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  • Famillle de France • Le duc de Vendôme a reçu des lecteurs de « L’écho républicain » à Dreux

    La chapelle du Domaine Royal de Dreux 

     

    Le 2 juin dernier, le Prince Jean de France, Duc de Vendôme, a reçu au domaine Royal de Dreux six lecteurs du journal l’Echo Républicain pour une visite privée de la chapelle Royale Saint-Louis. Le Prince Jean a honoré ce rendez-vous prévu de longue date malgré la naissance de son 4ème enfant le Prince Joseph intervenue le matin même de la visite. 

    Après l’accueil de ses invités, le Prince Jean a souhaité guider lui-même les lecteurs de l’Echo Républicain dans la chapelle, et dans les cryptes où reposent tous les Princes d’Orléans depuis la mère du Roi Louis-Philippe. Le Prince a  ajouté de nombreuses  anecdotes familiales afin de rendre la visite plus vivante pour le plus grand plaisir des lecteurs sélectionnés par le journal. 

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    A l’issue de la visite, le Duc de Vendôme, a reçu les lecteurs à son domicile pour une conversation à bâtons rompus. Une collation préparée par un traiteur marocain local fut servi aux hôtes du Prince. Le Duc de Vendôme a fait un tour d’horizon de la situation politique en France, il a abordé d’autres sujets comme la foi, l’éducation ou l’écologie.

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    Le Prince a fait part également de son profond attachement pour la chapelle Royale et pour la ville de Dreux.

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    A la fin de l’entrevue, les lecteurs de l’Echo Républicain ont eu la surprise de rencontrer le Prince Gaston et ses sœurs, les Princesses Antoinette et Louise-Marguerite qui venaient de faire connaissance de leur petit frère à l’hôpital de Dreux en compagnie de leur tante Maria-Magdalena de Tornos y Steinhart, soeur de la Duchesse de Vendôme. Le malicieux et gourmand Prince Gaston a très vite succombé au charme des pâtisseries orientales du buffet. 

    Sources

    www.lechorepublicain.fr

    Noblesse et royautés

  • Cinéma • « Luchini, Michelet et la nostalgie de Zola et de Gabin » par Éric Zemmour

    Fabrice Luchini dans Ma Loute. - Crédits photo : DR R. Arpajou

     

    UNE « INSOLENCE » D'ÉRIC ZEMMOUR

    Dans Ma Loute, les images défilent sur l'écran, et c'est l'heure où l'on regrette de ne pas lire les critiques de cinéma. Zemmour analyse ce film à sa manière et surtout se demande pourquoi Luchini y a accepté un rôle [Figarovox, 10.06]. Les cinéphiles, le cas échéant, donneront leur avis ... LFAR

     

    XVM46b79742-8908-11e5-8758-aadd64fa74f8.jpgMais qu'allait-il faire dans cette galère? On regarde Fabrice Luchini marcher comme Aldo Maccione, et fixer sur nous le regard de Ratatouille, mais on ne rit pas. On est triste même, désemparé, exaspéré. Ma Loute, c'est le titre du film, et on ne comprendra jamais ce que cela signifie. Les images défilent sur l'écran, et c'est l'heure où l'on regrette de ne pas lire les critiques de cinéma. On est dans le nord de la France, au début du XXe siècle. Les costumes, les accents, les paysages nous le laissent penser. Mais penser est encore un trop grand mot. Le film tourne autour de deux familles, deux clans, deux classes : les bourgeois et les prolos. Les bourgeois sont riches et vivent barricadés derrière les murs d'un château de béton. Les femmes sont hystériques, les hommes dégénérés. Les mariages consanguins, les viols, les incestes, ces « capitalistes » du Nord cumulent. Le film confond les dynasties capitalistes du XIXe siècle avec la famille royale espagnole croquée par Goya. Une des trois filles de la famille est habillée en garçon, a un prénom de garçon, alors que sa beauté éblouissante de fille constitue le seul spectacle à l'écran. En face, il y a les pauvres. Les miséreux, les prolétaires, les gueux. Là aussi, notre film mélange les époques : l'univers décrit n'est même pas celui de Zola, mais celui de Jacquou le Croquant !

    Pour subsister, les pauvres aident les riches à traverser une rivière, dans une barque ou même dans leurs bras puissants. La jeune bourgeoise tombe amoureuse du fils de pauvres, le fameux ma Loute. Les filles de la haute ont toujours eu du goût pour les « bad boys », les princesses pour les bergers. Tout cela est original et iconoclaste. Comme la vision des deux policiers, grimés en Laurel et Hardy, plus stupides que nature. Comme le spectacle des processions chrétiennes, transformées en incantations superstitieuses à la Vierge, dignes des Indiens du Chiapas.

    Lorsque ma Loute découvre que sa belle « est un garçon », il ne lui chante pas une chanson de Mylène Farmer mais la bourre de coups. Le peuple n'est pas gay-friendly ; le peuple n'est pas LGBT. Le peuple est criminel : il tue les riches de passage ; le peuple est anthropophage: il les mange!

    C'est ainsi qu'un certain cinéma français voit le peuple français. Jadis, les légendes magnifiaient la gloire militaire des aristocrates ; puis, après la Révolution, on chanta avec Michelet la grandeur du peuple et de la nation ; avec les communistes, sonna l'heure du prolétariat, avec ces films sublimes où Gabin incarne un ouvrier magnifique. Plus rien de tout cela aujourd'hui. Tous, bourgeois et prolétaires, sont mis dans le même sac d'immondices par un petit monde nombriliste et inculte qui passe son temps à faire la morale à un peuple raciste et à une France ringarde. Quand le film est fini, on n'a toujours pas compris ce que Luchini est allé faire dans cette galère. 

    Eric Zemmour

    Ma Loute

  • Livres • Russophobie : haine et passion d’une universitaire

     

    par Dimitri de Kochko

    Dans Les Réseaux du Kremlin, Cécile Vaissié dénonce, parfois violemment, des tentatives d’influence du Kremlin sur les affaires intérieures des pays européens. Un brulot sans fondement, bourré d’approximations et caractéristique de la « Russophobie » ordinaire explique Dimitri de Kochko, journaliste, président de l’association France-Oural, mis en cause par Cécile Vaissié.

    Le pamphlet récemment publié sur de prétendus «réseaux du Kremlin en France» est un bon exemple de la désinformation que nous subissons aujourd’hui dans le cadre d’une guerre de l’information qui aboutit à des fractures sociologiques graves dans notre pays.

    L’ouvrage, signé d’une dénommée Cécile Vaissié, enseignante à l’université de Rennes II, n’a rien d’universitaire : les erreurs, les à-peu près, les contre-vérités, les clichés et préjugés, les injures et diffamations, camouflées mais réelles, y abondent. A commencer par la description même de ces pseudos «réseaux du Kremlin» : s’il y a des réseaux du Kremlin en France, ils ne concernent certainement pas les gens décrits dans cet ouvrage. Ouvrage de commande ? On peut légitimement poser la question tant les termes et même le vocabulaire utilisés sont identiques à d’autres livres et articles qui paraissent un peu partout en Europe depuis la crise ukrainienne. Le contenu de ce livre, écrit dans un style de mauvaises fiches de police par moments, est en effet totalement public et transparent. On le retrouve très largement, en différentes langues, sur internet.

    Un style de fiches de police

    On est très loin d’un John Le Carré dont les excellents romans d’espionnage sont cités complaisamment par les copains politiques de l’auteur à propos de ces fameux « réseaux du Kremlin en France ». Quant aux personnes mises en cause,  elles n’ont qu’un seul droit : celui de se taire ! Le but essentiel de tels écrits est de discréditer tous ceux qui ont une opinion différente. Notre otanienne, pro-américaine tendance néo-cons inconditionnelle, rajoute aux clichés russophobes ranimés lors de la guerre froide, des affirmations mensongères et des allusions non sourcées. On cite les commentaires de ses amis sur facebook (sic)… On commente les papiers d’organes de presse totalement engagés… Méthodes plus que limites d’un auteur qui, par ailleurs, fait preuve d’un mépris professionnel assez odieux à l’égard de certains de ses collègues que, visiblement, elle n’aime pas !

    Petit florilège. Au hasard des pages, on apprend qu’à l’ambassade de Russie, on «sert le caviar à pleine louches». Rien que ça ! Que la Russie subit une crise économique terrible (ce qui est vrai), que le gouvernement russe est incapable de sortir le pays de la pauvreté (ça pourrait devenir intéressant avec une argumentation solide) mais que, en même temps, l’argent coule à flots. Et si l’argent coule à flot, c’est, évidemment, pour subventionner « l’extrême droite », notamment le Front National en France et, par allusions glissantes, d’autres hommes politiques qui ont le tort à ses yeux de ne pas penser OTAN mais Europe. Là aussi, des affirmations, mais aucune preuve ou enquête sérieuses. Renseignez-vous Mme Vaissié ! En ce qui concerne le Front national, le prêt qu’il a obtenu d’une banque chypriote appartenant à un oligarque russe  – et non au Kremlin – est loin d’être avantageux. Et tout est à l’avenant dans ce livre peu rigoureux, bourré d’approximations.

    Une cible prioritaire

    L’une de ses cibles favorites, celle qui trahit sans doute le plus sa xénophobie, voire son racisme profond contre les Russes en tant que peuple, sont les émigrés et descendants d’émigrés russes en France. Bien sûr, l’auteur se défend d’éprouver de tels sentiments, à la manière de l’antisémite dont « le meilleur ami est un juif »… Ces émigrés se sont organisés depuis des lunes en diverses associations d’intérêts et d’orientations très différentes. Depuis 2010, une partie d’entre elles (quelque 170 en 2015) se sont regroupées en un forum qui a élu un Conseil de coordination. Ce dernier a demandé à être reconnu par l’État russe qui l’a intégré dans son programme mondial de coordination de ce qu’ils appellent « les compatriotes ». Terme pris au sens très large, puisque des non-russes y participent. Le but du Forum était justement d’établir une coordination horizontale, notamment entre les écoles, et une meilleure relation avec les représentants russes et les régions et institutions russes. Tout cela est public et affiché sur un site internet ouvert (www.conseil-russes-france.org). L’auteur sympathise elle-même avec une coordination ukrainienne (pro-Kiev) qui pourtant n’hésite pas à faire de la politique et à jeter des anathèmes. Au point d’exiger de Canal plus le retrait d’un documentaire qui lui déplaisait. Ce que les épouvantables russes n’ont jamais fait, malgré la pléthore de films russophobes sur plusieurs chaînes !

