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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Dans notre Éphéméride de ce jour... : la Nouvelle religion républicaine contre nos Racines chrétiennes...

    1905 : Séparation de l'Église et de l'État

     

    Voulue par Émile Combes (ci dessous), et après 9 mois de débat houleux, la Loi sur la séparation de l'Église et de l'État est votée par le Sénat à 179 voix contre 103.

    Le président de la République, Émile Loubet, proclame la nouvelle loi et le Journal Officiel la publiera dès le lendemain.   

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    De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre XXI, La Troisième République. :   

    "...Le ministre des Affaires étrangères de Waldeck-Rousseau, Théophile Delcassé, était d'origine radicale. Il gardait l'ancienne tradition du parti, opposé aux aventures lointaines et au rapprochement avec les vainqueurs de 1870. Il liquida l'affaire de Fachoda, et la France fut réconciliée avec le gouvernement britannique. Cette réconciliation nous associait aux intérêts de l'Angleterre et, si elle nous donnait une garantie contre l'Allemagne, nous ramenait au danger d'une guerre continentale. Telle était la situation au lendemain des agitations de l'affaire Dreyfus, quand le gouvernement de défense républicaine, placé sous la dépendance de l'extrême gauche, cédait à la démagogie anticléricale et antimilitaire.

    À Waldeck Rousseau succéda, en 1902, Émile Combes, qui, appuyé sur la nouvelle majorité radicale-socialiste et socialiste sortie des élections, passa de la défense républicaine à l'offensive. Waldeck avait poursuivi les congrégations, mais non l'Église. Combes alla jusqu'au bout de l'anticléricalisme, jusqu'à la rupture des relations avec le Saint-Siège, jusqu'à la séparation de l'Église et de l'État, depuis longtemps inscrite au programme des républicains avancés et toujours différée.

    Cette guerre religieuse troublait et divisait le pays en faisant renaître le délit d'opinion et en créant une catégorie de suspects, écartés des emplois et mal vus des autorités, parmi les Français qui ne partageaient pas les idées du gouvernement La politique s'introduisait dans l'armée elle-même, tenue jusque-là hors des discordes civiles. La délation des "fiches" s'organisa contre les officiers qui allaient à la messe.

    En même temps, les propagandes les plus démagogiques s'exerçaient librement, même celle qui attaquait l'idée de patrie. Le pouvoir, les places, tout était entre les mains d'un petit nombre d'hommes et de leurs protégés, tandis qu'Émile Combes, fanatique désintéressé, couvrait ces abus et ces désordres. Dans la majorité elle-même, quelques républicains commencèrent à s'inquiéter. Chose remarquable : ce fut Alexandre Millerand qui conduisit la lutte contre un régime qu'il appela lui-même "abject". Un socialiste annonçait le retour vers la modération..."

     

     Dans notre album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet , voir la photo "Waldeck l'expulseur"

     

     

    1AA.jpg  En réalité, ce triste et douloureux épisode montre bien la nature réelle de ce que l'on appelle "République française", et qui n'est nullement une république, au sens qu'a ce mot partout ailleurs dans le monde, mais une république idéologique, qui se pense et qui se veut une nouvelle religion messianique, avec l'universalité de ses soi-disant Droits de l'Homme, elle qui est "assise" sur le Génocide vendéen !...

    Cette Nouvelle Religion Républicaine est, certes, anti-royaliste, mais elle est avant tout, d'abord et surtout anti-chrétienne. Son but profond, permanent et premier est d'anéantir la religion chrétienne traditionnelle de la France, et de se substituer à elle.

    On se reportera aux deux dernières photos de notre Album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet :

     

    et

     

     

    Ainsi qu'à notre Éphéméride du 16 février, sur le Ralliement à cette République follement demandé aux catholiques français par un Léon XIII aussi aveugle que naïf, et qui devait d'ailleurs déclarer, plus tard, mais dans l'intimité, "ils nous ont bien eu"...

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  • Dans notre Éphéméride de ce jour : 1802 : Parution du Génie du Christianisme...

        "...Il est temps qu'on sache enfin à quoi se réduisent ces reproches d'absurdité, de grossièreté, de petitesse qu'on fait... au christianisme, il est temps de montrer que, loin de rapetisser la pensée, il se prête merveilleusement aux élans de l'âme..."

     

    Après la tourmente révolutionnaire, qui tenta d'anéantir le christianisme et de séparer la religion catholique et la France, Le Génie du Christianisme inaugure un mouvement qui va de pair avec la pacification religieuse voulue par Bonaparte : le Concordat est signé quatre jours plus tard...

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    Le Génie du christianisme a eu un retentissement majeur sur son temps et une influence effective sur plusieurs générations. Sainte-Beuve en parlera comme d' "un coup soudain, un coup de théâtre et d'autel, une machine merveilleuse et prompte jouant au moment décisif et faisant fonction d'auxiliaire dans une restauration sociale d'où nous datons" 

    Et Mme Hamelin, dans ses Souvenirs, écrivait :

    "Ce jour-là, dans Paris, pas une femme n'a dormi. On s'arrachait, on se volait un exemplaire. Puis quel réveil, quel babil, quelles palpitations ! Quoi, c'est là le christianisme, disions-nous toutes ; mais il est délicieux.".

     

    La réception enthousiaste du livre ne doit pas éclipser la profondeur et la durée de son impact sur la société française dans ses manières de penser le divin et de croire 14 avril,exposition universelle paris 1900,petit palais,grand palais,pont alexandre iii,rené barthélemy,druon,lakmé,leo delibessur fond de déchristianisation galopante. Aujourd'hui, que nous dit Le Génie du christianisme ? Que Dieu est dans tout, dans la pléthore comme dans le manque. La nature dit d'évidence qu'il est, à travers la beauté désarmante des paysages d'où il s'est retiré. Le coeur le dit tout aussi nettement, dans l'impossible possession de l'objet de son désir. Dieu n'apparaît jamais mieux que dans le vide laissé par son absence, explique Chateaubriand.

    Cette idée a-t-elle cessé de nous parler ? Si oui, le Génie nous est devenu totalement illisible. Sinon, le Génie nous demeure accessible :

    "C'est le pari que nous faisons dans ce livre écrit sous l'emblème de l'abeille qui sait d'instinct où elle doit chercher sa nourriture et qui sait transformer son regard pour faire son miel de ce que le passé lui présente."   

     

    Du Grand Dictionnaire universel du XIXème siècle, par Pierre Larousse :

    1. Le Génie du christianisme est l'ouvrage dogmatique de Chateaubriand. Lui-même en résume ainsi la pensée :

    "De toutes les religions qui ont jamais existé, la religion chrétienne est la plus poétique, la plus humaine, la plus favorable à la liberté, aux arts et aux lettres. Le monde moderne lui doit tout, depuis l'agriculture jusqu'aux sciences abstraites, depuis les hospices bâtis pour les malheureux jusqu'aux temples élevés par Michel-Ange et décorés par Raphaël. Il n'y a rien de plus divin que sa morale, rien de plus aimable, de plus pompeux que ses dogmes, sa doctrine et son culte; elle favorise le génie, épure le goût, développe les passions vertueuses, donne de la vigueur à la pensée, offre des formes nobles à l'écrivain et des moules parfaits à l'artiste." 

    L'ouvrage entier n'est que le développement de cette théorie...

     

    14 avril,exposition universelle paris 1900,petit palais,grand palais,pont alexandre iii,rené barthélemy,druon,lakmé,leo delibes2. ..."Jamais, dit M. Villemain, jamais livre ne vint plus à propos, ne fut mieux secondé par les influences les plus diverses, par la politique, par la foi naïve, par le calcul ou la passion des esprits les plus opposés." En effet, son apparition coïncida avec le grand événement du concordat. Necker a dit à propos de cet ouvrage "que le plus mince littérateur en corrigerait aisément les défauts, et que les plus grands écrivains en atteindraient difficilement les beautés."...

     

    3. ...M. Guizot apprécie ainsi l'oeuvre de Chateaubriand :

    "M. de Chateaubriand et le Génie du christianisme ont droit à la même justice. En dépit de ses imperfections religieuses et littéraires, le Génie du christianisme à été, religieusement et littérairement, un éclatant et puissant ouvrage; il a fortement remué les âmes, renouvelé les imaginations, ranimé et remis à leur rang les traditions et les impressions chrétiennes. Il n'y a point de critiques, même légitimes, qui puissent lui enlever la place qu'il a tenue dans l'histoire religieuse et littéraire de son pays et de son temps..."

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    Par haine de nos Racines et de la Religion, la Révolution a délibérément détruit entre le quart et le tiers de notre Patrimoine (tous domaines confondus) : en plus de son impact intellectuel et moral, que l'on vient de voir, Le Génie du Christianisme est à l'origine - avec le Notre-Dame de Paris de Victor Hugo - de ce puissant mouvement d'intérêt et de sympathie envers nos monuments qui se manifesta, tout au long du dix-neuvième siècle, et qui devait culminer avec les restaurations tous azimuts des Viollet le Duc, Lassus et autres...

  • Éphéméride du 15 avril

    2019 : Notre-Dame de Paris est en feu !...

     

     

    1591 : Aux origines du Régiment de Flandre...

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     Il s'agit de l'un des dix plus anciens régiments de l'armée française.

    Au début, ceux-ci n'étaient qu'au nombre de quatre : le Régiment de Picardie, le Régiment de Champagne, le Régiment de Navarre et le Régiment de Piémont. On appelait familièrement ces régiments les "Vieux corps"...

    En 1620, le nombre de régiments fut porté à dix : aux 4 "Vieux corps" initiaux, un cinquième fut d'abord ajouté : le Régiment de Normandie; puis 5 autres régiments : le Régiment de Bourbonnais, le Régiment de Béarn, le Régiment d'Auvergne, le Régiment de Flandre et le Régiment de Guyenne : ces six nouveaux régiments reçurent le surnom de "Petits Vieux"...

    Dans notre Album Drapeau des Régiments du Royaume de France voir la photo "Les plus anciens régiments sont d'infanterie" , puis la photo "Le Régiment de Flandre"...

     

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    1600 : Création de la première Chambre de Commerce       

    15 avril,impressionnisme,impressionnistes,cezanne,degas,renoir,monnet,van gogh,henri iv,reims,deneux,bricouxPar Lettres patentes, le roi Henri IV homologue la création de la première Chambre de Commerce de France, celle de Marseille, fondée par délibération du Conseil municipal de cette ville, le 5 août 1559.

    Longtemps abritée - fort à l'étroit... - dans les locaux de l'Hôtel de Ville, ce n'est que sous Napoléon III (en 1860) qu'elle reçut un cadre digne d'elle, avec le Palais de la Bourse (ci-contre). 

     

     
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    1808 : Mort d'Hubert Robert

          

    L'un des meilleurs artistes du XVIIIème siècle, il fut Dessinateur des Jardins du Roi, Garde des tableaux du Roi, Garde du Museum et Conseiller à l'Académie.

    Il fut aussi chargé d'aménager certaines parties des résidences royales, telle que le hameau de la Reine à Trianon.

    Emprisonné sous la Terreur, il fut libéré à la chute de Robespierre.

