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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • En ouverture du n° 32 de La Nouvelle Revue Universelle : Insurrection de l'esprit, par Christian Franchet d'Espèrey

    christian franchet.jpgLe diable porte pierre : nous pressentons devoir quelque jour tresser des couronnes au couple improbable que forment François Hollande et Christiane Taubira.  

    La droite serait-elle restée au pouvoir qu’elle aurait fait adopter un statut d’union homosexuelle d’apparence bénigne, lisse comme un miroir, conçu de manière à ne provoquer que quelques vaguelettes. Celui-ci n’en eût pas moins entraîné dans son sillage, au profit de ces nouveaux « contractants », la possibilité de s’offrir un enfant par insémination médicale et, le cas échéant, par location d’utérus à prix tarifé – le fameux duo PMA-GPA – qu’aurait inéluctablement imposée la jurisprudence européenne. Le tout serait passé comme une lettre à la poste, dûment tamponnée par le Conseil constitutionnel.  

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    Mais voilà : avec les socialistes au pouvoir, l’inattendu est survenu ! La provocation – rapace chez elle, bêtasse chez lui – de la loi Hollande-Taubira a eu pour effet de déclencher dans l’opinion une prise de conscience de plus en plus nette de la pente tragique sur laquelle nous nous trouvons engagés.  

    Felix culpa ! Ce choc en retour, tout à fait stupéfiant par son ampleur, est mesurable notamment à la violence des réactions hostiles qu’il provoque. Il est significatif que la première victime expiatoire de cette hostilité fût un rabbin. Pour ses dénonciateurs, les « plagiats » dont le grand rabbin de France a été accusé n’étaient évidemment pas une découverte. Mais ce n’est que lorsqu’il transgressa le désordre établi, avec un argumentaire fondé à la fois sur un bon sens imparable et une irréfutable théologie biblique, qu’il fut jugé, condamné, exécuté. (On ne se souvient pas que Jacques Attali, convaincu en 1982 d’un « délit » identique, ait dû démissionner de son poste de conseiller à l’Élysée.) 

    Mais que dire de cet étonnant mouvement, sans précédent et sans équivalent dans le monde ? De quelle nature procède-t-il ? Au-delà de la diversité des motivations qui ont amené cette foule, peu encline aux démonstrations de rue, à se mobiliser, quelle force tellurique secrète, quel ébranlement sismique intime a fait d’elle, radieuse et déterminée, cette « grande armée » en marche ?  

    La lecture que nous en faisons mérite d’être précisée, et soumise à nos lecteurs. Nous y voyons une réponse enfin donnée à la solennelle apostrophe lancée par Georges Bernanos, le 7 février 1947, dans le grand amphithéâtre archicomble de la Sorbonne. Le doigt pointé vers son auditoire, paraissant « le procureur de la Chrétienté » (1), Bernanos s’exclama : Dieu veuille que la France donne au monde ce message qu’il attend, et qui sonnera partout le signal de l’insurrection de l’esprit ! (2). 

    Le monde, tel que nous le voyons, est en train de faire exploser la confiance illimitée, accordée, en toute inconscience, à la science, à la technique et à l’économique pour assurer le progrès indéfini de l’humanité. Sous nos yeux encore incrédules, la planète est en cours d’éclatement. Les ententes internationales les mieux intentionnées ont du plomb dans l’aile, et les plus douteuses, comme l’Organisation mondiale du commerce ou l’Union européenne, sont en voie de liquéfaction, peut-être de liquidation. Déjà, les étendards cyniques du chacun-pour-soi claquent dans le vent de l’histoire. Le plus ancien pays du monde, la Chine, retrouve son identité multimillénaire, tout en se laissant miner par ses emprunts à l’Occident, commettant les mêmes erreurs historiques, développant une classe de pauvres, un prolétariat, appelé aux mêmes révoltes que le nôtre. Et l’Occident lui-même paraît entré dans une irrémédiable décadence intellectuelle, morale, et sans doute matérielle. En attendant qu’il soit contraint de faire, au sein de ce progrès technique qu’il a lui-même conçu, l’inventaire de ce qui est durable – dans l’art de communiquer ou les pratiques médicales par exemple –, et de ce qui l’entraîne vers l’abîme.   

    Cela fait un siècle, pourtant, que nous avons été prévenus. Un siècle précisément cette année. C’était au début de 1913, dans ses Cahiers de la Quinzaine, que Charles Péguy a publié L’Argent. Dix-huit mois plus tard, il était fauché par la mitraille allemande, devenant en quelque sorte la première victime du XXème siècle naissant, qui en fera des dizaines de millions d’autres. Gigantesque holocauste offert à des dieux morts : deux guerres mondiales, Auschwitz, le Goulag... Avant que ne se déchaînent les orages d’acier, Péguy n’avait eu que le temps de désigner le coupable : l’argent. Non pas la monnaie utile aux échanges, mais l’argent sacralisé, intronisé en veau d’or, Mammon, l’autre nom du Diable, expression suprême du lucre, du désir matériel divinisé, avec ses religions, ses rites, ses cultes et ses grands-prêtres. Dans ce texte de circonstance, l’air de rien, l’air de parler d’autre chose, Péguy avait débusqué l’ennemi. Il l’avait fait sortir de sa tanière, et l’avait flingué. Mais la bête aux mille têtes, l’animal de cauchemar, après s’être vengée, a resurgi partout, bien décidée à nous submerger. 

    C’est à l’issue des grands massacres de 1939-1945 que Bernanos – peu avant, lui aussi, que sa voix ne s’éteigne – poussa le cri que nous venons de citer : Dieu veuille que la France donne au monde ce message… Et voilà qu’en ce printemps de 2013, en ce printemps français de 2013, Dieu a bien voulu que le cœur de la France s’éveille, que, face au monde, il exprime sa colère. Et que l’âme de la France fasse éclater à la face du monde le signal de l’insurrection de l’esprit.  

    Surcroît de grâce, signe supplémentaire, est survenue, en ce même printemps, cette étonnante coïncidence : l’élection du pape François. Un Américain – hors-normes, il est vrai –, Henry Miller, disait un jour qu’il ne s’arrêtait pas une seconde à l’idée que François d’Assise pût avoir quoi que ce soit à apprendre de notre mode de vie (3). Le crédit que le pape François accorde à l’univers de la spéculation sans frein et des vanités mondaines, on le connaît déjà : il ne pèse pas lourd… Ce pape vient encore de dénoncer avec vigueur le lien entre « l’adoration de l’antique veau d’or », « le fétichisme de l’argent » et « la profonde crise anthropologique, la négation du primat de l’homme »(4).  

    Très Saint-Père, la France vient déposer à vos pieds le plus beau cadeau qu’elle pouvait vous offrir : le signal d’une insurrection spirituelle ! Vous n’aurez pas de mal à y reconnaître la signature d’un homme que vous aimez, Léon Bloy, le révolté de Dieu, pour qui celui qui ne prie pas le Seigneur prie le Diable, et dont Bernanos disait qu’il était le dernier prophète du peuple des Pauvres. Très Saint-Père,voyez le peuple de France : il recommence à voir le Ciel, et pour ses seuls vrais biens, il se bat sans retour !

    (1) : Selon le témoignage de Jean de Fabrègues, La France catholique, 3 avril 1953

    (2) : Le texte de cette conférence figure, sous le titre Révolution et Liberté, dans La Liberté, pour quoi faire ? (Bernanos, Essais et écrits de combat, t.2, La Pléiade, 1995, p.1322). Et son esprit domine le recueil d’articles de l’après-guerre, Français si vous saviez, qui sera publié en 1961 (Ibid. p. 1071.)

    (3) : Préface à La merveilleuse aventure de Cabeza di Vaca, d’Haniel Long (éditions P.J. Oswald)

    (4) : Pape François, Discours à quatre ambassadeurs remettant leurs lettres de créance le 16 mai 2013.

     

     Prochainement, présentation rapide des sujets abordés dans la revue... 

  • La Libye du Boulevard Saint Germain : Une guerre civile ? (III/III) par Champsaur.

    Quel bilan 28 mois après l’entrée en guerre de Paris, et 20 mois après l’assassinat de Mouammar Kadhafi (20 Octobre 2011)

    Toutes les belles déclarations du printemps 2011 et des mois suivant n’ont plus beaucoup de poids en balance avec un échantillon rapide et très incomplet de ce qu’écrit aujourd’hui le peu de presse qui s’intéresse encore à la Tripolitaine.

    À vrai dire il a fallu beaucoup moins de temps pour reconnaître que les lubies pusillanimes concoctées à l’Élysée par des Sarkozy, Juppé, et autres Jean-David Levitte, le tout avec l’imprimatur BHL, avaient conduit à une catastrophe, dont l’analyse est en cours.

    Dès  le 4 Juillet 2012, le Canard Enchainé écrivait sur le désastre, sur le film stupide du philosophe, sur l’évaluation de 100.000 morts (rebelles, civils, kadhafistes), les attentats, en se fondant certainement sur la lecture de dépêches diplomatiques.

    La littérature spécialisée parle souvent de milice et de gangs plutôt que de tribus. En fait les trois sont aujourd’hui mélés. 

    libye administrative.jpg

    Au hasard sur la toile :


    * http://m.marianne.net/Libye-la-catastrophe-dont-personne-ne-parle_a229287.html

    * http://www.rue89.com/2013/06/11/libye-entre-grignotage-islamistes-milices-armees-243225

    * http://www.cameroonvoice.com/news/article-news-11242.html

    * http://www.lemonde.fr/libye/article/2013/06/03/la-libye-ne-veut-toujours-pas-remettre-le-fils-de-kadhafi-a-la-cpi_3422594_1496980.html

    * http://recherche.lefigaro.fr/recherche/access/lefigaro_fr.php?archive=BszTm8dCk78atGCYonbyzq76BKVyZRtjMxRO8rAX7yVAt8DGYm6k7jWZFLF9vezju2IGtjAq08M%3D  (payant).

    Certes le Tchadien a un intérêt historique à tirer le signal d’alarme craignant pour son pays.

     

    Un pays en ruine

    Aucun ultimatum pour intégrer les milices à une armée nationale n’a jamais abouti. Ces couples tribus-milices contrôlent les bâtiments publics, les ministères (ou ce qui en tient lieu), où seuls comptent les accointances tribales et idéologiques. L’activité économique est mise en coupe réglée, par le vol et le racket (travaux publics, hôpitaux …). Les milices ne cherchent d’ailleurs pas à entrer de façon visible dans le gouvernement, avoir des politiciens à leur main leur suffit. Si une façade est préservée avec un Conseil National Général, son président, l’élection le 7 Juillet 2012 d’une assemblée constituante à bulletin secret devant une «communauté internationale» forcément béate (même si les femmes sont exclues, quota limité à 10%), un premier ministre, rien ne se décide sans l’accord de ces pouvoirs tribaux. Une milice peut compter jusqu’à 10.000 hommes, lourdement armés (au plus fort de la crise en 2011, le Qatar a livré 18.000 tonnes d’armes dans un désordre total). Les milices pénètrent l’administration via des « purges », largement orchestrées par la Haute Commission pour l’Intégrité et le Patriotisme (HCIP) créée en Janvier 2012, entre les mains de Frères musulmans.

    Les islamistes gagnent du terrain en imposant la charia, et en remplaçant les oulémas traditionnels par des imams salafistes (Tripoli, Benghazi, Syrte et Misrata, pour commencer …). Dans le prolongement la prise en main de la justice est un objectif logique, sur un mode qui a très peu de rapport avec « les droits de la défense ». Et de regretter Kadhafi … Quand elles le peuvent les milices usent de leurs réseaux pour aller chercher des réfugiés à l’étranger, comme le 24 Juin 2012 avec le quasi enlèvement en Tunisie de Al Baghadi (ex premier ministre de Kadhafi), contre 200 millions d’Euro payé au premier ministre tunisien, sans le consentement de son Président. Nous n’en sommes évidemment plus à parler de justice équitable. D’autant que la vengeance est un élément fort du code traditionnel tribal en Libye. Et Kadhafi ne fut pas le dernier à en user.

     

    libye salafistes.jpg

    Paru dans "Jeune Afrique" : des salafistes exigent la mise en accuastion des ex-kadhafistes....

     

    Pour donner une idée de l’ampleur de cette guerre civile larvée, on peut tenter d’établir une liste des villes sous contrôle tribal local. Gharyan (100 km au sud de Tripoli), Assaba, Zentan, Barqa (3000 chefs tribaux), Derna, Machachia, Sebha, Koufra, les Toubous, Misrata (un état dans l’état) et les Warfallahs. Quant à Tripoli, ce sont 8000 miliciens qui se partagent la ville, et surtout les ministères (ou ce qui en tient lieu). Sans omettre de rappeler que certaines haines entre tribus sont ancestrales. Dès lors est il abusif de parler de guerre civile ?

     

    Retour d’expérience ?

    C’est l’expression consacrée dans la conduite des projets et les Armées en ont fait une matière très sérieusement traitée. À cela près qu’il ne s’agit que des opérations militaires et non du contexte géopolitique du pays et de la région.

    Avec un court recul, car les évènements vont très vite, cette aventure engagée par l’administration sarkozy laisse un profond malaise, et compromet une nouvelle fois la France dans le monde arabe (après l’Afghanistan). Il n’y a guère que deux hypothèses: ou notre haute administration est devenue totalement incompétente, ce que nous ne retenons pas, ou le chef des Armées a obéi à des instructions venues d’ailleurs, ce qui reste la seule explication. Un bruit avait circulé, impossible à authentifier. Kadhafi a signé son arrêt de mort, le jour où il a émis l’idée de ne plus accepter le dollar américain contre ses hydrocarbures. La même hypothèse fut émise au sujet de Saddam Hussein.

    guillaume lagane.jpgCe qui n’a pas dissuadé quelques intellectuels de tirer des feux d’artifices à la gloire des armes de la France. Il est vrai que c’est plus facile contre un adversaire qui n’oppose que quelques barcasses et quelques blindés rouillés. Le plus bel aveuglement que nous avons lu, est ce papier dans l’excellente revue de sciences politique « Commentaire », N° 138 été 2012, de monsieur Guillaume Lagane (ci-contre, ndlr) « Premier bilan de la guerre en Libye ». Il se présente ancien de l’ENA, administrateur civil au Ministère de la Défense et rapporteur à la Cour des Comptes.

