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  • SOCIETE & ECOLOGIE • Camille Pascal : L’énergie nucléaire s’invite à la Cop21

     

    Quand la grand-messe de la lutte contre le réchauffement climatique pourfend les arguments... des militants écologistes !

     

    Camille%20Pascal_22222222222222.pngLe lecteur qui me fait l’amitié de jeter un coup d’oeil, de temps à autre, sur cette petite chronique sait combien son auteur est assez peu réceptif à la complainte lancinante du réchauffement climatique. Les contre-vérités, les affirmations péremptoires, les leçons de morale et la culture de la culpabilité que développent depuis bientôt deux décennies les écologistes de salon et d’appareil me laissent assez froid. Je n’aime pas le gaspillage, mais je n’aime pas l’enfumage et j’ai une fâcheuse tendance, je l’avoue, à ne pas prendre au sérieux cette nouvelle religion qui tend à confondre Dieu et la Nature.

    Pourtant le prosélytisme dont elle a bénéficié dans notre pays depuis l’ouverture de la Cop21 et ce, malgré l’assaut terroriste dont notre pays a été l’objet, dépasse l’entendement. Je m’étonne même que les défenseurs sourcilleux de la laïcité n’aient pas multiplié les plaintes et les protestations contre la reconnaissance quasi officielle par la République de cette forme d’animisme millénariste qui exige de l’homme qu’il s’incline devant la libellule, l’ours polaire ou l’épi de maïs sous peine de disparaître dans des tourments affreux. J’ai même entendu des hommes venir expliquer sur nos écrans d’un ton grave et inspiré que la consommation de viande était un crime, non pas contre le règne animal mais contre la couche d’ozone dangereusement menacée par le pet des vaches…

    À ce niveau de délire, je n’attendais rien d’autre de la Cop21 qu’elle se termine et que l’on puisse à nouveau faire du feu dans les cheminées, prendre sa Volkswagen ou manger de l’ananas sans risquer l’ex-communication sociale.

    Or, la divine surprise est justement venue de cette même Cop21. Le 3 décembre dernier, à l’occasion de l’un de ces interminables symposiums organisés au Bourget, quatre climatologues émérites ont lancé un appel à une expansion massive de l’énergie nucléaire. Elle, qui ne représente aujourd’hui que 11 % de l’énergie produite dans le monde, devrait passer à 17 % avant 2050. C’est James Hansen, l’un des grands prêtres du réchauffement climatique, qui se trouve être à l’initiative de cet appel. Pour ces savants, révérés hier encore par des foules hirsutes et végétariennes, le nucléaire est la seule énergie suffisamment efficace pour lutter contre le réchauffement. À les entendre, massacrer nos paysages par des champs d’éoliennes ou défigurer nos toitures par des panneaux solaires serait à peu près aussi efficace pour faire baisser la température moyenne que de brancher le réfrigérateur sur un vélo d’appartement et en espérer des glaçons.

    Soljenitsyne révélant l’enfer concentrationnaire soviétique n’a pas fait plus de dégâts chez les communistes français que cet appel des quatre en faveur du nucléaire ne vient d’en faire chez nos écologistes.

    Du plateau du Larzac jusqu’aux pâturages de Notre-Dame-des-Landes, ce n’est qu’un hululement de désespoir. Voilà bientôt un demi-siècle qu’en combattant le nucléaire, les “écolos” se sont faits les complices du réchauffement climatique. Ils devraient avoir honte !

    Je dois avouer que, pour ma part et contre toute attente, cette Cop21 me réjouit. 

    Camille Pascal

  • Nantes, c'est aujourd'hui : Une grande fête du livre à ne pas rater !

     

    L’URBVM [l’Union Royaliste Bretagne Vendée Militaire] et le CRAF [Centre Royaliste d'Action Française] auront un stand. N'hésitez à les rejoindre !

    Source : URBVM

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • Régionales • Quand Estrosi voulait gouverner la région Paca avec le Front national

    Christian Estrosi discute avec l'élu FN Gérard de Gubernatis, au conseil régional de Paca, le 20 mars 1998, à Marseille. (GEORGES GOBET / AFP)

     

    par Orange News & France TV - Textes d'Ilan Caro

    On sera amusé, intéressé, pas vraiment étonné, de lire ce qui suit en cette veille du second tour des régionales. Les photos ne sont pas mal non plus.  LFAR

    "Résistance." C'est le slogan que Christian Estrosi a choisi pour le deuxième tour des élections régionales, qui l'opposera dimanche 13 décembre à Marion Maréchal-Le Pen, la tête de liste du Front national. "On a beaucoup réfléchi, et nous nous sommes finalement dit que les valeurs du Conseil national de la Résistance, qui sont nos valeurs, nous permettraient de rassembler. Quand on prend le maquis, on n'est ni de gauche, ni de droite", explique le candidat dans La Provence. "Je ne supporte pas le FN, qui est l'héritage du pétainisme", insiste-t-il lors d'un déplacement de campagne, près de Marseille.

    Le 20 mars 1998, un jour que la droite locale n'a pas oublié

    Pourtant, face au Front national, le maire de Nice n'a pas toujours été aussi intransigeant. En Provence-Alpes-Côte d'Azur, les mémoires se souviennent d'un épisode qui a profondément marqué la droite locale. Vendredi 20 mars 1998 : le conseil régional nouvellement élu désigne son président. Les socialistes ne disposent dans l'hémicycle que d'une majorité relative (49 sièges, contre 37 pour l'UDF-RPR et 37 pour le FN).

