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  • Traditions • Tout ce qui est Racines est bon : Tous les sept ans, les Ostensions du Limousin...

     

    Les ostensions limousines ont été inscrites au Patrimoine immatériel de l'UNESCO. Pour les « racines chrétiennes » de la France, c'est plus qu'un honneur : une sorte de consécration et, en tout cas, de reconnaissance... 

     

    1969913464.jpgTous les sept ans - depuis l'an de grâce 994 ! - le Limousin honore ses saints par des processions. On sort les reliques, on les montre (en latin : ostendere) en des processions spectaculaires accompagnées de reconstitutions historiques dans les rues pavoisées : 

     http://catholique-limoges.cef.fr/diocese/ostensions.php  

    Les dernières ostensions ont eu lieu en 2002 puis en 2009 : c'étaient alors les 71èmes ! Soit, en 2016, les 72èmes.

    Les premières ostensions eurent lieu le 12 Novembre 994.

    La population souffrait d’une terrible maladie provoquée par un champignon, l’ergot de seigle, parasite des céréales de fin de récolte utilisées pour faire le pain. Les malades souffraient comme si un feu ardent les brûlait de l’intérieur, d'où le nom de cette épidémie : le mal des Ardents (du latin ardere, brûler). Les évêques, abbés et seigneurs d’Aquitaine réunis en concile à Limoges décidèrent de lever les restes de Saint Martial afin d’endiguer l’épidémie. Suite à ces processions et aux prières adressées au saint patron de la ville,  le miracle se produisit, l’épidémie cessa. 

    Les Ostensions Limousines célèbrent donc le miracle des Ardents. Au début, ces cérémonies religieuses avaient lieu lors d’évènements ou circonstances particulières puis en 1518, l’usage s’établit de les célébrer tous les 7 ans. Les reliquaires et trésors religieux sont exposés au cours des processions auxquelles participent la population locale. Après l’ouverture des reliquaires selon des rites précis, les reliques elles-mêmes sont exposées à la vénération des fidèles.

    Les rues des communes ostensionnaires sont décorées, ornées de fleurs, tout le monde participe : les autorités civiles et militaires, le clergé et les confréries oeuvrent ensemble, défilant religieusement dans les rues de chaque ville ou village.

    Les ostensions mêlent ainsi le religieux et le profane, la dévotion et le spectacle. C’est un moment fort de rassemblement, une affaire de culture commune, de racines et d’identité limousine.

    En 2009, le sdernières ostensions aurent lieu dans quatorze communes, presque toutes en Haute-Vienne.

    C'est traditionnellement Limoges qui ouvre les cérémonies, recevant pour l'occasion non seulement les communes environnantes mais aussi des délégations de toutes les paroisses ostensionnaires. On célèbre à Limoges saint Martial (le premier évêque de la ville, ci dessous), saint Aurélien, son successeur, saint Loup, qui fut évêque de la ville au VII° siècle, et sainte Valérie, la première martyre de l'église d'Aquitaine.             

    1930272106.jpgLes processions s'y déroulèrent les 18 et 19 avril, avec l'ouverture des châsses.

    Le 8 mai, saint Blaise fut honoré à Javerdat, le 21 mai les saints Gaucher et Faucher le seront à Aureil, village situé à quelques kilomètres de Limoges. Gaucher est le fondateur d'Aureil, et Faucher fut son disciple; ils vécurent au XIIème siècle.

    Le 23 mai, une procession nocturne parcourut les rues du village d'Aixe, décorées de fleurs. On y célèbre Alpinien, compagnon de saint Martial.

    Le 24 mai, Saint Léonard de Noblat fit mémoire de son fondateur, Léonard, ermite franc du Vème siècle. Une grande procession historique parcourut les rues de la ville mediévale, en recevant le concours d'une délégation bavaroise.

    Mille figurants en costumes se retrouvèrent le 31 mai à Rochechouart, où l'on vénèra saint Julien de Brioude, soldat romain martyrisé sous Dioclétien, en 304. Le 1er juin, a Esse, dix saints furent escortés. Le 6 juin, au Dorat, ce fut le tour des saints Israël et Théobald, deux chanoines du XIème siècle.           

    4284626061.jpgEnfin, le point d'orgue des ostensions eut lieu le 28 juin à saint Junien : une grandiose procession historique de mille cinq cents figurants rendit hommage à saint Junien et à son maître Armand, du Vème siècle.

    Mais il faut citer aussi :

    Nexon, où l'on vénère saint Ferréol, évêque de Limoges du VIème siècle;

    Saint-Victurnien, où l'on célèbre le patron de la ville, Victurnien dont on dit qu'il serait venu d'Ecosse pour vivre en ermite en Limousin;

    Chaptelat, qui honore son plus célèbre habitant, saint Eloi, conseiller du roi Dagobert, fondateur de Solignac en 632 et évêque de Noyon-Tournai;

    Saint-Yrieix-la-Perche, qui célèbre son fondateur, Aredius ermite du VIème siècle qui fonda un monastère à Attane, futur Saint-Yrieix;

    Abzac, ancien prieuré-cure du diocèse de Limoges connu pour son pèlerinage septennal des saints Lucius et Emerite;

    Et Saint-Just-le-Martel, bourg de la banlieue limousine, qui vénère un petit berger qui vécut auprès du grand saint Hilaire de Poitiers au Vème siècle, saint Just.    

    1187123067.jpg

    Renseignements, informations : Maison du Limousin, 30 rue Caumartin, 75009 Paris (Tél.: 01 40 07 04 67).
     
    Tourisme de la Haute-Vienne (tél.: 05 55 79 04 04).   
  • Société • Les pieds nickelés de la lutte sociale et politique Brexiters, syndicalistes, nuit-deboutistes…

     

    par Amaury Grandgil

    Un excellent billet, tout à fait dans notre ligne politique et sociétale, qu'Amaury Grandgil a publié sur son blog mesterressaintes et sur Causeur [08.07]. Nous avons aimé.  LFAR 

     

    amaurygil.jpgLes oligarques nous mènent où ils veulent presque aussi facilement qu’un troupeau à l’abattoir, croyant nous faire prendre des vessies pour des lanternes le plus longtemps possible. Les peuples cependant expriment de plus en plus leur colère face à tant de mépris, de dédain à peine caché. Ils pensent parfois se trouver des leaders pour mener la révolte mais ceux-ci sont autant de pieds nickelés sans grande envergure qui se contentent de jouer leur « emploi » de comédie afin de continuer à bénéficier du système et que l’on continue de voir leur binette partout dans la presse. C’est à désespérer de se dresser contre les pseudo-élites de plus en plus déconnectées des peuples…

    En Grande-Bretagne les promoteurs passionnés du Brexit se dégonflent les uns après les autres. Ce sont autant de pieds nickelés, de Nigel Farage à Boris Johnson, le maire de Londres ayant la même tignasse que Ribouldingue. Ils ressemblent un peu à ces mauvais élèves qui n’en croient pas leurs yeux et leurs oreilles d’avoir réussi à convaincre le pion rassis de service de ne pas retourner en classe et de faire cours dehors. Et finalement ils ont l’air de songer que leur blague est allé un peu trop loin et abandonnent toute responsabilité laissant leur peuple aux mains de responsables dont le rêve humide récurrent est de faire de la Grande-Bretagne le « paradis fiscal » du monde entier. Ils reviennent sagement dans les rails.

    Personne n’est d’ailleurs plus vraiment certain maintenant que le Brexit sera réellement finalisé. Donald Tusk et Jean-Claude Juncker, le responsable européen qui parle aux ovnis, trouveront bien un moyen de ne pas tenir compte de ce vote, de le renvoyer aux oubliettes de l’histoire. Ils feront une petite leçon de morale aux mauvais élèves et tout rentrera dans l’ordre à coup de chantage économique, ainsi qu’en Grèce. Et Farage et Johnson font finalement partie du spectacle tout autant que les Le Pen en France, épouvantails utiles de la droite dire républicaine et de la gauche sociétale, tout autant que les autres politiques.

