s’avérer payante. En dressant des épouvantails encore actifs pour une partie de l’électorat, en s’étant assuré le soutien préalable des populations immigrées par ses prises de positions (poursuite de l’immigration, soutien à l’UOIF), Alain Juppé pourrait remonter au second tour.

    Le premier épisode de la primaire l’a prouvé : dans un scrutin à faible participation ouvert à tous, le moindre déplacement électoral peut faire basculer les résultats.

    François Fillon l’a peut-être compris. Malgré les 44% obtenus dimanche dernier, il appelait le 22 novembre ses soutiens à poursuivre la mobilisation en vue du second tour. 

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  • Livres & Société • Éric Zemmour : « De la liberté à la mort »

     

    Par Eric Zemmour    

    Quand le désir gouverne nos vies de façon tyrannique et nous empêche de restaurer nos libertés politiques : Zemmour commente ici le dernier ouvrage d'Hervé Juvin. Un essai décapant, selon Figarox [23.11]. Bien au delà, comme Mauuras et toute l'école contre-révolutionnaire, Zemmour pointe, avec Hervé Juvin, l'origine révolutionnaire d'un certain capitalisme affranchi de tout lien politique et, comme Buisson, il décrit les derniers avatars désastreux d'un cycle - aujourd'hui en échec - qu'il fait remonter aux Lumières. Houellebecq les dit éteintes. Patrick Buisson les répute finissantes. Et voit l'éclosion d'un nouveau cycle de long terme que marque le retour des nations, des peuples et des racines, la fin de la fin de l'Histoire. L'expression est de Finkielkraut. Ce faisceau de réflexions convergentes devrait nous intéresser au plus haut point. Hervé Juvin, suivi par Lafautearousseau depuis plusieurs années, y a toute sa place. Utile et éminente.   Lafautearousseau  

     

    picture-1649413-612mqxqb.jpgIl n'a rien vu venir. Mais il ne fut pas le seul. Quand Hervé Juvin se remémore les premiers émois de la « libération sexuelle » dans les années 1970, quand il évoque la frénésie des rencontres, l'ouverture fascinante des possibles, où même les débuts artisanaux et joyeux des premiers films pornographiques, on sent bien que la nostalgie désillusionnée se mêle sous sa plume à la rigueur de l'analyse. Mais voilà, il est difficile de ne pas constater que l'artisanat est devenu industrie, que la libération sexuelle, loin d'accomplir la révolution annoncée, a « marché main dans la main avec le libéralisme financier » ; et que Marcuse, le théoricien à la mode dans les amphis de Vincennes d'après Mai 68, qui fondait la société capitaliste sur la répression des désirs, avait confondu l'histoire passée du capitalisme avec sa nature intrinsèque.

    Notre auteur n'est pas le premier à établir ce diagnostic. Rien de neuf dans son portrait acide de notre modernité individualiste et féministe, avec ces hommes féminisés et ces femmes solitaires, où la passion amoureuse est remplacée par une « relation » égalitariste et contractuelle, où la « libération obligatoire » et le choix public du genre tournent à la « tyrannie au nom de l’égalité », où « l’ère du même détruit plus sûrement le désir que n'importe quelle morale ». Rien de neuf, mais rien de faux non plus. Juvin pose un diagnostic implacable où la libération est devenue contrainte : « La libération est le meilleur moyen d'être compétitif… Une morale interdisait, elle prescrit. Elle cachait, elle expose. Voilà la libération !»

    Mais le livre ne s'arrête pas là. Juvin l'économiste vient en renfort de Juvin le sociologue et de Juvin le nostalgique. Un économiste brillamment hétérodoxe qui démolit les fondamentaux du libéralisme classique, théorie de l'offre et de la demande, et concurrence pure et parfaite, pour mieux montrer comment l'organisation rationnelle de l'économie du désir a tout emporté pour mieux tout régenter : « Dans le gouvernement du désir, le crédit joue le rôle que police et gendarmerie jouaient dans les gouvernements monarchiques ou républicains… Le crédit fait du temps une marchandise comme une autre. (…) Il n'est pas l'un des instruments de la modernité libérale, il en est l'instrument. (…) Beaucoup parlent d'économie capitaliste. Ils devraient parler d'économie du crédit. »

    De l'économie à la politique, du crédit au droit et au marché, du désir individuel aux désirs collectifs, il n'y a qu'un pas que Juvin franchit allégrement et pour notre plus grand bonheur. Derrière le désir libéré, il y a la consommation à outrance. La consommation obligatoire. Et derrière la consommation, il y a le crédit. Et derrière le crédit, il y a la croissance. Et derrière le marché, il y a le droit. Et derrière le droit, et sa religion individualiste des droits de l'homme, il y a la destruction des nations, des peuples, des identités, des enracinements : « Nous savons que l'avènement de l'individu de droit menace notre existence même et notre liberté nationale. (…) Le mythe de l'autocréation de soi devient la fondation d'une religion moderne, totalitaire et intolérante, la religion des droits de l'homme qui achève de mettre à disposition de l'ordre du désir les individus délivrés de leur identité. » L'oubli des « nous » qui les ont pourtant autorisés à dire « je », comme dit Juvin dans une superbe formule.

    Là aussi, Juvin n'est pas le premier, mais on ne lui en veut pas, car son sens de la formule acerbe nous réjouit, et sa synthèse idéologique est prometteuse. Il arrache l'écologie aux Verts et n'a pas besoin de parler de Cécile Duflot pour montrer avec éclat la contradiction entre son idéologie libertaire et son hostilité au libéralisme, entre son rejet des frontières et son culte des équilibres naturels. « Le vrai sujet est l'invasion humaine de la planète, et la capacité avérée d'homo economicus, l'homme désirant sans fin, à détruire, dégrader et épuiser tout ce qui est à sa portée. »

    Juvin est une incarnation bien plus cohérente d'une sorte de souverainisme écologique qui a compris que la défense de la civilisation européenne contre la subversion migratoire venue du Sud et la lutte contre la déforestation ou l'extinction des ressources naturelles étaient un seul et même combat. Que la nation est le seul outil de la liberté politique et que la liberté politique est le seul outil de la liberté individuelle. Que « c’est la révolution conservatrice qui nous libérera de nos libérations ».

    Nous sommes sortis du slogan révolutionnaire : « La liberté ou la mort », car la Liberté nous a conduits à la mort. « Désormais les nations européennes ont pour premier ennemi le rêve universaliste européen, et qui devient cauchemar, et que réalise cette idée chrétienne devenue folle : préférer son ennemi à soi-même ! (…) (Notre seule question est désormais) la survie de la France, de l'Europe, de la civilisation de ce cap du continent eurasiatique qui s'est cru le monde, et qui l'a tenu un moment, mais qui meurt de ne savoir ses limites, ses frontières et sa clôture. (…) Les migrations de masse sont trop utiles pour détruire les États et ramener les civilisations au temps de l'esclavage. (…) Nous sommes un monde de sédentaires exploité par les nomades, auxquels la globalisation a donné les clefs. »

    Le combat entre sédentaires et nomades prend désormais une forme inédite et intense. Brexit, Trump : les sédentaires relèvent la tête. Sous le mépris et les insultes moralisatrices des nomades. Dans la confusion et l'exaspération.

    Tout cela paraît bien loin des premiers émois amoureux des années 1970. « En libérant le désir sans limites, en organisant le régime du désir comme ordre et comme religion séculière, c'est bien la disparition du monde comme monde et la disparition de l'homme comme homme qu'il entreprend. » On se sent écrasé par la logique implacable des conséquences que cette histoire a entraînées. Écrasé et coupable. 

    « Nous sommes sortis du slogan révolutionnaire  : "  La liberté ou la mort ", car la Liberté nous a conduits à la mort. »

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    Le gouvernement du désir. Hervé Juvin, Gallimard, 274 p., 22 €.

    Eric Zemmour       

     

  • BD • Le retour du capitaine perdu

     

    par CS

    Dans le premier tome, Louis Groston de Bellerive de Saint-Ange (1700-1774), dernier capitaine français en poste, devait remettre les clefs de différents forts français aux mains des Anglais. C’était là une manière de mettre un terme (physique) à la guerre de Sept ans.

    Mais fin 1765, les Français ne sont toujours pas partis. Pourtant l’accord signé avec les Anglais date de 1760. Certains chefs indiens ont signé la paix avec ces derniers mais tous ne sont pas disposés à suivre la « perfide Albion ». Même Louis de Saint-Ange doute des intentions réelles des Anglais sur leurs nouveaux fiefs.

    Il est fort peu pressé d’honorer les engagements de la reddition française. Surtout qu’il convole en justes noces avec Dimanche Manitoua, jeune femme indienne native de la province de l’Illinois…

    Ce deuxième opus invite le lecteur à s’envoler vers les belles contrées d’Amérique du Nord et du Canada à la manière d’un Jean Raspail qui nous invitait à le suivre dans le Royaume d’Auracaunie et de Patagonie avec Antoine de Tounens.