    Sans surprise, les trois camps font chacun le plein de leurs voix lors des deux premiers tours de scrutin. Mais par la suite, rien ne se passe comme prévu. L'ambiance est houleuse et la droite se déchire. Son leader, le président de l'UDF et député varois François Léotard, est mis en minorité par son propre groupe sur la stratégie à suivre. Lors d'une interruption de séance, "21 élus sur 37 se prononcent en faveur de la ligne défendue par Christian Estrosi : conclure un accord avec le Front national pour barrer la route à la gauche", se souvient pour francetv info le journaliste Michel Henry, qui avait couvert cette élection pour Libération.

    De retour dans l'hémicycle, Christian Estrosi prend la parole pour demander une énième suspension de séance, "cette fois jusqu'à lundi". Une suspension aussitôt accordée par le doyen d'âge qui préside la séance, un élu FN... La décision provoque alors la fureur du groupe des seize "résistants", piloté par François Léotard. Ce dernier, "dans une rage froide, jette à Christian Estrosi : 'Sors avec tes amis'", écrit le journaliste Michel Samson dans Le Monde. Jean-Pierre Giran, cité à l'époque par Libération, évoque "la fragilité mentale" des 21 "collabos" emmenés par Christian Estrosi. Interrogé par francetv info, Jean-Pierre Giran, aujourd'hui député-maire d'Hyères (Var), n'a pas souhaité s'exprimer de nouveau sur cette passe d'armes. 

    "C'était très brutal entre les deux clans. Les manœuvres d'Estrosi avec Le Pen et Mégret apparaissaient au grand jour. Et nous, nous observions ça en spectateurs", relate Robert Alfonsi. Le week-end passe, les tractations se poursuivent en coulisses. Et les pressions de Paris s'accentuent contre un accord avec le FN. Le lundi 23, les élus se retrouvent au conseil régional pour le troisième tour de scrutin. A droite, les partisans d'un accord avec le FN présentent la candidature de Gilbert Stellardo. Un adjoint au maire de Nice, Jacques Peyrat, lequel vient de quitter le Front national. Mais sur les 21 élus favorables à un accord avec le FN, seuls neuf se portent sur son nom. "C'est François Léotard qui a réussi à déjouer l'opération à la dernière minute, se rappelle Robert Alfonsi. C'est grâce à lui si Michel Vauzelle a fini par être élu."

    "L'accord était bouclé"

    Ancien maire FN de Toulon et élu à la région en 1998, Jean-Marie Le Chevallier donne une version différente : "L'accord était bouclé. Je devais prendre la présidence de la région et Estrosi aurait naturellement été l'un de mes vice-présidents", dit-il à francetv info, confirmant une confidence faite aux journalistes Dominique Albertini et David Doucet, dans leur ouvrage Histoire du Front national. Interrogé par francetv info, Jean-Marie Le Pen précise s'être finalement opposé à ce qu'un élu FN autre que lui préside cette assemblée. C'est le maintien de la candidature de l'épouvantail Le Pen, au troisième tour, qui aurait définitivement enterré l'accord droite-FN.

    L'équipe de campagne de Christian Estrosi conteste auprès de francetv info l'une comme l'autre des versions, assurant que le maire de Nice a "démontré, tout au long de sa carrière politique, qu'il a toujours combattu la famille Le Pen". "Lors de cette élection de 1998, il n'y avait que deux ou trois élus de notre groupe qui écoutaient les sirènes du FN", jure Bernard Deflesselles, conseiller régional depuis 1992, et membre de la campagne 2015 de Christian Estrosi. Un récit bien éloigné de celui unanimement relayé par la presse de l'époque.  

    Pour tenter de prouver sa bonne foi, et avant même la publication de cet article, l'équipe de campagne de Christian Estrosi est allée jusqu'à demander à plusieurs élus socialistes de contacter la rédaction de francetvinfo. Y compris le premier d'entre eux, Michel Vauzelle. Le président socialiste sortant de la région confirme qu'"au départ, Estrosi faisait partie du groupe qui voulait s'allier au FN". Mais à en croire Vauzelle, il aurait "très vite quitté ce groupe, le samedi, pour se ranger derrière François Léotard"

    Comment le Christian Estrosi de 1998, tenté – au moins un moment – par un rapprochement avec le FN, est-il devenu, en 2015, le "résistant" face à Marion Maréchal-Le Pen ? "A l'époque, la droite avait la certitude qu'elle pouvait étouffer le Front national en nouant des alliances ponctuelles permettant de débaucher tel ou tel. Il ne faut pas oublier que de 1986 à 1992, Jean-Claude Gaudin avait présidé la région avec des élus Front national dans son exécutif", rappelle Michel Henry.

    Dans son ouvrage La Guerre des droites, l'historien Mathias Bernard explique que les régionales de 1998 "ont provoqué une prise de conscience" de la part des dirigeants modérés : "De rivale, l'extrême droite devient progressivement un adversaire politique."

    Le FN ressort des archives gênantes pour Estrosi

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    Dans la dernière ligne droite de la campagne, celui qui tente d'apparaître comme le dernier rempart face au FN doit faire face à l'apparition sur les réseaux sociaux d'une photo le montrant au côté de Jean-Marie Le Pen. "La photo date de 1993, entre les deux tours des législatives. Elle appartient à la collection personnelle d'un proche de Jean-Marie Le Pen aujourd'hui décédé", croit savoir le frontiste Louis Aliot, qui a relayé le cliché, interrogé par francetv info.