    Après un exposé approximatif et tendancieux des années Kadhafi il voit une nouvelle politique arabe de la France …! Tout en reconnaissant que cette aventure en Libye ne fut pas une décision européenne, il extrapole sur ce que pourrait être une défense européenne afin de s’affranchir des États Unis. On ne peut qu’être consterné par ces élucubrations qu’il n’est hélas pas le seul à développer.

    Pour notre part nous nous en tiendrons qu’à une seule question : « France, qu’as-tu fait de ton Histoire ? ». Et notre retour d’expérience est de redire inlassablement que l’islam reste l’islam, qu’il repose sur ses cinq piliers (le ramadan en est un), peu importe qu’il prospère en Tunisie, en Égypte, en Algérie, en Libye ou … à Lyon et Marseille.

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    p.s. :

    1. Quand les Américains sont-ils entrés en Méditerranée ? Michel Jobert dans les éditoriaux qu’il écrivait pour les media marocains avait avancé que «les Américains sont entrés en Méditerranée en 1942, et n’en sont jamais ressortis». Ce qui est inexact. Partant de Philadelphie, ils vinrent en Méditerranée à partir de 1801 pour protéger leurs navires marchands contre les barbaresques. Là se situe l’épisode fameux du raid audacieux du capitaine Stephen Decatur en 1804, entrant de nuit avec quelques marins dans le port de Tripoli, pour saboter la frégate américaine « Philadelphie » dont les barbaresques s’étaient emparés. Decatur y mis le feu afin qu’elle ne puisse plus être utilisée contre les Etats Unis. Les Libyens gardaient précieusement l’un des mâts de la frégate. Decatur est aussi célèbre par le toast qu’il prononça « My country, right or wrong ».

    2. En outre chez Bernard Lugan, on trouvera une analyse très détaillée sur les tribus en Libye, dans les savants papiers de Mme Hélène Bravin.

  • A propos d'un énième ”Crépage de chignon” - cette fois entre Fillon/Aubry - sur l'hydre fantasmatique de l'horrible et m

     (Nous ne souhaitons prendre parti "pour" personne, "contre" personne : ce serait renter dans le jeu de la division institutionnnalisée du peuple de France, sur laquelle repose, précisément, le Système idéologique qui déclasse la France et que nous combattons. Nous disons simplement qu'une représentation vraie des opinions du peuple est souhaitable, alors que la représentation actuelle est insincère : elle résulte de l'habileté florentine de Mitterand, et de la bêtise de ceux qui, après avoir commis la première erreur de tomber dans son panneau, en commettent une seconde, encore pire, et depuis des années maintenant : celle d'y rester ! Cela fausse la représentation nationale, et les pouvoirs politiques, économiques etc... qui en découlent, ce qui n'est ni sain ni bon pour la chose publique... Légale, certes, la carte politique de la France actuelle n'est pas "vraie" : tel parti gère telles communes, agglomérations de communes, départements, régions - et les pouvoirs qui vont avec - alors qu'il ne le devrait pas. C'est cela, en soi, que nous dénonçons, pas le fait que ce soit tel ou tel parti qui soit en cause....)

            Faut-il en rire ou en pleurer ?

            Faut-il partir d'un grand éclat de rire devant ceux qui, comme ce pauvre Mailly il y a peu, oubliant complètement le sens des mots et perdant carrément la raison, disait - en parlant de Marine Le Pen - que le national-socialisme n'était pas sa tasse de thé ?

            Ou, comme Guéant, déclarant que le programme de Marine Le Pen était "national et socialiste" et qui, devant l' "hénaurmité" de la chose, poussé par un vieux fond de bon sens qui lui restait, refusa quand même de tomber dans le panneau que lui tendait le journaliste : vous voulez-dire "national-socialiste ?"... 

           Ou bien faut-il être désolé du spectacle affligeant qu'offre ce pauvre Pays légal - "de droite", "du centre" ou "de gauche", toutes tendances confondues... - qui passe son temps à se jeter à la figure Le Pen et le Front national, les uns pour qui c'est l'anathème absolu, les autres se contorsionnant pour dire que, non, jamais, ils ne partageront ses valeurs ?

           Mais quand arrêtera-t-on, dans le pays de Pascal, de Descartes, de Montaigne..., de rabaisser ainsi le débat politique, qui est chose sérieuse, et de le faire descendre à un tel niveau de niaiseries, de crétinisme, d'imbécilités....

          Les deux derniers en date à avoir offert ce spectacle pitoyable et désolant de stupidité - redisons-le, au pays de Pascal, de Descartes, de Montaigne... - sont Martine Aubry et François Fillon (1)....

            Tout le monde sait bien ce qu'il en est : l'habileté florentine de Mitterand divisant la droite, et la stupidité de celle-ci tombant - et, maintenant, restant - dans le panneau. On a, d'un côté, ceux qui - avec la plus parfaite mauvaise foi - font règner la "terreur idéologique" et, de l'autre, ceux qui ont la bêtise d'y céder, et qui aggravent leur cas en continuant....

            Il ne s'agit évidemment pas, ici, de prendre la défense d'un parti politique républicain, comme les autres, ni de sa présidente, bonne républicaine, comme son père, et comme les autres. Notre originalité est de proposer la véritable alter-révolution aux Français, c'est-à-dire de leur expliquer que le salut ne peut venir que d'un changement d'Institution, et non d'un changement de personnel politique, qu'il s'agisse d'hommes ou de femme.

            Nous ne roulons donc pas plus pour Marine Le Pen que pour un autre, ou une autre, et, pour la prochaine élection, nous ne donnerons aucune consigne de vote : notre rôle nous suffit amplement, nous sommes les seuls à le tenir, et nul ne fera à notre place le travail que nous sommes les seuls à faire : nous n'avons donc aucune envie de nous en laisser distraire....

            Nous dénonçons simplement la mauvaise foi de la gauche et de l'extrême-gauche, qui ont cautionné sans jamais le condamner le marxisme-léninisme, et qui frayent très volontiers avec les révolutionnaires de tout poil, qui n'ont jamais fait amende honorable devant les monstruosités et les échecs du-dit marxisme léninisme. Et nous dénonçons à l'inverse la bêtise - à ce stade, ce n'est d'ailleurs même plus de la bêtise, c'est du crétinisme à l'état pur... - de ceux qui se laissent interdire de "jouer le jeu normal", comme dans tous les pays du monde, où toutes les tendances de la gauche comme de la droite, fussent-elle extrêmes, peuvent, si elles le souhaitent, s'allier, ou pas....

            Et nous disons qu'il n'est pas sain, et qu'on ne peut pas, vivre une vie politique normale, un débat d'idées normal, avec un jeu faussé à ce point. L'insincérité de la représentation nationale en découle directement : si la gauche gagne la Présidentielle, a-t-on entendu récemment, toute la France sera dirigée par la gauche. Oui, sauf que cela ne correspondra pas à la vérité des opinions, et qu'on aura une carte politique légale de la France qui ne sera pas celle de la verité des opinions politiques réelles de la France : l'exemple de la Provence en est un parmi tant d'autres : ayant voté à 65 % "à droite", elle est dirigée par un socialiste, Michel Vauzelle, ultra-minoritaire mais élu grâce au subterfuge d'outre-tombe que nous évoquions en commençant..... La carte politique de la France est donc faussée, et fausse. Légale, peut-être, mais, légitime, certainement pas : combien de communes, d'agglomérations de communes, de départements, de régions sont-elles gouvernées légalement par une gauche qui y est minoritaire, voire ultra-minoritaire, par ce détournement de la démocratie vraie...

            Par ailleurs, outre la déplorable image de la France que cela donne à l'étranger, est-il raisonnable, est-il sain, est-il normal qu'à tout bout de champ on entende le mot "nazi" dès qu'on dit quelque chose qui déplaît à une cléricature médiatique que Mélenchon dénonce fort bien mais dont il épouse le comportement sur ce sujet ? 40% des ouvriers voteraient Le Pen, selon plusieurs sondages concordants (et plus pour certains autres...) : y aurait-il donc 40% d'ouvriers nazis en France ? Le Parti communiste, pour qui la classe ouvrière a si longtemps voté, serait donc, dans ce cas, le plus grand parti "fascistogène" de l'histoire...

            Avec des débilités pareilles, quel débat politique de qualité, constructif et positif espère-t-on créer, en vue d'oeuvrer au Bien commun ? Le Bien commun ? Le Pays légal s'en fiche bien pas mal : il n'a en vue que la conservation de ses privilèges et le maintien de ses Bastilles

            Pour parvenir à cet objectif, tous les moyens sont bons : la reductio ad hitlerum permenante - dont ils savent très bien qu'elle est à la fois bête et méchante - n'a que cet objectif là..... Et cela est à dénoncer en permanence, à temps et à contretemps; c'est un problème, c'est un devoir, de salubrité publique, pour sauver le débat politique, et penser enfin, parler enfin, des choses sérieuses.....

    (1) :  le jeudi 2 février, sur France 2

    PS : on lira avec intérêt la réflexion suivante de Gérard Leclerc : FC LECLERC LE PEN.jpg

  • Quand Isabelle Hannart et SOS Education répondent intelligemment et sereinement aux inconscients du Ministère.

                  "Même à prix d’or, il est vain de vouloir instruire quelqu’un contre son gré." Nous ne pouvons qu'approuver à 100% la démonstration sereine et pleine de bon sens que fait Isabelle Hannart de l'absurdité, de l'immoralité et -aussi ...- des effets pervers inévitables qu'a, et qu'aura, la stupéfiante et dangereuse idée (?) de payer les élèves pour qu'ils viennent en cours (1).

                  On trouve cette excellente réfutation dans le non moins excellent blog de SOS Education ( http://www.soseducation.com/ ) que nous citons régulièrement dans ces colonnes, et qui représente l'exacte antithèse de la démagogie et -n'ayons pas peur des mots- de la cinglerie qui prévalent depuis si longtemps au Ministère, et qui ont tué l'Ecole.

    (1) : voir notre note "(Rions un peu d'eux). Lutte contre l'absentéisme scolaire : Et pourquoi pas les péripatéticiennes à l'oeil, tant qu'on y est ?.....", du 6 octobre, dans la Catégorie "Education".

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    PAYER LES ELEVES ?        

     
     
     

    La chronique d’Isabelle Hannart

    Comme mère de famille, je n’ai jamais eu l’impression, en conduisant mes enfants à l’école, de les emmener au bureau ou à l’usine.

    Il ne m’est jamais venu à l’idée qu’ils puissent être payés pour recevoir de leur maître ou professeurs un savoir qui les ouvre à la vie adulte. Pour moi, l’éducation représentait pour eux le meilleur des investissements.

    Je me trompais, s’il faut en croire l’« expérience » que vient de mettre en place l’académie de Créteil. Sous prétexte de lutte contre l’absentéisme, les élèves de certains lycées professionnels vont bénéficier d’une cagnotte financée par l’Etat – c’est-à-dire en fin de compte par vous et moi – s’ils consentent à se rendre en classe.

    On ne leur demande même pas de travailler : c’est la simple présence qui est récompensée.

    L’effort considérable que doit fournir l’élève pour aller dormir au fond de la classe à côté du radiateur lui donne droit de partager avec ses camarades une cagnotte qui s’élève à 2 000 euros en début d’année, puis grossit au fil des mois jusqu’à atteindre 10 000 euros. Cet argent leur permettra de se payer des leçons de conduite ou plus simplement un voyage d’agrément.

    De retour chez moi, j’ai porté un regard neuf sur un objet qui décore ma cuisine. C’est un petit pot en faïence blanche, garni de métal à l’intérieur et fermé par un bouchon de métal : l’ancêtre du thermos. Une maman, à la fin du XIXe siècle, y mettait la soupe que son enfant emportait le matin pour son repas à l’école. En effet, la distance qu’il devait couvrir à pied – des kilomètres à travers la forêt vosgienne – lui interdisait de rentrer déjeuner chez lui. Cet enfant, portant son thermos dans son baluchon, aurait été fort surpris qu’on lui propose de l’argent pour aller à l’école : il était déjà tellement beau pour lui que l’école soit gratuite !

    De même, qu’en penseraient, par exemple, les petits Marocains, alors qu’au cours de la période 2000-2007, le taux de scolarisation au Maroc n’a pas dépassé 39 % pour les garçons et 36 % pour les filles, selon l’Unicef ? Qu’en penseraient les petits Maliens, chez qui le taux atteint 15 % pour les garçons et 11 % pour les filles ? Qu’en penseraient les petits Indiens, alors que 70 millions d’entre eux ne sont pas scolarisés du tout ?

    Le sentiment qui domine, devant cette mesure inique, c’est l’injustice, notamment à l’égard des élèves qui font l’effort de se lever le matin pour se rendre en classe et qui n’auront pas droit à la cagnotte, parce qu’il n’est pas besoin de les acheter pour les motiver. Ce sont, au contraire, ceux qui perturbent le plus souvent la classe, qui chahutent, qui « sèchent » les cours, qui seront « récompensés », au lieu d’être sanctionnés.

    Il est injuste aussi de demander aux citoyens de payer des vacances aux cancres pour tenter de pallier leur absence de motivation. Je rappelle qu’avec un budget de près de 60 milliards d’euros, l’Education nationale représente déjà le plus gros poste de dépenses de l’Etat. C’est déjà un effort considérable. Est-il concevable d’en exiger davantage des contribuables pour « récompenser » le « présentéisme » ? Combien la nouvelle mesure coûtera-t-elle ? Que se passera-t-il quand, égalité de traitement oblige, il faudra l’étendre aux quelque 36 000 classes des 1 687 lycées professionnels français ? En admettant que l’on attribue 10 000 euros à chacune d’entre elles, le coût de la mesure s’élèverait à quelque 360 millions d’euros. Et pourquoi s’en tenir aux seuls lycées professionnels, quand il existe en France 9 651 collèges et lycées ? Les autres pourraient protester contre cette discrimination…

    A ce sentiment d’injustice s’ajoute celui de l’inutilité de cette mesure, que confirmait avec bon sens, dans le Parisien du 2 octobre, Amal, élève du lycée professionnel de Bobigny : « Ceux qui sèchent continueront à le faire ou alors ils viendront dormir en cours ! », disait-elle. Des amies qui enseignent l’histoire-géographie et le français dans des lycées professionnels de Seine-Saint-Denis me tenaient récemment le même discours. Autant dire que l’argent investi dans cette expérience absurde sera gaspillé. Même à prix d’or, il est vain de vouloir instruire quelqu’un contre son gré. Ce qui motive l’élève, c’est le goût d’apprendre. Cette cagnotte est d’ailleurs un affront fait aux élèves, infantilisés et tenus pour incapables de comprendre par eux-mêmes l’intérêt de faire des études.