    Il est vrai qu’il a adapté les Sept cavaliers et Les Royaume de Borée du grand écrivain. Avec un sens de la mise en scène et du détail, en particulier celui des uniformes, Jean Terpant prouve qu’il compte dans le milieu du 9e art. Pour le plus grand bonheur de ses lecteurs. 

    Capitaine Perdu -Tome 2 – Jacques Terpant – Editions Glénat – 56 pages – 14,50 euros 

    Pemier tome

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  • Migrants : l'Aquarius sauve des naufragés, c'est très bien mais...

     

    Mur-bleu gds.jpgEn les conduisant en Europe, au lieu de les ramener à leur point de départ, il se fait le complice actif des Mafias de passeurs-négriers.

    Les reportages destinés à faire pleurer dans les chaumières se sont multipliés ces derniers jours sur les chaînes de télé, à propos de ces migrants qui risquent leur vie pour traverser la Méditerranée et venir en Europe.

    Il faut dire qu'avec Trump et la Primaire de la Droite, les journaleux avaient d'autres chats à fouetter, et avaient donc remisé, pour un temps, leurs chers « migrants » dans les sujets « en attente ».

    Mais le parti immigrationniste a dû juger que le silence devenait trop long : et revoilà, donc, le sujet des migrants ressorti du placard. Cette fois, la vedette, c'était l'Aquarius, et son équipage qui sauvait des gens entassés sur un zodiaque, en train de sombrer. TF1, France 2, BFM/TV ou autres, impossible d'y échapper ces derniers jours... 

    Nul ne se soucie des deux paysans français qui se suicident chaque jour ; nul ne se soucie plus que cela, non plus, des dix millions de pauvres recensés par le Secours catholique, ou des huit millions et demi de mal-logés recensés par la Fondation Abbé Pierre. Il y a bien, certes, les Restos du cœur, qui peuvent occuper le devant de la scène, intouchables qu'ils sont, car « confisqués » par les bobos-gauchos. Mais, à part eux, s'occuper activement de la détresse, de la précarité, de la pauvreté qui monte, inexorablement, au milieu du peuple français, non, ce n'est pas intéressant. Cela ne vaut pas ces masses de « migrants » qui, eux, méritent toute l'attention de nos mal-généreux. 

    Mal-généreux, car sauver des malheureux qui vont se noyer, évidemment, c'est le devoir de toute personne civilisée. Encore plus lorsque l'on est en Europe, dont les racines chrétiennes sont une évidence, à part pour les adeptes de la Nouvelle Religion Républicaine, dont le sectarisme n'a d'égal que l'épaisseur de leurs œillères !

    Mais être civilisé, généreux et... sauveteur, n'empêche pas d'avoir de la jugeote. Ces pauvres malheureux, victimes des passeurs, certes, mais malgré tout victimes consentantes, ne doivent pas être conduits en Europe, lorsqu'on leur sauve la vie. Elles doivent être ramenées sur les côtes d'Afrique, d'où elles sont parties. Sinon, de toute évidence, les sauveteurs de l'Aquarius se font, volens nolens, les maillons de la chaîne maffieuse de ces esclavagistes, négriers des temps modernes, qu'on appelle aujourd'hui « passeurs ». Les Mafias savent que les bateaux européens « achèveront le travail », et les « migrants » savent qu'on viendra les chercher : tout cela consolide le trafic et lui assure une pérennité dans la malfaisance et la traite des êtres humains. 

    Et, là, il n'y a plus du tout de quoi être fier ni de quoi être comparé à un preux chevalier d'antan, volant au secours de la veuve et de l'orphelin.

    Nos mal-généreux de l'Aquarius et autres devraient y réfléchir, avant de se présenter en parangons de vertu et d'humanité... 

  • Mesdames et Messieurs les candidats, n’oubliez pas les pauvres !

     

    Par Jean-Philippe Chauvin 

     

    1345578492.2.jpgLa question de la pauvreté contrainte est un sujet qui ne me laisse pas indifférent, et cela depuis fort longtemps, sans doute aussi parce que, en d'autres temps, j'en ai personnellement connu quelques aspects et quelques légères morsures... Lors des dernières élections européennes, au printemps 2014 et sous les couleurs de L’Alliance Royale, j'en avais même fait un de mes principaux thèmes de campagne, à la fois pour sensibiliser les électeurs à cette question toujours pendante mais souvent occultée, et pour proposer quelques pistes pour faire reculer cette insécurité sociale qui ronge nos sociétés et les affaiblit. Mais c'est un thème qui n'est pas assez électoralement porteur, sans doute, pour que les partis politiques et leurs dirigeants s'y intéressent, et il semble être « abandonné » aux associations comme le Secours catholique ou les Restos du cœur qui font, d'ailleurs, un travail important pour soulager, autant que faire se peut, la misère dans nos villes. Les royalistes du Groupe d'Action Royaliste, quant à eux, organisent régulièrement des « Soupes du Roi », et cela depuis presque dix ans, fidèles à leurs prédécesseurs du début XXe siècle mais aussi des siècles précédents, gardant en mémoire que, au Moyen âge, le Roi était « le père des pauvres ». 

    Pourtant, la pauvreté n’est pas un sujet mineur en France et les récents chiffres donnés par le Secours catholique la semaine dernière font plutôt froid dans le dos : « En 2000, on comptait 7,8 millions de personnes pauvres ; on en recense 8,8 millions aujourd’hui. Parmi ces personnes, entre 4 et 4,5 millions sont des jeunes de moins de 30 ans, ce qui devrait nous interpeller concernant l’impact de la pauvreté sur l’avenir de notre société », explique son secrétaire général Bernard Thibaud dans les colonnes de La Croix du jeudi 17 novembre dernier. Sans oublier que, selon Eurostat, 21,2 % des enfants de France sont menacés de pauvreté… 

    Bien sûr, il y a toujours eu des pauvres depuis que les sociétés humaines existent, mais elle est scandaleuse aujourd’hui au regard de toutes les richesses naturelles que nous exploitons et de toutes celles qui envahissent nos sociétés au risque de l’engloutir sous une débauche de produits marchands souvent inutiles : la démesure est dans cette invasion des objets qui semble nous faire oublier notre prochain, notre voisin. 

    Le politique ne peut ignorer ceux qui souffrent de « n’avoir pas assez » quand d’autres consomment sans compter. Il ne s’agit pas de dénoncer la richesse mais plutôt la démesure et l’égoïsme, et de rappeler, comme le fait régulièrement le pape François à la suite de tant d’autres princes de l’Eglise, la valeur du partage. 

    J’espère que cette question de la pauvreté contrainte sera abordée dans les prochains débats présidentiels, mais, au regard des jeux médiatiques actuels, je crains que cela ne soit pas le cas : « cachez ces pauvres que je ne saurais voir »… J’entends même quelques uns dire qu’en parler serait faire du « populisme » ! C’est dans ce genre de réaction stupide que l’on mesure le grand écart qu’il y a entre des élites mondialisées et le commun des mortels, mais aussi cette absence de compassion à l’égard des « perdants de la mondialisation » : est-ce la (triste) victoire de Benjamin Franklin ? Je préfère, en bon Français, l’exemple de saint Martin de Tours, de celui qui n’hésita pas à couper son manteau pour en donner la moitié à un malheureux transi de froid, un soir d’hiver de l’an 334… Et les candidats de 2017 pourraient bien y trouver quelque source d’une inspiration sociale bienvenue en ces temps d’incertitude… 

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

    Lire aussi dans Lafautearousseau ... 

    Inexorable montée de la pauvreté : le rapport du Secours Catholique, qui, même s'il s'en défend, accuse le Système...

  • Loi sur les « funérailles républicaines ». À quand celles de la République ?

     

    Par Aristide Leucate

    Excellente réflexion sur ce qui constitue le fond de l'idéologie républicaine; une République dont l'auteur de ce billet souhaite les funérailles pour bientôt...  [Boulevard Voltaire 24.11].

     

    3266751844.jpgQuand on demande à un républicain s’il n’a pas l’impression d’adhérer davantage à un dogme religieux qu’à un régime, il vous regarde avec incrédulité ou ahurissement – sinon avec mépris –, se demandant s’il a bien entendu la question. Et pourtant, tout républicain, quelque peu conséquent, c’est-à-dire conservant une distance critique vis-à-vis de la République en majuscule, devrait s’interroger sur la nature ontologique d’un modèle politique – systématiquement confondu avec la démocratie – bien plus confusément accepté comme croyance que fondé en raison.