    Impossible en revanche de savoir où et dans quelles circonstances cette scène a été immortalisée. Si elle vient brouiller la communication du résistant Estrosi, l'image ne prouve rien quant à une éventuelle proximité avec le leader historique du FN. L'entourage de Christian Estrosi assure que "cette photo avait été prise en marge d'un débat télévisé, qui avait d'ailleurs été très violent". Un débat dont nous n'avons pas retrouvé trace. 

  • Littérature • Maurras en son chemin de paradis [5]

    Illustration reprise de l’édition de luxe du Chemin de Paradis en 1927, ornée d’aquarelles de Gernez

     

    par Hilaire de Crémiers (Suite) 

    Nous poursuivons la publication des analyses du Chemin de Paradis par Hilaire de Crémiers. En voici la cinquième partie. L'on peut retrouver les quatre premières sur Lafautearousseau, les 7 - 14 - 29 novembre et 5 décembre.

     

    C'est en 1895, il y a juste cent vingt ans, que Calman-Lévy - « éditeur héroïque » dit Maurras - a édité le Chemin de Paradis. Un premier livre de contes philosophiques que son auteur écrivit, de fait, avant ou autour de ses vingt-cinq ans. Un recueil de neuf contes où Maurras, comme Anatole France le lui écrivit, méditait d'ingénieuses fables. Ces Mythes et Fabliaux, qui ne furent sans doute jamais parfaitement compris, formaient pourtant, déjà, une critique sans indulgence aucune, de ce mal moderne auquel Maurras se préparait à s'affronter. Rien moins que « pour le salut du monde et le règne de la beauté ».  Sans-doute pressentait-il et fixait-il ainsi, avec une prescience étonnante, ce qu'allaient être, dans l'ordre politique et littéraire, son œuvre et sa destinée.

    Hilaire de Crémiers a consacré de minutieuses et savantes études à cette œuvre de jeunesse de Charles Maurras, qui préfigure, expose-t-il, ce que seraient son œuvre et sa vie.

    Nous avons enregistré, il y a quelques années, plusieurs vidéos où Hilaire de Crémiers analyse le Chemin de Paradis et en propose une interprétation. Une analyse et une interprétation qui donnent à Maurras une profondeur singulière. Beaucoup plus extraordinaire que celle qui lui est habituellement reconnue. 

     

     Regard sur le conte de la série Harmonies :  Discours à la louange de la double vertu de la mer (13 minutes)  

     

    Nous achevons ainsi la mise en ligne, au fil de cinq samedis ou dimanches, de cinq vidéos où Hilaire de Crémiers traite des neufs contes du Chemin de Paradis et dévoile ce qui en est, selon lui, le sens profond.  Lafautearousseau  

     

    Le Chemin de Paradis sur Maurras.net

    (Texte complet)

     
  • HUMOUR & SOCIETE • Propagande : Barrer la route !

          

    par Ph. Delelis
     

    C’est le slogan du jour, incontestablement. Impossible à commenter, bien sûr : outre que ce n’est pas la vocation de cette rubrique, autant jouer avec des allumettes dans l’arrière-boutique d’un artificier, ce serait moins dangereux. Impossible à commenter, donc, mais pas à référencer car l’expression est de celles que l’on entend régulièrement dans de nombreux domaines et depuis longtemps. Il n’est donc pas inutile de la mettre en perspective de quelques unes de ses nombreuses utilisations au cours des siècles.

    Stoïque (IIe siècle)

    Si tu ne juges tien que ce qui l’est vraiment […], jamais personne ne saura te contraindre ni te barrer la route (Manuel d’Epictète).

    Paradoxale (XVIIe siècle)

    Ce qui barre la route fait faire du chemin (Jean de La Bruyère, Les Caractères).

    Optimiste (XXe siècle)

    Les organisations défensives des frontières dont nous voulons l’exécution n’ont pas d’autre but que de barrer la route à l’invasion toujours possible (André Maginot).

    Déterminée (XXe siècle)

    Au nom de la France, j’ordonne que tous les moyens, je dis tous les moyens, soient employés pour barrer partout la route à ces hommes-là, en attendant de les réduire (Ch. de Gaulle, Discours du 23 avril 1961).

    Délinquante (XXIe siècle)

    A la veille d’un week-end de retour de vacances, l’autoroute A1 est bloquée dans le sens Paris-Lille ce vendredi soir, par des gens du voyage au niveau de Roye dans la Somme, quelques jours après qu’une fusillade a éclaté dans un camp voisin faisant quatre morts et trois blessés mardi (BFM TV, 29 août 2015).

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    Et comme, en France, pour l’instant, tout finit par une chanson, un auteur que l’on n’aurait jamais pensé citer dans ces colonnes, mais qui se révèle particulièrement pertinent ici, Gérald de Palmas :

    Car j’étais sur la route
    Toute la sainte journée
    Je n’ai pas vu le doute en toi s’immiscer
    J’étais sur la route
    Toute la sainte journée
    Si seulement j’avais pu lire
    Dans tes pensées 

     
  • Une guerre

     

    par Jean-Baptiste d'Albaret

     

    Il était interdit de le dire, mais il s’agit donc bien d’une guerre. François Hollande a lâché le mot qu’il s’était jusqu’à présent refusé à prononcer. Une guerre qui, depuis les terrains d’Afrique et du Proche-Orient, se propage sur notre sol et se déroule désormais à l’intérieur même de notre société où des islamistes radicalisés, qui sont aussi des ressortissants français, massacrent à la kalachnikov ceux qui sont leurs compatriotes. Ce 13 novembre, notre pays a soudainement pris conscience de la gravité de la situation. L’ennemi peut frapper n’importe qui, n’importe où, n’importe quand. Avec une rapidité d’exécution sans précédent et une sauvagerie qui atteint des sommets d’abomination barbare.

