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  • Bioéthique : La France confrontée à une culture de mort (16), par François Schwerer

    Le sénat va connaître dans les jours à venir le projet de loi de bioéthique. Notre ami François Schwerer nous a adressé - avec un message de sympathie - l'ensemble des textes qu'il été amené à écrire sur cette question.

    Cet ensemble constitue une véritable somme, aussi bien par son importance que par son intérêt.

    Nous en avons commencé la publication le vendredi 10 janvier, et nous la poursuivrons du lundi au vendredi inclus, comme nous l'avons fait, par exemple, pour l'étude de Pierre Debray, Une politique pour l'an 2000.

    Et, pour suivre et retrouver ces textes plus commodément, nous regrouperons la totalité de cette étude, vu son importance, dans une nouvelle Catégorie : François Schwerer - Bioéthique : culture de mort : vous pourrez donc retrouver donc l'ensemble de cette chronique en cliquant sur le lien suivant :

    François Schwerer - Bioéthique : culture de mort...

    Voici le plan de l'étude (hors Annexes et textes divers, qui viendront ensuite); nous le redonnons chaque jour, afin que le lecteur puisse correctement "situer" sa lecture dans cet ensemble :

     

    1. Les étapes de la décadence
    • Un processus téléologique

    1/. « Qui n’avance pas recule »

    2/. De la pilule à la GPA : l’asservissement des femmes

    3/. La révolte des femmes et les mouvements féministes

    4/. Le transhumanisme, stade ultime de la destruction

    • La stratégie progressiste

    1/. La campagne médiatique préalable

    2/. La modification de la loi

    3/. Le recours à une novlangue

    4/. Le discrédit de l’adversaire

    5/. La politique des petits pas

    6/. Le viol de la conscience des enfants

    1. « Pour une nouvelle croisade »

    A - Une faible résistance

    1/. Des hommes politiques sans conviction

    2/. Des manifestations apparemment inefficaces

    3/. Un refus de mettre en danger son propre confort

    4/. Un faux respect de l’apparente liberté d’autrui

    5/. Si le Seigneur ne bâtit pas, c’est en vain que s’agitent les bâtisseurs

    B – Un combat dont l’enjeu dépasse le fonctionnement de la vie sociale

    1/. Il est plus facile de descendre une pente que de la remonter

    2/. Un combat ayant une dimension eschatologique

    Schwerer.jpg5/. Si le Seigneur ne bâtit pas, c’est en vain que s’agitent les bâtisseurs

     

    Lorsqu’elle fut adoptée par le Parlement, la loi Veil fut soumise à une révision au bout de cinq ans ; ce fut la loi Pelletier. En 1979, le député-maire de Blois, ancien ministre, était Pierre Sudreau, qui avait fortement soutenu Simone Veil et qui était grand ami de Monique Pelletier.

    Avec les autres responsables de l’Association des familles catholiques du Loir-et-Cher, nous avons beaucoup discuté avec lui pour lui demander de ne pas voter cette loi qui devait pérenniser la première. Mais lorsqu’il a quitté Blois pour se rendre au Parlement, nous savions que nous ne l’avions pas convaincu. Et pourtant, la veille au soir, en désespoir de cause, je lui avais apporté le « Livre blanc des évêque de France » relatif à l’avortement.

    C’était sans compter sur le fait que l’évêque de Blois, Monseigneur Goupy, avait convoqué ses prêtres et diocésains pour une messe qu’il avait décidé de célébrer pendant le vote en l’église saint Vincent, pour demander à l’Esprit Saint d’éclairer la conscience des parlementaires, et plus particulièrement de l’élu blésois. Au moment du vote la foule qui priait avec ferveur, était si nombreuse qu’elle débordait jusqu’au pied du château. Le soir même, nous avons appris, qu’à la surprise générale, Pierre Sudreau n’avait pas voté la loi. Que se serait-il passé si une telle démarche avait été généralisée, que ce fut au moment de ce vote ou lors des réformes sociétales suivantes ?

    Souvenons-nous de Josué combattant pendant que Moïse, les bras levés, intercédait auprès de Dieu pour qu’il obtint la victoire.

    L’exemple donné, relatif au vote de la loi Pelletier par le député-maire de Blois, montre que s’il ne faut pas se tromper sur les enjeux, il ne faut pas se tromper non plus sur les moyens à disposition. Tout combattant sait qu’un moyen doit toujours être adapté à l’adversaire et qu’en présence de plusieurs moyens il faut choisir celui qui est adapté au terrain et au moment. Un chrétien sait en plus que tous les moyens ne sont pas moralement bons. Il sait aussi que dans tout combat pour la civilisation, aucun moyen matériel ne saurait donner la victoire sans le soutien effectif d’un moyen spirituel fort.

    En l’occurrence, les manifestations ne sont pas adaptées aujourd’hui pour faire reculer le législateur. Ce qui ne veut pas dire qu’il faille s’en passer. Elles sont insuffisantes. Elles ne peuvent avoir que deux effets pratiques : montrer au législateur – et aux médias – que ceux qui contestent ne sont pas que des personnes isolées et amener les « tièdes » à se positionner. Dans le meilleur des cas, elles peuvent servir à accompagner l’action ; en aucun cas elles ne peuvent permettre de triompher. Dans le pire des cas elles peuvent uniquement servir d’excuses pour ne pas se battre convenablement et sont donc alors la seule récompense déjà reçue par ceux qui en ont fait une fin visible et bruyante.

    Le saccage des permanences des élus qui, contre l’attente de leurs électeurs, ont fait passer des lois scélérates, comme ce fut le cas avec la ratification du CETA, n’est pas un moyen moralement acceptable. Il est inadapté et inefficace. Mis en œuvre après le vote, il intervient trop tard pour influencer l’élu concerné et apparaît dès lors soit comme une vengeance soit comme un chantage exercé sur les membres de l’autre assemblée (en l’occurrence le Sénat). Utilisé trop longtemps avant le renouvellement du Parlement, il ne peut servir d’avertissement pour les députés « fautifs » qui auront le temps de retrouver une nouvelle assise électorale, quitte éventuellement à changer d’étiquette. Ce type de réaction impulsive ne fait donc qu’ajouter du désordre au désordre. Il révèle aussi que l’ensemble de la population n’a pas su intervenir à temps faute de connaître réellement ses élus – et comment ils sont tenus par leur parti qui leur a permis de l’emporter aux élections précédentes –, d’avoir clairement identifié les enjeux et d’avoir réfléchi aux moyens.  

    Dans l’affaire qui nous préoccupe, quel est l’enjeu de la bataille au sein du combat global actuel ? Quels sont les moyens à utiliser pour cette bataille ? Quelle est l’arme principale de toutes les batailles (1) ?

    Celui que chacun doit donc convaincre c’est le législateur à qui il a donné mandat de le représenter ; c’est chaque parlementaire qui détient une parcelle de ce pouvoir. Il convient bien de convaincre et non de faire peser sur lui une pression intolérable. En effet, selon la Constitution en vigueur, le député ne reçoit de ses électeurs aucun mandat impératif. De ce point de vue, les électeurs ont moins de moyens de pression que les partis qui peuvent exercer sur eux un véritable chantage à la réélection et aux prébendes. Ce qui importe donc, c’est d’emporter la conviction de l’élu et non de l’acheter – c’est d’ailleurs pourquoi le lobbying est une activité immorale –. Si on ne fait que l’amener à reculer devant une menace, on aura peut-être gagné une bataille mais pas la guerre. A la bataille suivante, le même élu, ou son successeur, reprendra sa marche en avant d’une façon ou d’une autre et dans un esprit de revanche. Or, pour convaincre, il faut commencer par discuter.

    La phase de discussion n’est pas médiatique. Et, pour être efficace, chaque électeur doit s’occuper uniquement de son représentant. Il doit en faire le siège, en se coordonnant avec les autres électeurs de sa circonscription. Peu importe qu’il ait ou non des chances de le faire évoluer dans le sens qu’il souhaite car la victoire n’est pas et ne sera jamais celle d’un individu sur un autre individu mais celle d’une communauté solidaire. Il faut aussi que tout parlementaire comprenne qu’il s’agit là d’un sujet primordial et qu’il sera donc inutile de briguer à nouveau les suffrages de la population s’il continue à en violer la conscience et s’il continue ainsi à abuser de ses pouvoirs (2). Tout électeur qui, pour quelque motif que ce soit, ne se montrerait pas intraitable sur un sujet non négociable se montrerait un complice objectif de la dérive mortifère. Le ralliement d’un Parlement à la culture de mort doit être un sujet non négociable. Mais cela ne suffit pas.

    Les moyens à disposition ne sont pas obligatoirement spectaculaires. Ils ne sont pas bruyants. Ils doivent être ajustés à la fin et respectueux de l’adversaire. Ils doivent prendre en compte la situation du moment. En conformité avec ce principe, nombreux sont ceux qui, au-delà de la discussion, prônent le dialogue. En soi, cela est effectivement un moyen respectueux de l’autre. Mais le dialogue doit alors être véritable. Il faut que ceux qui échangent des arguments aient le souci réel d’entrer en relation et de s’écouter mutuellement. Il faut que les mots qu’ils prononcent aient la même signification pour les uns et pour les autres. Dans le cas contraire le dialogue ne serait qu’une mystification et pourrait servir à l’un pour imposer sa tyrannie, à l’autre pour excuser son absence de combativité. Dans un tel faux dialogue, les deux protagonistes deviennent alors complices du mensonge. Tout dialogue est un exercice d’autant plus difficile que les embûches qu’il recèle ne sont pas perçues au-delà du cercle de ceux qui y ont recours.

    Mais, discussions et dialogues sont devenus difficiles sur des sujets délicats, hautement médiatisés et qui nécessitent réflexion. Comme l’a fait remarquer l’abbé Jean-Baptiste Bienvenu, de la communauté de l’Emmanuel, « les mots du politiquement corrects s’assemblent […] comme un mur que même une réflexion apaisée ne permet pas de franchir ». C’est pourquoi il propose : « plutôt que de nous situer dans la confrontation conceptuelle qui est perdue d’avance pour la société médiatique, et peu performante pour la transmission pédagogique, pourquoi ne pas revisiter ce qui constitue l’être humain à travers d’autres formes du langage » ? Et, à l’imitation de Karol Wojtyla, il propose de recourir au théâtre et à la poésie. Derrière ces deux outils, ce qu’il recommande, c’est la contemplation. Cette contemplation, source d’humilité, qui permet à l’homme de laisser transparaître l’amour de Dieu. « A la veille d’une rentrée sociétale chargée » nous dit-il, mais cela est valable en tout temps sur tous les sujets, « nous avons la possibilité de choisir cette voie de préparation intérieure (3), de faire le détour par la beauté qui nous ouvre à la vérité sur l’homme et d’approfondir en nous ce que l’incarnation du Fils de Dieu dévoile de notre humanité ». Dans le même souci, Aude Markovic propose à chacun d’étudier le livret édité par pmagpa.fr mais il est aussi possible de méditer le petit livre de l’épiscopat français, « Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui ? »  

    L’expérience des prêtres-ouvriers nous montre qu’aucune discussion, aucun dialogue, aucune négociation ne pourra aboutir si celui qui l’entreprend ne s’est pas armé spirituellement et formé politiquement.

     

    (1) : Guillaume de Prémare a écrit pour sa part : « En termes de combat général, il faut désigner l’adversaire principal : non pas le « lobby LGBT », mais les puissances techno-marchandes. Une fois l’adversaire désigné, il faut faire la cartographie de ses points faibles et de ses points forts ; et concentrer les forces sur ses points faibles ». Et d’ajouter, un peu désabusé : « A ma connaissance, personne n’a réalisé sérieusement une telle prospective ».

    L’enjeu, de la prochaine bataille est de conduire le législateur à arrêter de promulguer de nouvelles lois de mort.

    (2) : Aucun Parlement n’est mandaté pour imposer un changement de civilisation.

    (3) : Qui suppose de « se réapproprier les grands concepts de la philosophie ».

  • Dans Le Point, comment la France se prive de 150 000 à 300 000 tests par semaine ?

    Depuis le 13 mars, le gouvernement dispose d'une solution pour augmenter considérablement les capacités de tests de la France. Mais rien n'a bougé.

    Les biologistes médicaux sont des gens polis. Lorsque Le Point les a contactés il y a 10 jours, ils ont hésité à parler. « Nous sommes en contact avec le gouvernement, la situation va forcément se débloquer… » Et puis ? Et puis rien. Silence radio. Un silence « incompréhensible », pour plusieurs des directeurs de laboratoires départementaux que Le Point a entendus. Les Français les connaissent mal, mais ils sont un rouage essentiel de notre système de santé. Implantés sur tout le territoire, 75 laboratoires publics (et leurs 4 500 employés) dépendent des départements, et assument la lourde tâche d'effectuer les analyses de contrôle des eaux, d'hygiène alimentaire ou de santé animale. Contrairement aux laboratoires de santé humaine, qui ne traitent ordinairement qu'un faible nombre d'analyses, ils sont dimensionnés pour travailler « par troupeaux », à la chaîne : pendant les crises de la vache folle ou de la peste aviaire, ils ont réalisé des dizaines de milliers de tests… par jour ! Et justement : c'est cette spécificité qu'ils pensaient que le gouvernement prendrait en compte. « Les laboratoires de biologie humaine, qui réalisent les tests aujourd'hui, travaillent avec des machines très performantes, mais » fermées, « c'est-à-dire conçues pour ne travailler qu'avec un seul type de réactifs », décrypte Philippe Nicollet, directeur du laboratoire départemental de l'environnement et de l'alimentation de Vendée.