    Des attaques ad hominem

    Jouissant de l’immunité de fait quand on injurie ou discrimine des Russes, contrairement à d’autres nationalités, ethnies ou religions, la professeur de russe (qui doit être bien malheureuse d’avoir à traiter d’une nationalité qu’elle abhorre à ce point) se lance dans des attaques ad hominem. Parmi les cibles, M. Dimitri Chahovskoy, descendant d’une famille princière qui a émigré après la révolution. Rien que cela lui vaut les lazzis de Vaissié qui n’hésite pas à écrire que « selon certains, il était proche du KGB »… On ne sait pas où, comment, pourquoi, mais c’est dit. Autre « prince » attaqué : M. Alexandre Troubetskoy, accusé de tous les maux et évidemment soupçonné des pires avanies. Là encore, sans rien de précis, sans rien qui soit prouvé. Mais Alexandre Troubetskoy est directeur du Dialogue franco-russe, une organisation qui, par essence même, est consacrée au business franco-russe. Tout est public, sauf évidemment les négociations commerciales. Les efforts consentis pour sauvegarder un bon climat d’affaires sont pour le moins légitimes pour une telle organisation et ses dirigeants. Mais cela n’effleure même pas l’esprit de Mme Vaissié qui accuse le député Thierry Mariani, coupable de penser que de tels échanges allant dans l’intérêt de la France et de la Russie, vont également dans l’intérêt de l’Europe tout entière. Cette dernière idée étant tout simplement insupportable aux atlantistes inconditionnels comme Vaissié qui nie dans son «ouvrage» toute influence américaine en France et ne s’indigne pas de l’opacité des négociations du Tafta avec ses modèles d’outre Atlantique, ni des neuf milliards de la BNP dont ont été privés les chômeurs français, dont ceux d’Alstom, livrée bien bizarrement à General Electric (à ce propos, voir ce qu’en dit le député Jacques Myard).

    Thèses douteuses

    Parmi les cibles «émigrées», il y a l’auteur de ces lignes. Contre-vérités et allusions diffamatoires abondent. D’abord, s’appuyant sur une thèse pour le moins douteuse car l’auteur n’est pas venue interroger les personnes concernées, Vaissié cite entre guillements des paroles que je n’ai jamais pu prononcer, tant elles sont absurdes et incohérentes, sur le statut du Conseil de coordination dont j’ai été le premier président. Présentées comme un grand secret, les discussions sur le statut juridique sont en fait publiques. La problématique, faussée par Vaissié, portait sur la nécessité ou non de donner un statut juridique au forum, par définition assez volatile et de ce fait ingérable… Ma position est totalement inversée, à en croire l’interprétation que donne Vaissié de la thèse citée. Elle n’hésite pas ensuite à reprendre un vieil argument, employé contre moi par les partisans du régime de Kiev. Une facture d’une association, signée par moi, de 5 000 euros (bien 5 000 euros, pas 5 millions, à l’heure des Panama papers avouez…) trouvée, dit-elle, dans le palais de Yanoukovitch et fournie sans doute par des services ukrainiens ou des partis d’extrême droite qui ont joué le rôle que l’on sait (sauf Vaissié) dans la prise de pouvoir à Kiev. Cela permet à l’auteur de m’accuser «de gagner de l’argent» et de donner des leçons de déontologie journalistique, ce qui de sa part est particulièrement mal venu. D’abord, on ne voit pas ce que le Kremlin a à voir là-dedans, puisqu’il s’agit d’une affaire ukrainienne. Ce sont effectivement des parlementaires ukrainiens, d’ailleurs de diverses tendances, qui ont demandé à l’association des russophones de les aider à organiser un voyage à Paris pour qu’ils puissent rencontrer leurs homologues français. Leur ambassade, qui aurait dû s’en charger, sabotait tout, selon leurs dires, car elle était tenue par un partisan de Youchtchenko, le président battu aux élections par Yanoukovitch. Ayant travaillé en Ukraine, je connaissais des membres de la délégation. Nous avons donc fait profiter ces Ukrainiens d’un tarif négocié dans un grand hôtel parisien. Nous avons également organisé une rencontre avec la presse et l’association a fourni une de ses salariées pour la traduction, durant trois jours. C’est ce que couvre cette facture. Mais, soit le travail des services ukrainiens est incomplet, soit l’honnêteté de Vaissié est encore prise en faute. Il se trouve que nous n’avons jamais reçu ce remboursement. Ce qui doit être visible dans les documents comptables…  Vaissié reprend aussi d’autres calomnies dont j’ai déjà été victime : le magazine Les Inrocks m’accusait l’an dernier de jouer au DRH pour un organe de presse «poutinien» pour lequel je ne travaille même pas ! Aucune vérification de la part du journaliste et de la rédaction du magazine. Pour faire bon poids, Vaissié en rajoute : elle affirme que la photo d’illustration du magazine en question me montrait dans les studios de «Pro Russia», une télévision internet, dans lesquels je n’ai jamais mis les pieds… Bien sûr, j’ai droit aussi aux dénonciations de type stalinien du journal Libération, auxquelles j’avais répondu sur internet. Vaissié, pseudoenquêtrice, ne se donne pas la peine de la citer. C’est dire le sérieux de cet écrit.

    Jugements à géométrie variable

    Dans la même veine, les «rappels» historiques de Vaissié valent leur pesant de cacahuètes, comme aimerait à écrire « la professeure » pour faire peuple. Ainsi le coup d’État à Kiev, le 22 février 2014, se serait produit parce que «Yanoukovitch est parti» ! Comme ça ? Tout d’un coup ? Quant aux jeunes fédéralistes brûlés vifs à Odessa le 2 mai 2014, dans le silence général de la presse occidentale, alors que l’internet était plein d’images insupportables quelques heures après l’événement ? Ils ont mis le feu eux-mêmes ! Là, cela devient franchement nauséabond. Evidemment, elle ne dit rien sur les bombardements et les massacres commis contre la population ukrainienne du Donbass par les troupes et les détachements néo-nazis (ils en arborent même les insignes) venus de l’ouest. On a pourtant tué Kadhafi pour avoir bombardé sa population.

    En un mot, ce livre c’est beaucoup de pages pour rien, si ce n’est pour alimenter encore une haine bien inutile entre Européens. Ces derniers n’ont-ils pas déjà été suffisamment saignés au siècle dernier – les Russes plus encore que les autres ? Pas assez pour des gens comme Vaissié. Odieux ! 

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • Patrimoine • Soirée exceptionnelle : La Nuit aux Invalides pour les chrétiens d’Orient, 23 juin 2016

     

    Une soirée placée sous le haut patronage du primat de l’Église syriaque catholique Mgr Ignace Joseph III Younan, et de Jean d’Ormesson, de l’Académie française.

    Soirée exceptionnelle

    L’AED (Aide à l’Eglise en Détresse) et SOS Chrétiens d’Orient organisent, le 23 juin 2016, une soirée unique au profit des chrétiens d’Orient, autour du nouveau spectacle historique « La Nuit aux Invalides ». Parrainée par Michael Lonsdale entre autres, cette soirée accueillera aussi quinze grands auteurs qui viendront dédicacer leurs ouvrages (Jean-Christian Petitfils, Jean Sévillia, Philippe de Villiers, Véronique Lévy, Charles Beigbeder…). Une exposition de photos de Katharine Cooper, lauréate du Grand Prix de photographie de l’Institut de France, sera également présentée au public.

    Un projet commun : la reconstruction de l’école syriaque catholique de Bagdad

    Tous les bénéfices serviront à la reconstruction de l’école syriaque catholique de Bagdad, projet commun aux deux associations. Cette école se trouve à quelques mètres de la cathédrale où des dizaines de chrétiens furent massacrés par des terroristes islamistes, en 2010. Elle permettra à 700 enfants, aujourd’hui privés d’éducation, de retourner à l’école.

    « Depuis saint Louis, la France est la protectrice des chrétiens d’Orient et il est plus que jamais nécessaire de poursuivre cette mission. Par cette soirée commune et ce projet porté ensemble, nous voulons illustrer la complémentarité de nos associations au profit de cette cause », explique Marc Fromager, directeur de l’AED.

    Pour Charles de Meyer, président de SOS Chrétiens d’Orient, « cette nouvelle école est vitale pour la communauté locale chrétienne qui souhaite éduquer ses enfants. Nous devons le faire en mémoire des 53 chrétiens massacrés à cet endroit même en 2010 et pour tous les enfants de Bagdad que nous souhaitons aider à grandir sur leur propre terre ». 

    Programme

    De 20h30 à 22h : dédicaces, expositions
    22h15 : interventions de Marc Fromager et Charles de Meyer
    22h30 : Show monumental La Nuit aux Invalides
    Informations et réservations sur

    www.lanuitauxinvalidespourleschretiensdorient.fr

  • Culture • Quand Alexandre Astruc dialoguait avec Pierre Builly pour Je Suis Français ...

