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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse et d'actualité de lafautearousseau...

     

    À Marseille, le policier restera en prison, au moins jusqu'à fin août ! Comme elle sait être inflexiblement dure, notre (in)Justice, quand il s'agit de policiers et là où une assignation à résidence suffisait; elle qui se montre si scandaleusement douce envers les délinquants/razzieurs/casseurs...!

    Encore un mauvais signal envoyé par la partie de la magistrature gangrenée par l'idéologie et la politique (d'extrême-gauche, évidemment !) : même Mitterrand s'en était rendu compte, qui disait "Méfiez-vous des Juges : ils ont détruit la Monarchie, ils détruiront la République..."

    Nul n'est au-dessus des lois, nous bassine-t-on en ce moment. Donc, les Juges non plus ? Qui les jugera ?

    Voilà l'une des réformes majeures de la révolution à mener : établir la responsabilité des Juges, qui devront rendre compte de leurs actes et décisions (comme celui qui à laissé en liberté le violeur afghan dans le Cotentin parce qu'il "n'avait pas les codes" !

     N'est-ce pas un certain Éric Dupond-Moretti qui disait, à peine nommé ministre de la Justice : "...il faut aussi mettre en place un système de responsabilité des juges, qui passent à travers les mailles du filet, quoi qu'il se passe..."

    Au boulot, Éric !

     

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    Fabien Bouglé met les points sur les i et rappelle un passé pas si lointain... : après que les escrolos - sous Jospin - aient saboté Super Phénix, Macron a tué Astrid : 

    "...On avait déjà dépensé 700 millions d'euros dans le projet Astrid successeur de Superphénix... Macron a supprimé le projet pour lequel nous avions 30 ans d'avance, qui aurait permis d'assurer 1.000 à 2.000 ans de souveraineté énergétique..."

    Au profit de qui, et sous les pressions de qui, ces folies répétées ? De nos ennemis allemands, bien sûr !

    (extrait vidéo 2'13)

    https://twitter.com/EmilieDefresne/status/1683830202919538689?s=20

     

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    1. Hausse du prix de l'électricité : quand "La France se couche devant l'Allemagne !" Loïk Le Floch Prigent, industriel, et Nicolas Meilhan, Ingénieur sur les sujets du transport et de l'énergie, expliquent pourquoi nous devons refuser les hausses artificielles et comment nous en sortir...

    (vidéo 24'39)

     

    2. Hélas, c'est  vrai... De SOS Éducation : "L’École fabrique des masses de jeunes violents et incultes." Une enseignante raconte dans un essai les problèmes qui minent le système scolaire en France :

    https://www.epochtimes.fr/lecole-fabrique-des-masses-de-jeunes-violents-et-incultes-eve-vaguerlant-2378108.html?utm_medium=email&utm_campaign=daily&utm_source=dailymail

     

    3. Jean-Christophe Buisson dénonce inlassablement... L'horrible Holodomor des Ukrainiens, hier, par Staline, c'est le sort réservé, aujourd'hui, aux Arméniens par le monstrueux tandem Erdogan/Aliev :

    "Magistrale analyse de la situation tragique de l'#Artsakh #HautKarabakh dans @laregledujeuorg par @AraToranian, qui compare ce que font Aliev et Erdogan aux #Armeniens à ce que fit Staline aux #Ukrainiens dans les années 30 : un génocide par la faim."

    https://laregledujeu.org/2023/08/02/39537/la-loi-du-panturquisme/

     

    4. Même repris par un semble-président du Système qui nous déclasse inexorablement, un grossier mensonge reste un grossier mensonge... :

    "Nous avons toujours été un pays d’immigration et nous continuerons de l’être”",

    déclare ce pauvre Emmanuel-Macron-l'ignare/l'inculte alors que ce propos constitue une contre-vérité historique flagrante :

    il n'y a eu que très peu d’immigration en France avant le milieu du XIXème siècle;

    encore celle-ci fut-elle rendue nécessaire par les conséquences désastreuses de la Révolution, dans une France qui était "la Chine de l'Europe" sous Louis XVI : 30 millions d'habitants (soit 17% de la population européenne, "de l'Atlantique à l'Oural"), l'Espagne bien loin des dix millions, le Royaume-Uni même pas 9 millions et les Allemagnes ne comptant pas, grâce aux bienfaisants Traités de Westphalie, qui en avaient fait une poussière d'États (plus de 350, "la croix des géographes...)...

    • mais la Révolution fit 600.000 morts (avec le Génocide vendéen) et un million et demi, avec la folle guerre qu'elle déclencha, et qui s'acheva à Waterloo; plus les 500.000 Français "perdus" lors des Traités désastreux de 1815...

    • après, il y eut encore le million et demi de morts supplémentaire de 14 et les 600.000 de 39 : au total, depuis la sinistre Révolution, presque cinq millions de Français "évaporés", disparus : quel pays pourrait supporter une telle saignée en moins de deux siècles ?

    alors, oui, à un moment, il y eut bien une immigration en France, fin XIXème et début XXème : mais, comme le disait le précédent roi du Maroc, Hassan II, c'était "une immigration est/ouest", qui nous amenait des Européens aux fondamentaux identiques aux nôtres. 

    • c'est Chirac, en 75/76, avec son maudit "regroupement familial, qui a commencé à dé-franciser la France et entamé le "changement de Peuple", par une immigration aussi massive qu'incontrôlée, mais cette fois "nord/sud", comme le remarquait Hassan II?, avec des personnes dont un grand nombre (mais pas toutes...) ont des fondamentaux radicalement opposés aux nôtres; or, comme le disait Pierre Boutang, il y a place, en France, pour plusieurs communautés, mais pas pour deux civilisations : d'où nos problèmes actuels, qu'il faudra bien résoudre un jour, en faisant sortir de chez nous la partie inassimilable qu'on a follement laissé entrer...

    Nous dédions aujourd'hui à cet ignare/inculte de Macron cette très courte note avec vidéo que nous avons proposée à nos lecteurs le... 7 janvier 2011 ! :

    HASSAN II avait prévenu : "ils ne seront jamais 100% Français"...

     

    5. Comment ne pas être d'accord avec Jean Messiha ?

    "L’Ukraine nous a coûté 2 milliards €. Les Mineurs étrangers Non Accompagnés coûtent 2 milliards € par an. L’Aide Médical d’Etat nous coûte 1,5 milliard € par an. Il ne fallait que 7 millions € pour sauver cette église en Mayenne. La préférence étrangère est une trahison."
     
    (extrait vidéo 0'15)
     
     
    https://photos.tf1info.fr/images/1280/720/eglise-mayenne-ed72fa-0@1x.jpeg

     

    6. Après Hedi, c'est Jallil : encore un qui se plaint de violences policières ! Comme le dit justement Bruno Attal :

    "C’est fou le nombre de victimes qui se promènent pendant des émeutes, qui courent quand ils voient des policiers. Qui sont juste à côté des émeutiers qui lancent des mortiers. C’est fou cette coïncidence qu’ils soient connus de la police pour des dizaines de faits. C’est fou le nombre de Mathéo et Kevin."

     

    7. On nous a longuement parlé du "jour du dépassement", à savoir de ce jour à partir duquel l'humanité a consommé tout ce que la Planète peut offrir sur une année. Fort bien, et il faut, évidemment, réagir. Mais on nous parle beaucoup moins d'un autre jour, que Noir Lys a chois de rappeler, à bon droit :

  • Éphéméride du 2 novembre

    Chardin, Bulles de savon (1734), New York, Metropolitan Museum of Art

     

    1699 : Naissance de Jean-Baptiste Siméon Chardin 

    Parfois traité, à tort, comme un talent de deuxième rang, assez souvent même carrément oublié, Chardin mérite largement mieux.

    Théophile Gautier a écrit sur lui le beau jugement suivant : 

    "De plus, la peinture de Chardin a le mérite de ne relever d’aucune école, d’être éminemment à lui. Par l’exquise finesse, par l’heureuse simplicité de ses agencements, il est l’égal des Hollandais; par la largeur de sa touche, par la fermeté de sa pâte, par la sûreté magistrale de son procédé, il n’a rien à envier aux naturalistes espagnols et napolitains. Il a de plus qu’eux la finesse de la demi-teinte et la légèreté du pinceau, l’harmonie douce et caressante des fonds.

    Les trop rares échantillons de Chardin que possède le Louvre font vivement désirer qu’il s’enrichisse de quelques nouvelles productions de ce maître, à notre gré l’une des plus sérieuses et des plus charmantes gloires de notre école."

     

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    Le Bénédicité 

    On pourra se forger une bonne opinion de l'artiste et de son oeuvre en consultant l'excellent sujet proposé par l'Encyclopédie de l'Agora  : 

    http://agora.qc.ca/dossiers/Jean-Baptiste-Simeon_Chardin 

    (En plus de précieuses informations, ce dossier permet de visualiser, en les agrandissant, jusqu'à 46 tableaux du maître...)

     

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    1808 : Naissance de Jules Barbey d'Aurevilly


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    Léon Daudet, alors enfant, le regarda, émerveillé, un soir... :
     
    "Le public a été deux fois injuste envers lui : d'abord en ne lui accordant pas la considérable place à laquelle il avait certainement droit; ensuite en grossissant sa légende de dandy ridicule, au détriment de son singulier génie....

    ...Il avait la tête dans les cieux. Il ne ressemblait pas aux autres hommes de lettres. Ses aphorismes, ses condamnations, ses éloges tombaient de haut.
              
    Un jour d'hiver, par un froid sec, mon père l'emmena, de chez Lemerre, jusqu'à un restaurant des Champs-Élysées, encore ouvert et bien chauffé, dont je ne me rappelle plus le nom. Tous deux parlaient vivement de Flaubert, que défendait avec passion Alphonse Daudet, qu'attaquait avec passion Barbey D'Aurevilly. Je marchais à côté d'eux très attentif et intéressé, car Flaubert, chez nous, était roi.

    Une fois installés : "Que prenez-vous ?"...

     
    — "Du champagne", répondit d'Aurevilly comme il aurait dit : "De l'hydromel."

    Vieux guerrier édenté, au verbe sifflant et irrésistible, il avala coup sur coup quatre, cinq verres de cet argent liquide et mousseux. Puis il se mit à parler, si fort et si bien, que la caissière émue ne le quittait pas du regard. Mon père lui donnait la réplique. Le soir venait. On alluma le gaz et, au bout d'une heure environ, étant derechef altéré, ce démon de Barbey redemanda : "Une seconde bouteille de champagne, madame, je vous prie." J'étais émerveillé. Il portait ce jour-là, pour cette prouesse improvisée, un grand manteau noir flottant, doublé de blanc, et le fond de son chapeau haut de forme était de satin écarlate. Mais qui donc aurait eu envie de rire en entendant de pareils accents !

    Sa voix ajoutait au prestige. Il l'enflait, puis la baissait harmonieusement. Il eût fait un orateur consommé. Perpétuellement tourné vers ce qui est grand, généreux et original, il possédait un répertoire d'exploits galants et militaires, où le farouche le disputait au précieux dans un excellent dosage très français. Imaginez une interpolation des Vies des dames galantes de Brantôme avec les Vies des grands capitaines. Son horreur de la vulgarité s'affirmait, quand il disait à mon père : "Votre Zôla", comme s'il y avait eu sur l'o plusieurs accents circonflexes et dépréciateurs..."
     
    LÉON DAUDET, Souvenirs et polémiques, Paris, Robert Laffont, collection "Bouquins», 1992, p. 50-51.

     

    • Dans notre album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet, voir la photo "Mon auteur, c'est Barbey d'Aurevilly"

         

             Voir aussi notre Éphéméride du 23 avril, jour de sa mort...
     
     
     

    Et, puisque les archives de l'INA nous le proposent : 

    Le Chevalier des Touches de Claude-Jean Bonnardot (1966). Durée 1h28.


     
     
     

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    la Table des Matières des 366 jours de l'année (avec le 29 février des années bissextiles...),

    l'album L'Aventure France racontée par les cartes (211 photos),

    écouter 59 morceaux de musique,

    et découvrir pourquoi et dans quels buts lafautearousseau vous propose ses Éphémérides  :

    Éphémérides de lafautearousseau.pdf

     
     lafautearousseau
  • Éphéméride du 2 mars

    1584 : Commande du phare de Cordouan  

     

    Il est fréquemment appelé "Le phare des rois, le roi des phares".

    C'est le maréchal de Matignon, Gouverneur de Guyenne, qui charge Louis de Foix, ingénieur et architecte, de le construire, sous le règne d'Henri III. 

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    1707 : Naissance de Louis-Michel Van Loo

             

    Fils de Jean-Baptiste Van Loo, et comme lui peintre et portraitiste renommé, il est l'auteur, entre autres, du célèbre portrait de Diderot (ci dessous). 

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    1733 : Mort de Claude de Forbin

     

    Sans doute l'un des plus grands amiraux que la France ait connu, il eut véritablement une carrière hors du commun : d'abord marin, puis Mousquetaire du Roi, il revint dans la marine, et échappa de peu à une condamnation à mort pour avoir tué un rival en duel; il devint Gouverneur de Bangkok, Amiral de la flotte siamoise et Généralissime.

    Il combattit aux côtés de Jean Bart, fut prisonnier avec lui, s'évada, traversa la Manche en canot, puis guerroya aux côtés de Duguay-Trouin et inscrivit près de 70 navires à son tableau de chasse, avant de rentrer mourir paisiblement chez lui, à Marseille, en son château de Saint Marcel, à 77 ans...

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    Par Antoine Graincourt, XVIIIème siècle, Musée de la Marine

    http://www.netmarine.net/bat/ee/forbin/celebre.htm

     

     

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    1941 : Victoire et Serment de Koufra

     

      "Jurez de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs flotteront sur la cathédrale de Strasbourg"

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    Le serment de Koufra, par Michel Lenglet 

     

    • http://www.herodote.net/2_mars_1941-evenement-19410302.php

      

      Dans notre Album L'aventure France racontée par les cartes, voir les deux photos "La 2ème DB, de Douala à Berchtesgaden (I/II)..." et "...en passant par la Normandie (II/II) !"

              

    • Écouter : Musiques Des Equipages De La Flotte Toulon - Marche De La 2eme DB.mp3

     

     

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    1964 : Premier Salon de l'Agriculture

     

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    Ministre de l’Agriculture sous la présidence du Général de Gaulle, Edgar Pisani est le fondateur du Salon international de l’Agriculture, successeur de la "Semaine de l’Agriculture à Paris". Le 2 mars 1964, il inaugure ici la première édition. 

     http://www.salon-agriculture.com/

     

     

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    1969 : Premier vol du Concorde

     

    Le supersonique franco-britannique Concorde OO1, encore à l'état de prototype, réalise son premier vol inaugural dans le ciel de Toulouse.

    Le pilote, André Turcat, vole pendant 27 minutes. Fruit de la coopération de la British Aircraft Corporation er de Sud-Aviation, il transportera ses premiers passagers le 21 Janvier 1976, vers Rio de Janeiro.

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    2004 : Lancement réussi pour Ariane V, qui emporte la sonde européenne Rosetta
      

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    Douze ans et demi plus tard, le vendredi 30 septembre 2016, ce sera la fin de la mission : les scientifiques feront s'écraser la sonde sur la comète Tchouri.
     
    Mission terminée, et accomplie :
     
     
     
     
     
     

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    la Table des Matières des 366 jours de l'année (avec le 29 février des années bissextiles...),

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  • Tolkien...les songes nous guident, par Frédéric Poretti-Winkler.

    "Les mythes que nous tissons, même s’ils renferment des erreurs, reflètent inévitablement un fragment de la vraie lumière, cette vérité éternelle qui est avec Dieu. » (J.R.R Tolkien)
    Comment ne pas remonter au fond des âges dits « obscurs », qui ne sont en fait que la possibilité du tout, de l’humain comme des éléments de la création. De ces instants d’une nature non policée aux confins des mondes où règnent encore les divinités et dieux multiples, aux premières pénétrations du christianisme. On découvre alors l’extrême adaptation des sociétés naissantes, aux périls et risques nombreux, comme aux aventures merveilleuses. C’est là que parmi les forêts vivent encore Elfes et Trolls, Gobelins et Orques divers.