    En France, les opposants à la « loi travail », soit disant de Myriam El Khomri, alors que ses véritables auteurs sont quelques technocrates européens, ont décidé donc que la lutte sociale s’arrête pendant les vacances d’été. On me rétorquera que les utopistes de Nuit debout ont aussi décidé de remettre la révolution après leur séjour au camping des Flots bleus ou à Ibiza, ou chez Tata Geneviève à Nice. Quant aux « casseurs » anarchistes jusqu’au-boutistes, attention, s’ils ne se retenaient pas, on verrait ce qu’on verrait, ils font appel à la justice bourgeoise.

    Pour ne cependant pas totalement se ridiculiser des responsables syndicaux comme Jean-Claude Mailly prédisent des « surprises » pendant l’été, des actions ponctuelles qui marqueront les esprits… Des flash-mobs ? Une vente de tongs écrivant FO ou CGT sur le sable de la plage ? Une quête à la sortie des agences Pôle emploi ?

     

    Pourtant cette « loi travail » empêchera par ses conséquences sur de nombreux salariés, leur paupérisation, leur précarisation, de partir en vacances justement. Un peu moins de la moitié des Français n’en ont justement plus les moyens. C’est finalement à se demander si Philippe Martinez et Jean-Claude Mailly ne jouent pas aussi leur rôle, leurs « emplois » de « repoussoirs » pour les élites, au sein du grand « Barnum consumériste » rentrant ensuite bien sagement à l’étable comme le reste du troupeau.

    Il faut dire que pour eux le pion rassis en chef, Manuel Valls, a décidé de siffler une bonne fois pour toutes la fin de la récréation en faisant jouer encore une fois le 49.3…

    Et les oligarques seront ainsi à peine inquiétés. Encore une fois… 

    Amaury Grandgil
    anime le blog mesterressaintes.hautetfort.com

  • Livres & Société • Se prémunir du danger terrroriste ....

     

    par CS 

    Comment les réseaux islamistes recrutent-ils ? Quels sont leurs ressorts psychologiques ? Comment s’insinuent-ils dans les cerveaux des jeunes au point que certains rompent avec leur famille et s’en vont mener des attaques « suicide » ? Ce sont quelques-unes de ces questions auxquelles Jean-Christophe Damaisin d’Ares tente de répondre dans un court mais dynamique et didactique ouvrage, né des attentats du 13 novembre dernier. L’auteur, spécialiste des opérations d’influence, décortique les liens qu’entretiennent l’islamisme et le terrorisme, dissèque les principaux courants de l’islam et ses influences réelles ou supposées,  décrit la typologie des recrues islamistes en insistant sur la perméabilité des jeunes gens, en perte de repères mais sensibles à certains messages radicaux et à l’espoir d’un futur soi-disant meilleur. Cet endoctrinement est, selon l’auteur, une opération  minutieusement menée et qui ne laisse pas de place à l’improvisation : entre repérage, approche, accroche, initiation, rencontre, échanges, convictions, nombreux sont les personnes en position de faiblesse, capables de tomber dans le piège mortel du terrorisme djihadiste. Un lecteur averti en vaut deux ! 

    Terrorisme islamiste – recrutement & radicalisation – Jean-Christophe Damaisin d’Arès – Editions JPO – 100 pages – 9,90 euros.

  • EURO : APRES LA VICTOIRE DES BLEUS, RETOUR SUR LE HEROS DU JOUR

     

    Antoine Griezmann, un cœur gros comme un ballon !

    Enfin un footballeur qui ne fait pas la gueule sur le terrain, devant les supporters et les photographes.

    par Nicolas Gauthier

    Un excellent et réconfortant billet [Boulevard Voltaire, 1.07]. Il illustre la victoire française d'hier soir, face à l'Allemagne. 

     

    4241968552.pngY aurait-il quelque chose de changé au royaume des Bleus ? C’est à se demander. Allez donc savoir pourquoi, même chez ceux qui ignorent tout de la science footballistique – c’est peut-être pour cela que cet article m’a été commandé – , mais ce cru 2016 paraît autrement plus sympathique que les précédents. Effet Didier Deschamps ?

    Ce qui nous change agréablement de l’équipe de 2010, en Afrique du Sud, première fois dans l’histoire de ce sport où l’on vit onze joueurs marcher plutôt que courir derrière le ballon. D’habitude, nous savions encore que les cheminots, les professeurs, les chauffeurs routiers, etc., pouvaient se mettre en grève ; mais là, une grève de milliardaires, mal élevés de surcroît, c’était aussi une première fois.

    De fait, difficile de ne pas ressentir une certaine admiration pour Antoine Griezmann, auteur de deux buts libérateurs contre l’Irlande. Enfin un footballeur qui ne fait pas la gueule sur le terrain, devant les supporters et les photographes. Nous sommes loin du « Racaille football club », des crétins tatoués, de leurs sextapes, de leurs méthodes de voyous. Une fois encore, effet Didier Deschamps ?

    Mieux : à la suite de ce match ayant permis à l’équipe de France de se hisser en quart de finale, Antoine Griezmann, dans les coulisses du stade de l’Olympique lyonnais, hèle-t-il Hugo, un enfant de dix ans : « Ça va ? On fait une photo ? Ça te dirait d’avoir le ballon du match ? » Hugo, c’est le fils de Jean-Baptiste Salvaing, ce policier assassiné avec sa compagne, en présence de leur enfant de trois ans, par un islamiste. Hugo aurait été invité à voir le match par Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, tandis que sur le site Facebook de la police nationale, on pouvait lire ces quelques mots : « Le fils de notre collègue assassiné a pu réaliser un de ses rêves avec la complicité des policiers du RAID et l’amitié des joueurs de l’équipe de France. »

    Ce ballon ne lui rendra certes pas son père ni sa belle-mère, mais l’espace d’un moment, il lui aura peut-être rendu le sourire. Et ça, ça n’a pas de prix. Merci, Antoine Griezmann. 

    Journaliste, écrivain
  • BREXIT : LA BELLE INSOLENCE DES PEUPLES

     

    par François Marcilhac

     

    500021990.jpgSale temps pour l’oligarchie. En huit jours à peine, voici que les Britanniques ont voté pour sortir de l’Union européenne et que son candidat à la tête de l’Autriche a vu son élection invalidée pour « irrégularités  ». Si différents soient ces deux événements, ils n’en reflètent pas moins les lézardes grandissantes qui fissurent cette Europe dont les peuples ne veulent ouvertement plus ou qui ne sait plus faire élire ses thuriféraires qu’en truquant les élections. 

    Belle leçon de démocratie ! Fort heureusement pour les Autrichiens, leur Cour constitutionnelle n’est pas le Conseil constitutionnel français. Elle ne valide pas des élections dont le dépouillement s’est déroulé dans des conditions discutables. L’ancien président du Conseil constitutionnel Roland Dumas ne se disait-il pas, lui, « convaincu d’avoir sauvé la République » — rien que moins ! — en ayant validé, en 1995, les comptes de campagne présidentielle « manifestement irréguliers » de Jacques Chirac ? Autres pays, autres mœurs... La Cour constitutionnelle autrichienne se contente, elle, de faire son travail.

    Quant au Brexit, à peine connus, les résultats étaient déjà contestés. Non pas quant à leur régularité, mais pour leur teneur même. Juncker, contre les Grecs, n’avait-il pas prévenu en 2015 qu’ « il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens » ? John Kerry, le secrétaire d’Etat américain, auquel ce camouflet à l’ingérence d’Obama dans les affaires britanniques n’a manifestement pas servi de leçon, s’est aussitôt empressé de déclarer qu’ « il existe des moyens » pour que le Brexit ne se réalise jamais. Une intervention armée, comme en Irak ?... ou une pétition demandant un second vote, dont Marion Maréchal-Le Pen démontrait aussitôt l’imposture ...en la signant elle-même, mais relayée le plus sérieusement du monde par nos médias officiels, les bobos cosmopolites de Londres ne supportant pas que le peuple ait voté différemment d’eux.