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    Hubert Robert, Profanations de Saint-Denis...

    bibliorare.com/dessin-29.htm

     

     

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    1719 : Mort de Madame de Maintenon

     
     
     
    • Sur le château de Maintenon, et sur son Aqueduc... :
     
     

    Chateaubriand, dans ses mémoires d'Outre-Tombe, a bien donné la mesure exacte de ce grandiose monument, hélas inachevé, qui aurait vraiment été "le plus grand monument de la terre" :

    15 avril,impressionnisme,impressionnistes,cezanne,degas,renoir,monnet,van gogh,henri iv,reims,deneux,bricoux"...Les premières arcades, telles qu’elles existent, ont quatre-vingt-quatre pieds de hauteur et elles devaient être surmontées de deux autres rangs d’arcades.

    Les aqueducs romains ne sont rien auprès des aqueducs de Maintenon; ils défileraient tous sous un de ces portiques. Je ne connais que l’Aqueduc de Ségovie, en Espagne, qui rappelle la masse et la solidité de celui-ci; mais il est plus court et plus bas. Si l’on se figure une trentaine d’arcs de triomphe enchaînés latéralement les uns aux autres, et à peu près semblables par la hauteur et par l’ouverture à l’arc de triomphe de l’Étoile, on aura une idée de l’aqueduc de Maintenon, mais encore faudra-t-il se souvenir qu’on ne voit qu’un tiers de la perpendiculaire et de la découpure que devait former la triple galerie, destinée au chemin des eaux.

    Les fragments tombés de cet aqueduc sont des blocs compacts de rochers ; ils sont couverts d’arbres autour desquels des corneilles de la grosseur d’une colombe voltigent : elles passent et repassent sous les cintres de l’aqueduc, comme de petites fées noires, exécutant des danses fatidiques sous des guirlandes.

    15 avril,impressionnisme,impressionnistes,cezanne,degas,renoir,monnet,van gogh,henri iv,reims,deneux,bricouxÀ l’aspect de ce monument, on est frappé du caractère imposant qu’imprimait Louis XIV à ses ouvrages. Il est à jamais regrettable que ce conduit gigantesque n’ait pas été achevé : l’eau transportée à Versailles en eût alimenté les fontaines et eût créé une autre merveille, en rendant leurs eaux jaillissantes perpétuelles; de on aurait pu l’amener dans les faubourgs de Paris. Il est fâcheux, sans doute, que le camp formé pour les travaux à Maintenon en 1686 ait vu périr un grand nombre de soldats; il est fâcheux que beaucoup de millions aient été dépensés pour une entreprise inachevée. Mais certes, il est encore plus fâcheux que Louis XIV, pressé par la nécessité, étonné par ces cris d’économie avec lesquels on renverse les plus hauts desseins, ait manqué de

  • Feuilleton : ”Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu”... : Léon Daudet ! (52)

     

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     (retrouvez l'intégralité des textes et documents de ce sujet, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

    Aujourd'hui : "La Commune", une vaste machination "voulue" ?...

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    ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...

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    De "Paris vécu", Première série, rive droite :

    1. Page 205/206 :

    "...Il y a un surnaturel dans Paris et, j'ajouterai, un diabolique. Les évènements de la Commune, dans leur perversité farouche, l'attestent.
    La rue du Chevalier de la Barre - cette dénomination municipale et anticléricale est bien comique - anciennement rue des Rosiers, en est la preuve.
    C'est là qu'ont été fusillés par une multitude en délire, mais certainement guidée, comme celle des massacres de septembre, les généraux Lecomte et Clément Thomas.
    Ces militaires étaient inconnus la veille. Ce meurtre ne correspondait à rien, si ce n'est comme les incendies de mai 71, à creuser un fossé de sang et à rendre inévitable une répression sans merci.
    Pour moi, tout cela pue la police. La Commune était bourrée d'indicateurs, au premier rang desquels Raoul Rigaud et, à la fin, les assassins du lieutenant de Sigoyer, sauveur du Louvre, au prix de sa vie..."

    2. Pages 45/46/47 :

    "...La rue de la Roquette vient se jeter dans cet océan de tombes et d'histoire qu'est le Père-Lachaise, comme un fleuve se jette dans la mer.
    Voici la houle des siècles, l'embrun des larmes, la marée des générations.
    La Commune de Paris (1871) a marqué de sa forte empreinte, comme de cris figés, le silence métaphysique et théologique de ce lieu, où conversent, au printemps, l'arbre et l'oiseau avec les ossements.
    Le mur des Fédérés, c'est du Tourneur et du Skakespeare. La "Tragédie de l'Athée", la "Tragédie du Vengeur", s'y fondent dans Hamlet.
    L'erreur des hommes, la pitié, la colère, ces trois sorcières ont ici leurs chaudrons, leurs larves, leurs imprécations.
    On voit encore les balles dans le mur où sont accrochées des couronnes fanées. Nous avons rencontré là souvent des jeunes fauves à casquettes, hommes et femmes, tendus par une haine concentrée de la société, qui leur durcissait le regard, mâchant le pain amer de la révolte et du souvenir.
    Mais que faire en un pareil lieu, si l'on n'y prie pas ? C'est le vide.
    Alphonse Daudet a raconté comme il sait le faire les batailles de la semaine de mai qui jetaient, au Père-Lachaise, des cadavres chauds sur les cadavres froids des ensevelis.
    Parmi les chefs de ce mouvement cauchemar, et qui semble issu d'un "Capricio" de Goya, il y avait des policiers comme Raoul Rigault, des illuminés patriotes comme Rossel, des héros dévoyés comme le père Delécluze, des braves gens influençables comme Jourde, des exacerbés de l'esprit de justice comme Pascal Grousset, des convaincus concentrés comme Féré, des méchants sadiques comme Vallès, des déments comme Gill, des alcooliques, des idéologues, des loups enragés, des hyènes et des chacals.
    Parmi les femmes, rééditions des tricoteuses, il y avait une soeur de charité en carmagnole, Louise Michel, des filles en furie, des absinthées, des folles criminelles, des "Juliette" du ruisseau entraînées par des "Roméo" en casquette, toute la lie érotique de Paris.
    Ces journées, bien contées par Vuillaume, témoin direct, assez bien contées par Descaves, témoin indirect, déformées par Maxime du Camp, qui vont du 18 mars au 28 mai 1871, sont une étrange et convulsive réduction des horreurs de la Révolution française.
    Il y eut là des re-Marat, des re-Robespierre, des re-Terwagne de Méricourt, des re-Fouché, des re-Barrère, des re-Danton, des re-Fabre d'Eglantine, des re-Père Duchêne.
    Les massacres de septembre ont leur réplique dans le massacre des Otages. Foulon et Bertier sont remassacrés dans les uniformes de Lecomte et de Clément Thomas.
    C'est à croire qu'une onde de terreur, chargée d'atrocités, de malaise et de rage, est revenue, après une gravitation de soixante-dix-huit ans, s'abattre sur Paris et ses habitants, réincarnant ses girations sanglantes et ses figures épileptiques après trois générations.
    Ni 1830, ni 1848 n'avaient eu ce caractère de reviviscence barbare..."

  • Au cinéma : Pas de vagues, par Guilhem de Tarlé

    Pas de vagues - Film 2023 - AlloCiné

     

    A l’affiche : Pas de vagues, un film français de Teddy Lussi-Modeste, avec François Civil  (Julien), d’après l’histoire vécue par le réalisateur quand il était professeur en collège.

    « Donc, si vous me croyez, mignonne,

    Tandis que votre âge fleuronne

    En sa plus verte nouveauté,

    Cueillez, cueillez votre jeunesse ».

     

    Ne me faites pas dire ce que je n’écris pas, mais permettez-moi de poser d’abord la question de l’enseignement de Ronsard, et de bien des choses, à des classes où siègent côte à côte des enfants qui deviennent des toutes jeunes filles, et des garçons qui approchent de l’adolescence. C’est certainement la première difficulté à laquelle s’est heurté Julien, aggravée par une mixité de culture, de mœurs et de religions. L’amour courtois ne relève-t-il pas de l’identité de la France ?

    Dans un contexte politiquement très correct le réalisateur nous  raconte le calvaire d’un enseignant face à une classe très majoritairement d’origine africaine - qui ne sait pas qu’il a un amant - sous la pression de trois collégiennes « de souche » dont l’une d’elles l’accuse de harcèlement.

    Le titre Pas de vagues montre suffisamment le déni que le réalisateur dénonce… mais, après tout, ces enseignants n’ont-ils pas leur part de responsabilité dans la situation qu’ils subissent, eux qui affirmaient que l’immigration était « une chance pour la France », et faisaient cours en arborant un badge « touche pas à mon pote » ?

    Malgré les réserves dommageables que j’évoquais ci-dessus, je ne peux que recommander cette réalisation qui nous plonge dans l’enfer concocté par une classe politique qui, plutôt que de l’écouter, à voué aux gémonies un véritable lanceur d’alerte dont la fille n’est qu’un pâle reflet.

    Après l’ « hirsutisme » de Rosalie, j’ai eu, en outre, le plaisir d’enrichir à nouveau mon vocabulaire mais, n’en déplaise au réalisateur,  je constate que l’ « astéisme » ne figure pas au Dictionnaire de l’Académie française.

    Ajoutons pour conclure que ce docufiction devrait être présenté et commenté aux apprentis enseignants car il pointe du doigt les fautes à ne pas commettre…

    Le professeur n’est pas le « copain » des enfants qu’il doit instruire ; il n’appuie pas une démonstration sur telle caractéristique de telle ou tel élève qui n’osera pas répliquer ; il ne privilégiera pas un groupe  – fussent-ils les meilleurs – dans une invitation privative qui n’émulera pas les autres mais au contraire créera une scission dans sa classe.

    Seule la notation des devoirs doit sélectionner les élèves. Je sais la ringardise de ces « notes » et de cette « sélection », mais j’assume.
    Mai 68 a démoli l’autorité des professeurs et, dans son élan, Edgar Faure, ministre de l’Éducation nationale a supprimé les estrades. Julien en est une victime.

    il est grand temps de remettre profs et élèves chacun à leur place, contrairement à ce que nous chantions à la veille des grandes vacances :

    « les cahiers au feu

    Et le professeur au milieu ».

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  • Feuilleton : ”Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu”... : Léon Daudet ! (9)

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    Aujourd'hui : À Lamalou (II) : Le cours de Mathias Duval

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    ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...