    Depuis janvier, les alertes sérieuses n’avaient pourtant pas manqué. L’attaque avortée dans le Thalys ? L’étudiant soupçonné de planifier des attentats contre des églises à Villejuif ? L’homme mis en examen pour avoir décapité son employeur, en Isère, avant d’accrocher sa tête à un grillage avec le drapeau noir des milices islamistes ? Des « actes isolés » de « loups solitaires », le fait de simples « déséquilibrés », affirmaient, sans rire, les chœurs pudibonds de l’idéologie dominante, sans vouloir entendre les policiers et les magistrats, comme le juge anti-terroriste Marc Trévidic, qui mettaient en garde contre la catastrophe à venir… Pour ces thuriféraires du « vivre-ensemble », encore enivrés des slogans puérils de « l’après-Charlie », l’essentiel, bien entendu, était de ne surtout pas « stigmatiser ».

    Or, par un retournement sémantique littéralement sidérant, les voilà qui parlent aujourd’hui de « guerre de civilisations » ! Le si décrié Samuel Huntington tient sa revanche : après l’effondrement du bloc communiste, affirmait le professeur américain dans un livre fameux paru en 1996, les conflits ne seront plus fondés sur des clivages idéologiques et politiques, mais sur des clivages culturels et religieux… Nous y sommes, tout le monde en convient.

    Mais, pour mener une guerre, encore faudrait-il savoir la penser et s’entendre sur le terme « civilisation »… Or, contrairement à ce que feignent de croire nos hommes politiques qui n’ont que le mot « République » à la bouche, ce ne sont pas tellement les « valeurs républicaines » – ridiculement réduites aux loisirs offerts par le mode de vie occidental – qui ont été visées par l’islamisme radical. C’est la France, considérée, bien malgré ses dirigeants, comme une terre chrétienne – un pays « croisé » comme il est dit dans le communiqué de revendication des attentats publié par Daesh. Indépendamment des confessions particulières des victimes, c’est donc à l’identité profonde de notre pays – ce mot tabou ! –, que les assassins s’en sont pris.

    Après cette tragédie, les Français seraient en droit d’attendre ce que le philosophe Michel Onfray appelle une « grande politique ». Mais des hommes qui ont fait du mépris des racines chrétiennes de notre pays et de la repentance généralisée la justification de toute leur vie publique, peuvent-ils saisir les enjeux posés par ce « choc de civilisation » ? Ce n’est que du bout des lèvres que les autorités ont évoqué le terrorisme « djihadiste » pour ne pas le qualifier d’islamiste, ce qu’il est concrètement. Ce déni fait des ravages. Il consiste à nous culpabiliser en « victimisant » les musulmans au nom d’une laïcité dévoyée qui fait de l’islam la religion des réprouvés.

    Cette idéologie a fait le lit de l’islamisme radical. Elle a enfanté des monstres dans ces « quartiers perdus de la République » dont on n’a pas fini d’entendre parler. écoutons, à ce propos, l’écrivain algérien Boualem Sansal, interrogé dans le Figaro Magazine : « Les intellectuels qui, tels des idiots utiles, marchaient dans ce système de la victimisation de l’islam et de l’immigré ne se rendent pas compte du mal qu’ils font, et d’abord aux musulmans ». Qui l’entendra ? 

    Rédacteur en chef de Politique magazine

  • Église et Front national

     

    par Gérard Leclerc

    Un point de vue dans France catholique

     

    GERARD LECLERC.JPGQuelques jours avant le premier tour des élections régionales, il était patent que le Front national obtiendrait un score impressionnant. Face à cette perspective qui bousculait l’équilibre du pays, on sentit comme un affolement. Il fallait dresser contre cette force en mouvement un barrage, en coalisant toutes les puissances et les autorités capables de venir en aide à des politiques impuissants. C’est ainsi qu’on vit le grand quotidien lillois La Voix du Nord s’engager, vent debout, contre le danger Marine Le Pen. Au même moment, c’était Pierre Gattaz, principal représentant du patronat, qui jetait son cri d’alarme, au nom des intérêts économiques du pays. Comme si cela était encore insuffisant, c’est l’archevêque de Lille, Mgr Laurent Ulrich, qui était sollicité par notre confrère La Croix afin d’ajouter le poids d’une autorité spirituelle à la mobilisation de la réprobation anti-frontiste. En dépit de quelques nuances consenties à l’égard des personnes, dont Mgr Ulrich déclare respecter les craintes, on ne pouvait que retenir sa condamnation brutale, qui peut se résumer en une unique phrase (d’ailleurs choisie par La Croix pour en faire son titre) : « On ne peut être catholique, c’est à dire universel et xénophobe. »

    Eu égard à la gravité d’un tel grief, on pourrait s’interroger sur le peu de résultats effectifs de la déclaration de l’archevêque de Lille. Et l’on est aussi en droit de se demander si les 40 % d’électeurs qui ont apporté leurs suffrages au Front national dans le Nord peuvent se sentir coupables de réels sentiments xénophobes. Certes, il est de la responsabilité d’un pasteur de veiller aux normes morales et aux conseils évangéliques, dans le but d’éclairer ses fidèles. Mais lorsqu’un tel désaveu s’oppose à sa parole, il est aussi permis de reprendre le sujet, pour examiner s’il a été traité dans tous ses aspects, et de façon convaincante. N’y a-t-il pas danger, lorsque la condamnation verbale est si catégorique, que les intéressés se ferment à tout débat, estimant être incompris, voire diffamés ? De plus, le refus par principe d’ouvrir avec eux un espace de discussion, au nom d’une sorte d’interdit réservé aux infréquentables, risque de conduire à de nouvelles crispations et à des incompréhensions radicales.