    UNE VAGUE DE MÉPRIS SOCIAL ET ETHNIQUE

    C’est une vague de mépris, à la fois social et ethnique, qui a subitement déferlé sur les patriotes anglais. Être un Anglais de souche et un travailleur est devenu une tare irrémissible. Encore, au XIXe siècle, la bourgeoisie ne reprochait-elle aux classes laborieuses que leur « dangerosité » sociale, les privant sous ce prétexte du droit de vote... Mais notre époque a fait des progrès. C’est leur enracinement qui leur est maintenant reproché, c’est-à-dire leur appartenance au pays réel et non à une hyperclasse mondiale friquée et hors sol. Bernard-Henri Lévy, qui appelle à un second vote, n’a pas hésité à écrire : « C’est la victoire des casseurs et des gauchistes débiles, des fachos et hooligans avinés et embiérés, des rebelles analphabètes et des néonationalistes à sueurs froides et front de bœuf. » Tout y est, dans cette prose nauséabonde : la disqualification non seulement sociale et économique, mais aussi intellectuelle et physique de l’homme du peuple, ramené à une bestialité phantasmée qui, évidemment, est faite pour déshumaniser le tenant du Brexit, décrit comme un sous-homme, et donc disqualifier son choix. Et de poursuivre sur plusieurs paragraphes cette prose aux relents putrides qui rappellent les heures les plus sombres de notre histoire. Car c’est le 25 juin dernier dans Le Monde qu’est paru ce texte, non dans Gringoire entre les deux guerres. Tel est le discours de haine des tenants du mondialisme. Mais plus que leur arrogance, il traduit leur panique de voir le principe de réalité des nations resurgir dans une tranquille affirmation de soi.

    Ah ! La belle insolence des peuples. Partout en Europe, ils rappellent, par leur vote, leur droit à exister. Le mensonge européen fait de moins en moins illusion, à l’exemple du mensonge soviétique dans les années 70, lorsque Soljenitsyne écrivait sa célèbre Lettre aux dirigeants de l’Union soviétique. Oui, c’est vraiment un sale temps pour la nomenklatura mondialiste ! Et elle a beau, avec la complicité d’une presse dont les titres mangent tous au même râtelier, en rajouter sur le catastrophisme ou la volonté de punir les Britanniques de leur sacrilège, chacun sait que ces prophéties ou ces menaces que d’aucuns voudraient autoréalisatrices ne visent qu’à faire peur et à dissuader d’autres peuples d’imiter la perfide Albion. Quelle leçon pour les Vingt-Sept restants, si jamais le Royaume de Sa Gracieuse Majesté s’effondrait sur lui-même ! N’a-t-on pas ressasser que ce vote des losers de la mondialisation volerait son avenir à la jeunesse britannique ? Laquelle a surtout montré son désintérêt pour la question en s’abstenant à 70%.

    PRAGMATISME CONTRE IDÉOLOGIE

    Certes, Bruxelles trouvera dans le pays légal britannique ses meilleurs alliés pour voler leur vote aux Anglais, comme elle les a trouvés dans le pays légal français pour annuler notre non au traité constitutionnel. Avec une différence de taille : contrairement au pays légal français qui a fait le deuil de la France, le britannique choisira ce qu’il pensera être le meilleur pour les Anglais. C’est l’avantage du pragmatisme sur l’idéologie. A l’heure où nous écrivons, tout est encore ouvert. Et bien malin serait le commentateur qui projetterait en ce début de juillet 2016 l’avenir de l’Union européenne sur la comète du Brexit. N’oublions pas, en effet, le statut très particulier que le Royaume-Uni a(vait) dans l’Union, à la fois dedans et dehors, en raison des multiples exceptions (Schengen, l’euro, notamment) dont il a agrémenté son adhésion.

    C’est pourquoi, réclamer dès aujourd’hui un référendum en France sur le même sujet ou le promettre en cas de victoire aux présidentielle et législatives prochaines est plus qu’imprudent. La France, pays fondateur de l’Union, n’est pas le Royaume-Uni, qui ne s’y est rattaché que pour le seul enjeu économique. La chape morale d’une Europe facteur de paix n’a guère de prise sur la conscience britannique, contrairement aux Français qui ont subi, depuis des décennies, un véritable matraquage d’Etat sur le sujet, que toutes les institutions, école et media compris, ont relayé, en vue de faire de l’Europe un réflexe conditionné. L’aliénation est la pire des servitudes. Ne pas tenir compte de l’état moral du pays et jouer son avenir à la roulette référendaire serait évidemment le plus mauvais service à lui rendre car, en cas d’échec, la légitimité de notre appartenance à ce monstre froid en sortirait renforcée. A moins que faire cette proposition anxiogène ne soit la meilleure façon de ne pas être élu parce qu’on ne se sent pas prêt. C’est tout d’abord de l’intérieur, en aggravant ses contradictions internes, qu’un gouvernement patriote devra s’employer à détruire l’Europe.

    QUELLE « DÉRIVE TECHNOCRATIQUE » ?

    Pour Jean-Pierre Chevènement, patriote de gauche, le Brexit peut-être « une deuxième chance donnée à l’idée européenne : celle d’une refondation démocratique qui articulerait la démocratie qui vit dans les nations avec une démocratie européenne qui reste à construire. » Son communiqué a inspiré l’appel de vingt intellectuels eurocritiques, paru dans Le Figaro, dont Michel Onfray, Natacha Polony ou Jacques Sapir qui, pourtant, dans notre dernier numéro, rappelait qu’un projet « démocratique » européen suppose l’existence d’un peuple européen, qui ne se décrète pas. Ce volontarisme consubstantiel à la gauche oublie qu’il n’y a jamais eu de « dérive technocratique » de l’Europe, comme le prétendent les auteurs de l’appel : le technocratisme est à la source du projet des « pères fondateurs », contre les souverainetés nationales et populaires. Contre la politique et la liberté des nations. Contre l’histoire. Dissipons les nuées d’une autre Europe pour mieux préparer un avenir de liberté et de paix reposant sur le dialogue d’Etats souverains.   

    L’ACTION FRANÇAISE 2000

  • Nous disons depuis longtemps que la République danse sur un volcan ...

     

    Le commentaire du très libéral site Atlantico

    « Selon notre dernier sondage Atlantico-Ifop, 73% Français pensent qu’il y aurait des actes de représailles contre la communauté musulmane en cas de nouvel attentat islamiste. » 
  • Enquête « Aujourd’hui, le royalisme » : l'AF Provence vue par Politique magazine

     L'AF Provence lors du banquet du 19 mars 2016, dans la tradition des Camelots du Roi 

    medium_20100619090518118905.jpgL'AF-PROVENCE, SECTION MODÈLE

    par Politique magazine

    De l'avis de tous, la section AF-Provence est la plus dynamique. Son secteur s'étend d'Aix à Marseille, avec des noyaux de militants à Arles, Avignon et Toulon. On y trouve des étudiants mais aussi des jeunes professionnels - ouvriers viticoles, mécaniciens, enseignants, facteurs ou guichetiers de banque. Le chef de section est maraîcher. Les 6o militants se réunissent plusieurs fois par semaine, que ce soit dans le cadre de leurs cercles de réflexion - Frédéric Mistral à Aix, Honoré d'Estienne d'Orves à Marseille, dans les conférences et cercles de la Fédération royaliste provençale (FRP) qui actualisent la pensée royaliste et maurrassienne - ou pour des collages, tractages, séances de sport ou ventes de journaux à la criée. Ils prêtent également main forte au FN lors de ses campagnes (boîtage, surveillance des bureaux de vote). Stéphane Ravier leur doit en partie son élection à la mairie du 7e, ce qu'il reconnaît bien volontiers.

    Leurs actions d'agit-prop défraient régulièrement la chronique dans la presse régionale qui en profite pour diffamer dans les grandes largeurs le mouvement. Les militants, eux, en plaisantent et estiment que ces journaux devraient plutôt leur être reconnaissants : « L'OM et I'AF sont les deux feuilletons qui font vendre du papier à La Provence ! » 

    Lire dans Lafautearousseau

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    Politique magazine, un numéro d'été exceptionnel : « Aujourd’hui, le royalisme »

  • Fondamentaux d'Action Française • La monarchie

     

    par Stéphane BLANCHONNET

    Un article de Stéphane BLANCHONNET paru dans à-rebours.fr et dans L'AF2000. Et un article parmi plusieurs autres qui rappellent utilement les fondamentaux de la politique d'Action française.  LFAR

     

    3764833947.jpgPour les maurrassiens, la monarchie n'est pas une nostalgie. Maurras critique le goût romantique du passé en tant que tel et exalte, à l'inverse, l'idée de tradition vivante. Pour lui la beauté n'est pas à la racine des choses mais aux fleurs et aux fruits.