    frédéric winkler.jpg Ces mondes de l’imagination, des contes et légendes, nous habitent, enfin, pour ceux dont l’esprit s’évade et s’envole. Ceux pour qui la vie demeure dans le regard et l’écoute des merveilles de la nature, l’essence de la vie. Pour ceux dont la dimension du monde n’est pas que matérialiste, dont l’invisible est multiple, étendu et souverain. Ce monde que Tolkien nous a décrit et qui vit à travers ses ouvrages mais pas que…
    Dans « La Communauté de l’anneau (Le Seigneur des Anneaux, Tome 1) », Tolkien s’exprime à travers ses personnages : « Tout ce qui est or ne brille pas. Tous ceux qui errent ne sont pas perdus. Le vieux qui est fort ne dépérit point. Les racines profondes ne sont pas atteintes par le gel. Des cendres, un feu s'éveillera. Des ombres, une lumière jaillira ; Renouvelée sera l'épée qui fut brisée, Le sans-couronne sera de nouveau roi. » Une émission récente mettait en valeur la vie de Tolkien : « Le fantastique fait puiser dans la réalité afin d’être fascinant » (A la recherche du Hobbit, Les Mondes de Tolkien). Tolkien nous fascine, faisant de son œuvre un hymne à la nature, à travers ses interprétations des contes et légendes médiévales revisités par son esprit fertile. Les dessins fantastiques qui inspirèrent les décors sont « une sorte d’alchimie, de mélange entre deux choses, il faut que la forme soit imaginative et fabuleuse mais que la matière, les textures et les couleurs soient réelles. Donc il faut regarder, regarder » dit l’excellent dessinateur John Howe. Celui-ci, parcoure les espaces presque inviolés de la Nouvelle Zélande où furent tournés les scènes du Seigneur des anneaux de Peter Jackson. Tolkien fait partie de notre univers comme de nos idées proches. Il exprime ses pensées à travers ses œuvres, comme il désigne l’adversaire dans les combats du « Seigneur des Anneaux ». L’adversaire est ce monde industriel, celui d’une course effrénée, dénoncé jadis par Bernanos, qui pervertit les paysages et détruit l’environnement comme nos vies. Dans Le Silmarillion, au chapitre 8, dans « Le Crépuscule de Valinor », on peut y lire : « Alors la Lumière Noire d’Ungoliant s’étendit jusqu’à noyer les racines des Arbres et Melkor s’élança sur la colline. D’un coup de sa lance de ténèbres, il blessa chaque arbre jusqu’au cœur d’une plaie béante et la sève se mit à couler comme du sang et se répandit sur le sol. Ungoliant alors aspira la sève et vint coller son bec noir sur les blessures jusqu’à ce qu’elles fussent exsangues. Puis le poison mortel qui courait dans ses veines vint envahir les Arbres et dessécha les racines, les branches et les feuilles, et ils moururent. Ungoliant avait encore soif et se jeta sur les Citernes de Lumière pour les assécher. A mesure qu’elle buvait, son corps exhalait des vapeurs noirâtres et s’enflait d’une manière si monstrueuse et gigantesque que Melkor lui-même fut pris de peur ». C’est le fruit du Libéralisme, de l’argent-maître, qui corrompt comme soumet les peuples à l’esclavage comme à la numérotation des êtres.
    Notre univers est ailleurs, il est vrai, éternel comme bon et beau, il est la vie. C’est celui du royaume des fleurs et des plantes, aux multiples essences, des plaines aux coteaux, abritant quelques ruines éparses, qu’abritent de vieux saules, que courtisent ronces et lierres. C’est l’infini des forêts profondes et sombres, qu’entrecoupes quelques champs aux cultures variées, dont les étés parfument l’approche des belles. C’est le monde de l’infiniment petit, des abeilles travaillant inlassablement à la vie par la pollinisation jusqu’au miel. Au-delà des univers gris d’un monde consumériste : « Je ne dirai pas : ne pleurez pas, car toutes les larmes ne sont pas un mal » disait Tolkien. Ce sont les oiseaux qui chantent, sous l’œil curieux des écureuils et les multitudes oubliées. Mais aussi les roches parmi des grottes aux secrets enfouis, aux montagnes multiséculaires, que des sources et cascades enveloppes de doux bruits d’une eau qui nous apporte fraîcheur et santé. C’est cet univers que l’on néglige, qui est « nous », notre vie, qui fait notre bonheur et celui de nos descendances. C’est ce monde sous l’œil des cerfs aux larges bois tandis que court encore ours et loups (Fenrir dans la mythologie nordique) à l’affut des prises pour la régulation écologique des mondes. La « Blanche Biche », comme disait la vieille chanson, finit sur la table des convives parce que nous avons négligé sa défense, continuerons-nous ainsi ? Sylvebarbe, maître des Ents, s’exprime en ces mots : « Il fut un temps où Saroumane se promenait dans mes forêts. A présent, il a un esprit de métal et de rouages et il ne se soucie plus des choses qui poussent » (Tolkien). Le triomphe du bien sera naturel par les eaux, libérés grâce aux arbres, dont nous pouvons facilement imaginer la souffrance aujourd’hui, comme nos terres, en ces temps de pollution impunis. Nos actes quotidiens forment ces petits cailloux qui peuvent ensoleiller l’existence, la nôtre comme celle de nos proches, Tolkien s’exprime encore : « Saroumane pense que seul un grand pouvoir peut tenir le Mal en échec. Mais ce n'est pas ce que j'ai découvert...Je crois que ce sont les petites choses, les gestes quotidiens des gens ordinaires qui nous préservent du Mal. De simples actes de bonté et d'amour ». Nous savons que le mal peut dominer, qu’il peut même donner l’illusion d’être irréversible mais qu’importe, même si la lutte semble désespérée voir inutile, nous marchons avec les siècles, avec cette sève, qui guidait jadis les leudes tombant avec Roland à Roncevaux. Ecoutons Alfred de Vigny : « Ames des Chevaliers, revenez-vous encor ? Est-ce vous qui parlez avec la voix du Cor ? Roncevaux ! Roncevaux ! Dans ta sombre vallée. L'ombre du grand Roland n'est donc pas consolée ! » Rien n’est impossible, Jehanne l’a prouvé lorsqu’elle fit face et retourna une situation perdue d’avance autour d’Orléans. Rien n’est écrit quand Baudouin, le corps couvert de souffrances, genoux à terre face aux templiers, lança son ost dans la marée musulmane de Saladin, écoutons Tolkien : « Comme ceux qui vivent des heures si sombres, mais ça n'est pas à eux de décider. Tout ce que nous pouvons décider c'est que faire du temps qui nous est imparti. Il y a d'autres forces en œuvre dans ce monde à part la volonté du Mal ».
    C’est une épopée dont les récits nous entraînent ailleurs mais pas tant finalement que cela, si nous reprenions en main notre destin. Les chevaliers de la Table ronde hantent notre mémoire occidentale comme les récits des temps médiévaux, où contaient fabliaux et chansons aux belles de jadis, trouvères comme troubadours. Les chevaliers jaillissaient du creuset populaire pour étendre la justice et constituer au fil des siècles, une noblesse vivant du « chant de l’épée », au service des autres. Tout est symbole et engagement, tant sur la parole que sur les actes, l’anneau, la fidélité, le blason, Tolkien s’exprime en ces mots : « Le monde a changé… Beaucoup de ce qui existait jadis est perdu car aucun de ceux qui vivent aujourd’hui ne s’en souvient ». Le mal est engendré par des actes prométhéens de manipulations génétiques dont certains aujourd’hui aimeraient ouvrir la « boite à pandore », les robots militaires en sont un exemple. Tolkien le dénonce avec la création des forces obscures dans le mélange des gobelins et des orques. Les fondamentaux essentiels sont là, ceux de l’éternel combat entre le bien et les forces du mal, représentés par le machinisme technique à outrance, dans « Le Seigneur des Anneaux » comme la perversité du pouvoir de l’argent, dans « Le Hobbit, la bataille des 5 armées », Thorin dit : « Si plus de gens chérissait leur foyer plus que l’or. Ce monde serait un endroit plus joyeux ». Ce combat est celui de la chrétienté depuis la nuit des temps, entre les Tables de la loi et le veau d’or, entre l’invisible et le matérialisme, finalement entre la vie et la mort…
    Selon Léo Carruthers, médiéviste, John Ronald Reuel Tolkien, après avoir étudié le latin et le grec, se passionna pour l’ancien germanique, le gothique, l’ancien anglais puis les vieilles langues nordiques des scandinaves. Il se plongea dans la lecture de l’Edda poétique, la grammaire finnoise découverte dans les textes mythologiques du Kalevala d’Elias Lönnrot, La langue norroise (vieil islandais) faisait aussi partie de ses passions. J’ai encore en mémoire la Saga d’Egill, fils de Grimr le Chauve, disant : « La fin est tout. Maintenant encore, elle est au sommet de la gloire et attend. La vie s’écoule et je dois la quitter. Face à ma fin, non pas néanmoins dans le deuil et la détresse, mais d’un cœur viril ». Lisant la Saga de Njàll le Brûlé, Tolkien disait que : « les meilleures sagas sont les islandaises, et pour dépeindre la vie et le caractère des hommes vaillants – de notre propre sang, qui sait - ont vécu et aimé, ont combattu, ont voyagé, et sont morts. L’une des meilleures (…) est la Völsunga Saga – un récit étrange et glorieux (…). Il nous révèle le plus grand génie épique qui soit, passant, par une lutte acharnée, de la sauvagerie à une totale et consciente humanité ». Les Trolls viennent de ces récits. La littérature médiévale était le jus même de son inspiration. Il avait cet amour des mots, la recherche des racines, du sens comme de la forme, des expressions disparues, de cette science nommée philologie (grec ancien φιλολογία, phĭlŏlŏgĭa).
    Il est inutile de dire que son esprit alla aussi puiser dans l’antiquité grecque, puisqu’il en étudia la langue ancienne. Qui ne frémit aux noms des héros oubliés d’Hector à Achille, en passant par Ulysse et les demi dieux de l’Olympe. Qui, chez ceux dont le sang boue dans les veines, n’entend pas le poème de Simonide de Céos « Passant, va dire à Lacédémone que nous sommes morts ici… », au passage des Thermopyles avec les spartiates de Léonidas, dont on retrouve chez Tolkien, les signes de bravoure et sacrifices. La transformation des êtres en statue de pierre avec les trolls, au chapitre II, dans Bilbo le Hobbit, nous ramène à Persée avec la Gorgone ou Méduse (en grec ancien : Μέδουσα), et autres chimères…
    Dans ces mondes créés par Tolkien, cartographies et histoires naissent, peuples et identités mêmes jusqu’aux langues elfiques proches du gaélique qu’il inventera par ailleurs en disant : « Les récits furent imaginés avant tout pour constituer un univers pour les langues et non pas le contraire ». Il va même très loin, avec ses dialectes et ses différences dans le « Haut elfique », comme le « Quenya » qu’il créa vers 1915. Perfectionniste à souhait il désirait que sa langue soit vivante avec ses particularités, inclinaisons comme son passé et son avenir, le Silmarilion en fut le fruit. Il se plongea dans les mythes, contes et légendes, dans un travail passionné et infatigable, reprenant le jus même des épopées médiévales dans un creuset que son esprit va reprendre à travers ses œuvres aboutissant à une création mythologique originale sortie de sa propre imagination. Tout y est, poèmes épiques et chants, où chacun se sent comme emporté dans cette identité venant du fonds des âges dans un rendez-vous vers la « Terre du milieu ». Je me souviens du film sur Patton où devant Carthage, parlant des combats épiques avec les Romains, le général disait : « A travers l’enfantement des siècles, dans les pompes et les vicissitudes de la guerre, je me suis battu ; j’ai lutté désespérément et mon sang a coulé des milliers de fois sous les étoiles. Suivant une route sans fin, cette lutte immémoriale je l’ai menée sous tant de drapeaux, tant de noms. Mais c’était toujours moi. » (George C. Scott incarnant George Patton). C’est tout un univers qui s’articule avec ses passions et ses récits, son romantisme et ses sagas, sorte de dimension parallèle pour ceux qui suivent ses périples. Les princesses ne manquent d’ailleurs pas, Eowyn l’elfe, les symbolise. Comme aussi Arwen face aux cavaliers de l’apocalypse dont elle déchainera les eaux, symboliquement représentés par des vagues de chevaux, après des incantations qui ne sont pas sans rappeler le langage gaëlique. L’enterrement de Theodred, épée en main, gisant sur le champ de bataille, retrouvé par Eomer, demeure aussi un moment fort, de la mythologie chevaleresque émotionnelle, sous le chant de sa sœur Eowyn. On entend dans la « La Communauté de l’Anneau » : « La mort n'est qu'un autre chemin qu'il nous faut tous prendre. Le rideau de pluie grisâtre de ce monde s'ouvrira, et tout sera brillant comme l'argent... Alors vous les verrez... Les Rivages Blancs ! Et au-delà... la lointaine contrée verdoyante, sous un fugace lever de soleil ». Le magicien Gandalf rappel la profondeur de Merlin, sans parler des ressemblances avec le dieu Odin, dans les mêmes errances, lorsqu’il dirige contre Saroumane le combat au gouffre de Elm. Le combat sera terrible avec l’arrivée du Rohan avec la préparation de la charge par la harangue du roi Théoden : « Gamelin, suivez l'étendard du roi au centre ! Grimbold, menez votre compagnie à droite quand vous aurez passé le mur ! En avant ! Ne craignez aucune obscurité ! Debout ! Debout cavaliers de Theoden ! Les lances seront secouées, les boucliers voleront en éclats, une journée de l'épée, une journée rouge avant que le soleil ne se lève ! ... » Les cors de la cavalerie sonnent la charge, une bataille mythique commence. Ces sons qui déchirent les brumes du matin et qui retentissent du fond de l’histoire, de Roland à Roncevaux jusqu’aux batailles épiques. Les vers de Verlaine pourraient illustrer l’instant : « Voix de l’Orgueil : un cri puissant comme d’un cor. Des étoiles de sang sur des cuirasses d’or. On trébuche à travers des chaleurs d’incendie…
    Mais en somme la voix s’en va, comme d’un cor » (Verlaine, Sagesse, XIX). La présence d’Aragorn rappel Siegfried ou Sigurðr en vieux norrois, ou Sigurd, Edda de Snorri et la « légende des Nibelungen », interpelle nos souvenirs lointains du massacre de 20.000 Burgondes par Attila au IVe où Ve siècle de notre ère. Remontant le Rhin, passant par le château de Rheinfels vers Worms, l’ancienne capitale de Burgondie, notre esprit s’évade vers la tragique vie de Brunhild. La présence de l’anneau, la cape rendant invisible, le dragon Fàfnir et les nains semblent ressurgir avec l’œuvre de Tolkien.
    Signalons l’arrivée providentielle des morts errants dans les nimbes pour la « journée de l’épée, une journée rouge », suite à la charge des « Rohirrim » à la bataille des champs du Pelennor. La mythologie semble dominer mais n’y a-t-il pas pas aussi, une part de rêve dans notre existence et que serions-nous sans cela ?
    Le chemin de la libération est clair, il se désigne sous le nom du Roi, mais pas n’importe lequel, celui qui possède des valeurs et qui est à cheval, aurait dit Bernanos. Celui qui vient du fond de nos consciences, sang divin de la terre du peuple et qui symbolise la chevalerie éternelle, dont nous sommes les serviteurs, « peuple et Roi » sont de droit divin disait Marcel Jullian. En 1943, s’adressant à son fils Christopher, Tolkien dit : « Mes opinions politiques penchent de plus en plus vers l’Anarchie (au sens philosophique, désignant l’abolition du contrôle, non pas des hommes moustachus avec des bombes), ou vers la Monarchie « non constitutionnelle ». Ce roi, cet homme est celui qui unit, et non qui divise comme le sont des parodies de gouvernants, que nous connaissons malheureusement aujourd’hui, toujours en recherche d’une légitimité qui leur échappe. Mais comment unir avec 20% de voix, obtenus avec le mensonge et les outils de la communication, triste réalité d’un monde moderne, si terne ! Tolkien d’ailleurs aurait pu prendre d’autres exemples de gouvernement pour ses histoires mais non, la royauté reste pure et prend d’ailleurs toute sa dimension élévatrice par la quête. Les héros doivent affronter les périls, se remettre en question et gravir les épreuves afin de devenir comme dans le Roi Arthur des preux ! La lutte s’engage contre les faux prophètes avec Saroumane où chefs d’un soir entraînant les peuples à la folie destructrice, dans « La Route perdue », écrit en 1936. Cette résistance est aussi contre ce règne du mal aveuglé par la souffrance faisant perdre tout repère humaniste, fruit de la folie des hommes, que seule la tempérance peut sauver, que l’on voit dans l’île de Númenor soumit par Sauron. Il dira plus tard, en 1956, ne pas être démocrate : « uniquement parce que « l’humilité » et l’égalité sont des principes spirituels corrompus par la tentative de les mécaniser et de les formaliser, ce qui a pour conséquence de nous donner, non modestie et humilité universelles, mais grandeur et orgueil universels »(Tolkien). C’est la raison qu’il faut garder comme la mesure dans toute chose, relire dans le doute les paroles de Jehanne d’Arc, montrant toujours les limites de tout acte et parole humaine. L’enseignement est là, les écrits ne demandent qu’à être lus et compris. Et puis qu’importe les grincheux s’exclamait Cyrano rêvant en regardant les quartiers de Lune, s’il nous plaît de voir ce monde différemment comme Tolkien le pensait. Si les rêves tracés de sa plume fleurissent le nôtre un peu trop parsemé de gris. Dans « Le Retour du Roi », Gimli dit : « Je n'aurais jamais pensé mourir aux côtés d'un elfe », et Legolas répond : « Et que pensez-vous de mourir aux côtés d'un ami ? ». Si paré d’un peu de naïveté antique nous reconstruisons un univers communautaire fait de serments et de fidélité où la noblesse des hommes ferait s’enfuir les êtres vils comme Alfrid, dans « Le Hobbit, la bataille des cinq armées ». Il s’agit de redonner une âme à ces temps de confusion, bref un sens à l’existence, c’est l’appel de Tolkien. C’est l’appel de l’espérance, de l’humain dans toute l’acceptation de sa dimension vivante, contre une société en perdition basculant vers l’enfer du numérique. L’homme doit réfléchir sur son destin comme de l’environnement naturel qu’il désire préserver et voir s’enrichir demain pour ses enfants. Nous sommes de ceux, trouvant encore plus de vie dans les ruines d’un château où un monastère que dans un centre de supermarché, il suffit de le comprendre. La grâce des papillons comme le chant des oiseaux, voir le bruissement de l’eau, nous parlent plus que la froideur des

  • Réponse à une candidature récente…, par Sr Sandra Bureau.

    Primatiale Saint-Jean, vue depuis la Saône.

    © Herbert Frank / CC by-sa

    Comme beaucoup, j’ai d’abord accueilli la publication de Madame Soupa, candidate à l’Archevêché de Lyon, comme un de ces pamphlets qui offrent si peu de sérieux qu’à peine lus on les jette à la poubelle... Pourtant, même chiffonnée, écartée de ma vue, cette publication laissait en moi une interrogation profonde : comment une femme, partageant la même foi que moi, se disant, comme moi, théologienne, pouvait-elle dire cela ? Comment pouvait-elle prétendre par-là défendre la place des femmes dans l’Église ? Mystère. C’est donc en femme, et en théologienne que je voudrais réagir.

    En théologienne d’abord. Il faut quand même avouer que l’argumentation de Madame Soupa présente des raccourcis saisissants, tant dans la forme (une ligne dans un tweet) que dans le fond. Et pour s’y laisser prendre il faut avoir plus de goût pour la polémique que pour la vérité et somme toute peu de culture chrétienne – il est d’ailleurs saisissant que Madame Soupa appelle des non-catholiques, voire des non chrétiens, à la soutenir. Qu’on me permette donc de faire droit à la pensée théologique ici réduite à l’insignifiance et à l’instrumentalisation. Madame Soupa affirme en effet : « Si ma candidature est interdite par le droit canon, c’est tout simplement parce que je suis une femme, que les femmes ne peuvent être prêtre et que seuls les prêtres, en devenant évêques, dirigent l’Église catholique. » C’est avoir une bien médiocre vision du droit canonique que d’affirmer cela. Car le droit de l’Église n’est pas au-dessus de l’Église et moins encore au-dessus de la Révélation, il est au service de l’une et de l’autre. Il n’y a pas de « tout simplement parce que je suis une femme » qui tienne. Il y a au contraire toute la cohérence de l’histoire sainte, de cette économie par laquelle Dieu a voulu nous rejoindre en son Fils Jésus Christ, se faire homme pour nous arracher au péché et à la mort. Si le droit affirme que seul un homme (vir) peut être ordonné, c’est parce que Jésus, en son Fils, s’est fait homme, parce qu’il a épousé une humanité singulière, masculine (vir). Ni l’Église, ni son droit, ne sont au-dessus de ce que Dieu veut et fait, et ce faisant de ce qu’il nous dit qu’il est et de ce qu’il nous dit que nous sommes. Si nous nous plaçons au-dessus du dessein de Dieu sur l’homme au lieu de nous placer sous son regard, sous sa main bienveillante, alors nous ne pouvons plus voir ce qu’il veut pour nous, et a fortiori nous ne pouvons plus voir la place qui est nôtre.