     

    Alexandre Astruc est mort le 19 mai dernier, il y a un mois ... En décembre 1981, il avait donné un long entretien au mensuel d'Action française Je Suis Français. Nous le reprenons aujourd'hui. Nous ne nous doutions pas, alors, qu'il était aussi proche de l'Action française, aussi lié aux milieux maurrassiens qu'on pourra - pour certains - le découvrir ici, dans ce dialogue avec Pierre Builly.  Lafautearousseau  

     

    Je Suis Français : Alexandre Astruc, je ne vous connaissais, comme tout le monde, que pour être un cinéaste connu, un des Pères de la Nouvelle Vague, et puis, un jour, en lisant votre roman « Quand la chouette s’envole », je suis tombé sur une page qui m'a étonné, dans laquelle vous écriviez, en parlant de votre héros, « il n’avait jamais lu une ligne de Maurras mais, bizarrement, c'était toujours avec les maurrassiens qu’il s’entendait le mieux ». Ces lignes m'ont mis la puce à l’oreille : j'ai lu vos autres livres, j’y ai trouvé la même résonance, le même son, les mêmes tendances. Je ne sais si votre fascination - ou, peut-être, votre tendresse - pour Maurras est marquée d'une stricte orthodoxie mais, en tout cas, j’ai trouvé en vous lisant un personnage dont je ne savais pas qu'il était tel, mais qui était … intéressé ? amusé ? fasciné ? par la Monarchie.

    Alexandre Astruc : Il s'est passé dans ma vie une chose extrêmement curieuse. J'ai été élevé dans un milieu de gauche : ma mère dirigeait un journal qui faisait partie des publications de Lucien Vogel, qui était le beau-père de Marie-Claude Vaillant-Couturier. Bizarrement, pendant l’occupation, je me suis mis à lire « Je suis partout » ; je n'adhérais évidemment pas aux idées de ce journal puisque je souhaitais ardemment la défaite de l’Allemagne. Un jour, en remontant la rue Soufflot, quelqu'un s'approche de moi et me dit : « Vous lisez Je Suis Partout ? ». Je lui réponds oui assez agressivement. Il me dit : « Nous sommes si peu ». Je lui indique qui il se trompe, que je ne suis pas un lecteur engagé. Je ne sais s'il m'a cru, mais cette petite aventure m'a marqué !

    Qu'est-ce qui vous intéressait dans « Je Suis Partout » ? La qualité de ses rédacteurs, les idées qu'ils développaient ?

    C'était d'abord la qualité littéraire - Brasillach. Rebatet - ­mais c'était aussi ... Comment dire ? La « forme » de gauche ne me séduit pas : je suis attiré vers la « forme » de droite. A la Libération, j’ai travaillé dans des journaux qui étaient — automatiquement — des journaux de gauche, comme « Combat ». On m'a envoyé couvrir le procès de Brasillach. J'ai été scandalisé, je l’ai dit et j’ai reçu une lettre d’Isorni qui m’a dit que Brasillach avait lu mon article dans sa cellule et qu'il me remerciait.

    Aujourd'hui, quand je fais le point, je m'aperçois que les amis qui me restent sont tous des gens qui viennent du maurrassisme, comme Michel Déon. Jacques Laurent ou Roland Laudenbach, mon ami le plus cher.

    En fait, mes réactions - que je ne peux justement pas dire ataviques — sont toujours des réactions classées à droite : j’ai réagi contre la perte de l’Indochine, contre la perte de l’Algérie ; je n'ai jamais été gaulliste. Actuellement, nous sommes dans un régime socialiste qui me fait peur. Vraiment, je réagis à droite.

    Votre attitude est due au mélange d'un droitisme épidermique et d'amitiés maurrassiennes.

    L'un et les autres sont évidemment liés. Mais je ne dois pas cacher qu'au cours de ma vie, j’ai eu, par moments, des attitudes d'extrême-gauche : lorsque Marcellin a interdit « La Cause du peuple », j'ai trouvé ça absurde et scandaleux. J’ai protesté dans la rue arec Sartre et je me suis fait arrêter — pour quelques heures.

    Avez-vous « conceptualisé » - quel mot pédant – ces « pulsions » - quel mot idiot - ou êtes-vous resté au stade viscéral ? Comment pourrait-on définir en quelques mots votre attitude et votre pensée politique ?

    Je pense que je suis un anarchiste de droite.

    Comme beaucoup d’écrivains ou d'artistes que nous avons rencontrés !

    Mais il faut que j'insiste sur le fait que, pour moi, la Révolution française n'est pas du tout positive.

    Il y a plusieurs acceptions du terme « droite ». Pour reprendre les thèses de René Rémond, il y a la droite orléaniste — qu'on pourrait assimiler, aujourd'hui, au giscardisme - la droite bonapartiste — est-ce le chiraquisme ? — et la droite légitimiste — le royalisme.

    J'hésite entre la droite légitimiste — dont je ne vois malheureusement pas comment elle pourrait accéder au pouvoir — et la droite orléaniste. J'ai soutenu Giscard et j’ai été atterré par son échec.

    Avez-vous soutenu Giscard ou plutôt combattu Mitterrand ?

    J'ai soutenu Giscard. Et j'ai été très choqué qu'une partie de la droite, dont mon ami Pierre Boutang, ait appelé à voter Mitterrand.

    Autrement dit, non seulement Mitterrand vous apparaissait comme quelqu'un de très dangereux mais, de plus, vous aviez de la sympathie pour Giscard. L'homme Giscard ? Les idées défendues par Giscard ?

    C’est difficile à démêler. J'ai une certaine sympathie pour l’homme, bien que je lui reproche beaucoup de choses, mais il y avait plus.

    Nous vivons dans une République. Je ne pense pas que le retour à la Monarchie soit possible. Dans cette République, moi qui n'étais pas gaulliste, qui n'ai jamais été socialiste, ni communiste, j'ai rencontré dans le giscardisme quelque chose qui me convenait.

    Plus que le chiraquisme ?

    Chirac représente effectivement ce qu'on peut appeler la droite bonapartiste. Or je crois que le bonapartisme conduit automatique­ment au fascisme, à la tyrannie. Tocqueville dit très bien cela. Je ne crois pas à l’égalité. Je crois à la liberté, qui était certainement plus protégée sous la Monarchie qu'elle ne l’est dans un régime issu du suffrage universel.

    Changeons de sujet. Je voudrais vous poser une question plus directement en rapport avec votre notoriété : vous n’avez plus tourné de films de cinéma depuis 1968. Est-ce là une décision ou un état de fait ?

    Ce n’est pas une décision. Faire un film est très difficile, vous savez ! J'ai eu la chance de faire un premier film, « Le Rideau Cramoisi » qui a eu un très grand succès de prestige. J'ai fait d'autres films qui ont eu un succès d'estime, mais dont aucun n'a réellement marché, et je me suis trouvé en face d'un vide : ayant du mal à faire un film, je me suis mis à écrire, chose à laquelle j'ai toujours pensé.

    Votre premier roman est d'ailleurs antérieur à votre premier film.

    Oui, mon premier livre date de 1945 et s'appelle « Les vacances ». Mais — nous quittons là complètement la politique — je me suis aperçu que j’étais trop jeune pour écrire, qu'il fallait que j'attende. Bernanos dit qu'on ne peut pas écrire avant 40 ans. Cet ainsi que pour moi c’est venu. J’ai commenté à rédiger « Ciel de cendres »...

    Qui a obtenu le Prix Roger Nimier. Mais vous avez tout de même continué à tourner, sinon pour le cinéma, du moins pour la télévision. Avez-vous rencontré dans ce domaine plus de facilités matérielles ?

    C'est un engrenage. J'avais envie de faire un « Louis XVI » — c'est certainement un penchant monarchiste — et j'ai proposé cette idée à Marcel Jullian, qui l’a acceptée. Puis, sur la lancée, j'ai fait plusieurs autres choses.

    Votre désengagement du cinéma ne concerne-t-il que vous ? Quelles sont les possibilités de créations d'un cinéaste français par rapport aux multinationales du cinéma ?

    Quand on voit le nombre de films de jeunes metteurs en scène qui sortent, on ne peut pas dire que le cinéma français soit étouffé par les multinationales.

    Sans doute. Mais vous faisiez un cinéma particulièrement français. Le fait même d'avoir adapté « Le rideau cramoisi », puis « Une vie » ou « L'Education sentimentale », c'est-à-dire de vous être référé à Barbey d'Aurevilly à Maupassant ou à Flaubert, d'avoir choisi des œuvres imposantes de notre littérature me parait une réaction très particulière. D'autres auteurs vont aller choisir des thèmes très cosmopolites — le roman policier, par exemple - qui peuvent se tourner pratiquement partout. Puis, vous avez été un créateur d'école, avec la caméra-stylo. La Nouvelle Vague...

    Il est certain que, lorsque j’ai décidé de faire du cinéma, automatiquement et tout naturellement, je me suis tourné vers la littérature française.

    Par goût, mais aussi, sans doute, parce que vous étiez Français.

    Oui, c'est vrai. A un moment, je me suis demandé si je n'allais pas essayer d'émigrer aux Etats-Unis. Je ne pense pas que ce soit pour moi possible. Je crois que je suis —bizarrement — trop français.

    Vous avez tourné Louis XI pour la télévision. Si vous alliez voir un producteur de cinéma en lui proposant un tel sujet, il ne marcherait pas. Or, la télévision l'accepte. Le cinéma permet-il aujourd'hui à un créateur de faire une œuvre profondément enraci­née ?

    Désormais, il faut faire des films à bon marché et prendre des sujets « dans le vent ». Tout ça ne me dit rien.

    Vous êtes plus ambitieux.

    C'est vrai. Mais attention ! J'ai la plus grande admiration — et sur ce point je suis en désaccord avec la pensée de droite — pour l'Amérique et le cinéma américain.

    Je ne vous cache pas que, dans nos colonnes, nous écrivons volontiers que si l’URSS est l’ennemi n°1, les Etats-Unis sont l'ennemi n°1 bis — on pourrait même intervertir cet ordre. Pour nous, le plus grand danger est la dépersonnalisation, l'homogé­néisation du monde, le règne des Mc Donald's, du Coca-Cola et de la planche à roulettes.