    Cela explique la pénurie actuelle de réactifs : les appareils disponibles dans les CHU ou les laboratoires privés, peu nombreux, sont souvent limités aux réactifs de leurs fabricants (une machine bioMérieux ne peut pas traiter un réactif Roche, par exemple.) À l'inverse, les machines utilisées dans les laboratoires départementaux sont « ouvertes » : « Pour nous prémunir contre une pénurie de réactifs en cas d'épizootie, nous avons choisi d'utiliser des thermocycleurs qui acceptent différents types de réactifs, précise Philippe Nicollet. Nous pouvons donc travailler avec une trentaine de kits disponibles. » Des tests PCR, ils en réalisent des centaines par jour. Et, parmi leurs kits, certains détectent déjà le coronavirus : « Le Covid-19 appartient à la même famille que les autres coronavirus ! » insiste Jean-Pierre Barreaud, président du laboratoire d'analyses départementales de la Creuse. « Il suffirait de vérifier auprès de l'Institut Pasteur que nos kits sont fiables, de les adapter au besoin… C'est l'affaire de quelques jours », confirme Jean-Louis Hunault, président du SIMV (Syndicat de l'industrie du médicament et du diagnostic vétérinaires).

    Une proposition est adressée par mail dès le 15 mars

    Lorsqu'ils entendent, le 12 mars,Emmanuel Macron appeler à la mobilisation générale, les acteurs de l'analyse vétérinaire se lancent dans un recensement de leurs « troupes ». Soixante-quinze laboratoires d'analyses départementaux maillent le territoire. Du personnel de pointe, formé et compétent, est disponible pour réaliser les tests. Des chaînes capables de travailler à grande échelle sont opérationnelles. Et des fournisseurs, capables de pallier, en partie, la pénurie de réactifs qui fait les unes de la presse se manifestent aussitôt : les fabricants (tous basés en France) IDVET, IDEXX, BIOSELLAL confirment qu'ils disposent de la matière première pour fournir des kits en grande quantité. Une proposition est adressée par mail dès le 15 mars au directeur général de la santé Jérôme Salomon. Quelques jours plus tard, les professionnels ont établi leur plan : les laboratoires départementaux pourraient réaliser, sous un délai de 15 jours, entre 150 000 et 300 000 tests PCR par semaine. Et ils sont outillés pour traiter en masse les tests sérologiques à venir, éléments clés de la sortie de confinement, qui permettront de déterminer quelle population est immunisée.

    La réponse ? Pas de réponse.

    « On nous répète, depuis, que le dossier est à l'étude », se lamentent différents acteurs, qui se battent localement pour accélérer la décision. Dans le département d'Indre-et-Loire, les élus s'en arrachent les cheveux. Le laboratoire du secteur couvre quatre départements. « Notre labo [Inovalys, NDLR] peut monter à 2 000 tests par jour, il a stocké des réactifs pour 30 000 tests, et acheté 30 000 écouvillons pour les prélèvements », détaille un proche du dossier, que la préfecture essaie vainement de pousser depuis deux semaines. « Nous avons établi un protocole de prélèvement avec le CHU de Tours, tout le monde travaille en intelligence, on est prêts… Mais l'ARS bloque. » L'ARS : l'Agence régionale de santé, instance administrative dépendant du ministère, qui refuse pour l'instant l'hypothèse, d'après des motifs flous. « On ne nous a pas vraiment dit ce qui bloquait », explique Jean-Gérard Paumier, président du conseil départemental d'Indre-et-Loire. « On me parle de blocages juridiques, qui seraient à l'étude… Mais moi, sur le terrain, je dois gérer mon personnel d'Ehpad, qui vient travailler sans être testé, la peur au ventre, et qui menace de s'arrêter chaque jour ! » À l'heure actuelle, le CHU n'est en mesure de délivrer qu'une centaine de tests quotidiens… Insuffisant pour tester l'ensemble du personnel hospitalier, celui des Ehpad, de la gendarmerie, des pompiers, sans parler des manutentionnaires, livreurs et caissières de supermarchés, qui redoutent chaque jour de contaminer quelqu'un – ou d'être contaminés. « Je n'ai pas l'impression qu'ils réalisent, au ministère, les conséquences concrètes de leur blocage. J'entends partout qu'une rupture de la chaîne logistique serait terrible pour le pays, mais on ne fait rien pour l'empêcher. Et sur le front, la ligne de soldats se réduit  ! »

    Un blocage administratif

    L'explication (parcellaire) fournie jusqu'à présent par les services d'Olivier Véran, qui refusent de répondre aux questions, tient en une formule sibylline, répétée hier encore par le Premier ministre : « C'est à l'étude. […] Nous avons des normes réglementaires à respecter. » Mais quelles normes ? Curieusement, elles n'embarrassent ni les Allemands, ni les Belges, ni les Espagnols qui mobilisent d'ores et déjà toutes les ressources disponibles, y compris leurs laboratoires vétérinaires. Mais en France, depuis une loi du 30 mai 2013, les laboratoires de biologie médicale vétérinaire n'ont plus le droit de traiter le moindre prélèvement issu d'un corps humain, et inversement. Si bien qu'à ce jour, seul le laboratoire départemental des Bouches-du-Rhône réaliserait des tests Covid-19… Parce qu'il compte dans ses effectifs un médecin biologiste, habilité à traiter des échantillons que les vétérinaires biologistes ne peuvent pas toucher. « C'est absurde. Il n'y a que l'homme pour se considérer comme non-mammifère », s'étrangle Jean-Louis Hunault. « Un virus est un virus, quel que soit le corps où il se loge. » Mais pour autoriser les vétérinaires à traiter des échantillons humains (ce que d'autres pays font sans problème), il faudrait modifier la règle. Et vérifier, bien sûr, la validité des tests. « Concrètement, nous en sommes là. Nos tests existent. L'Institut Pasteur doit les homologuer, et nous les rectifierons au besoin. Dès l'homologation reçue, et si le gouvernement donne son feu vert, nous pouvons déclencher la production de tests, disponibles sous 15 jours. Mais tant que nous n'avons pas ce feu vert, nous ne pouvons rien faire… »

    Et chaque jour qui passe, les possibilités d'actions se réduisent. "Il y a deux semaines, nous avions des stocks de produits d'extractions de l'ARN (l'un des réactifs indispensables aux tests, NDLR). Mais faute de consigne claire du gouvernement, nous n'avons pas pu les conserver pour nos clients habituels", confie au Point un dirigeant d'Idvet, fabricant de réactifs de diagnostics pour la détection de maladies infectieuses. Chaque jour qui passe, ces stocks s'écoulent donc lentement. "Nous les avons vendus à ceux qui en ont fait la demande, en Allemagne notamment. C'est incompréhensible..." 

    Trois semaines perdues

    La pression des fantassins du terrain pour des conditions de travail dignes se fait tellement intense que de nombreux élus, ces derniers jours, sont montés au créneau. Le président de l'Association des départements de France Dominique Bussereau, celui des députés LR à l'Assemblée, Bruno Retailleau, en ont parlé, ce jeudi matin, au Premier ministre Édouard Philippe. Jusqu'au président du Sénat Gérard Larcher, vétérinaire de profession, qui a directement évoqué la question, à deux reprises, avec le président Emmanuel Macron. Résultat ? Si le président se serait dit favorable, son administration répond invariablement : « C'est à l'étude. […] Nous avons des normes réglementaires à respecter. » De quoi faire s'étrangler les acteurs de terrain. « Si la décision avait été prise dès le départ, le 15 mars, nous serions déjà en train de réaliser ces tests, à un rythme de 150 000 à 300 000 par semaine », enragent les professionnels. Qui peinent sincèrement à comprendre quelle est la stratégie de dépistage du gouvernement, et d'où vient le blocage. « Est-ce que les ARS surfent sur la crise pour obtenir le financement de machines pour leurs propres centres hospitaliers ? Est-ce qu'elles méconnaissent le fonctionnement de nos laboratoires ? » s'interroge un élu. Lui préfère rester anonyme : il veut croire que cette situation ubuesque finira par se débloquer. «  Peut-être qu'ils n'ont pas assez de personnel pour effectuer les prélèvements en amont ? C'est possible. Ce n'est pas le tout d'analyser des échantillons : encore faut-il des bras pour les prélever. Et cela fait beaucoup de bras. Mais dans ce cas, qu'ils arrêtent leur stratégie, et qu'ils nous le disent ! Mais je ne veux pas les braquer, vous comprenez ? »

    Nous comprenons. Sollicité par Le Point à plusieurs reprises depuis 10 jours, le ministère de la Santé ne nous a pas répondu. Sinon par ces mots : « Il y a un problème de norme. C'est à l'étude… »
     
    Par Géraldine Woessner
    Par Géraldine Woessner
  • Michel Onfray: ”Éloge de la police”.

    Source : https://frontpopulaire.fr/

    (Michel Onfray réagit aux dernières déclarations de Christophe Castaner suite aux manifestations contre les "violences policières")

    Notre époque nihiliste se caractérise, en autres choses, par une défaite de la réflexion et un triomphe de la moraline. La moraline est cette substance toxique des gens sans morale qui n’abordent plus le monde qu’en pantins manichéens tout juste capables de dire: je like ou je nique… On ne se pose plus la question du pourquoi et du comment des choses, autrement dit de leur généalogie, mais on martèle qu’on adore ou qu’on vomit, disons-le dans le sabir du jour: qu’on kiffe ou qu’on invite à manger ses morts. C’est le degré zéro de l’humanité, le temps du cerveau reptilien qui décide de l’action binaire: on bave d’amour ou on bave de haine. Dans les deux cas, dépourvu de cerveau, on n’est plus qu’une bouche qui bave. Un ver annelé qui mange et qui défèque. Darwin n’avait pas prévu que l’évolution conduirait cette transformation de l’homme en ténia.

    michel onfray.jpgDans les rues de Caen, un long cortège défile, nonobstant l’interdiction des rassemblements de plus de dix personnes. Mais ces manifestants ont le soutien du ministre de l’Intérieur pour transgresser la loi et celui du chef de l’État qui, jadis, était censé garantir l’état de droit car, bien sûr, le chef de l’État est silencieux mais il lui a donné sa bénédiction, comment pourrait-il en être autrement. Le slogan de ces manifestants? «Tout le monde déteste la police»! Quelle drôle d’idée d’affirmer une pareille chose quand moi, par exemple, je ne souscris pas à cette vocifération et que tout le monde moins un, ça n’est plus tout le monde.

    D’autant que je sais ne pas être seul: nous sommes nombreux à penser que, non, nous ne détestons pas la police. Nombreux et d’ailleurs majoritaires.

    Le ministre de l’Intérieur et le chef de l’État conduisent donc une politique en faveur des seules minorités dans le plus total mépris de la majorité, qui n’en peut plus... Voilà  qui montre que nous ne sommes plus en démocratie mais dans une oligarchie qui gouverne en fonction des intérêts d’une poignée de gens. Nous sommes en régime communautariste et racialiste qui a choisi pour ennemi le mâle blanc hétérosexuel.

    Pour preuve que nous sommes dans un régime communautariste et racialiste anti-blanc, autrement dit un apartheid inversé: cette saillie de Castaner qui explique pourquoi la justice, aux ordres, du moins complice, ne poursuivra pas les gens qui ont manifesté malgré l’interdiction de le faire et malgré les lois relatives au coronavirus: «L’émotion dépasse les règles juridiques.»

    Changement d’ère: Il  suffira dès lors, quand son enfant aura été violé, d’en appeler à l’émotion pour buter soi-même le violeur en estimant que sa souffrance justifie qu’on s’affranchisse des lois; il suffira, quand on se fera cambrioler pour la dixième fois sans que rien ne soit fait, de tirer sur les cambrioleurs pour les abattre afin que, sains et saufs, ils n’aillent pas porter plainte contre le cambriolé; il suffira, quand un chauffard nous coupera la priorité de le rattraper, de l’agresser puis de l’achever à coup de manivelle; il suffira, quand le chef de l’État aura trahi son peuple plus que de raison, d’entrer à l’Élysée pour lui trancher la tête et la mettre au bout d’une pique - il suffira désormais d’invoquer l’émotion…

    Jamais on n’est tombé aussi bas qu’avec ce ministre de l’Intérieur qui invite à jeter la loi par-dessus bord si l’émotion le justifie! C’est proprement inviter à la loi de la jungle, aux règlements de compte, à la vengeance, à la vendetta, à la loi du talion. Ces prétendus progressistes ne s’activent que pour la régression!

    C’est en même temps une invitation à abolir la police qui est le bras armé de l’un des droits de l’homme: la sûreté - c’est, avec la liberté, la propriété et la résistance à l’oppression, on devrait s’en servir de celui-là, l’un des quatre droits naturels et imprescriptibles - voyez l’article 2. Ce que veut Castaner, c’est abolir ce droit de l’homme au nom d’une logique qui est tout simplement celle de la mafia dont Castaner semble bien connaitre les règles.

    On imagine que ça n’est pas l’émotion de tout le monde que Castaner porte en sautoir… Car l’émotion, les gilets jaunes n’en ont pas manqué. Or, quand ils manifestaient la leur, le pouvoir macronien envoyait la troupe pour leur arracher les mains, leur fendre le crâne ou leur faire saturer les yeux des orbites.

    L’émotion de ceux qui appellent à la haine de la police, le chef de la police la bénit, il se dit même prêt à mettre un genou à terre: mais comment pourrait-il s’agenouiller alors qu’il a brûlé les étapes et qu’il se trouve déjà à plat ventre?

    On a déjà vu que la vieille dame qui allait faire ses courses avec une attestation de sortie rédigée au crayon à papier se faisait taxer d’une amende qui comptait pour un quart de sa retraite: elle aurait pu frauder et modifier ses erreurs de sortie, il suffisait d’une gomme dans la poche. Ou bien qu’un fils qui se déplaçait pour fermer les yeux de son père mourant s’est fait lui aussi verbaliser. Ou bien encore que les morts se trouvent privés de cérémonies mortuaires avec leurs familles. Ou bien enfin que les anciens ont été parqués dans leurs usines à crever avec interdiction de voir leurs enfants.