    Évoquant la « religion républicaine », seul un Vincent Peillon – il est vrai, philosophe de formation – eut le mérite de lever le voile d’hypocrisie recouvrant la réalité vécue d’une abstraction dont tout zélote psalmodie les « valeurs », célèbre les cultes et encense les grands « saints » laïques. Il ne lui avait pas échappé que si les curés d’antan assuraient l’instruction des petits paysans de France, l’école républicaine devait impérativement s’y substituer car « c’est bien une nouvelle naissance, une transsubstantiation qui opère dans l’école et par l’école cette nouvelle Église avec son nouveau clergé, sa nouvelle liturgie, ses nouvelles tables de la Loi » (La Révolution française n’est pas terminée, Seuil, 2008).

    Le débat semble se poursuivre dans les travées de l’Assemblée nationale où les parlementaires discutent en ce moment d’une proposition de loi « instituant des funérailles républicaines », déposée le 9 décembre 2014 par Bruno Le Roux. En un article unique inséré dans le Code général des collectivités territoriales, le député socialiste propose que les communes mettent gratuitement à disposition une salle municipale où « à la demande de la famille du défunt, un représentant de la commune, officier d’état civil, procède à une cérémonie civile ».

    Prenant prétexte de l’indifférence religieuse de certains de nos concitoyens, l’élu motive son texte en postulant que ces derniers « attendent de notre République qu’elle leur offre des perspectives pour accompagner leurs morts » (sic). 

    9907968ebb3253a5e5556f6be0595.jpgÀ juste titre, le député de la Ligue du Sud, Jacques Bompard, réclama la suppression d’une telle disposition, attendu que « la citoyenneté […] n’a aucun rapport avec le Salut. Aussi, on aurait du mal à comprendre l’intérêt d’une telle cérémonie. » 

    Profitant, néanmoins, de l’occasion, il déposa un amendement suggérant que « la République française demande pardon aux rois de France et aux Français pour le saccage de leurs sépultures lors de la profanation des tombes de l’abbaye de Saint-Denis en 1793 et 1794 ».

    Par décret du 1er août 1793, la Convention, emportée par Barère, décida, en effet, que « les tombeaux et mausolées des ci-devant rois, élevés dans l’église de Saint-Denis, dans les temples et autres lieux, dans toute l’étendue de la république, seront détruits le 10 août prochain ». Si Napoléon réintégra les premiers cénotaphes dans la nécropole royale, c’est à Louis XVIII, frère du roi-martyr, reprenant « à la fois possession de son trône et de son tombeau » (selon la saisissante expression de Chateaubriand) qu’incomba l’initiative d’y rapatrier les restes de ses aïeux.

    L’« amendement Bompard » a évidemment valeur de témoignage et, au regard de ce passé sanglant, revêt toute l’éminente solennité d’un historial. Mais peut-on sérieusement attendre d’un dogme qu’il se rédime à propos d’un acte participant, précisément, de sa propre fondation et mû par une folle volonté de régénération de la société française ? Allégorie fangeuse bâtie sur l’holocauste des Vendéens, la République, portée par l’infernale logique de son idée (le propre de l’idéologie, selon Hanna Arendt), restera toujours hermétique à cette formule de l’auteur (déjà cité) du Génie du christianisme : « Les tombeaux des aïeux sont la base sacrée de tout gouvernement durable. » 

    Docteur en droit, journaliste et essayiste
  • Laval, ce soir, 25 novembre : Anne Brassié parlera de « La Varende et la Chouannerie » 

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     Association du Souvenir de la Chouannerie du Maine 

    Vous êtes cordialement invité(s) à assister au dîner-débat animé par

    Anne BRASSIÉ

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    Journaliste et écrivain

    sur le thème

    « L'esprit monarchique dans l'oeuvre de La Varende » 

    le vendredi 25 novembre 2016 à 19 h 30

    au restaurant « KYRIAD » Boulevard des Trappistines

    Laval (à côté de l’abbaye de La Coudre - Tél. : 02 43 02 88 88)

    A l’issue du débat, l’auteur dédicacera ses ouvrages 

    Inscription auprès de Monsieur Yves Floc'h, secrétaire général 

    Tél. : 02 43 04 10 48)  -  20 €

  • Éric Zemmour : Pourquoi les peuples ne veulent pas mourir

     

    Par Eric Zemmour           

    Derrière l'élection de Donald Trump, Eric Zemmour distingue le sursaut d'une Amérique blanche et populaire qui tente d'éviter le destin tragique que lui promettent la démographie et l'idéologie. Il en tire des leçons pour l'avenir politique français [Figaro, 18.11]. Clarifions notre position : ceci ne signifie pas qu'il y ait une internationale des peuples ou des nationalismes. Leurs intérêts sont divers, souvent opposés. Ils sont marqués par leurs différences. Cela signifie toutefois que la structuration du monde en peuples, nations, Etats, forgés par la géographie et par l'Histoire, est une donnée pérenne. Et que ces entités politiques ont au moins en commun leur volonté de vivre.  LFAR 

    522209694.4.jpgIls battent leur coulpe. Ils reconnaissent leurs torts. Ils promettent de s'amender. Ils sont journalistes, patrons de journaux, universitaires, intellectuels, économistes, ou patrons du numérique dans la Silicon Valley. Ils vivent dans les grandes métropoles de l'est ou de l'ouest de l'Amérique ; et ont fait campagne jusqu'au bout en faveur d'Hillary Clinton. Une campagne violente, sans mesures ni limites, sans aucun respect pour la déontologie journalistique ou la rigueur scientifique, à la hauteur de l'aversion qu'ils éprouvaient pour leur adversaire Donald Trump.

    Ils ont perdu. Ils essayent de comprendre. Pourquoi le pays ne les a pas suivis ? Pourquoi l'électorat populaire ne les a pas écoutés ? Pourquoi les Etats ouvriers, bastions du Parti démocrate depuis des lustres, comme cet emblématique Wisconsin, ont-ils plébiscité un milliardaire new-yorkais vulgaire et ne payant pas toujours ses impôts ?

    Il faut reconnaître qu'on ne sait plus comment vivent les Américains, a avoué Paul Krugman, prix Nobel d'économie. Ils vivent sans la 4G et sans Uber, et quand ils ont besoin d'un emprunt, ils ont un « crédit pourri », a complété un autre, patron dans la Silicon Valley.

    L'Amérique des élites s'interroge sans fard ni ménagements. Elle accepte le verdict des urnes et cherche à comprendre les raisons d'une rupture au sein de la nation américaine.

    C'est une différence - et elle est fondamentale - avec la France. Dans notre pays, nos élites médiatiques, intellectuelles, artistiques, économiques, financières et politiques auraient continué à insulter, vitupérer, ostraciser. Raciste, fasciste, xénophobe, homophobe, misogyne, on connaît la litanie, la fameuse « cage aux phobes » chère à Philippe Muray. On aurait convoqué les mânes des grands anciens de la Révolution. On aurait appelé à la révolte, à l'insurrection. Chez nous, le peuple est sacré quand il pense comme ses élites ; il est jeté aux chiens dans le cas inverse. Le peuple est populaire quand il pense bien, populiste quand il pense mal.

    Populiste : encore un mot qui nous vient d'Amérique. Le premier parti populiste y fut fondé à la fin du XIXe siècle. Il lutte alors contre Wall Street, contre la cupidité des financiers, des « barons voleurs », contre les inégalités croissantes. Déjà. Pas étonnant. Nous sommes alors dans ce que les historiens appelleront plus tard la première mondialisation, celle qui s'achèvera avec la guerre de 1914, et qui, autour du chemin de fer et de l'électricité, connut une première explosion du commerce mondial, favorisé par le libre-échange et les mouvements internationaux de capitaux. A l'époque, les épargnants français étaient les banquiers du monde ! Autre différence notable : la gauche française est alors fière d'être « populiste ». La gauche américaine, mais aussi européenne, se veut le porte-parole du peuple ; aujourd'hui, elle est la représentante des minorités.

    Encore une fois, la campagne américaine fut emblématique. Hillary Clinton a cherché à rassembler derrière elle la cohorte des minorités, raciales et sexuelles, soigneusement recensées par un marketing électoral rigoureux. Elle reprenait d'ailleurs les méthodes qui avaient permis à Barack Obama d'être élu deux fois à la Maison-Blanche. Mais avec Hillary, l'électorat noir s'est moins mobilisé. Mais c'est tout de même l'électorat de Trump que les médias bien-pensants traitent de raciste !

    En vérité, la victoire de Trump est la revanche du peuple sur les minorités. Bien sûr, le gros des troupes trumpistes est blanc et masculin. Bien sûr, comme lors du vote anglais sur le Brexit, ce sont les moins diplômés qui ont voté pour le candidat que vomissait l'Etablissement. Mais l'électorat de Trump est aussi composé de femmes (plutôt blanches) et même d'une minorité des Noirs et des Latinos.