    C'est une discussion que j'ai déjà eue avec des royalistes. Pour moi, on ne peut mettre en balance le danger soviétique et le danger américain. Je crois que c'est absurde. Il y a d'un côté un danger réel, absolu, un danger de colonisation complète de notre territoire, un danger d’asservissement, et de l'autre côté, quelque chose qui se traduit dans des manières d'être sans doute agaçantes, mais finalement peu graves. J'irai plus loin : je trouve malhonnête de comparer les deux dangers.

    Nous pensons que l’impérialisme culturel américain a une très lourde part de responsa­bilité. Il est évident que ce que nous reprochons aux Etats-Unis n'est pas d'être les Etats-Unis, bien au contraire ; ce n'est pas d'avoir inventé le western, d'avoir Faulkner, Steinbeck ou Hemingway, Dos Passas, Lovecraft ou Edgar Poe. Ce que nous reprochons, c'est le cosmopolitisme exporté —    qu’ils le veuillent ou non — par les Américains. Car l'Amérique ne nous exporte pas Faulkner, mais la drogue, les sectes et la musique pop.

    Je crois que c’est là un petit bout du problème. J'adore l'Amérique et les Américains. Vous ne me convaincrez pas !

    Alors, abordons un autre thème. Dans vos livres, vous mettez dans la bouche d'Hector, un de vos héros favoris, ancien camelot du Roi, un peu cagoulard, giraudiste et antigaulliste, des paroles sur lesquelles je voudrais avoir votre sentiment : « les Allemands se trouveront muselés, mis en état de liberté surveillée, enserrés dans un réseau d'alliances et de traités militaires qui leur ôteront l'envie de recommencer de jouer les guignols. Enfin, il faut faire l'Europe ». C'est la conclusion d'Hector. Est-ce également la vôtre ?

    Si vous me demandez quel est le plus grand danger que court l'Occident, je répondrai que c'est la réunification de l'Allemagne avec la bénédiction russe.

    Nous sommes entièrement d'accord sur ce point-là !

    La pensée d'Hector, qui est de réarmer l'Allemagne, s'inscrit dans cette obsession.

    Vous parait-il absolument nécessaire que ! Allemagne devienne une alliée privilégiée, mais tellement enserrée dans des traités qu'elle ne puisse se réunifier avec raide de la Russie ?

    II y a un point où je me sépare assez profondément de l'A.F. Maurras, Barrès, à la suite de la perte dc l'Alsace-Lorraine, ont été obnubilés par le danger allemand. C'était naturel, mais ils ont fait échouer toutes les tentatives, violemment dénoncées par Daudet, de renouer avec les Allemands, notamment celles de Caillaux. Si La guerre s'était arrêtée en 1917, je pense qu’il n'y aurait pas eu Hitler et la guerre de 40.

    C'est possible, mais on peut dire aussi que si les armées alliées étaient entrées en Allemagne, comme le voulaient Maurras, Daudet et Clemenceau, contre l’avis des Anglais et des Américains, et si l'Allemagne avait été parcellisée, remise dans l'heureux état des lendemains des traités de Westphalie, la seconde guerre n'aurait pas eu lieu !

    C'est évident. On a poursuivi la guerre trop loin ou pas assez loin. Les radicaux sont absolument coupables d'avoir laissé faire tout ce qu'il voulait à Hitler.

    Je crois très profondément qu'il a toujours existé une droite violemment antiallemande, anti-collaborationniste. Déon, dans ses « Arches de Noé », raconte une scène extrêmement belle : des résistants ont été abattus sur la place Bellecour, à Lyon. Maurras s’arrête et enlève son chapeau.

    Ce que je reproche à la Résistance — nous changeons de sujet — c'est d'avoir politisé sa révolte : c'est le mot d'André Philip : « Notre ambition n'est pas de libérer la France, c'est d'instaurer le Socialisme ! ».

    Il vous a paru odieux qu'en présence de l'ennemi, il n'y ait pas eu d'union sacrée.

    On a confondu la Résistance avec la lutte contre le Fascisme. Les ennemis n’étaient pas les Allemands, mais le Fascisme ! Je ne suis absolument pas fasciste, je ne l'ai jamais été et je ne le serai jamais. Mais je préfère un fasciste français à un démocrate allemand qui fait la guerre à la France. Une des choses qui me choquent énormément est l'assimilation des ligues d'avant-guerre à Hitler. C'est oublier que La Rocque a été déporté, qu'Honoré d'Estienne d'Orves, le premier résistant fusillé, était d'A.F.

    Vous avez toujours eu une réticence vis-à-vis du gaullisme. Pourquoi ?

    J'ai été réticent pendant l'Occupation parce que j'étais choqué qu'un type qui était à Londres vînt donner des ordres à d'autres types qui étaient dans la situation où nous étions. Je n'ai jamais marché. Je n'ai pas été gaulliste quand il est revenu...

    A cause de l'Algérie ?

    J'étais à l'époque dans un milieu plutôt à gauche, mais quand on m'a demandé de signer le Manifeste des 121, j'ai été indigné ! Je pense bien qu'il fallait régler le problème algérien, mais...

    Vous faites dire à Hector que « les colonies vont connaitre quelques soubresauts, quelques spectaculaires ruptures avec la Mère-Patrie, et le plus tôt sera le mieux... » N'est-ce pas contradictoire avec ce que vous venez de dire ?

    Hector parle un peu en prophète : les colonies, je le pense, ne pouvaient plus rester en leur état. Mais je trouve que l'Angleterre a décolonisé beaucoup mieux que nous : quand elle a décidé d'abandonner les Indes, le dernier Vice-Roi a été Lord Mountbatten : c'était quelque chose !

    On peut dire tout de même que la France n'a pas totalement raté sa décolonisation en Afrique noire ; c'est l'Algérie qui a posé problème.

    Oui, mais en Afrique noire, nous avons laissé les Russes s'installer.

    Enfin, tout cela, vous l'avez reproché à De Gaulle.

    De Gaulle avait d'énormes qualités, mais je lui reproche de s'être abusivement identifié avec la France.

    C'est un reproche, mais au mot « abusivement » près, ça pourrait être une louange. Est-ce qu'une autre personnalité, en 40 ou en 58, aurait pu trouver grâce à vos yeux ? On imagine mal Albert Lebrun ou René Coty...

    Bien sûr ! Mais là se trouve absolument posé le problème de la Légitimité, c'est-à-dire celui de la Monarchie.

    Philippe de Saint-Robert, dans « Les Septennats interrompus » dit, notamment, que De Gaulle avait assez sourdement reproché au Comte de Paris de n'être pas venu le rejoindre en 40, ce à quoi le Prince lui aurait répondu que sa place était en France. Il est vrai qu'il est difficile de trancher un tel débat.

    Sans doute. Enfin, sans que je puisse vous l'expliquer très précisément, la présence de De Gaulle m'a agacé.

    Vous le disiez tout à l'heure : n'est-ce pas le hiatus entre la personnalité, la stature d'un De Gaulle et la Légitimité ? Ne retrouve-t-on pas. chez les Français qui écoutaient Radio-Londres et qui ensuite se sont jetés avec ivresse, en 44 et en 58, dans les bras du Général, ce regret de la Légitimité, ce regret du Père qui est un regret royaliste ?

    Je crois que c'est tout de même différent : je pense qu'une Légitimité est au-dessus de toutes les querelles partisanes. Le plus bel exemple est, pour moi, dans la « Reine Margot » d'Alexandre Dumas : à la chasse, Charles IX est blessé et c'est le futur Henri IV qui le sauve ; tout à coup, Charles IX comprend que la Légitimité sera entre les mains de son sauveteur. C'est au-dessus du fait que l'un est catholique et l'autre protestant.

    C'est presque religieux, alors. Pour vous le Roi doit être L'Oint du Seigneur ?

    Absolument ! Le Roi est le représentant de Dieu. La grâce présidentielle, avant l'abolition de la peine de mort, n'avait pas de sens, mais la grâce royale avait un sens. Le Roi a été préparé dès l'enfance pour son rôle, pour sa mission, qui est en rapport avec la Transcendance.

    Après deux siècles de démocratie, c'est-à-dire deux siècles où la vie politique a été remise au choc des intérêts particuliers — d'où doit se dégager, en principe, un intérêt général qui, en fait, n'apparaît jamais — où voyez-vous le monde aller ? Avez-vous de l'Espérance ou êtes-vous amer, sceptique et désolé ?

    Il n'y a pas de désespoir en politique, mais la démocratie porte en elle-même sa propre condamna­tion (je ne la vois pas pour autant s'écrouler). La notion de suffrage universel me choque, je n'y adhère pas. On donne à des gens le droit de vote, d'un vote qui va bouleverser complètement la vie d'un pays : ces gens ne sont pas mal informés - bien au contraire, ils sont surinformés - mais ils n'ont pas conscience de l'importance de leur vote. Entendons-nous bien : le cens électoral est une absurdité, donner le droit de vote à ceux qui ont de l'argent est une absurdité. Mais il faudrait mériter le droit de vote.

    Vous êtes donc élitiste.

    Absolument !

    Est-ce que ce système idéal serait celui de la Culture ? Seuls les diplômés auraient le droit de vote ?

    Non, ce n'est pas du tout ça. Il faudrait que ne votent que les gens qui auraient, en quelque sorte, subi un examen qui porterait sur leur dignité, leur sens des responsabili­tés, leur honnêteté.

    Maurras n'était pas, loin de là, partisan d'une Monarchie Universelle et pensait que les cantons suisses étaient tout à fait dans leur constitution naturelle. Ce qu'il y a de plus important chez Maurras, c'est le rejet des théories de Rousseau : l'Homme naît bon, les hommes se sont fédérés par un libre accord de leurs volontés. Mais la procédure même de la désignation des gouvernants est autre chose. L'élection existait à Athènes, la cooptation aristocratique à Venise. En France, dans une optique contingente, pour un laps de temps fini, c'est la Monarchie qui est le moins mauvais régime.