    C’est aussi un affront aux enseignants et aux chefs d’établissement, auxquels le rectorat semble dire : « puisque vous n’êtes pas capables de convaincre vos élèves d’assister aux cours, soit en les intéressant, soit en leur imposant une discipline, nous allons les payer pour les faire venir. » On achève ainsi de dévaloriser les lycées professionnels, en accentuant l’image défavorable dont ils souffrent.

    Enfin, je m’interroge sur les conséquences de cette mesure absurde au sein des classes. Les établissements qui sont le plus concerné par l’absentéisme sont souvent aussi ceux qui sont le plus touché par la violence scolaire. L’éventuelle baisse de cette cagnotte risque d’y accroître les tensions – peut-être même les pressions sur les professeurs qui seront tenus responsables d’avoir diminué le pactole.

    Cette initiative démagogique risque ainsi d’engendrer de nombreux effets pervers. C’est pourquoi les 80 000 membres de SOS Éducation demandent au ministre, Luc Chatel, d’y mettre fin. Si l’Education nationale a de l’argent à dépenser, qu’elle le donne aux établissements, aux professeurs et aux élèves qui travaillent et préparent l’avenir. Car ce sont ces élèves méritants qui, demain, paieront les allocations chômages, les RMI, et la CMU de ceux de leurs camarades qui, aujourd’hui, refusent de se rendre en cours et d’étudier.

  • Douce France républicaine...ou chronique de l'insécurité ordinaire (8): ”Ferme ta gueule et conduis !”...

              Pour celles et ceux qui penseraient -peut être....- que nous parlons trop souvent des problèmes d'insécurité; ou que nous exagérons quand nous critiquons la politique que mène la république, quand nous disons qu'elle conduit à la banalisation et à l'institutionnalisation de la violence et de la délinquance ordinaire (la pire, donc...); voici -sans autres commentaires- l'article de Luc Bronner dans Le Monde du 4 juin, sous le titre: "Enquête: Dans les bus, c'est le tarif coup de poing".....

              Du mépris. Des insultes. Des crachats. Et parfois des agressions physiques. Les chauffeurs des bus, qui roulent dans les quartiers sensibles de l'Essonne, n'en peuvent plus de la violence ordinaire dans les transports en commun. "Quand on "ose" demander les tickets, on nous dit : "Ferme ta gueule et conduis !" s'émeut Jean Lucas, 52 ans, dont trente à conduire des bus dans l'Essonne, également délégué syndical au sein de la société de transport par autocars (STA), une filiale de Keolis qui couvre Corbeil-Essonnes et Mennecy.

              Au dépôt des bus de la STA, autour de la machine à café, les conducteurs ne parlent que des tensions quotidiennes dans leurs tournées. "Il va bien, Miguel ?", s'inquiète un chauffeur. "Il a eu cinq jours d'ITT (incapacité totale de travail), mais ça va", répond son voisin devant l'affichette expliquant que le chauffeur remercie ses collègues pour le soutien reçu après son agression. "J'ai été très sensible à toutes vos marques de sympathie", a fait écrire le conducteur blessé. Une histoire des plus banale :

              vendredi 23 mai, le chauffeur a demandé à un client de valider son ticket. "Ça ne lui a pas plu. Il l'a insulté pendant tout le trajet. Et lorsqu'il est arrivé à la gare, il l'a frappé", raconte Jean Lucas.

              Les quelque 80 chauffeurs de la société ont alors décidé de se mettre en grève et de réclamer la gratuité des transports. "Si nous n'avons plus à gérer le contrôle des titres de transport, 90 % des problèmes seront résolus", affirme Daniel Bastos, 29 ans, neuf ans d'expérience, délégué syndical de la CGT. "La gratuité, c'est aussi une façon de sortir de l'hypocrisie dans laquelle on est aujourd'hui : les gens honnêtes paient pour les autres", note Jean Lucas.

              Dans les faits, une partie des chauffeurs - plus des trois quarts, selon les syndicalistes - ont en effet cessé depuis longtemps de contrôler les titres de transport. En particulier sur les lignes qui traversent les quartiers sensibles. Dans la salle de repos des chauffeurs, Daniel Bastos montre des piles de "fiches de fin de service", les tickets qui résument l'activité de chaque bus, notamment les ventes de tickets à l'unité et les validations des cartes d'abonnement (Navigo, Cartes orange, cartes scolaires, etc.) : "Pour celui-là, il y a zéro euro de recette pour trois heures de fonctionnement. Ici, c'est 1,5 euro." Il fouille et trouve une recette plus importante : "25 euros, mais c'est un dimanche, avec les vieux qui vont au marché et qui continuent de payer."

              Comme les autres conducteurs, il a bénéficié d'une formation professionnelle de deux journées pour savoir comment réclamer les tickets. "On nous a appris à parler aux clients, à sourire, à formuler les phrases", ironise-t-il. Un voeu pieux dans le climat parfois tendu des cités : sa dernière fiche personnelle indique quatre heures de service dans les rues de Corbeil avec aucun ticket vendu et seulement 19 validations. Le tout pour un bus plein en heure de pointe. "Je ne demande plus aux clients de valider. Même ceux qui sont en règle ne le font plus."

              Une façon de gérer le risque partagée par Ahmed Hedjane, 32 ans, 1 500 euros par mois "avec les heures supplémentaires". Ce chauffeur refuse d'être insulté ou bousculé pour récupérer le prix d'un ticket ou vérifier les abonnements. Il laisse donc faire. "Sinon on s'embrouille toutes les cinq minutes."Son collègue, Eric Emidof, 35 ans, neuf ans d'expérience, met en avant le principe de précaution. "Certains jeunes n'attendent que ça. Ils veulent créer des problèmes". Lui a déjà été caillassé et insulté. "Trois jeunes s'amusaient à appuyer sur les boutons d'arrêt. Je leur ai dit d'arrêter. Ils m'ont traité d'"enculé" et m'ont dit "nique ta race.""

              Pour ces travailleurs de l'ombre, la question des moyens humains est décisive. Sur les lignes de la STA, où circulent plusieurs dizaines de bus, un seul contrôleur assermenté, aidé par une poignée d'agents de médiation, doit surveiller le réseau. Hervé Reviret, 35 ans, qui a travaillé six ans aux Ulis et exerce depuis huit ans à Corbeil-Essonnes, tente ainsi de sillonner les lignes où la fraude est la plus fréquente.

              Mais en l'absence d'équipes de soutien, comme celles dont dispose la RATP, il n'insiste pas : "Quand il y a un conflit, j'essaie de discuter. Mais pour 1,5 euro, c'est pas la peine de prendre des risques. Les patrons nous disent de faire ce qu'on peut." Lui aussi a déjà été insulté, "des petits Blacks et des Maghrébins qui m'ont traité de "sale Noir"".

             Les conducteurs expriment le sentiment d'être abandonnés. André Mariel, 57 ans, a été agressé en 2007. La première fois en vingt années de carrière. Des faits graves - "Un coup de manchette dans la gorge" - qui l'incitent à changer d'attitude : "Je n'ai pas peur. Mais, la prochaine fois, je me défendrai. On peut pas laisser passer sans réagir." Un collègue acquiesce : le risque existe de voir des chauffeurs être tentés de se défendre par leurs propres moyens. "On sait que les policiers sont eux-mêmes débordés. Comment ils pourraient venir nous aider quand il n'y a qu'une seule patrouille disponible pour toute une ville ?" interroge Daniel Bastos.

              L'entreprise et les pouvoirs publics ont rejeté la revendication syndicale. Pour des motifs budgétaires, de principe, mais aussi d'efficacité. "La gratuité remettrait en question le système de financement des transports en Ile-de-France. Cela poserait un problème d'égalité des citoyens devant la loi", relève Jean-François Bayle, adjoint au maire (UMP) de Corbeil-Essonnes. Lui défend l'augmentation du nombre d'agents de médiation et l'installation systématique de caméras embarquées.

              "La gratuité n'est pas une solution, ajoute Carlos Gutierrez, responsable du site STA. Lorsque cela a été expérimenté, on a constaté une augmentation des dégradations." La société relativise l'importance des incidents et insiste plutôt sur les opérations de communication lancées pour inciter les passagers à valider leurs titres de transport. "On s'efforce d'éduquer les clients", ajoute M. Gutierrez.

              Pour l'entreprise, les conséquences de l'absence actuelle de contrôles restent limitées. Car l'essentiel du financement provient des sommes versées par les pouvoirs publics pour les abonnements. Des subventions calculées en fonction de "comptages" réalisés tous les deux ans pour mesurer le nombre de passagers. Dans ces périodes, selon les témoignages des conducteurs, la société mobilise alors un maximum de personnel afin de réduire la fraude. Le reste du temps, "ne paient que ceux qui le veulent bien", conclut Eric Emidof.

  • Quand Ivan Rioufol parle de l'âme de la France...

              Courageux, intelligent, lucide: quels adjectifs employer pour qualifier le bon sens et la hauteur de vues dont fait preuve Ivan Rioufol dans son excellent bloc-notes du 25 Janvier: "Oser repenser l'immigration"?  Il va à l'essentiel, tout simplement, en parlant de "l'âme d'un peuple". On ne peut que le féliciter d'avoir (re)plaçé le débat à son vrai niveau.....

              Lucide, Jacques Attali ? Oui, quand il décrit la France immobile, devenue une "société de connivence et de privilèges". Président de la commission pour la libération de la croissance, son rapport, rendu mercredi, décrit bien le mal économique français. Cette remarque : "l'enrichissement n'est pas un scandale, seule l'est la pauvreté". La fougue libérale est même réjouissante, venant de celui qui, en 1982, défendit les nationalisations. Mais l'insistance à vouloir relancer l'immigration affaiblit la crédibilité du diagnostic.

              Soutenir l'«urgence à accueillir des étrangers, pour combler (des) lacunes démographiques et développer des innovations» revient à vouloir ignorer une inquiétude des gens face aux repliements identitaires nés d'une immigration sacralisée. Si la gauche universaliste se flatte d'être insensible à la préservation des civilisations, voir ce même relativisme défendu par un repenti des «110 propositions» socialistes fait douter de sa conversion. Faut-il rappeler qu'un peuple n'est pas interchangeable ?

              En fait, ce sont tous les experts de la commission qui ont oublié cette évidence, en accordant la priorité au paiement des retraites et à la croissance. Alors que la question posée, y compris par le chef de l'État, est la consolidation d'une culture partagée permettant de vivre ensemble, l'attrait matérialiste pour la table rase, partagé par une gauche «antiraciste» et un capitalisme hautain, risque de frustrer les Français en quête de destin.

              L'indifférence pour ce qui constitue l'âme d'un peuple se retrouve d'ailleurs dans d'autres propositions. La commission suggère ainsi que chaque élève sorte de sixième en maîtrisant le français, la lecture et l'écriture, mais aussi l'anglais, l'économie, l'informatique. Or, elle omet l'histoire et la mémoire commune. Le choix de supprimer les départements, porteurs d'une forte proximité, procède de ce désintérêt.

              La vision comptable d'une immigration destinée à équilibrer les comptes sociaux est un non-sens quand elle conduit à fragiliser la solidarité nationale. Qui peut assurer que les immigrés de demain accepteront de payer les retraites de leurs hôtes ? La France court à son éclatement en mettant son identité à l'encan, au prétexte que 50 000 nouvelles entrées par an apporteraient 0,1 % de croissance. Il faut oser penser une autre immigration : celle qui, pour l'essentiel, ne ferait que passer.

                                                                                             Faiblesse du diagnostic

              La jubilation avec laquelle certains médias ont accueilli la proposition de relancer "l'immigration, inévitable, indispensable" (Le Monde) s'accommode du flou entretenu sur le sujet. Non seulement l'échec de l'intégration des populations extra-européennes est relativisé par une bien-pensance qui n'y voit qu'un effet du chômage, mais les chiffres se prêtent à des contestations qui conduisent à sous-estimer le solde migratoire. Alors que le pays accueille officiellement 200 000 personnes chaque année (clandestins et demandeurs d'asile non compris), le discours convenu qui a trouvé écho auprès d'Attali assure que la France n'est pas un pays d'immigration massive. Comment élaborer une politique dans cette opacité acceptée ?

              La faiblesse du diagnostic sur cette question, qui entache la cohérence que revendique la commission pour l'ensemble de ses 316 propositions, se retrouve dans l'élaboration du plan Espoir banlieues, présenté mardi par Fadela Amara. La cacophonie montre le désarroi des politiques devant une réalité mal assumée : le ministre de la Ville a son idée, qui n'est pas celle de sa secrétaire d'État, tandis que le ministre de l'Intérieur en a une autre qui ne semble pas convenir au président de la République, qui présentera lui-même son plan le 8 février…

              Ce qui reste indicible est pourtant vérifiable : il existe désormais des Français qui se vivent comme étrangers à la nation. Deux France apparaissent, en dépit des dénégations des "sociologues". Le 11 janvier, à Bruxelles, des institutions musulmanes européennes dont l'UOIF pour la France ont signé une charte qui stipule, concernant les pays d'accueil : "Lorsque les lois en vigueur s'opposent éventuellement aux pratiques et règles islamiques, les musulmans sont en droit (le projet initial disait : "sont tenus") de s'adresser aux autorités pour expliquer leurs points de vue et exprimer leurs besoins et ce dans le but de trouver les solutions les plus adaptées." Un encouragement à contester les lois.

              Il faut répondre à cette fracture occultée et à ce risque de subversion. Même le mouvement d'émancipation Ni putes ni soumises, créé par Fadela Amara, cède la place dans les cités à un "féminisme voilé", tandis que le nombre de quartiers "sensibles" (751) ne cesse de croître. Les solutions ne se résument pas à des rénovations urbaines ou à de nouvelles lignes de bus. L'État doit reprendre pied dans ces territoires autonomes, qu'une constante immigration éloigne toujours davantage. Où voit-on que celle-ci pourrait être le "puissant facteur de croissance" vanté avec tant d'autosatisfaction par Attali ?