    Mais avant d’en venir à l’anthropologie, revenons à la théologie de l’Église. Si seuls les hommes peuvent être prêtres c’est précisément parce que notre religion est religion de l’Incarnation, c’est parce que nous prenons au sérieux ce qui s’est produit une fois pour toutes en Jésus-Christ ; dans sa chair, dans ses faits et gestes, dans ses paroles. Sans quoi d’ailleurs il n’y aurait pas de Nouveau Testament, d’Église, de Sacrements. Oui le Christ n’a appelé que des hommes à être Apôtre, que des hommes à « avoir part » avec lui : « Si je ne te lave pas les pieds, dit-il à Pierre, tu n’auras pas part avec moi » (Jn13,8). Cette « part » est précisément le sacerdoce, cette configuration à sa charge mais aussi à son être, elle est ce qui habilite les Apôtres, dans le mémorial de sa Passion, la messe, à dire, en lieu et place du Christ, « ceci est mon Corps, ceci est mon Sang ». Alors quand Madame Soupa affirme plus loin, pour défendre qu’une charge épiscopale peut être assumée par un laïc, que « les Douze compagnons de Jésus n’étaient pas prêtres. Pierre était même marié », elle omet pour le moins ce changement radical qui est intervenu à un moment de leur histoire et qui seul les a habilités à enseigner au nom du Christ, à sanctifier les fidèles et à diriger les communautés. Avec le sacerdoce de la Nouvelle Alliance, celui que confère le Christ, il ne s’agit plus comme dans le sacerdoce lévitique – dont effectivement ni les Apôtres, ni le Christ n’ont hérité – d’exercer simplement une charge mais de participer à la personne du Christ, de participer à celui-là seul qui est Prêtre, le Christ Jésus. Quant à dire que Pierre était marié, ou avait été marié, c’est indéniable puisqu’il avait une belle-mère ! Nous savons que le célibat sacerdotal est une grâce faite à l’Église latine, et que l’Église d’Orient admet des prêtres mariés. Mais jamais l’Orient n’a retenu cet argument pour un épiscopat marié, elle n’ordonne à l’épiscopat que des prêtres qui ont fait choix du célibat. Ne faisons pas fi de la Tradition.

    Si « les femmes ne peuvent être prêtre » ce n’est pas une déconsidération de la femme, c’est peut-être même sa considération la plus haute, en ne voulant pas faire des femmes ce qu’elles ne sont pas, des hommes – contrairement à notre civilisation occidentale que ne voit l’avènement de la femme que dans son égalité pour ne pas dire sa confusion avec l’homme. Jésus est libre, libre comme personne de nous ne le sera jamais, libre de manger avec les pécheurs et les publicains, libre de s’approcher des lépreux ou des samaritains, libre de dénoncer toute injustice, toute inégalité sociale... libre aussi d’appeler des femmes. S’il ne le fait pas c’est non seulement parce qu’il n’y a là aucune injustice à dénoncer, mais encore parce que la femme a sa vocation propre, sur laquelle nous reviendrons. Ceci dit il ne suffit pas d’être homme, vir, pour être ordonné, il faut encore être appelé par Dieu, « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis » (Jn15,16), et il faut que cet appel entendu au plus intime de la prière soit confirmé par l’Église, il faut, comme on dit, avoir « les aptitudes requises », être « jugé digne ». Dans le cas de l’épiscopat il faut avoir reçu du Pape un mandat apostolique. Telle est la logique de l’élection par laquelle Dieu choisit quelques-uns au profit de tous. Logique qui n’est pas d’exclusion mais d’inclusion. Dieu, en effet, en choisissant Israël n’a pas exclu les autres peuples, il est passé par le Peuple élu pour attirer à lui la multitude des nations. Dieu en choisissant quelques hommes (vir) pour soutenir son Église n’exclut pas le reste des fidèles, il se sert d’eux pour la sanctification de tous. Donc contrairement à ce que dit Madame Soupa cette logique divine d’élection « n’exclut » pas 50% de la population, elle « exclut » 98% de la population.

    Qu’on nous permette d’en venir à des considérations plus ecclésiales. Madame Soupa souligne avec regrets que « seuls les prêtres, en devenant évêques, dirigent l’Église ». Et son regret est d’autant plus grand que cette charge pourrait selon elle parfaitement incomber à un laïc puisque, étymologiquement, « l’évêque est un surveillant, un protecteur qui observe et veille sur la cohésion et la rectitude doctrinale, d’un ensemble de communautés ». Je n’ai pas grand-chose à dire sur la fonction, si du moins elle désigne la gouvernance, mais sur la manière de déconnecter les fonctions les unes des autres et plus encore la fonction de l’ordination. Rappelons d’abord que le sacrement de l’ordre présente trois degrés, le diaconat, le presbytérat (ou sacerdoce) et l’épiscopat. L’épiscopat est la plénitude du sacrement de l’ordre. C’est donc en effet à l’évêque que revient le droit de gouverner le peuple de Dieu qui lui est confié. Mais cette charge est liée, intrinsèquement, à l’ordination reçue. Elle n’est pas un à côté, elle n’est pas le choix d’une communauté de confier à un homme une responsabilité particulière, temporelle. Jésus dit à Pierre : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église » (Mt16,18). Chaque évêque reçoit dans son ordination cette charge de gouvernance, et chaque prêtre reçoit, pour sa part, dans son ordination cette charge de gouvernance. D’ailleurs le prêtre est configuré au Christ Tête, au Christ qui est la Tête de l’Église qui est son Corps. Il en va de même pour les deux autres fonctions (munera). C’est en vertu de l’ordination reçue que l’évêque, ou le prêtre, peut sanctifier les fidèles, leur administrer les sacrements. Quelqu’un qui ne serait pas ordonné ne donnerait purement et simplement pas les sacrements, il ne donnerait purement et simplement pas le Corps du Christ, il ne donnerait purement et simplement pas l’absolution. Et c’est encore en vertu de l’ordination que l’évêque reçoit « le sûr charisme de la vérité » comme dit S. Irénée (AH, IV, 16,2) – ce qui n’enlève rien au travail des théologiens qui est une source d’enrichissement pour toute l’Église. C’est pourquoi c’est au Pasteur qu’il revient en premier lieu d’enseigner la communauté, d’annoncer l’Évangile. Déconnecter ces trois fonctions les unes des autres, et plus encore séparer la fonction de l’ordination, c’est perdre la nature de ces charismes. À l’évêque revient de plein droit de gouverner, enseigner et sanctifier le peuple de Dieu qui lui est confié, et cela lui revient en vertu de son ordination épiscopale. Celui qui n’est pas ordonné ne peut pas gouverner, celui qui n’enseigne pas la vérité ne peut gouverner, celui qui ne sanctifie pas ne peut gouverner.

    Alors, là encore, si le droit canonique dit qu’il faut être prêtre pour gouverner un diocèse, ce n’est pas une déconsidération des fidèles laïcs, hommes ou femmes, c’est une affirmation essentielle au fonctionnement de l’Église – l’histoire porte malheureusement son lot de dysfonctionnements. La charge n’est pas celle d’une institution humaine ou d’une multinationale, là tout le monde pourrait postuler, elle est celle d’un Corps vivant qui est l’Église, d’un Corps animé par l’Esprit Saint, traversé par l’Esprit Saint. Or l’Évêque en recevant la plénitude du sacrement de l’ordre reçoit aussi de transmettre l’Esprit Saint. Il reçoit celui qui en Personne dirige l’Église, l’impulse, la fait vivre. Si le prêtre est ordonné par imposition des mains de l’Évêque c’est bien pour que ce même Esprit l’habite, pour qu’il puisse à son tour sanctifier ses frères, les conduire vers les verts pâturages, leur donner une nourriture solide. Bien sûr cela ne garantit pas de ne pas faire d’erreur, ou de ne pas tomber, tout homme est faillible. Mais il y a dans le charisme ordonné (gratis data) l’aptitude à gouverner, comme l’aptitude à sanctifier, et à enseigner. Comme tout charisme il grandit en s’exerçant. Le jeune prêtre ne sera pas immédiatement (ni peut-être jamais) appelé à être curé, le curé à être évêque, l’évêque à être archevêque, l’archevêque à être Pape. Mais pour tous il est permis de dire que « Dieu donne ce qu’il demande », et précisément il le donne dans le sacrement conféré, le sacerdoce ou l’épiscopat.

    Dire que seuls les prêtres, devenus évêques, peuvent diriger l’Église, ne veut pas dire que les femmes n’aient pas de place dans l’Église, qu’elles n’aient pas de rôle à jouer, loin de là ! D’abord les évêques peuvent appeler, pour un temps, des laïcs, hommes ou femmes, à les aider dans la charge qui est la leur, ils peuvent nommer des « délégués épiscopaux » ou autres « responsables diocésains ». Et la réalité de nos diocèses, et particulièrement celle du diocèse de Lyon, démontre que nombre de femmes sont appelées à ces responsabilités – je parle d’expérience. Ces postes demandent non seulement des compétences techniques (administratives, juridiques, pastorales ou théologiques) mais aussi une vie dans l’Esprit qui est loin d’en faire des collaborateurs de « seconde zone ». Cette collaboration serait d’ailleurs impensable si les fidèles n’avaient eux-mêmes reçu, dans leur baptême, participation aux fonctions sacerdotale, prophétique et royale du Christ. Bien qu’une différence essentielle existe entre sacerdoce ministériel et sacerdoce commun il n’en demeure pas moins que, là encore, cette royauté coupée du baptême ou du caractère sacerdotal c’est-à-dire de l’offrande de soi qui se dit dans l’eucharistie ou du caractère prophétique d’annonce de la parole de Dieu n’aurait aucun sens. La royauté ne peut s’exercer que dans une vie profondément marquée par le Christ.

    En femme ensuite, bien que ces lignes portent déjà l’empreinte de ma féminité. L’Église des Apôtres sans Marie, et toutes les saintes femmes qui les entouraient, ne serait pas l’Église ! Non seulement parce que l’Église demande des fidèles mais encore parce qu’il y a dans l’Église quelque chose qui ne peut s’exprimer que dans un « ministère » féminin, que par la grâce féminine. Le dessein de Dieu n’est pas d’exclure les femmes, mais bien de leur donner leur place, leur part, peut-être même la « meilleure » comme disait Jésus à Marthe. En tout cas sans une Catherine de Sienne, une Thérèse d’Avila, une Mère Teresa, et toutes ces « réformatrices », l’Église ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui. Sans ce vis-à-vis féminin exhortant à la foi, au don de soi, à la sainteté, l’Église ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui. Et contrairement à Madame Soupa, qui pense que les femmes ne sont pas reconnues dans l’Église comme des « êtres humains à part entière » – pensée effrayante ! –, moi je pense que sans l’Église je n’aurais jamais réussi à toucher du doigt la féminité que je porte et encore moins à la vivre !

    Pour comprendre cela il faut consentir à une anthropologie, une vraie, sans caricature, ni mépris. Il faut se replonger dans l’Écriture, se laisser enseigner par elle. Le livre de la Genèse nous dit « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa. » (Gn 1,27). La ressemblance de Dieu est plurielle, elle est homme et femme. Elle est dans une complémentarité de l’homme et de la femme, cette complémentarité que l’on ne cherche que trop à détruire, comme pour gommer plus encore toute ressemblance d’avec Dieu. Cela veut dire que l’homme ne peut se dire que dans ce vis-à-vis qui est la femme, et la femme que dans ce vis-à-vis qui est l’homme. Il y a une plénitude humaine, comme une plénitude ecclésiale, qui n’est donnée que dans la relation de l’homme et de la femme, de l’Église institution et de l’Église fidèle. Si nous n’entendons pas cette complémentarité de l’homme et de la femme, nous ne pouvons entendre non plus la complémentarité des époux, ni la complémentarité de l’Époux et de l’Épouse, du Christ et de l’Église. Le prêtre est ordonné au salut d’autrui, il est ordonné à quelque chose d’autre que lui-même. De là découle la grâce féminine, celle d’être fondamentalement le réceptacle de la grâce divine, celle aussi de rappeler aux hommes ce pour quoi ils sont faits, celles de rappeler aux prêtres leur vocation à sanctifier les âmes, d’exiger des évêques qu’ils donnent leur vie pour l’Église, comme le Christ a donné sa vie pour l’Église, cette Église qu’il voulait « sainte et immaculée dans l’amour » (Ep 5,27).

    C’est parce que j’ai en face de moi des prêtres qui donnent tout ce qu’ils ont reçu, et même plus, tout ce qu’ils sont, que je peux vivre ma vocation de femme, de consacrée, de façon belle, épanouie, et réciproquement c’est parce que j’attends de ces prêtres qu’ils me donnent le Christ, sa vie surabondante, qu’ils peuvent donner le meilleur d’eux-mêmes. Si la figure d’une sainte Catherine de Sienne est si frappante c’est bien précisément parce qu’elle va rappeler au Pape ce pour quoi il est fait. Elle ne va pas s’installer sur un siège « vacant », elle va chercher celui qui doit assumer sa charge de Pontife suprême. Non, je n’attends pas qu’une femme monte sur le siège de Lyon, mais heureusement cela n’arrivera pas, j’attends un évêque qui soit un successeur des Apôtres, là sur le siège de Pothin, d’Irénée, ... Philippe. Un évêque qui soit un Père pour ses prêtres, un Pasteur pour ses fidèles, un homme rempli d’Esprit Saint et de foi.

  • GRANDS TEXTES (18), ou ANTI GRAND TEXTE : Discours de Maximilien de Robespierre (première intervention, le 3 décembre 17

    Il y a 18 ans, le jeune Maximilien de Robespierre avait eu à féliciter le roi Louis XVI rentrant à Paris après son couronnement à Reims, le 15 juin 1775 (Maximilien avait alors 17 ans accomplis). C'était rue Saint-Jacques, devant le Collège Louis-le-Grand. Le professeur de rhétorique avait rédigé pour la cérémonie un compliment superbe en vers, que Robespierre fut chargé de dire, comme étant l'un des élèves les plus doués et les plus méritants. Il pleuvait à seaux ce jour-là, mais le jeune Maximilien était infiniment fier d'avoir eu «l'honneur» de saluer ce jeune roi qui incarnait aux yeux de la nation toute entière les espérance d'un avenir prometteur pour la France.

     

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    Robespierre, avant...

     

    Aujourd'hui, dix-huit ans plus tard, ce 3 décembre 1792, il prononce les mots terribles que l'on va lire ci-dessous, dans ce véritable discours fondateur de tous les Totalitarismes modernes. C'est à l'ouverture du pseudo-procès de Louis XVI : c'est toujours le même Robespierre et, pourtant il n'est plus le même : le jeune élève brillant et prometteur est devenu un idéologue endurci, sec et froid.

    C'est à lui que s'adressera quelques jours plus tard le courageux De Sèze: "Français, la révolution qui vous régénère a développé en vous de grandes vertus ; mais craignez, qu’elle n’ait affaibli dans vos âmes le sentiment de l’humanité, sans lequel il ne peut y en avoir que de fausses !".

    De Sèze a courageusement et intelligemment démasqué les idéologues, se voulant régénérateurs et purificateurs, persuadés d'oeuvrer pour l'Homme, mais n'ayant aucune forme de pitié ou de considération pour les hommes.

    Mais Robespierre et la Convention n'entendront évidemment pas le message. Comment Robespierre et ses affidés, un Saint Just par exemple, pourraient-il l'entendre, ce message, lorsque le même Saint Just osait proférer (toujours lors du pseudo-procès de Louis XVI): "Je ne juge pas, je tue... Une nation ne se régénère que sur des monceaux de cadavres"...

    C'est trop tard : Robespierre est mort, du moins le jeune et brillant élève qui recevait et complimentait le Roi lors de son retours de Reims. L'a remplacé un idéologue aveuglé par sa confiance en lui-même et en ses principes, qu'il croit supérieurs et qu'il veut appliquer à tout prix, ne se rendant absolument pas compte, absolument plus compte, qu'il est devenu la parfaite incarnation de la terrible prophétie de Frédéric II à Voltaire : « Nous avons connu le fanatisme de la foi. Peut-être connaîtrons-nous, mon cher Voltaire, le fanatisme de la raison, et ce sera bien pire »...

    Oui, c'est bien un fanatique, sec et froid, qui s'exprime d'une façon presque métallique, pourrait-on dire, ce 3 décembre, lors de l'ouverture du pseudo-procès de Louis XVI. Et qui prononce les paroles monstrueuses que l'on va lire, et que reprendront mot pour mot les Staline, Hitler, Mao, Pol Pot et autres monstres secs et froids des Totalitarismes modernes, qui ont tous pour père et modèle le même et unique Maximilien de Robespierre.

    Oui, l'on entend déjà, en lisant ce monstrueux discours et cette aberrante logique, ce que diront les enfants de Robespierre plus tard, bien plus tard, eux qui auront bien compris et bien assimilé cette infernale logique:

    A quoi bon juger ces Juifs, dira Hitler, la race aryenne ne saurait être soupçonnée d'erreur(s) dans ses pensées, ses jugements ou ses actes, puisqu'elle est "supérieure" (!). Ces juifs doivent donc mourir, sinon c'est admettre l'idée que la race aryenne a pu se tromper, ce qui est impossible... A quoi bon juger ces dissidents, dira Staline, la classe ouvrière est l'avant-garde consciente qui a reçu pour mission de faire éclore l'Histoire et de l'achever. Elle marche dans le sens de l'Histoire, et l'idée même de juger quelqu'un qui s'oppose à elle -et qui ne peut donc être qu'un traître ou un malade- serait admettre l'idée que la classe ouvrière pourrait se tromper, ce qui est impossible.....

    Donc, on ne juge pas, on tue, pour reprendre telle quelle la formule de Saint Just, ce grand ami de Robespierre, et l'un de ses alter ego...

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    ...Robespierre

               

    On le voit, le tout de la mécanique infernale est contenu dans le discours de Robespierre, qui est une vraie bombe, insuffisamment lu, insuffisamment étudié. Ce discours est bien l'acte fondateur, la parole fondatrice de tous les procès nazis ou staliniens de l'histoire, de tous les Totalitarismes, de tous les Génocides....

    Discours sur le jugement de Louis XVI (1ère intervention)
    prononcé à la tribune de la Convention le 3 décembre 1792

     

     

    L'assemblée a été entraînée, à son insu, loin de la véritable question. Il n'y a point ici de procès à faire. Louis n'est point un accusé. Vous n'êtes point des juges. Vous n'êtes, vous ne pouvez être que des hommes d’État, et les représentants de la nation. Vous n'avez point une sentence à rendre pour ou contre un homme, mais une mesure de salut public à prendre, un acte de providence nationale à exercer.

     

    Un roi détrôné, dans la république, n'est bon qu'à deux usages : ou à troubler la tranquillité de l’État et à ébranler la liberté, ou à affermir l'une et l'autre à la fois.

     

    Or, je soutiens que le caractère qu'a pris jusqu'ici votre délibération va directement contre ce but. En effet, quel est le parti que la saine politique prescrit pour cimenter la république naissante ? C'est de graver profondément dans les coeurs le mépris de la royauté, et de frapper de stupeur tous les partisans du roi.

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    Louis XVI, buste de Pajou
     

     

    Donc, présenter à l'univers son crime comme un problème, sa cause comme l'objet de la discussion la plus imposante, la plus religieuse, la plus difficile qui puisse occuper les représentants du peuple français ; mettre une distance incommensurable entre le seul souvenir de ce qu'il fut, et la dignité d'un citoyen, c'est précisément avoir trouvé le secret de le rendre encore dangereux à la liberté.

    Louis fut roi, et la république est fondée : la question fameuse qui vous occupe est décidée par ces seuls mots. Louis a été détrôné par ses crimes : Louis dénonçait le peuple français comme rebelle : il a appelé, pour le châtier, les armes des tyrans ses confrères ; la victoire et le peuple ont décidé que lui seul était rebelle : Louis ne peut donc être jugé : il est déjà condamné, ou la république n'est point absoute.

    Proposer de faire le procès à Louis XVI, de quelque manière que ce puisse être, c'est rétrograder vers le despotisme royal et constitutionnel ; c'est une idée contre-révolutionnaire, car c'est mettre la révolution elle-même en litige.  