    C'est cela. Je crois que l'adaptation à la démocratie des pays anglo-saxons vient de la différence entre protestantisme et catholicisme. Sur ce point, Peyrefitte n'a fait que reprendre les théories de Max Weber. Mais il serait vain de déplorer ou de se féliciter de cet état de fait. Nous sommes en République et le retour à la Monarchie me parait, même s'il est souhaitable, impossible. L'important c'est de défendre les valeurs de culture et de liberté de l'Occident contre toutes les tentatives de la tyrannie égalitaire.

    Œuvres d'Alexandre ASTRUC

    Cinéma

    LE RIDEAU CRAMOISI (1952) ­Prix Louis Delluc - LES MAUVAISES RENCONTRES (1955) - UNE VIE (1958) - LA PROIE POUR L'OMBRE (1961) - EDUCATION SENTIMENTALE (1962) - LA LONGUE MARCHE (1966) - FLAMMES SUR L'ADRIATIQUE (1968)

    Principales réalisations pour la télévision

    LE PUITS ET LE PENDULE  -  EVARISTE GALLOIS  -  LE PORTRAIT OVALE  -  LOUIS XI  -  ARSENE LUPIN  -  LA CHUTE DE LA MAISON USHER

    Romans et récits

    Aux éditions Gallimard : LES VACANCES (1945)  -  LE SERPENT JAUNE (1977)  -  QUAND LA CHOUETTE S'EN­VOLE (1979)

    Aux éditions Olivier Orben : LA TETE LA PREMIERE (souvenirs 1975)

    Aux éditions du Sagittaire : CIEL DE CENDRES - Prix Roger Nimier (1975)

     

    Propos recueillis par Pierre Builly.

    Je Suis Français, n°48, décembre 1981.

    Lire aussi ...

    « Je suis Français » : Retour en bref sur ce qu'a été ce mensuel d'Action française

    Quand Jean Raspail répond aux questions de François Davin et Pierre Builly (Je Suis Français,  février-mars 1978 ...)

    Quand Pierre Boutang dialoguait avec François Davin et Pierre Builly pour Je Suis Français (Je Suis Français, n°24, octobre 1979).

  • Littérature • Houellebecq, le grand désenchanteur

     

    Par Michel De Jaeghere

    Le dernier numéro du  Figaro Hors-Série *, en kiosque actuellement, est consacré à Michel Houellebecq. Nous publions l'éditorial de son directeur. Houellebecq y est resitué dans sa véritable dimension : mieux qu'un réactionnaire, un antimoderne. Comme Poe et Baudelaire ... LFAR

     

    De_Jaeghere.jpgOn pourrait se contenter de voir en lui un provocateur et un pornographe. Ce serait si reposant, si simple. Considérer que le burlesque même des situations qu'il met en scène, l'accumulation poussée jusqu'à l'absurde de détails pratiques, consignés avec une méticulosité maniaque, le prosaïsme étriqué des motivations de ses personnages, la répétition mécanique de scènes de sexe que l'on croirait directement tirées d'un script de film dénoncent le caractère de farce de son œuvre, de ses fictions. Ce qu'il y a de tragique, avec Michel Houellebecq, c'est qu'à l'image des vidéos que tourne l'un de ses personnages avec des caméras fixées dans la forêt, le long des chemins creux, pour mesurer jour après jour la prolifération des espèces végétales et le passage du temps, ses romans nous présentent le monde dans lequel nous vivons comme dans un miroir. Il n'est pas beau à voir. L'égoïsme le plus monstrueux y est payé par l'amertume et par la solitude, la misère sexuelle côtoie la recherche effrénée de la satisfaction des sens dans un consumérisme mesquin, l'instabilité du désir débouche sur le grand délaissement de l'âme, l'attente d'une mort sans espérance.

    On a pu faire avec raison le procès du nombrilisme des romanciers contemporains. Dénoncer l'égotisme qui avait rivé leur regard sur les plus minuscules de leurs états d'âme de bourgeois bohèmes hantés par l'introspection méthodique de leur néant. Les avait cantonnés à des riens ; détournés d'offrir à leurs lecteurs une vision du monde, un tableau de leur temps analogue à ceux qu'avaient brossés les maîtres des siècles précédents: Balzac, Flaubert, Zola, Proust ou Céline. Michel Houellebecq aura réconcilié l'autofiction avec l'art de la fresque, quelque délavées que soient les couleurs de ses compositions.

    Depuis la publication d'Extension du domaine de la lutte, en 1994, ses personnages n'ont cessé de nous apparaître comme autant de dédoublements de lui-même. Dans l'affichage de leur exténuation, la cruauté de l'exercice d'autodérision auquel il a paru tenter de faire correspondre, parfois, la dégradation volontaire de ses propres traits, de son visage, se lit le même projet de se faire le chroniqueur de la condition humaine jusqu'à son stade ultime: la disparition progressive des joies de l'existence, la déchéance et la mort.

    Il n'en aura pas moins rempli dans le même temps le programme qu'il affecte au peintre autour duquel s'ordonne l'intrigue de La Carte et le Territoire: produire une œuvre dont le propos serait de donner une description méthodique d'un monde en décomposition. Chercher avec Lovecraft la poésie dans la peinture minutieuse du réel, tout en affrontant comme Balzac les grandes révolutions de l'époque - la libération des mœurs, l'émergence de l'individualisme de masse, le transhumanisme, la montée en puissance de l'islam -, pour en donner à voir dans toute leur crudité les développements. Ses Particules élémentaires sont à Mai 68 ce que Les Déracinés avaient été à la naissance de la France républicaine. Plateformese veut L'Éducation sentimentale de notre temps.

    La fadeur de ses personnages, la transparence de sa phrase (telle est sans doute l'origine de son aversion pour Léon Bloy: ce procureur qui prend la pose, ce professionnel de l'indignation qui force inutilement la voix) n'ont pas d'autre raison d'être que de donner à ses observations la froide autorité d'un constat, d'en rendre l'objectivité incontestable.

    Le génie de Houellebecq est d'avoir pris appui sur cette affectation de neutralité pour instruire, contre le monde moderne, le procès le plus accablant. Qu'il s'agisse des impostures de l'art contemporain ou des ravages de la psychanalyse, de l'impasse du matérialisme libertaire ou des illusions de la révolution sexuelle, de la mondialisation ouverte à «l'homme du supermarché» par l'ère de la communication, le tourisme de masse et la circulation des biens, de la spiritualité New Age ou de l'épanouissement promis par la «culture de l'entreprise» aux cadres du tertiaire, des faux-semblants de la démocratie représentative ou de la lâcheté des élites devant la montée de l'islam, il aura renversé les idoles et percé les baudruches de l'époque avec une cruauté jubilatoire, un humour d'autant plus ravageur qu'il s'enveloppait dans une impassibilité de clown blanc, une impavidité digne de Buster Keaton.

    Les clones de La Possibilité d'une île, comme ceux de l'épilogue des Particules élémentaires, dont ce roman étrange est en quelque sorte le prolongement, n'appartiennent que par de trompeuses apparences à la science-fiction. Ils ne sont ni plus ni moins pour lui que la figure de l'homme moderne poussée jusque dans ses ultimes retranchements: des êtres qui ne sont plus rattachés au réel que par des connexions virtuelles, des monades affranchies de tout passé, tout héritage, tout avenir, tout contact physique, tout lien ; ignorants ce que c'est que le rire, l'amour, la souffrance, le bonheur ou la compassion.

    «Les joies de l'être humain nous restent inconnaissables, ses malheurs à l'inverse ne peuvent nous découdre, confesse l'un d'entre eux dans une mélopée d'hexamètres baudelairiens. Nos nuits ne vibrent plus de terreur ni d'extase ; nous vivons cependant, nous traversons la vie, sans joie et sans mystère, le temps nous paraît bref.»

    Conspué par les bien-pensants, mais reconnu, quand même, par la société du spectacle, couronné par le Goncourt et célébré aujourd'hui par l'exposition de ses photos au Palais de Tokyo, Michel Houellebecq aura multiplié les masques - comme autant de pieds de nez à ceux qui proclament leur admiration envers une œuvre dont ils ne semblent pas comprendre toujours toute la signification - pour échapper à la lapidation qu'aurait dû lui valoir la férocité du portrait qu'il faisait d'une époque qui se rengorge de sa curiosité universelle, mais n'aime, en définitive, qu'elle-même: il aura campé au cœur du cloaque dont il détaillait les puanteurs avec un art inégalable de brouiller les pistes, de mener avec les idées à la mode un double jeu permanent.

    Dans une vision toute pascalienne de la misère d'un monde privé de la Grâce, le deuil d'une chrétienté à ses yeux à jamais défunte, il semble nous dire que la partie est jouée et qu'elle est perdue sans retour. Son plus grand mérite tient à ce qu'il n'aura jamais cessé de faire affleurer, pourtant, lointaines, inaccessibles, les valeurs éternelles auxquelles tendait son moi profond.

    Le «royaume perdu» d'une enfance que n'aurait pas saccagée l'égoïsme féroce de ceux qui lui ont tenu lieu de parents ; la figure volatile et tendre d'une femme rendue à sa vocation de mère, de jeune fille, d'épouse, d'amante ; la nostalgie d'une société fondée sur la confiance, le lien féodal d'homme à homme ; la beauté de l'accomplissement par le don ; le désir d'un Dieu transcendant qui viendrait ordonner le chaos, donner aux plus tristes de nos vies un sens.

    Et la figure de l'amour vrai, inconditionnel, émergeant, çà et là, comme une fleur d'eau flottant, miraculeuse, à la surface boueuse d'un étang. C'est parfois un alexandrin dissimulé dans sa prose. Ailleurs une caresse, un regard, une main tendue qui démentent, au détour d'un chapitre, l'étalage de cynisme et d'indécence dont il fait profession. Plus explicites encore, quelques quatrains, où la certitude de n'être lu, compris, que par le petit nombre l'autorise soudain à cette confidence:

    «Nous voulons retourner dans l'ancienne demeure / Où nos pères ont vécu sous l'aile d'un archange, / Nous voulons retrouver cette morale étrange / Qui sanctifiait la vie jusqu'à la dernière heure. / Nous voulons quelque chose comme une fidélité, / Comme un enlacement de douces dépendances, / Quelque chose qui dépasse et contienne l'existence ; / Nous ne pouvons plus vivre loin de l'éternité.»