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    De "Devant la douleur", pages 194 à 196 (fin du chapitre VI) :

    "...Je citais l'embryologie parmi les sciences et jeux d'esprit qui contribuaient à nous germaniser.
    Or nous avions cependant, à la Faculté de médecine, le maître le plus clair, le plus complet, le plus admirable de l'histoire du développement de l'oeuf humain, le professeur Mathias Duval.
    J'ai suivi son cours pendant un an. Il professait dans une salle du rez-de-chaussée du musée Dupuytren et il n'avait jamais plus d'une trentaine d'auditeurs. Mathias Duval possédait au plus haut point ce don d'exposer, de déplier délicatement une difficulté intellectuelle, de la faire miroiter sous des incidences diverses de l'imagination, qui est l'apanage des grands parmi les grands.
    Il laissait son esprit travailler devant ses élèves, ce qui force - je l'ai remarqué - l'attention la plus rebelle, par l'illusion où est l'auditeur de collaborer à une découverte.
    A son neveu, qui faisait ses études en même temps que moi, je répétais souvent : "Ton oncle est un génie." J'étais sûr de ne pas me tromper.
    Ce visionnaire de la continuation de l'espèce eût pu s'écrier, comme dans la "Tentation de Saint Antoine" : "J'ai vu naître la vie."
    Pendant qu'il parlait, de sa voix mesurée, posée, calme, lucide, on avait l'impression du punctum saliens, du point cardiaque qui commence à battre et d'où sortira l'homme tout à l'heure, avec l'infinie imbrication, le déliement, le godron de ses souples organes.
    On avait l'impression que le plan du temps se repliait sur celui de l'espace, que le successif devenait simultané.
    Ce cours avait la saveur vertigineuse de l'infini. On songeait au docteur Faust, à des sorcelleries limpides.
    Nous étions une demi-douzaine de wagneromanes que hantaient ces analogies un peu tirées par les cheveux, où se complaît la jeunesse laborieuse : "...C'est un plaisir voisin de celui de Wagner... Il devait y avoir, dans Wagner, un embryologiste qui s'ignorait... L'idéal, ce serait de voir passer des coupes d'embryon, présentées par Mathias Duval, sur le prélude de Tristan ou de Parsifal." C'était bébête, mais ces réflexions peignent à merveille notre fièvre scientifico-musicale.
    Quant à Mathias Duval, il ne me semble pas qu'il ait, même aujourd'hui, la place éminente à laquelle il aurait droit.
    Aimable, affable, distant vis-à-vis des importuns, donnant le sentiment de la sérénité dans la force, d'une élévation naturelle qui le tenait à l'écart des brigues et intrigues de Faculté, fuyant le bruit et la réclame, il demeure pour moi, comme pour beaucoup d'autres, une des plus belles, des plus nobles figures de la science française...
    Souvent, quand je pense à ma jeunesse, à mes emballements, à l'Ecole de médecine, sur cette terrasse d'Elseneur que chacun de nous porte en soi, j'aperçois la haute stature, la silhouette émouvante, de cet homme froid, aigu, d'au-delà de la connaissance, que fut le professeur Mathias Duval."

  • Feuilleton : ”Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu”... : Léon Daudet ! (21)

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     (retrouvez l'intégralité des textes et documents de ce sujet, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

    Aujourd'hui : Trois maîtres : Just Lucas- Championnière, "admirable maître", Maurice Nicolle, "savant hors ligne" et Paul Reclus...

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    ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...

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    Just Lucas-Championnière, 15 août 1843-22 octobre 1913.

     

    De "Devant la Douleur", pages 82/83 :

    "...Par contre, j'ai gardé un souvenir emerveillé des salles de Lucas-Campionnière à l'Hôtel-Dieu.
    Cet admirable maître fut le premier à appliquer rigoureusement les méthodes pastoriennes à la chirurgie.
    Nous montions chez lui prendre une leçon de minutieuse propreté, depuis les lits des malades, les vêtements des aides, jusqu'aux instruments.
    Il opérait sans se presser, avec la grande préoccupation de laisser à son patient une existence possible, non diminuée par un trop grand saccage.
    Il était économe des membres et des tissus d'autrui, d'une discrète charité, nullement desséchée par sa longue pratique.
    Il demeurera, en dépit de sa modestie, une des très, très belles figures de la science française.
    J'ai souvent regretté de n'avoir pas été son élève..."

     

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    Maurice Nicolle (1862-1932).

     

    De "Devant la Douleur", page 86 :

    "...Maurice Nicolle, depuis chef de laboratoire chez Pasteur, était déjà, bien que tout jeune, un savant hors ligne; d'une érudition immense, d'une intelligence égale, d'un caractère rigide et entier.
    Quand il avait déclaré, en levant le médius de la main droite et en avançant le maxillaire inférieur, qu'un tel était "un type ultra-médiocre" ou au contraire "un type épatant", il n'y avait qu'à s'incliner.
    On le savait aussi calé en littérature et en musique qu'en médecine et en histoire naturelle, critique sévère, mais excellent, avec cela sans nulle pédanterie.
    Bref, quand dans notre génération on avait dit "Maurice Nicolle", on avait tout dit.
    Il avait été reçu second à l'internat dans cette même promotion où le premier fut Arrou, qui depuis a fait une carrière si brillante dans la chirurgie.
    Ses maîtres ne tarissaient pas d'éloges sur son compte. Il était pour ses malades le dévouement même. Enfin, de l'avis unanime, la médaille d'or lui revenait de droit, même sans concours..."

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     Paul Reclus, 1847-1914

     

    De "Salons et Journaux", pages 219/220 :

    "Le chirurgien Paul Reclus était aussi anarcho qu'il est possible de l'imaginer, mais d'une séduisante intelligence et savoureux comme un pain un peu brûlé.
    Quand j'apercevais, de l'antichambre, sa petite silhouette grisonnante, son visage creusé, sa barbiche, j'allais à lui tout droit, avec la certitude d'entendre quelque chose de neuf et d'intéressant...
    ...avec cet homme-là, toute dispute tournait à un peu plus de sympathie pour lui, vu sa bonne foi, sa chaleur et ce je ne sais quoi qui émane d'une personne dévouée au genre humain, sans phrase ni attitude...
    ...Peu dialecticien, il n'écoutait guère les raisons qu'on lui donnait, car la charité, la générosité l'emportaient en lui sur le jugement.
    Il était, dans son métier, un dispensateur de bienfait, une conscience scrupuleuse, "quelqu'un de chic", comme on dit en salle de garde. Et comme il riait bien, franchement !
    Je ne pardonne pas à la mort d'avoir enlevé si tôt Vivier, Brissaud et Reclus. Après tout, peut-être leur en voulait-elle de la retarder trop souvent..."

  • L'Europe, empire allemand ? Les analyses de Jean-Michel Quatrepoint*

     

    Nous donnons une fois de plus la parole à Jean-Michel Quatrepoint, parce que ses analyses, données au Figaro, sont à la fois extrêmement lucides, réalistes, fondées sur une profonde connaissance des sujets traités, et que les positions qu'elles expriment sont presque en tous points les nôtres. Nous n'y ajouterons rien si ce n'est que la question posée en titre ne doit pas être comprise en termes d'hostilité à l'égard de l'Allemagne. La position dominante qu'elle occupe aujourd'hui en Europe est due en grande partie au décrochage de la France... Ajoutons pour finir que nous publierons demain le deuxième volet de cette réflexion : « Traité transatlantique : le dessous des cartes ».   LFAR

     

    PHO1159e20e-cc52-11e3-a4f2-b373f3cdeec9-150x100.jpgPour le journaliste économiste Jean-Michel Quatrepoint, auteur du Choc des empires, la construction européenne a totalement echappé à la France et se trouve désormais au service des intérêts allemands. Première partie de l'entretien accordé au Figarovox.

    Dans votre livre vous expliquez que le monde se divise désormais en trois empires : les Etats-Unis, la Chine, l'Allemagne. Qu'est-ce qu'un empire ?

    Pour être un empire, il faut d'abord se vivre comme un empire. Ensuite, il faut une langue, une monnaie, une culture. Sans parler des frontières. L'Amérique, c'est Dieu, le dollar et un drapeau. La Chine, c'est une économie capitaliste, une idéologie communiste et une nation chinoise qui a sa revanche à prendre, après l'humiliation subie au XIXème siècle. Quant à l'Allemagne, c'est en empire essentiellement économique. Quand Angela Merkel a été élue en 2005, son objectif premier était de faire de l'Allemagne la puissance dominante en Europe: elle a réussi. Maintenant il s'agit de façonner l'Europe à son image. Mais avec des contradictions internes: pour des motifs historiques bien compréhensibles, Berlin ne veut pas aller jusqu'au bout de la logique de l'empire. Elle n'impose pas l'allemand, et est réticente sur la Défense. Elle veut préserver ses bonnes relations avec ses grands clients: la Chine, les Etats-Unis et la Russie.

    Vous écrivez « L'Union européenne qui n'est pas une nation ne saurait être un empire ».

    C'est tout le problème de l'Europe allemande d'aujourd'hui, qui se refuse à assumer sa dimension d'empire. 28 états sans langue commune, cela ne peut constituer un empire. L'Angleterre ne fait pas partie du noyau dur de la zone euro. Les frontières ne sont pas clairement délimitées: elles ne sont pas les mêmes selon qu'on soit dans l'espace Schengen ou la zone euro. L'Europe est un patchwork et ne peut exister en tant qu'empire, face aux autres empires.

    « L'Allemagne est devenue, presque sans le vouloir, le nouveau maitre de l'Europe », écrivez-vous. Comment se traduit cette domination de l'Allemagne en Europe ? D'où vient-elle ? Sur quels outils s'appuie cette hégémonie ?

    Cette domination vient de ses qualités…et de nos défauts. Mais ce n'est pas la première fois que l'Allemagne domine l'Union européenne. A la fin des années 1980, juste avant la chute du mur, elle avait déjà des excédents commerciaux considérables. La réunification va la ralentir un instant, car il va falloir payer et faire basculer l'outil industriel allemand vers un autre hinterland. La RFA avait un hinterland, c'était l'Allemagne de l'Est: le rideau de fer n'existait pas pour les marchandises. Les sous-ensembles (par exemple les petits moteurs équipant l'électroménager allemand) étaient fabriqués en RDA à très bas coût (il y avait un rapport de 1 à 8 entre l'Ost mark et le Deutsche Mark), puis assemblés en Allemagne de l'Ouest. Avec l'équivalence monétaire décidée par Kohl à la réunification (1 deutsche mark= 1 Ost mark), les Allemands perdent tous ces avantages. Il faut trouver un nouvel hinterland pour retrouver des sous-traitants à bas coût. Ce que l'Allemagne a perdu dans la réunification, elle le retrouvera par l'élargissement de l'UE. Ce sera dans la Mittleuropa, l'espace naturel allemand, reconstitué après l'effondrement du communisme. La Hongrie, la Tchéquie, et même la Pologne: c'est la Germanie, le Saint Empire romain germanique..

    Dans un premier temps ils ont donc implanté des usines modernes dans les pays de l'Est pour fabriquer des sous-ensembles, qui sont assemblés en Allemagne où l'on fabrique un produit fini, que l'on vend avec une kyrielle de services voire avec le financement. La grande force de l'Allemagne c'est d'avoir choisi dans la division internationale du travail un créneau où ils sont quasiment seuls, l'industrie de qualité, principalement automobile (elle leur assure une part très importante de leurs excédents commerciaux).

    Un hinterland permis par l'élargissement, une « deutsche qualität », mais aussi « un euro fort » qui sert les intérêts allemands…

    L'euro c'est le mark. C'était le deal. Les Français ont péché par naïveté et se sont dit: faisons l'euro, pour arrimer l'Allemagne à l'Europe. Les Allemands ont dit oui, à condition que l'on joue les règles allemandes: une banque centrale indépendante (basée à Francfort), avec un conseil des gouverneurs dirigé par des orthodoxes, dont la règle unique est la lutte contre l'inflation, la BCE s'interdisait dès le départ d'avoir les mêmes outils que la FED ou la banque d'Angleterre et depuis peu la Banque du Japon, même si Mario Draghi est en train de faire évoluer les choses. Mais le mal est fait.

    Vous dites que l'Allemagne fonctionne sur une forme de capitalisme bismarckien mercantiliste. Pouvez-vous nous définir les caractéristiques de cet « ordolibéralisme » allemand ?