    Pendant ce temps : invitation de la hiérarchie policière à fermer les yeux sur le viol du confinement après la rupture du jeûne du ramadan à Hérouville-Saint-Clair (24 avril), match de football dans les quartiers chauds de Strasbourg (25 mai), même chose à Grigny (27 mars), prière de deux mille musulmans dans un stade (24 mai), manifestation dite antiraciste (en fait: racialiste) à Paris (31 mai). 20.000 personnes au coude-à-coude dans les rues de la capitale, voilà qui ne constitue pas un risque épidémique de foyer - de cluster comme disent les muscadins de l’Élysée tout à la dévotion l’Empire américain.

    Le meurtre de George Floyd aux États-Unis n’est pas objet de like ou de nique. Mais d’une réflexion généalogique. Commençons par préciser que ce meurtre est inexcusable, il est tout même explicable, étymologiquement: susceptible d’une explication, et on ne m’empêchera pas de faire mon travail de philosophe.

    Nul ne l’ignore, aux États-Unis, les armes à feu sont en vente libre: c’est le pays au monde où, faudrait-il sen étonner? les morts par balles sont les plus nombreux. C’est également l’État où les meurtres d’enfants dans les écoles sont les plus nombreux, chacun a l’occasion de s’en apercevoir: les fusillades dans les lieux scolaires sont, hélas, monnaie courante. Quand aux USA un policier interpelle une personne suspectée d’un acte délictueux, il risque sa vie si on lui tire dessus: c’est le far-west, autrement dit c’est sa vie ou celle de l’individu qu’il appréhende. Qui refusera de prendre en compte cette donnée sociologique pour penser les polices? Ce qui se passe aux États-Unis n’est pas comparable à ce qui a lieu en France.

    De la même manière que, sociologiquement, les morts par chute d’un toit sont plus fréquentes dans la profession de couvreur que dans celle de maître-nageur, les morts suite à des interpellations qui se passent mal sont plus fréquentes dans la profession de policier que dans celle de guichetier au Crédit agricole.

    Le métier de policier consiste, chaque jour, à sa trouver avec le moins beau de la nature humaine. Olivier Marchal, un ancien du métier, a publié un très beau texte en défense de la police en interpellant les belles âmes «qui n’ont jamais vu un flic pleurer devant le cadavre d’un enfant de quatre ans tué d’un coup de fer à repasser ou d’un nourrisson violé par son beau-père et qui dégueule ses intestins par son anus». C’est ça le métier de policier: rencontrer cette engeance qui tue des enfants au fer à repasser où qui les sodomise au point de les déchirer.

    Sauf quelques demeurés confits dans l’idéologie, chacun sait qu’il existe des centaines de territoires perdus de la République dans lesquels la loi est celle que chérit notre ministre de l’intérieur: celle de la jungle. Un monde de voleurs, de braqueurs, d’agresseurs, de dealers, de violeurs, d’agresseurs, devant lesquels il n’y a que deux solutions: soit rien faire et laisser dire pour obtenir une prétendue paix sociale, alors que cette fausse paix prépare une vraie guerre civile, c’est la jurisprudence Macron-Castaner, mais c’est aussi celle de tous les chefs de l’État depuis un demi-siècle; soit appréhender ces présumés coupables afin de les remettre à la justice pour que la loi soit dite, c’est la jurisprudence républicaine. La République est morte depuis que la première jurisprudence triomphe.

    La plupart des policiers sont des prolétaires, exploités, sous-payés, mal considérés, exposés, pas soutenus par leur hiérarchie car, plus on grimpe, plus elle est faite de complices du pouvoir qui se signent devant cette fameuse jurisprudence Castaner: comment, sinon, grimper les échelons et obtenir de la promotion, sinon par zèle et empressement à s’agenouiller aux côtés de Castaner ou, mieux, à se mettre à plat ventre, près de lui?

    Quand un adolescent répondant au nom de Gabriel témoigne des coups qu’il a reçus, il commence son témoignage en avouant sans vergogne qu’il était en train de voler un scooter. Lorsque ce reportage passe dans l’émission matinale de Morandini, qui, je crois, aura bientôt l’occasion de rencontrer la police lui aussi, ce passage où il est dit que le vol précédait l’interpellation a tout bonnement été effacé. Il est alors facile de parler de prétendues violences policières: le jeune garçon n’a rien fait, il a juste été attaqué parce que des policiers voulaient le tuer, normal, c’est dans leur ADN de « fascistes » et de « terroristes » est-il dit!

    La censure de cette information est troncage de l’information, elle est donc propagande et idéologie, mensonge et mystification. Le coupable se trouve transformé en victime. Le policier qui tente d’interpeller un voleur qui s’enfuit devient le coupable absolu, le coupable véritable devient la victime totale: inversion des valeurs radicales… Et voilà donc toute la police raciste, toute la police violente, toute la police coupable.

    Ces gens qui défilent en affirmant qu’ils détestent la police ne remettent pas en cause le régime macronien, l’État maastrichtien, l’ordre mondial américain, comment dès lors Castaner & Macron ne leurs feraient-ils pas le baiser mafieux? Le président de feu la République peut bien continuer à ruiner le pays, à détruire la France, à travailler à la paupérisation généralisée, à confiner et ficher les citoyens pour mieux les contrôler: ceux qui manifestent sont les idiots utiles de ce monde comme il va. Comment, sinon, expliquer la formidable mansuétude d’État dont ils profitent?

    La police est le bouc émissaire de ce pouvoir qui flatte ceux qui haïssent la police dans le sens du poil. Le pouvoir sait que la police, idem avec l’armée, est loyale et ne retournera pas ses armes contre lui. Mais jusqu’à quand? Le jour où cette guerre civile que fomente le pouvoir aura envahi les rues, on saura répondre à cette question. 

    Michel Onfray

  • Le safe space ou la fabrique victimaire La pensée en vase clos de certains militants antiracistes, par Nadia Geerts.

    Manifestation du mouvement HijabisFightBack à Anvers en Belgique, juillet 2020 © Photo Twitter.

    Les safe space organisés non pas autour d’un vécu individuel mais autour d’une appartenance collective favorisent la construction d’identités victimaires.

    Le 10 décembre est la date anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, laquelle proclame notamment l’égalité de tous en dignité et en droits.

    8.jpgMais le 10 décembre, c’est aussi la date choisie par le collectif féministe bruxellois Imazi.Reine pour organiser une rencontre virtuelle en safe space, plus exactement « en non-mixité sans hommes cis-hétéro (oui aux mecs queer, oui aux personnes non-binaires) et sans personnes blanches. ». Un libellé qui a fait grincer des dents et conduit à une reformulation moins excluante, afin de répondre à l’exigence légale de non-discrimination sur base de quelque critère que ce soit.

    En juin dernier, le collectif Imazi.Reine s’était déjà illustré par une action baptisée « Hijabisfightback », qui visait à protester contre l’arrêt de la Cour constitutionnelle belge permettant l’interdiction des signes religieux dans l’enseignement supérieur. Aujourd’hui au centre d’une nouvelle polémique, il maintient que les espaces non-mixtes sont nécessaires, affirmant sur son compte Instagram que « la non mixité est un outil de survie et bien-être dont nous avons besoin. On crée ces espaces par nécessité et non par volonté d’exclusion. »

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    Si ce collectif se revendique intersectionnel, décolonial, anti-raciste et inclusif, il est permis de douter du caractère inclusif d’un dispositif qui revendique l’exclusion, tout comme de la dimension antiraciste d’une approche qui se fonde sur la reconnaissance explicite de l’existence de races, comme s’en explique la fondatrice du collectif, Fatima Zohra : « Beaucoup de personnes reviennent avec l’argument du « les races n’existent pas », alors que si, d’un point de vue sociologique, elles existent, je pense qu’il faut pouvoir les aborder de manière à pouvoir traiter le problème. »

    La non-mixité, outil de survie?

    Un safe space, précisait l’annonce, est « un endroit permettant aux personnes habituellement marginalisées, à cause d’une ou plusieurs appartenances à certains groupes sociaux, de se réunir afin de communiquer autour de leurs expériences ».

    Il y a donc en Belgique (ou en France), des personnes qui sont habituellement marginalisées en raison de leur appartenance à certains groupes sociaux, et qui ont de ce fait besoin de se réunir pour partager leur vécu. Jusque-là, rien de bien problématique. Il est en effet parfaitement imaginable que certaines expériences traumatisantes fassent naître le besoin de se retrouver avec des personnes partageant le même vécu. On songe bien sûr aux femmes ayant subi des violences conjugales ou un viol, ou encore aux victimes d’agressions homophobes. Qu’il existe pour ces personnes des groupes de parole est une fort bonne chose. Mais les safe space vont plus loin, et c’est là que réside le problème : ils établissent une équivalence entre une expérience – toujours singulière – et une appartenance – forcément collective.

    Dans son principe, le safe space repose sur le principe qu’il est nécessaire de se mettre momentanément à l’abri d’une catégorie d’individus – les hommes, les violeurs, les racistes, les homophobes,… – pour partager le plus sereinement possible une expérience et s’outiller en vue de lutter plus efficacement, dans un second temps, contre l’adversaire – qu’il s’agisse ici d’individus ou d’idées.

    Il s’agit donc de rompre avec un principe fondamental d’égalité de tous en dignité et en droits – droit de s’associer, de se réunir – au nom d’un autre droit fondamental : le droit à la sécurité. Encore faut-il dès lors démontrer l’existence d’une menace suffisante sur la sécurité pour justifier la rupture du principe d’égalité.

    De plus, en excluant les personnes blanches et les hommes cis hétéros de sa rencontre – virtuelle, ce qui relativise d’emblée tout danger réel auquel seraient exposés les participants – le collectif « féministe » Imazi.Reine valide implicitement deux présupposés : le premier consiste à accréditer l’idée que les personnes blanches et les hommes cis hétéros ne sauraient être d’authentiques alliés – réels ou potentiels – dont l’intérêt serait éveillé par le titre de l’événement(1).

    On ne saucissonne pas sans risque l’humanité, et il est regrettable que des causes aussi nobles que le féminisme ou l’antiracisme fassent reculer l’universalisme au profit d’une guerre des clans dont nul ne sortira vainqueur

    Le second consiste à considérer que dès lors qu’on est noir, non-binaire, queer ou femme non-blanche, on ne saurait nuire par sa présence au caractère « sûr » de la rencontre. Or, si l’on peut en effet supposer qu’être non-binaire ou queer sensibilise de facto aux discriminations dont sont victimes certaines catégories de la population, il semble pour le moins hâtif de considérer qu’un homme noir ou une femme « non-blanche » serait nécessairement un allié. Je ne pense pas m’aventurer beaucoup en disant qu’il doit y avoir des hommes noirs plus misogynes que certains hommes blancs. Quant à ce qui concerne l’antiracisme, considérer qu’il ne saurait provenir que de l’homme blanc constitue une validation hâtive du prisme « systémique ».

    Quand le structurel noie l’individuel

    Or, si l’on peut évidemment admettre que dans une société globalement « blanche », le racisme s’exerce prioritairement sur la minorité que constituent les personnes non-blanches, cette affirmation doit cependant être nuancée. D’abord parce que les concepts de majorité et de minorité sont toujours relatifs, et que l’on peut donc être à la fois membre d’une minorité au niveau national et majoritaire dans un quartier, une commune ou une école, et y reproduire des rapports de domination que l’on subit par ailleurs. Ensuite parce que cette logique équivaut à passer totalement sous silence l’antisémitisme, qui cible essentiellement, dans nos pays, une minorité blanche. Et cette omission des Juifs ne peut s’expliquer que de deux manières : soit par le déni d’une forme de racisme pourtant en augmentation, soit par l’adhésion au préjugé antisémite selon lequel les Juifs ne sauraient être de vraies victimes, dès lors qu’ils feraient partie des dominants.

    Par ailleurs, la logique intersectionnelle, qui se fonde sur l’idée que certaines discriminations, en se superposant, ont un effet multiplicateur, se rend aveugle à la singularité de tel ou tel vécu. Une femme blanche, en tant que « personne blanche », est ainsi d’emblée disqualifiée, comme si elle n’avait par essence rien à dire sur les discriminations que l’on peut subir en raison de son sexe. Plus encore, elle ne saurait porter une parole pertinente sur l’effet multiplicateur induit par la conjugaison de son sexe et de sa couleur de peau, puisqu’être blanc équivaut, selon la logique intersectionnelle, à appartenir au camp des dominants.

    Autrement dit, dès lors que le racisme anti-blancs n’est pas « structurel », il en devient inaudible, voire nié, alors même qu’il peut de toute évidence exister des comportements racistes émanant d’une minorité à l’égard de membres soit d’une autre minorité, soit de membres de la majorité.

    La Belgique c’est quand même moins grand que les Etats-Unis !

    Qui plus est, l’expérience américaine devrait nous renseigner sur ce que la ségrégation raciale subie par les Noirs a engendré en termes de discours et comportements haineux envers les Blancs, considérés indistinctement, quand bien même ils luttaient aux côtés des Noirs pour leur plein accès aux droits civiques. À un racisme structurel en a répondu un autre, certes plus explicable historiquement, mais non moins problématique et délétère.

    Certes, cette référence aux États-Unis peut sembler fort peu à propos, s’agissant d’un événement organisé en Belgique. Mais précisément, la logique même des safe space est directement importée des États-Unis, dont elle reprend sans examen la grille de lecture racialiste. Or, nonobstant la réalité de notre passé colonial, nous n’avons jamais racialisé la société comme l’ont fait les États-Unis. Jamais la Belgique n’a pratiqué sur son territoire la ségrégation légale. Certes, le racisme existe, en Belgique comme ailleurs : aucune société humaine n’est immunisée contre lui. Mais notre société n’en est pas moins proche du modèle color-blind qui a tant de peine à émerger aux États-Unis, modèle color-blind que les safe space contribuent à faire dangereusement reculer au profit d’une logique victimaire qui distille insidieusement sa lecture racialiste, faisant des uns les victimes, des autres les coupables par essence.