    Prophète désenchanté des lendemains glaçants, Michel Houellebecq est, parfois, accusé d'être réactionnaire. Il est, définitivement, beaucoup mieux que cela: antimoderne. 

    Michel De Jaeghere 

    * Michel Houellebecq, le grand désenchanteur. «Le Figaro Hors-Série» (106 pages, 8,90 €, en kiosque jeudi 16 juin et sur www.figarostore.fr).

  • Société • Bouton rouge

     

    par Ph. Delelis

     

    Après sa victoire aux échecs, l’intelligence artificielle a réussi, récemment, à battre l’homme au jeu de go. Elle trouve désormais des applications pratiques dans de nombreux services en ligne et l’on prédit même la disparition de nombreux métiers humains (y compris celui d’avocat, parait-il, mais quid de la robe ?). Les progrès en IA sont considérables et ne suivent plus les prévisions des scientifiques. Certains d’entre eux s’émeuvent des conséquences possibles : Stephen Hawking, qui n’est pas un rigolo, estime ainsi que l’IA pourrait mettre fin à l’humanité.

    Des chercheurs en intelligence artificielle travaillent désormais sur la possibilité de désactiver un programme sans que celui-ci ne s’y oppose. En effet, dans le mécanisme d’apprentissage de l’IA, il est apparu que la « machine » pouvait trouver elle-même des solutions originales pour atteindre son but ou, au moins, éviter l’échec. On évoque ainsi ce programme de Tétris qui, pour éviter de perdre, s’était mis indéfiniment sur « pause »… Les chercheurs se demandent donc si, en intégrant un programme de désactivation – appelé « bouton rouge » – la machine ne chercherait pas aussi à le neutraliser. Ces mêmes spécialistes veulent nous rassurer en nous disant qu’ils ne cherchent pas à stopper des Robocops devenus fou-fous mais seulement à ce que « l’agent » apprenne correctement. Ce qui est fascinant dans ces recherches sur l’IA c’est que tout peut encore être inventé. Et surtout… évité.

    Rien de tel dans l’intelligence humaine. On le voit encore aujourd’hui : la France s’apprête à accueillir, du moins elle l’espère, plusieurs millions d’amateurs de football et, à cette occasion, certaines intelligences supérieures ont pensé que c’était une bonne idée de réduire drastiquement l’offre de transports intérieurs et internationaux, de transformer ses grandes villes – à commencer par Paris – en poubelles géantes, d’ignorer les effets des inondations récentes, de manifester contre un projet de loi qui ne concerne pas ceux qui manifestent, et, pour les plus enthousiastes, de casser quelques magasins, agresser des policiers et faire des feux de joie avec des voitures ou, au moins, leurs pneus.

    Où est le bouton rouge ? 

  • Vers le Brexit ? L’espoir se lève pour les partisans de la sortie de l’UE

     

    Une analyse de Jacques Sapir

    À une semaine du référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne, les sondages annoncent une large victoire des souverainistes. Puisque le journal The Sun et un nombre croissant d'intellectuels soutiennent le camp de la sortie, tous les espoirs sont permis. C'est du moins l'avis, intéressant et documenté, de Jacques Sapir [Causeur 15.06]. Pour nous, maintien ou sortie sont, dans le fond, assez équivalents : la Grande-Bretagne a signifié qu'elle ne renoncera jamais à sa souveraineté et a déjà obtenu, au sein de l'UE, une sorte de statut de cavalier seul qui, de toute façon, l'a déjà fait sortir. Ce qui ne signifie pas qu'un éventuel Brexit ne posera pas une série de problèmes techniques. Il constituerait en outre un puissant symbole du rejet par les peuples européens, d'une certaine Europe, d'ores et déjà en voie de délitement.  LFAR 

     

    JacquesSapir.jpgTrois faits marquants sont venus ces dernières heures soutenir les espérances des eurosceptiques britanniques alors que l’on se rapproche du référendum qui doit se tenir le 23 juin. Tout d’abord, un nouveau sondage (YouGov) donne une avance substantielle au vote de sortie de l’Union Européenne. Le point important ici étant moins le résultat absolu que l’accroissement de la marge de ce résultat. Bien entendu, le nombre de personnes ne s’étant pas encore décidées est important, et ce sondage doit être compris comme une tendance, rien de plus.

    brexit.jpg

    Des sondages au beau fixe

    On peut penser que, dans l’isoloir, les électeurs indécis vont se prononcer en majorité pour le maintien de la Grande-Bretagne dans l’Union européenne. Mais, l’avance de la position de sortie est en train d’augmenter. De ce point de vue, il est possible que les opinions qui donnent – pour l’instant – le maintien de la Grande-Bretagne dans l’Union gagnante soient contaminées par le fait que cette position est visiblement majoritaire sur Londres. Le référendum sera aussi un vote du peuple contre les élites financiarisées, de la campagne contre la grande métropole.

    The Sun contre l’UE

    Le deuxième fait marquant est la très nette et très claire prise de position du quotidien populaire The Sun en faveur d’un vote de sortie. Bien entendu, les positions de ce quotidien étaient prévisibles. Ce que l’on appelle en Grande-Bretagne la « presse de caniveau » est connue pour ses positions facilement outrancières. Mais, il faut aussi savoir que derrière le journal il y a tout l’empire de presse de Murdoch. L’engagement du Sun vaut en réalité un engagement de ce groupe de presse.

    Le troisième fait est l’article d’Ambrose Evans-Pritchard appelant à quitter l’Union européenne publié dans The Telegraph. On connaît les positions critiques de cet auteur. Mais les arguments qu’il avance pèsent et pourraient convaincre une fraction de l’opinion publique. Ambrose Evans-Pritchard identifie bien le problème principal du Brexit comme étant celui de la démocratie. Il écrit ainsi :

    « Nous devons décider si nous voulons être gouvernés par une Commission aux pouvoirs quasi-exécutifs qui fonctionne plus comme le clergé de la papauté du XIIIème siècle que comme une fonction publique moderne; et si nous voulons nous soumettre à une Cour européenne de justice (CEJ) qui revendique la suprématie juridique la plus complète, sans droit d’appel.

     

    La question est de savoir si vous pensez que les Etats-nations de l’Europe sont les seules instances authentiques de la démocratie, que ce soit dans ce pays, en Suède, aux Pays-Bas ou en France ». On retrouve aussi des formules qui sont proches de celles que j’ai employées dans mon dernier ouvrage : « … l’UE telle qu’elle est construite est non seulement corrosive mais finalement dangereuse, et (…) dans la phase que nous avons maintenant atteinte l’autorité gouvernementale se désagrège à travers l’Europe. Le projet provoque une hémorragie des institutions nationales, mais ne parvient pas à les remplacer par quoi que ce soit de légitime au niveau européen ».

    Le président de la Cour suprême face au “danger” européen

    Il est intéressant de voir que son opinion rejoint celle du Président de la Cour suprême du Royaume, Lord Sumption : « Elles (les institutions) se sont peu à peu vidées de ce qui les rendaient démocratique, par un processus graduel de désintégration interne et d’indifférence, jusqu’à ce que l’on remarque tout à coup qu’elles sont devenus quelque chose de différent, comme les constitutions républicaines d’Athènes ou de Rome, ou les cités italiennes de la Renaissance. »

    Ces trois faits pourraient correspondre à un moment de basculement dans la campagne du référendum britannique. Le camp adverse se caractérise, pour l’heure, par des propos outrancièrement alarmistes, prédisant une « catastrophe » économique pour le Royaume-Uni en cas de succès de l’option de sortie. Ceci n’a pas de crédibilité. Les pays qui ne sont pas membres de l’Union européenne commercent librement avec cette dernière du fait des règles de l’OMC, qui s’appliqueraient instantanément aux relations commerciales entre la Grande-Bretagne et l’UE.

    Ce qui est manifeste est que les partisans du maintien de la Grande-Bretagne dans l’Union européenne ont été incapables de développer des arguments « positifs » en soutien à leur position. C’est sans doute le point le plus intéressant. Aujourd’hui, la peur de l’inconnu est le dernier, voire le seul argument, qui reste aux partisans de l’Union européenne. Cela en dit long sur la décrépitude du projet européen. 

    Retrouvez cet article sur le blog de Jacques Sapir.

    Jacques Sapir
    est économiste, spécialiste de la Russie.

  • Des sanctions judiciaires contre l'Action française à l'heure des casseurs de l'ultragauche ? C'est une rigolade !

    Les casseurs à proximité des Invalides, à Paris, à la fin de la manifestation du 14 juin 2016. (DOMINIQUE FAGET/AFP)

    logo lfar.jpgA cause de l'incurie de la droite régionale, la région provençale ne dispose que d'une presse quotidienne de gauche ou d'ultragauche monocolore. A la soviétique. Qu'elle s'en prenne à la droite politicienne - plutôt que de balayer devant sa porte, d'ailleurs désertée - n'est pas notre affaire. Qu'elle diffame l'Action française, qu'elle ait le culot de réclamer contre elle des sanctions judiciaires - autrement dit sa dissolution - au moment même où les casseurs de la gauche radicale mettent le pays à feu et à sang, face à un gouvernement incapable - cela, en revanche, nous importe.  