    L'ordolibéralisme allemand se développe dans l'entre deux guerres et reprend les principes du capitalisme mercantiliste bismarckien. Bimarck favorise le développement d'un capitalisme industriel et introduit les prémices de la cogestion . Il invente la sécurité sociale. Pas par idéal de justice sociale, mais pour que les ouvriers ne soient pas tentés par les sirénes du socialisme et du communisme. C'est la stratégie qu'a déployé l'Occident capitaliste entre 1945 et 1991. Le challenge du communisme a poussé l'Occident à produire et à distribuer plus que le communisme. La protection sociale, les bons salaires, étaient autant de moyens pour éloigner des populations de la tentation de la révolution. Une fois que le concurrence idéologique de l'URSS a disparu, on est tenté de reprendre les avantages acquis… 1 milliard 400 000 chinois jouent plus ou moins le jeu de la mondialisation, la main d'œuvre des pays de l'Est est prête à travailler à bas coût…tout cela pousse au démantèlement du modèle social européen. Les inégalités se creusent à nouveau.

    L'ordolibéralisme se développe avec l'école de Fribourg. Pour ses tenants, l'homme doit être libre de créer , d'entreprendre, de choisir ses clients, les produits qu'il consomme , mais il doit aussi utiliser cette liberté au service du bien commun. l'entreprise a un devoir de responsabilité vis-à-vis des citoyens. C'est un capitalisme organisé, une économie sociale de marché où les responsabilités sont partagées entre l'entreprise, le salarié et l'Etat. Il y a quelque chose de kantien au fond: l'enrichissement sans cause, et illimité n'est pas moral, il faut qu'il y ait limite et partage.

    Le mercantilisme, c'est le développement par l'exportation. Il y a d'un coté les pays déficitaires, comme les Etats-Unis et la France et de l'autre trois grands pays mercantilistes : l'Allemagne, le Japon et la Chine. Ces trois pays sont des pays qui ont freiné leur natalité et qui sont donc vieillissants, qui accumulent donc des excédents commerciaux et des réserves pour le jour où il faudra payer les retraites. L'Amérique et la France sont des pays plus jeunes, logiquement en déficit.

    Les élections européennes approchent et pourraient déboucher pour la première fois dans l'histoire sur un Parlement européen eurosceptique. Comment voyez-vous l'avenir de l'Europe ? Comment sortir de l'Europe allemande ?

    L'Europe est un beau projet qui nous a échappé avec l'élargissement, qui a tué la possibilité même du fédéralisme. On a laissé se développer une technocratie eurocratique, une bureaucratie qui justifie son existence par le contrôle de la réglementation qu'elle édicte.

    Ce qui ne veut pas dire pour autant qu'il ne faut pas avoir une bonne gestion. Il faut absolument réduire nos déficits, non pas pour plaire à Bruxelles ou à Berlin, mais parce que c'est la condition première et nécessaire du retour de notre souveraineté. John Adams, premier vice-président américain disait: « il y a deux manières de conquérir un pays : l'une par l'épée, l'autre par la dette ». Seuls les Américains échappent à la règle, justement parce qu'ils ont une épée tellement puissante qu'ils peuvent se permettre de faire de la dette ! Nous ne pouvons pas nous le permettre. Ce n'est pas une question de solidarité intergénérationnelle, ou de diktat bruxellois. Si notre dette était financée intégralement par l'épargne française, comme c'est le cas des japonais, il y aurait beaucoup moins de problèmes. On aurait dû financer notre dette par des emprunts de très long terme, voire perpétuels, souscrits par les épargnants français.

    A 28 l'Europe fédérale est impossible, de même qu'à 17 ou à 9. Il y a de telles disparités fiscales et sociales que c'est impossible. Je suis pour une Confédération d'Etats-nations, qui mette en œuvre de grands projets à géométrie variable (énergie, infrastructures, métadonnées etc ). Il y a une dyarchie de pouvoirs incompréhensible pour le commun des mortels: entre Van Rompuy et Barroso, entre le Conseil des ministres et les commissaires. Dans l'idéal il faudrait supprimer la commission! Il faut que les petites choses de la vie courante reviennent aux Etats: ce n'est pas la peine de légiférer sur les fromages! Le pouvoir éxécutif doit revenir aux conseils des chefs d'état et aux conseils des ministres, l'administration de Bruxelles étant mise à leur disposition et à celui d'un Parlement dont la moitiée des députés devraient être issus des parlements nationaux. Si l'on veut redonner le gout de l'Europe aux citoyens il faut absolument simplifier les structures.

    Comment fait-on pour réduire la dette avec une monnaie surévaluée ? Faut-il sortir de l'euro ?

    Une dette perpétuelle n'a pas besoin d'être remboursée. Je suis partisan d'emprunts à très long terme, auprès des épargnants français, en leur offrant un taux d'intérêt digne de ce nom.

    Le traité de Maastricht a été une erreur: on a basculé trop vite de la monnaie commune à la monnaie unique. Il n'est pas absurde de prôner le retour à une monnaie commune et à du bimétalisme: un euro comme monnaie internationale et 3 ou 4 euros à l'intérieur de la zone euro. Mais cela nécessite l'accord unanime des pays membres, et c'est une opération très compliquée. Sur le fond, la sortie de l'euro serait l'idéal. Mais il faut être réaliste: nous n'aurons jamais l'accord des Allemands.

    Si nous sortons unilatéralement, d'autres pays nous suivront …

    Pour sortir unilatéralement, il faut être très fort, or notre pays, dans l'état dans lequel il est aujourd'hui, ne peut pas se le permettre. Quand aux autres: Rajoy suivra Merkel, les portugais aussi (ces dirigeants appartenant au PPE), Renzi joue son propre jeu. La France est isolée en Europe. Elle ne peut pas jouer les boutefeux. Hollande et Sarkozy ne se sont pas donné les moyens d'imposer un chantage à l'Allemagne. Il fallait renationaliser la dette, pour ne plus dépendre des marchés et s'attaquer au déficit budgétaire, non pas pour plaire à Merkel, mais pour remettre ce pays en ordre de marche. Sarkozy faisait semblant de former un duo avec la chancelière alors que c'est elle qui était aux commandes. Hollande, lui fuit, et essaye de gagner du temps, deux mois, trois mois. Il cherche l'appui d'Obama nous ramenant aux plus beaux jours de la Quatrième République, à l'époque où on quémandait l'appui des Américains pour exister.

    Comme vous l'expliquez dans votre livre, la France, faute d'industrie, essaie de vendre les droits de l'homme…

    Oui nous avons abandonné le principe de non ingérence en même temps que nous avons laissé en déshérence des pans entiers de notre appareil industriel. Alors que la guerre économique fait rage, que la mondialisation exacerbe les concurrences, nous avons d'un coté obéré notre compétitivité et de l'autre on s'est imaginé que l'on tenait avec les droits de l'homme un « plus produit » comme on dit en marketing. Or ce sont deux choses différentes. Surtout quand il s'agit de vendre dans des pays où les gouvernements exercent une forte influence sur l'économie. Les droits de l'homme ne font pas vendre. C'est malheureux mais c'est ainsi. De plus la France à une vision des droit de l'homme à géométrie variable. Pendant qu'on fait la leçon à Poutine, on déroule le tapis rouge au Qatar où à l'Arabie Saoudite. Avec la Chine on tente de rattraper les choses. Mais les Chinois, contrairement à nous, ont de la mémoire. Savez-vous pourquoi le président chinois lors de sa venue en France s'est d'abord arrêté à la mairie de Lyon avant celle de Paris ? Parce que M Delanoë avait reçu le dalaï-lama, et que les Chinois se souviennent du trajet de la flamme olympique en 2008 dans la capitale. Nous occidentaux, nous n'avons pas de leçons à donner au reste du monde. Les espagnols ont passé au fil de l'épée les Indiens, les Anglais ont mené une guerre de l'opium horriblement humiliante pour les Chinois au XIXème. Arrêtons de vouloir donner des leçons au reste du monde, sinon le reste du monde sera en droit de nous en donner ! 

    Jean-Michel Quatrepoint est journaliste économiste. il a travaillé entre autres au Monde, à la Tribune et au Nouvel Economiste. Il a écrit de nombreux ouvrages, dont La crise globale en 2008 qui annonçait la crise financière à venir. Dans son dernier livre, Le Choc des empires. Etats-Unis, Chine, Allemagne: qui dominera l'économie-monde ? (Le Débat, Gallimard, 2014), il analyse la guerre économique que se livrent les trois grands empires qui règnent en maitres sur la mondialisation : les Etats-Unis, la Chine et l'Allemagne.  

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    Entretien réalisé par Eugénie Bastié et Alexandre Devecchio

     

  • Servir Politique Magazine et s'en servir: au sommaire du numéro de mai...

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            L'impasse, l'analyse politique d'Hilaire de Crémiers; Guerre de tranchées à l'UMP et Val d'Oise, creuset francilien (Jean de la Faverie); Incorrigibles socialistes et Syrie-Libye, trancher le noeud gordien (Christian Wagner); Mayotte, la départementalisation en catimini (François Jourdier); Galileo, une idée stupide ? (Mathieu Epinay);Une loi de plus, la chronique judiciaire de Jacques Trémolet de Villers; Laïcité, sortir de la nasse (Christian Tarente); Que veulent dire et où conduisent les chiffres, la chronique économique de François Reloujac; entretien avec Christian Millau, un hors-la-loi de la pensée unique (Benoît Gousseau); L'aujourd'hui sans lendemain (Hilaire de Crémiers a lu pour nous le dernier Mattéi - Le procès de l'Europe - et le dernier Delsol - L'âge du renoncement -).....

            Voici l'Editorial de ce numéro de mai, Eglise immortelle....

    Eglise immortelle

            Les politiques passent. L’Eglise continue. Elle traverse des crises, elle aussi. La dernière a été d’une gravité extrême. Elle s’en sort, comme à chaque fois, non sans mal, non sans d’immenses dégâts. Dans son sein d’abord – cela se sait et, hélas, jusqu’où ? – mais aussi dans la société civile, singulièrement européenne qui, qu’elle le veuille ou non, se ressent toujours ,à cause de son christianisme originel, de l’effondrement dans le peuple chrétien des vertus théologales de foi, d’espérance et de charité.

            L’Eglise est une institution. Elle a été fondée par Jésus-Christ lui-même. Cette institution est porteuse de grâce quand elle répond à sa finalité. Elle est magistère, gouvernement, moyen de salut par son annonce, sa prédication, sa vie sacramentelle et liturgique, sa prière.

            A chaque fois que les hommes ont détourné de leur fin les principes même de l’institution pour des motifs idéologiques ou personnels, l’Eglise s’en est trouvée mal. Telle est la grande leçon de son histoire.

            Sans revenir sur les causes supposées ou réelles de l’ébranlement profond qu’a subi la foi chrétienne au cours des cinquante dernières années, il est certain que la contestation et l’effacement, par  mêmes des autorités constituées du magistère continu et ordonné de l’Eglise, que la substitution de vues humaines aux règles d’un gouvernement qui n’a de légitimité qu’en fonction du salut des âmes, que le désordre et la vulgarité liturgiques, que la présentation d’un salmigondis socio-politico-sociologique sous couvert d’Evangile n’ont pas peu fait dans l’érosion et, en certains endroits, dans l’écroulement des forces vives du catholicisme.