    En organisant des safe space organisés non pas autour d’un vécu individuel, mais autour d’une appartenance collective, on favorise la construction d’identités victimaires fondées non sur une quelconque réalité, mais sur une appartenance communautaire transformée en unique grille de lecture sociétale, que nulle intersubjectivité, nul contact avec l’altérité ne peut venir relativiser. Cette barrière de protection érigée entre soi et autrui, qui est essentielle lorsqu’il s’agit de partager un vécu traumatique où toute relativisation sonne à juste titre comme une minimisation, ne peut sans danger être transposée à tout ressenti subjectif fondé sur le seul critère de l’appartenance communautaire.

    On ne saucissonne pas sans risque l’humanité, et il est regrettable que des causes aussi nobles que le féminisme ou l’antiracisme fassent reculer l’universalisme au profit d’une guerre des clans dont nul ne sortira vainqueur.

     

    Agrégée en philosophie, essayiste, chroniqueuse dans "Marianne", directrice de collection à la Renaissance du Livre. Prix international de la Laïcité 2019.
     
  • Le « passeport sanitaire » envisagé par M. Macron, institue une discrimination inacceptable entre Français.

    Une lettre d’Olivier Tournafond 

    Agré­gé des Facul­tés de droit Pro­fes­seur à l’Université de Paris XII

    à son député

    Madame le Député

    Résident et Elec­teur de votre cir­cons­crip­tion, j’appelle votre atten­tion sur les atteintes aux liber­tés publiques et indi­vi­duelles sans pré­cé­dent depuis 1945 que consti­tuent les annonces du Pré­sident de la Répu­blique du lun­di 12 juillet 2021, à la fois sur l’obligation vac­ci­nale et le pas­se­port sanitaire.

    3.jpgRendre obli­ga­toire – ou qua­si­ment obli­ga­toire par des pres­sions et des contraintes – l’administration de vac­cins géné­tiques dont la phase expé­ri­men­tale est tou­jours en cours, l’efficacité incer­taine, la tech­no­lo­gie toute nou­velle et les effets secon­daires d’ores et déjà notables est poli­ti­que­ment impru­dent et mora­le­ment condamnable.

    C’est même impos­sible juri­di­que­ment dans l’état actuel de la régle­men­ta­tion pour des rai­sons par­fai­te­ment fon­dées liées à la pré­ser­va­tion de la san­té publique et au libre consen­te­ment de chacun.

    Le pro­jet du Pré­sident de la Répu­blique est d’autant plus dou­teux que dans le même temps, plu­sieurs trai­te­ments pro­phy­lac­tiques ont prou­vé leur effi­ca­ci­té contre le covid-19 et sont employés à l’étranger. L’ivermectine par exemple, qui a béné­fi­cié d’une étude favo­rable – d’ailleurs très tar­dive et peu relayée dans les médias – de la part de l’Institut Pas­teur publiée le 13 juillet 2021, a per­mis de bri­ser spec­ta­cu­lai­re­ment la courbe des conta­mi­na­tions et des décès en Inde.

    Comme de très nom­breux Fran­çais, je ne com­prends pas pour­quoi la vac­ci­na­tion, aux consé­quences encore incon­nues et qui n’a pas per­mis d’enrayer l’épidémie en Israël et en Grande Bre­tagne où elle est la plus mas­si­ve­ment répan­due, consti­tue la seule et unique stra­té­gie sani­taire du gou­ver­ne­ment, quand des trai­te­ments pré­coces bien connus, pré­sen­tant un degré par­fois très éle­vé d’efficacité et au pire dénués d’effets secon­daires sérieux res­tent, eux, inter­dits dans notre pays pour contrer l’épidémie.

    Sur­tout, la vac­ci­na­tion obli­ga­toire va à l’encontre de la liber­té de cha­cun d’apprécier la balance entre béné­fice et risque pour recou­rir, ou non, aux tout nou­veaux vac­cins géné­tiques. Après celui de la liber­té de pres­crip­tion de trai­te­ment des méde­cins, c’est le prin­cipe essen­tiel du consen­te­ment éclai­ré que le gou­ver­ne­ment s’apprête à enterrer.

    Quant au « pas­se­port sani­taire » envi­sa­gé par M. Macron, il ins­ti­tue une dis­cri­mi­na­tion inac­cep­table entre Fran­çais, fon­dée sur les don­nées sani­taires de cha­cun d’entre nous. En outre, il conduit à une stig­ma­ti­sa­tion bles­sante et dan­ge­reuse de nos com­pa­triotes, nom­breux, qui osent se ques­tion­ner sur les vac­cins géné­tiques et, plus lar­ge­ment, sur la poli­tique sani­taire du gou­ver­ne­ment. Cette atmo­sphère de mac­car­thysme trans­pire aus­si bien dans les médias que dans le monde pro­fes­sion­nel et jusque dans la vie pri­vée et fami­liale de chacun.

    Il faut rap­pe­ler ici que les avan­tages sani­taires pré­ten­dus d’un tel dis­po­si­tif se heurtent à tel­le­ment de dif­fi­cul­tés pra­tiques de mise en œuvre et à de telles incer­ti­tudes sur son effi­ca­ci­té réelle que plu­sieurs ins­ti­tu­tions l’ont déjà for­mel­le­ment décon­seillé ou inter­dit. Ain­si, l’Organisation Mon­diale de la San­té (OMS) décon­seille l’adoption d’un pas­se­port sani­taire, tout comme l’assemblée par­le­men­taire du Conseil de l’Europe. Ces deux ins­ti­tu­tions le décon­seillent for­mel­le­ment, tant l’atteinte por­tée aux liber­tés publiques et les coûts engen­drés sont dis­pro­por­tion­nés par rap­port à la min­ceur des avan­tages présumés.

    Aux États-Unis, l’administration Biden elle-même a indi­qué qu’elle n’imposerait jamais de pas­se­port sani­taire et plu­sieurs États l’ont déjà for­mel­le­ment inter­dit, à com­men­cer par le Texas et la Flo­ride, qui comptent par­mi les plus peu­plés des États-Unis d’Amérique. Au total, la France n’est imi­tée par aucun pays euro­péen et même par aucun État de l’OCDE dans cette dérive très préoccupante.

    Les mesures annon­cées par M. Macron consti­tuent les germes d’une poli­tique d’essence tyran­nique et le pré­lude d’un contrôle social tota­li­taire fon­dé sur de pseu­do-rai­sons sani­taires tel­le­ment dis­cu­tables qu’elles n’ont convain­cu ni l’OMS, ni le Conseil de l’Europe, ni les États-Unis, ni l’écrasante majo­ri­té des pays du monde. Ce sont des mesures qui sont même poten­tiel­le­ment cri­mi­nelles dans la mesure où l’injection plus ou moins for­cée d’une sub­stance dans le corps pour­rait être assi­mi­lée à une péné­tra­tion non dési­rée, donc à un viol, avec toutes les consé­quences psy­cho­lo­giques qui en résultent.

    C’est pour­quoi je vous demande solen­nel­le­ment de voter contre. Je ne man­que­rai pas d’examiner atten­ti­ve­ment la posi­tion adop­tée par chaque par­le­men­taire dans cette affaire, que je juge d’une excep­tion­nelle gra­vi­té, et de rendre public mes appréciations.

    Je conclu­rai qu’avec un score de 10% au pre­mier tour des élec­tions régio­nales (3,5% des élec­teurs ins­crits), la « majo­ri­té pré­si­den­tielle » au Par­le­ment dis­pose d’une légi­ti­mi­té très affai­blie voire qua­si­ment inexis­tante pour pour­suivre son action, a for­tio­ri quand celle-ci remet en cause auto­ri­tai­re­ment et sans fon­de­ments des élé­ments déter­mi­nants de notre pacte républicain.

    Il vous appar­tient de sau­ver l’honneur de la poli­tique lorsque le Pré­sident de la Répu­blique se par­jure, lui qui avait annon­cé que jamais la vac­ci­na­tion ne serait obli­ga­toire et que jamais le pas­se­port sani­taire ne res­trein­drait les liber­tés. La réélec­tion en 2022, et même la seule can­di­da­ture, de M. Macron sont d’ailleurs, désor­mais, plus qu’hypothétiques et ceux qui auront col­la­bo­ré avec sa poli­tique ris­que­ront fort d’en subir les conséquences.

    Dans l’attente de votre réponse, je vous prie de rece­voir, Madame le Dépu­té, mes sin­cères salutations.

    Oli­vier Tournafond

    NB : Cette lettre est lar­ge­ment ins­pi­rée d’un texte ori­gi­nal de Fran­çois Asselineau

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • La Voie héroïque (III), par Michel Michel.

    Méta­phy­sique de la guerre sainte

    Il reste à sai­sir les rai­sons méta­phy­siques qui jus­ti­fient qu’on puisse pré­sen­ter à l’homme ‑ou à cer­tains d’entre eux- cette vio­lence externe et interne comme une situa­tion néces­saire, dans laquelle il aura à réa­li­ser au moins en par­tie sa vocation.

    « Le sort de l’homme sur cette terre est celui du sol­dat” recon­naît Job dans le livre de la Bible qui lui est consa­cré. C’est donc l’é­tat-même de l’homme que d’être jeté dans ce monde comme dans un champ de bataille ; non pas par un absurde acci­dent, mais par une néces­si­té dont il lui faut décou­vrir le sens, car toute réa­li­té fon­da­men­tale a sa pro­vi­den­tielle rai­son d’être, y com­pris la souf­france et la guerre, ce qu’a­vait par­fai­te­ment sai­si Joseph de Maistre.

    D’ailleurs, le Catho­li­cisme défi­nit l’E­glise dans ce monde comme « Eglise mili­tante », pour la dis­tin­guer de « l‘Eglise souf­frante”, celle du pur­ga­toire, ou de « l’E­glise triom­phante »”, au Ciel.

    Depuis la fin de l’Age d’or, depuis la chute du jar­din d’E­den, depuis la grande pré­va­ri­ca­tion, notre nature per­ver­tie, le péché ori­gi­nel nous incline indi­vi­duel­le­ment et col­lec­ti­ve­ment au mal. L’homme est en lutte contre lui-même, parce qu’il ne coïn­cide plus avec lui-même. Néces­sai­re­ment, un cli­vage nous divise et sépare ce que nous sommes, et ce que nous nous sou­ve­nons d’a­voir été et aspi­rons à être, et que d’un cer­tain point de vue nous sommes encore.

    Et l’His­toire ‑le temps disait un théo­lo­gien est la patience de Dieu- l’His­toire nous est don­née comme épreuve pour vivre cette ten­sion, et mener ce combat.

    Aban­don­nons donc l’illu­sion de pou­voir tra­ver­ser cette vie à l’a­bri du com­bat ; le plus ver­tueux des hommes n’y par­vien­drait pas. Citons à ce pro­pos ce texte du moine ano­nyme anglais du XIVe siècle, tiré de son œuvre “Le nuage d’inconnaissance” :

    « En action, donc, et à l’oeuvre sur le champ ; et prends et sup­porte en toute humi­li­té, le cha­grin et la peine, s’il se trou­vait que tu ne puisses, par ces moyens, triom­pher aus­si­tôt. Car c’est en véri­té un pur­ga­toire ; et une fois que la peine sera faite et pas­sée tout entière, et quand par Dieu ces moyens te seront don­nés, et par la grâce entrés dans tes habi­tudes : alors il ne fait aucun doute pour moi que tu seras puri­fié non seule­ment du péché, mais aus­si de la peine du péché. J’en­tends bien : de la peine par­ti­cu­lière atta­chée à tes péchés per­son­nels et déjà com­mis, et non pas de la peine du péché ori­gi­nel. Car celle-là pèse­ra sur toi jus­qu’au jour de ta mort, actif autant que tu le sois. Car de ce péché ori­gi­nel vont naître chaque jour de frais et nou­veaux appels de péché, les­quels il te fau­dra chaque jour abattre et com­battre tou­jours et tran­cher à coups ter­ribles de l’é­pée double et acé­rée de la dis­cré­tion. À quoi tu pour­ras voir et apprendre qu’il n’y a point de quiète sécu­ri­té, ni non plus aucun vrai repos en cette vie. »

    Ce monde, celui de l’é­tat post-ada­mique, est le monde de la dua­li­té. Aus­si, la nos­tal­gie de l’u­ni­té dont cha­cun a le sou­ve­nir comme d’un état per­du auquel il aspire, cette intui­tion ne doit pas nous faire perdre de vue que l’é­co­no­mie actuelle de notre réa­li­sa­tion est pla­cée sous le signe de la dualité.

    C’est pour­quoi, la Tra­di­tion juive n’hé­site pas à pro­cla­mer ce para­doxe : « au sein de la Créa­tion, l’u­ni­té est prin­cipe de malé­dic­tion, et la dua­li­té prin­cipe de béné­dic­tion” (Bere­shit Rab­ba F‑14).

    Ce à quoi Pas­cal fait écho en affir­mant (Pen­sées n°498) : « la plus cruelle guerre que Dieu puisse faire aux hommes en cette vie, est de les lais­ser sans cette guerre qu’Il est venu apporter”.

    Dans son étude sur les armes sym­bo­liques, (“Sym­boles de la science sacrée” p.170 – 174) René Gué­non observe le carac­tère récur­rent des deux tran­chants de l’é­pée, de la double hache, du mar­teau de Thor, du maillet, ou des flèches à deux pointes qui ren­voient sans doute au pou­voir de pro­duc­tion et de des­truc­tion, à la lutte exté­rieure et inté­rieure, aux prin­cipes com­plé­men­taires du Yin et du Yang, à solve et coa­gu­la, aux deux phases de l’as­pir et de l’ex­pir uni­ver­sels, mais plus géné­ra­le­ment encore, à la condi­tion duelle de la mani­fes­ta­tion dans laquelle l’hu­ma­ni­té est jetée. Condi­tion que l’homme peut sans doute (comme le moine) dépas­ser en se reliant au Prin­cipe trans­cen­dant unique, mais dont la néga­tion est à la source de toutes les uto­pies tota­li­taires modernes.