    Aussi, le communiqué qu'on va lire, publié mardi dernier par l'Action française Provence nous est-il apparu particulièrement intéressant et bienvenu. Il remet les pendules à l'heure alors que non seulement la gauche, mais aussi la droite politicienne et l'ensemble du Système s'effondrent dans une sorte de chaos généralisé.  Lafautearousseau 

     

    Aix-en-Provence, le 14 juin 2016

    A l'attention du service politique

     

    Communiqué de presse

     

    13458714_899577830152310_8236999007255915833_o.jpgMensonges : la gauche récidive

    « Les violentes exactions de l'Action française se multiplient mais aucune sanction judiciaire n'est encore tombée », pouvait-on lire samedi* dans La Marseillaise et La Provence. La gauche, se croyant investie de l'autorité judiciaire. accuse et condamne. Généreuse avec les délinquants et les casseurs, elle est sans pitié avec ses opposants, qu'elle verrait bien derrière des barreaux. La démonstration vaut son pesant de cacahuètes : « Si des syndicalistes mènent une action dans les locaux d'une organisation politique ou contre un siège social, cassent du matériel et cognent sur les gens. le quart d'heure d'après, ils sont en taule. » Or, selon ses dires, l'Action française est coupable de « rassemblements fracassants, d'une tentative d'incendie, de menaces de mort et de distributions de coups ». Et « au marché, quand ils vendent leur torchon, ils crient 'Mort à la juiverie internationale !' » Par conséquent. il faut des « réponses judiciaires aux exactions de l'Action française ».

    Nous signalons aux staliniens et autres robespierristes qui s'étonnent « d'une situation stupéfiante du point de vue du droit » que leurs déclarations audacieuses n'en demeurent pas moins diffamatoires et susceptibles de poursuites pénales. A vouloir trop charger la barque, celle-ci craque sous le poids de leurs mensonges, plus fantaisistes les uns que les autres : peut-on croire un seul instant que des militants prétendument armés auraient pu faire l'objet d'un simple contrôle d'identité ? Le Parti socialiste et le Syndicat de la Magistrature. s'indignant de l'impunité supposée dont bénéficierait l'Action française, semblent ainsi convaincus d'un complot royaliste au sommet de l'État — à moins que ce ne soit un simple effet de leur imagination désordonnée.

    La lutte contre l'Action française. voilà un combat à la mesure de ces organisations syndicales, associatives et partisanes, incapables de faire plier le gouvernement sur la Loi Travail. L'épouvantail de l'extrême-droite se révèle fort utile : on peut se décharger de ses propres responsabilités et se refaire à peu de frais une virginité politique en l'accusant d'être violent et, surtout, à onze mois de l'élection présidentielle, il permet de battre le rappel des troupes divisées, ce que ne cachent d'ailleurs pas ceux qui demandent notre dissolution : « Tout le monde doit se mobiliser, d'autant plus à la veille d'élections cruciales lors desquelles le Front national compte s'imposer ».

    Un constat s'impose : la gauche est en faillite, elle n'existe plus qu'à travers nous. Les progressistes en pantoufles peuvent fulminer, la jeunesse de France leur a d'ores et déjà tourné le dos. Qu'à cela ne tienne, s'ils ne peuvent gagner. ils renverseront la table. « Après nous le déluge ! », semble être la conclusion de quarante années d'échecs et de politiques mortifères. Cela, nous ne pouvons l'accepter, et nous ne les laisserons pas nous priver de notre avenir, de celui de notre pays. Demain nous appartient. 

    * 11.06

  • La Guerre de Libération nationale qui vient...

    Photo tirée du compte Facebook non authentifié de Larossi Abballa, FACEBOOK / AFP 

    par François Davin

    Une réaction sur laquelle on pourra débattre

     

    JBD Résolution 150.jpgAujourd'hui, en France, l'une de ces milliers de taupes, qui attendent le message (c'était « on y va » pour les assassins du 13 novembre) vient de passer à l'action, tuant à l'arme blanche un commandant de police et son épouse, travaillant elle-même dans la police : il s'agit de Larossi Abballa, et l'assassinat a été revendiqué par Daech.

    On sait que cette horreur n'est pas la première : il y a eu Mohammed Merah, Sid Ahmed Glam, la décapitation de Saint Quentin Falavier, Mehdi Nemouche, les frères Kouachi, la bande du 13 novembre (Abaoud, les Abdeslam, Abrimi..) et d'autres encore.

    Tous ont, à leur façon, obéi à Abou Mohamed al Adnani, le porte-parole de Daech, qui a appellé au meurtre de civils français et américains : « Si vous ne pouvez pas trouver d’engin explosif ou de munition, alors isolez l’Américain infidèle, le Français infidèle, ou n’importe lequel de ses alliés. Écrasez-lui la tête à coup de pierre, tuez-le avec un couteau, renversez-le avec votre voiture, jetez-le dans le vide, étouffez-le ou empoisonnez-le...»

    Mais, à chaque fois, on nous bassine avec des « c'est un Français », « ils sont tous Français », expression dans laquelle le crétinisme le plus pur le dispute au mépris le plus absolu du public : non, il ne s'agit pas de « Français », mais de « français de plastique », titulaires d'un petit rectangle plastifié, appelé CNI dans le jargon technocratique. Cette Carte Nationale d'Identité, le Système, dans sa haine insensée de notre passé (« du passé faisons table rase ! ») et dans sa volonté de défranciser la Nation, la distribue dans l'inconscience la plus stupéfiante, depuis les Décrets Chirac de regroupement familial de 1976 *.

    Français, ils ne l'ont jamais été, ils ne le sont pas et ne le seront jamais, d'abord, et tout simplement parce qu'ils ne veulent surtout pas l'être. Ce qu'ils veulent, c'est que le monde - en général - et la France - en particulier - deviennent musulmans. Ce qu'ils veulent, c'est étendre le « Dar el Islam » (le monde gouverné par l'Islam) dans tout le « Dar el Harb » (le reste du monde, l'ensemble des pays où la guerre contre les mécréants - koufars - est juste et nécessaire, afin de les faire devenir musulmans) : et, s'ils arrivent à leur but, ces bons apôtres de « la religion de paix et d'amour » (mon oeil ! lisez le Coran, vous serez servis en termes de haine et de violence...) nous feront vivre à "leur" façon.

    Ces gens-là n'auraient jamais dû venir naître en France, et encore moins devenir - légalement, certes, mais pas légitimement - Français. Maintenant que le mal est fait, il faut le réparer. Mais, il ne faut pas se leurrer : ce n'est certes pas du Système, qui a créé ce problème, que viendra la solution. Au point où les choses en sont arrivées, les solutions classiques, qui sont connues**, ne suffiront même plus. Il faut avoir la lucidité et le courage de regarder les choses en face, et d'appeler les choses par leur nom : ce vers quoi nous nous dirigeons, c'est :

    soit la prise du pouvoir lente, puis de plus en plus rapide (voir Houellebecq) du pouvoir, en France, par l'Islam. Alors ne nous resteront que les trois possibilités offertes (!) aux non-musulmans en pays d'Islam :

    1. nous convertir à l'Islam,

    2. ou être tués par les nouveaux maîtres,

    3. ou devenir des « dhimmis », c'est-à-dire des citoyens de seconde zone, aux droits très fortement restreints, quand il leur en reste (à titre d'exemple, voyez le sort des Coptes, en Egypte...)

    soit, enfin, une réaction décisive du peuple de France, une insurrection, en vue de reconquérir notre territoire, de le libérer de  ces populations allogènes dont nous n'avons jamais souhaité la présence chez nous et qui sont comme un corps étranger dans le pays.

    Bref, ce sursaut, ce sera une guerre de Libération nationale; une guerre de Libération du territoire. Une de plus, dans notre Histoire déjà longue. Et peut-être pas la plus facile, mais il faut savoir ce que l'on veut et ce que l'on ne veut pas; ce que l'on veut devenir et ce que l'on ne veut pas devenir. Et agir en conséquence. Aujourd'hui, c'est clair, les choses ayant empiré pour en arriver au point de rupture où nous en sommes, nous devons nous préparer mentalement et moralement car ce ne sont pas des vacances au soleil qui nous attendent. 

     

    * Le « regroupement familial » est une décision suicidaire prise par le Décret du 29 avril 1976 : à partir de ce jour-là, et de ce décret là, le regroupement familial fut rendu légal, et institutionnalisé. Dans les circonstances présentes, il est clair que le regroupement familial doit être suspendu.

    ** En vrac, quelques unes de ces « solutions classiques » :

    arrêter d'abord immédiatement toute arrivée nouvelle d'étrangers en provenance notamment d'Afrique du Nord ou subsaharienne (300.000 entrées par an à l'heure actuelle...);

    • changer et durcir nos lois, afin de déchoir de la nationalité française tout individu ayant le moindre lien avec le terrorisme islamique, et l'expulser immédiatement du territoire national; et donc aussi vider nos prisons des 50, 60, 70 voire 80% d'étrangers ou de naturalisés - dans certaines - qui s'y trouvent pour acte(s) lié(s) de près ou de loin au terrorisme musulman...;

     examiner tous les dossiers de naturalisation depuis les scélérats "décrets Chirac" de 1976, et annuler tous ceux dans lesquels on trouvera le moindre vice de forme, déclaration insincère ou autre fausse information...

    déchoir aussi toute personne dont on saura qu'elle vit en dehors de nos lois (polygamie, excision...), comme on le sait par le genre de vidéo suivante, scandale révélé par David Pujadas au JT de France2, à 20heures : folies de la republique ideologique.wmv

  • Retour à Maurras : « Ce pays-ci n'est pas un terrain vague ... »

      

    L’hospitalité 

    Il s'agit de savoir si nous sommes chez nous en France ou si nous n'y sommes plus ; si notre sol nous appartient ou si nous allons perdre avec lui notre fer, notre houille et notre pain ; si, avec les champs et la mer, les canaux et les fleuves, nous allons aliéner les habitations de nos pères, depuis le monument où se glorifie la Cité jusqu'aux humbles maisons de nos particuliers. Devant un cas de cette taille, il est ridicule de demander si la France renoncera aux traditions hospitalières d'un grand peuple civilisé. Avant d'hospitaliser, il faut être. Avant de rendre hommage aux supériorités littéraires ou scientifiques étrangères, il faut avoir gardé la qualité de nation française. Or il est parfaitement clair que nous n'existerons bientôt plus si nous continuons d'aller de ce train. (…) Ce pays-ci n'est pas un terrain vague. Nous ne sommes pas des bohémiens nés par hasard au bord d'un chemin. Notre sol est approprié depuis vingt siècles par les races dont le sang coule dans nos veines. La génération qui se sacrifiera pour le préserver des barbares et de la barbarie aura vécu une bonne vie.