    En effet, si Louis peut être encore l'objet d'un procès, il peut être absous ; il peut être innocent : que dis-je ? il est présumé l'être jusqu'à ce qu'il soit jugé : mais si Louis est absous, si Louis peut être présumé innocent, que devient la révolution ?

    Si Louis est innocent, tous les défenseurs de la liberté deviennent des calomniateurs ; les rebelles étaient les amis de la vérité et les défenseurs de l'innocence opprimée ; tous les manifestes des Cours étrangères ne sont que des réclamations légitimes contre une faction dominatrice. La détention même que Louis a subie jusqu'à ce moment est une vexation injuste ; les fédérés, le peuple de Paris, tous les patriotes de l'empire français sont coupables: et ce grand procès pendant au tribunal de la nature, entre le crime et la vertu, entre la liberté et la tyrannie, est enfin décidé en faveur du crime et de la tyrannie.

     

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    Louis XVI conduit à la Convention pour son procès, gravure du temps
     
     

                

    Citoyens, prenez-y garde ; vous êtes ici trompés par de fausses notions, Vous confondez les règles du droit civil et positif avec les principes du droit des gens ; vous confondez les rapports des citoyens entre eux, avec ceux des nations à un ennemi qui conspire contre elles. Vous confondez aussi la situation d'un peuple en révolution avec celle d'un peuple dont le gouvernement est affermi.

    Vous confondez une nation qui punit un fonctionnaire public, en conservant la forme du gouvernement, et celle qui détruit le gouvernement lui-même. Nous rapportons à des idées qui nous sont familières an cas extraordinaire, qui dépend de principes que nous n'avons jamais appliqués.

    Ainsi, parce que nous sommes accoutumés à voir les délits dont nous sommes les témoins jugés selon des règles uniformes, nous sommes naturellement portés à croire que dans aucune circonstance les nations ne peuvent avec équité sévir autrement contre un homme qui a violé leurs droits ; et où nous ne voyons point un juré, un tribunal, une procédure, nous ne trouvons point la justice. 

    Ces termes mêmes, que nous appliquons à des idées différentes de celles qu'elles expriment dans l'usage ordinaire, achèvent de nous tromper. Tel est l'empire naturel de l'habitude, que nous regardons les conventions les plus arbitraires, quelquefois même les institutions les plus défectueuses comme la règle absolue du vrai ou du faux, du juste ou de l'injuste.

    Nous ne songeons pas même que la plupart tiennent encore nécessairement aux préjugés dont le despotisme nous a nourris. Nous avons été tellement courbés sous son joug que nous nous relevons difficilement jusqu'aux éternels principes de la raison ; que tout ce qui remonte à la source sacrée de toutes les lois semble prendre à nos yeux un caractère illégal, et que l'ordre même de la nature nous paraît un désordre.

     

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    26 décembre 1792 : Louis XVI interrogé à la Convention (salle du Manège), gravure du temps
     
     

               

    Les mouvements majestueux d'un grand peuple les sublimes élans de la vertu, se présentent souvent à nos yeux timides comme les éruptions d'un volcan ou le renversement de la société politique ; et certes ce n'est pas la moindre cause des troubles qui nous agitent que cette contradiction entre la faiblesse de nos moeurs, la dépravation de nos esprits, et la pureté des principes, l'énergie des caractères que suppose le gouvernement libre auquel nous osons prétendre.

    Lorsqu'une nation a été forcée de recourir au droit de l'insurrection, elle rentre dans l'état de la nature à l'égard du tyran. Comment celui-ci pourrait-il invoquer le pacte social ? Il l'a anéanti : la nation peut le conserver encore, si elle le juge à propos, pour ce qui concerne les rapports des citoyens entre eux ; mais l'effet de la tyrannie et de l'insurrection, c'est de les constituer réciproquement en état de guerre. Les tribunaux, les procédures judiciaires ne sont faites que pour les membres de la cité.  

    C'est une contradiction trop grossière de supposer que la Constitution puisse présider à ce nouvel ordre de choses : ce serait supposer qu'elle survit à elle-même. Quelles sont les lois qui la remplacent ? celles de la nature ; celle qui est la base de la société même, le salut du peuple : le droit de punir le tyran et celui de le détrôner, c'est la même chose : l'un ne comporte pas d'autres formes que l'autre. Le procès du tyran, c'est l'insurrection ; son jugement, c'est la chute de sa puissance ; sa peine, celle qu'exige la liberté du peuple.

    Les peuples ne jugent pas comme les cours judiciaires ; ils ne rendent point de sentences, ils lancent la foudre ; ils ne condamnent pas les rois, ils les replongent dans le néant : et cette justice vaut bien celle des tribunaux. Si c'est pour leur salut qu'ils s'arment contre leurs oppresseurs, comment seraient-ils tenus d'adopter un mode de les punir qui serait pour eux-mêmes un nouveau danger ?

    Nous nous sommes laissé induire en erreur par des exemples étrangers qui n'ont rien de commun avec nous. Que Cromwell ait fait juger Charles Ier par une commission judiciaire dont il disposait ; qu'Elisabeth ait fait condamner Marie d'Ecosse de la même manière, il est naturel que des tyrans qui immolent leurs pareils, non au peuple, mais à leur ambition, cherchent à tromper l'opinion du vulgaire par des formes illusoires : il n'est question là ni de principes, ni de liberté, mais de fourberie et d'intrigue. Mais le peuple, quelle autre loi peut-il suivre que la justice et la raison appuyées de sa toute-puissance ?

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    Face à l'argumentation de Robespierre, les "pour" et les "contre" :

    Bertrand Barère (1755-1841) est "pour". Avocat au parlement de Toulouse, il est élu par le tiers-état aux Etats Généraux de 1789. Il préside la Convention pendant le procès de Louis XVI et plaide pour la peine de mort...

     

               

    Dans quelle république la nécessité de punir le tyran fut-elle litigieuse ? Tarquin fut-il appelé en jugement ? Qu'aurait-on dit à Rome si des Romains avaient osé se déclarer ses défenseurs ? Que faisons-nous ? Nous appelons de toutes parts des avocats pour plaider la cause de Louis XVI ; nous consacrons comme des actes légitimes ce qui, chez tout peuple libre, eût été regardé comme le plus grand des crimes ; nous invitons nous-mêmes les citoyens à la bassesse et à la corruption : nous pourrons bien un jour décerner aux défenseurs de Louis des couronnes civiques, car, s'ils défendent sa cause, ils peuvent espérer de la faire triompher : autrement vous ne donneriez à l'univers qu'une ridicule comédie. Et nous osons parler de république !

    Nous invoquons des formes parce que nous n'avons pas de principes ; nous nous piquons de délicatesse, parce que nous manquons d'énergie ; nous étalons une fausse humanité, parce que le sentiment de la véritable humanité nous est étranger ; nous révérons l'ombre d'un roi, parce que nous ne savons pas respecter le peuple ; nous sommes tendres pour les oppresseurs, parce que nous sommes sans entrailles pour les opprimés.

    Le procès à Louis XVI ! Mais qu'est-ce que ce procès, si ce n'est l'appel de l'insurrection à un tribunal ou à une assemblée quelconque ? Quand un roi a été anéanti par le peuple, qui a le droit de le ressusciter pour en faire un nouveau prétexte de trouble et de rébellion, et quels autres effets peut produire ce système ? En ouvrant une arène aux champions de Louis XVI, vous renouvelez les querelles du despotisme contre la liberté, vous consacrez le droit de blasphémer contre la république et contre le peuple ; car le droit de défendre l'ancien despote emporte le droit de dire tout ce qui tient à sa cause.

    Vous réveillez toutes les factions, vous ranimez, vous encouragez le royalisme assoupi ; on pourra librement prendre parti pour ou contre.

    Quoi de plus légitime, quoi de plus naturel que de répéter partout les maximes que ses défenseurs pourront professer hautement à votre barre et dans votre tribune même ! Quelle république que celle dont les fondateurs lui suscitent de toutes parts des adversaires pour l'attaquer dans son berceau ! Voyez quels progrès rapides a déjà faits ce système.

    saintjust.jpg

    ...Tout comme Louis-Antoine-Léon de Saint Just :

    "Les hommes qui vont juger Louis ont une République à fonder; ceux qui attachent quelque importance au juste châtiment d'un roi ne fonderont jamais une République... Pour moi je ne vois point de milieu, cet homme doit régner ou mourir"

     

               

    A l'époque du mois d'août dernier, tous les partisans de la royauté se cachaient : quiconque eût osé entreprendre l'apologie de Louis XVI eût été puni comme un traître. Aujourd'hui ils relèvent impunément un front audacieux ; aujourd'hui les écrivains les plus décriés de l'aristocratie reprennent avec confiance leurs plumes empoisonnées ou trouvent des successeurs qui les surpassent en impudeur.

    Aujourd'hui des écrits précurseurs de tous les attentats inondent la cité où vous résidez. les 83 départements, et jusqu'au portique de ce sanctuaire de la liberté.

  • Une utile recension de citations - vérifiées... - sur la théorie du genre, par LL2B

    gender.jpgNous avons reçu le courrier suivant :

    "...Très fidèle lecteur de votre lettre quotidienne, et observateur critique de nos "avancées sociétales", un constat s'impose : la Toile est souvent truffée de citations à charge - ou à décharge -.

    Selon le degré de bonne ou mauvaise foi dans l'argumentation, force est de constater que nombre de ces citations sont soit tronquées, soit sont opportunément complétées, soit purement inventées.

    Le débat sur la Théorie du Genre donne lieu à des salves de citations qui desservent leurs promoteurs lorsqu'il s'avère qu'elles sont "arrangées" ou fausses. La liste que je vous joins a été épurée (de celles dont les références précises sont introuvables ou douteuses). Nul n'est à l'abri d'erreurs, mais en l'occurence, pour ce petit travail de recherches, elles ne seraient pas volontaires.

    Je vous adresse donc ce petit fichier qui pourrait étoffer vos archives... LL2B"

    Merci à notre lecteur, et voici donc son très utile travail de recension : La théorie du Genre - Le totalitarisme condescendant des sociologues - Morceaux choisis et …vérifiés.

    1. "Ce qui est en cause, c'est l'hétérosexualité en tant que norme. Il nous faut essayer de penser un monde où l'hétérosexualité ne serait pas normale". Éric Fassin, sociologue. Parcours : Parti Communiste; voir http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89ric_Fassin; professeur à l’Université Paris-8 Vincennes-Saint Denis (Département de science politique et Centre d’études féminines et d’études de genre) dans « Homme, femme, quelle différence ? La théorie du genre en débat », avec Véronique Margron, coll. Controverses, éditions Salvator, septembre 2011, p. 25

     

    2. "La laïcité, c'est ce qui protège l'enfant et garantit aux enfants les mêmes droits et l'accès aux mêmes valeurs. Les enfants n'appartiennent pas à leurs parents." Laurence Rossignol, sénatrice PS. Parcours : LCR, CGT; voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Laurence_Rossignol; 5 avril 2013, en direct sur France 2, émission "Ce soir ou jamais".

     

    3. "Le but de la morale laïque est de permettre à chaque élève de s’émanciper, car le point de départ de la laïcité, c’est le respect absolu de la liberté de conscience. Pour donner la liberté du choix, il faut être capable d’arracher l’élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel, pouraprès faire un choix." Vincent Peillon, voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Vincent_Peillon; entretien au "Journal du dimanche", 1er septembre 2012.Et, du même :

    http://www.lejdd.fr/Societe/Education/Actualite/Vincent-Peillon-veut-enseigner-la-morale-a-l-ecole-550018 :                                                                 

    * "Toute l’opération consiste bien, avec la foi laïque, à changer la nature même de la religion, de Dieu, du Christ, et à terrasser définitivement l’Église. Non pas seulement l’Église catholique, mais toute Église et toute orthodoxie." Vincent Peillon, dans "Une religion pour la République : la foi laïque de Ferdinand Buisson", Le Seuil, La Librairie du XXIème siècle, 2010, p. 277.

    * "Il faut donc à la fois déraciner l'empreinte catholique qui ne s'accommode pas de la République et trouver, en dehors des formes religieuses traditionnelles, une religion de substitution qui arrive à inscrire jusque dans les moeurs, les coeurs, la chair, les valeurs et l'esprit républicain sans lesquels les institutions républicaines sont des corps sans âme qui se préparent à tous les dévoiements." Vincent Peillon, dans "Une religion pour la République : la foi laïque de Ferdinand Buisson", Le Seuil, La Librairie du XXIème siècle, 2010, p. 34.

    * "La laïcité française, son ancrage premier dans l'école, est l'effet d'un mouvement entamé en 1789, celui de la recherche permanente, incessante, obstinée de la religion qui pourra réaliser la Révolution comme promesse politique, morale, sociale, spirituelle. Il faut pour cela une religion universelle : ce sera la laïcité. Il lui faut aussi son temple ou son église : ce sera l'école. Enfin, il lui faut son nouveau clergé : ce seront les hussards noirs de la république." Vincent Peillon, dans "Une religion pour la République : la foi laïque de Ferdinand Buisson", Le Seuil, La Librairie du XXIème siècle, 2010, p. 48.

     

    4. "Je voulais pouvoir faire un film qui milite à un endroit où ça allait fonctionner, où je n'allais pas m'adresser à des gens déjà convaincus, parce qu'il y a une promesse de cinéma derrière. J'ai le souci de ces équilibres : il faut toucher un maximum de gens avec des messages subversifs et politiques. Pour ça, il faut se soucier de la forme." Cécile Sciamma (http://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%A9line_Sciamma), réalisatrice de "Tomboy", film projeté en classes de CE2, CM1 et CM2, dans le cadre du programme "École et Cinéma", destiné à sensibiliser (sic) les élèves au septième art, et mis en place par les ministères de l'Éducation nationale et de la Culture. Interview le 13 septembre 2011 par Thomas Hadjukowicz : http://www.tv5.org/cms/chaine-francophone/Terriennes/Dossiers/p-17660--Il-y-avait-urgence-alegiferer-sur-l-enseignement-des-questions-de-genre-.htm (site de la chaîne TV5 Monde)

     

    5. * "Une femme doit pouvoir y recourir (à la PMA, ndlr), soit parce qu’elle ne peut pas avoir d’enfant, soit parce qu’elle ne souhaite pas avoir une relation avec un homme." François Hollande ; interview à "Grazia", 24 février 2012.

        * "Êtes-vous favorable à l’ouverture de la procréation médicale assistée (PMA) aux couples de lesbiennes ? Oui, je l’ai dit". François Hollande ; interview à "Têtu", 29 avril 2012. 

     

    6. "Je suis pour la GPA accessible à tous les couples." Jean-Pierre Michel (http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Pierre_Michel ), sénateur PS, rapporteur du texte de loi sur le "Mariage pour tous"; 31 janvier 2013.

     

    7. "Encadrer la gestation pour autrui, c'est reconnaître que cette liberté et ce projet ne s'arrêtent pas aux frontières biologiques. Des parents, des géniteurs, une gestatrice peuvent permettre, ensemble, la venue au monde d'un enfant. Il revient à la société de fixer le cadre nécessaire à la protection de cette liberté." Najat Vallaud Belkacem (http://fr.wikipedia.org/wiki/Najat_Vallaud-Belkacem ), alors Secrétaire nationale du PS ; co-signataire de la tribune parue dans "Le Monde", le 13 décembre 2010 :

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/12/13/gestation-pour-autrui-un-cadre-contre-lesderives_1451958_3232.html

     

    8. "Il faut en finir avec la filiation biologique pour en venir à une filiation volontaire" *. Erwan Binet, député PS de l’Isère(http://fr.wikipedia.org/wiki/Erwann_Binet ), rapporteur de la loi Taubira; déclaration à l’Assemblée nationale; voir http://www.assemblee-nationale.fr/14/rapports/r0922.asp

    * "volontaire", c’est-à-dire imposée sans débat par les idéologues (ndla)

     

    9. "(Cet amendement a pour objet) l'intégration dans la formation dispensée dans les écoles élémentaires d'une éducation à l'égalité entre les femmes et les hommes et à la déconstruction des stéréotypes sexués. Il s'agit de substituer à des concepts tels que "le sexe" ou "la différence sexuelle" le concept de "genre" qui montre que les différences entre le différences entre les hommes et les femmes ne sont pas fondées sur la nature mais sont historiquement construites et socialement reproduites." Julie Sommaruga, député PC des Hauts-de-Seine (http://fr.wikipedia.org/wiki/Julie_Sommaruga ), dans "Compte-rendu du projet d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République"; Assemblée nationale, 28 février 2013. Voir : http://www.assemblee-nationale.fr/14/pdf/cr-cedu/12-13/c1213031.pdf

     

    10. "Quelle idéologie véhiculerait donc la théorie du genre ? Elle se borne à dire que des hommes et des femmes ne se retrouvent pas dans leur état biologique et se construisent autrement. Ce n'est que le constat d'un vécu, qu'il faut prendre en compte. Nous demandons l'égalité des genres." Marie-Geoges Buffet (http://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-George_Buffet); Assemblée nationale, 28 février 2013. Voir : http://www.nosdeputes.fr/marie-george-buffet/interventions?page=20

     

    11. "(Je ne vois) aucun inconvénient à la polygamie, ni à l'inceste, ni au mariage avec les animaux s'il y a consentement mutuel, ce qui est plus compliqué avec les animaux… Loin de s’achever aujourd’hui, les politiques minoritaires ouvrent une brèche dans laquelle il importe de s’engouffrer pour repenser l’ordre sexuel et social." Ruwen Ogien, "philosophe" (http://fr.wikipedia.org/wiki/Ruwen_Ogien ), directeur de recherches au CNRS; Journée d’étude IRIS (CNRS) sur le thème "Au-delà du mariage : de l’égalité des droits à la critique des normes", colloque à l’EHESS d’Angers le 8 avril 2013. Cité dans "Famille chrétienne", n° 1844 (24 mai 2013), p. 11.

     

    12. "La subversion des normes est intrinsèquement liée à la transformation du droit, car c’est par le droit que les normes sont imposées à tous." Didier Éribon, sociologue et philosophe (!), (http://fr.wikipedia.org/wiki/Didier_Eribon ), professeur à la Faculté d’Amiens; Journée d’étude IRIS (CNRS) sur le thème "Au-delà du mariage : de l’égalité des droits à la critique des normes", colloque à l’EHESS d’Angers le 8 avril 2013.

     

    13. "Nous ne pouvons pas faire de disti

  • Il faudra pourtant bien en sortir....(2/4) : Faut-il mettre les ”abrutis” en prison ? Ou : les remèdes dérisoires que pr

            En ce qui concerne l'immigration, nous recevons régulièrement des messages qui, pour être tous très différents les uns des autres, posent en réalité tous le même problème et qui, même avec des formulations parfois très éloignées les unes des autres, en reviennent toujours à la même question centrale : comment en est-on arrivé là, que proposez-vous, que faire pour "en sortir"... ? 