    Il ne faut pas s'étonner de ces considérations ethniques dans un pays qui n'a pas nos pudeurs et nos hypocrisies. Surtout, il ne faut pas s'étonner de ces distinctions, car la campagne américaine fut d'abord une campagne identitaire. Trump s'est arraché au magma de ses rivaux pour la primaire du Parti républicain en promettant de construire un mur avec le Mexique et d'expulser les millions de clandestins latinos. Tout est parti de là. Et ce n'est pas un hasard.

    Dans un livre qui a fait moins de bruit que son célèbre Choc des civilisations, et s'intitulait sobrement Qui sommes-nous ? Samuel Huntington avait très finement analysé la désagrégation d'une Amérique qui ne parvient plus à intégrer les millions d'immigrants venus du Mexique, au même titre que les vagues précédentes: les latinos continuent à parler leur langue, ont leurs écoles, leurs télés ; ils vivent aux Etats-Unis comme là-bas, au Mexique. Les derniers arrivés ne s'agrègent pas à ce monde façonné par le protestantisme et la langue anglaise, mais à une diaspora latino, catholique et hispanique.

    En lisant Huntington, la similitude de nos situations saute aux yeux, sauf que les latinos sont catholiques tandis que nos immigrants sont plutôt musulmans. Dans son livre, l'intellectuel américain fonde le comportement inconscient de ces populations sur la revanche historique d'un Mexique jadis vaincu et dépecé par les gringos venus du Nord. Cette émergence d'un peuple dans le peuple, Huntington lui donne une fin plausible : une nouvelle guerre de sécession à l'horizon de 2050. Ces mots évoquent irrésistiblement la « partition » dont parle notre président François Hollande dans un livre de confidences à des journalistes.

    La France et les Etats-Unis vivent des situations fort comparables. Nous avons découvert qu'une Amérique blanche et populaire tentait un dernier baroud pour éviter le destin tragique qui lui est promis par la démographie et l'idéologie. C'est cela que les élites, en Amérique comme en France, appellent le « populisme » : la volonté des peuples de ne pas mourir. La volonté farouche des peuples de continuer à vivre selon leur ancestral mode de vie. En Amérique comme en France.

    Ces peuples ont les mêmes élites et la même idéologie ; la même déconstruction qui, au nom du féminisme, de l'antiracisme et du cosmopolitisme, nous a appris que l'identité française n'existait pas, comme l'identité américaine n'existe pas. Que ces identités sont « mouvantes », ne sont pas « figées », doivent s'adapter. La France comme les Etats-Unis sont sommés de devenir des pays-monde.

    Cette idéologie des élites sert, comme l'avait très bien vu Karl Marx, leurs intérêts. En délocalisant les usines en Chine, et en faisant venir une main-d'œuvre pas chère dans les grandes métropoles, pour leur servir de nounous ou de livreurs de sushis, les élites mondialisées ont réussi à accroître leurs revenus de manière démesurée. Les fameuses libertés, chères aux technocrates bruxellois comme aux financiers anglo-saxons, liberté des capitaux, des marchandises, des services et des hommes, sont au service des intérêts des élites mondialisées.

    Tout n'est pas sombre dans la mondialisation : des millions de personnes, venues du Sud, sont sorties de la pauvreté, soit dans les usines délocalisées, soit dans les métropoles de l'Occident. Ce nouveau peuple « de remplacement » est l'allié des élites occidentales. C'est lui qui vote pour Clinton, contre le Brexit, ou pour Hollande en 2012. Mais le peuple d'origine, le peuple de souche, le peuple d'antan n'a plus les moyens de vivre dans les métropoles mondialisées et ne veut pas vivre avec les nouveaux venus, trop nombreux pour renoncer à leurs anciennes mœurs. Ils sont donc chassés et s'éloignent des grands centres où se crée désormais la richesse. C'est la France périphérique, chère au géographe Christophe Guilluy. Donald Trump nous a permis de découvrir qu'il y avait aussi une Amérique « périphérique ».

    Le combat entre Trump et Clinton, à l'instar du référendum sur le Brexit, n'est donc pas comme on l'a dit un peu vite, le combat du peuple contre les élites, mais le combat d'un peuple de souche contre le peuple « de remplacement » amené dans les bagages des élites mondialisées. C'est encore plus explosif. Aux Etats-Unis, comme en Europe, comme en France.

    Dans notre pays, la situation politique est moins décantée. Nous avons l'habitude d'un certain retard à l'allumage. Alors que Margaret Thatcher et Ronald Reagan s'installaient au pouvoir à la fin des années 70, la France élisait un président socialiste, en mai 1981. Son keynésianisme étatiste sera pris à contre-pied par le libéralisme mondialisé des Anglo-Saxons.

    Cette fois encore, nous pourrions très bien être en décalage historique en élisant Alain Juppé. Il faut dire que nous avons des Trump de pacotille. Nicolas Sarkozy qui a précédé l'Américain sur la voie de la transgression du politiquement correct, a avoué ses préférences pour Hillary Clinton. Marine Le Pen cherche à apaiser là où Trump n'a jamais hésité à provoquer. Elle rêve de séduire féministes et mouvements gays que Trump n'a jamais cessé de rudoyer. Nos politiques français ne semblent pas comprendre que l'idéologie des élites est un tout, cette alliance de libéralisme économique et culturel qui déconstruit les nations au nom d'un individualisme roi et de la religion des droits de l'homme.

    On dit les Français idéologues et grands manieurs de concepts et d'idées. Et si notre réputation était usurpée ? 

    Eric Zemmour

  • Chronique de la campagne : « Attention, chien méchant ! »

     

    Mur-bleu gds.jpgLe chien s'appelle Alain...

    Pour un Juppé ultra-désappointé, blessé au plus profond dans son amour-propre de « premier de la classe » et de « meilleur d'entre nous », il ne peut s'agir, en ces derniers jours de campagne, que d'une fuite en avant, et cette fuite en avant se traduit par un « à gauche, toute ! » aussi désespéré qu'agressif.

    Dès dimanche soir, le JT de France 2 a eu la cruauté de le montrer, à la sortie du restaurant où il dînait en famille, disant « On aurait dû sortir par derrière », pour éviter les journalistes, tant il venait de tomber de haut, de très haut : pour la troisième fois, donc, après le Brexit et Trump, ils venaient de se planter lourdement, les sondeurs et journaleux qui nous avaient expliqué par a+b, trois ou quatre fois par jour, depuis plusieurs mois, que c'était plié, et que c'était Juppé.

    L'éventualité de son retrait a même été envisagée - par lui-même ou par l'un ou plusieurs de ses collaborateurs - puisqu'il a commencé son allocution par un surprenant « J’ai décidé de continuer le combat... »

    Il faut dire que, sans les 15% d'électeurs de gauche (600.000 voix tout de même...) qui sont venus pour éliminer Sarko, Fillon était peut-être même élu au premier tour, Sarko était deuxième, et Juppé - injure suprême - était éliminé à ce même premier tour ! Juppé a recueilli les voix de ces électeurs de gauche (qui ne se cachent pas d'avoir voté pour lui, et le disent au contraire, lisez les journaux), ainsi que celles du centre : il a donc été « sauvé » par ces deux courants, mais a été largement rejeté par la droite. Politique politicienne, quand tu nous tiens !

    Que faire, donc, maintenant, pour l'ex élu des sondages ? Se tourner vers cette gauche qui l'a sauvé, faussant magistralement le résultat et le sens de « la primaire de la droite et du centre ».

    Mais ce jeu est dangereux : d'abord, il n'est pas sûr du tout que ce qui a « marché » une fois « marchera » une seconde fois : les électeurs de gauche voulaient la peau de Sarko, ils l'ont eue ; reviendront-ils dimanche ? rien n'est moins sûr. Et les gens de gauche en ont plus que trop, de candidats ! Ils n'ont plus aucun besoin d'en ajouter un supplémentaire à une liste déjà trop longue...

    Et ensuite, dans ce genre d'affrontement, c'est le premier qui tire qui est mort. Or, Juppé, tout le montre, a perdu ses nerfs, et « agresse » Fillon tous azimuts (pour un autre, les journaleux diraient « dérape ») : « traditionaliste », « pas ouvert sur la modernité » en ce qui concerne les sujets de société, « réactionnaire », « intégriste », « homophobe » évidemment...

    Benoist Apparu* a décrété, par exemple, et en substance, que si l'on était à titre personnel contre l'avortement, pour un responsable politique en charge des affaires de l'Etat cela posait un problème. Ce qui est d'autant plus surprenant que, peu de temps avant, Juppé avait déclaré qu'il préférait « le pape François à la Manif pour tous » : pour le coup, Apparu aurait mieux fait de se taire, car, sur l'avortement, de toute évidence, « le pape François » ne parle pas comme Alain Juppé !