                                                                                                      Parti pris

              La France ne peut vivre recroquevillée, et la commission a raison de soutenir que les Européens y ont leur place. Mais pourquoi "supplier" (Attali, hier) les étrangers de venir occuper les 500 000 emplois vacants, alors que le pays compte plus de deux millions de chômeurs, surtout dans les cités ? Laisser croire que ceux-ci seraient inaptes aux métiers du bâtiment, du commerce, de la restauration, de la santé, de l'agriculture témoigne d'un mépris qui s'ajoute au sentiment d'abandon de la jeunesse. "Il faudra se lever le matin, la vie ce n'est pas glander", a expliqué mardi Nicolas Sarkozy, à Sartrouville (Yvelines). Cette politique paraît autrement plus convaincante.

  • L'idéologie immigrationniste a encore frappé...

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              Il fallait s'y attendre: la mise en place de réseaux d'exploitations en tous genres se poursuit....

              Voici ce que l'on pouvait lire, le vendredi 11 Avril, sur le site de LCI (texte rédigé par Amélie Gautier): 

              Témoignage - Salima Sy, jeune Sénégalaise a passé cinq ans enfermée dans un appartement, à s'occuper d'enfants, à tenir une maison, sans contrepartie (1)......

              Esclave ? Elle n'aime pas ce terme. Le mot la choque. Elle lui associe "colonie", "commerce", "traite des nègres". Non, elle lui préfère le qualificatif de "bonne à tout faire". Et d'emblée rajoute "une bonne à tout faire bien soumise", d'un sourire presque gêné. Bonne à tout faire, Salima Sy l'a été pendant près de cinq ans. Une bonne à tout faire dont les papiers avaient été confisqués, une bonne à tout faire travaillant tous les jours sans être payée, une bonne à tout faire séquestrée, loin de chez elle. En d'autres mots, elle a été une esclave des temps modernes en banlieue parisienne.

              L'histoire de Salima Sy débute en 1996 à plus de 4.000 kilomètres de là, à Dakar, la capitale du Sénégal d'où elle est originaire. Elle a 17 ans. C'est une bonne élève, ses parents l'envoient étudier en France pour qu'elle y décroche son bac. Un ami de la famille propose de l'héberger. La France : "ce pays qui faire rêver le monde entier, celui où on peut trouver facilement du travail", se souvient Salima, aujourd'hui âgée de 29 ans. J'étais impressionnée, heureuse, excitée".

              Du coup de main au quotidien.

              A son arrivée à l'aéroport de Roissy, la jeune fille déchante déjà un peu. Tout est gris, tout est froid. Mais dans sa tête, il y a cette phrase "N'oublie jamais la chance que tu as". Alors, pleine d'illusions et de confiance, Salima se ressaisit. C'est l'arrivée chez l'amie de ses parents. Elle s'appelle Aïda et très vite Salima tombe sous le charme de cette femme "belle, élégante, travailleuse, indépendante, intelligente". En échange de cet hébergement, la jeune fille devra s'occuper de ses deux enfants, de temps en temps.

              Aller les chercher à l'école, préparer à manger, faire le ménage... Du coup de main au quotidien, Salima se retrouve pris dans un engrenage. Subrepticement, les choses se compliquent ; le piège se referme. Aïda lui prend son passeport. "C'est plus sûr", explique-t-elle d'un sourire à Salima pleine de confiance. Et puis, Aïda devient moins polie, plus irascible. Le lycée ? "Il n'y a pas de place pour le moment", "je te propose des cours par correspondance", etc. "Et moi, je lui trouvais des excuses", se rappelle Salima. Perdue dans un pays étranger, la jeune femme ne voit rien ou refuse de voir. Dans sa tête, il y a toujours cette phrase "N'oublie jamais la chance que tu as".

              Les mois passent. Puis les années. La prise de conscience est lente. Salima culpabilise, craint de décevoir sa famille. D'ailleurs que dire, à qui ? Ici, en France, la jeune femme ne connaît personne. Elle n'a pas d'argent, plus de papiers et Aïda lui répète assez souvent que les clandestins ne sont pas aimés en France. C'est l'impasse près de cinq ans durant, jusqu'à une bonne rencontre. Enfin, on l'écoute, on la croit et Salima décide de se battre, de dire non et refuser cet état d'esclave moderne.

    (1): "Personne ne voulait me croire"de Salima Sy. Les éditions du Toucan. 16 euros.

              Notre commentaire: Il fallait s'y attendre, disions-nous en commençant. En effet, voici une énième illustration de ce que nous ne cessons de constater et de dénoncer: la mise en place de réseaux d'exploitations en tous genres, dont l'actualité ne cesse de fournir des exemples, tous plus pénibles les uns que les autres. Mais qui ont cette particularité de se rattacher tous au même essentiel, de conduire et de ramener tous à la même source: l'idéologie funeste du parti immigrationniste. Celle qui -alors que la vraie solution est de les aider sur place, chez eux...- consiste à mentir aux pauvres du monde entier, en leur laissant croire qu'ils trouveront ici ce qu'ils n'y trouveront évidemment pas. Le résultat est souvent effroyable pour des milliers de ces pauvres, et le mirage se brise très vite, finissant ici dans les taudis, là dans la prostitution, là dans l'esclavage... ou la prison, ou l'exploitation économique.....

               C'est lassant, mais que faire d'autre ? On ne peut que répéter les évidences déjà redites mille fois, et remonter à l'une des principales source du mal, en dénonçant à nouveau, comme à chaque fois, les dérives funestes d'une idéologie funeste.....

               Au Parti Immigrationniste on peut diviser les gens en deux: il y a les "idiots utiles" et ceux qui les manipulent, en sachant très bien ce qu'ils font. Ce sont les premiers qui ne comprennent rien à ce qui se passe, et à quoi ils prêtent la main sans comprendre les enjeux lointains. Par contre les trotskistes qui tirent les ficelles en coulisse, eux, savent très bien ce qu'ils font et pourquoi ils le font.

               Ils s'en fichent des immigrés, en tant qu'êtres humains, en tant que personnes. Les immigrés ne les intéressent que dans la mesure ou -eux aussi manipulés et sans comprendre les enjeux de la bataille dans laquelle ils sont embringués- ils sont "la" solution trouvée pour faire disparaître la France historique et traditionnelle. Les trotskistes veulent en effet casser la France pour édifier à sa place leur utopie. Ils n'y arrivent pas, et ça ne marche pas depuis 1789 ? Ce n'est pas grave ! Ils vont continuer de plus belle et -avec l'immigration et son corollaire, l'antiracisme, trouvaille géniale...- ils pensent qu'ils arriveront enfin à changer ce maudit peuple qui décidément leur résiste encore et toujours. On ne sait pas trop comment d'ailleurs (et cela tient du miracle...) avec ce bombardement médiatique, cette intox et ce bourrage de crâne quotidien auquel il est soumis.... 

              Et pour arriver à leurs fins, les trotskistes ne s'embarrassent pas de morale. A-t-on vu Robespierre ou la Convention avoir des scrupules ? Cela ne les gêne pas de mentir, ce n'est pas du tout leur problème. Ils s'en fichent bien pas mal de faire miroiter des mensonges, de faire croire à des braves types d'Afrique, dont le seul défaut est d'être pauvre ou misérable, qu'ils seront heureux ici et qu'ils y trouveront tout ce dont ils rêvent, alors qu'ils savent pertinemment qu'il n'en est et qu'il n'en sera rien. Et qu'ils ou elles seront en réalité, pour une très grande part, exploités ou esclaves, ou prostitués, ou squatters dans un taudis sordide et miteux, ou brûlés vifs dans un hôtel insalubre ou ils s'entasseront à cent vingt ou cent cinquante alors que, même neuf, il n'était prévu normalement que pour trente ou quarante....

              Le parti Immigrationniste et ses relais (artistes, comédiens, RESF etc....) est un parti pourvoyeur de "chair à profits" pour des employeurs qui ne pensent qu'à se remplir les poches en sous-payant des esclaves, traités comme du bétail.... Le parti Immigrationniste est un parti "dégueulasse", comme dirait une ministre....... 

  • Mauvaise grâce : Du « président citoyen » à la « dérive monarchique »

     

    par Frédéric Rouvillois
    professeur de droit public à l’université Paris Descartes

    Une - comme toujours - excellente réflexion de Frédéric Rouvillois, parue dans Causeur. Sur ce sujet, nous avons déjà publié une réaction de Jean-Philippe Chauvin à laquelle on pourra se reporter : Le droit de grâce, ce droit royal...  LFAR

     

    frederic-rouvillois.jpgComment, lorsqu’on est chef de l’État, échapper à la singularité de la fonction ? Comment faire pour demeurer un « président normal » ? Telle est l’une des questions que pose l’affaire Jacqueline Sauvage, du nom de cette sexagénaire condamnée par deux cours d’assises successives pour le meurtre de son mari, mais graciée le 31 janvier dernier par le président Hollande.

    Prévu à l’article 17 de la constitution de 1958, le droit de grâce est en effet l’une des dispositions les moins « républicaines » – ou si on préfère, les plus monarchiques – de notre Ve République. Ce droit, dit de « rémission », en ce qu’il permet au chef de l’État de remettre tout ou partie de sa peine à une personne condamnée, remonte à l’époque où le roi, « lieutenant de Dieu sur terre », était à la fois souverain et source de justice : et par conséquent, libre de réformer, au nom de la Justice, les effets de décisions prises par les juridictions pénales.

    Cette dimension monarchique avait d’ailleurs conduit la Révolution à supprimer le droit de grâce – en vertu d’un décret pris par l’Assemblée constituante quelques jours  avant la fuite à Varennes, le 4 juin 1791. Tout aussi logiquement, ce droit est absent des constitutions républicaines de l’An I et de l’An III, mais il est rétabli par le Premier consul en 1802 – ce qui, notait Adolphe Thiers, revenait à « assimiler autant que possible son autorité à celle de la royauté » [1]. Par la suite, si on le retrouve dans les constitutions de la IIe ou de la IVe République, c’est de façon encadrée et dépersonnalisée, puisque le président l’exerce après avis du Conseil d’État dans la première, et « au sein du Conseil supérieur de la magistrature » dans la seconde. Un exercice collégial censé retirer à ce droit son caractère monarchique.

    Mais en 1958, les constituants de la Ve République entendent rompre avec cette logique : ils reviennent alors, avec l’article 17, à un exercice personnel et, en fait, discrétionnaire du droit de grâce. À l’époque, lors de l’élaboration de la Constitution, ce retour irrite les représentants de l’autorité judiciaire, qui accusent « cette novation » d’être en réalité une régression qui ramènerait l’État « très haut dans l’évolution historique » [2]. Du côté gaulliste, en revanche, on se félicite de cette personnalisation, qui correspond au fait que « le chef de l’État n’est responsable de l’exercice du droit de grâce que devant sa conscience et devant Dieu (s’il y croit) » [3].

    Le droit de grâce, en ce qu’il remet en cause les conséquences d’une décision juridictionnelle parfaitement régulière, se situe de fait dans la plus totale anormalité. Dans le dérogatoire absolu : ce que conforte encore le fait que le décret de grâce n’est pas publié au Journal officiel, comme s’il devait rester secret, et que sa légalité n’est pas susceptible d’être contestée devant le juge administratif. Une fois pris, le décret de grâce est définitif. Incontestable.

    Hollande aurait pu détourner le regard mais…

    Voilà pourquoi François Hollande, qui durant des années avait réclamé l’institution d’un « président citoyen » et vilipendé les « dérives monarchiques » de la Vème, s’est toujours senti très mal à l’aise face à cette prérogative héritée des rois. Jusqu’ici, rappelle le site de l’Élysée, il ne l’avait utilisée « qu’une seule fois, en permettant une libération conditionnelle sans éteindre la peine » au profit de Philippe El Shennawy, le plus ancien détenu de France, incarcéré depuis 38 ans – ce qui ne portait qu’une atteinte minime à l’autorité judiciaire. Mais il en allait tout autrement dans le cas de Mme Sauvage – dont la condamnation définitive par la Cour d’assises du Loir-et-Cher était toute récente, puisqu’elle remontait au 3 décembre dernier. Gracier la condamnée revenait ainsi à remettre frontalement en cause les conséquences des jugements des deux Cours d’assises successives lui ayant infligé la peine.

    À cet égard, le président Hollande aurait donc pu détourner pudiquement le regard – en se réclamant de la tradition républicaine, ou de la majesté de la loi, ou du respect de l’autorité judiciaire, ou de la séparation des pouvoirs, ou même du principe démocratique puisque le jugement avait été rendu par des jurys citoyens. Ce qui lui aurait permis, en refusant la grâce, de réendosser d’un seul coup le costume (deux-pièces) du « président normal », et du chef d’État droit dans ses bottes…

    Sauf qu’à cette place et dans cette fonction, c’est cette (pseudo) normalité qui s’avère anormale. D’autant que, comme l’a montré l’expérience de la Révolution, la suppression du droit de grâce profite peut-être à l’institution judiciaire, mais jamais à la justice. Summum jus, summa injuria, dit un adage latin : le droit strict est strictement injuste, ainsi que le prouve d’ailleurs le cas de Mme Sauvage, cette dernière, si l’on s’en tenait à la loi, ne pouvant, malgré les décennies de souffrance infligées par un mari monstrueux, qu’être jugée coupable, et punie en conséquence. Du reste, dans ce jeu à fronts renversés, il est cocasse de constater que les plus farouches adversaires de la monarchie républicaine, comme Jean-Luc Mélenchon, étaient en tête de ceux qui réclamaient à cor et à cri la grâce de Jacqueline Sauvage.

    Et c’est ainsi que François Hollande céda – sans que l’on puisse savoir à quoi, ou à qui : à la pression des comités de soutien, des médias et des 400 000 signatures lui demandant d’agir ainsi ? Ou à la logique monarchique de sa fonction de chef de l’Etat ? Pourtant, s’il y céda, ce fut de mauvaise grâce, non sans hésitations ni réticences avouées : vorei e non vorei… C’est ce qu’indique la communication publiée par l’Élysée, où le président déclare avoir voulu faire face « à une situation humaine exceptionnelle »– comme si une grâce pouvait répondre à autre chose. Et où il conclut (on imagine son demi sourire en dictant cette apostille) n’avoir agi que « dans le respect de l’autorité judiciaire » – alors que la grâce est par définition le moyen ultime de passer, au nom de la justice, par-dessus les limites, les blocages, les pesanteurs inhérents à cette autorité judiciaire.