             Pour essayer de répondre, non pas à tout le monde à la fois et d'un seul coup - c'est "mission impossible"... - mais, peut-être et au moins en partie, à l'essentiel des préoccupations de celles et ceux qui écrivent, nous allons tâcher de proposer ici un rapide survol qui s'efforcera d'abord de résumer la situation dans ses grandes lignes, et par redire, pour commencer, comment on en est arrivé là; puis nous évoquerons les remèdes dérisoires que propose le Pays Légal pour règler (?) des problèmes qu'il a lui-même, tel un apprenti sorcier, follement créés; ensuite, nous reprendrons ce que nous avons déjà écrit ici-même, à savoir qu'une des solutions pour "en sortir" pourrait être de mener ce que l'on pourrait appeler une politique des trois tiers ; et, pour ceux qui seraient sceptiques, on lira, comme une sorte de conclusion provisoire, l'opinion de Michel de Jaeghere... 

               Nos lecteurs pourront évidemment poursuivre le débat, en continuant à écrire ou en postant des commentaires; ils pourront aussi se référer à notre PDF "Contre la France métisse..."  :

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/list/documents/conference_contre_la_france_metisse___pdf.html

             Aujourd'hui ........(2/4) : Faut-il mettre les "abrutis" en prison ? Ou : les remèdes dérisoires que propose le Pays Légal pour lutter contre les problèmes qu'il a lui-même créés...

            Le mot "abruti" va en surprendre plus d'un(e), et demande une explication. La voici: nous ne faisons que reprendre l'expression de Madame le Procureur du Parquet de Toulouse, à qui nous en laissons, évidemment, l'entière responsabilité. Le 3 janvier 2009, cette personnalité importante du Pays Légal a déclaré, en parlant du brûleur de voiture Lofti El Majjouti qu'il ne fallait pas laisser des "abrutis faire n'importe quoi..."  

              Et il se trouve que Madame la représentante du Parquet de Toulouse n'a pas été reprise ni tancée par qui que ce soit.....

              Mais commençons par rappeler de quoi il s'agit. Tout a été raconté dans les journaux locaux du 3 Janvier 2009:  

               "Un "jeune" Toulousain de vingt ans, reconnu coupable de l'incendie d'une voiture la nuit du Nouvel An, a été condamné le vendredi 2 janvier à six mois d'emprisonnement, avec mandat de dépôt immédiat, par le Tribunal correctionnel de Toulouse.  Lofti El Majjouti avait été arrêté quelques minutes après l'incendie d'une Peugeot 205, peu après 06h00 le 1er janvier, dans le quartier périphérique des Arènes à Toulouse. Son interpellation, à proximité du lieu du sinistre, s'était faite à la suite du témoignage d'un couple, dont une femme gendarme, qui n'était pas en service.

               La représentante du parquet avait requis "de l'ordre d'un an ferme" d'emprisonnement avec mandat de dépôt à l'encontre du jeune homme, qualifiant d' "inadmissible" le fait que "des abrutis se livrent par provocation à des actes aussi graves que l'incendie de véhicules, en principe passible d'un maximum de dix ans d'emprisonnement, pour le plaisir de se faire remarquer". Elle a rappelé "le triste record de 1.147 voitures brûlées à l'occasion du Jour de l'An" en France. Un total de 40 voitures ont été brûlées en Haute-Garonne la nuit du 31 décembre au 1er janvier, dont 35 à Toulouse et son agglomération."          

                Fin de citation (1). Maintenant, un rapide commentaire...

                Notons tout d'abord que ce fut peut-être la première fois qu'un membre éminent de l'établissement, du Pays Légal, a employé, sans être ni reprise ni sanctionnée, un mot aussi fort, crevant pour une fois le mur du silence du conformisme ambiant; l'un des diktat majeurs du politiquement correct.... 

                 Pourtant, à la différence de Madame le Procureur, nous ne pensons pas, quant à nous, qu'il faille s'engager dans la voie de l'emprisonnement, comme semble le faire la justice du Système. Il nous semble que, la situation étant devenue ce qu'elle est, à savoir tout simplement intolérable, il ne s'agit plus de gérer simplement cette délinquance de masse, qui explose littéralement sous nos yeux d'une façon exponentielle. 

                 Il faut au contraire tâcher par tous les moyens de régler vraiment ce problème au fond, afin d'en venir à bout. Ce qui ne pourra se faire qu'avec des mesures beaucoup plus hardies, et surtout beaucoup plus radicales, qu'un emprisonnement de six mois par ci, par là, ou que quelques noms d'oiseaux .....        

                 Etant donné l'ampleur du mal, il ne s'agit pas, il ne s'agit plus, selon nous, d'emprisonner des délinquants mais de déchoir d'une nationalité française des gens qui, sitôt qu'on les en a gratifiés, montrent à l'évidence qu'ils n'en sont pas dignes. Et, une fois déchus, les expulser sans délai du territoire national sur lequel leur présence ne nous paraît vraiment pas s'imposer, si c'est pour y faire ce qu'ils y font.

                 Et, de toutes façons - Camus ne disait-il pas qu'une Sociét se juge à l'état de ses prisons ?... - vu l'état lamentable de nos Maisons d'arrêt et autres Centrales, leur délabrement d'ensemble - malgré quelques prisons nouvelles qui cachent un peu la forêt... - et leur surpopulation récurrente, il semble bien impossible d'y mettre tous les fauteurs de troubles, vu l'augmentation exponentielle de la délinquance !...

         

              (à suivre...)  

    (1) : Les mêmes causes produisant les mêmes effets, une autre personnalité a employé le même mot d' "abrutis", dans des circonstances différentes, certes, mais relevant toujours d'une délinquance pure et simple. C'était un an après, les propos ont été tenus par un capitaine des pompiers, et le tout a été rapporté par Le Midi Libre (Édition du samedi 27 février 2010):                         

             Montpellier : Les pompiers agressés au moment du sauvetage

             "En vingt-cinq ans, je n’ai jamais vu ça. Je ne comprends pas cette réaction d’abruti", réagit le capitaine Nicolas, qui a coordonné les secours. Quand les pompiers sont arrivés, ils ont reçu des canettes, des insultes. Pire : lorsqu’un soldat du feu s’est retrouvé en difficulté alors qu’il était en train de sauver l’une des victimes, l’un de ses collègues a volé à son secours en allant chercher une échelle. Et quand il est arrivé, l’invraisemblable s’est produit : « J’ai pris deux coups de poing derrière la tête alors que j’avais l’échelle en main, les insultes pleuvaient. Si j’étais tombé au sol, la victime y restait et mon collègue aussi », peste-t-il. Il a néanmoins réussi son opération de sauvetage. Et a déposé plainte, hier.
                 Dans ce climat tendu, une quinzaine de policiers ont été appelés en renfort. En fait, des individus ont reproché la lenteur des secours : « Ils ont mis trop longtemps à arriver et pendant qu’on essayait de sauver les victimes, ils restaient les bras croisés en attendant l’échelle. C’est normal qu’ils prennent des bouteilles », s’énerve un jeune. « On a eu l’appel à 0 h 18, on y était à 0 h 30. Les gens disent n’importe quoi », corrige le capitaine Nicolas."
      

  • Jusqu’où ?

     

    par Hilaire de Crémiers

    Tout se dégrade très vite dans le système actuel. La question est de savoir jusqu’où le pays peut descendre.

     

    157e493dd19d0d2ee135205f081739f9_Hilaire.jpgJusqu’où ? C’est la question que se pose tout le monde. Une minorité de blocage peut-elle arrêter toute la France ? Qu’est-ce que la CGT ? Aujourd’hui ? Et Sud ? Et l’UNEF ? Martinez et Martinet ont-ils tant de pouvoir ? Que représente au juste ce syndicalisme ? Des pourcentages dérisoires, tout le monde le sait. Mais ce sont eux qui mènent la danse. Ils ont la volonté de nuire. Apparemment ils en ont la capacité. Les autres salariés, à leur corps défendant, contraints, résignés ou finalement entraînés, leur laissent la situation en main. FO se mettra-t-elle sur la même ligne ? Les réformistes ne peuvent pratiquement rien. Qui peut quoi ?

    En cette fin de mois de mai où nous mettons sous presse, les raffineries et les dépôts d’essence sont bloqués les uns après les autres. Le gouvernement a tenté d’en libérer deux, mais la CGT a décidé de contourner les forces de l’ordre et de reprendre ses positions. Elle y mettra les moyens et arrivera sans doute à ses fins. L’activité dans les zones qui sont pour le moment les plus touchées, commence à sérieusement se ralentir : en particulier tout ce qui relève du transport, hommes et marchandises, et c’est beaucoup de nos jours, ainsi que tout ce qui fonctionne au pétrole et à ses dérivés. Le reste s’en ressent : plus de livraison. Demain tout le pays peut être paralysé. Il suffit de peu : quelques jours à peine. La CGT n’a rien à perdre, tout à gagner ; elle joue maintenant sa crédibilité. Elle sera la centrale syndicale qui, au prétexte de défendre la cause des salariés, se sera imposée au gouvernement ; c’est le but recherché.

    Elle s’en sortira toute ragaillardie. Elle s’affaiblissait ; la radicalisation la renforce. Les autres seront dans l’obligation de suivre ou elles seront soupçonnées de trahison. Telle est la logique toute simple qu’elle met en place, nationalement et vigoureusement. Donc elle n’a aucune raison de plier devant les ordres du gouvernement. Pour elle, Hollande et Valls ne comptent plus, la gauche gouvernementale non plus ; ils sont catalogués définitivement comme « sociaux-traîtres ». Le grand patronat, elle le toise, et il va voir ce qu’il va voir ; quant aux Français moyens, aux usagers, aux artisans, commerçants, à tous ceux qui travaillent pour vivre, la CGT s’en moque comme d’une guigne. Tout doit être sacrifié pour le combat qui, comme toujours en pareil cas, est décisif.

    Tout sera affecté très vite

    Rien à cette heure n’arrête le mouvement enclenché. La SNCF, la RATP, vont progressivement s’essayer à la grève ; à partir de début juin elle sera reconductible systématiquement. Les dockers se mettent de la partie : les ports seront entravés. Les aéroports vont subir des grèves. Après les transports, l’énergie. Une centrale nucléaire, celle de Nogent-sur-Seine, débute au jour d’aujourd’hui le débauchage. Tout sera fait pour que les autres suivent ; ça peut aller très vite et très loin.

    Le jeu devient dangereux à tout point de vue, y compris la maintenance. C’est fait exprès, comme tout le reste. Plus d’électricité ? Qui imagine les conséquences dans la société si fragile et si dépendante d’aujourd’hui ? Tout serait, sera affecté, et peut-être dès le début du mois de juin : usines, hôpitaux, services, transports, informatique, tout. Et l’Euro de football ? La CGT brandit là l’arme de dissuasion massive. Elle en a encore d’autres avec sa fidèle alliée l’UNEF : reproduire le schéma de 1968, mettre en l’air les examens et casser un peu plus les universités et l’Éducation nationale. Il est si facile de se croire des héros, à peu de frais.

    Que peut faire le gouvernement ? Rien ou très peu de chose. Alain Vidalies, le très improbable secrétaire d’État aux Transports, du même tabac que ses tout aussi inconsistants congénères du gouvernement, n’expliquait-il pas encore fin mai qu’il n’y avait aucune pénurie d’essence, que tout allait bien et qu’il n’y avait pas de souci à se faire ? Le gouvernement avait la situation en main. Le « ça va mieux » d’Hollande, repris en boucle ! Le pouvoir pour lequel visiblement aucun d’entre eux n’est fait, les rend tous idiots. Valls déclare d’une voix ferme que « la voie où s’engage la CGT est sans issue ». Soit. Puis il martèle devant les députés : « la CGT ne fait pas la loi dans ce pays ». Et alors ? Pense-t-il que Martinez et Martinet en seront impressionnés ?

    Ni Juppé, ni Fillon, ni Chirac, ni Villepin n’ont fait reculer les syndicats et la rue. Ils ont tous été obligés de retirer leurs lois. Chirac, président, a même fait mieux avec la loi dite du CPE en 2006 : il l’a promulguée et abrogée le même jour ! Valls n’a tenu ferme que devant la Manif pour tous : des catholiques dans la rue et par centaines de milliers, c’était bon à gazer. La République n’avait pas peur : elle arrêtait et jugeait à tour de bras. Alors pas de pitié ; la loi était la loi ; pas question de céder. Et, de fait, les foules catholiques sont gentilles et, au fond, si dociles. Le gouvernement n’affrontait aucun risque. « Nous ne lâcherons rien », criaient les manifestants ; c’est le pouvoir qui n’a rien lâché !

    Le bras de fer

    Aujourd’hui, il en va différemment. Tout le monde parle d’un bras de fer. La « légalité » républicaine a en face d’elle une « légitimité » démocratico-révolutionnaire qui, idéologiquement et selon l’échelle de valeurs du système, vaut plus qu’elle, car pareille légitimité qualifiée de populaire est, à l’origine et par principe, la véritable source de la prétendue légalité. Telle est la rhétorique d’une implacable logique. Et toute cette gauche ne connaît que cette rhétorique avec laquelle ils ont tous été élus et dont ils vivent. Hollande et Valls également. Il suffit de rappeler leurs discours de naguère.

    Or, en un mot, selon cette rhétorique démocratique, ce gouvernement de gauche qui a été élu par les voix de gauche, n’est plus véritablement de gauche. A preuve, la loi El Khomri qui a été faite « pour le patronat » et dans l’intention d’assouplir le marché du travail en changeant « la hiérarchie des normes sociales ». Peu importe s’il ne reste pratiquement plus rien de ladite loi et si même les accords dits d’entreprise sont réduits à la portion congrue. L’argumentaire est repris inlassablement : le droit du travail serait remis en cause ; on crie à la précarisation des salariés. Le peuple de gauche se révolte.

    Il accuse – et fort justement – Hollande de mensonge ; il ne tient pas ses promesses ; et de fait ! Que n’a-t-il promis pour gagner des voix à gauche et à l’ultra-gauche ? Tout était bon à l’époque. C’était oublier que, tout socialiste qu’il fût et bien qu’il maniât rhétoriquement l’exécration à l’égard de la finance et de l’argent, il était tenu lui aussi comme tout politicien par l’argent et les hommes d’argent, soumis à la finance nationale et internationale et, tout simplement, dépendant de Bruxelles dont il est un affidé et un obligé consentant. Hollande, comme tous les autres, ne peut que suivre des consignes et la France, depuis des décennies, et plus gravement encore ces derniers temps, se trouve ainsi mal prise entre, d’une part, son socialisme d’État auquel elle semble consubstantiellement vouée, et, d’autre part, un libéralisme imposé de manière tout aussi autoritaire et contraignante par les instances européennes. Au fond, Hollande est comme les autres ; il n’a jamais choisi. L’affaire lui retombe sur le nez.

    Que manque-t-il ?

    Et la France subit les inconvénients des deux systèmes opposés, aussi totalitaires l’un que l’autre et qui la tiraillent en tout sens. Elle n’a plus personne pour lui définir sa voie. à la tête de l’État, elle a un homme qui n’a jamais réfléchi à ces questions, qui récite en public ses fiches de grand dadais d’étudiant et ses consternantes banalités de politicien démagogue et immature : l’Europe et la social-démocratie ! Son univers de mots ! Valls n’a aucune idée, sinon celle de jouer un rôle qui le revêt d’importance. Il s’identifie à la République. Mais laquelle ? Sans majorité ? Ni populaire ni parlementaire ? Pendant que Macron marque sa différence et se place pour un avenir de plus en plus proche, hors de la pagaille gouvernementale.

    Ce mauvais film peut-il durer longtemps ? L’Euro foot commence dans quelques jours ; après il y aura le Tour de France. La CGT en profite pour continuer la pression. La loi El Khomri est maintenant au Sénat. La droite sénatoriale va la remanier. Elle repassera à l’Assemblée nationale. Leroux, le chef des députés socialistes, est à la manœuvre : il pensait trouver un accommodement en réécrivant l’article 2 qui aura perdu tout intérêt, afin de séduire syndicats et députés et ainsi empêcher si possible la motion de censure en cas de 49-3. Valls l’a rappelé à l’ordre. Il se rigidifie. Pour casser ? Serait-ce son issue ? Tête haute… et préservant son avenir, aujourd’hui compromis ? Ou va-t-il céder ?

    Voilà ce qu’on appelle dans les démocraties avancées, en France singulièrement, faire de « la politique ». Le peuple français dans son fond en est dégoûté. Les candidats de droite prétendent prendre la suite l’an prochain, à grands coups de réformes dont aucune ne va à l’essentiel : leurs programmes sont tout aussi trompeurs ? Ce n’est pas de la politique, ce sont des chiffres.

    La République française n’est plus qu’un mensonge officiel qui couvre des bandes et des gangs qui rêvent tous de passer à l’assaut de l’État. Les cassures sociales se multiplient ; le monde musulman évolue de plus en plus à part comme l’ont montré encore récemment les journées du Bourget.
    La police et les forces de l’ordre sont excédées, épuisées. Le gouvernement en use et en abuse. Une voiture de police a brûlé, ses occupants ont failli être assassinés. La justice relâche les coupables ! L’atmosphère nationale se dégrade tous les jours; l’économie ne peut pas se restaurer dans un tel environnement malgré les discours lénifiants des zozos qui nous gouvernent. Il suffit qu’une panique s’empare de nos créanciers pour que les finances de la France s’effondrent.

    Nul ne sait ce que sera l’Europe de demain. L’Autriche nous a donné en mai un fort signal, l’Angleterre, en ce mois de juin, un autre. Quelle illusion de croire que tout continuera comme avant ! Les prochains attentats surprendront tout autant que les précédents. Il manque à la France un gouvernement de salut public. Pas révolutionnaire. National.   

  • De la monarchie – essai, par Dominique de la Barre.

    Source : https://blogs.letemps.ch/dominique-de-la-barre/

    La Ligne Claire sollicite l’indulgence de ses lecteurs en raison de la longueur inhabituelle de ce blog. Cet essai sur la monarchie entend souligner les mérites de cette institution tout en répondant aux arguments de ses détracteurs.

    8.jpgLe départ en exil du roi Juan Carlos a amené certains, le parti Unidas Podemos par exemple, à réclamer non seulement la poursuite du cours de la justice à l’encontre du citoyen Juan-Carlos de Borbón y Borbón mais l’abolition de la monarchie même. Il est toujours malaisé de distinguer les critiques envers la personne de l’ex-souverain de celles envers l’institution du fait même que la personne n’est le souverain qu’en vertu de l’institution. En revanche, il est plus aisé de passer en revue les arguments avancés par les détracteurs de l’institution, et qu’on peut regrouper en trois catégories :

    – le caractère héréditaire, supposé contraire aux principes démocratiques,

    – le souverain est à l’abri d’une sanction électorale, de sorte qu’il ouvre la porte à de possibles abus de pouvoir,

    – le coût réputé élevé de l’institution monarchique.