    • Pax in bello

    Car l’an­ta­go­nisme est la loi néces­saire de ce monde, et la flèche ne s’en­vole que par le jeu de forces qui opposent la corde et le bois de l’arc.

    Tous les contes nous disent que le dra­gon qui semble s’op­po­ser à la marche du preux che­va­lier vers son but ‑le tré­sor, la belle ou le Saint Graal- ce dra­gon, l’obs­tacle appa­rent est en réa­li­té le che­min qui conduit au but.

    Certes, d’un cer­tain point de vue, ces temps d’a­près la Chute sont mau­vais, et tant de chutes ont suc­cé­dé à celle de notre père Adam : celle du pre­mier meurtre d’A­bel par Caïn, celle des géants fils des anges et des filles des hommes, celle de Babel qui vit la fin d’un lan­gage com­mun entre les hommes, celle de Sodome et Gomorrhe, celle de la fin de la pro­phé­tie au sein du peuple élu, et tant d’autres.

    « L’his­toire prouve mal­heu­reu­se­ment que la guerre est l’état habi­tuel du genre humain dans un cer­tain sens, c’est à dire que le sang humain doit cou­ler sans inter­rup­tion sur le globeici où là ; et que la paixpour chaque nation, n’est qu’un répit »[1]. Joseph de Maistre (« Consi­dé­ra­tions sur la France » 1796)

    Toutes les Tra­di­tions parlent de ce temps comme l’âge sombre, l’âge de fer, l’âge du loup, le Kali-Yuga, le temps de Kali la déesse des­truc­trice, celui des “der­niers temps” dont parle la Bible…

    Mais il ne faut pas se plaindre d’être plon­gés dans ce temps d’en­du­rance, celui des com­bats difficiles.

    D’abord parce que :« La guerre est donc divine en elle-mêmepuisque c’est une loi du monde ».( Joseph de Maistre 1821 « Les Soi­rées de Saint-Pétersbourg » ).

    Ensuite parce que l’a­van­tage des temps dif­fi­ciles est de ne don­ner aucune illu­sion sur la nature du temps et de ce monde. D’autre part notre pré­sence, ici et main­te­nant, ne peut être aus­si que pro­vi­den­tielle puis­qu’il n’a pas plu à la Pro­vi­dence de nous pla­cer ailleurs. Remer­cions-La, ser­vi­teurs inutiles, de l’hon­neur qu’Elle nous fait : c’est aux endroits les plus dan­ge­reux de la bataille que sont pla­cés les corps d’é­lite ; il n’y a pas à rêver d’être ailleurs, mais à tenir notre place, au cré­neau qui nous a été octroyé.

    Puisque cet état de guerre est néces­saire, il faut donc bien y éta­blir sa demeure ; si telle est la volon­té divine, nous devons bien pou­voir y trou­ver notre Paix. Pour une pen­sée myope, le com­bat exclut la paix ; et pour­tant ne doit-on pas tou­jours, pour recou­vrer la paix, mener une guerre au chaos ?

    « La paix, nous l’au­rons au bout de nos lances ! » s’é­criait Jeanne d’Arc. La paix ne sau­rait être dans ce monde ni un droit, ni un acquis mais une conquête tou­jours à reprendre.

  • Autour du Prince Jean ! Quelques clips vidéos, pour avoir une (faible..) petite idée de ce qui s'est passé... Et l'homél

    prince jean,jean d'orléans,jean de france,duc de vendôme,bourbons,orléans,comte de paris,capétiens,senlis,philomena de tornos,brizardPlusieurs lecteurs/lectrices se sont étonnés de ne pas voir sur lafautearousseau les vidéos du mariage. C'est que, d'une part, on pouvait les voir ailleurs et que, d'autre part, nous avions pensé nous centrer sur le fond du sujet, que bien sûr les très courtes séquences vues à la télé ou sur le net ne rendent que très imparfaitement, voire pas du tout. 

    Avant de tirer, à la fin de notre "reportage-feuilleton" sur la journée, la leçon politique de cet évènement, qui est bien sûr tout sauf un évènement mondain; et de montrer en quoi il s'agit d'un acte éminemment politique, porteur d'espoir et créateur d'une vraie dynamique, pour nos idées mais surtout pour la France.

    Mais puisqu'on nous demande des images, voici les deux courtes vidéos que l'on peut trouver sur Dailymotion... 

    Nous en profitons pour vous communiquer le texte de l'excellente homélie de Mgr Philippe Brizard, dont nous ne disposions pas avant hier pour le compte rendu de la messe.

    Bonne lecture, bonne écoute, et à demain, pour la fin de notre reportage-feuilleton, à Chantilly où tout est beau...

            •http://www.dailymotion.com/relevance/search/Mariage+Senlis/video/x96iif_mariage-du-dauphin-de-france-et-de_news 

     •http://www.dailymotion.com/search/Vend%C3%B4me/video/x8wqwa_jean-et-philomena_news 

     
     
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    Homélie de Mgr Philippe Brizard

    Mariage du Prince Jean d’Orléans, Duc de Vendôme et de Mademoiselle Philomena de Tornos en la Cathédrale de Senlis le 2 mai 2009

     

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    Monseigneur, et je pense fort à Madame la Duchesse de Montpensier qui est la première à regretter de ne pas tenir sa place ici aujourd’hui,
     
    Cher Jean, chère Philomena,
     
    Vous avez souhaité que je vous interpelle ainsi, par vos noms de baptême. Vous soulignez, par là, votre appartenance à l’unique Église du Christ et l’égale dignité des enfants de Dieu. Cette égalité n’exclut pas les différences, comme le dit saint Paul dans sa célèbre comparaison avec le corps. Elle autorise même les distinctions pour servir l’harmonie de l’ensemble. Ainsi, la noblesse est ordonnée à l’excellence, le pouvoir au service, la richesse au don, le savoir à la patiente édification de tous. Pareillement, on ne se marie pas pour soi seulement mais pour remplir sa vocation de fils et de fille de Dieu. C’est bien ce qui ressort de la lecture du mariage de Tobie et Sara : ils ne se marient pas par seul vouloir d’homme mais en Dieu et dans sa bénédiction. À travers les lignes du texte et les mœurs, quelque peu romancées d’ailleurs, d’une autre époque, nous voyons bien qu’un discernement spirituel a été opéré qui rend les futurs sûrs de ce qu’ils sont faits l’un pour l‘autre. Plus loin, la prière de Tobie et de Sara exprime avec grâce leur projet et la mission dont ils sont investis et qui correspond au dessein de Dieu sur leurs vies. Vous-mêmes, Jean et Philomena, en choisissant l’évangile des noces de Cana, vous faites confidence des perspectives dans lesquelles vous situez votre mariage.
     
    Mes frères, accourus parfois de loin pour entourer Jean et Philomena, prenez garde à votre manière de lire cette page célèbre de l’évangile. Ce récit est en réalité une leçon de catéchisme dans laquelle est exposé le mystère chrétien du salut des hommes. Dépassez l’anecdote et comprenez l’enjeu. Ce n’est pas un hasard si Jésus commence sa vie publique en allant aux noces d’amis de sa mère. Déjà, Jean-Baptiste l’avait présenté comme l’époux qui vient. Et Marie, qui croit en son Fils, le pousse à se révéler. Malgré ses protestations – « mon heure n’est pas encore venue -, il va manifester sa gloire. Quand arrivera-t-elle donc cette heure de la véritable manifestation de sa gloire ? Au moment où Jésus passera de ce monde à son Père, à l’heure de sa croix. Les noces de Cana, et, à travers elles, toutes les noces, sont signes de cette heure-là. A cette heure-là, est dévoilé ce qui était encore caché à Cana : le comble de l’amour. Jésus donne sa vie en aimant jusqu’au bout. Jésus, le Christ, scelle l’Alliance nouvelle de Dieu avec l’humanité par son sang. Cette Alliance, sans cesse proposée à l’homme et sans cesse rompue par lui ; cette Alliance où Dieu se révèle amoureux de sa créature comme le dit magnifiquement Osée ; cette Alliance dont l’accomplissement est signifié dans l’Apocalypse par des noces somptueuses où la fiancée représente l’humanité recréée et sanctifiée par l’époux, l’Agneau immolé. Par cette Alliance sainte, nous recevons du Christ l’amour, la libération, la royauté, la sainteté, la puissance et la vie.
     
    Tous ces signes et toute cette heure se concentrent sur la messe. C’est pourquoi vous célébrez votre mariage au cours de la messe, mémorial de l’Alliance nouvelle et éternelle scellée dans le sang du Christ.
     
    Maintenant, voyons comment Jésus manifeste sa gloire à Cana. Il est intéressant de noter que Jésus se rend à Cana le troisième jour après la promesse faite à Nathanaël, (ce Juif à qui on ne la fait pas : « de Nazareth, peut-il sortir quelque chose de bon ? »). Jésus lui avait dit qu’il verrait de grandes choses. Quand on parle de troisième jour dans la Bible, comme par exemple lors de l’Alliance sinaïtique, ou mieux lors de la résurrection de Jésus, on évoque l’ouverture d’une ère nouvelle, le commencement des temps derniers et définitifs, le début de la manifestation de la gloire de Dieu. De même qu’au Sinaï, Dieu manifesta sa gloire en donnant la Loi le troisième jour, de même, à Cana, le troisième jour, Jésus manifeste sa gloire en donnant un vin meilleur, symbole de la Bonne Nouvelle. J’observe que ce vin provient de l’eau qui servait à la purification des Juifs. L’eau devenue vin, c’est la purification qui n’est plus liée à l’observance de la Loi mosaïque mais à l’Évangile du Christ, à sa Parole dont le vin est l’image. Un message d’une telle nouveauté, que Jésus dira un jour : « À vin nouveau, outres neuves ».
     
    Avec quelle profusion donne-t-il ce vin ! La grâce est surabondante. La joie et le bonheur en Dieu sont au-delà de toute mesure. Dieu comble absolument. Le premier vin servi par l’époux venant à manquer, - par eux-mêmes, les hommes sont incapables de parvenir au bonheur en plénitude -, c’est le véritable Époux qu’est Jésus, qui offre le vin nouveau et qui l’offre avec surabondance comme don ultime. On ne peut lire l’évangile qu’à la lumière de ce troisième jour, celui de la Résurrection de Jésus, qui ouvre l’accès au Royaume où le Seigneur boira avec nous le vin nouveau de la joie éternelle.
     
    Jean et Philomena, vous avez choisi cette page de l’évangile parce qu’elle vous a impressionnés : c’est le mystère caché de votre amour qui trouve son sens dans le dessein de Dieu sur l’humanité dévoilé par Jésus-Christ. De même que les noces de Cana annoncent les noces de Jésus sur la croix scellant l’Alliance nouvelle et éternelle, de même votre mariage, comme tout mariage, est une image de l’amour tout-puissant de Dieu, de l’Alliance de Dieu avec l’humanité. « Ce mystère est grand, dira saint Paul : je le dis en pensant au Christ et à l’Eglise ». L’immense dignité du mariage vient de là. Dieu vous donne son amour pour que vous vous aimiez divinement et que vous progressiez dans son amour et dans votre amour. Avec un peu de bonne volonté, le mystère de l’amour humain amène à contempler le mystère trinitaire de l’amour de Dieu. Dieu est fou d’amour, d’un amour fort comme la mort et même plus fort qu’elle, comme le chante le Cantique des Cantiques. Ce beau chant d’amour, qui mêle éros et agapê, semble dire : « vous voulez savoir ce qu’est l’amour de Dieu ? Regardez donc un homme et une femme qui s’aiment ». L’Eglise compte sur vous pour que vous rendiez un tel témoignage.
     
    En vous mariant, vous vous associez pleinement à l’œuvre d’amour de Dieu. C’est donc en vue de ce fameux troisième jour, le Jour du Seigneur où il manifeste sa gloire, que vous accomplirez, Jean et Philomena, votre mission qui consistera également à gérer les affaires de ce monde. (Et vous savez, Jean, combien je goûte les perspectives dans lesquelles vous entendez mener votre action, telle qu’une tout récente interview de Gérard Leclerc l’a dévoilée). Ensemble, vous réaliserez une œuvre spirituelle pour humaniser la vie ; vous transformerez l’eau fade d’un quotidien souvent prosaïque en vin du Royaume éternel. Et si, d’aventure, vous rencontrez le manque, tels les époux de Cana, souvenez vous de Marie : elle est là avec vous. Elle est la Guebira, la Reine-Mère. Elle a de l’influence sur le Roi, son Fils. Si vous le demandez, elle obtiendra de lui que vous sortiez de l’épreuve. Alors, vous vous souviendrez du vin de Cana : le meilleur vient après.
     
    Cana et Senlis ont en commun d’être des lieux de mémoire et de commencement : commencement de l’annonce de la Bonne Nouvelle, commencement de la dynastie dont, Jean, vous êtes issu. Pour l’heure, Cana en Île de France s’appelle Senlis. Il y a des noces, ce sont les vôtres.
     
    Monseigneur Philippe BRIZARD, Protonotaire apostolique, Directeur général de l’Œuvre d’Orient

     

     

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  • Deux ans qu'il est là : les deux calamiteuses ! Hollande tente de reprendre la main, mais c'est mal parti !...

    hollande champion d'échec.jpg (comme d'habitude, pour qu'il soit bien clair que nous n'inventons rien, que nous ne faisons pas de polémique pour la polémique, ou de critique pour la critique, ou de procès d'intention, nous prenons dans la presse les exemples qui étayent nos propos...)

    A l'occasion du deuxième anniversaire (!) de son élection, on nous l'a seriné, hier, sur toutes les radios et dans tous les médias : François Hollande allait occuper le terrain, pour expliquer que "le retournement" (titre d'un excellent roman de Vladimir Volkoff !...) était là !