    Jean-Christophe Lagarde - président de l'UDI et parfait représentant de ce que Léon Daudet appelait « l'anarchie molle » - et l'inénarrable François Bayrou sont évidemment venus apporter leur soutien au dauphin de Chirac, l'objectif des juppéistes et des journaleux qui le soutiennent - puisque tout ce petit monde, en fait, est de la même famille de pensée - est évidemment de provoquer la mobilisation massive d’électeurs de gauche, défaitistes, et ne croyant plus en la victoire de leur camp en mai 2017; Alain Juppé pourrait leur sembler un moindre mal, pensent-ils. Sans se rendre compte que l'on se trouve, là, en pleine politique fiction...

    Enfin, cerise sur le gâteau, Fabienne Sintès et son 7/9 ont attribué à Juppé la bonne note de 15/20 : comme aurait pu le dire Pascal, « dis-moi qui te soutient, je te dirai qui tu es... » 

    * Un bon point - sans illusion par ailleurs sur le personnage - à Gérard Longuet, qui a eu le mérite de dire, sur BFM, face à un tel déferlement d'attaques, que le terme de « réactionnaire » n'était pas péjoratif, et qu'il le revendiquait ; et qui a aussi eu une belle phrase sur la France, qui vient de deux millénaires, et, dans ces deux millénaires, tout n'est pas à jeter...

  • Et si l'on profitait de l'élection de Trump pour en finir avec l'Otan ?

     

    Mur-bleu gds.jpgDonald - le cauchemar de la cléricature médiatique - vient juste d'annoncer la première mesure qu'il prendra, dès son entrée en fonction le 20 janvier : il retirera les Etats-Unis du Traité commercial Trans-Pacifique (TPP), signé en 2015 par douze pays de la région Asie-Pacifique, mais sans la Chine. À la place, il veut négocier des traités « bilatéraux ».

    Mais il a déjà parlé, aussi, des bases états-uniennes dans le monde entier, déclarant que les pays hôtes de ces bases devaient contribuer plus largement aux dépenses de ces dites bases, faute de quoi... il les fermerait ! « America first ! », en langue états-unienne, cela se dit aussi « My money first ! », comme le disait une autre grande personnalité anglo-saxonne, Margaret Thatcher...

    La visite illico - le jeudi 17 novembre ! - de Shinzo Abe auprès du nouveau « président élu » était à cet égard révélatrice de la frousse immense que ce propos avait provoqué, et de la servilité (ou de la dépendance, c'est tout un) de certains, à l'égard des Etats-Unis...

    Jusque-là, et s'il ne s'agissait que de cela, nous autres, Français et Européens ne serions pas concernés. Mais Donald a également étendu son propos iconoclaste à.… l'Otan, qu'il a qualifié - à juste titre - d’ « obsolète »  et contre laquelle il s'est littéralement déchaîné. Et, là, nous sommes directement concernés ; et la chose est d'importance, méritant que l'on s'y arrête.

    Donald s’est plaint également que les Etats-Unis investissaient « une part disproportionnée » d’argent dans l’OTAN par rapport à celle investie par les autres pays membres, et qu’il n’hésiterait pas à dissoudre l’alliance.

    « Nous les protégeons, nous leur apportons une protection militaire et bien d’autres choses encore, et ils arnaquent les Etats-Unis. Et, vous savez ce que nous faisons contre cela ? Rien », a-t-il par exemple déclaré lors de son meeting politique du 2 avril, dans le Wisconsin.

    Barack Obama avait, alors, évidemment protesté, car il est, lui, le maître du « chien » (l'Europe), qu'il tient solidement en laisse. Néanmoins, la position de Donald a été appuyée par beaucoup, notamment par un Justin Raimondo, écrivain et rédacteur en chef du site internet Antiwar, qui a noté qu’avec son idée « d’abandonner l’ancienne version de l’OTAN pour la remplacer par une sorte d’opération multilatérale anti-terroriste… Donald Trump met sur la table une question qui n’a pas été évoquée depuis l’époque de Bob Taft » (Bob Taft a été le gouverneur républicain de l'Etat de l'Ohio de 1999 à 2007).

    Et Bernie Sanders, candidat malheureux à l’investiture démocrate, s’est également plusieurs fois exprimé contre l'élargissement de l'OTAN en Europe, notamment aux frontières de la Russie, suggérant qu’une nouvelle coalition, qui inclurait la Russie et les pays de la Ligue arabe, devrait être créée pour faire face aux enjeux sécuritaires contemporains. 

    On sait, enfin, que Donald n'a jamais fait mystère de son désir de « parler » avec Poutine : en clair, de s'allier de fait avec lui, sur le terrain, contre le terrorisme islamiste et pour régler l'affaire syrienne et liquider DAECH. 

    François Fillon, non plus, n'a pas caché que, s'il était élu, lui aussi « parlerait » avec Poutine, afin d'éviter une « réconciliation USA-Russie par-dessus notre tête », ce qui achèverait définitivement de nous éliminer de la région. 

    On le voit : en se gardant bien sûr de tout optimisme excessif et de toute naïveté béate, des fenêtres de tir peuvent très bien s'ouvrir, très bientôt - à la fois en Europe et au Moyen-Orient, pour commencer - pour une diplomatie française qui ressusciterait de ses cendres, et qui retrouverait la place qui est la sienne, elle qui « manque » cruellement, aujourd'hui, à tout le monde, et partout... 

  • Crise du politique

     

    par Gérard Leclerc

     

    XVM495e5cb0-8a51-11e6-8bce-57b23a9183a7-100x108.jpgLe choc produit par l’élection américaine a au moins le mérite de provoquer une vaste réflexion sur les causes de l’avènement d’un personnage aussi improbable et donc sur la situation actuelle du monde qui explique un tel séisme politique. Les avis sont évidemment très différenciés, en fonction des convictions des uns et des autres. Pour les uns, la globalisation économique se poursuivra, réduisant l’élection de Trump à un épisode provisoire. Pour d’autres, c’est cette globalisation qui est à l’origine d’un chaos dont on n’est pas près de sortir. Et certains de ceux qui partagent cette opinion insistent sur la crise généralisée du politique qui ne régule plus la vie des peuples, abandonnés aux flux désordonnés de l’économie.

    Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères, et Dominique de Villepin, qui a aussi dirigé le Quai d’Orsay avant de devenir Premier ministre, semblent bien être sur la même ligne, de ce point de vue, réclamant le retour des États. « Aujourd’hui, déclare Villepin au Figaro, un des grands drames du monde, c’est l’affaiblissement des États. La fragilisation de l’État-nation traduit toujours une “brutalisation” et une “décivilisation” du monde. On en voit les conséquences tragiques au Moyen-Orient (…) mais l’urgence de la restauration de l’État existe aussi dans nos démocraties. On a tiré à vue sur les États, considérés comme des formes archaïques et oppressantes de l’organisation sociale, au profit du tout libéral. (…) La crise financière a été la facture de cette illusion. Elle a pour réplique sismique le Brexit et l’élection de Donald Trump. »

    Mais quand on parle de politique, il y a lieu d’opérer une distinction, à la manière de Régis Debray dans son dernier livre intitulé Allons aux faits (Gallimard) : « Il y a la politique qui désigne la compétition entre classes, clans et individus, mais il y a aussi la politique par quoi s’entend l’organisation des collectivités humaines, ou la conversion d’une brève effervescence en durable appartenance – cité, seigneurie, nation, empire ou fédération. » En retenant cette distinction, on pourrait dire que l’effervescence de la politique actuelle est particulièrement conflictuelle parce que le socle du politique se trouve durablement et profondément altéré. 

    France Catholique

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 16 novembre 2016.

  • Frédéric Rouvillois : « La politesse est une vertu nécessaire dans notre monde nombriliste »

     

    Par Alexis Feertchak

     
    A l'occasion de la sortie de son Dictionnaire nostalgique de la politesse, Frédéric Rouvillois a accordé un long entretien à Alexis Feertchak pour FigaroVox [18.11]. Historien du savoir-vivre, il y montre que la politesse est une affaire politique qui permet à la société de tenir debout. Lafautearousseau a déjà évoqué [Cf. ci-dessous] la parution du  Dictionnaire nostalgique de la politesse et dit l'attention qu'il convient d'accorder aux travaux de Frédéric Rouvillois « qui, pierre à pierre, construit une œuvre.  Une œuvre diverse et originale, toujours en lien avec le fond de notre civilisation, nos racines nationales et notre tradition monarchique. Une œuvre qui compte désormais dans notre famille de pensée, l'actualise et la fortifie ».   Lafautearousseau 
     

    Pourquoi avoir ainsi intitulé votre ouvrage ? Y a-t-il des raisons d'être nostalgique en matière de politesse ?