    Le tollé provoqué par Mgr Dominique Rey, avec l’invitation faite à Marion-Maréchal-Le Pen de venir débattre avec d’autres politiques d’avis contraire à la Sainte-Baume, un haut-lieu signifiant la singularité de l’événement, demeure significatif de la difficulté pour l’Église d’adopter une démarche spécifique. Mais il faudra bien, en fin de compte, revenir sur des dossiers si essentiels que celui de l’immigration, qui ne saurait se ramener à un simple impératif catégorique. On ne peut laisser mourir celui qui est en danger de se noyer, mais on a aussi le devoir impérieux de traiter dans ses vraies dimensions la question des migrations qui conditionne l’avenir de nos pays et le sort de la paix, alors qu’une crise internationale ébranle le bassin méditerranéen, sans que nous sachions ce qui en résultera pour l’Europe entière. 

    France catholique

  • Poing levé, ce sont eux « les heures les plus sombres de notre Histoire ... » !

    Emmanuelle Cosse, Claude Bartolone, Pierre Laurent Anne Hidalgo, Jean-Christophe Cambadélis et Laurent Cathala - Crédits photo : LOIC VENANCE/AFP

  • Regard sur « le monde en état de panique » ou le rêve universaliste fracassé

     

    Nous n'ajouterons pas un commentaire superflu à ce qu'on peut, à la fois, lire ou écouter ici de la part d'un clerc de la doxa européo-mondialiste. L'essentiel est dit dans notre titre.

    Nous avons entendu, lundi, Jean-Pierre Raffarin pleurer sur la République à la dérive. Hier matin, sur France Inter, Bernard Guetta a fait le constat exact d'un état du monde qui brise le rêve mondialiste, pacifiste, démocratique, multi-culturaliste, multiethnique, etc. Les idéologues et les marchands n'y triomphent pas. L'Histoire ne finit pas ...

    Plaignons nos élites : elles ont, en ces temps difficiles, intra et extra muros, de redoutables remises en cause à opérer. La faillite de leurs idées - mais il ne fallait pas se faire tant d'illusions ! - leur est sans-doute douloureuse. Pas à nous.  LFAR 

      


    Laissons la France. Laissons le reste de l’Europe où les nouvelles extrêmes-droites connaissent le même essor que le Front national et regardons ailleurs. Candidat aux primaires républicaines, candidat à la présidence des Etats-Unis, M.Trump vient de faire un nouveau coup d’éclat en proposant d’interdire aux musulmans, à tous les musulmans, l’accès du territoire américain.

    S’il l’a fait, c’est qu’il pense pouvoir ainsi plaire à suffisamment d’électeurs républicains pour remporter les primaires et il n’a pas tort car la peur, celle d’un monde devenu aussi incertain qu’incompréhensible, est aussi forte aux Etats-Unis qu’en Europe… et ailleurs.

    Repassons l’Atlantique, allons jusqu’à Moscou. Sur quoi s’appuie M.Poutine pour faire durer sa popularité ? Sur la reconquête de la Crimée, sur l’Eglise orthodoxe russe, sur la Russie de toujours et les forces de sécurité dont il s’est fait l’incarnation depuis qu’il a accédé au Kremlin. Poussons au sud, jusqu’en Turquie, et le tableau est le même. M.Erdogan y a reconquis sa majorité en rallumant les tensions avec la minorité kurde, exaltant la nation et flattant les plus conservateurs des électeurs par ses constantes références aux traditions religieuses et patriarcales.

    Le Proche-Orient, n’en parlons pas. Il éclate et se déchire entre communautés ethniques ou religieuses, chiites contre sunnites, Arabes contre Perses, Kurdes contre tout le monde ou l’inverse. Chacun veut son Etat, ses frontières, sa zone d’influence. L’Inde se cimente dans l’hindouisme et, si l’on revient en Europe, il n’y a pas que la montée des extrêmes-droites. Il y a aussi les Catalans qui voudraient sortir d’Espagne et les Ecossais de Grande-Bretagne, la renaissance des régionalismes et ce divorce, surtout, toujours plus grand, entre les Européens et l’Europe, entre l’ambition d’unité et le repli national.  

    La peur, une peur qui se répand, fracture le monde. Chacun veut se replier sur le monde qui est le sien car il y a soudain, c’est un fait, trop de changements et, donc, d’inconnues dans le grand monde. Depuis la chute du mur de Berlin, nous ne sommes pas seulement sortis de la stabilité de la Guerre froide. En vingt-cinq ans, nous avons vu de nouvelles puissances apparaître, le monde arabo-musulman se réveiller dans un indescriptible chaos, les emplois occidentaux détruits par l’automatisation et les délocalisations vers les pays émergents, les Etats-Unis se tourner vers le Pacifique, se désintéresser de l’Europe et la laisser sans Défense, le terrorisme djihadiste frapper les cinq continents et les grandes forces politiques occidentales s’essouffler, et échouer, à préparer leurs militants, leurs électeurs, leurs pays à des changements d’une telle ampleur.