     

    Dynastie et hérédité

    La Ligne Claire avance la théorie selon laquelle l’institution monarchique n’est que l’application à l’organisation de l’État d’un phénomène universel et de tous temps, la dynastie. Ainsi, en dépit d’une république en guise de cache-sexe, la Corée des Kim et la Syrie des Assad, de même qu’en son temps le Cuba des frères Castro, fonctionnent en réalité sur le mode dynastique. Plus encore, des pays qui dans un passé pas trop lointain se sont affranchis de la Couronne britannique se sont empressés de reproduire en leur sein ces mêmes mécanismes : en Inde la dynastie Nehru-Gandhi a longtemps dominé la vie politique, sans rien céder à la famille Bhutto au Pakistan voisin, tandis qu’aux États-Unis, dès leur constitution, des dynasties politiques voient le jour, les Adams d’abord suivis des Roosevelt et des Bush à notre époque. Bien plus, nombre d’usurpateurs, au rang desquels Bonaparte figure en première place, s’empressent, une fois le pouvoir assuré, d’établir une dynastie nouvelle. Dans d’autres domaines de l’activité humaine se sont fait jour des dynasties d’artistes (Breughel, Bach), d’industriels (Ford, Rockefeller, Peugeot), de banquiers (Rothschild, Pictet) et de scientifiques (Bernoulli), manifestations d’un phénomène de tous lieux et de tous temps, et qui n’est pas propre à l’institution monarchique.

     

    Monarchie héréditaire et monarchie élective

    A côté de la monarchie héréditaire cohabite la monarchie élective. L’Europe en a connu plusieurs parmi lesquelles on peut citer le Saint-Siège, qui subsiste, la République de Venise, qui était en réalité une oligarchie et le Royaume de Pologne, où l’élection du souverain en a fait le jouet de ses puissants voisins, la Russie et la Prusse et a conduit à la disparition de l’État vers le fin du XVIIIe siècle. Quant à elle, si la dignité impériale était en principe élective en Occident, dans la pratique elle était devenue héréditaire dans la maison de Habsbourg à partir de 1452, qui par le fait même en a assuré la pérennité.

    Pourquoi donc le système de la monarchie élective n’a-t-il pas fait ses preuves, à savoir un État stable, voire puissant ? On pourrait penser pourtant que le système n’offre que des avantages : à chaque élection, le corps électoral, quel qu’il soit, élit le candidat le plus apte ; celui-ci, élu à vie, n’a pas à se soucier de sa propre réélection et peut donc se vouer tout entier à la promotion du bien commun. Or, c’est précisément le contraire qu’on observe, à savoir que la monarchie élective devient aussitôt l’enjeu de factions, de partis, dirions-nous de nos jours, si bien que le souverain se comporte de fait comme un chef de bande, envers qui il devient redevable.

    En vue de mettre fin à la pratique héritée des Francs de partager l’héritage d’un chef parmi tous ses fils, qui s’était avérée une source de division perpétuelle et surtout d’instabilité politique, les Capétiens adoptent à partir du Xe siècle le modèle de la monarchie héréditaire, auquel ils ajoutent une règle certes arbitraire mais simple et efficace, la primogéniture masculine. Quarante rois se succéderont en application de cette règle au fil de huit cents ans. Ce faisant, les Capétiens assurent non seulement leur propre survie mais celle de l’Etat, par-delà les menaces graves, la guerre de Cent Ans par exemple. Un système qui à chaque génération fait l’impasse sur les compétences de son successeur, a donné des saints et des fols, des longs et des gros, ma foi à l’image de l’humanité tout entière, tout en assurant une gestion efficace de l’Etat. On ne saurait donc trop insister sur ce constat qui surprendra certains: l’institution monarchique, combinée au principe héréditaire, constitue un facteur essentiel de la stabilité, de la pérennité et même de la grandeur de l’Etat.

    Pour durer, tout système politique doit être perçu comme légitime et assurer une certaine efficacité. Illégitime, il sera renversé et inefficace, il le sera aussi. De ce point de vue la monarchie héréditaire se révèle redoutablement efficace : pour assurer sa succession, il suffit que le roi couche avec la reine, c’est-à-dire avec son épouse légitime, car le fruit de cette union, le futur chef de l’Etat, ne saurait être illégitime. Une nuit d’amour et voilà assurée la continuité de l’État, on ne saurait faire mieux.

     

    Monarchie absolue et tyrannie

    Si de nos jours on ne formule pas l’objection de l’absolutisme à l’encontre de l’institution monarchique, il ne paraît pas inutile dans le cadre de cet article de rappeler ce qu’il y a lieu d’entendre par monarchie absolue, dont la manifestation la plus éclatante demeure bien entendu Louis XIV. Pouvoir absolu signifie pouvoir parfait, c’est-à-dire complet ou encore achevé, mais ne signifie en aucun cas que le roi règne sans entrave ou de façon arbitraire. Le roi est lié tout d’abord par les lois fondamentales du royaume, sorte de constitution non-écrite, qui gouvernent notamment les règles en matière successorale. « Je suis dans l’heureuse impossibilité de n’y pouvoir rien changer » dira plus tard Louis XV à ce propos, indiquant tout-à-fait clairement qu’être bénéficiaire de la loi successorale ne signifie pas en être le maître ; même l’abdication n’est pas laissée au seul bon plaisir du roi : ainsi en 1936, c’est en vertu d’une loi votée par le Parlement que le roi Edouard VIII est autorisé à abdiquer. En outre, le roi est lié par le droit coutumier si bien que dans la réalité des faits il est confronté à un maquis de règles, de lois et d’ordonnances qui sont invoquées par des pouvoirs locaux, parlements de province par exemple, précisément pour contrer son autorité ; enfin le roi est lié par les traités qu’il conclut lui-même avec les puissances étrangères. Les limites à l’exercice du pouvoir royal sont donc à la fois réelles, nombreuses et efficaces. Retenons donc que le monarque absolu n’est en aucun cas un tyran, pas même un souverain qui règne de manière arbitraire, mais au contraire une personne que sa charge oblige.

     

    Absence de sanctions

    Dans ce contexte, l’impossibilité de sanctionner le souverain s’explique et se justifie donc très clairement. Autant le tyran se met à l’abri des sanctions par le fait même de son pouvoir tyrannique, c’est-à-dire l’oppression de ses opposants, autant l’absence de sanction du roi légitime doit être entendue comme un mécanisme qui assure la stabilité de l’institution et son inviolabilité. En effet, la possibilité de sanctionner le roi, que ce soit de manière formelle ou non, ouvre bien entendu la porte à une élection plus ou moins déguisée de son successeur.

    Ce sont donc les textes de loi qui gouvernent le pouvoir royal qui font office de sanction. Au Royaume-Uni, où le souverain ne jouit plus d’un pouvoir effectif, la notion même de sanction perd de son sens. En Belgique, la Constitution en son article 106 stipule expressément qu’aucun acte du Roi n’est valable en l’absence du contreseing d’un ministre qui par le fait même de ce contreseing se rend responsable de cet acte. Si donc c’est le ministre qui est responsable et non pas le Roi, la question de la sanction de la personne du Roi est vide de sens.

     

    Coûts

    Il n’entre pas dans le cadre de cet article d’effectuer un audit des coûts liés à la monarchie en Espagne ou ailleurs. On se bornera donc à formuler à ce propos quelques remarques de portée générale.

    Tout d’abord, la question des coûts est une question accessoire en ce sens qu’elle ne touche pas en tant que telle à l’essence de l’institution monarchique. C’est d’autant plus vrai qu’il revient au Parlement de fixer le montant de la liste civile.

    Si la monarchie est susceptible de s’entourer d’un certain faste, plus ou moins coûteux, très variable selon les pays et les époques, elle n’en a aucunement le monopole : qu’on songe aux défilés du 14-Juillet, aux cérémonies d’investiture du Président des Etats-Unis ou encore aux parades grandioses qui se déroulent en Chine ou en Corée du Nord. De plus, certains coûts fixes liés à certaines monarchies sont amortis depuis des siècles tandis que les frais d’exploitation variables sont à mettre en rapport avec les avantages très réels qui découlent de la pérennité de l’institution, une qualité particulièrement appréciée à l’étranger. Même la République française n’hésite pas à tirer parti de Versailles ou de Chambord, où les visiteurs affluent par milliers. Enfin, notons que certaines fonctions présidentielles, à nouveau celle des Etats-Unis par exemple, peuvent s’avérer très coûteuses.

     

    Conclusion et Épilogue

    La monarchie se révèle l’application de phénomène dynastique, une réalité observable de l’activité humaine, à l’organisation de l’État tant et si bien que, même lorsque l’État revêt la forme extérieure de la république, l’attachement et le prestige de la dynastie persistent, que ce soit en Bavière, en Afrique auprès des chefs coutumiers ou des maharadjahs en Inde.

    De l’avis de La Ligne Claire, Juan Carlos a sans aucun doute attenté au prestige de l’institution qu’il a incarnée pendant près de 40 ans. Que ceux qui songent à la museler gardent à l’esprit le sort de Stanislas Poniatowski. Élu roi de Pologne en 1764, l’ancien amant de Catherine la Grande deviendra vite le jouet des Russes. Il présidera au dépècement de son royaume et mourra en exil. Avec lui disparaissait non seulement la royauté mais pour 130 ans l’État polonais.

  • Barbey d’Aurevilly, le dandy catholique, par Eugénie Bastié.

    Jules Barbey d’Aurevilly. ©Jean Bernard/Leemage

     LES ANTI-CONFORMISTES (1/7) - À l’heure du politiquement correct, ces anticonformistes nous donnent une leçon de liberté. Ardent monarchiste et auteur de romans scabreux, Barbey d’Aurevilly est l’anti-Tartuffe.

    2.jpgJules Barbey d’Aurevilly est une cathédrale gothique au milieu du «stupide XIXe siècle» (Daudet). Enraciné dans sa Normandie natale dont il chantera les côtes et les pécheurs, et mondain en diable, amateur de duchesses et de paysages désolés, métaphysique et superficiel, passant deux heures au bain et deux autres à réciter le chapelet, goûtant la dentelle et les monastères, ce monument de la littérature est un inclassable.

    Il naît au bon endroit et le bon jour: dans le charmant village de Saint-Sauveur-le-Vicomte en plein Cotentin, le jour de la Toussaint, celui des Morts. La conjoncture parfaite pour forger une âme fouettée par le vent de la lande et avide de mystère.

    En 1808, la France est en crue. L’épopée napoléonienne étend son éclat sur toute l’Europe. Nous ne sommes pas encore dans ce siècle bourgeois, coincé entre la marée égalitaire et l’injonction de Guizot «Enrichissez-vous». Siècle de boutiquiers et d’habits noirs, de chemins de fer et de progrès qui engendrera par la littérature son contraire, le dandy, le snob, la poésie et ceux qu’Antoine Compagnon appellera les antimodernes.

    De Valognes au faubourg Saint-Germain

    Appartenant à une famille anoblie peu avant la révolution par l’achat d’une charge (1756), Barbey passe son enfance dans la rancœur des ascensions brisées, et c’est avec un diplôme de droit et un maigre héritage vite dilapidé qu’il gagne, tel Lucien de Rubempré, Paris en 1836. Il laisse les remparts de Valognes pour les salons du faubourg Saint-Germain. Il s’essaye à la critique littéraire, «fait de la vaisselle dans les journaux» pour gagner sa vie.

    La gloire le bouda longtemps. Il eut été parfaitement à son aise en croisé brûlant de foi au Moyen Âge, en cardinal libertin sous la Régence, en aristocrate mondain dans les salons du XVIIIe, en chouan abattant les Bleus à coups de tromblon ou même en soldat de Bonaparte, un peu plus tôt dans le siècle. Mais quand on a 20 ans sous la monarchie de Juillet et le cœur consumé de romantisme et de mélancolie, que devient-on? Dandy, pardi! Barbey fera partie de ces jeunes gens nostalgiques des grandeurs passés, rivalisant d’élégance pour noyer dans le superflu la bassesse de leur temps.

    Dans son ouvrage remarqué publié en 1845 Du dandysme et de George Brummel, Barbey est le premier à tracer les contours de ce mouvement importé des clubs londoniens sur les boulevards parisiens par la figure de Brummel, favori du prince de Galles, excentrique et raffiné qui inventa le costume moderne. Sous la Restauration, une vague d’anglomanie déferle sur Paris où tout le monde veut être fashionable, jouer au turf, et avoir son tilbury. À une époque qui voit l’ascension de la bourgeoisie industrielle et capitaliste et de ses valeurs matérialistes, le dandysme est un phénomène de démarcation, un art de l’anticonformisme. Importé du Royaume-Uni, il se décline en France, patrie des idées, de façon plus théorique, plus profonde et plus littéraire. Il ne s’agit pas que de cravates, mais aussi d’art de vivre.

    Antimoderne

    Le dandy est un antimoderne. Il déteste l’égalité, la transparence, et l’utile. Il hait la foule, fait l’éloge du masque et érige le frivole au rang d’essentiel. Bottes vernies, cravates de dentelle, pantalons à sous-pieds, gilets cramoisis, il n’a qu’un ennemi: l’habit noir du bourgeois. Mais attention, sa suprême élégance se distingue de la pure excentricité de la mode telle que nous la concevons aujourd’hui.

    Le dandy est un révolté, mais pas un révolutionnaire. «Le dandysme, explique Barbey, se joue de la règle et pourtant la respecte encore. Il en souffre et s’en venge tout en la subissant ; il s’en réclame quand il y échappe ; il la domine et en est dominé tour à tour». «Tous sont des représentants de ce qu’il y a de meilleur dans l’orgueil humain, de ce besoin, trop rare chez ceux d’aujourd’hui, de combattre et de détruire la trivialité», écrira Baudelaire. L’unicité entre l’être et le paraître est la philosophie du dandy. Par son attachement au frivole, «il nous apprend que les choses n’ont de prix que celui que nous leur attachons, et que l’idéalisme est le vrai» (Jules Lemaitre). En cela, le dandysme est une insurrection contre le modernisme et le règne de la quantité. Barbey cultive l’obsession de l’élégance et s’habillera jusqu’à la fin de sa vie en vieux lion de la monarchie de Juillet, se tartinant de khôl et de fard, ce qui fit dire à Sainte-Beuve, son ennemi, qu’«un homme sensé rougirait de traverser Paris avec lui, même en temps de carnaval».

    En 1851, il publie deux livres aux tons et aux sujets opposés: Les Prophètes du passé, un pamphlet monarchiste et catholique faisant l’apologie des auteurs réactionnaires de Maistre, Bonald, Chateaubriand et Lamennais, et Une vieille maîtresse, roman scabreux racontant la passion orageuse d’un aristocrate avec une Andalouse enflammée. Le sabre et le goupillon d’un côté, le stupre de l’autre: la contradiction ne manqua pas d’agacer.

    Peintre de l’âme humaine

    Si la publication d’Une vieille maîtresse indigne, c’est que Barbey, alors rédacteur du Monde catholique, a opéré depuis 1845 un retour à la foi, sous l’influence d’Eugénie de Guérin, et de son frère l’abbé Léon d’Aurevilly. Loin du pilier de Notre-Dame de Claudel, son cheminement est moins le fruit d’une révélation mystique que d’un retour à la Tradition. Il suit en cela son maître Balzac qui affirmait dans sa préface à La Comédie humaine: «J’écris à la lueur de deux Vérités éternelles: la Religion, la Monarchie.»

    Alors que le critique littéraire bon teint Armand de Pontmartin fustige ces écrivains «qui pensent comme M. de Maistre et écrivent comme le marquis de Sade», Barbey répond qu’il ne voit absolument rien de contradictoire entre son livre et sa foi, et entreprend, dans sa célèbre préfaced’Une vieille maîtresse, de démonter l’inanité des reproches qui lui sont adressés de la part des «Libres Penseurs» et des dévots. «Le Catholicisme n’a rien de prude, de bégueule, de pédant, d’inquiet», écrit-il. Il laisse cela aux vertus fausses, aux puritanismes tondus. Le catholicisme aime les arts et accepte, sans trembler, leurs audaces. Il admet leurs passions et leurs peintures, parce qu’il sait qu’on en peut tirer des enseignements, même quand l’artiste lui-même ne les tire pas.

    Il reprendra cette antienne dans la préface des Diaboliques, son recueil de nouvelles éblouissant où il ne s’interdit de décrire aucun crime: «les peintres puissants peuvent tout peindre et (…) leur peinture est toujours assez morale quand elle est tragique et qu’elle donne l’horreur des choses qu’elle retrace». Cette définition du romancier comme un sondeur des cavités de l’âme humaine plaît profondément à Baudelaire, qui dira de lui qu’il est «catholique dandy. L’envers de Tartuffe». Barbey défendra Les Fleurs du mal lors du procès de 1857. Il reconnaît dans le poète un frère catholique, qui comme lui considérait la double postulation traversant le cœur de tout homme: «Il y a dans tout homme, à toute heure, deux postulations simultanées, l’une vers Dieu, l’autre vers Satan. L’invocation à Dieu, ou spiritualité, est un désir de monter en grade ; celle de Satan, ou animalité, est une joie de descendre», écrit Baudelaire. «Après Les Fleurs du mal, il ne nous reste plus, logiquement, que la bouche d’un pistolet ou les pieds de la croix», répond Barbey.

    L’Esprit français

    Malgré son excentricité, Barbey d’Aurevilly n’est pas un charlot ni un Charlus, il a une véritable œuvre, et aura durablement marqué la littérature française. Qu’ils se passent dans sa chère Normandie comme L’Ensorcelée ou Le Chevalier des Touches ou dans les faubourgs parisiens comme Une vieille maîtresse, ces romans ont pour point commun le goût du tragique. Dans sa comédie humaine, plus extravagante que celle de Balzac, des prêtres défroqués, des chouans désenchantés, des moines assassins, des dévotes cachant des hosties dans leurs corsages, des athées tourmentés, des saintes et des prostituées, un bestiaire romanesque aussi chamarré que ses tenues de dandy. Il est le trait d’union entre Balzac et Bernanos, proche d’Edgar Poe, pour le fantastique et préfigurateur des romans métaphysiques de Dostoïevski.

    Après le rétablissement de la République en 1870, Barbey survivra encore jusqu’en 1889, mythe vivant recevant rue Rousselet des dandys tardifs et des décadentistes fin de siècle. Parmi eux, Léon Bloy bien sûr, jeune anarchiste athée du Périgord qu’il convertit à la foi et la tradition et Joris-Karl Huysmans, dont, Des Esseintes, le personnage de son roman, À rebours, ressemble étrangement à l’auteur des Diaboliques.

    «Barbemada de Torquevilly», «Connétable des lettres», «Sardanapale d’Aurevilly», «Lord Anxious», ce personnage aux mille costumes qui professa l’unité de l’être et du paraître fit de sa vie une œuvre. Il y a dans la geste d’aurevillyenne, à la fois excessive et distinguée, à mi-chemin entre le nihilisme russe et le détachement excentrique anglais, quelque chose de l’esprit français, le panache des orphelins de l’absolu.

    Source : https://www.lefigaro.fr/vox/

  • Régis de Castelnau : “le danger de ce procès c’est qu’il offre une tribune aux terroristes. Ils en profitent et c’est in

    Le procès historique qui fait suite aux attentats du 13-Novembre a été ouvert ce mercredi 8 septembre. En raison de l’extrême gravité des faits et du traumatisme qu’ils ont causé à la nation, l’ampleur donnée à ce procès est spectaculaire : construction d’une salle dédiée, retransmission vidéo des audiences, poursuite des confrontations durant 9 mois…

    Au simple procédé judiciaire s’ajoute ici une dimension théâtrale, destinée à agir comme une sorte de catharsis pour la nation endeuillée.

    L’avocat Régis de Castelnau réagit à ce sujet au micro de Boulevard Voltaire.