     

    Il se trouve que dans la politesse elle-même, il y a quelque chose qui relève nécessairement de la nostalgie parce que celle-ci nous renvoie à des us et des coutumes qui sont ceux de notre enfance, de notre jeunesse, certains qui se sont accentués, d'autres qui ont été effacés par le temps. Parler de politesse, c'est aussi parler de soi, de ses parents, de ses grands-parents, de toute une tradition qui se trouve derrière nous et d'où nous viennent nos codes de politesse. Il y a cette forme de douceur et de tendresse dans la politesse qui me semblait renvoyer à la nostalgie. C'est l'aspect le plus personnel que j'ai essayé d'instiller dans ce Dictionnaire nostalgique.

    Votre dictionnaire est aussi un livre d'histoire et de géographie. Vous évoquez la Chine impériale, l'Allemagne, les pays arabes. En montrant combien les règles de la politesse ont évolué et sont « la mesure du temps perdu », vous restez dans la nostalgie sans jamais basculer dans le désespoir du « c'était mieux avant » ...

    Le désespoir est le contraire de la nostalgie. Il y a inscrit dans la nostalgie l'idée d'un retour ou de retrouvailles, ce que ne permet pas le désespoir. Être désespéré de l'homme, c'est ne pas voir qu'il a toujours reproduit les mêmes merveilles et les mêmes crimes, les mêmes sottises et les mêmes choses admirables. L'homme poli de l'époque d'Aristote, de Cicéron ou de Saint-Augustin ressemble au fond à l'homme poli de l'époque de Louis XV ou à l'homme poli de l'époque de François Hollande. La géographie et l'histoire nous enseignent le caractère à la fois éternel et universel de la politesse, la permanence de sa nécessité, même si ses formes évoluent. Alors, elle peut être plus ou moins sophistiquée, chatoyante, complexe, byzantine, sincère, mais elle est toujours là. Comme le langage, elle est un des éléments fondamentaux des rapports sociaux, un élément sans lequel ceux-ci seraient assez rapidement condamnés à dérailler.

    Et aujourd'hui, comment notre époque regarde-t-elle la politesse ?

    La politesse connaît des hauts et des bas, mais il faut constater que l'on est plutôt dans un haut relativement à la période des années 1960 ou 1970 quand celle-ci était considérée comme ringarde, archaïque, périmée, bourgeoise, bref, réservée aux lecteurs du Figaro (rires…). Les choses ont changé positivement à partir de la fin des années 1980 et du début des années 1990. On a assisté à une espèce de renversement, qui est lié à mon sens à l'émergence de l'univers de la crise. Il y a sans doute un rapport entre la crise économique et sociale, la montée du chômage, le sentiment que la vie devient plus difficile, le sentiment que l'on a quitté les Trente glorieuses et la prise de conscience de l'utilité de la politesse. Quand tout va bien, la politesse est juste la cerise sur le gâteau. Quand les choses deviennent plus difficiles, elle reprend toute sa force et son utilité s'impose. Les gestes quotidiens de la politesse deviennent le liant de ce fameux vivre ensemble.

    La politesse est-elle donc une affaire politique ?

    Il y a d'abord une proximité dans les mots de politesse et de politique qui paraît évidente en français et dans d'autres langues. Dans les deux cas, il y a une racine qui apparaît commune - même si en fait ce n'est pas vrai - qui est celle de polis, la cité en grec, qui signifie plus largement la société, le fait d'être ensemble, d'être en relation avec autrui. Il semblerait que l'étymologie réelle de politesse viendrait de « pulizia » qui veut dire la propreté en italien. Pour autant, je suis très amateur des fausses étymologies. En l'espèce, la proximité entre politesse, politique et polissage dit beaucoup de l'objectif de la politesse, qui est précisément de fluidifier les relations au sein de la société. En polissant les rapports sociaux, elle permet qu'il y ait le moins possible de rugosité à l'intérieur de la société. Sans elle, la polis risque de basculer dans un rapport de violence verbale voire physique.

    Que répondre à ceux qui vous diront que les règles bourgeoises de la politesse sont un éloge de l'hypocrisie, qu'elles sont une sorte de paravent de l'ordre établi ?

    Mais, déjà, un paravent, ce n'est pas rien ! Ce n'est pas intrinsèquement mauvais. Certes, la politesse est effectivement une forme d'hypocrisie, mais il s'agit - si je puis le dire ainsi - d'une forme d'hypocrisie vertueuse. Ce n'est pas nouveau et nous en avons toujours eu conscience. Molière nous a tout appris sur la nature humaine dans le Misanthrope. Il nous décrit bien les limites de la politesse, de la bienséance et du savoir-vivre quand ceux-ci tombent trop évidemment dans l'hypocrisie, mais il montre également que si nous voulons être comme Alceste dans la transparence totale, nous finirons seul, loin des autres, y compris dans notre vie amoureuse. Cette hypocrisie vertueuse permet tout simplement de mettre un peu d'huile dans les rouages sociaux. Il faut savoir ne pas tout dire, sinon c'est la guerre.

    Pour qu'une société tienne debout, faut-il que ses membres partagent une certaine ressemblance dans les codes de politesse qu'ils adoptent ? En particulier, dans le cadre d'un projet politique multiculturaliste, quand les codes de politesse des différentes communautés sont extrêmement différents et sources de possibles incompréhensions, la politesse n'est-elle pas une gageure supplémentaire ?

    Vous avez certainement raison. À partir du moment où la politesse est un moyen de vivre ensemble, il y a un risque d'incompréhension des différents systèmes de politesse qui pourraient cohabiter entre eux. Si l'on a des communautés distinctes les unes des autres, qu'il existe des codes de politesse dans une communauté qui sont tout à fait dissemblables de ceux d'une autre communauté qui vit à côté, cela signifie que nous aurions un vivre ensemble à l'intérieur des communautés, mais pas entre elles. Ceci peut poser problème pour des choses extrêmement basiques. Le fait de cracher dans la rue a longtemps été considéré comme tout à fait normal, y compris en Occident. Mais, dans nos pays, cette pratique ne l'est plus depuis belle lurette alors qu'elle reste tout à fait admise dans d'autres systèmes de politesse. Pour que la politesse se constitue comme un liant au sein de la société, il faut que celle-ci soit relativement homogène ou qu'il existe de forts rapports hiérarchiques. Au 18e siècle, il n'y avait pas un seul système de politesse. Il y avait une politesse de la ville et une politesse des champs. Mais en définitive, elles n'avaient pas tellement l'occasion de se rencontrer. Les risques de friction n'étaient pas considérables. À la campagne, on se moquait éventuellement du noble qui se comportait comme à la Cour. De même, à la ville, on se moquait du paysan qui arrivait avec ses gros sabots. Dans une société urbaine comme la nôtre, où les communautés cohabitent entre elles, le risque me semble beaucoup plus grand.

    Votre dictionnaire permet de se rendre compte que les règles de politesse sont extrêmement marquées par l'altérité des sexes et la différence des âges. Avec la rupture de mai 68, la théorie du genre, le jeunisme, ces nouvelles tendances de fond n'ont-elles pas tendance à fragiliser la politesse telle qu'on la connaissait jusque-là ?

    Je dirais qu'elles ont tendance à la rendre plus compliquée et plus incertaine. Les nouveaux surgeons du féminisme radical pour lesquels la différence des sexes est purement culturelle nous expliquent que la femme est un homme comme les autres et qu'il n'y a pas lieu de la traiter autrement. En même temps, d'autres femmes considèrent dans le métro qu'il n'est pas normal que les hommes ne cèdent pas leur place aux dames. Au fond, ce discours féministe est-il vraiment une tendance lourde en dehors de certaines élites autoproclamées et de microcosmes présents dans certains centres urbains? Je ne le crois pas. Pour la plupart d'entre nous, la différence des sexes qui fait que la femme est une femme, que l'homme est un homme, subsiste. Le plus souvent d'ailleurs, la femme est assez contente qu'on lui reconnaisse un certain nombre de privilèges galants, même si l'anthropologie inégalitaire qui se développe au 19e siècle et qui consacrait cette galanterie bourgeoise n'existe plus.

    Vous parlez aussi du culte de la performance, de la vitesse, de la rationalisation… Un tel monde permet-il d'être poli ?

    C'est le problème principal qui se pose à nous aujourd'hui. Quand je pense en particulier à ce qu'a pu écrire Françoise Mélonio sur Tocqueville et la manière dont la politesse pouvait se pratiquer aux États-Unis, je me dis que la question est moins celle du rapport entre la politesse et la démocratie que celui qui s'établit entre la politesse et la modernité technicienne. Ce monde tous azimuts fait que nous n'avons plus le temps de rien, sauf de gagner de l'argent ou de gagner en efficacité. Or, la politesse est par définition quelque chose de gratuit, ce qui est incompatible avec l'idée de performance, d'efficacité et de productivité.