    Bref, après "Montebourg-Sapin", comme le chantait récemment Canteloup, voici "Petit Papa Hollande" qui vient explique aux Français que sa politique "marche" : la preuve, il nous le dit, le "retournement" est là ! A ce stade d'autisme et d'aveuglement, comme nous l'avons dit dans un de nos tweets, c'est grave, c'est même très grave, mais que peut-on pour lui ?...

    Entretien avec Bourdin, visite de PME et rencontre avec des apprentis, mais sans bain de foule : les huées de "Carmaux-la-socialiste-depuis-120-ans" l'ayant rendu prudent, la journaliste de France info, ce mardi 6 mai, lâche (perfide ou candide ?) qu'il ne rencontrera que des gens "triés sur le volet" : quel aveu !

    Hélas pour Hollande : son initiative est plombée d'avance par... les déclarations d'impôts que remplissent les Français en ce moment. Et que constatent-ils, ces Français à qui "Petit Papa Hollande" leur apporte comme cadeau - dit-il - un beau "retournement" ? Eh, bien qu'il n'a pas un cadeau, mais quatre, dans sa hotte, et que ces cadeaux ne sont pas, mais alors pas du tout, ce ni ceux qu'ils auraient souhaités...:

    1. Premier cadeau/retournement : "...la part de cotisation versée par l'employeur à la mutuelle de l'entreprise est désormais intégrée aux revenus. "C'est désormais considéré comme un avantage en nature", s'indigne la responsable de la VO impôts. Plus de 10 millions de salariés sont concernés (et consternés, ndlr !...) : certains se retrouvent avec l'équivalent d'une très grosse prime déclarée... "sans avoir touché un sou de plus" précise le fiscaliste des Contribuables associés". (1)

    2. Deuxième cadeau/retournement : "...Les retraités qui ont eu trois enfants et plus ont une pension majorée de 10%. Ce bonus est désormais imposable. Selon Olivier Bertaux, la note est salée, jusqu'à 900 euros pour quelqu'un qui  touche 30.000 euros de retraite par an. Carmen Ahumada a reçu plusieurs appels angoissés de seniors "qui vont payer davantage alors qu'ils continuent à aider leurs enfants majeurs" confrontés aux difficultés de la vie. Cette mesure a un effet pervers : elle gonfle le revenu fiscal de référence "qui permet d'être exonéré de Taxe d'habitation ou foncière et de recevoir les aides au logement".

    3. Troisième cadeau/retournement : "...Le quotient plafonné. 13% des foyers fiscaux ayant des enfants mineurs à charge ou des majeurs rattachés sont concernés : le plafond du quotient familial est ramené de 2.000 à 1.500 euros par demi-part. Le calcul réalisé par Olivier Bertaux est simple : "Une famille avec deux enfants paiera 1.000 d'impôts en plus cette année". Selon la VO impôts, l'augmentation sera en moyenne de 825 euros pour chaque foyer concerné..."

    4. Enfin, dernier mais non le moindre de ces cadeaux/retournement dont on se serait bien passé, et qui ne vont plaire à personne (sauf aux masochistes) : "Les heures sup fiscalisées. La décision de fiscaliser les heures supplémentaires a pris effet en août 2012. C'est donc cette année qu'elle est appliquée "plein pot", explique le fiscaliste des Contribuables associés..."

    Il ne reste qu'à féliciter le journaliste, Patrick Maggio, qui a su réaliser un article clair et concis, sans langue de bois. Article qu'il fait d'ailleurs suivre d'un non moins instructif "Les témoignages de nos lecteurs" (voir ci-après), qui mérite aussi qu'on s'y arrête : La Provence n'étant pas liée à lafautearousseau, d'aucune manière, on voit bien que nous ne sommes pas dans la critique ou dans la hargne systématique contre qui que ce soit, mais que nous ne faisons que partir du réel, tel qu'il est décrit par d'autres que nous, et volontairement choisis, justement, parce qu'ils ne font pas partie de ce qu'il est convenu d'appeler "nos milieux" (ce serait trop facile...) : 

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    Hollande s'est fait élire en disant "On va faire payer les riches, et il a fait payer des impôts à 1.800.000 Français qui n'en payaient pas : si cela leur a coûté cher, cela lui a coûté, à lui, encore plus cher aux municipales ! Et maintenant, on voit des mesure aux conséquences que ses ministres n'avaient pas prévues se traduire par de nouvelles hausses d'impôts : un sur-matraquage fiscal, donc. On est bien obligé d'employer les seuls termes qui conviennent : amateurisme, imprévoyance, incompétence.

    Quant au report des élections régionales et cantonales de 2015 en 2016, que François Hollande - qui était donc, ce mardi, l'invité exceptionnel de Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV et RMC - quel mot évoquer pour le commenter : Misérable ? Minable ? Pathétique ? Tout cela à la fois, et pire encore...

    Et pour sa côte de popularité, face à ces dures réalités, insupportables, Hollande aura beau dire et beau faire : le "retournement", ce n'est ni pour aujourd'hui, ni pour demain !...

    (1) Source : La Provence du mardi 6 mai, article de Patrick Maggio, page II.

  • Un euro faible pour lutter contre la déflation, par François Reloujac*

    Le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi,  dans un langage inhabituel remarqué par tous les commentateurs économiques, a mis en garde contre un "euro fort".

    Ce dernier serait accusé d’être la cause du risque de déflation qui menace désormais l’Union européenne.

    euro faible.JPG

    A quelques semaines des élections pour le Parlement de Strasbourg, il faut bien montrer que « l’on » a une certaine compréhension des difficultés et que « l’on » a pris les bonnes mesures pour en sortir. Il va déjà être difficile de faire accepter aux Français le refus opposé par Bruxelles de donner un peu de temps supplémentaire au Gouvernement pour ramener le déficit budgétaire dans la limite des 3 % du PIB ; il est indispensable de trouver un nouvel expédient pour mobiliser tous les naïfs qui croient encore en l’Europe.

    à plus de 1,30 dollar pour un euro, c’est trop ! Tout le monde en convient bruyamment : les Français qui y voient un obstacle à la compétitivité de leurs entreprises, mais aussi les Européens qui en font le bouc émissaire de la déflation qui menace. Le raisonnement de ces derniers est simple : avec un euro fort, le prix des produits importés chute, ce qui risque d’enclencher un mouvement général de baisse qui paralyserait l’économie. Si les prix ont ainsi tendance à se contracter, les consommateurs diffèreront leurs acquisitions pour pouvoir accroître leur pouvoir d’achat, qui a tendance à baisser du fait d’une politique d’austérité dont la puissance médiatique est plus importante que l’efficacité économique. Cette vision est, hélas, trop simpliste pour être vraie. La relation entre le niveau des prix et celui du volume des échanges économiques n’est pas automatique. Toute baisse, même généralisée, des prix, n’est pas incompatible avec une augmentation de la production et de la consommation. Ce phénomène monétaire peut également résulter d’un accroissement de la productivité. Dans cette hypothèse, les prix baissent du fait d’une meilleure efficacité des processus productifs, ce qui entraîne qu’avec une même quantité de monnaie en circulation, chacun peut acquérir une plus grande quantité des produits et services devenus moins onéreux. Parallèlement, les économistes comme les hommes politiques refusent de mettre en avant – car cela remettrait en cause la libre circulation des biens et des services ainsi que l’Organisation mondiale du commerce – que l’augmentation des importations (due à un euro fort) se fait inexorablement au détriment des produits nationaux et que, dès lors, elle pousse à une augmentation sensible du niveau du chômage en France. Au sein de la zone euro, la parité n’étant pas changée, l’Allemagne sera moins touchée car elle pourra continuer à compter sur le marché européen pour absorber une partie importante des frais fixes de sa propre production. Pour elle, l’enjeu est donc moins crucial.

     

     

    Vers une baisse des taux d’intérêts ?

     

    Pour faire face à l’envolée de la valeur de l’euro, le président de la BCE laisse donc entendre qu’il pourrait avoir une attitude plus accommodante, c’est-à-dire baisser les taux d’intérêt – mais sa marge est désormais étroite compte tenu de leur faiblesse nominale – et mettre en œuvre une « politique non conventionnelle », c’est-à-dire créer de la monnaie. Une question se pose alors : si cette politique est efficace dans la conjoncture que connaît l’Europe depuis quelques années, pourquoi ne l’a-t-il pas mise en œuvre plus tôt ? Dans le Figaro du 15 avril 2014, Alexandrine Bouilhet donne une explication : l’effet d’une telle politique « est souvent éphémère ». Il faut donc qu’elle semble porter des fruits, surtout au moment où les électeurs se rendent aux urnes. Mais si elle n’a pas d’effet positif durable, ne risque-t-elle pas d’avoir, à l’inverse, des effets pervers à long terme ? Car, si l’on en croit la théorie quantitative de la monnaie, une augmentation de la masse monétaire devrait entraîner une augmentation de l’inflation contre laquelle la BCE est justement chargée de lutter. Faut-il donc considérer que Mario Draghi ne croirait pas que la création de monnaie puisse avoir une influence quelconque sur la marche de l’économie ? Il n’en est rien. Mais il sait que, dans le monde actuel où la monnaie créée ne va pas directement vers les particuliers ni les petites entreprises mais passent toujours par les opérateurs financiers internationaux, on a affaire à une véritable « trappe à finances » qui oriente ladite monnaie vers les marchés financiers. Du coup les prix des produits de consommation courante et les salaires ne risquent pas d’augmenter ; à l’inverse, les valeurs des actifs financiers échangés chaque jour sur toutes les Bourses du monde pourront continuer à croître : le Cac 40 comme le Dow Jones et le Dax comme le Nasdaq pourront continuer à voler de sommets en sommets. Car les enchaînements économiques sur lesquels raisonnent les théoriciens en mal de notoriété n’ont aucun caractère automatique. Ils dépendent d’abord, et avant tout, du moral des agents économiques, de leur psychologie et de leur optimisme face à l’avenir. Or, il est plus facile de créer de la monnaie que de rétablir la confiance. Et, lorsque les populations n’ont pas confiance dans l’évolution de la société, lorsqu’elles craignent de voir encore le niveau de leurs impôts augmenter, lorsqu’elles redoutent d’être, à plus ou moins brève échéance, confrontées au chômage, elles ne sont pas portées à consommer mais plutôt à accroître leur épargne de précaution. L’inconvénient d’une telle politique est que les opérateurs financiers internationaux finissent par détenir une puissance monétaire supérieure à celle des états. Si la politique de la France ne se fait pas plus à « la corbeille » qu’à la fin des années soixante, elle ne se fait plus dans les cabinets ministériels ni à l’élysée, ni même à Bruxelles ; elle se fait entre les financiers internationaux, dans les paradis fiscaux et sur les marchés parallèles.

     

     

    Les politiques doivent reprendre le pouvoir

     

    Il ne sert à rien de promouvoir une politique de l’offre sous prétexte que la politique de la demande mise en œuvre précédemment a échoué. Elle échouera tout autant. Une politique économique ne peut réussir que si l’offre et la demande sont équilibrées tant en volume qu’en nature. Une politique de l’offre ou une politique de la demande ne peuvent donc être mise en œuvre que pour rétablir un équilibre auquel les populations aspirent. Et une bonne politique économique ne peut être conduite que par des hommes politiques qui détiennent réellement le pouvoir dans leur pays. Or, dans un monde où il s’échange chaque jour plus de 5 000 milliards d’euros sur les marchés des changes, que peut véritablement faire un président de la République qui ne sait comment trouver 50 milliards en trois ans ? Il pourra changer de Premier ministre autant qu’il voudra, il pourra alternativement chercher à mettre en œuvre une politique de l’offre ou une politique de la demande, tant qu’il n’aura pas rétabli l’indépendance de son pouvoir vis-à-vis des marchés internationaux, il ne pourra pas atteindre le résultat qu’il a promis pour se faire élire. Et le président de la BCE ne pourra lui être d’aucun secours au-delà des quelques semaines qui le séparent encore du prochain rendez-vous électoral européen.

    * Analyse économique parue dans le numéro 129 (mai 2014) de Politique magazine

  • La Patte à Catoneo - Abrégé de gouvernance, très abrégé

    L'approche des élections municipales déterre des affaires qui visent à discréditer, souvent à raison, des candidats venus blanchir leur CV par un succès démocratique. On en trouve dans tous les partis, bien que la République ait été proclamée le régime de l'indispensable Vertu à défaut de quoi elle tourne en satrapies confédérées pour l'établissement de quelques uns.

    L'affaire emblématique qui fait rage aujourd'hui mine le premier syndicat parlementaire. Voler des millions d'euros de cotisations par sur-facturation de services ne vient à l'idée de personne au Sentier tant elle est facile à débusquer. A gruger le souverain peuple, faudrait-il avoir du talent, il s'en faut de beaucoup. L'amateurisme règne en maître par construction puisque nous subissons le pouvoir des médiocres partout.

    Consolons-nous. Plutôt que de dispenser un cours supérieur de bonneteau qui me sera reproché par M. Cazeneuve, faisons un saut d'un demi-monde : 

    wang qi shan.jpgLa corruption des bureaucraties est le cancer du gouvernement des hommes, disait un sage indien dont j'ai perdu le nom. Depuis l'avènement du fils d'Immortel Xi Jinping, la lutte anti-ripoux a pris des tours en Chine. L'empire céleste de la prévarication est en train de réactiver la radiothérapie des cadres.

    La méthode a fait ses preuves : le détecteur immobile observe sans ciller la pyramide bureaucratique et quand un électron change d'orbite, il le bloque pour examen; du moins s'y essaie-t-il. C'est le Livre Bleu de l'Etat de droit, dans sa 14ème édition publiée par l'Académie chinoise des sciences sociales (CASS), qui a promu cette méthode de tir instinctif. La présentation du Livre Bleu est un énorme raout chaque année à Pékin (1) où il est utile de se montrer pour être prévenu du genre d'armes utilisées.