            Maintenant dans l’Église, chez la plupart des fidèles comme chez  des clercs de plus en plus nombreux, cela se sait. C’est un grand pas. D’où une volonté de reconstruire. Le pape Benoît XVI, le jour de Pâques, a affirmé sa foi avant de donner sa bénédiction urbi et orbi. Il faut voir ce que les medias français en ont retenu : l’ouverture des frontières ! 

            Qu’a dit le souverain pontife ? Que la résurrection du Christ est un évènement. Point capital, décisif. Dans la suite directe de ses livres sur Jésus de Nazareth. Il n’y a pas de coupure entre la foi et l’histoire, de séparation entre le Jésus de la foi et le Jésus de l’histoire. Voilà la foi catholique revivifiée par le magistère dans son intégrité. « La résurrection du Christ n’est pas le fruit d’une spéculation, d’une expérience mystique : elle est un évènement qui dépasse certainement l’histoire, mais qui se produit à un moment précis de l’histoire et laisse en elle une empreinte indélébile. »

            Splendeur de la  Vérité et du Bien qui illumine encore de nos jours la foi des chrétiens dans la suite historique de la foi de Marie, de Madeleine, des saintes femmes, de Pierre et des Apôtres. Qui veut bien réfléchir sur ces propos du pape et la méditation qui s’ensuit, ne peut pas ne pas comprendre que dans l’Eglise catholique le relativisme, l’indifférentisme, le laïcisme mais aussi bien le fidéisme, l’illuminisme et tous les sortilèges des mauvaises vapeurs de la crise dite moderniste et progressiste du siècle passé, n’ont pas de place dans la doctrine enseignée par le souverain magistère. Est-il permis de dire simplement que notre civilisation est sauvée ? Le point principal est affirmé, la pierre inébranlable est là. Tu es Petrus et super hanc Petram…

            Le Pape, en Père commun, se penche alors, comme il se doit, sur la misère du monde et invite les cœurs à la charité fraternelle . La charité suppose la différence, les frontières. L’accueil serait en effet plus facile si, d’abord, les frontières étaient respectées.

            Le Pape veut que la foi se traduise en charité.

            Il est prêt, même de nouveau à Assise, à progressivement tout reconquérir. Qu’on se souvienne du discours de Ratisbonne !

            Il est un champion de Jésus-Christ, à sa manière à lui, comme son prédécesseur et ami qu’il béatifie, Jean-Paul II.

            Oui, tout conquérir et reconquérir, la jeunesse et l’ espérance du monde, tout, comme par le passé à toutes les époques, repris, vivifié, sanctifié par une église qui respire immensément, tout, sauf le chafouinisme des tartuffes qui ne sentent et ne respirent que la mort. ■

  • Le livre de Gouguenheim présenté par ”Le Monde”....

              Voici l'intéressant "papier" de Roger-Pol Droit, dans "Le Monde des Livres" du 4 Avril. Le moins que l'on puisse dire est que cet article donne furieusement envie de lire l'ouvrage de Sylvain Gouguenheim (1)....

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              Sylvain Gouguenheim : et si l'Europe ne devait pas ses savoirs à l'islam ?

              Etonnante rectification des préjugés de l'heure, ce travail de Sylvain Gouguenheim va susciter débats et polémiques. Son thème : la filiation culturelle monde occidental-monde musulman. Sur ce sujet, les enjeux idéologiques et politiques pèsent lourd. Or cet universitaire des plus sérieux, professeur d'histoire médiévale à l'Ecole normale supérieure de Lyon, met à mal une série de convictions devenues dominantes. Ces dernières décennies, en suivant notamment Alain de Libera ou Mohammed Arkoun, Edward Saïd ou le Conseil de l'Europe, on aurait fait fausse route sur la part de l'islam dans l'histoire de la culture européenne.

              Que croyons-nous donc ? En résumé, ceci : le savoir grec antique - philosophie, médecine, mathématique, astronomie -, après avoir tout à fait disparu d'Europe, a trouvé refuge dans le monde musulman, qui l'a traduit en arabe, l'a accueilli et prolongé, avant de le transmettre finalement à l'Occident, permettant ainsi sa renaissance, puis l'expansion soudaine de la culture européenne. Selon Sylvain Gouguenheim, cette vulgate n'est qu'un tissu d'erreurs, de vérités déformées, de données partielles ou partiales. Il désire en corriger, point par point, les aspects inexacts ou excessifs.

              "AGES SOMBRES"

              Y a-t-il vraiment eu rupture totale entre l'héritage grec antique et l'Europe chrétienne du haut Moyen Age ? Après l'effondrement définitif de l'Empire romain, les rares manuscrits d'Aristote ou de Galien subsistant dans des monastères n'avaient-ils réellement plus aucun lecteur capable de les déchiffrer ? Non, réplique Sylvain Gouguenheim. Même devenus ténus et rares, les liens avec Byzance ne furent jamais rompus : des manuscrits grecs circulaient, avec des hommes en mesure de les lire. Durant les prétendus "âges sombres", ces connaisseurs du grec n'ont jamais fait défaut, répartis dans quelques foyers qu'on a tort d'ignorer, notamment en Sicile et à Rome. On ne souligne pas que de 685 à 752 règne une succession de papes... d'origine grecque et syriaque ! On ignore, ou on oublie qu'en 758-763, Pépin le Bref se fait envoyer par le pape Paul Ier des textes grecs, notamment la Rhétorique d'Aristote.

              Cet intérêt médiéval pour les sources grecques trouvait sa source dans la culture chrétienne elle-même. Les Evangiles furent rédigés en grec, comme les épîtres de Paul. Nombre de Pères de l'Eglise, formés à la philosophie, citent Platon et bien d'autres auteurs païens, dont ils ont sauvé des pans entiers. L'Europe est donc demeurée constamment consciente de sa filiation à l'égard de la Grèce antique, et se montra continûment désireuse d'en retrouver les textes. Ce qui explique, des Carolingiens jusqu'au XIIIe siècle, la succession des "renaissances" liées à des découvertes partielles.

              La culture grecque antique fut-elle pleinement accueillie par l'islam ? Sylvain Gouguenheim souligne les fortes limites que la réalité historique impose à cette conviction devenue courante. Car ce ne furent pas les musulmans qui firent l'essentiel du travail de traduction des textes grecs en arabe. On l'oublie superbement : même ces grands admirateurs des Grecs que furent Al-Fârâbî, Avicenne et Averroès ne lisaient pas un mot des textes originaux, mais seulement les traductions en arabe faites par les Araméens... chrétiens !

             Parmi ces chrétiens dits syriaques, qui maîtrisaient le grec et l'arabe, Hunayn ibn Ishaq (809-873), surnommé "prince des traducteurs", forgea l'essentiel du vocabulaire médical et scientifique arabe en transposant plus de deux cents ouvrages - notamment Galien, Hippocrate, Platon. Arabophone, il n'était en rien musulman, comme d'ailleurs pratiquement tous les premiers traducteurs du grec en arabe. Parce que nous confondons trop souvent "Arabe" et "musulman", une vision déformée de l'histoire nous fait gommer le rôle décisif des Arabes chrétiens dans le passage des oeuvres de l'Antiquité grecque d'abord en syriaque, puis dans la langue du Coran.

             Une fois effectué ce transfert - difficile, car grec et arabe sont des langues aux génies très dissemblables -, on aurait tort de croire que l'accueil fait aux Grecs fut unanime, enthousiaste, capable de bouleverser culture et société islamiques. Sylvain Gouguenheim montre combien la réception de la pensée grecque fut au contraire sélective, limitée, sans impact majeur, en fin de compte, sur les réalités de l'islam, qui sont demeurées indissociablement religieuses, juridiques et politiques. Même en disposant des oeuvres philosophiques des Grecs, même en forgeant le terme de "falsafa" pour désigner une forme d'esprit philosophique apparenté, l'islam ne s'est pas véritablement hellénisé. La raison n'y fut jamais explicitement placée au-dessus de la révélation, ni la politique dissociée de la révélation, ni l'investigation scientifique radicalement indépendante.

             Il conviendrait même, si l'on suit ce livre, de réviser plus encore nos jugements. Au lieu de croire le savoir philosophique européen tout entier dépendant des intermédiaires arabes, on devrait se rappeler le rôle capital des traducteurs du Mont-Saint-Michel. Ils ont fait passer presque tout Aristote directement du grec au latin, plusieurs décennies avant qu'à Tolède on ne traduise les mêmes oeuvres en partant de leur version arabe. Au lieu de rêver que le monde islamique du Moyen Age, ouvert et généreux, vint offrir à l'Europe languissante et sombre les moyens de son expansion, il faudrait encore se souvenir que l'Occident n'a pas reçu ces savoirs en cadeau. Il est allé les chercher, parce qu'ils complétaient les textes qu'il détenait déjà. Et lui seul en a fait l'usage scientifique et politique que l'on connaît.

             Somme toute, contrairement à ce qu'on répète crescendo depuis les années 1960, la culture européenne, dans son histoire et son développement, ne devrait pas grand-chose à l'islam. En tout cas rien d'essentiel. Précis, argumenté, ce livre qui remet l'histoire à l'heure est aussi fort courageux.

    "ARISTOTE AU MONT SAINT-MICHEL. LES RACINES GRECQUES DE L'EUROPE CHRÉTIENNE" de Sylvain Gouguenheim. Seuil, "L'Univers historique", 282 p., 21 €.

  • Gender fluid. Vous reprendrez bien un peu de littérature dite « de genre (s) » ?, par Matthieu Baumier.

    Le gendarme Fabrice Remangeon, taciturne, au relationnel humain difficile, excepté avec les femmes auxquelles sa stature, et parfois le simple uniforme, plaisent, est revenu depuis peu dans sa commune natale, en Sologne. Ce ne fut pas de gaité de cœur mais à la suite d’un blâme et de la mort de sa première femme. 

    Il est de retour depuis moins de deux ans, s’est remarié avec Delphine, dont il fut l’amour de jeunesse, il a une maîtresse « gitane » au caractère bien trempé, comme lui, et a repris, à l’occasion, l’activité de rebouteux de son paternel. Ce nouveau roman noir de Pierre Guitaut se déroule donc en Sologne, au cœur d’une forêt et d’un monde rural qui font de L’heure du loup un livre qui n’a rien à envier, tout au contraire, au courant littéraire dit de nature writing, courant de langue anglaise, au lectorat grandissant, fortement traduit en France par un autre éditeur, Gallmeister, un lectorat qui ne devra pas rater cette Heure du loup. Il y a de la terre, de l’humain, de la nature, du lien entre les éléments et l’intériorité humaine dans ce roman. Il y a les profondeurs occultes de l’âme humaine et celles de la nature, âmes sombres et reliées. Et des rapports bruts de décoffrage entre vrais gens, y compris sur le plan sexuel. La terre, les hommes, les femmes, le sexe, les relations, la nature, tout est rude dans la Sologne de Pierre Guittaut. Pour la simple raison que tout respire l’authenticité dans ses pages, au fil d’une écriture qui donne à sentir l’humus. Surtout quand un élément déclenche la mort d’une jeune fille de quatorze ans, le corps mutilé. Ils semblent être de retour, les loups, et la machine humaine s’emballe.