    Ce qui s’appelle se payer de mots, quand bien même ceux-ci ne trompent personne. Et qu’ils confirment que, même lorsqu’ils prennent de bonnes décisions, certains politiques demeurent toujours un peu à côté, ou en dessous, de leur fonction. 

    1. A. Thiers, Histoire du Consulat et de l’Empire, Paris, Paulin, 1845, t. III, p. 540
    2. M Chazelle, Comité consultatif constitutionnel, 31 juillet 1958
    3. Fr. Luchaire, Comité interministériel, 30 juin 1958

    Frédéric Rouvillois [Causeur, 4.02.2016]

  • Black Lives Matter à la sauce antifa ou le dernier épisode en date d’une longue liste de crises de folies sociétales amé

    Aux États-Unis, d'épisodiques crises de folie sociétale 1

    Puritanisme et néo-inquisition : l'hystérie politiquement-correcte plonge la superstructure des États-Unis, notamment son infosphère 2, dans d'épisodiques crises d'une épilepsie sociétale mal comprise, vu d'Europe.

    Voici déjà un quart de siècle, le journaliste-star américain Edward Behr avertit que si cela s'aggrave - et ça s'est aggravé - "l'Amérique deviendra non seulement ingouvernable, mais aussi, pour ceux qui ignorent encore ces changements radicaux, totalement imprévisible". Behr conclut prophétiquement "Je vois monter une nouvelle intolérance, un nouvel appel à la violence entre hommes et femmes et une très étrange tendance à l'autocensure dans ce pays où la liberté de l'information est sacrée. Je vois en somme une Amérique nouvelle, porteuse de fausses idéologies prêtes à contaminer le reste du monde. Je souhaite vivement me tromper".

    Behr ne se trompait pas du tout et ce qu'il voyait alors de ses yeux n'était que l'amorce de la présente crise délirante US genre Antifa-Black Lives Matter :

    - Hystérie puritaine : en 1980 (Pocket Books) paraît "Michelle remembers", livre dans lequel Michelle S. révèle avoir "récupèré" des souvenirs occultés de son enfance ; ceux de messes noires et rituels sataniques perpétrés dans son village, où "plus de 1 000 individus adhèrent à l'église de Satan". Dès son sous-titre ""L'histoire vraie d'une femme qui, encore enfant, fut livrée à l'Antéchrist", le bouquin pue le canular à plein nez - mais non, toute l'Amérique du Nord, Canada inclus, embraye.

    Désormais adulte, Michelle "en transe", décrit d'une voix de fillette, "Le diable et ses longues jambes, ses drôles d'orteils, qui me brûle le cou avec sa queue"... Dans le plus charitable des cas, c'est un reflux inconscient du film Rosemary's Baby (sorti aux États-Unis en septembre 1968). Sous hypnose, Michelle décrit force viols, tortures et homicides ; puis dénonce sa propre mère (morte en 1964). En 1983, sous le fouet des médias, l'Amérique s'enflamme pour ces Satanic Ritual Abuse (SRA) affectant - croit-on alors - les classes moyennes blanches suburbaines.

    Un État après l'autre en fait un chef d'inculpation formel - 63 cas de SRA au seul comté de Los Angeles en 1983-84... 50 000 enfant par an disparaitraient aux États-Unis, s'affolent alors les médias. À la fin, le FBI enquête avec le National Center for the Analysis of Violent Crime : de 1983 à 1990, le pays compte, par an, de 52 à 158 disparitions inexpliqués de jeunes, aux 2/3, des fugueurs. Bien entendu, nulle trace de quelque "réseau satanique" que ce soit.

    - Hystérie puritaine encore : l'affaire de la "mémoire récupérée" (Recovered Memory). À l'origine, Lenore T., jeune femme perturbée, toxicomane, suicidaire, écrit deux livres "Too scared to cry" (1990) et "Unchained memories" (1994) où elle prétend avoir vécu des horreurs dans son enfance, sa mémoire traumatisée alors occultée, mais récupérée à l'âge adulte, grâce à un psychiatre 3. Son premier livre à peine paru, l'Amérique s'embrase derechef : dès janvier 1991, George F., père de Lenore T., est condamné à la prison à vie pour homicide, sur l'unique base de la "mémoire récupérée" de sa fille, prétendant qu'il a sous ses yeux "violé et tué une de ses petites copines", quand elle était enfant.

    Lors de ces procès - qui ensuite se multiplient bien sûr - le contenu des charges "obtenues par thérapie" est caché à l'inculpé - secret médical oblige, "les révélations pouvant compromettre la guérison du sujet". Procédé qui renvoie les inquisiteurs dominicains et Andreï Vichinsky (procureur des procès de Moscou) au rang de pâles amateurs. Dans ces procès - nous sommes dans la décennie 1990 - nul témoignage n'est admis hors celui des "victimes". Le "politiquement-correct" oblige à croire les enfants, les femmes et toutes victimes, donc à gober aveuglément les "diagnostics" de "thérapeutes"-gourous-escrocs, dans un phénomène vite proliférant. En 1989 encore, Oprah Winfrey invite la fameuse "Michelle" dans son émission et reprend ses propos démentiels comme vérité du Bon Dieu.

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    Ceux qui témoignent à décharge sont férocement poursuivis. Dénoncé en août 1991 par de petites hystériques (Salem, encore et toujours), un directeur d'école maternelle californien est condamné à 89 fois la prison à perpétuité, sans nulle preuve concrète. Excités par les médias, les parents des "victimes" en rajoutent. Un jury écoute pieusement une agitée "se souvenir" d'une de ses amies de maternelle dévorée vivante "par un requin dans une mare" et condamne ensuite l'auteur du crime.

    Pour la New York Review of Books - référence s'il en est 4 - les États-Unis connaissent, depuis la décennie 1980, un million de cas de "mémoire récupérée" portant sur des abus sexuels, ayant déclenché ± 500 000 enquêtes de police. Apogée sous la présidence du "progressiste" Bill Clinton (1993-2000), dont la ministre de la Justice, la fanatique féministe et ex-procureur Janet Reno, croit dur comme fer aux témoignages (féminins) de "mémoire récupérée".

    Dans la société de l'information, qui résiste de front à un tsunami médiatique ? Le temps passant, vient le moment où quand même, des journalistes enquêtent ; pour la "mémoire récupérée", le pot-aux-roses se découvre en 1990-1994 : bien sûr, tout était bidon. Incarcérés depuis parfois des années, des innocents sont libérés avec de vagues excuses ; voire une maigre compensation financière.

    Cela assagit-il l'Amérique ? Du tout.

    Avez-vous apprécié les Satanic Ritual Abuse ? Aimé la Recovered Memory ? Vous adorerez la lubie suivante, le Multiple Personality Disorder, ou MPD. Dans la décennie 1990, d'autres psychiatres (facétieux ou délirants) font gober aux magistrats que leurs clients possèdent certes, une unique enveloppe charnelle, mais des "personnalités multiples". Au Wisconsin, un inculpé d'un procès dépose ainsi à la barre "en tant que chien". En mai 1994 en Arizona, un violeur en série débarque avec ses "11 personnalités", dont celle du jour : la "prostituée lesbienne". Le juge, à qui l'hurluberlu explique d'abord qu'il voulait venir en robe, mais qu'en ce cas, il "rate la cuvette quand il va aux toilettes" ; l'autorise gentiment à comparaître en perruque, collant rose et hauts talons. 5

     

    1 Edward Behr "Une Amérique qui fait peur", Plon, 1995 - livre qui significativement, n'a jamais été publié en anglais aux États-Unis, quoi que l'auteur soit lui-même Américain.

    2 Pour le sociologue Michel Maffesoli, l’infosphère assemble, en haut de la société, ceux qui monopolisent la parole dans les médias, d'usage propriété de milliardaires : élites du faire, élus, hauts fonctionnaires, grands patrons (industrie, finance) ; et du dire, savants, intellectuels, écrivains, magistrats, journalistes.

    3 Autres chefs-d'œuvre de la bibliothèque "mémoire récupérée" (inceste, viols et homicides infantiles, etc.) 'The Courage To Heal" Harper & Row, NY, 1988 ; "Secret survivors", Ballantine, NY, 1990 ; "Repressed memories", Simon & Schuster, NY 1992 ; "Escaping the shadows, seeking the light", Harper, San Francisco, 1991 - tous chez de grands éditeurs, qui les vendent comme des petits pains.

    4 "The revenge of the repressed", New York review of Books, 17/11/1994.

    5 Si le lecteur trouve que l'auteur exagère, il lira avec bonheur, dans le fort grave Journal of Forensic Psychiatry (Routledge - Taylor & Francis Group) l'article du 4 janvier 2008 "Multiple personality disorder in the courts: a review of the North American experience", 20 pages serrées du plus accablant feu d'artifice de pitreries judiciaires, pouvant à elles seules fournir vingt scénarios de sketches au Monty Python.

  • Jacques Sapir: «Une Europe en décomposition?».

    Source : https://fr.sputniknews.com/

    Au cinquième jour de négociations, le sommet européen a débouché sur un accord de plan de relance commun. Un événement dont Jacques Sapir retient l’aspect politique plus qu’économique, et qu’il voit comme symptomatique de la crise de l’UE. Analyse.

    7.jpgLe déroulement du Conseil européen des 17-21 juillet apparaîtra, avec un peu de recul, comme un moment important de la décomposition de l’Union européenne. La presse l’a présenté comme dominé par l’affrontement entre les membres «frugaux» et les pays du sud. Ce n’est pas faux, mais c’est aussi extrêmement réducteur, comme nous l’avions noté avec Bruno Amable dans l’émission Russeurope Express en juin dernier. Car les véritables perdants ont été l’Allemagne et la France, qui ont dû accepter de passer sous les fourches caudines du «club des frugaux». La question des montants en jeu fut âprement discutée. Mais c’est s’aveugler sur le cours réel des choses que de se focaliser sur ces montants. Le problème fut, et reste, fondamentalement politique.

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    L’argent n’est pas la cause

    Le débat s’est concentré sur le montant des «subventions» dans le plan de relance post-Covid. Il faut ici rappeler l’histoire du «plan de relance» européen. Issu d’une proposition franco-allemande portant sur 1.500 milliards d’euros, dont 750 de subventions, un montant qui pouvait déjà être considéré comme insuffisant, le plan fut réécrit par la Commission avec une réduction à 750 milliards, dont 500 pour les subventions. Ce qui vient d’être décidé le 21 juillet au petit matin est un plan de 750 milliards d’euros dont 390 de subventions. Par rapport au projet initial, il y a donc une réduction de 48% du montant des subventions.

    La position des «frugaux» était connue. Ils souhaitaient que cet argent soit un prêt plus qu’une subvention, et les prêts doivent être remboursés. Si subvention il devait y avoir, elle devait selon eux s’accompagner d’un engagement ferme des pays qui les obtiendraient à se mettre en règle avec l’UE et à appliquer des réformes structurelles drastiques. De fait, sans obtenir tout à fait le droit de véto qu’ils demandaient, les pays «frugaux» ont remporté une incontestable victoire, que ce soit dans la réduction du montant des subventions ou dans la création d’un mécanisme de contrôle à la majorité qualifiée. Qu’ils arrivent à convaincre un ou deux pays et ils détiendront de facto ce droit de véto.

     

    Derrière ces conditions se profilait l’ombre du MES, le Mécanisme européen de stabilité, dont la mise en œuvre provoqua en Grèce une véritable tragédie. Inversement, la position de la France et des pays comme l’Italie et l’Espagne consiste à dire que les États doivent être laissés libres d’user à leur guise de ces subventions, qui sont dans leur nature conjoncturelles, liées aux dommages provoqués par la Covid-19. On arrive donc à des sommes que nous indiquions dans notre chronique du 28 mai sur RT France. Le montant de 390 milliards d’euros sera de toute manière dérisoire face aux besoins des économies.

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    Par ailleurs, les «frugaux» ont obtenu un accroissement du rabais sur la contribution qu’ils versent à l’UE. À regarder les chiffres et les conditions, il n’est pas difficile de voir qui est sorti vainqueur. Mais, comme on l’a dit, le problème n’est pas dans les montants mais dans les principes.

    Cohérences des uns, incohérences des autres

    Les débats du 17 au 21 juillet ont en réalité révélé trois conceptions contradictoires de ce que devrait être l’UE. Dans leur refus initial de subventions financées par un emprunt européen, les «frugaux» défendent l’idée que l’Union est une coordination de pays réunis autour des règles du marché unique. Dans ce cas, nulle aide collective n’est à attendre. Sous la pression des Allemands et des Français, ils ont accepté, sans doute provisoirement et non sans arrières pensées, d’abandonner leur position initiale et de considérer que l’UE serait un véritable embryon de fédération, avec des règles s’imposant aux États membres en dehors des termes des traités. Ces deux positions, quoi qu’on puisse par ailleurs en penser, sont logiques et cohérentes. L’Allemagne et la France défendent quant à elles l’idée d’un «entre-deux» dans lequel l’UE pourrait accorder des aides extrabudgétaires mais sans contreparties dures sur les États. Elles soutiennent que cette avancée vers le fédéralisme, qui provoqua un orgasme européiste au commissaire français Thierry Breton, constitue un progrès historique. Il suffit pour s’en convaincre d’écouter les cris de victoire poussés par Emmanuel Macron au matin du 21 juillet.

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    Les raisons de cet entre-deux sont profondes. José Manuel Barroso, en son temps, en avait fait gloire à l’UE, la qualifiant de construction sui generis. De fait, l’Allemagne ne veut ni perdre les avantages immenses qu’elle tire de l’Union et de l’euro, ni perdre sa souveraineté retrouvée dans les années quatre-vingt-dix, ni aller contre l’arrêt de 2009 du tribunal constitutionnel de Karlsruhe selon lequel la démocratie ne pouvait être que nationale devant l’inexistence d’un «peuple européen». La France, quant à elle, s’est engagée depuis longtemps dans cette voie de l’entre-deux, persuadée qu’elle pourrait retrouver avec une UE forte sa splendeur politique passée tout en affectant de ne consentir qu’à des abandons mineurs de sa souveraineté. Une politique qui s’avère désastreuse, tant économiquement que politiquement. Ajoutons que cela serait faire injure à la diplomatie allemande que de ne pas imaginer un possible double jeu de cette dernière, qui cède en partie à la France pour reprendre la main dans un soutien dissimulé aux «frugaux».