    La monarchie n'est pas non plus pour l'Action française la défense d'un intérêt de classe. Fondé par des patriotes, par des roturiers, dans un premier temps républicain, le mouvement vient à la conclusion monarchique par raisonnement. L'histoire de France nous enseigne que la monarchie a fait la France et sa civilisation alors que la République consomme cet immense patrimoine matériel et moral... quand elle ne le consume pas au profit d'un universalisme idéologique.

    La monarchie n'est pas non plus pour nous une fin en soi. La seule fin du politique c'est l'intérêt général de la nation. Mais la monarchie nous apparaît comme le plus sûr moyen de l'atteindre et de le servir. Le monarque héréditaire en est par position le gardien. Sa raison d'être est d'incarner ce Bien commun que la somme des intérêts particuliers ne suffit jamais à produire et que les revendications des classes, groupes, communautés composant la nation, peuvent même parfois contredire.

    Enfin, en attendant la restauration de la monarchie, les royalistes d'Action française ne sont pas inactifs. Ils participent à une forme de régence en servant la France en toutes circonstances au sein du nationalisme, dont ils se veulent le fer de lance et l'élément le plus conscient. 

    Repris de L’AF2000 - A Rebours

    Voir aussi ...

    Le nationalisme intégral

    Le Quadrilatère maurrassien

    La Monarchie que nous voulons

    Le « coup de force »

    La civilisation

  • Lettre ouverte : Xavier Rousset, élève de 2ème année à l'ENA, se plaint du projet unilinguiste de l'ENA !

     

    Xavier Rousset, élève de 2° année à l’ENA, a écrit une lettre ouverte pour se plaindre qu’il faille dorénavant seulement  savoir parler anglais pour entrer à l’ENA, ce qui est une aberration  et une soumission de l’ENA au monde anglo-saxon ! Une très belle lettre dûment argumentée, pratiquement imparable, montrant la stupidité de la réforme projetée qui remplace le multilinguisme par l’unilinguisme !  C'est avec sympathie que Lafautearousseau publie aujourd'hui ce très intéressant courrierLFAR

     

    Xavier ROUSSET         

    Elève en 2ème année à l’ENA

    Ecole Nationale d’Administration

    1 rue Ste Marguerite

    67080 Strasbourg

     

    Paris, le 23 juin 2016

     

    A l’attention de Madame Annick  GIRARDIN, Ministre de la Fonction publique Copie à : Mme Nathalie LOISEAU, directrice de l’ENA

     

    Objet : Lettre ouverte – Réforme du concours d’entrée à l’ENA rendant l’anglais obligatoire : trahison du multilinguisme, qui dessert l’ENA et menace, à terme, la langue française

     

    Madame la Ministre,

    Je tiens à attirer votre attention sur la communication trompeuse qui a été faite par votre ministère sur le multilinguisme à l’ENA lors de la réforme de l’épreuve de langues au concours d’entrée rendant l’anglais obligatoire et langue étrangère unique. L’arrêté du 16 avril 2014 pris par votre prédécesseur a pour effet que l’anglais sera (à partir de 2018) la seule et unique langue étrangère que les candidats devront maîtriser pour entrer à l’ENA. La communication de votre ministère sur le multilinguisme, une fois entré à l’ENA, relève à mon sens de l’hypocrisie (cf. la réponse du ministère de la Décentralisation et de la Fonction publique publiée dans le JO Sénat du 12/11/2015 mentionnant « l’enjeu essentiel des langues étrangères dans un cadre européen »). Dans cette communication, il n’est pas mentionné que le signal fort donné par votre ministère à l’ensemble du monde de l’enseignement secondaire et universitaire est le suivant : il est dorénavant inutile d’apprendre une autre langue que l’anglais pour entrer à l’ENA. Il en résulte une incitation très forte à poursuivre dans la voie de l’unilinguisme anglais et une démotivation pour les élèves d’apprendre dans l’enseignement secondaire une autre langue que l’anglais puisque les autres langues ne servent à rien ! La réponse du ministère sur l’apprentissage des langues étrangères -mais seulement une fois entré à l’ENA !- est donc l’arbre qui cache la forêt d’une trahison du multilinguisme.

    Rendre l’anglais langue obligatoire unique au concours d’entrée n’envoie pas un signal d’ouverture de l’ENA. L’ENA est présentée par sa directrice[1] comme une « grande école de management public française ». Pourtant HEC grande école, une référence en matière d’école de management des entreprises privées, maintient deux langues étrangères obligatoires au concours d’entrée. HEC a réalisé depuis longtemps que dans le domaine des affaires, la seule langue internationale qui vaut, c’est celle de l’acheteur ! Imposer l’anglais au concours d’entrée comme seule langue étrangère, c’est oublier que la diversité linguistique permet l’ouverture sur le monde. A l’inverse, faire valoir le multilinguisme au concours d’entrée à l’ENA, c’est envoyer un signal d’ouverture aux pays membres de la Francophonie et aux autres pays étrangers non-anglophones partenaires de l’école et pourvoyeurs d’étudiants notamment au Cycle International Long, en leur montrant que leurs langues ne sont pas supprimées du concours et qu’elles ne valent pas moins que l’anglais.

    La maîtrise de la langue anglaise est nécessaire au haut fonctionnaire ; mais ce n’est pas une raison pour promouvoir cette langue indûment. Pour le journaliste Jean-Pierre ROBIN[2], certes « le besoin d’un langage international est de toute époque », mais par cette réforme du concours d’entrée, « la France fait tout son possible pour la suprématie de l’anglais ». A titre d’illustration, je citerai le discours introductif de la directrice de l’ENA tenu en anglais lors de la journée de rencontre entre l’ENA et l’université allemande DUV Speyer[3]. Si le thème de la journée de rencontre était « comment aller au-delà de nos spécificités nationales pour augmenter la coopération ? »[4], le discours introductif de la directrice tenu en anglais suggérait, il me semble, la réponse: en reniant nos spécificités et nos identités linguistiques !  Certes 17 étudiants américains étaient présents dans la salle. Mais il s’agissait, sauf erreur de ma part, d’étudiants à la DUV Speyer qui ont fait le choix de venir étudier en Allemagne. Pourquoi donc les 195 élèves allemands, français et étrangers, francophones et germanophones ont dû écouter un discours introductif en anglais ? Heureusement, la journée a été conclue par un discours de Jérôme CLEMENT, ancien fondateur et président du directoire de la chaîne de télévision ARTE, en français et traduit en allemand simultané, qui a notamment rappelé l’importance du respect des spécificités linguistiques. Comme le linguiste et Professeur au Collège de France Claude HAGEGE l’a récemment écrit[5] « la langue internationale, c’est la traduction  ».

    Les arguments avancés par votre ministère[6] pour justifier l’anglais obligatoire au concours d’entrée sur les thèmes de l’économie budgétaire et de l’égalité de traitement sont difficilement recevables. Argument 1 : votre ministère justifie cette réforme par la nécessité pour les futurs hauts fonctionnaires de disposer d’un niveau d’anglais minimal à la sortie de l’école. Contre-argument 1: il suffit d’imposer ce niveau minimal d’anglais à la sortie de l’école et non pas à l’entrée ! En outre, cela permettrait de davantage rétribuer les efforts faits pendant la scolarité et rendus possibles grâce à l’excellente équipe pédagogique du département des langues de l’ENA.

    Argument 2 : votre ministère justifie cette réforme pour assurer l’égalité de traitement entre les candidats. Contre-argument 2 : de quelle égalité de traitement parle-t-on dès lors que des élèves issus du concours externe ayant étudié dans des Instituts d’Etudes Politiques sont partis en échange dans des pays anglophones, tandis que d’autres sont partis en pays lusophones, hispanophones, ou germanophones ? De même pour les élèves issus du troisième concours : certains ont travaillé huit ans au Royaume-Uni, aux Etats-Unis ou en entreprise anglo-saxonne, tandis que d’autres ont travaillé dans une entreprise française agissant sur le seul marché français. Il est donc manifeste que, dans les nouvelles conditions de concours, les candidats n’ayant pas séjourné en pays anglophone ou travaillé dans des entreprises anglo-saxonnes se voient traités de manière inégale.