    Pierre Guittaut, L’heure du loup, Les Arènes, collection EquinoX, 2021, 250 p., 17 €

     

    4.jpgQuand les lecteurs de polar et de thrillers évoquent Franck Thilliez, c’est souvent pour demander à quelle date arrive « le » prochain opus de l’écrivain best-seller, réputé « 4e auteur le plus lu en France », et, souvent, si ce nouveau roman tant attendu sera aussi une nouvelle enquête de leur flic fétiche, Sharko. Aux mots « il est là », le lecteur se précipite dans n’importe quelle librairie, voire en grande surface où le roman sera en piles. Et qui aime les polars, thrillers ou romans noirs bien ficelés, originaux, en prise avec le réel et au fait avec le quotidien de la police, mais ne connaît pas encore Thilliez, ne sera pas déçu. Son lectorat habituel non plus, puisqu’il retrouvera le policier Sharko. Pas déçu mais… surpris. Diantre, avec toutes les enquêtes de Sharko que j’ai lues, je vais être surpris ? Comment le croire ? Et pourtant.

    L’histoire se déroule en 1991, à une époque où le téléphone portable n’existait pas et où l’informatique balbutiait, sur fond de minitel. Le côté « à l’ancienne » de ce roman est son immense qualité tant l’ambiance est bien rendue. Noël 1991 approche et le jeune inspecteur de police Franck Sharko débarque au 36 Quai des Orfèvres (du passé, on vous dit) pour bosser à la Crim’. Il est chargé de reprendre une affaire non élucidée, celle des « 9 disparues », un crime en série. Le prédateur court toujours mais il ne frappe plus. Cette affaire n’est cependant pas l’affaire urgente traitée par l’équipe de la Crim’. Les policiers prennent en charge une autre affaire, un meurtre sordide. Ce qui étonne, de prime abord, c’est la façon dont elle parvient jusqu’au 36, une façon qui fait le fond de l’histoire. Un superbe Thilliez, dans une ambiance années 90 géniale et avec une histoire surprenante. What else ?

    Gender 2 : Franck Thilliez, 1991. La première enquête de Sarkho, Fleuve noir, 2021, 500 p., 22,90 €

     

    2.jpgLa Solution Thalassa de Philippe Raxhon est la seconde aventure du couple d’historiens François Lapierre et Laura Zante, personnes menant une vie normale mais se retrouvant embarquées à leur corps défendant, mais non sans capacité d’autodérision, dans des aventures mettant en question l’ordre mondial. Le premier roman impliquant le couple, La source S, reparu chez le même éditeur sous le titre Le Complot des Philosophes, proposait une énigme quasi insoluble dont la particularité serait de bouleverser la conception que nous avons de l’Histoire du monde. Un peu comme Antoine Bello, racontant, dans Les falsificateurs, comment le monde dans lequel nous vivons répondrait à un scénario volontairement réécrit en permanence, par le biais d’une réécriture tout aussi permanente de l’Histoire. Un thriller qui bousculait les certitudes de son lecteur. C’est aussi le cas de La Solution Thalassa. Cette fois, François Lapierre et Laura Zante sont invités à donner des conférences, chacun de leur côté, dans des cadres inhabituels. Lapierre, surtout, convié à un séminaire sur la Shoah par un chef d’entreprise richissime, Alfred Rosenshark. Le séminaire réunit, au moins en apparence des cadres d’entreprise. Les exposés de Lapierre paraissent peu intéresser les cadres présents, sauf en ce qui concerne les questions de la responsabilité et de la communication. L’historien revient de là avec un goût étrange dans la bouche. Le roman bascule alors : une jeune femme leur confie un document intitulé « La Solution Thalassa ». Tout s’emballe crescendo, entre tentatives d’assassinats, entrée en scène d’agents gouvernementaux, interventions des politiques…. « La Solution Thalassa » menace le monde et le roman réserve de sacrées surprises, en particulier une « convergence des luttes » surprenante et des critiques d’obsessions de nos sociétés qui ne laisseront pas indifférents. Un roman très populaire, dans le bon sens du terme, qui n’a pas la prétention littéraire d’être du Proust. Et alors ? On en sort comme après après avoir vu un bon blockbuster au cinéma. Du divertissement ? Pourquoi pas !

    Philippe Raxhon, La solution Thalassa, City thriller, 2021, 305 p., 18 €

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Éphéméride du 25 novembre

    Beaudoin IV de Jérusalem, le roi lépreux...
     
     
     
     
    1177 : Bataille de Montgisard, en Terre Sainte...
     
    Ce jour-là, une importante bataille oppose Saladin et Baudouin IV de Jérusalem.
     
    Avec des effectifs réduits Baudouin IV, le jeune roi lépreux, réussit à écraser Saladin, qui cherche à envahir le royaume de Jérusalem.
     
    Cette brillante victoire est un chef d'oeuvre d'audace et d'habileté, que n'aurait pas renié le Maréchal de Villars, qui fit en quelque sorte la même chose, bien plus tard, à Denain, lors de la Guerre de succession d'Espagne, sous Louis XIV...

    Le 25 novembre 1177, l'armée commandée par le roi Baudouin IV remporte sans doute la plus belle victoire des Croisades à la bataille de Montgisard.

    En nette infériorité numérique, les chevaliers Croisés, Templiers et Hospitaliers parviennent pourtant à bousculer l'armée de Saladin, qui ne devra son propre salut qu'au sacrifice de sa garde personnelle.

    Le sultan musulman perd ici les 9/10ème de son armée et n'a d'autre choix que de s'enfuir en Égypte.

    Si les Francs ne parviendront pas à tirer avantage de cette victoire, elle aura eu un immense retentissement dans toute la chrétienté et renforcera le prestige du roi lépreux.

    La Petite Histoire - Montgisard, la plus belle victoire des croisades (TV Libertés, sur Vimeo).

     

    Pour en savoir un peu plus sur cet extraordinaire personnage que fut Beaudoin IV, le roi lépreux, mort à vingt-quatre ans, et qui n'avait que seize ans lorsqu'il remporta cette magnifique victoire de Montgisard :

    https://www.histoire-pour-tous.fr/dossiers/3458-baudouin-iv-le-lepreux-roi-de-jerusalem-1174-1185-.html

     

    Et aussi cette version romancée mais entièrement fidèle à la vérité historique que vous présente Antoine de Lacoste : ce roman se fonde sur ce que rapportent les meilleurs historiens, dont l'excellent René Grousset, dont l'auteur tire cette conclusion :

    "Stoïque et douloureuse figure, la plus noble peut-être de l’histoire des Croisades, figure où l’héroïsme, sous les pustules et les écailles qui la couvrent, confine à la sainteté, pure effigie du roi français que je voudrais avoir tiré d’un injuste oubli pour la placer à côté de celle de Louis IX." 

    https://leslivresdantoine.com/2021/04/11/baudoin-iv-de-jerusalem-de-laurence-walbrou-mercier-2008/

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    1456 : Mort de Jacques Coeur 
     
     
    25 novembre,jacques coeur,orion,fabre de peiresc,bourges,charles vii,calypso,cousteau,chevertFils d'un gros marchand pelletier de Bourges, il rendit vite de nombreux services à Charles VII, qui y résidait alors qu'il n'était que "le petit roi de Bourges" et que les Anglais semblaient bien en passe de gagner la Guerre de Cent ans : c'était donc juste avant l'intervention de Jeanne d'Arc...
     
    Il possédait une flotte importante qu'il envoyait dans les ports espagnols, à Gênes et aussi dans le Levant. Nommé "Maître des monnaies" en 1436, puis "Argentier du roi" en 1439, il entra au Conseil du roi et 1432 et fut anobli.
     
    Ministre des Finances de fait, c'est lui qui présida à l'assainissement monétaire réalisé par les Ordonnances royales de 1435 et 1451, prises par Charles VII.
    On l'a souvent comparé à Nicolas Fouquet, pour son ascension fulgurante et son pouvoir immense, mais aussi pour sa chute brutale.
     
    Il avait pris pour devise À vaillans cuers, riens impossible, et s'était fait construire un somptueux palais dans sa ville de Bourges (ci dessous).

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    Tout alla bien pour lui tant qu'Agnès Sorel le protégeait. Mais, à la mort de celle-ci, il fut abattu par la jalousie de ceux qui l'enviaient (et qui étaient souvent - comme par hasard... - ses débiteurs...).
     
    Il fut arrêté, condamné à trois ans de prison, à la confiscation de ses biens et au paiement d'une énorme amende.
     
    Parvenu à s'échapper, il passa en Italie et se mit au service du Pape : il devait mourir à Chio, lors d'une expédition montée contre les turcs par Calixte III.
     
    Louis XI, cependant, lui rendit justice et le réhabilita, en restituant une partie de ses biens à sa famille.
     
    Pour Michel Mourre, "Dans la France blessée de la fin de la Guerre de Cent ans, Jacques Coeur avait contribué plus que quiconque à redonner un puissant essor au commerce français"
     
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     • Si vous aimez l'Art et l'Histoire laissez vous mener sur la route Jacques Coeur :  http://route-jacques-coeur.org/
           
        
    • Et, pour en savoir plus sur Jacques Coeur et son palais : http://www.palais-jacques-coeur.fr/

     

     

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    1610 : Découverte de la nébuleuse d'Orion

     

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    Faites plus ample connaissance avec Nicolas-Claude Fabre de Peiresc, auteur de cette découverte, et que l'on appelait Prince des curieux, en consultant le lien suivant :
     
     
     
     
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    1741 : Prise de Prague par le Colonel Chevert
     
     
    De Michel Mourre (article "François de Chevert", Dictionnaire Encyclopédique d'Histoire) :
     
    "...entré au service comme simple soldat, il était lieutenant-colonel lors du siège de Prague par Maurice de Saxe (durant la Guerre de Sept ans, ndlr) et prit la plus grande part dans la prise de la ville, qu'il devait défendre l'année suivante, pendant 18 jours, avec 1.800 hommes, contre toute l'armée autrichienne, avant de capituler aux conditions les plus honorables. Il fut ensuite maréchal de camp, puis lieutenant-général."

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     Le Régiment de Piémont, l'un des plus anciens régiments de France, constitue l'essentiel des forces du colonel Chevert : au début, ceux-ci n'étaient qu'au nombre de quatre : le Régiment de Picardie, le Régiment de Champagne, le Régiment de Navarre et le Régiment de Piémont. On appelait familièrement ces régiments les "Vieux corps"...
     

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  • Le général d’armée Thierry BURKHARD répond à la Commission de la Défense (extraits).

    Extraits du compte rendu de l’audition du général Thierry Burkhard chef d’état-major de l’armée de Terre (Diffusé par l’ASAF)

    Quelques réactions des députés de la commission
    à l’issue de l’exposé du général Thierry Burkhard

    M.Bastien Lachaud.
    (…) Je partage votre inquiétude quant à notre capacité à assurer nos stocks de munitions en cas de choc de haute intensité, surtout après la vente de Manurhin, le choix du fusil HK416 et le démantèlement de GIAT industries. Les dépendances européennes sont inquiétantes au regard du peu de solidarité exprimée dans les moments critiques.

    M.André Chassaigne.
    (…) Vous avez invité à l’humilité et l’avez manifestée par votre ton et votre analyse, ce qui mérite le respect. C’est un message adressé aux politiques.