    Alors, oui  tout le monde craint tout et tout le monde et l’urgence, en Europe, est au remodelage de nos échiquiers politiques, à la formation de grands partis du mouvement, de partis assez solidement majoritaires pour rejeter la folle tentation de la fuite en arrière et construire l’avenir, loin de cette suicidaire panique.  

     

  • Régionales • L'analyse d'Eric Zemmour : « L'essentiel est désormais de survivre »

     

    Le résumé de RTL

    Le premier tour des élections régionales a dessiné une nouvelle carte de la France politique. "La carte de France fait une drôle de tête. L'Est et l'Ouest semblent se regarder en chiens de faïence. C'est le retour du vieil affrontement des deux France, la droite et la gauche, les monarchistes et les Républicains, sauf que les terres de gauche à l'Est sont passées avec armes et bagages au Front national tandis que les terres catholiques de l'Ouest sont devenues socialistes »

    Au milieu, les taches bleues conservées par la droite semblent isolées, ultimes poches de résistance avant l'engloutissement. Napoléon disait qu'on fait la politique de sa géographie. En contraignant les têtes de liste du Nord et du Sud à se retirer avant le second tour, le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadelis, a froidement exécuté les deux plus vieilles fédérations socialistes. Les terres historiques du Nord et des Bouches du Rhône qui faisaient les élections sous la SFIO de Jaurès et de Blum.

    L'objectif des socialistes à l'horizon de 2017 ? La constitution derrière François Hollande, d'une coalition qui irait de Macron à NKM, de Juppé à Bayrou, de Raffarin à Valls ...

     


    Crédits Média : RTL.fr | Durée : | Date :

     

  • HOLLANDE : UNE PERTE TOTALE DE LÉGITIMITÉ

     

    par François Marcilhac*

     

    500021990.jpgCertes, il y a l’individualisme des Français, mais l’explication serait un peu courte. Le fait que nos compatriotes aient été si peu nombreux à pavoiser, comme le leur avait demandé Hollande, leurs balcons et fenêtres du drapeau tricolore, le vendredi 27 novembre, jour de l’hommage national aux victimes du terrorisme islamiste, est avant tout le signe d’une perte totale de légitimité. 

    Ce n’est pas d’être récupérés par le pouvoir que les Français ont craint. Non, c’est bien plus simple que cela : Hollande parle désormais dans le vide et un hommage rendu par un gouvernement qui n’est plus ressenti que comme un pouvoir de fait est à leurs yeux nul et non avenu. Et ce n’est pas le raout écologique, la green party du Bourget à laquelle, paraît-il, la survie de la planète est suspendue, qui va les réconcilier avec leur « président normal ». Comment camper en sauveur du monde l’homme qui s’est révélé incapable de protéger ses concitoyens au cœur du XIe arrondissement de Paris ?

    « Ceux qui nous frappent savent que nous sommes vulnérables. Ils savent que la société française, que les sociétés européennes, occidentales sont fragiles parce qu’un profond malaise les étreint. Ce malaise est dans l’école, dans la culture, dans la justice, dans l’économie, dans la politique. » Comment ne pas être d’accord avec une analyse aussi lucide ? Oui, il convient de dénoncer « des décennies de renoncements, de reniements et de lâchetés collectives  », ainsi que la politique européenne, notamment l’incapacité à « réformer Schengen », ou l’obsession aveugle « à s’élargir  » sans fin. Oui, nous aussi, « nous n’acceptons pas de voir disparaître  » « la France de toujours ». Oui, « un pays n’est pas une page blanche » — Maurras évoquait un « terrain vague » — sur laquelle il n’y aurait « plus de nations, plus d’État, plus de frontières, plus d’identités, plus d’attaches, plus d’héritage  ». Et pourtant, comment le dégoût ne nous prendrait-il pas en apprenant que c’est Sarkozy qui a osé proférer de tels mensonges — dans sa bouche — à Schiltigheim en Alsace, le 25 novembre dernier ? Cherchant à se présenter non pas tant comme le chef des Républicains que comme l’ancien chef de l’Etat, évitant dès lors, pour prendre de la hauteur, de critiquer trop directement Hollande et la gauche mais désireux tout de même de (re)lancer la campagne pour les régionales, il est surtout apparu comme un ancien président en campagne pour 2017... Instrumentaliser la situation dramatique du pays pour retrouver les accents virils et patriotiques de 2007 et de 2012, quelle indécence ! Croire que les Français seront majoritairement dupes, quel aveuglement ! Lui dont la politique a précisément eu pour effet d’aggraver le malaise « dans l’école, dans la culture, dans la justice, dans l’économie, dans la politique ». Lui qui a soumis la France au délire de l’Europe ouverte à tous les vents via la forfaiture du traité de Lisbonne. Lui qui a déstabilisé la Libye, dont la situation devient chaque jour plus menaçante, et commencé d’apporter un soutien aux « rebelles » syriens avant que Hollande ne poursuive dans la même voie. Lui qui a favorisé comme jamais l’immigration et a écrit, le 31 mars 2009, dans sa lettre de mission pour le débat sur l’identité nationale, que « l’ensemble des personnes qui vivent sur le territoire de la République, quelles que soient leurs origines, qu’ils soient étrangers ou français », « tous sont appelés à être des citoyens ». « Notre Nation est métissée. L’immigration constitue une source d’enrichissement permanent de notre identité nationale. [...] La France dont nous défendons les couleurs est une France ouverte sur les autres, sur le monde, sur l’avenir. C’est une France qui évolue avec son temps. C’est une France à laquelle chaque nouvel arrivant, chaque nouveau Français apporte son histoire, les richesses de son origine, sa contribution. » Oui, pour Sarkozy, la France est bien une page blanche que chacun peut venir colorier, et ensanglanter, à sa guise.