    Argument 3 : votre ministère justifie cette réforme au vu des difficultés d’organisation et des coûts supplémentaires que génère l’organisation des épreuves de langue. Contre-argument 3 : d’une part ces coûts sont très faibles et l’économie avancée ne vaut pas pour les épreuves de langue à l’oral qui coûteront toujours autant d’heures de vacation, même avec une langue unique; d’autre part, l’argument des coûts est trop souvent évoqué par celles et ceux qui veulent promouvoir l’anglo-américain comme langue universelle et voir disparaitre les langues nationales (à ce titre, le journaliste Jean QUATREMER rappelle que pour le fonctionnement des institutions de l’UE avec 23 langues officielles, le coût de la traduction n’est que de 60 centimes d’euros par an et par citoyen européen[7]); enfin, avancer l’argument économique c’est oublier que l’homme européen ne vit pas que de pain, mais aussi de sa langue, de sa culture et de son identité. Utiliser l’argument économique, c’est mélanger le bien commun avec le bien marchand.

    Cette trahison du multilinguisme est un coup fatal porté à la langue française alors qu’il conviendrait de remettre la langue anglaise à sa juste place. Si l’ENA a quitté Paris pour s’implanter à Strasbourg, c’était notamment pour contribuer au rayonnement de la langue française, de la pensée française à Strasbourg au cœur de l’Europe, et non pas pour contribuer à l’américanisation de l’Europe. L’ENA doit être un phare francophone sur le Rhin, ouvert au multilinguisme : elle doit briller de tous ses feux par son excellence « à la française » et non pas se coucher devant l’anglo-américain. D’ailleurs il est nécessaire -comme l’ont suggéré Claude HAGEGE et Maurice DRUON, ancien Secrétaire perpétuel de l’Académie française- de rappeler les inconvénients de la langue anglaise du fait de son imprécision, notamment sur le plan administratif et juridique (à titre d’exemple, la résolution 242 de l’ONU dans le conflit israélo-palestinien ; ou cet accident d’avion survenu le 29 décembre 1972 en Floride suite à la réponse de la tour de contrôle « turn left, right now !»). Votre ministère devrait donc laisser et remettre l’anglais à sa juste place, plutôt que lui dérouler le tapis rouge.

    Cette réforme va à l’encontre du multilinguisme souhaité et pratiqué dans l’Union Européenne. Dans les traités, la politique linguistique de l’UE a pour objectif le multilinguisme. D’ailleurs l’Union européenne -comme la quasi-totalité des Etats membres de l’ONU à deux exceptions près dont les Etats-Unis- a adhéré à la convention de l’UNESCO d’octobre 2005 sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles dont le préambule rappelle que « la diversité linguistique est un élément fondamental de la diversité culturelle ». La Commission européenne cherche à promouvoir l’apprentissage des langues avec pour ambition que chaque citoyen maîtrise au moins deux langues étrangères en plus de sa langue maternelle. Plusieurs institutions de l’UE ont plusieurs langues de travail : la Commission et l’Office européen des brevets utilisent trois langues officielles (l’anglais, le français et l’allemand) ; le Parlement européen se doit d’assurer un multilinguisme intégral pour l’ensemble des séances plénières, etc. Dès lors, réserver une place à part à l’anglais - notamment par rapport à l’allemand- ne se justifie nullement.

    En conclusion cette réforme, comme les réactions très vives l’ont montré, dessert le multilinguisme et, par conséquent, la langue française. Cette réforme ne contribue pas au rayonnement international de l’ENA et n’envoie pas un message d’ouverture, mais bien au contraire un message de soumission de la haute administration française à Washington et au monde anglo-saxon.

    Je me tiens à votre disposition, Madame la Ministre, pour toute précision que vous souhaiteriez recevoir de ma part et vous prie de croire en l’assurance de ma très haute considération.  

    Xavier ROUSSET  • 

     

    [1] Interview de N. LOISEAU dans Les Echos (22/03/2016)

    [2] Le Figaro, article du 23/02/2016, http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2016/02/23/31002-20160223ARTFIG00358-la-france-fait-tout-son-possible-pour-la-suprematie-de-l-anglais.php

    [3] Le 10 juin 2015 dans les locaux de l’ENA à Strasbourg

    [4] Traduit du programme de la journée, édité en anglais

    [5] L’Express, le 28/03/2012, http://www.lexpress.fr/culture/livre/claude-hagege-imposer-sa-langue-c-est-imposer-sa-pensee_1098440.html

    [6] La réponse de votre prédécesseur publiée au JO Sénat du 12/11/2015

    [7] Libération, le 20/04/2016, http://www.liberation.fr/planete/2016/04/20/le-jeu-dangereux-d-une-ue-anglophone_1447552

  • La Semaine de MAGISTRO, une tribune d'information civique et politique

     

    La Semaine de MAGISTRO - Adossée à des fondamentaux politiques avérés, Magistro, une tribune critique de bon sens, raisonnée et libre, d'information civique et politique. 

    Du côté des élites

    • Ivan RIOUFOL   Journaliste politique   Rebâtir l'Europe, mais sans ses fossoyeurs

    En France

    • Sophie de MENTHON   Présidente d'ETHIC, Membre du Conseil économique, social et environnemental (CESE)   Pas de panique chez les chefs d’entreprise d’ETHIC face au Brexit

    Avec l'Europe

    • Roland HUREAUX   Essayiste   L'Union européenne tombera d'un coup

    • Jean-Baptiste GIRAUD   Journaliste, Directeur de la rédaction d'Economiematin.fr    Brexit : c'est l'immigration qui a fait la différence

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    • Denis FADDA    Haut fonctionnaire international   Les enseignements du Brexit

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  • Michel Rocard, François Mitterrand : on refait le match

     

    Par Mathieu Bock-Côté     

    TRIBUNE - Un hommage national est rendu ce jeudi à Michel Rocard. Mathieu Bock-Côté réfléchit ici, [Figarovox, 5.07] aux raisons de son destin avorté : homme de raison avant tout, il avait omis, contrairement à Mitterrand, la nature passionnelle et tragique du politique. Et la réflexion de Mathieu Bock-Côté distingue, une fois de plus, pensée traditionnelle et pensée moderne ou post-moderne. Il n'y a guère de doute pour nous que ses propres conceptions - culturelles, sociétales et politiques - le situent parmi les antimodernesLFAR

     

    3222752275.jpgLa mort de Michel Rocard a permis à la classe politique et médiatique de dire le bien qu'elle pensait d'un homme dont tous, à un moment ou un autre, ont reconnu les vertus et les talents. Avec raison, on a louangé un politique honorable. Ces bons mots n'étaient pas exempts de mélancolie: l'homme aurait pu avoir un autre destin et devenir président de la République. La gauche française, avec lui, se serait enfin modernisée et elle aurait même devancé le travaillisme britannique dans la mise en place de ce qu'on appellera plus tard la troisième voie. La France aurait aujourd'hui un autre visage et ne serait pas une société bloquée si la deuxième gauche l'avait pilotée.

    Le grand entretien récemment accordé par Rocard au Point témoignait de la richesse de sa pensée. Il traitait avec finesse bien des problèmes de notre temps, qu'ils touchent la France ou les équilibres planétaires. Qu'on endosse ou non ses analyses ou ses conclusions, on conviendra qu'ils dépassent le cadre étouffant et stérilisant de la pensée Twitter, qui domine aujourd'hui une classe politique aux ordres du système médiatique. Ce n'est pas sans raison qu'on lui prêtait encore récemment allégeance: il demeurait le symbole d'une autre gauche, qui aime se dire moderne et en phase avec son temps. On le révère un peu comme on a révéré Pierre Mendès France.

    Ce regret concernant le destin avorté de Michel Rocard s'accompagnait d'une explication: s'il était doué pour l'exercice du pouvoir, il l'était beaucoup moins pour sa conquête, à la différence de François Mitterrand, qui aura toujours eu le dessus sur lui, en bonne partie parce qu'il comprenait mieux les ressorts profonds et passionnels du politique. Le premier aurait été un super technocrate, le second un animal politique à l'ancienne. Dans la distribution des rôles, Rocard passe pour un perdant magnifique et Mitterrand pour une créature aussi cynique que séduisante. Il n'en demeure pas moins que c'est ce dernier qui passera à l'histoire et qui fascine encore les biographes.