    L’échec du fédéralisme furtif?

    La position des « frugaux » est donc bien plus cohérente que celle de l’Allemagne et de la France. Ces derniers n’ont probablement adopté une politique de fédéralisme ostensible que parce qu’ils savaient qu’elle serait odieuse aux pays d’Europe centrale et orientale, qui n’ont pas recouvré leur souveraineté, niée de 1945 à 1990 par l’URSS, pour l’abandonner à nouveau. En mettant aux subventions des conditions qu’ils savent parfaitement inacceptables, tant pour des pays comme l’Italie ou l’Espagne que pour la Pologne, la Hongrie, la Slovaquie ou la République tchèque, les «frugaux» font la démonstration par l’absurde de l’impossibilité d’un fédéralisme européen.

    La position de l’Allemagne et de la France, qui s’apparente à un fédéralisme furtif, se heurte donc à ses contradictions. Les pressions de ces deux pays sur des États plus petits et plus faibles n’arrangeront rien. Elles ne pourraient, au mieux, que faire monter le sentiment anti-UE en leur sein. Cet accord, et les conditions dans lesquelles il fut obtenu, va laisser des traces. Emmanuel Macron parle d’un accord historique. Il n’a pas tort, mais pas au sens où il l’entend. Historique, cet accord l’est parce qu’il montre qu’un nouveau stade a été franchi dans la décomposition de l’Union européenne.

    En définitive, cet accord réalisé avec des ciseaux et de la colle est une cote mal taillée, une forme d’accord à minima. La France devra sans nul doute en payer le prix fort. Mais la démonstration publique aura été faite des divergences irréductibles au sein de l’UE et de la mort du projet que cette dernière à pu porter. La structure survivra encore quelques temps à sa raison d’être. Il faudra bien pourtant en tirer les leçons, et le plus tôt sera le mieux.

     

    Les opinions exprimées dans cet article n'engagent que la responsabilité de son auteur. Elles ne reflètent pas nécessairement la position de la rédaction de Sputnik.

  • POUTINE MANŒUVRE : CHAPEAU, CAMARADE !, par Georges-Henri Soutou.

    Alors même que tout paraît fragile dans la position internationale de la Russie, dont la personnalité de Poutine elle-même, il apparaît que celui-ci négocie au mieux des intérêts de son pays en équilibrant sans cesse son jeu d'influences.

    6.jpgLe président Poutine traverse une mauvaise passe : son opposant Navalny l’accuse de tentative de meurtre par empoisonnement, et reçoit le soutien d’une grande partie des opinions publiques et des gouvernements occidentaux. Son allié difficile, mais allié essentiel quand même, le président Loukachenko de Biélorussie, est en butte à une très forte contestation. Un autre allié géopolitique essentiel, le Kirghizstan, traverse une grave crise politique, la foule étant descendue dans la rue contre le président à la suite d’élections qu’elle l’accuse d’avoir truquées, sans que Moscou, pour la première fois, n’arrive à faire triompher d’emblée son protégé, le président Sooronbaï Jeenbekov. C’est le modèle de « démocratie dirigée » à la Poutine qui, dans l’espace ex-soviétique, paraît en difficulté. Le voisinage de la Russie s’enflamme.

    La Turquie pose à Moscou des problèmes croissants, de la Libye à la Syrie et au Nagorny-Karabakh, où elle soutient l’offensive de l’Azerbaïdjan contre les Arméniens, protégés traditionnels de Moscou. Or la Russie n’arrive pas à organiser un cessez-le feu entre ces deux composantes de l’ancienne URSS. La Turquie et la Russie sont dans ces trois cas dans des camps opposés, alors pourtant qu’ils ont beaucoup de points de contacts, de la Mer Noire au Caucase, des intérêts proches sur bien des questions, de l’endiguement de l’Iran au transit du gaz d’Asie centrale. Un problème pressant pour Poutine est sans doute l’état de sa relation avec Ankara, alors que l’on pensait qu’il avait réussi là à bâtir un véritable partenariat stratégique, avec en outre d’importantes livraisons d’armes à un membre de l’OTAN.

    Turquie, Chine, des relations compliquées

    En effet les oppositions entre les deux pays, comme à propos de la Libye, voire les incidents armés graves, comme en Syrie, restaient du point de vue de Moscou gérables, car fondamentalement la Turquie et la Russie s’épaulaient de fait pour écarter les interventions américaines ou européennes. Mais le Nagorny-Karabakh, c’est autre chose. Cette région est depuis le XIXe siècle dans la mouvance russe, sous telle ou telle forme. L’intervention d’Erdogan, avec l’envoi d’armes et de « volontaires » syriens, ne peut pas être tolérée par Poutine, ou en tout cas lui pose un problème considérable.

    Mais ce n’est pas le seul. La Chine progresse sur tous les plans : l’entente Moscou-Pékin, constamment réaffirmée dans le « partenariat de Shangaï » et par des manœuvres militaires ostentatoires, existe toujours, mais la relation entre les deux pays risque de devenir de plus en plus déséquilibrée. Quant aux relations avec Washington, elles risquent d’être davantage tendues si Joe Biden devient président, du moins c’est ce que beaucoup pensent. Globalement, la situation internationale de Moscou paraît nettement moins favorable qu’il y a un an, alors que les problèmes structurels de l’économie et de la société soviétiques ne s’approchent toujours pas d’une solution.

    Pendant ce temps, la population et l’économie sont durement touchées par la pandémie et par les incertitudes sur les prix du pétrole. Arriverait-on à la fin de la période des succès poutiniens, commencée en gros avec les attentats du 11 septembre 2001 et leurs conséquences, quand les États-Unis ont soudain eu besoin de la Russie ?

    Une constitution syncrétique

    Pour ma part, je ne le pense pas. Tout d’abord, sa situation intérieure est certes moins bonne qu’après l’annexion de la Crimée en 2014, mais Poutine n’est pas déstabilisé. La nouvelle constitution qu’il a fait adopter lui permet de rester en fonction jusqu’en 2036, mais ce n’est pas le plus important. Ce qui est important, c’est qu’elle grave dans le marbre sa conception de la Russie, de même que la constitution soviétique de 1936 proclamait et sacralisait la vision de l’URSS de Staline, et celle de 1977 celle de Brejnev. C’est une constitution syncrétique, qui incorpore toutes les traditions politiques russes, de la Russie impériale (« orthodoxie, autocratie, narodnost », c’est-à-dire « esprit national » – russe, bien sûr) mais aussi l’héritage stalino-bréjnévien et l’expérience des années Eltsine.

    Le nouvel État russe se présente come la synthèse de tous les ordres politiques précédents. Les nombreux peuples de la Fédération de Russie sont liés par la culture russe. La constitution mentionne explicitement, avec valeur constitutionnelle, la « langue du peuple qui porte l’État », les « mille ans d’histoire » depuis la Rus de Kiev, et donc l’appartenance de l’Ukraine, et enfin la « croyance en Dieu ». Tout cela évoque des échos considérables en Russie, au-delà des cercles poutiniens au sens strict, et on peut penser que même le départ de Poutine ne suffirait pas à éliminer cette profonde forme de conscience nationale.

    Poutine gère

    Donc Poutine gère sa situation intérieure. Pour la politique extérieure, et selon les leçons de ses prédécesseurs soviétiques, il commence par s’occuper des crises de l’« étranger proche » (les anciennes républiques soviétiques dans le langage de Moscou) avant de se mêler des affaires de la Terre entière ou de porter un message « mondial ». Même s’il ne manque pas de préserver le capital d’influence russe, en particulier en Afrique et en Amérique latine – et en Europe, par les moyens de l’aide économique ou de propagande raffinée que l’on connaît.

    Commençons par la Biélorussie : Moscou soutient Loukachenko avec des crédits et sans doute une aide des services de sécurité, et en même temps il a certainement suggéré un scénario digne d’un opéra russe du XIXe siècle que Staline n’aurait pas récusé : le président est allé rendre visite à des leaders de l’opposition emprisonnés, sur leur lieu de détention (des opposants bien sûr judicieusement choisis), et s’est entretenu avec eux de la situation pendant des heures. On verra les conséquences à plus long terme, mais dans l’immédiat il est évident que leur crédibilité d’opposants ne peut qu’en être affectée. Le plus important étant d’ailleurs que pour les Biélorusses l’opposition à Loukachenko ne signifie pas nécessairement opposition à la Russie.

    Au Kirghizstan également Moscou a repris la main, en envoyant à la mi-octobre un émissaire qui a joué un rôle de médiateur entre le président et le parlement nouvellement élu : finalement le président Sooronbaï Jeenbekov a accepté de nommer comme premier ministre le candidat de l’opposition, Sadyr Japarov, le vainqueur des dernières élections, dont il ne voulait pas au début. Le parlement a accepté cette désignation et la crise semble pour le moment calmée.

    Les incendies les plus proches étant sinon éteints du moins maîtrisés, Poutine a plus d’air pour s’occuper du reste. L’Union européenne d’abord : certes, elle a pris des sanctions contre des proches de Poutine (affaire Navalny) ou de Loukachenko, mais des sanctions en fait limitées. Elle ne remet pas en cause le projet de gazoduc « à travers la Baltique Nord Stream 2, malgré la très vive opposition américaine, ni le fait qu’elle va rester longtemps très dépendante du gaz et du pétrole russes. Pour Moscou, l’essentiel est sauf.

    Se porter sur les points d’équilibre

    En ce qui concerne les États-Unis, quel que soit le prochain vainqueur des élections, leur adversaire géopolitique numéro un sera la Chine, la Russie subira peut-être davantage de rebuffades avec Biden qu’avec Trump, elle fera toujours l’objet de discours sur les droits de l’homme ou la nécessité de l’écarter de l’Ukraine, etc., mais dans le triangle essentiel Washington-Pékin-Moscou, Poutine pourra sans doute continuer son discret jeu de bascule.

    Notons-en un élément tout récent : Moscou vient de s’entendre avec l’Arabie saoudite en vue d’une position commune au sein de l’OPEP, solidarité qu’elle avait en général écartée jusqu’à présent. Comme en même temps Ryad est l’un des principaux artisans de la coalition des pays arabes contre la Turquie, et considère celle-ci désormais comme plus dangereuse pour l’Islam sunnite que l’Iran, on voit bien ce qui pourrait venir : un nouveau rééquilibrage de Moscou en faveur de Téhéran, afin de faire pression sur la Turquie. Ou de se poser à nouveau (c’est en effet déjà arrivé) en médiateur entre les deux.

    La Russie n’a pas énormément de moyens de puissance, mais elle en joue efficacement en se portant sur les points d’équilibre où elle peut faire pencher le fléau de la balance. Et sa stratégie préférée, on l’a vu, c’est la médiation, le rôle de l’« honnête courtier », comme disait Bismarck, expert en la matière. C’est un art que les Occidentaux semblent avoir perdu, mais que maîtrise Poutine, bien sûr à sa manière. Mais le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU vient d’élire la Russie en son sein, avec la Chine et Cuba ! Que peut-on souhaiter de mieux ?

     

    Illustration : « Honnête courtier » méditant la meilleure offre à faire à ses partenaires.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Les ides de Janvier, par Georges-Henri Soutou.

    L’Union européenne et ses États-membres semblent se réfugier dans une posture irénique où tout conflit est banni : mais comment croire que les conflits les épargneraient alors que les intérêts nationaux et ceux de la mondialisation s'éloignent de plus en plus ?

    11.jpgLe mois de janvier 2021 restera comme un point de retournement de notre histoire contemporaine. Et pas seulement à cause de l’aggravation de la pandémie. Le 5, la Géorgie a élu deux sénateurs démocrates, donnant ainsi à Joe Biden (avec la voix prépondérante de la vice-présidente Kamala Harris) une majorité au Sénat, et donc la possibilité d’accomplir son programme, qui fera probablement peu plaisir, expérience faite et malgré leurs illusions initiales, aux Européens en général et aux Français en particulier. J’attire l’attention sur le fait que l’une des premières décisions du nouveau président a été de proposer un itinéraire pour les « sans-papiers » leur permettant d’accéder à la nationalité américaine en huit ans au maximum. Si le Congrès accepte cette mesure, ce sera en fait la mise en place d’un droit général à l’immigration, qui aura une bonne chance de devenir progressivement une norme internationale, étant donné la pression un peu partout dans ce sens. En Allemagne par exemple, le deuxième pays d’immigration après les États-Unis, de nombreux experts et associations vont dans le même sens, comme un peu partout d’ailleurs.

    Le 16, la CDU a choisi le successeur de Mme Merkel à sa tête : Armin Laschet, de tous les candidats celui qui a le plus affirmé sa continuité avec la chancelière. Il n’est certes pas encore chancelier, les élections n’auront lieu qu’en septembre, mais malgré l’agitation du pays depuis 2015 un désir de continuité l’emporte. On ne remettra pas en cause l’arrêt du nucléaire, le refus de la puissance, le multiculturalisme et l’orientation croissante vers Pékin. Cela rendra beaucoup plus difficile une réponse européenne, à base franco-allemande, aux défis actuels auxquels est affronté notre continent.

    D’autant plus que la Chine, vient-on d’apprendre, est sortie, sinon de la pandémie, du moins de ses conséquences économiques, avec une progression du PIB de plus de 6 % en un an. Pendant ce temps Navalny est rentré en Russie où il a été immédiatement arrêté : malgré sa réputation en Occident, il ne paraît pas en état de remettre en cause le pouvoir poutinien, ses partisans sont moins nombreux qu’on le prétend ici.