    La politesse est-elle vraiment un don gratuit ? N'existe-t-il pas une forme de contre-don, même implicite ?

    Il y a effectivement un contre-don qui est le remerciement de celui envers qui l'on est poli. Il existe un autre contre-don, plus subtil, qui est simplement le plaisir que l'on éprouve soi-même à tenir la porte à quelqu'un. Mais dans un système où le seul but est d'aller au plus simple, au plus utile et au plus rentable, cette idée de gratuité compensée seulement par le remerciement ou le plaisir d'être poli devient illusoire. La première caractéristique de la politesse est en effet que l'on accepte de donner du temps à autrui. Dans la civilisation pressée de Paul Morand, le temps est la chose au monde la moins bien partagée. Il y a là une vraie raison d'éprouver de la nostalgie pour la politesse qui prenait le temps de s'exprimer. Les 18e et 19e sont des siècles où les gens avaient le temps de déposer des cartes de visite, d'écrire de longues lettres terminées par des formules de politesse plus alambiquées mais aussi plus belles les unes que les autres. Cette époque-là n'est plus. Le fait d'avoir commencé mon dictionnaire nostalgique par le mot abréviation est au fond assez significatif de ce mouvement. En même temps, je remarque que revient en force l'idée que la lenteur est quelque chose d'important et qu'il y a des « limites » aux choses - pour reprendre le titre d'une jeune revue que j'aime beaucoup. Ce sont des valeurs qui sont intrinsèquement bonnes et qu'on peut essayer de retrouver. Ce sont des éléments qui font que, encore une fois, politesse pas morte !

    Le narcissisme est-il l'autre ennemi d'une politesse qui repose d'abord sur la modestie ?

    Est poli celui qui ne se met pas systématiquement en avant, celui qui ne veut pas faire son malin, celui qui est fréquemment dans l'understatement. Se prendre pour l'illustre Gaudissart de Balzac, c'est un peu le contraire de la politesse. Je remarque que, de nos jours, la vie n'est plus qu'un immense entretien d'embauche ! Voilà pourquoi, dans notre monde prosaïque et nombriliste, obsédé par l'utilité et par la vitesse, la politesse est plus que jamais nécessaire. Elle demeure l'une de ces petites vertus qui permettent de tenir debout.

    Si vous aviez un geste de politesse auquel vous teniez particulièrement, lequel serait-ce ?

    Le baisemain m'amuse beaucoup parce qu'il a volontairement un côté un peu archaïque, une illusion rétrospective qui fait que l'on croit que c'est très ancien alors qu'en réalité, la généralisation de sa pratique ne remonte qu'au début du XXe siècle seulement. Il y a une sorte d'incongruité poétique de ce geste de déférence qui m'amuse beaucoup et que l'on perçoit aussi dans la manière dont il est ressenti par la personne qui le reçoit. En matière de baisemain comme souvent quand la politesse est en jeu, l'unique certitude est que le tact doit l'emporter sur la règle et l'esprit sur la lettre. 

    Alexis Feertchak

    Dictionnaire nostalgique de la politesse, de Frédéric Rouvillois, illustré par Emmanuel Pierre, Flammarion, 420 p., 25 C. 

    Frédéric Rouvillois est écrivain et professeur agrégé de Droit public à l'Université Paris-Descartes, spécialiste du droit de l'État et d'histoire politique. Auteur de nombreux ouvrages, il a notamment publié Crime et Utopie, une nouvelle enquête sur le nazisme (éd. Flammarion, 2014) ; Être (ou ne pas être) républicain (éd. Cerf, 2015) et dernièrement La Clameur de la Terre. Les leçons politiques du Pape François (éd. Jean-Cyrille Godefroy, 2016).     

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    Le temps retrouvé de la politesse
  • Élection de Trump : quel intérêt pour la France ?

     

    Par François Marcilhac

    Qui apporte ici des mises au point dont on pourra débattre ...

     

    500021990.3.jpgL’élection présidentielle américaine aura eu au moins le mérite de vérifier ce que, malheureusement, nous savions déjà : le tropisme américain de nos élites, ou plutôt leur aliénation qu’elles cherchent par capillarité médiatique à distiller chez les Français.  

    Nos media officiels répercuteront-ils au printemps prochain avec la même intensité l’élection présidentielle française ? Rien n’est moins sûr. Il serait évidemment stupide de nier l’importance que peut avoir, tous les quatre ans, la présidentielle américaine, en raison du poids monétaire, économique, militaire et géopolitique des Etats-Unis. Mais il y a une différence entre la lucidité de bon aloi des élites d’un peuple libre, interprétant les éventuelles conséquences pour celui-ci ou pour le monde d’une élection dans une important pays tiers, et son assimilation comme une donnée de politique intérieure, qui conduit à intérioriser sa propre soumission. C’est que nos élites, qui ont voulu nous faire vivre l’élection de Donald Trump comme une catastrophe planétaire et française (Marine Le Pen, voire Sarkozy, qui n’est jamais à un reniement près, occupant tous les esprits), ont toujours vu depuis la fin de la deuxième guerre mondiale dans les Etats-Unis un modèle, voire le « protecteur » naturel d’un continent sorti de l’histoire. Non, nous n’en avons toujours pas fini avec les conséquences de la victoire impériale des Etats-Unis en 1945. L’American Way of Life, que le plan Marshall a imposé avec l’OTAN et l’Europe institutionnelle, en vue d’assurer la finlandisation de l’Europe occidentale, s’est aujourd’hui transmué en cette idéologie mondialiste dont Hillary Clinton était la porte-parole officielle.

    Vers la fin du mondialisme ?

    Des instances supranationales de tous ordres, dont certaines s’interpénètrent — l’ONU et ses agences spécialisées que sont l’OMS, la Banque mondiale ou les COP successives, l’OMC, les G20 et G8 — redevenu G7 pour punir la Russie de son indépendance, sans compter l’Union européenne et sa Cour de justice ou le Conseil de l’Europe et sa Cour des droits de l’homme, ou encore les différents traités en cours de signature ou de négociation : tout participe d’une même culture mondialiste qui veut en finir avec les Etats-nations et les peuples historiques souverains, comme avec les fondements même de toute société, notamment la famille, considérés comme les principaux obstacles à la réduction consumériste de l’homme. Comment, dans ces conditions, leurs représentants ne s’inquiéteraient-ils pas de la victoire d’un milliardaire présenté comme populiste à la tête de la principale puissance ordonnatrice du nouvel ordre mondial ? Il est vrai qu’on nous avait déjà fait le coup avec Ronald Reagan. Or les premières palinodies de Trump, avant même son entrée à la Maison-Blanche, qu’il s’agisse d’une politique migratoire revue à la baisse ou du mariage homo, prouvent que la démagogie est, partout, la vérité de la démocratie. C’est surtout la preuve que le dogme mondialiste n’a d’universel que le rejet qu’il provoque chez les peuples, plus encore que chez ceux qui se font élire en instrumentalisant leur colère ou leur désespoir. Et que les Etats-Unis sont avant tout puissants de cette soumission morale qu’ils ont su distiller dans l’esprit des peuples dont ils ont su dominer les élites depuis soixante-dix ans.

    Or ce n’est pas avec cette domination que souhaite rompre Donald Trump : ce qu’il refuse, c’est que les Etats-Unis continuent d’en payer le prix, sauf à imposer à ses féaux européens de mieux participer au financement de leur défense... après qu’Obama les eut convaincus qu’une Russie antimondialiste les menaçait ! Du grand art, qui prouverait surtout la cohérence de la politique extérieure américaine par-delà les aléas électoraux.

    Réjouissances déplacées

    N’en déplaise aux patriotes, souverainistes ou identitaires français qui se réjouissent inconsidérément de cette victoire, voir en Trump un modèle, de plus transposable en France, est une erreur profonde qui ne prouve qu’une seule chose : leur propre aliénation. Non, Trump n’est pas l’hirondelle annonçant un nouveau printemps des peuples. Il en a été de même du Brexit : le rejet de l’Europe par deux des quatre nations composant le Royaume-Uni ne peut inspirer un quelconque Franxit à plus ou moins brève échéance. Des tendances, assurément lourdes, d’un rejet de plus en plus clairement exprimé d’un modèle planétaire ne constituent pas une dynamique commune vers la liberté : le chemin qui y conduit appartient à chaque peuple et est le fruit de son histoire en train de se faire — et de se défaire, chacun ayant, de surcroît, sa propre conception de sa liberté. Si le patriotisme est universel, il n’y a jamais eu d’internationale des patriotes. Réjouissons-nous assurément de toute défaite de l’idéologie mondialiste, réelle dans le cas du Brexit, illusoire certainement dans le cas de l’élection de Trump : car celui-ci, comme nous avons été les seuls à le souligner aussitôt, n’a en rien renoncé à la volonté de puissance d’un Etat dont l’impérialisme, lié à sa prétendue « destinée manifeste », a pu s’exprimer de manière plus ou moins brutale dans l’histoire, mais n’a jamais été démenti par aucun de ses dirigeants. Trump veut simplement le beurre et l’argent du beurre. 