    Se tient depuis hier, le procès des attentats du 13 novembre au Bataclan, dans les différents bars et au stade de France. Ce procès est sous haute tension et exceptionnel de par sa taille et des personnes impliquées. Ce procès est en train de se transformer en une sorte de tribune ouverte de Salah Abdeslam qui multiplie les provocations. Ce procès représente-t-il nos faiblesses étalées en pleine lumière ?

     

    Ce procès c’est d’abord une contradiction. C’est un travail de justice. La Justice a une fonction qui est de juger les gens qui ont commis des infractions abominables qui sont des infractions terroristes.

    La Justice doit donc établir la réalité des faits et prendre des sanctions à l’encontre des coupables.

    C’est l’honneur d’une démocratie. C’est ce qui fait aussi la supériorité de notre système sur les systèmes dont ils sont issus. On sait très bien qu’ils sont issus d’une autre culture, d’une autre civilisation et parfois d’autres pays. On est confronté à un traumatisme de la société française au travers d’un choc lié à la violence de l’attaque. Aujourd’hui, j’invite à revoir les différentes vidéos et documentaires. C’est impressionnant et on se replonge dans ce qu’avait été un méta-évènement. Si l’attentat du stade de France avait réussi, cela aurait été multiplié par deux.

     

    Cela fait 20 ans que l’Occident est officiellement en guerre contre le terrorisme international.

    En 20 ans, l’Occident a-t-il appris à se défendre efficacement contre ce nouvel ennemi protéiforme ?

     

    Non. Chez les talibans c’est l’intégrisme, mais on sait très bien qu’Al-Qaïda existe encore. La preuve, ils font des attentats et ont tué 12 militaires américains devant l’aéroport de Kaboul. C’est une guerre asymétrique. Face à cette guerre asymétrique, on a décidé, et pas seulement la France, de faire ce travail de justice. Mais dans le même temps, on veut traiter le traumatisme et faire une cérémonie expiatoire, une catharsis, ce que je trouve légitime. Il faut que la nation exprime ce qu’elle a vécu, lorsque je dis la nation, ce n’est pas seulement l’État, c’est la population qui habite ce pays. Il faut aussi que les victimes aient le moyen de s’exprimer et soient reconnues dans ce qu’a été leur souffrance. C’est un évènement qui relève d’un« théâtre ». On a construit une salle particulière, on va filmer, on va mettre tout cela en scène et on fait durer le procès neuf mois. Les objectifs ne sont pas les objectifs habituels de la Justice. J’ai toujours dit que lorsqu’on assignait à la Justice les objectifs qui ne sont pas les siens, ça ne peut se faire qu’au détriment de ses propres règles et cela dévoie le processus judiciaire. Je le dis avec beaucoup de précautions parce que je comprends très bien que l’on souhaite faire cet évènement. Il y a eu 7 millions d’euros de travaux et des mesures de sécurité justifiées.  Il y a une unité de temps, une unité de lieu, il y a des règles, des débats contradictoires et cela débouche sur une décision de la violence légitime de l’État.

     

    D’un point de vue strictement pratique, cela contre-associe avec l’état de clochardisation de la Justice souvent décriée. Là, on a mis les moyens…

     

    Oui, mais le praticien que je suis est un peu gêné. Une fois que j’ai dit cela, je suis contraint de constater la réalité. On a fait la même chose pour le procès Barbie. Ce procès était une cérémonie expiatoire permettant de regarder en face ce qu’avait été l’occupation. Et le procès Papon qui était celui d’une administration jouant le rôle de l’occupant. On a eu les grands procès de la mafia en Italie où il a fallu que les Italiens regardent en face ce qu’avait été ce phénomène mafieux et pas seulement en Sicile.

    Assumons le fait que c’est un peu du théâtre et que même si cela va être utile pour la nation et pour les victimes, c’est quand même inhabituel et un peu contradictoire avec le processus de justice.

    Vous allez me dire à la guerre comme à la guerre. On nous a déclaré une guerre donc on répond par des actes qui ne sont pas ceux de la Justice ordinaire et habituelle.

    Je vais citer deux dangers à commencer par le moins important à mes yeux. Neuf mois d’audience nous amènent à l’élection présidentielle. Cela sent la manipulation à 100 kilomètres. Surtout de la part d’un monsieur jamais gêné.

     

    Selon vous ce procès aurait été conduit de telle manière à ce qu’il favorise la majorité en place à des fins électorales ?

     

    Ce procès a été organisé comme tel au profit d’Emmanuel Macron. 60 % des Français ne veulent pas qu’Emmanuel Macron se représente. Il a droitisé son discours et fait perdurer tout l’encadrement politico-juridique de la pandémie qui le sert. La cérémonie aux Invalides pour Jean-Paul Belmondo est ridicule. Dieu sait que j’aimais Belmondo, mais il n’avait rien à faire dans la cour des Invalides. Ce n’est pas sérieux.

     

    Tout acte, même régalien posé par Emmanuel Macron doit-il être regardé dans l’optique de l’élection présidentielle ?

     

    Non, mais c’est quand même un spécialiste. Il salue la rentrée scolaire, il parle de Samuel Paty et il nous montre la photo de deux crétins qui sont ses deux grands amis, Mc Fly et Carlito.

    Le deuxième danger c’est que l’on offre une tribune aux terroristes et en particulier Abdelslam qui en profite. C’était prévisible. Jusqu’à sa condamnation, il est présumé innocent, même si on a tous notre conviction le concernant. Il doit pouvoir dire ce qu’il veut.

     

    Il est assez exceptionnel que l’on doive faire le procès de quelqu’un dont la culpabilité est reconnue et revendiquée. On va donc passer neuf mois à débattre de la culpabilité certaine…

     

    Je ne vois pas trop où sont les circonstances atténuantes et pour ma part je n’ai pas de doute sur ce qui l’attend au final.  Il dit qu’on le traite comme un chien, j’ai envie de lui répondre qu’il va falloir qu’il s’habitue parce que c’est pour le reste de sa vie et en pire. Jusqu’à présent, on l’a préservé pour éviter qu’il mette fin à ses jours pour que ce procès et ce jugement aient lieu. Une fois qu’il sera condamné, il se retrouvera en centrale et il verra que ce n’est pas amusant. Au bout de 30 ou 40 ans, on trouve le temps long. On lui donne une tribune parce que c’est la règle. Il faut qu’il puisse s’exprimer comme il l’entend et c’est insupportable.

     

    Pourquoi ne pas mettre en place un tribunal d’exception et en finir une bonne fois pour toutes pour que la France oublie ce visage et qu’on n’entende plus jamais parler de lui ?

     

    C’est peut-être aussi une espèce de pusillanimité qui consiste à dire que nous sommes supérieurs à ces gens-là parce qu’on va respecter l’État de droit, on va les juger selon des normes civilisées, alors qu’eux sont des brutes. On parle des terroristes et aussi des pays où l’islam est religion d’État et où le Coran est un Code civil.

    Il n’y aura plus ou très peu de guerres classiques. Ces temps-ci, on dit « imaginez-vous que la Chine envahisse Taïwan ». Les Chinois considèrent que Taïwan est à eux et sur le plan historique ils ont raison. Admettons qu’il y ait une guerre classique, il est bien évident que dans le contexte d’aujourd’hui avec l’armement nucléaire, cela change tout. Voir se dérouler de bout en bout, une guerre classique entre des pays et des puissances ayant pignon sur rue, je n’y crois pas trop. On est confronté au terrorisme qui est une guerre asymétrique.

    Face à ce problème, face au terrorisme, ne faudrait-il pas imaginer des solutions qui seraient d’inventer un droit de la guerre asymétrique ?

    Jusqu’à présent, nous avons eu des guerres asymétriques en Algérie à une certaine époque. On en a eu aussi en Amérique latine. C’était de la barbarie. Ce sont des crimes de guerre qui ont été commis au Bataclan. Je ne parle même pas du 11 septembre. Lorsque vous regardez les documentaires, ce sont tous des innocents qui ont été touchés. Les pompiers prennent le risque de mourir comme des soldats.

    Rappelez-vous Tchernobyl, les hommes n’ont pas moufté, mais ils y sont allés. Une série a été réalisée par des Britanniques, très réaliste. Les types y sont allés, car ils ont le sens du devoir.

    Traiter le terrorisme comme une guerre et en définir les règles c’est du boulot. Je serais assez partisan. En six mois, beaucoup de choses se sont dites.

    Sur Netflix, une série avait été réalisée sur le Bataclan. Cela nous replonge dedans et nous secoue. Je ne déduis pas la supériorité de la civilisation du fait qu’elle applique les règles et qu’elle fait un procès de neuf mois par rapport à l’autre. Je dis simplement que l’on traite un évènement hors norme qui n’est pas ce que traite la Justice d’habitude. Il y a un petit décalage.

    Les Américains ont des prisons cachées comme Guantánamo. Ils gèrent cette contradiction entre les normes applicables chez eux, les droits de la défense et avec les principes que nous souhaitons tous appliquer. Ils mettent cela dans un endroit hors sol, qui n’est pas un territoire américain, une zone imposée aux Cubains qui ne sont pas spécialement leurs amis. Et là, ils peuvent faire ce qu’ils veulent. Sans aller jusque-là, on pourrait peut-être imaginer des formes de traitement d’une justice militaire.

     

  • Maison de la trêve et territoires perdus de la République, par Philippe Germain.

    Concer­nant le terme de « sépa­ra­tisme », l’utilisation d’un voca­bu­laire pré­cis, contrai­re­ment à celui en trompe‑l’œil de l’élite média­tique du pays légal, jette un éclai­rage cru sur la réa­li­té de l’Islam. Nous décou­vrons ain­si que la France appar­tient à la « mai­son de la guerre » vouée à la conquête musul­mane. Après une telle prise de conscience, recon­nais­sons que le reste relève de la poé­sie !

    philippe germain.jpgEst-ce exa­gé­ré de le pen­ser ? N’en dou­tons pas, les démo­crates nous en accu­se­dé­jà. Ils font mine d’ignorer qu’on ne choi­sit pas son enne­mi mais que c’est l’ennemi qui vous choi­sit. C’est l’Islam qui désigne les mécréants comme ses enne­mis et la France – la mai­son de la guerre – comme un ter­ri­toire à conqué­rir. Le dire clai­re­ment peut ne pas plaire, mais que l’on aime ou que l’on n’aime pas, c’est un fait et les faits sont têtu.

    Parce que pour les fran­çais, cette véri­té est raide à ava­ler, l’Islam a mis au point untroi­sième concept inter­mé­diaire, celui de la mai­son de la trêve : Dar as-sulh. C’est l’organisation d’origine égyp­tienne des Frères musul­mans qui a mis au point cette ruse. Leurs juristes ont inven­té cette troi­sième mai­son valable pour les pays comme la France, qui abritent l’immigration musul­mane. Cer­tains com­man­de­ments qui choquent les fran­çais comme la lapi­da­tion des femmes adul­tères ou la poly­ga­mie peuvent ain­si faire l’objet d’un mora­toire. Ce qui per­met en contre­par­tie de deman­der aux auto­ri­tés fran­çaises de ne pas inter­ve­nir dans le domaine de l’Islam.

    Cette ruse de la France comme « mai­son de la trève » et de l’islam comme reli­gion de paix, trou­va assez tôt par­mi nos com­pa­triotes, des com­plai­sances, sinon des com­plices, du moins des alliés, voir des col­la­bo­ra­teurs. • Il y eu d’abord le patro­nat d’après 1945, pra­ti­quant l’appel à la main d’œuvre immi­grée, plus docile et moins exi­geante, pour rem­pla­cer les jeunes fran­çais qui se détour­naient des tâches répé­ti­tives au pro­fit du tra­vail « dans les bureaux ». On oublie trop cet escla­vage moderne mis en place par la socié­té indus­trielle.• Il y eu bien sur la géné­ra­tion des jeunes chré­tiens de 1950, tom­bés sous le charme trouble de Louis Mas­si­gnon (1883 – 1962) et de sa thèse du dia­logue avec l’Islam dont l’in­fluence figure dans la décla­ra­tion « Nos­tra Ætate » du concile Vati­can II. Dia­logue d’ailleurs de plus en plus en vogue dans la hié­rar­chie de l’Eglise, alors qu’il est à sens unique.• Il y eut bien enten­du les gau­chistes qui après mai 68 et la décon­fi­ture du grand récit mar­xiste, se détour­nèrent de l’ouvrier fran­çais, deve­nu le « beauf », au pro­fit de la nou­velle figure du pro­lé­taire : le tra­vailleur migrant.• Il y eu vers 1970 les tech­no­crates du pays légal qui favo­ri­sèrent les mesures de type regrou­pe­ment fami­lial afin que les devises ne repartent pas au Magreb mais relancent la consom­ma­tion de masse pour ali­men­ter la fis­ca­li­téde l’Etat-providence. 

    Toutes les pla­nètes sem­blaient donc ali­gnées pour assu­rer le suc­cès de la « ruse » de la mai­son de la trêve. Celle qui per­met­tait aux musul­mans de vivre hors de la mai­son de la paix. Effec­ti­ve­ment la loi musul­mane tra­di­tion­nelle inter­di­sait au croyant de s’établir et même de séjour­ner lon­gue­ment par­mi les infi­dèles. Cette ruse de la mai­son de la trêve répon­dait donc à la nou­velle pro­blé­ma­tique de la déco­lo­ni­sa­tion et de la dia­spo­ra musul­mane d’une ampleur tout à fait excep­tion­nelle. Pour­tant c’est bien à par­tir de cette ruse de la mai­son de la trêve que sont éclos les nom­breux « ter­ri­toires per­dus de la Répu­blique ». Ces ter­ri­toires ou presque chaque semaine la loi et les mœurs fran­çaises sont non plus seule­ment bafouées mais bel et bien ouver­te­ment pro­vo­quées. Là encore ne nous lais­sons pas ber­ner par l’embrouille démo­cra­tique qui cherche à renom­mer ces ter­ri­toires per­dus en « TRR », c’est-à-dire Ter­ri­toires de Recon­quête Répu­bli­caine. Comme si la Répu­blique était capable de recon­qué­rir quoi que ce soit, elle qui cède pro­gres­si­ve­ment sur tout.

    Les pra­ti­quants de la reli­gion laïque – car la laï­ci­té répu­bli­caine est une reli­gion – ne com­prennent tou­jours pas com­ment cela a pu se pas­ser. Com­ment la République,qui était par­ve­nu à mettre au pas les catho­liques fran­çais, a pu perdre la main jus­qu’à lais­ser la cha­ria rem­pla­cer la loi répu­bli­caine dans plus de 150 « ter­ri­toires » du vieux sol fran­çais ? Une police impuis­sante, une jus­tice com­pré­hen­sive jusqu’au laxisme, une presse abu­si­ve­ment silen­cieuse et l’intégration du tra­fic de drogue dans le cal­cul du Pro­duit Inté­rieur Brut…

    Dans notre pro­chaine rubrique, nous allons éclai­rer les parois­siens laï­cistes, sur la grande révo­lu­tion isla­miste de 1979, qui est pour le monde musul­man aus­si impor­tante que l’est pour la France la Révo­lu­tion de 1789. Elle a effec­ti­ve­ment joué un rôle clé dans la situa­tion dra­ma­tique dans laquelle se trouve la France.

    Expres­sion employée pour la pre­mière fois au 8e siècle, par l’imam juriste Abou Hani­fah

    2 Euro­stat conseille de mul­ti­plier la quan­ti­té consom­mée par le prix moyen ayant cours dans la rue, tout en fai­sant jouer le para­mètre du « ratio de pure­té » des pro­duits stu­pé­fiants et des « coûts de trans­port et de sto­ckage » des nar­co­tra­fi­quants

    Pour lire toutes les rubriques de la série « L’Islam enne­mi n° 1 bis », cli­quer sur les liens.

    1  France,  mai­son de la guerre

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Deux formes, Un seul Seigneur, par Manuel Cardoso-Canelas.

    Les évêques français ont rendu compte de la manière dont le motu proprio de Benoît XVI est mis en œuvre dans leur diocèse. Leur synthèse, assez hostile, ne répond à aucune des questions légitimes que la pratique fait pourtant surgir.

    Il n’est pas question ici de mettre en cause la légitimité et la validité du Novus Ordo Missae, mieux connu sous le nom de forme ordinaire du rite romain (FOR). Cette forme ordinaire est la forme commune, habituelle, normative de l’Église universelle. 

    12.jpgL’Église étant la seule maîtresse de ses rites et de leur organisation, elle exerce comme elle veut son droit de légiférer dans ce domaine. Ce point ne souffre aucune contestation.

    Cela dit, par FOR nous entendons, évidemment, la façon ad hoc de célébrer selon l’esprit de cette forme liturgique et selon sa lettre, avec l’intention de faire ce que l’Église veut faire lorsqu’elle célèbre. C’est, en conséquence, dire que les innovations, les improvisations, les libertés prises avec le rite ne sont ni une expression légitime de la FOR, ni une émanation de celle-ci. Enfin, signalons comme n’étant pas essentielles à la FOR ni la langue liturgique – qui n’est pas forcément la langue vernaculaire –, ni l’orientation du célébrant – qui peut ne pas être tourné vers les fidèles. Ces remarques dites, venons-en à l’objet de ces lignes.

    Le 7 mars 2020, le cardinal préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi adressait à toutes les conférences épiscopales une lettre accompagnée d’une enquête sur la messe dite “extraordinaire”. Treize ans après la publication du motu proprio Summorum Pontificum par Benoît XVI, le pape François, selon le cardinal, « souhaitait être informé de l’application actuelle » du motu proprio. En janvier 2021, la Conférence épiscopale française rendait publique – ce n’était pas exigé – une synthèse de 24 pages, exposant les résultats de la consultation. Le texte, rédigé dans un français parfois approximatif, est donc censé donner un aperçu de la façon dont se vit en France la forme extraordinaire du rite romain (FER).

    Sur 92 diocèses, seuls 87 ont répondu à l’enquête sans que l’on sache pourquoi les cinq absents ne l’ont pas fait. On apprend, d’abord, qu’il n’y a pas de célébration dans la FER dans les diocèses de Cambrai, Amiens, Châlons et Viviers ; que les diocèses de Blois, Laval, Strasbourg et Versailles ont constitué des paroisses personnelles pour cette forme du rite (il est révélé que le diocèse de Nîmes subit des « pressions », auquel il résiste, pour la création d’une telle paroisse) ; qu’enfin dans les autres diocèses la chose est anodine, presque inexistante (« un ou deux lieux sont dédiés au moins en partie à la célébration »), et qu’elle ne rassemble qu’une faible population en moyenne (« moins de cent personnes ») ! Ceux qui fréquentent ces crypto-lieux de culte, si l’on en croit le texte, savent que, bien souvent, l’assistance dépasse la centaine de personnes. Du reste, quelle est, dans certaines paroisses, la moyenne de la participation dominicale aux messes célébrées dans la FOR ?

    Un besoin pastoral contesté

    Selon le document, la célébration des messes selon le missel de 1962 est souvent le fait de communautés religieuses ayant choisi cette forme de célébration de façon ordinaire (la forme extraordinaire est la forme ordinaire de ces communautés !) La synthèse semble le regretter et voudrait « associer les prêtres diocésains à la célébration en forme extraordinaire » mais cela semble difficile en raison du manque de prêtres… Alors un chanoine à la retraite, un vieil official en soutane usée fera l’affaire, de toute façon nous sommes dans les vieilleries poussiéreuses ! Et considérez que les fidèles attachés à la forme ancienne ne sont pas méchants, car « malgré quelques crispations la situation est largement apaisée » (merci Benoît XVI !).