    Il lui était d’ailleurs facile de prouver sa toute nouvelle conversion à la « France de toujours » : Baroin lui en offrait l’occasion sur un plateau. Sur ordre du Grand Orient de France, le président de l’Association des Maires de France (AMF) n’a-t-il pas demandé, moins d’une semaine après les attentats islamistes contre les « croisés » et les « infidèles » et à une semaine de l’Avent, une loi interdisant les crèches dans les lieux publics ? Or Sarkozy s’est bien gardé de dénoncer cette atteinte à la « France de toujours ». Chez les Baroin, on est maçon de père en fils et l’AMF, que quittent des maires patriotes chaque jour plus nombreux, n’est plus que le vecteur de cette haine froide du christianisme qu’une définition particulièrement sectaire de la laïcité doit propager : « Une approche philosophique du vivre ensemble que l’on peut qualifier d’humaniste parce qu’elle ne se réfère à aucun dogme religieux ni à aucune vérité “révélée” et qu’elle n’est soumise à aucun appareil religieux. » Comme l’a commenté Gérard Leclerc sur Radio Notre-Dame (24 novembre), « cette définition, qui sent bon le rationalisme rabougri et le b-a ba de la rue Cadet, est tout simplement inepte  ». Et n’a évidemment rien de laïque, si être laïque, c’est simplement respecter la croyance ou la non-croyance de chacun. Oui, nos élites sont décidément indignes de la situation où leur carriérisme et les groupes de pression les ont placées. A droite comme à gauche, elles témoignent d’une coupure totale avec l’être même de la France.

    Un être qu’ignore le régime des partis, lequel transforme tout ce qu’il touche. Ainsi des élections régionales, qui n’ont plus de régionales que le nom. Comment en serait-il autrement alors que les nouvelles régions arbitrairement dessinées par le pays légal ne correspondent à rien ? On n’est même pas sûr qu’elles aient une logique économique puisque aucune étude d’impact n’a précédé leurs nouveaux contours. Ce qui ne signifie pas que l’enjeu régional n’existe pas, au contraire : fédéraliste par essence, l’Action française est peut-être la seule à proposer un projet en ce sens. Mais en attendant, il faut bien se prononcer au plan national, c’est-à-dire, car la république travestit tous les mots, au plan politicien. Un vote PS ou LR est évidemment inenvisageable. Que reste-t-il ? Les candidats qui partagent sur l’indépendance nationale, l’Europe ou l’immigration des analyses proches des nôtres. Deux listes sont donc théoriquement possibles. Mais tout est aussi fonction des personnalités, régionales ou départementales. Par exemple, dans la Somme, l’une des deux listes possibles cache, derrière un paravent patriotique, un vrai vote LGBT. Quant à l’Île-de-France, Wallerand de Saint-Just joue, pour compenser son défaut de notoriété, sur un homonyme de sinistre mémoire et ne propose aux Franciliens sur ses affiches d’autre choix qu’entre la djihadiste en bonnet phrygien de 1793 et celle, voilée, d’aujourd’hui. Avant de se faire siffler par ses éventuels électeurs pour avoir taclé les positions sociétales de Marion Maréchal-Le Pen. Manifestement, certains croient que se dédiaboliser, c’est comme s’encanailler sur le tard : il suffirait pour cela d’adopter les codes devenus ringards de l’après Mai-68, alors que le train de l’histoire, en avançant, a donné naissance à une jeunesse décomplexée qui n’a pas peur de renouer avec les fondements de la société.

    C’est cette jeunesse qui renversera tous les politiciens qui, quelle que soit l’étiquette arborée, se révéleront indignes d’incarner la « France de toujours ». 

    L’Action Française 2000

     
  • Patrice de Plunkett : « La faiblesse géopolitique est inhérente à l'UE »

     

    Par exemple face au chantage de M. Erdogan... Mais pourquoi cette faiblesse ? La position pertinente de Patrice de Plunkett  [02.12.2015]

    hqdefault.jpgRevenons sur l'événement du week-end dernier : c'est une leçon terrible. Dimanche, M. Erdogan exige de Bruxelles une reprise du processus d'adhésion de la Turquie, une suppression des visas d'entrée en Europe pour les Turcs, et une aide financière afin de « pouvoir conserver sur le territoire turc les deux millions de réfugiés syriens qui s'y trouvent ». Bruxelles cède aussitôt, oubliant que M. Erdogan avait commencé par lancer vers l'Europe des dizaines de milliers de migrants en vidant manu militari  la moitié des camps turcs ! 

    Bruxelles oubliait aussi que M. Erdogan avait fait arrêter (le 26 novembre, quatre jours avant son chantage victorieux sur l'UE) le directeur de la publication et le chef du bureau d'Ankara du quotidien centriste Cumhuriyet, coupables d'avoir prouvé les livraisons d'armes turques à Daech en Syrie. Les deux journalistes, Can Dündar* et Erdem Gül, avaient en effet publié des documents et des photos de camions des services secrets turcs acheminant ces armes : un millier d'obus de mortier, 80 000 munitions  de  tout calibre  et des centaines de lance-grenades... La semaine dernière, le procureur a annoncé que Gül et Dündar allaient écoper de vingt ans de prison pour « espionnage politique et militaire ». Quant à M. Erdogan, il a déclaré : « Peu importe si ces camions transféraient des armes. » Son double jeu s'affiche impunément.  