    Alors, oui, réjouissons-nous du répit que peut représenter son élection par rapport au bellicisme à tout crin de sa rivale. Mais dans le seul dessein de recouvrer notre indépendance. Il n’y avait aucun « lâche soulagement » de la part de Maurras, lorsqu’il approuva Munich en 1938, mais le souhait, évidemment vain, que la république en profitât pour réarmer. Dans le cas présent, si les Etats-Unis sont bellicistes sur le dos des Européens avec la complicité d’une France dont la diplomatie est dans une « impasse » (dixit Villepin au Figaro du 14 novembre), ce sont notre soumission atlantiste et le carcan européen qui nous privent de toute latitude et il s’agit là, à plus ou moins brève échéance, de causes de déclin et de mort autrement terribles. Car nous subissons en même temps, comme fruit de ce même mondialisme, une invasion de peuplement qui, pour être apparemment pacifique, voire lacrymale, n’en est que plus dangereuse car elle instrumentalise la générosité des Français tout en ayant pour effet assuré la destruction de notre civilisation. Qui se trouve ainsi attaquée en même temps par deux nihilismes qui ont pour dénominateur commun le refus des cultures nationales  : le mondialisme consumériste et l’islamisme barbare qui profite de la disparition de nos défenses immunitaires provoquées par le premier pour s’installer au nom du padamalgam, avec la complicité objective de nos élites multiculturalistes. 

    Une primaire dérisoire

    En ce sens, la primaire de la droite semble bien dérisoire. Car alors que la faillite de la gauche lui offre un boulevard, la droite n’en profitera pas pour redonner à la France sa souveraineté et préserver son identité, l’une et l’autre étant indissolublement liées. C’est que les six ténors Républicains de cette primaire ont déjà tous participé, chacun à son niveau de responsabilité, à la faillite d’un pays dans lequel ils ne croient plus. Quant au septième, il lui faudra bien choisir entre les deux larrons que la mascarade du 20 novembre lui aura désignés. A moins de se lancer dans une aventure « hors les murs » incertaine dont le parti patriote auto-proclamé veut l’échec bien plus qu’il ne souhaite sa propre victoire. Ainsi le veut la logique de parti. La France peut toujours attendre. 

    L’ACTION FRANÇAISE 2000

  • J'ai bien connu Walid Pharès

    Walid Farès

    Par Péroncel-Hugoz

    En voyant défiler l’équipe du futur président Trump, notre confrère a senti remonter en lui sa lointaine époque beyrouthine… Voici pourquoi.

     

    peroncel-hugoz 2.jpgWalid Pharès ? Je savais que cet intellectuel libanais avait émigré aux États-Unis d’Amérique et qu’il frayait dans les milieux du Parti républicain mais je n’avais aucune nouvelle précise de lui depuis des lustres. Et puis soudain, le jour de l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche, je vois « Walid »,  dans l’excellent français qui est le sien depuis son enfance beyrouthine, discourir sur diverses chaînes francophones à propos des conceptions du futur président américain en matière de politique extérieure.

    J’appris un peu plus tard qu’il en avait fait de même, dans les deux autres idiomes qu’il maîtrise à merveille, sur les télévisions arabophones et anglophones. 

    UN CERCLE RESTREINT

    Les présentateurs nous avaient, au passage, donné quelques détails sur la carrière de Pharès outre-Atlantique, jusqu’à son choix par le candidat Trump pour entrer dans le très petit cercle (4 ou 5 personnes) de ses conseillers diplomatiques, le seul d’entre eux apparemment, dont il a tenu, a ce jour, à faire publiquement l’éloge, y compris dans un entretien au Washington Post 

    EXPERT AU CONGRÈS

    Après avoir quitté sa ville natale de Beyrouth en proie à des querelles intestines, armées ou verbales, n’en finissant jamais, W. Pharès enseigna à Miami puis Washington, les sciences politiques, dans un « esprit européen », lequel dut plaire aux Américains puisque l’émigré récent, grâce à ses émissions, articles et livres, eut bientôt ses entrées, comme expert en affaires arabes et en terrorisme au Congrès (2001) puis sur la chaîne conservatrice Fox News (2006) où D. Trump fut séduit, dit-on, par les connaissances du Libanais en histoire militaire et lecture des cartes géographiques. Qui a dit que Donald Trump ne s’intéressait qu’au décolleté des dames, aux casinos et aux gratte-ciel ? … 

    UNE FAMEUSE BIBLIOTHÈQUE

    Ce dont je peux témoigner, pour ma part, à propos de ce conseiller diplomatique de l’ex-candidat républicain et peut-être du futur président, c’est que Walid appartient à une famille libanaise connue pour sa culture et notamment, à l’époque, pour posséder une des plus riches bibliothèques privées libanaises, en plusieurs langues, comparable à celle du diplomate Camille Aboussouan. Mais c’est par hasard, chez des amis, que je rencontrai, en 1976, Walid Pharès, à Beyrouth-Est (sous contrôle des Forces libanaises à dominante chrétienne), après avoir quitté Beyrouth-Ouest (sous contrôle des Palestiniens et de leurs alliés locaux) où se concentrait toute la presse occidentale, alors majoritairement favorable à ceux qu’elle avait dénommés les « islamo-progressistes ». J’eus la curiosité d’aller voir ce qui se passait « de l’autre côté de la ligne de démarcation » entre les deux Beyrouth; cette ligne où le correspondant du Monde attitré venait d’être tué par un tireur isolé, ce qui expliquait que notre journal m’ait expédié en vitesse du Caire, où j’étais alors en poste, en attendant que nous trouvions un successeur au malheureux Edouard Saâb. 

    LE DOSSIER SAHARIEN

    Wallid Pharès ayant l’air de connaître tout le monde, je lui demandai de m’aiguiller un peu dans cet Est beyrouthin qui était peu habitué à voir des journalistes étrangers. Mon « guide » improvisé me permit ainsi de cheminer et de rencontrer bientôt de jeunes chefs comme Béchir Gemayel, futur président élu puis assassiné (sans doute par les services secrets syriens). Je notai les connaissances encyclopédiques de Walid sur l’univers arabe, y compris les affaires de ce Maghreb où j’avais longtemps été correspondant (Alger) ou envoyé spécial (Rabat, Tunis, Tripoli, Sahara alors sous contrôle de Madrid). Je me rendis compte que des sujets comme la Marche verte ou la diplomatie secrète du roi Hassan II au Levant, étaient bien connus par mon « guide », y compris le jeu trouble joué en permanence un peu partout par le régime algérien.
    A nous d’observer maintenant, au cas où Pharès continuerait de conseiller Trump, si son intérêt positif de jadis pour le dossier saharo-nord-africain, le conduit à faire évoluer cet épineux problème, en suspens depuis plus de 40 ans à cause des blocages algériens. 

    P.S. A PROPOS DE MALEK CHEBEL

    FR%20MG%20ENTRETIEN%20MALEK%20CHEBE.jpg Pendant que je réveillais mes souvenirs autour de W. Pharès, une radio m’a appris le décès à Paris de l’auteur algérien Malek Chebel, né en 1953. Allah Yrahmo ! Je fus l’un des tout premiers éditeurs de Chebel, essayiste prolifique s’il en fut, avec « Histoire de la circoncision, des origines à nos jours» (1992 et 1997) que je lui avais commandée pour la collection orientaliste Le Nadir que je dirigeais alors chez Balland à Paris. Sur un sujet comme la circoncision qui concerne environ la moitié des mâles sur la Terre (par tradition, religion ou hygiène), ce livre remporta un franc succès, fut traduit et connut même, sous ma responsabilité, deux éditions en français au Maroc même où il est toujours disponible.

    Aux larges connaissances de W. Pharès en histoire politique, répondent celles de M. Chebel en histoire des religions et des mœurs. La Francophonie arabe n’a rien à envier à personne. 

    Dans le même état d’esprit curieux et méticuleux pour les moeurs des musulmans, signalons à nos suiveurs la parution à Casablanca, cette année, chez Africorient, de La circoncision au Maroc, par la plume distinguée du docteur casablancais Rouchdi Chamcham, ancien professeur d’ethnopsychanalyse à l’Université Lumière, à Lyon, en France et longtemps psychanalyste à Casablanca. 

    Péroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le360 du 18.11.2016