    (…) La jeune France d'aujourd'hui est en réaction complète et profonde contre ce double mal. Elle rentre chez elle. Ses pénates intellectuels, ses pénates matériels seront reconquis. Il faut que l'ouvrier français, le savant, l'écrivain français soient privilégiés en France. Il faut que les importations intellectuelles et morales soient mises à leur rang et à leur mérite, non au-dessus de leur mérite et de leur rang. L'étiquette étrangère recommande un produit à la confiance publique : c'est à la défiance du pays que doit correspondre au contraire la vue de tout pavillon non français. Qu'une bonne marque étrangère triomphe par la suite de cette défiance, nous y consentons volontiers, n'ayant aucun intérêt à nous diminuer par l'ignorance ou le refus des avantages de dehors, mais l'intérêt primordial est de développer nos produits en soutenant nos producteurs. Le temps de la badauderie à la gauloise est fini. Nous redevenons des Français conscients d'une histoire incomparable, d'un territoire sans rival, d'un génie littéraire et scientifique dont les merveilles se confondent avec celles du genre humain.  

     

    Charles Maurras  

    L’Action française, 6 juillet 1912

  • Philippe de Villiers écarte définitivement toute candidature pour 2017 ... Il a bien raison !

     

    Aucun des nombreux prétendants actuels à la magistrature suprême ne trouve grâce aux yeux du fondateur du Mouvement Pour la France (MPF), qui estime que le système politique est au bord de l'effondrement. C'est ce que confirme un scan politique de Figarovox signé par Marc de Boni et Arthur Berdah [15.06]. 

    « J'ai quitté la vie politique il y a six ans. Je n'ai pas envie de replonger dans cette piscine sanguinolente où crocodiles et caïmans se mangent entre eux », tranche Philippe de Villiers, interrogé par le magazine nationaliste en ligne France ce mercredi. N'en déplaise à ses nombreux soutiens qui espéraient le voir de nouveau porter la candidature d'une « droite dure », conservatrice et identitaire, qui a échoué à se fédérer lors des journées de Béziers, l'ancien député vendéen ne rempilera pas, six ans après avoir quitté la scène politique. « Je n'ai absolument aucune envie de redescendre dans l'arène et je pense que la métapolitique a plus d'influence que la politique aujourd'hui. Par mes livres et mon Puy du Fou, j'ai fait passer beaucoup plus d'idées qu'en restant la énième écrevisse de la bassine », explique-t-il.

    La politique, très peu pour lui. « Je regrette de n'avoir pas compris plus tôt qu'il était inutile d'entrer dans une compétition sans avoir l'argent et le système médiacratique nécessaires : on se fait alors démolir et salir », détaille Philippe de Villiers. Et le fondateur du Mouvement Pour la France (MPF) devrait même se tenir à bonne distance des débats : il ne soutiendra « personne » dans la primaire de la droite. Si Jean-Frédéric Poisson trouve quelque grâce à ses yeux - « c'est quelqu'un de très bien qui a une pensée juste et des convictions » -, ce dernier a le défaut « d'être avec les Républicains, c'est-à-dire un parti qui corrode toute forme de conviction », déplore-t-il.

    Un FN pas assez porté sur l'Islam et l'immigration

    S'il admet nourrir une estime certaine pour Marion Maréchal-Le Pen, Philippe de Villiers s'interroge cependant sur les intentions de Marine Le Pen, échaudé par les positions récemment exprimées au sein du FN sur l'avortement et le mariage pour tous. « Est-ce qu'elle veut vraiment s'occuper de la France ? Elle ne parle que trop rarement d'islam et de l'immigration. Elle parle d'une France apaisée. Mais cette France-là nous semble si loin, il faudra beaucoup de courage pour y parvenir, et cela commence par une claire énonciation des problèmes et des drames qui nous assaillent », estime le créateur du Puy du Fou.

    Dans ces conditions, il ne faudra pas s'attendre à la voir soutenir un candidat au premier ni au second tour de la présidentielle, prévient-il. « Le civisme aujourd'hui n'est pas lié au fait d'urner en colonne (sic). Je pense que les prochaines échéances ne seront pas dans les urnes, elles seront beaucoup plus graves et importantes… Les gens iront chercher des personnes loyales à la France, et qui mettent la France au-dessus de leurs caprices personnels », estime Philippe de Villiers, qui annonce : « Le système va mourir et ce n'est donc pas le moment d'aller s'y précipiter.» « Il faut laisser les politiciens s'user les uns contre les autres. Un pays qui va devoir choisir entre Sarkozy, Juppé, Fillon ou Hollande est un pays qui va mal », diagnostique l'ancien eurodéputé. 

    Marc de Boni et Arthur Berdah

  • Jean Sévillia : « Au lieu de créer une rue Robespierre à Paris, débaptisons les autres »

    Portrait de Maximilien de Robespierre, vers 1790, musée Carnavalet  

     

    La Conseillère de Paris Danielle Simonnet a formulé le vœu qu'une rue de Paris porte le nom du révolutionnaire Maximilien de Robespierre. Dans un entretien paru sur Figarovox [13.06], Jean Sévillia donne son point de vue : cette décision serait une position régressive et une grave erreur historique. Point de vue partagé à 100% par Lafautearousseau !

     

    XVM06e8d676-796d-11e5-ba18-c49418e196fb - Copie.jpgLa conseillère de Paris (Parti de Gauche) Danielle Simonnet propose la création d'une rue Robespierre à Paris. Cette demande avait déjà été formulée, sans succès, en 2011. Que vous inspire cette proposition ?

    On observe une constante à l'extrême gauche qui consiste à vouloir à tout prix ressusciter le mythe de la Révolution en général et de Robespierre en particulier. Mais il s'agit d'une position régressive. Jusqu'aux années 1960, l'histoire universitaire de la Révolution française était écrite par les marxistes ; la Terreur était assumée en tant que telle par la gauche qui estimait qu'elle était une phase nécessaire d'un processus historique. François Furet, communiste dans sa jeunesse, homme de gauche devenu libéral et qui n'a jamais adopté le point de vue contre-révolutionnaire, a joué un rôle considérable dans le monde intellectuel en bouleversant la façon d'envisager cette période. Furet a travaillé sur la Révolution, et s'est demandé comment distinguer 1789 de 1793. Dans ses premiers livres, il estime que 1793 est un dérapage par rapport à 1789, puis, au fur et à mesure, il vient à la conclusion que 1789 portait en elle les germes de 1793.

    A partir de 1970, après les travaux publiés par Furet, la gauche n'ose plus défendre la Terreur. A l'exception de cette extrême gauche qui réactive le mythe de Robespierre, allant à l'encontre des données actuelles de la recherche historique. A titre d'exemple, la biographie de Robespierre récemment publiée par Jean-Clément Martin - universitaire qui refuse par ailleurs de considérer qu'il y a eu un « populicide » (selon le mot de Babeuf) en Vendée en 1793-1794 - laisse un profond malaise car on a l'impression que l'auteur cherche à exonérer Robespierre des crimes de la Terreur, au mépris de la réalité historique.

    On devrait plutôt débaptiser les rues Robespierre qui existent depuis des dizaines d'années. Robespierre est l'homme de la Terreur qui justifie la violence et le pouvoir totalitaire avant la lettre. Dans notre pays qui se veut le pays des droits de l'homme et qui se vante d'avoir mis en œuvre la démocratie moderne, exalter Robespierre, qui a contribué à déclencher des mécanismes politiques totalement contraires aux droits de l'homme et à la démocratie est un non-sens.

    Mais précisément, le Parti de Gauche dénonce une manipulation historique dans la représentation actuelle de Robespierre…

    Manipulation historique ? C'est un compliment qui peut être retourné ! Rappelons que Robespierre est cet homme qui était un piètre orateur mais qui a conquis son aura par le verbe au club des Jacobins. Son magistère de la parole séduit cette gauche qui ne voit pas l'aspect monstrueux et glacé d'un personnage sans vie privée, un idéologue pur et sans âme. Dans un discours de février 1794, il défend « la Vertu sans laquelle la terreur est funeste et la Terreur sans laquelle la Vertu est impuissante » - défendant une alliance indéfectible entre la Vertu et la Terreur. Y sont défendus la pureté révolutionnaire absolue et le don de soi pour une cause idéologique. Le décret du 22 prairial - 10 juin 1794 - qui institue la Grande Terreur et précède d'un mois la chute de Robespierre est sidérant en ce qu'il postule que chacun est suspect et même potentiellement coupable. Ne sont prévus, en matière de justice, ni système de défense, ni accusation, ni interrogatoire, ni même de témoins ! C'est le règne de l'arbitraire total. La France est livrée à une secte criminelle. Est-ce un hasard si Pol Pot admirait Robespierre ?

    Dans le Dictionnaire critique de la Révolution française dirigé par François Furet et Mona Ozouf paru en 1988, Patrice Gueniffey écrit dans un article pertinent : « Robespierre porte le discours idéologique à son plus haut degré d'accomplissement parce qu'il est lui-même l'idéologie incarnée ». Ou encore : « La Terreur est dans ce magistère de la parole que Robespierre porte à son niveau le plus accompli. Aussi son art rhétorique n'est-il pas simplement une arme parmi d'autres dans le combat politique: cette parole terrorise ». Ces deux phrases me paraissent résumer ce que fut ce funeste personnage de Robespierre, qui est un ancêtre des totalitarismes modernes. 

    Rédacteur en chef adjoint au Figaro Magazine, essayiste et historien, Jean Sévillia est notamment l'auteur de Historiquement correct et de Histoire passionnée de la France, tous deux parus aux éditions Perrin.

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    Entretien réalisé par Eléonore de Vulpillières