    Peu importe, en effet ! Ankara a aggravé (en soutenant Daech) la fuite de milliers de Syriens qu'il a dirigés ensuite vers l'Europe. Pendant qu'il se plaint de n'avoir pas les moyens de faire face à ce déferlement de réfugiés, M. Erdogan alimente la guerre qui pousse les réfugiés dehors. Mais l'Europe fait semblant de ne rien savoir et donne à M. Erdogan ce qu'il exige ; elle se met ainsi dans une situation de victime d'un chantage sans fin.  

    Sans compter ce paradoxe : les plus « européens » des Européens ferment les yeux sur le chauvinisme tyrannique du régime d'Ankara, profil politique que l'UE interdit pourtant à ses membres ! M. Orban (qui en fait bien moins) est conspué à Bruxelles, mais  M. Erdogan est salué avec chaleur. 

    Cette faiblesse est inouïe. Et elle est structurelle : sa cause est l'esprit même de la construction européenne (l'esprit d'une entreprise sans esprit). Aucune incantation ne peut masquer cela... Conçue pour « jouir des dividendes de la paix », comme annonçait le malheureux Fabius il y a vingt-cinq ans, l'UE part en morceaux dès qu'il n'y a plus de paix – ni de dividendes ! 

    _______________ 

    * Lauréat 2015 du prix de Reporters Sans Frontières.

     Patrice de Plunkett : le blog

     

  • Régionales : un premier tour dévastateur

     

    par Nicolas Julhiet

    Une excellente analyse dans Politique magazine. En forme de tour d'horizon

     

    Avis aux retardataires : sortez les petits-fours et installez-vous confortablement devant vos téléviseurs. Le spectacle offert par la politique française, à l’issue du premier tour des élections régionales, est à ne manquer sous aucun prétexte dès lors que l’on est amateur du genre. A gauche et à droite, la panique se généralise. Du grand cinéma ! Les acteurs jouent parfaitement leur rôle. L’heure est aux calculs, aux petits arrangements, aux tractations… Avec un objectif clair : « faire barrage au Front national ». A gauche, ceux qui sont arrivés troisième sont invités à se retirer – sauf en Alsace, où le candidat résiste. A droite, les candidats se maintiennent en prônant un « ni-ni » qui ne leur coûte rien. Une posture d’intransigeance à peu de frais… qui ne trompe plus personne.

    Au PS, les dégâts sont lourds. La nouvelle popularité de François Hollande, qui a connu un fort regain après les attentats du 13 novembre, n’a pas suffi à créer une dynamique favorable. De toute façon, personne ne s’étonne plus que les élections intermédiaires soient remportées par un parti de l’opposition. C’est une habitude française. Mais cette fois, ce ne sont pas les Républicains qui en profitent mais le Front national : et même si le parti de Marine Le Pen ne remporte qu’une seule région – il pourrait raisonnablement en enlever trois -, il serait le grand vainqueur de cette élection. Ceux qui expliquaient que les sondages qui montraient sa spectaculaire progression étaient gonflés artificiellement pour mobiliser les autres électeurs se retrouvent bien sots depuis hier. La présence du FN au second tour de la prochaine présidentielle passe de l’hypothèse à la quasi-certitude. Les chroniqueurs politiques, comme Thierry Arnaud, l’ont acté.

    Pour l’ex-UMP, en revanche, il sera difficile de triompher dimanche 13 décembre : les victoires qu’il obtiendra ne le seront pas à la régulière. Il lui faudra en effet compter sur les voix de gauche pour espérer l’emporter. Une pensée, au passage, pour les socialistes qui devront glisser, la mort dans l’âme, un bulletin « Estrosi » dans les urnes… Quel sens du sacrifice et du devoir républicains ! Un élu PS du troisième arrondissement de Marseille, interrogé sur BFM-TV, confessait s’y résoudre avec abnégation. Une perspective qui, visiblement, avait empêché le pauvre hère de trouver le sommeil.

    Cruelle désillusion, aussi, pour Nicolas Sarkozy. Que les Républicains ne virent pas en tête au premier tour pourrait lui coûter cher en terme de légitimité à être candidat à la présidentielle de 2017. Sur les plateaux de télévision, les chroniqueurs politiques annoncent déjà avec gourmandise les règlements de comptes à venir au sein de la « droite de gouvernement ». C’est simple : à l’unité feinte des ténors de l’ex-UMP cette semaine succédera, le lendemain même du second tour, une mise à mort de l’ancien président qui sera alors accusé de tous les maux. Déjà, quelques voix dissidentes se font entendre : celles de Nathalie Kosciusko-Morizet ou de Jean-Pierre Raffarin, en désaccord avec le « ni-ni » prôné par le parti.

    Mais ce sont tous nos politiciens qui semblent avoir perdu le nord face à cette nouvelle donne électorale. En être réduit à proposer, comme l’a fait Julien Dray chez Jean-Jacques Bourdin (BFM-TV), une « alliance arc-en-ciel des partis progressistes » et appeler à la fondation d’un nouveau Conseil national de la résistance, montre dans quelle impasse les partis traditionnels se trouvent. Même une Ruth Elkrief, éditorialiste particulièrement modérée de la même chaîne, expliquait ce matin que « le système est à bout de souffle ». Que trouveront-ils à dire, dimanche prochain ?