    La compilation des affaires classées a fait comprendre au nouveau pouvoir qu'environ huit cents milliards de RMB (= 95 Mds€) avaient été volés par 18000 fonctionnaires en voyage entre 1995 et 2008 et déportés à l'étranger hors des griffes du Fisc chinois. Rien que pour l'année 2011, l'Etat central a arrêté 1631 fugitifs chargés de huit milliards de RMB (1 Mds€) qu'il a récupérés.

    C'est beaucoup.

    Tous les enfants de parvenus chinois, qu'ils soient issus du monde de l'entreprise ou de la bureaucratie, terminent leurs études à l'étranger dans un pays de l'OCDE. Les transferts assurant leur subsistance sont normaux, il suffit de régler l'alarme, assez haut quand même car ils dépensent beaucoup, jusqu'à s'acheter l'appartement d'étudiant et tout l'immeuble qui va autour.

    Mais l'intelligence génétique de la race perce tous les dispositifs de surveillance et l'effort de collimation des services est fait sur les pays étrangers exempts pour le moment de traité d'extradition ou d'entraide fiscale qui sont autant de miroirs aux alouettes.

    L'évasion pourtant s'aggrave aux dires des "experts". C'est Wang Qishan (en photo) le chef de la traque. Appointé secrétaire du Comité central pour l'Inspection disciplinaire du Parti communiste chinois afin de le nettoyer de ses éléments les plus corrompus, normal, il est le septième pilier de la sagesse à Zhongnanhaï, un des hommes-dieu de l'empire. Crédité de compétences avérées en finances et en gestion de crise, son air affable et accessible dissimule une poigne de fer et une énorme capacité de travail, parfaitement nécessaire dans ce métier très réactif (2). Il a aussi un parlerfranc qui dénote, surtout pour ceux qui ont connu Hu Jintao playmobil, son précédent maître; un trait de caractère rare : le "prince rouge" sait s'excuser publiquement si ça foire !

    Ne faisons pas de comparaisons déloyales avec ceux qui passent et repassent dans nos lucarnes bleues à user de ridicule une confiance depuis longtemps évaporée. Nos foutriquets ne jouent pas dans la même cour. Mais ce sont les autres qui le savent. La seule limite de ce combat anti-corruption, de l'aveu même des rédacteurs du Livre Bleu, est la crainte d'une déstabilisation de la société dont on arracherait les racines ! Car la corruption est endémique en Asie. On ne conçoit pas la vie quotidienne sans huile de facilitation, sans le petit présent innocent donné par courtoisie pour que les choses du lendemain n'en soient que meilleures. La maîtresse d'école, le policier qui fait traverser les enfants, le facteur s'il monte l'escalier, le guichet d'assistance publique, tous ont leurs étrennes, multipliées. La coutume grimpe l'échelle sociale, à tel point qu'il est des sociétés spécialisées qui font fortune dans les gratifications ; à tel point-bis que l'administration a mis le hola et de manière brutale pour ce qui concerne les fonctionnaires, soumis désormais à une grille de frais très surveillée; à tel point-ter que l'industrie du luxe dit en pâtir.

    Mais l'appétit peut devenir boulimique, et des fois, l'ogre pète la sous-ventrière et dégorge, jusqu'à finir d'une balle dans la nuque sur la place du marché à onze heures, face au soleil.

    Alors Wang Qishan met une croix sur un nom de la grande pyramide, essuie ses lunettes, et la vie continue.

    Essayons !

    Catoneo

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    Notes :

    (1) Sommaire : http://www.iolaw.org.cn/global/en/showNews.asp?id=37717  

    (2) Source Xinhua : http://news.xinhuanet.com/english/china/2012-12/25/c_132063053_2.htm

  • Jeanne d'Arc 2014 !...

    JEANNE 2014.jpgComme pour les manifestations "Louis XVI", lafautearousseau publie volontiers les annonces de toutes les manifestations "Jeanne d'Arc" organisées partout en France qui lui seront signalées; il se veut ainsi la maison commune de tous ceux qui oeuvrent "sans nostalgie ni folklore", dans le cadre d'un "royalisme intelligent"...

    Sur le sens et l'historique de cette Fête nationale :

    * voir dans notre Album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet les deux photos : "10 mai 1920 : Barrès et le Cortège de Jeanne d'Arc"  et "La Fête de Jeanne d'Arc" ...

    * lire aussi les deux courts textes de Georges Bernanos et de Vladimir Volkoff :

    - Prière à Jeanne d'Arc.pdf par Georges Bernanos...

     - priere a Jeanne.pdf par Vladimir Volkoff...

    * Paris : 

     

    2 Journées patriotiques : Samedi 10 et Dimanche 11 mai 2014

    * SAMEDI 10 MAI : RÉUNION PUBLIQUE : SAMEDI 10 MAI 2014.pdf

    * DIMANCHE 11 MAI : CORTEG TRADITIONNEL DE JEANNE D'ARC : 

    CRAF JEANNE 2014.jpg

     

    * Donrémy, 10 et 11 mai :

     * http://www.catholique-vosges.fr/fetes-de-jeanne-d-arc-10-... 

    * 3ème édition du Spectacle Voix et Lumières de JEHANNE :

     http://spectaclemonumental-jeannedarc.fr/presentation.html

     

    * Orléans, du 29 avril au 10 mai :

    http://www.orleans.fr/evenementiel/jeanne-darc/accueil.htm

    Et Jeanne d'Arc sera... :

    http://centre.france3.fr/2014/02/10/jeanne-d-arc-2014-s-a...

     

    * Reims : Fêtes Johanniques, 31 mai et 1er juin :

    http://www.reims-tourisme.com/tabid/12559/OffreId/2fea92d...

    Et Jeanne d'Arc sera... :

    http://champagne-ardenne.france3.fr/2014/02/03/fetes-joha...

     

    * Nancy, samedi 10 mai : à 12 heures, dépôt d’une gerbe devant la statue de Sainte Jeanne d’Arc, Rue Lafayette.

    * Marseille, jeudi 15 mai : Traditionnellement, le Café politique de lafautearousseau du deuxième dimanche de mai se rattache à la leçon politique de Jeanne, adaptée au temps présent. Exceptionnellement, cette année, ce Café n'aura pas lieu d'être en raison de l'importante conférence-débat (à 18h30, suivie d'un repas) organisée par la Fédération Royaliste Provençale, avec le Prince Sixte-Henri de Bourbon Parme - ainsi que Louis Martinez, Patrick Barrau et Antoine de Crémiers, pour traiter de : Ukraine, un volcan au coeur de l'Europe. (Voir nos annonces régulières en pages d'accueil).

    * La F.R.P. déposera, comme chaque année, une gerbe de fleurs au pied de la statue de Jeanne d'Arc de l'église des Réformés. Le jour et l'heure seront précisés prochainement. 

     

    * Nantes, dimanche 11 mai : Hommage à Sainte Jeanne d'Arc à 11 h 30, devant l'Eglise Saint Clément.

     

     

    * Sainte Anne d'Auray (56), 18 Mai : Hommage à Sainte Jeanne d'Arc, organisé par l'Union Royaliste Bretagne Vendée Militaire. Rendez vous à 15h au Monument du Comte de Chambord. 

     

    * Nice, dimanche 11 Mai : Messe à 10h, Déjeuner à 12h : Renseignements : Jean-Pierre Thouvenin (04.93.81.22.27 / 06.34.47.67.03.).

    * Montpellier, dimanche 11 Mai : Dépot de fleurs, boulevard Pasteur, devant la statue de Jeanne d'Arc. Renseignements :  04 67 61 17 18 / 06 81 72 31 11.

    * Nîmes, dimanche 11 Mai : - à 10h15, Cérémonies civiles et militaires devant la statue de Jeanne, Place des Carmes; 

                                                     - à 10h45, Messe en l'église Sainte Baudille (suivie d'un déjeuner amical pour ceux qui le souhaitent : renseignerments au 04 66 21 33 43 / 06 88 14 45 91 / 06 10 90 55 27);

    * Le Crotoy, samedi 10 mai : à 18h30, dépôt d'une gerbe  de fleurs au pied de la statue de Jeanne d'Arc, à proximité du port du Crotoy.

  • A méditer.....

               Dédié à celles et ceux qui ont des oreilles pour entendre et qui n'entendent pas; qui ont des yeux pour voir et ne voient pas. Sans plus de commentaires, cet article que publie "Le Figaro" du 18/19 août, sous le titre "Devenu chrétien, un Égyptien vit un calvaire":

               Le jeune homme voulait officialiser son changement de religion sur ses papiers d’identité. Considéré comme apostat, il vit dans la clandestinité après avoir reçu des menaces de mort de la part d’extrémistes musulmans.

                      MOHAMED HEGAZI a peur. Ce jeune homme de 25 ans, né musulman mais qui dit s’être converti au christianisme il y a neuf ans, a transgressé un tabou absolu en demandant que ses papiers d’identité mentionnent sa nouvelle religion. Son initiative, sans précédent, a soulevé un tollé en Égypte, où l’immense majorité des dignitaires musulmans s’accorde à dire que l’islam ne permet pas de changer de religion. Considéré comme apostat, Hegazi, qui était jusqu’à il y a peu représentant du mouvement d’opposition civile Kefaya (Ça suffit !) à Port-Saïd, craint aujourd’hui pour sa vie et affirme se cacher avec son épouse, qui serait elle aussi convertie. « Je reçois des menaces de mort sur mon téléphone portable. À chaque fois que je change de numéro, des fanatiques l’obtiennent et m’appellent en menaçant de me liquider » , raconte l’infortuné. « Le danger ne vient pas seulement des extrémistes, un citoyen ordinaire pourrait me tuer de son propre chef, convaincu d’avoir ainsi servi l’islam », dit-il. Pour les plus radicaux, une déclaration d’apostasie équivaut, de fait, à une condamnation à mort.

               Dans les années 1990, période noire de l’islamisme armé en Égypte, l’écrivain et journaliste Farag Foda a payé de sa vie une telle accusation. Le Prix Nobel de littérature, Naguib Mahfouz, a échappé de peu au poignard d’un illuminé. L’universitaire Nasr Abou Zeid a dû se réfugier aux Pays-Bas après avoir été condamné par la justice à divorcer de sa femme, une sanction automatique pour les apostats. Depuis que l’affaire Hegazi défraye la chronique, pas un jour ou presque ne passe sans que la presse cairote ne répercute des déclarations haineuses et intolérantes.
              Ainsi du quotidien gouvernemental Al-Messa, qui affirme que selon un « sondage » réalisé par ses soins, tous les oulémas sont unanimes sur la « nécessité de tuer l’apostat »  : un verdict lapidaire clairement destiné à contredire le grand mufti d’Égypte, qui a récemment affirmé que les hommes n’ont pas à se substituer à Dieu pour faire justice. Dans la même veine, le beau-père de Mohamed Hegazi a confié à la presse égyptienne qu’il souhaitait que la justice contraigne sa fille à divorcer et « qu’elle soit ramenée chez lui, même morte ». Quant au père du jeune activiste, il soutient que son fils continue de prier à la mosquée avec lui......             
     Pressions de l’Église copte orthodoxe

              Nouvelle escalade cette semaine: deux membres de l’Organisation des chrétiens du Proche-Orient (Meca), Adel Fawzi et Peter Ezzat, ont été incarcérés pour «atteinte à l’islam» et «sédition confessionnelle». Selon le quotidien indépendant Al-Masri al-Yom, les deux hommes, qui collaborent à un site Internet copte dénonçant les persécutions dont les chrétiens se disent victimes en Égypte, ont été arrêtés en possession de pamphlets et de vidéo jugées anti-islamiques. Mais surtout, croit savoir le journal, ils auraient joué un rôle dans la conversion de Mohamed Hegazi. L’affaire a pris de telles proportions qu’une organisation non gouvernementale (ONG) copte, le centre al-Kadima pour les droits de l’homme, a retiré la semaine dernière la plainte qu’elle avait déposée au nom de Mohamed Hegazi devant la justice administrative, après que les services de l’état civil ont refusé d’inscrire le christianisme sur sa nouvelle carte d’identité.

              En Égypte, ce document mentionne obligatoirement la religion. Mamdouh Nakla, le directeur d’al-Kadima, a affirmé que sa décision avait été uniquement motivée par «l’absence de certificat de conversion de l’Église». Mais selon des sources religieuses, l’Église copte orthodoxe a exercé des pressions sur l’ONG, de peur d’être accusée de prosélytisme. «L’Église sait que le cas Hegazi est très sensible», souligne un connaisseur du dossier. «Il est possible qu’elle ait choisi de rester en retrait dans cette affaire pour ne pas s’attirer d’ennuis, mais aussi dans l’espoir d’obtenir en retour des avancées sur la question des chrétiens convertis à l’islam et qui veulent revenir au christianisme, pour lesquels elle n’a pas hésité à monter au créneau ces dernières années.» Pendant ce temps, Hegazi se terre, seul face à son choix.

              A quoi en sont réduits les chrétiens en terre d'Islam! (ici les Coptes, qui sont pourtant chez eux en Egypte, dont ils sont les premiers habitants et les légitimes propriétaires!...); et si un jour, dans un pays d'Europe, ou simplement une région, ou simplement une ville, les musulmans devenaient majoritaires, ce type de "règlement" s'appliquerait-il?....: on attend les éclaircissements du "parti immigrationniste" (de Balasko à RESF)....

  • La Dizaine de MAGISTRO...