    Mais ceux qui considèrent que la conquête du pouvoir est la part avilissante du politique le comprennent bien mal. Ils l'imaginent à la manière d'une simple instance administrative censée gérer une société faite d'hommes rationnels et raisonnables - ou du moins, d'hommes qui devraient l'être. Au fond d'eux-mêmes, ils rêvent au gouvernement des meilleurs qui devraient pouvoir s'épargner la pénible épreuve de l'élection. Ou oublie l'ancrage anthropologique du politique et les passions qui, naturellement, s'y déploient et poussent les hommes à l'action. La politique n'est pas qu'une entreprise de gestion rationnelle du social: elle met en scène des hommes, des passions et des projets qui jamais, ne pourront parfaitement se réconcilier.

    Rocard jouissait moins du pouvoir en lui-même que de l'action sur la société qu'il rendait possible. Il avait en tête un programme détaillé de réformes à renouveler sans cesse, dans la mesure où il faudrait toujours s'adapter aux exigences de la modernité, qui ne se laisserait jamais enfermer dans une définition étroite ou dans un stade définitif, qu'il faudrait désormais conserver. On ne saurait en dire autant de Mitterrand qui goûtait le pouvoir pour lui-même et qui le désirait en soi, comme s'il transfigurait l'existence, ce qui n'est probablement pas faux. On pourrait dire que ce dandy qui cultivait son personnage avait développé une esthétique du pouvoir, qu'il savait apprécier même sans enrobage idéologique. Cela n'est pas nécessairement très noble.

    Michel Rocard faisait preuve d'un très grand rationalisme politique. Les enjeux symboliques lui échappaient souvent. Sa compréhension peut-être déformée de ce qu'on appelle la question identitaire, qu'il s'agisse de l'immigration massive ou de la présence de la Turquie dans l'UE, à laquelle il était favorable, en témoignera. La France tel qu'il se l'imaginait était moins une patrie charnelle, avec plus d'un millénaire d'histoire, qu'une société moderne à planifier autrement et devant s'inspirer dans la mesure du possible du modèle scandinave. Ici aussi, sa vision du monde tranchait avec celle de Mitterrand, qui croyait aux profondeurs de l'histoire et même aux forces de l'esprit, même s'il s'est jeté aveuglement dans la construction européenne.

    On l'aura compris, il est difficile de revenir sur la figure de Rocard sans multiplier les contrastes avec celle de Mitterrand, tant les deux hommes avaient des visions absolument contrastées du pouvoir et de la nature humaine alors qu'ils se réclamaient les deux du socialisme. Les distinctions peuvent s'accumuler et il n'est pas certain qu'elles recoupent l'alternative trop facile entre le moderne et l'archaïque, comme l'ont souvent voulu les analystes de la politique française. Il est coutumier, aujourd'hui, de rappeler les origines droitières de Mitterrand. La chose s'est moins confirmée sur le plan des politiques que dans la conception de l'homme qui singularisait Mitterrand et dans sa personnalité fondamentalement monarchique.

    On connaît l'anecdote: Rocard, commentant la bibliothèque de François Mitterrand, se désolait de ne pas y trouver d'ouvrages en économie et en sociologie. On a compris qu'il le disait avec quelque mépris: un homme politique inculte économiquement devrait selon lui quitter le métier. Le propos choquait dans une France qui demeure une civilisation littéraire. Mais la perspective mitterrandienne n'était peut-être pas insensée. Avant de connaître la société à la manière d'un ensemble de structures complexes que l'on peut déconstruire et reconstruire technocratiquement, il faut connaître l'homme et les hommes. La littérature et la méditation sur les grands moments de l'histoire éduquent autant le prince qu'un traité des problèmes sociaux ou un manuel d'économie.

    Michel Rocard était admirable et mérite certainement ses louanges posthumes. Il représente une gauche soucieuse du réel et désireuse de le modeler plutôt que le fuir dans une utopie. Mais c'est en méditant sur son destin avorté et son rendez-vous manqué avec la France qu'on comprend mieux à quel point l'homme politique ne doit jamais être qu'un super technicien manipulant avec une science impressionnante les leviers de l'État. Ce qui aura manqué à Michel Rocard, c'était le sens du tragique et peut-être, tout simplement, du politique. En cela, il était le représentant exemplaire d'une gauche moderne, absolument moderne, à laquelle il aura voulu être fidèle jusqu'à la fin, pour le meilleur et pour le pire. 

    Mathieu Bock-Côté  

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d' Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007). Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politique, vient de paraître aux éditions du Cerf.          

  • Bernard Lugan prévient : L’Afrique du Nord est dans une phase d’implosion, d’explosion, de perdition…

     

    Bernard Lugan vient de publier aux éditions du Rocher une Histoire de l’Afrique du Nord. Il explique pour Boulevard Voltaire [5.07] les préalables nécessaires à la mise en œuvre d’une vraie politique avec cette région, loin de la stratégie « des pieds en dedans » qui prévaut actuellement… Il expose aussi la situation de pré-implosion de l'Afrique du Nord, notamment de l'Algérie, très grave sujet souvent évoqué dans Lafautearousseau. •

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  • Phillip Blond : « Jamais la mondialisation n'avait connu un tel rejet dans les urnes »

     

    Par Alexandre Devecchio 

    Après le Brexit, le penseur britannique, Philipp Blond, a accordé un long entretien à FigaroVox [1.07]. Selon le « Michéa anglo-saxon », cette victoire est l'expression du divorce entre les bobos et les classes populaires à l'œuvre dans l'ensemble du monde occidental. Les lecteurs de Lafautearousseau rapprocheront cet entretien de celui donné précédemment au même Figarovox par le grand philosophe britannique Roger Scruton*. On y trouvera une analyse instructive des réalités politiques internes en Grande-Bretagne et des réflexions de fond sur le libéralisme, l'UE, le délitement des sociétés européennes qui, souvent, rejoignent les nôtres.  LFAR   

    Encore méconnu en France, Phillip Blond est l'un des intellectuels britanniques contemporains les plus influents. Il a été conseiller de David Cameron en 2010, lors de sa première campagne législative victorieuse, avant de prendre ses distances avec l'ex-Premier ministre. Théoricien du Red Torysm ou « conservatisme pour les pauvres », il renvoie dos à dos libéralisme économique et culturel, et prône au contraire l'alliance du meilleur de la tradition de droite et de gauche. Bien qu'il se soit positionné en faveur du « Remain », il juge que la campagne pour le maintien dans l'UE, fondée uniquement sur l'intimidation, a été « désastreuse ». Selon lui, le vote en faveur du Brexit est l'expression logique d'une révolte des peuples à l'égard de la globalisation : « tous ceux qui culturellement comme financièrement se trouvent en phase avec le nouvel ordre du monde, sont désormais minoritaires dans la société. », explique-t-il.

    XVMf3256ffa-3f96-11e6-a7e0-f7d1706dab9d.jpgÊtes-vous surpris par la victoire du Brexit ? Que révèle-t-elle selon vous ?

    Cette victoire n'a pour moi rien d'inattendu ; elle est le résultat de tendances de fond qui affectent différentes couches du peuple britannique. En leur permettant de se fédérer, le référendum a été pour ces groupes l'occasion d'un contrecoup décisif.

    Je pense en effet que nous sommes en train de passer d'une société où les deux tiers de la population environ s'estimaient satisfaites de leur sort, à un monde dans lequel ceci n'est plus vrai que pour un tiers de la population.

    Dit autrement, le vote en faveur du Brexit exprime le plus grand rejet de la mondialisation qu'ait connu dans les urnes le monde occidental. Les bénéficiaires de la mondialisation, tous ceux qui culturellement comme financièrement se trouvent en phase avec le nouvel ordre du monde, sont désormais minoritaires dans la société.