    M. Christophe Lejeune.
    (…) Je m’exprime depuis Luxeuil-les-Bains, où le légionnaire de première classe Kevin Clément avait vu le jour, il y a vingt et un ans. C’est là aussi que son engagement avait débuté comme sapeur-pompier volontaire. L’émotion est grande parmi ceux qui ont travaillé à ses côtés, jusqu’en 2017, quand il a rejoint la Légion étrangère.
    J’ai une pensée particulière pour ses parents et sa famille, ainsi que pour ses frères d’armes. Je serai le 8 Mai au monument aux morts, où nos pensées l’accompagneront ainsi que tous vos hommes qui ont disparu récemment.


    M. Charles de la Verpillière.
    (…) La collaboration entre l’armée de Terre et les autorités civiles doit être prolongée et nous devons en tirer les conclusions. Si les préfets savent dialoguer avec les militaires, des progrès restent à faire dans les relations avec les ARS, les recteurs et inspecteurs d’académie et les exécutifs des collectivités territoriales.


    M. Jean-Michel Jacques.
    (…) Dans la zone des trois frontières, nous remportons de belles victoires. Nos héros ne sont pas morts pour rien.


    La vidéo que vous nous avez transmise illustre parfaitement vos actions dans nos territoires au contact des préfets, des services de l’État et des maires. Rassurez-vous, rares sont les députés ayant trouvé le décodeur des ARS. Nos concitoyens ont vu que notre armée, où j’ai passé 24 ans, est présente quand on a besoin d’elle. Alors que les premières missions Sentinelle avaient provoqué des réticences, en 2020, l’état d’esprit a changé. Tout en maintenant la notion d’Ultima ratio, saisissons cette possibilité pour faire accepter par nos concitoyens la nécessité d’investir dans nos armées.

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    (FILES) In this file photo taken on June 05, 2015 A French soldier of the 93rd Mountain Artillery Regiment, part of the French Army’s “Operation Barkhane”, an anti-terrorist operation in the Sahel, looks through binoculars while patrolling on an armoured vehicle a track between M’Bouna and Goundam in the Timbuktu region during the joint operation “La Madine 3”. – Thirteen soldiers from France’s anti-terrorist Barkhane force in Mali were killed after two helicopters collided during an operation in the country’s north, the French presidency said on November 26, 2019. The accident occurred on November 25, 2019, while the forces were engaging jihadist fighters who have staged a series of deadly strikes in northern Mali in recent weeks, the Elysee Palace said. (Photo by Philippe DESMAZES / AFP)

    Réponses du général Thierry Burkhard à quelques questions des députés (extraits)

    (…) Préparation opérationnelle des forces
    Nous avons pris des mesures comme la règle des trois tiers. Nous conduisons nos instructions en diminuant par trois le volume de personnel formé, ce qui permet d’avoir des dispositifs aérés et de ne pas concentrer nos soldats. Les activités se déroulent aussi en trois temps :

    • une phase préparatoire où nos militaires s’équipent avec les effets de protection et où les consignes sont rappelées,
    • le déroulement de l’activité
    • et la sortie d’activité avec la décontamination du matériel.


    Cela prend du temps et met l’instruction sous contrainte. Je constate que nos unités se sont assez bien adaptées car des solutions ont été trouvées.


    (…) Instruction parachutiste
    Pour des raisons de sécurité, nous avons mis en sommeil les stages des troupes aéroportées qui nécessitent la coordination de deux armées, creusant ainsi un retard de formation et de préparation opérationnelle.


    (…) Recrutement
    La baisse du recrutement n’aura pas de conséquence immédiate sur les OPEX ni sur les opérations intérieures (OPINT) comme Sentinelle. Au pire, nos unités tourneront temporairement plus vite en OPEX ou en OPINT. Il est également important de noter qu’un régiment de l’armée de Terre n’est pas un espace confiné comme un porte-avions et que le COVID y est plus facilement gérable. Dès qu’un soldat est malade, il est isolé, ainsi que son entourage. Nos cadres au contact permanent de la troupe permettent rapidement d’identifier un malade et de l’isoler.


    (…) Opex et covid
    Les opérations de Barkhane se poursuivent normalement. Par chance, les unités projetées en février étaient saines. Quelques cas sont néanmoins apparus sur zone. Quand un soldat ressent de la fièvre dans un véhicule blindé, les dix occupants sont isolés. Les opérations doivent toutefois continuer de manière normale car nos adversaires poursuivent le combat. Nous n’avons donc pas le choix.


    (…) Armée pour opex et opint (opérations extérieures et intérieures)
    Certains considèrent notre armée comme uniquement expéditionnaire, mais pourtant, quand les Français en ont besoin sur le territoire national, elle est là comme le montre cette crise. Le risque serait d’avoir une armée optimisée pour de l’appui intérieur et de voir, après, si nous en aurions besoin ailleurs. Cette crise montre qu’une armée principalement tournée vers les menaces extérieures peut également agir sur le territoire national. En revanche, il est certain que notre armée n’a pas assez d’épaisseur pour faire face à un conflit majeur doublé d’une crise intérieure d’ampleur. Je pense à des ruptures d’approvisionnement d’alimentation, à l’arrêt des transports ou à des catastrophes naturelles.
    Ce qui me semble important, c’est que l’ambition d’une armée capable de se battre dans le haut du spectre, dans le cadre d’un conflit majeur, nous forcera à avoir une épaisseur qui nous rendra d’autant plus efficaces dans une opération intérieure. Qui peut le plus peut le moins.
    Sur le territoire national, une partie des ressources humaines stratégiques peut également venir de la réserve. Si l’opération se prolonge, elle doit être engagée. Il faut donc aller plus loin dans le développement d’une réserve plus réactive et toujours plus opérante.


    (…) L’armée de Terre ne choisit pas ses missions, elle les exécute
    Les forces de Barkhane en opérations dans la zone des trois frontières obtiennent des résultats exceptionnels. Les unités déployées au Mali font preuve d’une grande efficacité. Concernant votre réflexion sur Sentinelle, il est exact de dire que certains engagés dans l’opération n’en ont pas immédiatement compris l’utilité. Toutefois, l’armée de Terre exécute les missions qui lui sont confiées, ce qui clôt un peu le débat, et nous avons pour mission de protéger les Français aussi bien sur le territoire national qu’à N’Djamena. Nous ne choisissons pas nos missions.


    La notion d’ultima ratio est liée au niveau d’engagement. Tout est question de mesure, comme toujours. L’armée de Terre sait tout faire ou presque, mais jusqu’à un certain point. Par exemple, l’armée de Terre peut-elle se consacrer entièrement à la distribution de masques ? La réponse est oui mais l’employer uniquement à distribuer des masques n’est pas sans conséquence, par exemple sur le niveau de prise de risque de la relève dans la zone des trois frontières. L’ultima ratio ne doit pas vouloir dire solution de facilité. Vous l’avez vu, nos soldats sont heureux d’avoir été engagés au service des Français mais mon rôle est aussi de préparer ce que l’on me demandera demain.


    À partir du 11 mai, chacun doit se réorganiser progressivement pour faire ce qu’il est le seul à savoir faire : l’armée de Terre est seule à savoir s’engager en OPEX dans la zone des 3 frontières.


    (…) Equipement (programme d’armement Scorpion)
    L’année n’est pas normale pour l’armée de Terre, elle ne l’est pas non plus pour les industriels. En revanche, comme tout le monde, en dépit de la crise, leurs objectifs de livraisons restent les mêmes, à ce stade. Je resterai un client exigeant dans ce domaine.


    (…) Fidélisation et commandement
    Quelqu’un qui s’engage pour être soldat doit être employé comme un soldat. D’abord, il faut appliquer des normes d’entraînement, disposer du matériel nécessaire et des moyens suffisants qui préparent à l’engagement. Si nos soldats sont envoyés à la guerre, ils doivent être entraînés et être capables de gagner. Ensuite, ils doivent se sentir utiles et les chefs doivent donner du sens aux actions dans lesquelles on les engage. Enfin, ils restent s’ils se sentent bien. Un soldat qui s’estime mal commandé, mal logé, mal nourri s’en va et je le comprends. C’est pour cela que la qualité du commandement et le niveau du soutien sont des éléments clés. Nos chefs doivent bien commander, ce qui n’est pas facile, d’où l’effort que je fais sur la chaîne de commandement.


    (…) Relations avec les ARS
    Comme je l’ai dit précédemment, il faut bâtir la confiance entre nos institutions.
    Nous travaillons à une action décentralisée avec l’Éducation nationale, les maires et les députés pour les cérémonies du 11 Novembre. Cette crise a ouvert de nombreuses portes.

    Général d’armée Thierry BURKHARD
    Chef d’état-major de l’armée de Terre
    Extraits du CR d’audition)

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  • Décès d'Alain Decaux : selon lui, il y avait 26 millions de royalistes en France en 1788

    Alain Decaux et son épouse au mariage du prince Jean à Senlis en 2009

     

    A l'annonce du décès d'Alain Decaux, qui fut un bon serviteur de l'Histoire, en guise d'hommage, sans-doute celui qu'il nous revient de lui rendre, voici le texte complet d'un excellent article qu'il fit paraître il y a quelques vingt-cinq ans sous le titre : «26 millions de Royalistes. » Il s'agit du premier article d'une série de neuf, écrits chacun par une personnalité différente, et regroupés sous le titre global « Journal de l'Histoire 1788 ». L'ensemble a été publié dans Le Figaro du 13 juillet 1988 au 25 août 1988. Et dans Lafautearousseau le 14 septembre 2007, d'où nous le reprenons. LFAR   

           

    Le 13 juillet 1788, on le sait, un cataclysme tel que nul en France n'en avait gardé la mémoire accabla l'Ouest de la France: la grêle s'abattit partout avec une telle violence qu'elle anéantit la moisson. Fallait-il être grand clerc pour en déduire que le pain, en 1789, serait rare et que donc il serait cher. On n'avait vraiment pas besoin de cela, alors que surgissaient déjà tant de raisons d'inquiétude et non moins de sujets de mécontentement. Quelques temps plus tôt, un voyageur anglais, Arthur Young, agronome de profession et observateur d'instinct, notait: "Une opinion prévalait, c'est qu'on était à l'aurore d'une grande révolution dans le gouvernement." Vers la même époque, un des derniers ministres de Louis XVI, Calonne, avait, dans un rapport adressé au Roi, formulé un diagnostic plus sombre encore: "La France est un royaume très imparfait, très rempli d'abus et, tel qu'il est, impossible à gouverner." Une révolution imminente, un pays impossible à gouverner: pourquoi ?

    L'étrange de l'affaire est que, dans son ensemble, la France ne s'est jamais aussi bien portée. Oubliées, les épouvantables famines qui avaient désolé le règne de Louis XIV, celle de 1709 ayant à elle seule causé deux millions de morts. Éloignées, les grandes épidémies qui, au XVIII° siècle encore, avaient répandu la terreur. Qui plus est -et c'est peut-être l'élément capital- de 1715 à 1792 le territoire national n'a connu aucune invasion étrangère. Que découvre l'étranger qui, en 1788, parcourt la France? Un pays de 26 millions d'habitants -le plus peuplé d'Europe- dont l'opulence le frappe. Une nation en pleine expansion économique. Une agriculture de plus en plus prospère. Un commerce florissant. Paris est, pour le monde entier, l'incarnation d'une civilisation portée à son plus haut degré. Toute l'Europe parle français.

    Le problème, le vrai problème, est que, si la France est riche, l'Etat est ruiné. Du Roi jusqu'au plus humbles des citoyens, les français cherchent éperdument la solution d'une crise dont on sent qu'elle menace jusqu'à l'existence de la nation. Pour le Roi et ses conseillers, cette solution doit rester financière. Pour le plus grand nombre de français, elle ne peut que devenir politique.