    * MAGISTRO, une tribune libre et indépendante d'information civique et politique, en ligne depuis 2008 : Présentation de Magistro par François Georges Dreyfus.pdf

    * Liens : - http://www.democratiedirecte.fr/  (Yvan Blot)

                 - http://www.henrihude.fr/ (le Blog de Henri Hude)   

     

    * Aude MIRKOVIC, Maître de conférences en droit privé à l'Université d'Evry : Quand le polyamour peut conduire à faire des enfants à trois
    * Jacques BICHOT, Economiste, Professeur émérite à l’Université Lyon 3 : Pourquoi fusionner la CSG et l’impôt sur le revenu ?
    * Hubert de GEVIGNEY, Officier, Contre amiral : Mademoiselle,
    * Aude MIRKOVIC, Maître de conférences en droit privé à l'Université d'Evry : SFR : on ne capte plus !
    * Denis TILLINAC, Ecrivain : Morale contre morale
    * Ivan RIOUFOL, Journaliste : La connivence des corps intermédiaires
    * Maxime TANDONNET, Haut fonctionnaire : Immigration, l’erreur de M. Hollande
    * Ivan RIOUFOL, Journaliste : Le Conseil constitutionnel au secours de la liberté d'expression
    * Philippe BILGER, Conseiller spécial au cabinet D'Alverny, Demont et Associés : Michel Rocard plus clair qu'obscur
    * Maxime TANDONNET, Haut fonctionnaire : Inquiétante escalade                                * François JOURDIER, Officier, Contre amiral (2S) : Je ne joue pas avec un Grec

    De Maxime Tandonnet, Immigration, l'erreur de M. Hollande :

           

            Dans l’émission parole de candidat (le 27 février), François Hollande a déclaré (de mémoire) : "Je ne ferai pas de régularisation massive. En revanche, il y aura des régularisations fondées sur des droits : l’existence d’un lien familial, d’un travail même non déclaré, ou lié à la durée du séjour (illégal) en France."
            La France compte au minimum 220 000 migrants illégaux, c’est-à-dire le nombre des personnes qui sont inscrites à l’aide médicale d’Etat.
            Il ne fait aucun doute que l’immense majorité d’entre eux peut se rattacher à l’un des trois critères définis par le candidat socialiste. Des migrants clandestins qui n’ont en France ni travail (au noir), ni relation familiale, ni présence avérée d’un certain nombre d’années franchement, ne doivent pas être légion.
            Dès lors, il faut bien voir que l’on s’oriente sans doute vers une régularisation massive supérieure à 100 000 personnes et davantage par le jeu du regroupement familial, pour celles qui, une fois régularisées, feront venir leur famille.
            La formule envisagée est d’ailleurs la pire de toutes, celle de régularisations fondées sur la 'reconnaissance de droits' : on lance un message aux malheureux du monde entier en leur signifiant qu’en France, s’ils respectent certains critères, notamment s’ils parviennent à obtenir un travail clandestin, ou à constituer un lien à caractère familial, ils seront, de plein droit, régularisés.
            L’idée que la durée du séjour clandestin en France (5, 8, 10 ans ?), entraîne un droit à régularisation, suggérée par M. Hollande, est choquante d’un point de vue républicain comme d’un point de vue humanitaire. Elle consiste à indiquer au candidat à l’immigration que s’il réussit à violer les lois de la République et à échapper aux contrôles de police suffisamment longtemps, il obtient un droit automatique au séjour en France. Ce système qui était en vigueur jusqu’à 2006 a engendré des situations de détresse profonde, celles de personnes qui se sont enfermées dans la clandestinité pendant dix ans avec la perspective d’être régularisées, sans pouvoir obtenir satisfaction au bout de ce délai faute d’être en mesure de prouver la durée de leur séjour.
            Donc, comme en 1998, l’opération de régularisation, annoncée sur critères, si elle doit se faire, sera bel et bien massive, cela ne fait aucun doute. Et dans la mesure où nous vivons dans un monde déchiré par les inégalités, ravagé par le chômage des jeunes et par l’insécurité qui poussent des centaines de millions de personnes à ne rêver que de fuir leur pays, cette régularisation sera comprise comme un grand signal d’ouverture et provoquera un gigantesque afflux migratoire supplémentaire, une situation désastreuse comme celle qu’on connue il y a quelques années l’Espagne, l’Italie, la Grèce, ou des centaines de milliers, voire des millions de migrants ont afflué, attirés par les perspectives de régularisations. 

  • Vices, tares et malfaisance du Système : 2012 ? Mais il y en a déjà qui préparent... 2017 !

             Copé, au moins a été franc. C'est lui qui a déclaré en substance, et il y a déjà pas mal de temps, qu'il n'était pas dans la course pour 2012, parce qu'il préparait 2017 !...

             En face, Manuel Valls, mais il n'est pas le seul, et de très loin, a été promu candidat par France info, il y a plusieurs semaines déjà. France info dont, d'ailleurs, le titre d'une des rubriques créée pour la circonstance est éloquent : Tous candidats ! On ne saurait être plus clair....

            Cet étalage de rivalités personnelles, cette compétition indécente entre ambitions contradictoires mais exacerbées par l'importance de l'enjeu peut nous servir, d'une certaine façon, puisqu'elle peut nous permettre de faire toucher du doigt à nos concitoyens l'un des avantages majeurs de la Royauté.

            Ou l'une des faiblesses majeures de notre Sytème, comme l'on voudra : en effet....

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            On a beau nous répeter, du côté de la Présidence, et depuis plusieurs semaines, qu'il faut que 2011 soit une année utile, et que le reste sera décidé plus tard, le lapsus de Guaino au Grand journal de Canal plus, le 21 janvier, avait été révélateur : "... Sarkozy fera campagne sur..." . Le plateau, Michel Denisot et Jean-Michel Apathie en tête, ne l'avaient évidemment pas laissé passer....

            Et on a beau nous dire, en face, du côté du PS (du PS, ou des PS ?...) que les primaires se feront en leur temps, et qu'elles ont du reste été imaginées pour éviter qui/pour éviter que... on voit bien les couteaux qui dépassent des poches; de toutes les poches...

            On a beau, donc, nous raconter toutes les sornettes qu'on voudra, il est évident - et le quinquennat n'a fait qu'aggraver la chose - que le Pays légal vit la plupart du temps pour et par l'élection présidentielle. Le temps qui reste à la gestion des affaires - autrement mieux nommée Bien commun - étant réduit, comme peau de chagrin.

    Guerre ouverte au PS : très peu "frères", mais beaucoup "ennemis"..... :

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            Quant au Président, à son rôle,  à sa fonction...; quant à nos Institutions, dont on nous aura tant rebattu les oreilles (leur qualité, leur solidité...), on ne peut que rappeler une fois de plus , à ceux qui l'auraient oubliée, cette réflexion spontanée, et surprenante, dans sa fraîcheur, de Christine Ockrent à un journaliste anglais : "...vous, vous avez la chance d'avoir la Reine d'Angleterre; tel n'est pas notre cas...".

            C'était au cours d'une émission dans laquelle Christine Ockrent recevait Charles Bremmer, correspondant du "Times" à Paris (1). On s'était mis à parler de communication, et des chefs de gouvernements qui se sur-exposent médiatiquement. Christine Ockrent demanda à Charles Brenner: "Avez-vous un conseil à donner à Henri Guaino pour les quatre années à venir ?..." Charles Bremmer répondit: "..Oui, vous avez un petit problème là... car le Président de la République n'est pas le Premier Ministre...". Et c'est là que Christine Ockrent rebondit, avec beaucoup d'à propos, et prononça cet inattendu: "Oui...vous, vous avez la chance d'avoir la Reine d'Angleterre. Ce n'est pas notre cas...".  

           Tout était dit: Tony Blair n'avait pas la "fonction de majesté"; la médiatisation le gênait, c'était un problème pour lui comme pour tout le monde; mais moins que Sarkozy, pourtant, car les problèmes qui pouvaient affecter Tony Blair n'affectaient pas la "fonction de majesté", dont il n'avait pas à s'occuper; ils n'affectaient que la "fonction de gouvernement" au quotidien; ils étaient donc moins graves, moins dramatiques et plus faciles à gérer; sa position, personnelle et politique, n'en était que plus aisée. Alors que pour notre Président, toute perte de prestige rejaillit sur les deux fonctions, tout affaiblissement du Président les affaiblissant l'une et l'autre.....

            Mais ce ne sont pas seulement les Anglais, qui ont cette chance : ce sont tous les peuples de l'Europe qui vivent en Royauté. Nous l'avons eu, et pendant mille ans, cette chance. Elle nous a permis de nous construire, et, sinon de devenir les premiers partout, du moins d'être dans le peloton de tête dans tous les domaines majeurs. Avec, en prime, une influence intellectuelle et morale indéniables, que nous avons, hélas, perdue depuis.... 

    (1) : pour lire l'intégralité de la note consacrée à cette émission : Quelle chance il a eu.pdf

  • Mieux connaître, pour mieux comprendre et mieux évaluer... : Regards croisés sur l'Islam (VII)

                 Voici l'avant-dernière note de notre série Regards croisés sur l'Islam : il s'agit d'un extrait tiré de L'islamisation de la France, de Joachim Véliocas (1):  Islam, islamisme, une opposition artificielle.....

                 Redisons d'abord rapidement quelques réflexions souvent écrites ici-même...

                 Il ne faut surtout pas faire de l'Islam et de la nébuleuse des pays islamiques un bloc, que l'on imaginerait totalement uni ou totalement monolithique. Il l'est, certes, en partie, voire en grande partie. Mais ses divisions sont réelles et notre intérêt n’est certainement pas de les coaliser. Bien au contraire, il est d’éviter absolument de souder entre elles, en les rejetant indistinctement, toutes les composantes du monde musulman.

                Il est absolument évident qu'il y a, en terre(s) d'Islam, des gens raisonnables et/ou mesurés, avec qui l'on peut - et l'on doit - discuter. Leurs préférences religieuses, leurs débats internes ne sont pas ce qui doit orienter notre politique à leur égard. Ce qui nous importe, c’est leur attitude envers nous, leur politique dans leur relation avec nous : amicale ou hostile, compatible, ou non, avec nos intérêts nationaux. Le reste serait, de notre part, une inutile – voire nuisible – politique d’ingérence.

                L'erreur de trop de gouvernants occidentaux (et de ceux des USA en particulier) est d'avoir -d'une façon quasi constante- fait fond sur les mouvements islamistes plutot que nationalistes arabisants laïques. Les USA ont, par exemple, cru malin de mettre Ben Laden en selle pour contrer les Russes, envahissant l'Afghanistan: beau manque de perspicacité ! Au risque de surprendre, et peut-être même de choquer, n'aurait-on pas mieux fait -et ne ferait-on pas mieux- de soutenir, au contraire, des régimes laïques ? Nasser hier, en Egypte, ou les Assad en Syrie, et même... Saddam Hussein en Irak ? Et, bien sûr, Ben Ali en Tunisie ?

                Tous régimes, certes, très imparfaits, voire voyous pour certains, mais qui au moins ne cherchaient pas (et ne cherchent toujours pas, en Syrie, en Tunisie...) à lancer une guerre politico-religieuse contre nous, et s'occupaient (s'occupent toujours, en Syrie, en Tunisie...) de contenir les islamistes ?.....

    BEN ALI ASSAD.jpg
    Le président Syrien Bashar-el-Assad et son homologue tunisien Zine El Abidine Ben Al,
    invités controversés -pour certains...- de Nicolas Sarkozy au défilé du 14 juillet 2008.

    Islam, islamisme, une opposition artificielle.....

                "....De tout temps, le christianisme fut à la chrétienté ce que l’islamisme fut à l’islam: sa doctrine ainsi que son ensemble civilisationel. Jusque dans les années soixante-dix, tous les dictionnaires de français qualifiaient l’islamisme de doctrine de l’islam. Au début des années quatre-vingt, des politologues français à l’instar de Bruno Etienne, (marxiste se définissant lui-même comme « anarcho-mystique ») ont forgé une nouvelle acception du terme islamisme , l’amalgamant à l’islam radical. L’ islam pouvait alors se dédouaner de toute composante politique ou violente, ces aspects se logeant dès lors dans l’islamisme . Aucun autre pays n’a établi cette distinction. L’islam n’est certes pas un bloc monolithique et diverses réalités cohabitent dans un même terme, des musulmans les plus tolérants aux plus radicaux. Cependant, opposer le terme islam religion supposément paisible et tolérante, et islamisme soit disante excroissance extrémiste maladive de l’islam est un travestissement.

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                Il n’est pas inutile de préciser que Bruno Etienne, directeur de l’Observatoire des religions, initiateur de la distinction, publia le 25 avril 2006, un article dans le site islamiste Oumma.com où il nie formellement que l’islam soit une religion « criminogène », portant en elle une potentialité de passage à l’acte violent. Etonnant pour un prétendu spécialiste.

                La différence entre l’islam et l’islamisme telle que nous l’entendons aujourd’hui, n’est pas une différence de nature mais de degré. Au lieu d’islamisme, il est plus juste d’employer le terme d’islam radical, car les islamistes ne font que remonter aux racines de leur religion, ayant comme seule volonté d’obéir à la lettre au Coran et à la Sunna, dont ils appliquent la totalité des enseignements. En aucun cas, les islamistes ne trahissent la lettre des textes sacrés musulmans qui ont été cité plus haut. L’islam radical, ce n’est pas une mauvaise pratique de l’islam mais la pratique de l’intégralité de ses enseignements. Ainsi, employer le terme d’islam intégral ou radical paraît plus pertinent pour exprimer l’ islamisme des journalistes français, souvent aveuglément islamophiles.

                La différenciation cloisonnant islam et islamisme permet de purifier l’islam de tous ses préceptes liberticides et belliqueux. L’islamisme devient un refuge pratique, sorte de station d’épuration idéologique, paratonnerre dédouanant l’islam des entraves aux droits de l’homme repérées dans ses pratiques. Tous les points négatifs du mahométisme viennent s’évacuer dans le terme islamisme qui fait office de chambre sémantique de décontamination, conservant la virginité morale supposée de l’islam. Pratique et facile.

                Anne-Marie Delcambre, islamologue, agrégée d’arabe classique, auteur d’ouvrages de référence, s’élève contre l’ « islamiquement correct » des médias voulant opposer islam et islamisme :

                « Au risque de choquer, il faut avoir le courage de dire que l’intégrisme n’est pas la maladie de l’Islam. Il en est la lecture intégrale. L’islam des intégristes, des islamistes, c’est tout simplement l’Islam juridique qui colle à la norme....."

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    (1) :  Editions Godefroy de Bouillon, 2006, pages 71-72.