    Pour deux tiers des diocèses, ces célébrations en FER répondent à un vrai besoin pastoral (mais qu’est-ce qu’un besoin pastoral ?), cependant, note le document, « une expression revient souvent [dans les réponses] : la forme extraordinaire répond à une attente de quelques-uns plus qu’à un vrai besoin pastoral. » Mieux, pour certains, la proposition de la FER, « ne fait qu’entretenir les fidèles dans une conception ecclésiale singulière » caractérisée par un rejet du concile (lequel ?), la critique du pape François, l’hostilité à une Église trop ouverte… Plus encore, ces messes sont rarement promues par les prêtres mais « plus souvent par de jeunes familles nombreuses » (là, les bras nous en tombent !) Voyons : on nous dit que les messes FER sont le fait de communautés, le plus souvent, et que peu de prêtres diocésains sont engagés dans ce mouvement, qu’on le voudrait bien mais qu’on ne peut pas ; que ce sont de jeunes familles nombreuses qui manigancent – mais auprès de qui ? – et qui obtiennent finalement la célébration de ces messe. On ne voit pas ce que les communautés célébrant dans ce rite viennent faire dans ce complot de familles nombreuses. Il manque d’ailleurs ici une ou deux précisions qui viendront plus tard : de droite et royaliste ! Oui ! de jeunes familles nombreuses de droite et royalistes ! Et ces familles exigent des besoins pastoraux ! Parce que, voyez-vous, en plus d’être nombreuses, elles se paient le luxe d’avoir une âme ! Il faut savoir que le motu proprio de Benoît XVI précisait expressément que les demandes viennent des fidèles et qu’un prêtre ne pouvait pas imposer la célébration dans la FER. Alors qui, finalement, va contre l’esprit du Concile ? Les fidèles qui demandent la célébration selon une forme légitime, pour des raisons qu’ils n’ont pas à justifier, ou le document de la CEF qui regrette que ce ne soit pas les prêtres qui soient à l’origine de cette proposition ?

    La concélébration, festivisme clérical

    Certains évêques estiment que la FER peut conduire, de plus, à un « formalisme rituel » et « figer une réflexion de foi », enfermant les personnes dans un individualisme et un esprit de chapelle. À ce titre, la formation théologique des prêtres de la Fraternité Saint-Pierre et de l’ICRSP est expressément remise en cause. Ne connaissant pas la formation dispensée par ces instituts, limitons-nous à dire qu’elle n’est sans doute pas de la même nature, plutôt médiocre, que celle des séminaires diocésains qui subsistent.

    Arrivé à ce stade, le document fait l’inventaire des point positifs (12) et négatifs (29) de la pratique que le motu proprio a permise. Il faudrait commenter chacun des points mais ce n’est pas possible ici. Signalons donc la disparité des appréciations, nettement plus négatives que positives, comme on pouvait le subodorer depuis le début de la synthèse. Parmi les points positifs, outre le fait que la FER puisse être un « beaume » (sic), la CEF voit dans la célébration ad orientem « un antidote au risque de cléricalisme » ! Cela confirme que les communautés, composées de familles nombreuses et jeunes, célébrant selon cette forme pourraient être moins cléricales que celles, vieilles et clairsemées, composées bien souvent de laïcs engagés, même si la célébration tournée vers les fidèles est censée manifester le « faire Église ensemble ».

     

    La synthèse de la CEF montre que les blessures post-conciliaires sont encore très présentes.

     

    Entre autres points négatifs, la CEF signale le refus de la concélébration par certains prêtres de la forme traditionnelle. Disons d’abord que la concélébration n’est jamais, officiellement, une obligation, même si aujourd’hui il existe une pression pour la rendre quasi automatique (voir les récentes dispositions pour les célébrations privées à Saint-Pierre-de-Rome). Ceci étant, les prêtres qui refusent la concélébration sont parfaitement en droit de le faire. Si ce refus peut, de fait, interpeller, on voit très bien, dans la logique des points négatifs cités, que le reproche fait est de ne pas vouloir prendre part à la fête commune. Ce “quant-à-soi” est fortement critiqué et le refus de la concélébration en est le symptôme, clérical, majeur.

    Plus loin dans le rapport, on se pose la question de savoir si la FOR a adopté des éléments de la FER. Bien que la réponse soit, logiquement, négative, on note tout de même que quelques éléments se sont infiltrés, la plupart jamais expressément révoqués : l’usage plus grand du latin, le voilement des statues pendant le carême, l’usage de la couleur noire, les clochettes et le plateau de communion, etc. Ces éléments signalant la FER ne sont pas, comme tels, étrangers à la FOR. On note, cependant, à plusieurs reprises, plus de sérieux dans la célébration selon la FER et d’un intérêt plus grand de la part des séminaristes et des jeunes prêtres pour le rite ancien et ce malgré la vigilance des évêques.

    Deux aspects d’un seul mystère eucharistique

    À ce qui vient d’être dit, on voit que l’ensemble du rapport est une charge à peine voilée contre la pratique actuelle d’une part, et contre la FER, d’autre part. Évidemment, la nature même de cette synthèse ne permet pas de se poser des questions théologiques d’une façon plus appronfondie ; cependant, le ton adopté donne à entendre que l’on ne désire pas même aborder ces questions-là.

    Et si la synthèse pointe une mauvaise volonté de la part des tenants de la FER, il faut avoir l’honnêteté de dire que ce n’est pas le cas de tous. Certes, on trouve par ici l’esprit de chapelle, une certaine forme de complaisance liturgique, le culte de l’ancien pour l’ancien, l’amour immodéré des dentelles et des damas, un style de prédication daté, dans le fond et dans la forme, un formalisme esthétique et hélas aussi psychologique mais on n’est pas mieux loti avec les tenants de la FOR. On y trouve, en effet, un mépris pour le passé, une naïveté progressiste, un relativisme doctrinal, un spiritualisme désincarné, une course à la nouveauté pour la nouveauté, une aigreur ronchonne partagée par les clercs et le laïcat.

    Certes les difficultés existent et sont de plusieurs ordres : liturgique, théologique et historique. L’attachement au Vetus Ordo Missæ a, avec le temps, mis l’Église latine dans une situation de quasi bi-ritualisme, comme le signale la synthèse. Le pape Benoît XVI a mis en usage les notions de formes du seul rite romain pour manifester son unicité et son unité. Force est de constater que, dans la pratique, compte tenu de la différence du lectionnaire, du temporal et du sanctoral, sans parler des usages, qu’il s’agit d’un peu plus qu’une différence de forme. La question à se poser est de savoir si cet état des choses liturgiques, légitimé par Benoît XVI, peut perdurer ainsi ? Si l’on répond négativement à la question, comment gère-t-on les communautés célébrant dans la FER ? Par une nouvelle guerre liturgique ou en s’en moquant totalement, comme le font certains évêques ? Si on y répond positivement, comme manifeste-t-on l’unité de l’Église qui n’est d’ailleurs pas incompatible avec une disparité des rites même si cela répugne à l’Église latine qui, depuis le concile de Trente, a unifié ses célébrations ?

    Quel avenir au bi-formalisme ?

    Pour ce qui est des difficultés théologiques, il faut bien comprendre qu’avec les deux formes, nous sommes en présence de deux aspects dynamiques du seul et unique mystère eucharistique. Restant sauve la doctrine catholique sur la messe, valable pour toutes les célébrations quel qu’en soit le rite, les deux formes donnent à voir et à entendre des mystagogies eucharistiques complémentaires. Dès lors, chacune a ses richesses et ses limites, chacune offre des insistances ou des risques théologiques différents, et il est aberrant de vouloir les opposer idéologiquement. Pour tout dire, le rit et ses formes sont des dispositifs relatifs qui communiquent sacramentellement, réellement et efficacement une réalité absolue de l’ordre de la grâce.

    Enfin du point de vue historique, la synthèse de la CEF montre encore que les blessures liées aux questions liturgiques du passé postconciliaire sont encore très présentes. Une certaine pratique liturgique actuelle liée à la FOR n’arrange rien à la situation et indique que ce genre de problèmes n’est pas derrière nous.

    Que deviendra ce bi-formalisme, peu équilibré, dans l’avenir ? Comment peut-on envisager, pour le clergé des instituts concernés, une ouverture à la forme nouvelle, qui irait jusqu’à la concélébration dans certaines occasions ? Comment peut-on envisager la vitalité du rite ancien chez les nouvelles générations de prêtres et de fidèles, et dans quel but ? Pourrait-on penser, sur la base de la pratique actuelle, une réforme de la réforme liturgique, que le cardinal Sarah semblait désirer et qu’une nouvelle traduction du missel paraît ne pas contredire ? Mais pour aboutir à quoi ? À une suppression formelle et arbitraire du Vetus Ordo Missæ au profit de ce Novus Ordo réformé ou au bi-ritualisme assumé dans des cadres canoniques qui restent à préciser ? La pratique actuelle est complexe et suscite des questions légitimes mais, en dernière analyse, il faut se réjouir que le trésor multiséculaire lié au rite ancien soit parvenu jusqu’à nous presque intact, que la mystique liturgique catholique soit encore vivante et puisse irriguer le corps desséché de certaines paroisses “ordinaires”.

    Illustration : Avec la FOR, on peut tranquillement goûter aux charmes des assistances clairsemées, sans ces jeunes familles nombreuses aux cris agaçants et aux dévotions ostentatoires. Pour les vieux fidèles, cette ambiance de temple répond à un vrai besoin pastoral : l’entre-soi.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Les questions juives, par Joann Sfar.

    Joann Sfar l’au­teur du célèbre « Chat du Rab­bin » réagit à l’hallucinante déci­sion de la cour de cas­sa­tion concer­nant l’assassinat sau­vage de Sarah Hali­mi. Le déni concer­nant la mon­tée de l’antisémitisme dans notre pays est peut-être aus­si lié à un nou­veau para­digme cultu­rel, voire à un chan­ge­ment de civi­li­sa­tion. (NDLR)

    1.jpgEcrire sur le mas­sacre de Sarah Hali­mi, c’est se condam­ner aux points d’in­ter­ro­ga­tion. Parce qu’on n’est pas juriste. Et parce qu’on n’est pas psy­chiatre. C’est se condam­ner aus­si à décrire cette expres­sion qui revient de plus en plus sou­vent et que je hais « l’é­mo­tion de la com­mu­nau­té juive ».

    Voi­ci les ques­tions que j’en­tends. J’i­gnore si elles sont légi­times. Je sais que je me pose les mêmes.

    Hier un type ivre et dro­gué à été condam­né à de la pri­son à la suite d’un pro­cès parce qu’il avait fichu par la fenêtre le chien de sa voi­sine. Per­sonne n’a déran­gé de nom­breux contre-experts. Oui il était dans un état déli­rant. Il a eu un pro­cès et va en prison.

    Si quel­qu’un est capable d’ex­pli­quer la dif­fé­rence entre cette affaire et le mas­sacre de madame Hali­mi aux juifs de France, et à l’o­pi­nion en géné­ral, je lui sou­haite bon courage.

    On ne juge pas les fous. Cha­cun est d’ac­cord avec ça. Mais.

    Pour­quoi la presse répète-t-elle depuis hier qu’il y a eu una­ni­mi­té pour décla­rer la folie de l’as­sas­sin ? Pour­quoi fait-on sem­blant d’ou­blier le rap­port du pro­fes­seur Zagu­ry qui réfu­tait la notion d’a­bo­li­tion du juge­ment ? Suis-je dans l’er­reur quand j’en­tends par­tout que Zagu­ry est un de nos plus grands spé­cia­listes dans ce domaine ? (je n’en sais rien).

    La prise volon­taire et mas­sive de stu­pé­fiants per­met-elle vrai­ment de se sous­traire à la jus­tice ? Les cri­mi­nels se chargent tous et sou­vent avant de pas­ser à l’acte. Enté­ri­ner cette déci­sion per­met­trait de vider nos pri­sons ? Les meur­triers de DAESH, gavés de Cap­ta­gon du matin au soir devraient aus­si échap­per à un juge­ment ? (je n’en sais rien)

    Est-il vrai que le meur­trier trai­tait sa voi­sine de sale juive régu­liè­re­ment et des semaines avant le meurtre ? (je n’en sais rien)

    Est-il vrai que le jour du mas­sacre il est allé suc­ces­si­ve­ment chez plu­sieurs de ses voi­sins avant de jeter son dévo­lu sur Madame Hali­mi ? Il était donc assez lucide et pour la recon­naître, et pour l’i­den­ti­fier en tant que juive, qu’il s’est empres­sé de mas­sa­crer en hur­lant « Allah Hou Akbar » (je n’en sais rien).

    Est-il vrai que dès l’ins­tant où il a vu les poli­ciers il a racon­té que c’é­tait pas lui et qu’il était inno­cent ? Il était donc assez lucide pour recon­naître un képi et ten­ter de se dédoua­ner du meurtre ? (je n’en sais rien)

    Est-il vrai, enfin, que la police était dans l’es­ca­lier pen­dant le long cal­vaire de madame Hali­mi et a choi­si de ne pas inter­ve­nir ? (je n’en sais rien)

    Est-il vrai que depuis l’af­faire Ilan Hali­mi nos ins­ti­tu­tions ne savent pas quoi foutre avec l’an­ti­sé­mi­tisme. L’a­ga­ce­ment, la gêne est pal­pable à chaque fois qu’il faut acco­ler le label « anti­sé­mite » sur un crime. J’ai inven­té il y a quelques mois un livre d’hor­reur dans lequel le slo­gan consen­suel devient « sales juifs, nous ne sommes pas anti­sé­mites ». Je regrette d’a­voir visé à ce point juste.

    Je répète que j’i­gnore si ces ques­tions sont légi­times. Je sais aus­si que je les entends en boucle depuis hier, for­mu­lées par des juifs et par des non-juifs. Par des gens que je n’ai jamais iden­ti­fiés ni comme des para­noïaques ni comme des excessifs.

    L’é­mo­tion, à pré­sent. Ou plu­tôt l’a­bat­te­ment. On fera ce qu’on vou­dra. On expli­que­ra les déci­sions tant qu’on vou­dra. Cette affaire marque un tour­nant. Ça aus­si je l’en­tends des cen­taines de fois depuis hier. ET plu­sieurs per­sonnes m’ont repar­lé de Kishinev.

    Kishi­nev fut un pogrom par­mi d’autres. Mais les vic­times ont été pho­to­gra­phiées. Kishi­nev fut l’oc­ca­sion d’une onde de choc chez les juifs russes. C’est après Kishi­nev qu’ils ont quit­té mas­si­ve­ment la Russie.

    C’est ça que j’en­tends depuis hier. Dans la bouche de gens que je ne croyais pas capables de pen­ser cela.

    Les juifs de France savent qu’ils ne repré­sentent qu’un pour cent de la popu­la­tion mais qu’ils consti­tuent cin­quante pour­cents des agres­sions racistes du pays.

    Les juifs de France ont le ventre tor­du depuis Ilan Hali­mi, Depuis que Moha­med Merah a flin­gué des enfants à bout tou­chant à Tou­louse. Pour­tant l’af­faire Sarah Hali­mi est un déclic.

    Depuis hier j’en­tends de l’a­bat­te­ment. Et des core­li­gion­naires qui ont la cer­ti­tude que quoi qu’ils fassent leur ave­nir sera sombre.

    Mon sen­ti­ment : les auto­ri­tés fran­çaises font ce qu’elles peuvent pour pro­té­ger les citoyens qui vivent sur notre ter­ri­toire. Cepen­dant et pour mille rai­sons il y a une volon­té sourde de nier les crimes anti­sé­mites. Pour la rai­son que cha­cun sait qu’on n’y peut rien. On ne peut pas mettre un flic der­rière chaque juif sous pré­texte qu’il existe en France des abru­tis à qui on répète depuis l’en­fance que le juif est cause de tous leurs maux. Je crois que l’en­vie de mas­sa­crer des juifs est plus forte que jamais, je crois que les auto­ri­tés savent qu’on n’y peut rien. Alors, le déni.

    S’a­char­ner sur la cour de cas­sa­tion n’a pas grand sens selon moi. C’est au moment où la jus­tice a déci­dé de consi­dé­rer un fumeur de shit comme irres­pon­sable que tout le pays aurait dû être dans la rue. Les stu­pé­fiants, cir­cons­tance aggra­vante lors d’un acci­dent de la route, ou quand on défe­nestre un chien, mais pas quand on tue une dame juive.

    Vous sou­hai­tez convaincre les juifs de France qu’on n’a pas tout fait pour évi­ter un pro­cès pour crime anti­sé­mite ? Bon courage !

    Tous les points d’in­ter­ro­ga­tion que contient ce texte sont sin­cères. J’i­gnore réel­le­ment si ces ques­tions sont légi­times ou pas. Et je m’en fous car ça n’a aucune impor­tance à mes yeux. Ce qui compte selon moi, et c’est irré­fu­table, c’est le tournant.

    Je n’ai jamais vu mes core­li­gion­naires ain­si. Ce que j’en­tends depuis hier, ce n’est pas l’é­mo­tion ou la rage ou le cha­grin. C’est le sen­ti­ment qu’il n’y a plus rien à faire. La plu­part ne vont pas par­tir. Mais la plu­part savent qu’ils courent, davan­tage que les autres citoyens, le risque de retrou­ver leur gosse avec une balle dans la tête ou leurs aïeux jetés par une fenêtre. Avec des ins­ti­tu­tions qui seront tel­le­ment embê­tées qu’elles se retrou­ve­ront, à attendre dans l’es­ca­lier pour les uns, à se décla­rer inaptes à juger pour les autres.

    L’ab­sence de pro­cès du mas­sa­creur de madame Hali­mi marque un tour­nant pour les juifs de France. Et aucun expert ni juri­dique ni psy­chia­trique ne pour­ront amoin­drir l’onde de choc qui se pro­page depuis hier.

    Seule lueur d’es­poir ? Je crois que les juifs ne sont pas les seuls à éprou­ver ce désespoir.

    Un der­nier mot sur la psy­chia­trie : la folie la plus conne et la plus déses­pé­rante que je connaisse. La folie la plus ancienne et la plus irré­fu­table, c’est la haine des juifs. J’ai tou­jours dit et écrit que l’an­ti­sé­mi­tisme ne pou­vait se com­battre que sur le ter­rain magique ou psy­chia­trique car il consti­tue, par défi­ni­tion, une bouf­fée déli­rante. La haine des juifs, comme toute autre forme de racisme, n’a aucun sens. Les mil­liers de pages per­plexes écrites sur l’an­ti­sé­mi­tisme se heurtent au fait que TOUT dans cette rage, relève de la psy­chia­trie. Mélange anté­di­lu­vien de haine de soi et de cer­ti­tude de la toute-puis­sance de l’autre. L’an­ti­sé­mi­tisme devrait être en pre­mière page de tous manuels de psy­chia­trie. J’ai tou­jours consi­dé­ré les anti­juifs comme des fous dan­ge­reux. Mais je ne crois pas que cette folie devrait leur évi­ter le tribunal. »

    Source : https://www.actionfrancaise.net/