    Cette révolte contre la mondialisation ne regroupe pas seulement les catégories sociales les plus défavorisées. On y distingue aussi une population plutôt aisée, composée pour l'essentiel de personnes âgées vivant en province et qui se sentent culturellement menacés par l'immigration. Cette même population a le sentiment que le système de valeurs qui a historiquement caractérisé l'Angleterre - sans doute l'un des plus influents et des précieux dans le monde - est aujourd'hui remis en cause par l'arrivée d'une population qui lui est indifférente voire dans certains cas, carrément hostile, et que la Grande-Bretagne a abdiqué sa souveraineté face à une puissance étrangère en adhérant à l'Union Européenne.

    Dans toutes les enquêtes réalisées sur les déterminants en faveur du vote pour le « Leave », c'est toutefois l'immigration qui figure en tête des préoccupations. Qu'ils soient plutôt aisés ou qu'ils soient au contraire issus d'un milieu modeste, ces électeurs craignent l'islamisation progressive de la Grande-Bretagne par l'immigration. Comme cette opinion ne peut être exprimée publiquement, l'hostilité aux migrants a pris la forme d'une inquiétude plus globale. Pour les plus pauvres, l'impact de l'immigration était double, l'« ennemi » prenant tout à la fois la forme de l'islam mais aussi l'arrivée massive d'une population issue d'Europe de l'Est, plutôt qualifiée et dure à la tâche, qui constituait de de ce fait une menace pour leur emploi et leur accès au marché du travail. Si vous ajoutez à cela le fait que l'Union Européenne est identifiée avec la mondialisation, et donc avec l'insécurité économique et culturelle qui caractérise cette dernière, alors la victoire du Brexit n'est plus une surprise.

    Ce que le camp du « Leave » a cherché à mettre en avant avec son slogan « reprendre le contrôle », c'est l'idée que la résistance à tous ces formes de déstabilisation devait avoir lieu à l'échelle de la nation, l'idée que la nation pouvait reprendre le contrôle face aux forces de l'entropie internationale et protéger ses citoyens de la tempête. A contrario, la campagne pour le maintien dans l'UE, conduite par des Blairistes ou des Conservateurs dont le manuel électoral ne connaissait qu'un seul registre - taper dur et taper très fort - , a été désastreuse. Soutenue de manière imprudente par le gouvernement, cette approche avait déjà failli lui coûter une défaite au référendum sur l'indépendance de l'Ecosse ; elle lui a fait perdre ensuite la mairie de Londres et maintenant le référendum sur l'UE. Le camp du « Remain » aurait au contraire dû choisir d'adopter une vision patriotique, expliquer que la Grande-Bretagne pouvait encore rester une puissance mondiale significative à travers l'UE, souligner que dans quelques années nous serions la première puissance en Europe. En choisissant une autre approche, ils ont eu la défaite qu'ils méritaient.

    Le débat sur le référendum a semblé se limiter à un dialogue au sein de la droite britannique. Finalement, le vote de la population ouvrière en faveur du Brexit a été décisif. Comment l'expliquez-vous ?

    Loin de se confiner aux seuls électeurs de droite, la victoire du Brexit s'explique au contraire par la mobilisation décisive d'une partie de l'électorat travailliste en faveur du Leave. Pour ces derniers aussi, l'UE s'identifiait avec la mondialisation et le néolibéralisme. L'attitude de Merkel envers la Grèce et l'austérité punitive imposée par l'Allemagne ont conduit une partie de la gauche britannique à voir dans la zone euro et plus généralement dans l'Union Européenne un projet antisocial. Cela, couplé avec la menace que faisait peser sur les salaires des travailleurs autochtones la constitution d'une armée de réserve de travailleurs immigrés à bas coûts, a contribué au rejet de l'UE par une partie de la gauche. Enfin, il ne faut pas oublier que la classe ouvrière britannique est fondamentalement patriotique ; le sentiment que l'UE dissout la grandeur du Royaume-Uni plutôt qu'elle ne la magnifie a donc conduit une grande partie des classes populaires à déserter le camp du Remain.

    La tragédie du Brexit, toutefois, c'est que la plupart des dirigeants et promoteurs du camp du « Leave » sont des partisans extrêmes du libre-échange. Ces derniers haïssent une Europe qui s'identifie pour eux à la régulation et la social-démocratie et ils ont convaincu une partie de la gauche de voter la sortie du Royaume-Uni de l'UE. Nous faisons face à ce paradoxe : des classes populaires en quête de protection face à la mondialisation ont suivi des libertariens qui pensent que la Grande-Bretagne devrait abolir de manière unilatérale ses tarifs douaniers !

    Pourquoi le labour de Jeremy Corbyn a-t-il été aussi timide. La gauche britannique est-elle, comme la gauche française, prise en étau ente bobos favorables au multiculturalisme et à l'ouverture des frontières et classes populaires en quête de protection ?

    Si Corbyn a été si timide dans la campagne, c'est qu'il est en réalité un partisan du Brexit - je le soupçonne d'avoir choisi le bulletin en faveur du Leave dans le secret de l'isoloir. Il ne faut pas oublier que Corbyn vient de l'extrême-gauche du parti travailliste : au delà des raisons « de gauche » de choisir le Brexit, il a pu aussi être ému par le caractère non démocratique de l'UE. Démocratique, l'UE ne l'est pas en effet - mais pour lui cela s'explique seulement par le fait que les démocraties qui la composent ne souhaitent pas laisser place à l'émergence de partis politiques transnationaux en ajoutant un échelon politique supplémentaire au delà de l'Etat ou de la nation.

    Ce divorce entre les bobos et les classes populaires se retrouve lui aussi en Grande-Bretagne - de fait, il est à l'œuvre dans l'ensemble du monde occidental. La raison tient en grande partie aux séductions comme aux échecs du libéralisme. Pour les classes moyennes, le libéralisme a plusieurs attraits : économiquement, il leur permet (ou du moins il leur permettait) d'exploiter avantageusement leur position via l'école, les réseaux ou les possibilités de carrière dans l'entreprise ; socialement, il se traduit par une licence totale en matière de choix de vie ou de comportements. Pour les classes populaires au contraire, le libéralisme est un désastre économique et culturel : économique, parce qu'il détruit leur pouvoir de négociation collective et les expose à une concurrence interne sur le marché du travail : dans une telle situation, leurs salaires ne peuvent que baisser ; sociale, parce que le libéralisme a détruit toutes les formes d'allégeance et de stabilité familiale, en laissant pour seul héritage des foyers brisés et des pères absents. En somme, le libéralisme a détruit toute notion de solidarité et c'est cela qui a le plus certainement condamné les plus pauvres à leur sort.

    En France le géographe Christophe Guilluy a développé le concept de « fractures françaises » et de « France périphérique ». Existe-t-il également des « Fracture britanniques » et une « Angleterre périphérique » ?

    Cette idée d'une fracture géographique entre le centre et la périphérie dans les cultures modernes est très certainement vraie en France, mais aussi en Grande-Bretagne et dans d'autres pays. Est-elle pour autant nouvelle ? La plupart des fractures dont on nous parle aujourd'hui trouvent leur grille de lecture dans une analyse sociologique, ce que je considère pour ma part insatisfaisant intellectuellement.

    Je crois que nous devrions nous poser des questions plus fondamentales, qui de mon point de vue seraient les suivantes : pourquoi nous séparons-nous, pourquoi cherchons-nous la solidarité seulement au sein de groupes composés de personnes qui nous sont proches ou qui nous ressemblent ? C'est parce que nous avons perdu nos universaux, nous avons oublié la leçon tant de Platon que d'Aristote pour lesquels il existe des universaux qui s'appliquent aux choses. Dans la mesure où nous avons laissé la croyance dans le monde objectif verser dans le pur subjectivisme, comment espérer un jour nous unir ? C'est pourquoi la véritable tâche politique est de retrouver ce qui nous relie, au delà de l'inepte discours contemporain sur les droits de l'homme. Le discours sur les droits est en effet toujours dérivé, il requiert un discours plus fondamental ; c'est pour cela que vous ne pouvez arbitrer entre des droits différents et pourquoi le droit ne peut vous dire ce qui est juste. Aussi, tant que nous n'aurons pas recouvert notre héritage - c'est à dire tant que nous ne serons pas revenus aux universaux - nous ne pourrons jamais aider personne, jamais réduire aucune division ni soigner aucun mal.