    Sur qui compter ? L’Italie a elle aussi choisi ce mois de janvier pour une crise politique. Et la Grande-Bretagne ne fait plus partie de l’Union européenne. Mais on se rend compte depuis le 1er janvier que le Brexit n’est pas terminé, la rupture provoque une série de problèmes qui vont nous accompagner pendant des mois, voire des années : les échanges commerciaux physiques rencontrent pour le moment de grandes difficultés, à cause du maquis des procédures douanières. La filiale fret routier de la Deutsche Bahn a récemment arrêté ses expéditions vers la Grande-Bretagne, le commerce alimentaire en produits frais, les pièces détachées pour l’industrie automobile sont particulièrement affectés. Quant aux services financiers, non couverts par l’accord de Brexit, ils sont bloqués dans l’Union les uns après les autres, Bruxelles refusant pour le moment systématiquement autorisations et équivalences. Il est impossible actuellement de savoir comment cela sera réglé. On constate cependant qu’il y a quelques jours la Suisse (qui s’est vu retirer par Bruxelles, en 2019, l’agrément annuel dont elle jouissait pour ses services financiers) et Londres ont conclu un accord pour la cotation des valeurs sur leurs marchés respectifs. Est-ce le début de la formation d’un centre financier anglo-suisse en marge de l’UE, ce qui poserait à celle-ci de vastes problèmes ? Il est trop tôt pour y voir clair dans ces questions complexes, mais qui ne vont pas encourager les Britanniques à adopter une humeur coopérative…

    Forces centrifuges

    On peut cependant penser qu’un contre-modèle anglo-suisse pourrait bien voir le jour : l’Autriche voulait consacrer une aide (modique) à son secteur du spectacle sinistré, elle doit attendre l’accord de Bruxelles, qui se réserve d’autoriser ou pas toutes les aides nationales dans le cadre de la pandémie, alors qu’au même moment la Suisse mettait en place une aide équivalente, sans problème évidemment. C’est très exactement cette souplesse que Londres compte bien mettre en œuvre. Le potentiel des deux pays, en matière de services financiers et d’innovation, est considérable, rappelons-le.

    L’Irlande du nord et son gouvernement « unioniste » connaissent une situation très difficile : contrairement à ce qui avait toujours été promis par Boris Johnson à Belfast, l’accord du Brexit maintient l’Irlande du Nord dans l’espace commercial et juridique de l’UE, donc du côté de Dublin, avec des contrôles entre le Royaume-Uni et l’Irlande du Nord, ce qui complique le commerce et provoque en ce moment des pénuries. Étant donné la complexité des relations entre les deux Irlandes, l’issue de cette situation est imprévisible, mais une réunification à terme de l’Irlande, et donc la sortie de l’Ulster du Royaume-Uni, ne peut plus être exclue.

    Au-delà du cas irlandais, beaucoup de Britanniques soupçonnent Bruxelles de vouloir encourager l’indépendantisme écossais pour affaiblir et « punir » le Royaume-Uni. Certes, la partie de l’accord du Brexit concernant la pêche est particulièrement pénible pour les pêcheurs écossais, et d’autre part le Premier ministre écossais, Mme Sturgeon, veut un nouveau référendum. Il n’est pas du tout sûr cependant que celui-ci ait lieu (il faut l’accord de Londres). L’Écosse représente 8,2 % de la population du Royaume-Uni, mais 7,4 % de son économie et ne réalise que 5 % de ses exportations. 61 % du commerce écossais se fait avec le Royaume-Uni, et 90 % transite par le Royaume-Uni. Et l’Écosse bénéficie massivement de la péréquation des dépenses publiques que pratique Westminster : 25 % de plus de dépenses publiques par habitant en Écosse qu’en Angleterre. Quant à la manne pétrolière, elle est à peu près épuisée. Si le référendum a lieu, il n’est pas sûr que les indépendantistes l’emportent.

    Mais l’important ici est que, si les responsables britanniques (à tort ou à raison, peu importe) estiment que les Continentaux veulent « détricoter » le Royaume-Uni, l’établissement de relations plus positives entre Londres et l’UE sera difficile… On constate par exemple que le Royaume-Uni vient de refuser d’accorder le plein statut diplomatique au représentant de l’Union européenne à Londres.

    En Europe, l’illusion du repli

    Par ailleurs, un récent sondage dans l’UE apporte une indication importante : deux tiers des Européens sentent que les choses vont mal, ils souhaitent rester neutres en cas de conflit entre les États-Unis et la Chine, ou entre les États-Unis et la Russie. Mais s’ils sont de plus en plus critiques à l’égard des États-Unis, de plus en plus conscients d’être européens et satisfaits de leur système de protection sociale, ils ne sont pas prêts à dépenser plus pour une véritable politique de défense européenne. En fait ils rêvent d’un repli sur eux-mêmes, dans une illusoire neutralité qui ne les mettrait pas à l’abri des pénétrations économiques, informatiques, migratoires, etc., qui sont la marque du monde actuel. Pour un grand ensemble géopolitique la neutralité n’est pas possible : « Si vous ne vous intéressez pas à la guerre, la guerre, elle, s’intéressera à vous », disait Trotski.

    Après ce noir mois de janvier, que faire ? Bien entendu lutter contre la dérive mondialiste qui, après la surprise de la pandémie, reprend de tout côté, en étant particulièrement attentif aux innovations juridiques et en suivant le conseil des vieux Romains : In principiis obsta. Ne pas déifier nous-mêmes le droit européen en gestation constante. Au niveau européen, ne pas céder à la tentation du financement bruxellois des aides budgétaires en ce temps de pandémie, solution de facilité mais qui sort du cadre fixé par les traités et prépare l’arrivée par la porte de service d’un État européen fédéral. Tout faire bien entendu pour réduire les conséquences négatives du Brexit pour notre commerce, pour notre industrie, pour notre capacité d’innovation, pour notre défense.

    Et pour le reste consacrer tous nos efforts à l’essentiel : maintenir une politique énergétique qui ne nous prive pas demain d’électricité, au nom de l’idéologie écologique dominante. Et pour la sécurité : rester ouvert aux nombreux cas de figure possibles, ne pas rêver à une défense européenne née toute armée, mais utiliser à fond les possibilités non négligeables de regroupements ad hoc que fournissent l’OTAN et l’UE pour pouvoir mettre sur pied, le cas échéant, en fonction des problèmes et avec ceux de nos partenaires qui le souhaiteront, des combinaisons de forces crédibles.

     

    Illustration : Flocke et ses trois oursons polaires nés dans le parc. Ils sont à l’abri dans un environnement contrôlé, petits citoyens européens protégés de tout et même de vivre. Marineland, Antibes.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Duhamel : un zeste de gauche caviar, par Gabriel Robin.

    L’histoire de la gauche germanoprantine débuta comme un film de La Nouvelle Vague. Elle s’achève à la manière d’un drame social des frères Dardenne ou du Festen de Thomas Vinterberg. De la pédophilie glauque des prolétaires d’Outreau à celle justifiée par les considérations psychosociales pseudo-scientifique des libertaires chics des beaux quartiers parisiens, il n’y a qu’un carnet de chèques et un carnet d’adresse pour faire office de ligne de démarcation. Les écuries d’Augias étaient-elles plus propres que les arcanes des élites républicaines contemporaines ?

    2.jpgFille de Bernard Kouchner et d’Evelyne Pisier, l’avocate Camille Kouchner a décidé de tout dire, de tout balancer sur sa « Familia grande » incestueuse, sur les liens qui unissent cette mafia rose donneuse de leçons devant l’éternel. Tout, tout, tout, nous saurons tout sur leurs fêtes somptueuses à Sanary-sur-Mer, sur leur concupiscence bravache, sur leur méchanceté intrinsèque, leur arrogance de puissants à qui rien ne résiste, si bien en cour qu’ils savent que la justice des hommes ne s’appliquera pas à eux de leur vivant. Mais les temps ont changé. L’hédonisme pervers des dominants n’est plus à la page. Ils ne trouveront pas d’avocats médiatiques pour les défendre, à l’image de Roman Polanski qui avait pu compter sur le soutien du ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner en 2009, lequel demanda très officiellement à son homologue américaine Clinton l’arrêt des poursuites contre le cinéaste polonais accusé de viol par une victime qui était âgée de 13 ans au moment des effets.

     

    L’hédonisme pervers des dominants n’est plus à la page. Ils ne trouveront pas d’avocats médiatiques pour les défendre, à l’image de Roman Polanski qui avait pu compter sur le soutien du ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner en 2009, lequel demanda très officiellement à son homologue américaine Clinton l’arrêt des poursuites contre le cinéaste polonais accusé de viol par une victime qui était âgée de 13 ans au moment des effets

     

    Treize ans, c’est l’âge auquel le jeune fils de Bernard Kouchner a commencé à être « initié » aux déplaisirs de la chair (qu’on devine triste et flasque) par son beau-père, le très respecté constitutionnaliste et politiste socialiste Olivier Duhamel. La nuit, quand le reste de la maisonnée dormait, monsieur Duhamel allait se glisser sous les draps du jumeau de Camille Kouchner pour faire ses sales petites affaires. « C’était une autre époque », diront les salauds. « Il y a prescription des faits », diront les relativistes. Est-il trop tard pour parler ? Est-il trop tard pour rendre justice ? Non. Trois fois non. Il n’est jamais trop tard pour prendre conscience que nous sommes gouvernés par une élite incestueuse qui se croit au-dessus de la morale, qui nous méprise, qui s’arroge tous les postes de pouvoir. La pédophilie d’Olivier Duhamel doit d’abord s’analyser de la sorte : c’est un acte de domination, de possession sur un être plus faible. Il voyait le jumeau de Camille comme lui et ses amis voient la France : un objet de désir devant se soumettre à leur volonté.

    Ariane Chemin décrit parfaitement l’ambiance qui régnait dans ce petit milieu où tout le monde se connaît, où les femmes des uns épousent les autres quelques années plus tard. Un cercle d’initiés ouvrant à des carrières peu risquées, puisqu’on passe d’un poste de ministre à un poste de président d’association en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Olivier Duhamel succéda ainsi directement à Bernard Kouchner au Parlement européen en 1997, quand le bel humanitaire au regard d’aigle eut envie de faire autre chose. Facile, très facile la vie de ces gens-là. Plus difficile, en revanche, pour les cœurs sensibles des enfants que leur père gavait de somnifères afin d’avoir la paix et de recevoir tranquillement ses amis du Parti socialiste et que leur belle-mère ne supportait pas, leur intimant le silence quand ils avaient le malheur de jouer à des jeux d’enfants.

    Lire aussi : Bertrand Galichon : « Le vaccin vaut toujours mieux qu’un confinement »

    Les enfants sont déjà des adultes pour cette gauche post soixante-huitarde aux velléités émancipatrices. Ils participent aux soirées des adultes qui se baignent nus dans la grande piscine de la « maison secondaire » (oui, la maison annexe de la maison de vacances), qui s’embrassent goulûment à pleine bouche, se font du pied sous les tables, devisent sur le monde et la France qu’ils se partagent entre deux verres de Bandol et quelques toasts. Il se dit qu’il arrivait parfois qu’on roule des patins à des adolescentes, exposées nues dans de grandes photographies placées sur les murs. C’est de l’art. Cette liberté sexuelle et morale est pour eux la conséquence directe de leur statut social. La France n’a pas aboli les privilèges, elle a simplement changé le casting. Olivier Duhamel a épousé l’ex-femme de Bernard Kouchner, elle-même la sœur de l’actrice Marie-France Pisier qui était l’épouse de Thierry Funck-Brentano… cousin germain du premier nommé. Tous fils et filles de, jet-setteurs n’ayant jamais manqué de rien. La belle Marie-France Pisier retrouvée suicidée attachée à une chaise en fer forgé au fond d’une piscine.

    Mise au courant des actes pédophiles de son beau-frère, elle demanda à sa sœur féministe de mettre un terme à cette relation et tout révéler. Elle n’en fit rien, arguant que son fils « n’avait pas été sodomisé » et qu’une fellation ça n’était pas « grand-chose ». Marie-France Pisier se doutait-elle que des centaines de personnes – selon Ariane Chemin – avaient eu vent de ces petits secrets sordides à Paris ? Qu’il n’était pas venu à l’idée d’un seul d’entre eux de dénoncer les crimes ? Et pour cause, Olivier Duhamel était même nommé président du cercle parisien le plus élitiste en janvier dernier. De son nom « Le Siècle », cette fondation concentre à elle-seule toute l’élite du pays. Christine Ockrent et Bernard Kouchner y ont d’ailleurs leurs ronds de serviette.

     

    Cette liberté sexuelle et morale est pour eux la conséquence directe de leur statut social. La France n’a pas aboli les privilèges, elle a simplement changé le casting

     

    Olivier Duhamel a aussi fondé l’association « Culture et Diversité » avec Marc Ladreit de Lacharrière, dont le fils a été condamné à deux reprises pour détention et diffusion d’images pédopornographiques dans l’indifférence générale – ou, peut-être, avec le concours de la communicante Mimi Marchand, à en croire ses biographes -. Ce sont ces gens, tous ces gens qui ont passé leur vie à humilier le petit qui votait Le Pen, à justifier les délocalisations d’usines, à nous expliquer doctement que nous étions des monstres froids d’égoïsme parce que nous étions réfractaires à l’immigration, des moralistes benêts quand nous restions fidèles aux valeurs familiales traditionnelles. Cette « grande famille » est une mafia.

     

    Source : https://lincorrect.org/

  • la marque de Dieu: les animaux & les hommes (3e) (70), par Jeunesse si tu savais et Poussières d'étoiles.

    JEUNESSE SI TU SAVAIS

    https://www.facebook.com/jeunessesitusavais/

    https://www.jeunesse-si-tu-savais.fr/

     

    POUSSIERES D'ETOILES

    https://www.poussieresdetoiles.fm/

    Ouvrez le lien du site à l'aide du moteur de recherche GOOGLE CHROME.

    https://www.youtube.com/channel/UCvYtt4Ws_Uc4Cj0LeLCoEJQ/videos

     

    Et voici le soixante dixième article (aussi en vidéo/audio) qu'ils nous ont adressé, en attendant la suite...

    Dieu qui est Créateur a lui aussi laissé sa marque sur toute sa Création: dans cette troisième partie voici les animaux et les HOMMES...

    https://www.poussieresdetoiles.fm/uploads/newscast/0/0/94/3faa01c4-07c3-4b11-a582-d8ccd0f4e36c.mp3

    LES ANIMAUX

    Cette même attraction, cette même marque du Créateur que l’on a vu pour les plantes, on la retrouve également chez les animaux. C’est là aussi une union sexuelle qui répond à cette loi de l’attraction universelle qui est de l’ordre biologique. Cette union entre le mâle et la femelle qui donne vie aux petits participe à la grande œuvre de la nature qu’est la transmission de la vie.