    L'évidence des réformes.

    Le colossal déficit accumulé d'année en année depuis si longtemps ne pouvait être réduit à néant que par le vote de nouveaux impôts. Cependant seuls les États Généraux, élus par l'ensemble de la nation, pouvaient voter des impositions supplémentaires. Ils n'avaient pas été convoqués depuis 1614. Fallait-il les réunir ? Le poids total de l'impôt reposait sur le Tiers État. Le clergé et la noblesse en étaient dispensés. L'occasion se présentait d'une plus grande équité fiscale. Fallait-il la saisir ? Le siècle tout entier aspirait, non pas à une révolution mais à des réformes. Le premier, Montesquieu avait souhaité un état libéral. Rousseau avait exposé les principes idéaux d'une démocratie égalitaire. Avec son extraordinaire alacrité, Voltaire avait donné la priorité à la liberté individuelle et à la tolérance. Jamais des théoriciens n'avaient rencontré si prodigieux écho. Toute la France cultivée les avait lus. Pour une raison évidente: ils s'adressaient à des esprits préparés.  

    Depuis plusieurs décennies, la bourgeoisie avait mobilisé une grande partie de la fortune de la France. Elle ne pouvait et ne voulait plus accepter les privilèges réservés à la noblesse, par exemple celui, exorbitant, qui, depuis 1781, accordait aux seuls nobles le droit de devenir officier. Non seulement elle les trouvait injustes mais humiliants. Qui dira la part des humiliations dans la naissance des révolutions ? Les paysans, dans leur majorité, étaient devenus propriétaires de leurs domaines. Mais ils devaient toujours au seigneur dont dépendait autrefois leur terre une incroyable quantité -jusqu'à 70% de leur revenu- de droits en nature ou en argent. Si la bourgeoisie enrageait, la paysannerie gémissait. Les cahiers de doléances qui devaient précéder la convocation des États Généraux allaient unanimement réclamer l'égalité devant l'impôt, l'égalité civile, l'accès aux emplois selon le mérite et non selon la naissance, l'accès de tous aux grades militaires. Tout ce qui pour nous est aujourd'hui la règle. Tout ce qui restait alors à conquérir.

    Demain les États Généraux.

    Comme tout est allé vite! L'année 1788 s'ouvre, le 4 janvier, par un réquisitoire du Parlement contre les lettres de cachet qui permettent, sans jugement et par simple décision royale, de faire arrêter les citoyens. Soutenus par l'opinion, les parlementaires vont plus loin: ils réclament la liberté individuelle comme un droit fondamental. Le 3 mai, le Parlement affirme que le vote des impôts appartient aux États Généraux. En mai et juin, le Parlement de Grenoble entre en rébellion contre l'autorité royale. Le 11 juin, des émeutes éclatent à Dijon et à Toulouse. Le 14 juin, Grenoble réclame la convocation des États Généraux. Le 19 juin, Pau s'enflamme. Le 21 juillet, à Vizille, cinquante ecclésiastiques, cent soixante cinq nobles, deux cent soixante seize membres du Tiers État réclament les Etats Généraux.

    Le 8 août, Louis XVI capitule : les États Généraux seront convoqués pour le 1° mai 1789. Le 16 août, l'État doit suspendre ses paiements. C'est la banqueroute. D'évidence, ceci explique cela. Le 26 août 1788, le Roi rappelle Necker. Le retour aux affaires de ce grand bourgeois, suisse, protestant et libéral, fait croire à un peuple enthousiaste que la France est sauvée. Au début de novembre, une société de pensée qui réunit La Fayette, Mirabeau, Sieyès, Condorcet, Talleyrand, réclame que le nombre des députés du Tiers État soit doublé par rapport à ceux de la noblesse et du clergé. Elle demande que les votes, aux États Généraux, soient comptés par tête et non par ordre. Elle revendique -voilà qui est nouveau- un gouvernement représentatif. Le 27 décembre, Necker accepte le doublement du Tiers.

    Ainsi s'achève l'année 1788. Une immense gratitude monte vers le Roi Louis XVI en qui l'on voit le restaurateur des libertés. Il n'y a pas un seul républicain en France. "Nous sommes nés pour chercher le bonheur", écrit Madame Roland. Il n'est, pour préoccuper les esprits pessimistes, que cette catastrophe climatique qui a anéanti la moisson. Les optimistes répondent que dans un an on n'en parlera plus.

    Dans un an, le 13 juillet 1789... A.D. 

  • Société • Grandeur et décadence des nouveaux enfants du siècle Dernier inventaire générationnel avant liquidation

    Zemmour et Michéa par Hannah Assouline. Abu-Bakr Al-Baghdadi; Sipa

     

    Par Théophane Le Méné

    Dans « Les nouveaux enfants du siècle », le journaliste Alexandre Devecchio ausculte les trois facettes d'une génération radicale révoltée contre la fin de l'Histoire : souverainiste, identitaire et... djihadiste. Passionnant. Ainsi, la réflexion de Théophane Le Méné [Causeur - 4.11] nous a vivement intéressés. Toutefois, s'agissant de « la réconciliation de la nation et de la République », nous dirons franchement que nous n'en voyons pas trace. Et qu'elle ne nous paraît nullement souhaitable. Nous dirions plutôt : « la réconciliation de la nation avec elle-même ». Ce qui, nous semble-t-il,  aurait une tout autre portée.  Lafautearousseau
     

     

    1903675662.2.jpg« Nous sommes les enfants de personne » assenait il y a quelques années Jacques de Guillebon dans un livre qui se faisait fort de dénoncer le refus d’une génération de transmettre à l’autre l’héritage culturel et spirituel de notre civilisation, préférant se vautrer dans le relativisme et l’adulation de la transgression. Douze ans ont passé. Et de ce reproche, il n’y malheureusement rien à redire. Mais il y a à ajouter. Car la France a vu ressurgir les faits sociaux quand ce n’était pas la barbarie ; et c’est précisément à partir de ce postulat que le brillant journaliste et désormais essayiste Alexandre Devecchio a enquêté avec une rigueur qu’il convient de saluer.

    Génération radicale

    Lorsqu’on n’a plus de repères, et a fortiori de pères, certaines figures putatives viennent naturellement combler ce vide dont nous avons horreur. Car plutôt que de se désoler d’une filiation disparue, pourquoi ne pas s’en inventer une à travers certains hérauts qui, depuis quelques années, de manière différente et plus ou moins controversée, n’ont jamais accepté l’empire du bien auquel a succédé l’empire du rien ? C’est ainsi que toute une génération, sur le même constat d’une civilisation dévastée, se retrouve désormais au carrefour tragique d’une certaine radicalité d’où partent en étoile des destins.

    Il y a la génération Dieudonné. L’humoriste fut nourri au lait de l’antiracisme en même temps qu’on le sommait – comme à tant d’autres – d’exacerber son identité. Quelques années plus tard, le voilà désormais à souhaiter le déclin de la France tout en célébrant l’antisémitisme et en mettant à l’honneur une jeunesse de banlieue, pour la plupart désœuvrée, essentiellement issue de l’immigration maghrébine. Cette jeunesse souvent ignorante, en mal d’espérance n’est ni Charlie ni Paris, ni Cabu ni Hamel ; en réalité elle ne se veut rien qui pourrait la confondre avec ce qui, paradoxalement ou non, fait la France. Ce n’est pas le social, ni une quelconque politique de la ville qui motive son combat. En quête d’un grand récit, d’une épopée, d’une mystique, d’un combat métapolitique, elle se voue à l’islamisme et à ses formes étatiques car « pour ces enfants du siècle, le djihadisme constitue la réponse rivale maximale au vide métaphysique de l’Europe, une manière de dire non à la fin de l’histoire. »

    Zemmour et Michéa

    La génération Zemmour est assurément de l’autre bord. L’auteur du « Suicide français » a su cristalliser les angoisses de ceux qu’Aymeric Patricot a osé appeler « les petits blancs » ; de ceux que Bernard Henri Lévy jugeaient odieux parce qu’ils étaient « terroirs, binious, franchouillards ou cocardiers ». De condition modeste, frappée du mal de l’identité malheureuse, ayant le sentiment d’avoir été dépossédée par l’Europe, l’immigration, le marché et la mondialisation, cette jeunesse reconnaît à Eric Zemmour de savoir mettre des mots sur les maux, sans faux-semblant, avec intelligence et une certaine aura. Elle ne supporte plus les accusations lancinantes d’une élite déconnectée qui se targue détester les siens et s’aime d’aimer les autres. Et semble appeler de ses vœux une révolution conservatrice tout en vibrant au discours d’une Marion Maréchal-Le Pen à la Sainte-Baume : « Nous sommes la contre-génération 68. Nous voulons des principes, des valeurs, nous voulons des maîtres à suivre, nous voulons aussi un Dieu ».

     

    La génération Michéa est sans aucun doute la plus complexe. Elle doit au philosophe d’avoir théorisé à travers de nombreux ouvrages l’alliance objective du libéralisme et du libertarisme et d’avoir exposé les conséquences d’un Etat libéral philosophiquement vide, qui laisse le marché remplir les pages laissées en blanc, tout en instillant sa morale aux hommes. Pour la plupart issus des rangs de la Manif pour Tous, hier enfants de bourgeois, ces jeunes sont devenus l’armée de réserve d’un combat culturel qui ne dit pas encore son nom. Ils ne veulent plus jouir sans entraves ; ils ne veulent plus de ce marketing agressif, de ce déracinement identitaire, de ce décérébrage médiatique, de ce relativisme moral, de cette misère spirituelle, de ce fantasme de l’homme autoconstruit. Face à ce système déshumanisant, l’écologie intégrale qu’ils proposent offre une alternative radicale: moins mais mieux! Indissolublement humaine et environnementale, éthique et politique, elle considère la personne non pas comme un consommateur ou une machine, mais comme un être relationnel qui ne saurait trouver son épanouissement hors-sol, c’est-à-dire sans vivre harmonieusement avec son milieu, social et naturel. Dans la conception de leur principe, l’écologie intégrale ne sacralise pas l’humain au détriment de la nature, ni la nature au détriment de l’humain, mais pense leur interaction féconde.

    Entre ces trois jeunesses rebelles, la conjonction est improbable, mais l’affrontement est-il impossible, interroge l’auteur ? « Le fait est que, aujourd’hui, ces trois jeunesses se regardent en chien de faïence. Si elles venaient à s’affronter, ce serait parce que, plus largement serait advenu la guerre de tous contre tous ». Depuis plusieurs années le tocsin sonne. Pour répondre à ce défi, le journaliste veut voir quelques prémisses : le retour d’un grand récit national, la fin du multiculturalisme en même temps que de l’uniformisation planétaire, l’assimilation, la réconciliation de la nation et de la République. « Là où croît le péril croît aussi ce qui sauve » disait le poète Hölderlin. Alexandre Devecchio n’affirme pas autre chose lorsqu’il déclare: « Si le pire n’est pas certain, c’est aux enfants du siècle, et sans doute grâce à leur esprit insurrectionnel que viendra sublimer quelque miraculeuse inspiration, que nous devrons de l’avoir conjuré ». Dieu, s’il existe dans ce nouveau siècle, veuille qu’il ait raison.   

    Théophane Le Méné