    Que signifie la démission de Boris Johnson, qui était pourtant donné favori pour succéder à Cameron. Quelles sont les lignes de clivages au sein des conservateurs ?

    La démission de Boris Johnson signifie un certain nombre de choses plutôt triviales - au premier rang desquelles une incapacité fondamentale à donner une quelconque consistance à ses slogans. Je le soupçonne par ailleurs d'avoir promis un certain nombre de choses contradictoires aux députés qui le soutenaient - en offrant notamment le même poste à plusieurs personnes. Enfin sa chronique dans le Telegraph montrait qu'il avait déjà pris la décision de revenir en arrière sur le Brexit et de rompre ses engagements auprès de ceux qui avaient voté « Leave  ». C'est un homme qui n'inspire plus confiance, un opportuniste sans réelle conviction - il n'y a rien d'autre à lire dans sa démission.

    Les clivages du parti conservateur s'expliquent quant à eux d'abord par l'histoire, même si de nouvelles divisions apparaissent aujourd'hui. Une minorité significative de député se revendique du Thatchérisme : ils croient au libre marché et sans doute à rien d'autre - tandis qu'une majorité des députés tient à ce que la droite défende la justice sociale ; tous toutefois pèchent sur les mesures à prendre.

    Le défi le plus important qui attend aujourd'hui les conservateurs, c'est de répondre à ce besoin de justice sociale sans passer par le marché ni par l'Etat. Ils savent qu'ils doivent s'adresser à une population en déshérence - tous se revendiquent d'un conservatisme inclusif (« One nation conservatism ») - mais personne ne dispose dans ce domaine d'un programme politique crédible. Si le marché tel qu'il a fonctionné jusqu'à présent se montre incapable de répondre aux besoins des plus pauvres et bientôt de ceux de la classe moyenne, quelle sera demain la doctrine économique du Parti Conservateur ?

    Cela traduit-il l'explosion du clivage droite/gauche des deux côté de La Manche ?

    L'affrontement droite / gauche appartient au passé : si vous regardez les mouvements qui ont émergé récemment, leur discours emprunte des éléments issus des doctrines des deux côtés de l'échiquier politique. Prenez le Front National, par exemple : son programme nationaliste le porte évidemment à l'extrême-droite, mais ses propositions sur l'Etat-providence et les services publics semblent toutefois exhumées d'un discours socialiste des années 1970. Il en est de même en Angleterre avec UKIP, qui pourrait tout à fait devenir le parti de la classe ouvrière britannique et se substituer au parti Travailliste en offrant un mélange droite/gauche similaire.

    Est-ce la victoire du « Conservatisme pour les pauvres » que vous avez théorisé ?

    Dans un certain sens, c'est à une victoire « inversée » du Red Toryism à laquelle nous avons assisté. Ce que je cherchais à promouvoir en effet, c'était l'alliance du meilleur de la tradition de droite et de celle de la gauche dans un nouveau discours positif. Ce qui est à l'œuvre ici, c'est la naissance d'un composé hybride d'une toute autre nature, au sein duquel ce serait au contraire les gènes récessifs des deux traditions qui se seraient associés dans leur mutation.

    Là où je proposais par exemple un affranchissement économique massif des plus pauvres, au moyen d'une redistribution de l'accès à la propriété, les voilà qui mettent en avant la promotion de l'Etat providence, une politique qui a échoué de manière désastreuse par le passé. Que produit l'Etat providence en effet, sinon la perte de l'autonomie des individus et l'érosion de leur sens de la propriété, ainsi que la légitimation délétère d'une culture de l'assistance. De la droite, je garde l'idée de conservatisme social, à savoir la volonté de tisser à nouveau les liens qui naissent des affections locales comme familiales, et ce afin que la fraternité se re-déploie «par le bas», à travers les communautés concrètes. Ce qu'ils défendent en regard, ce sont les concepts délétères de l'origine, de la classe ou de la couleur de peau. Là où je souhaite un renouveau de la culture civique, ils attendent celui de la culture ethnique.

    Vous renvoyez dos à dos le libéralisme et l'étatisme. L'Union européenne, est-ce justement le pire des deux : un mélange d'oligarchie et de technocratie ?

    L'Union Européenne peut en effet être perçue comme une alliance terrible entre le libéralisme et l'étatisme - selon moi en effet l'idée d'autonomie individuelle et l'affirmation de l'Etat marchent main dans la main.

    L'un de ses pires aspects réside d'ailleurs dans la confusion qui s'est désormais installée entre la monnaie commune et les institutions de l'UE, si bien désormais que pour répondre aux problèmes nés de l'euro, des nations sont contraintes de se fondre dans une sorte de super-Etat pour des raisons purement économiques ; tout ceci ne peut que mal se terminer. Je me dis souvent que l'Union Européenne a du être conçue par des marxistes, qui prétendent contraindre les peuples à s'unir économiquement et que sortiront de cette union des valeurs partagées. Bien entendu, c'est l'inverse qui se produit: les liens qui unissent les peuples restent artificiels et je crains les conflits à venir.

    Au lieu de cela, nous aurions dû commencer par les valeurs que nous partageons en commun et par les objectifs que nous souhaitons réaliser ensemble : l'Europe est le berceau de l'Occident et c'est comme cela que nous devrions la concevoir. Rien n'est trop tard toutefois : je crois encore que le projet européen peut être sauvé contre ses promoteurs.

    Le Brexit signifie-t-il le début de la fin de l'Union européenne ?

    Oui je le crains, si le Brexit devait se réaliser - ce qui n'est pas encore acté - et que l'Europe perd l'un de ses plus grands Etats-nations, il est difficile d'être optimiste sur son avenir. Ce qui m'inquiète le plus c'est une Europe dominée par l'Allemagne. Ce n'est pas à l'Allemagne que ce leadership incombe, dans la mesure où ce pays estime que tous autres Etats-nations devraient être semblables à lui-même, c'est à dire une nation devenue profondément kantienne après les horreurs de l'Holocauste. Mais le message qui en découle n'a rien d'universel, ce n'est rien d'autre qu'une manière déguisée et égoïste de défendre ses propres intérêts.

    La Grande-Bretagne a besoin de l'Europe et l'Europe a besoin de la Grande-Bretagne, même si ce message est compliqué à défendre actuellement. Aussi je voudrais ici lancer un appel aux dirigeants européens: si vous souhaitez que le Royaume-Uni ne quitte pas l'Europe et que celle-ci survive, vous devez faire de nouvelles propositions à la Grande-Bretagne sur la liberté de circulation.

    Le Royaume-Uni est une puissance militaire de premier plan, un rempart face aux menaces militaires et terroristes contre l'Europe. Son économie se range à la 4ème place mondiale même si ce rang lui est désormais contesté du fait de la dévaluation de la livre. A l'horizon 2040, la population britannique devrait être la première en nombre d'Europe.

    Il n'est pas question de refaire le référendum, mais si l'Europe était conduite à faire une nouvelle proposition au Royaume-Uni sur la liberté de circulation, alors le gouvernement britannique, une fois que ces termes seraient clairs, pourrait les présenter à ses électeurs. Le peuple britannique aurait alors devant lui les avantages et les inconvénients qu'il y aurait à rester dans une Europe réformée où la question de la liberté de circulation a été finalement résolue. Tel est le but que devrait se donner une diplomatie européenne éclairée.  

    Penseur politique et théologien anglican, Phillip Blond est directeur du think tank britannique ResPublica. Il a été révélé au grand public avec son essai Red Tory paru en 2010, dans lequel il milite pour un « toryisme rouge » marqué par un conservatisme traditionnel et communautaire et un rejet tant de la prééminence du marché que de l'étatisme. Il a inspiré le programme de «Big Society» de David Cameron en 2010.  

    PROPOS RECUEILLIS PAR ALEXANDRE DEVECCHIO @AlexDevecchio

    TRADUIT DE L'ANGLAIS PAR EUDOXE DENIS @eudoxe81    

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    Alexandre Devecchio   

    Journaliste au Figaro et responsable du FigaroVox. Twitter : @AlexDevecchio 

    *Roger Scruton : « Le Brexit est un choix éminemment culturel »