    Pour les oiseaux, par exemple, c’est une union qui est durable. Le couple d’oiseaux construit un nid pour y accueillir d’abord les œufs qu’il va couver et puis –une fois éclos- ce seront les oisillons qu’il va nourrir pendant des semaines. Avant que ces derniers ne puissent voler de leurs propres ailes. Et cette union des trois (père, mère, petits) peut se nommer famille. Ici c’est la « famille oiseau ». « Union » qui est ici aussi un reflet du Ciel et du Créateur, reflet de la « Communion » de la « Famille Dieu » qu’est la Sainte-Trinité (Père, Fils et Esprit-Saint).

    Pour les mammifères, les temps seront beaucoup plus longs et notamment l’éducation des petits pourra durer quelques mois, voire quelques années avant qu’ils ne soient autonomes. Et puissent à leur tour fonder une famille. Mais c’est le même principe qui régit cette loi pour l’ensemble des animaux (avec quelques variantes, mais l’exception ne confirme-t-elle pas la règle ?). Aussi bien pour les mammifères, que pour les sauriens ou les insectes… Et pour l’ordre animal cette attraction, cette union est mue par ce que l’on appelle « l’instinct sexuel » ou de reproduction.

    Mais on retrouve toujours cette union pour développer la Création et la Vie, véritable marque du Créateur. Qui cependant n’avait rien d’obligatoire, puisque aussi bien pour les plantes que pour les animaux, on aurait très bien pu concevoir une Création qui se fasse sans cette forme de partage, sans cette union des trois.

    Cette marque du Créateur et cette attraction universelle donnent ici aussi une union de trois pour l’accueil et la transmission de la Vie. La Vie, merveille essentielle de la Création. A travers un tableau, qui est l’œuvre d’un peintre, on comprend mieux et on admire le peintre. Quand on contemple le « Livre des Merveilles de la Création » on peut comprendre et louer le Créateur. *On contemple Dieu à travers la beauté de son œuvre, de sa Création. *

    LES HOMMES :

    « HOMME ET FEMME IL LES CREA  »

    (Gen. 1,27)

    Au sommet de la Création, celui qui est le résumé de l’ensemble, résumé, à lui tout seul, de toute l’histoire de l’Univers, c’est l’HOMME. Il est à la fois matière, donc il participe de l’ordre de cette attraction physique et chimique; il est végétal, il participe à l’attraction biologique aussi ; et également animal, et lié à l’attraction qui est ici de l’ordre de l’instinct. Et il a une dimension supplémentaire qui est l’ordre humain (avec conscience, intelligence et âme), si on s’en réfère à la Bible l’Homme est au sommet de la Création: « Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu, il créa l'homme et la femme. Dieu les bénit, et Dieu leur dit: Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l'assujettissez; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre… » (Gen 1,28).

    L’Homme est à la fois matière (composé d’atomes), corps animé (d’où le mot animal : qui se meut, à la différence des plantes) et âme (humaine et spirituelle – immortelle). Il est la somme et le sommet de la nature et à l’image de Dieu-Trinité.

    L’homme est à la fois corps par la nature – donc une union de l’ordre sexuel pour transmettre la vie, comme pour les animaux - mais il est aussi esprit et âme (don et image de Dieu), et là cette union, homme-femme-enfants, devient communion grâce à l’Amour. Quand un garçon devient amoureux d’une fille, on dit qu’il est attiré par cette fille. Pour l’homme la loi de l’attraction universelle ne se résume pas à une union liée à une attirance électrique et chimique (comme pour les atomes), de gènes (comme pour les plantes) ou d’instinct (comme pour les animaux) mais elle est aussi l’Amour, et cette union-là on peut l’appeler communion comme pour Dieu. Car l’Amour est la caractéristique de Dieu-Trinité, de Dieu qui est Amour. C’est l’attraction universelle qui aboutit ainsi pour l’Homme, créé à l’image de Dieu, à l’Amour – avec un grand A bien sûr - entre l’homme qui va aimer la femme, la femme qui va aimer l’homme, qui vont tous deux aimer les enfants, les enfants qui vont aimer leur père et leur mère. C’est une communion d’Amour qui existe ainsi entre les trois personnes de la Famille à l’image de Dieu-Trinité. « Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu, il créa l'homme et la femme. Dieu les bénit, et Dieu leur dit: Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre,… » comme le rapporte la Genèse (1,28). On pourrait même résumer cela : « à l’image de Dieu, homme et femme et enfants, il les créa ». Car cette union des trois, cette communion est un fruit de l’Amour et un don de Dieu. Cette loi de l’attraction universelle devient pour l’homme la loi de l’Amour.

    Et sur terre Dieu a choisi une icône parfaite de l’image de Dieu-Trinité que devrait devenir toute famille unie par l’Amour. C’est la Sainte-Famille, Jésus-Marie-Joseph, un exemple pour toutes les familles du monde. Dieu-Trinité (Père, Fils, Esprit-Saint) a voulu s’incarner dans une famille. Une personne de la Sainte Trinité qui est le Fils, Jésus, est devenu aussi une personne de la famille humaine, en devenant un membre de la Sainte-Famille. Voici Jésus-Marie-Joseph qui sont comme le reflet sur un lac de la Sainte-Trinité qui se trouve au Ciel. L’image 2D du 3D que l’on trouve au Ciel. Jésus est à la fois membre de la Sainte Trinité et membre de la Sainte-Famille, Dieu (le Fils) fait Homme (le nouvel Adam).

    L’homme est ainsi l’addition et l’accomplissement de la Création, avec la matière, le végétatif, l’animal et l’humain. Et il retrouve Dieu, son Créateur, par l’intermédiaire de cette Sainte-Famille. Une image représentant ce que doit pouvoir faire l’homme qui est aussi de l’ordre du divin. Puisque Jésus est venu réconcilier l’Homme avec Dieu et le faire accéder à cette vie divine qui peut devenir une vie éternelle.

    EN CONCLUSION

    La loi de l’attraction universelle, marque de Dieu-Trinité (infini de l’Amour), donne en l’Homme, à la fois ce lien entre Dieu-Trinité et l’ensemble de la Création - l’Homme étant façonné à partir de la matière et de tous les stades de la Création - mais aussi l’image de Dieu avec une âme destinée à être éternelle en se reposant sur l’Amour. Amour - qui est débordement de Création et de Vie - issu de la communion entre les trois personnes de la Sainte-Trinité.

    A VOIR AUSSI SUR NOTRE SITE:

    -la 1ère partie: de l'atome à l'étoile

    - 2eme partie: les plantes

  • Gilles-William Goldnadel: «Théo est mort dans le silence des “antiracistes” sélectifs».

    Gilles-William Goldnadel AFP

    Alors que le jeune Théo a été assassiné par un ressortissant sénégalais disposant d'un titre de séjour valable jusqu'en juillet 2021, une partie du monde culturel et médiatique rabâche la même vulgate indigéniste. L'essayiste et avocat Gilles-William Goldnadel dénonce un antiracisme qui choisit ses victimes et ses coupables.

    La dilection pour l'altérité non-occidentale, ou pour le dire plus crûment, la préférence pour cet Autre qui n'est pas blanc me paraît, au prix de me répéter inlassablement, le marqueur indélébile de la débilité du temps. Trois exemples tirés de l'actualité de la semaine.

    À Claye-Souilly, Théo, 18 ans, a été poignardé à mort par un délinquant sénégalais en situation régulière en France, disposant d'un titre de séjour en bonne et due forme, valable jusqu'au 20 juillet 2021, déjà connu des services de police... Ce martyr innocent est également victime de l'occultation délibérée par la presse conformiste ordinairement antiraciste.

    Au rebours du Figaro, Le Monde et France Inter ont tu soigneusement le statut et l'origine du meurtrier. Des tartuffes pourraient objecter qu'il est dangereux de focaliser racialement.

    Il faudra nous expliquer dans ce cas leur insistance chromatique obsessionnelle sur les couleurs de peau de Derek Chauvin et de sa victime Georges Floyd.

    Pauvre Théo, définitivement disparu et passé à la trappe médiatique. Son célèbre homonyme, toujours en vie, aura occupé durant des jours l'espace médiatique jusqu'à voir son cas évoqué par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU. Obscénité de la différence de traitement du fait de société. Le fait divers n'est édifiant que s'il concerne la diversité.

     

    (...) l'invitation faite à Spike Lee de présider le jury du festival de Cannes est la preuve la plus emblématique de cet antiracisme sélectif qui montre l'indulgence pour l'Autre en même temps que le mépris des siens.

     

    Jeudi dernier, huit heures et douze minutes sur France Inter. Reportage empathique sur Khaled, migrant algérien qui tente de pénétrer illégalement sur le territoire français en suite de la faillite économique de son pays. Khaled décrit son «rêve». Il ne viendrait pas à l'idée du journaliste de service public d'interviewer avec la même empathie Pierre qui raconterait son cauchemar de voir pénétrer tous les Khaled au mépris de la souveraineté et de la sécurité de son pays.

    Mais pour être moins dramatique, l'invitation faite à Spike Lee de présider le jury du festival de Cannes est la preuve la plus emblématique de cet antiracisme sélectif qui montre l'indulgence pour l'Autre en même temps que le mépris des siens.

    L'homme noir au smoking rose a été accueilli en héros sur la Croisette.

    Il commence évidemment son discours par la stigmatisation des violences policières dans son pays et la victimisation de ses frères de couleur : «quand vous voyez le roi George Floyd, tué, lynché, vous pourriez croire et espérer que plus de 30 putains d'années après, les personnes noires ne soient plus chassées comme des animaux».

    Et l'AFP de résumer : «Spike Lee a placé d'emblée le festival sous le signe de la lutte, dénonçant les discriminations raciales et de genre».

    C'est donc sur ce territoire hagiographique que Libération évoque «sa stature de guérillero» tandis que le Monde rend hommage à un «infatigable militant».

    Sauf que sous ce statut gratifiant, gît un individu autrement moins reluisant.

    C'est ainsi que dans son film Get on the Bus (1996), où le méchant de l'histoire est un chauffeur juif, Spike Lee célèbre la Marche du Million, une manifestation organisée un an auparavant à Washington par Louis Farrakhan, le leader raciste noir, antisémite, négationniste et homophobe de la Nation de l'Islam, organisation suprémaciste, noire et islamiste. Prêcheur de haine, Farrakhan a traité les blancs de «diables aux yeux bleus», Hitler de «très grand homme» et les juifs de «sangsues» accusées d'avoir fomenté le trafic d'esclaves et de diriger le gouvernement, l'économie, Hollywood et les médias. Pas gêné pour si peu, Spike Lee déclare: «Je suis allé voir le ministre Farrakhan pour avoir sa bénédiction». Lee fait même appel aux miliciens violents de l'organisation raciste pour sécuriser les plateaux de ses films.

    Péchés de jeunesse de Spike aujourd'hui prescrits ? En 2014, Farrakhan considère le judaïsme comme un «mensonge trompeur» et évoque encore ces «juifs sataniques qui contrôlent tout».

    Cela n'empêche pas Lee de l'embrasser voluptueusement à l'avant-première de son film Chi-Rak à Chicago en 2015.

    La sollicitude bienveillante de Spike Lee est identique à l'égard d'un autre raciste et antisémite noir, son «ami» Al Sharpton qui aura servi de modèle à Tom Wolff dans son Bûcher des Vanités pour camper son sulfureux révérend Bacon. Al Sharpton s'est rendu célèbre lorsqu'en 1991, après qu'un conducteur juif d'une ambulance tue accidentellement un garçon noir, il encourage de violentes émeutes dans le quartier de Crowh Heights à Brooklyn. : «Les juifs sont des «marchands de diamants» avec «du sang de bébés innocents sur les mains». Un étudiant israélite est même tué par une bande qui le poignarde à cette occasion. Cet épisode qui le discrédita fut narré en décembre 2014 dans Le Monde qui l'oublia lorsqu'il évoqua sans esprit critique l'homélie du pasteur en hommage à Georges Floyd.

    Cela n'empêcha pas l'antiraciste Spike Lee de faire l'apologie de Sharpton en 2020 : «Mon frère a été à l'avant-garde de nos batailles encore et toujours. Depuis très longtemps jusqu'à cette révolution actuelle dans laquelle se trouve le monde. Le révérend a parlé de Black Lives Matter dès le début ... J'ai hâte, d'être debout à ses côtés…»

    Le réalisateur «antiraciste» encensé a également relayé une théorie conspirationniste extravagante selon laquelle le gouvernement américain a créé le virus du sida : «tout d'un coup une maladie surgit de nulle part …qui cible spécifiquement les gays et les minorités. La maladie mystérieuse, ouais, à peu près aussi mystérieuse que le génocide… je suis convaincu que le sida est une maladie conçue par le gouvernement», déclare-t-il au magazine Rolling Stone.

    Autre morceau de bravoure: après avoir visité l'Afrique du Sud «l'antiraciste» déclare: «je voulais sérieusement prendre une arme et tirer sur des blancs. La seule façon de résoudre les problèmes est un bain de sang».

     

    Est-il imaginable que les organisateurs du festival de Cannes demandent à un réalisateur blanc, admirateur du Klu Klux Klan , de présider le jury ?

    Gilles-William Goldnadel

     

    Racialiste jusqu'au bout des ongles, Spike Lee avoue son dégoût pour les couples mixtes :

    «Je ne vois jamais d'hommes noirs avec de belles femmes blanches… Et vous voyez toujours des hommes blancs avec de belles femmes noires». Lui-même a promis de ne jamais entretenir de relations avec des femmes blanches : «Je ne trouve pas les femmes blanches attirantes. C'est tout. Il y a beaucoup trop de belles femmes noires» dans le même entretien à Playboy, il ajoutait sans complexe : «les Noirs ne peuvent pas être racistes».

    À ce stade terminal, une question : est-il imaginable que les organisateurs du festival de Cannes demandent à un réalisateur blanc, admirateur du Klu Klux Klan , de présider le jury ?

    La réponse est dans la question : Inimaginable.

    Pourquoi donc en conséquence avoir rendu à Spike Lee cet hommage indu alors que les faits ci-dessus relatés étaient notoires ? On pourrait évidemment expliquer cette inconséquence assez répugnante par l'insoutenable légèreté de l'être artistique progressiste. Cette explication est convaincante car elle cache en creux l'insoutenable préférence « progressiste » pour l'Autre.

    On signalera que cette préférence raciale est mortelle, sans doute pourquoi Théo est mort dans le silence mortel des racistes sélectifs.

     

    Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Chaque semaine, il décrypte l'actualité pour FigaroVox.

    Source : https://www.lefigaro.fr/