Éphéméride du 16 février
1892 : Léon XIII, pape du Ralliement...
1608 : Mort de Nicolas Rapin
Dans la France troublée des Guerres de religion, Nicolas Rapin se signale par son action politique, "royaliste" au sens le plus profond et le plus politique du terme.
Aux États généraux de Blois (1588), il défend avec vigueur la Royauté; et il s'oppose à la Ligue, par la plume, en dressant l'épitaphe du duc de Joyeuse et par ses poèmes sur les victoires de l'armée royale.
Lors de la Journée des barricades (voir l'Éphéméride du 12 mai), il est contraint de fuir Paris, et rallie le camp d'Henri III; puis il fait partie de ceux qui, avec Jacques-Auguste de Thou réclame à Henri de Navarre de venir au secours d'Henri III.
Après l'assassinat du Roi, Rapin participe à la bataille d'Arques : remarqué sur les champs de bataille, comme à Ivry, sa fidélité lui vaut d'être anobli en octobre 1590 par Henri IV.
Rapin a directement participé à la rédaction de La Satyre Menippée, pamphlet dirigé contre la Ligue, écrit en collaboration avec Pierre Pithou et Jean Passerat (voir l'Éphéméride du 1er novembre).
On peut toujours admirer son très beau château de Terre-Neuve, en Vendée :
https://chateau-terreneuve.com/
De Chambord proviennent différents panneaux du XVIème siècle à motifs de salamandres et du monogramme de François 1er, mais également les 13 soleils en bois doré contemporains des aménagements commandés par Louis XIV. Ces éléments de décors furent enlevés par le maréchal de Saxe - à qui le château fut offert par Louis XV, en guise de récompense, après le triomphe de Fontenoy... - qui les remplaça par d'autres boiseries; et aussi le probable fronton de scène de la première représentation du Bourgeois Gentilhomme, donnée à Chambord le 14 octobre 1670...
1761 : Naissance de Jean-Charles Pichegru
Napoléon a dit de lui : "Comme Général, Pichegru était un homme d’un talent peu ordinaire."
De fait, dans l'imagerie populaire, il restera avant tout comme celui qui a réalisé une opération proprement inimaginable : capturer une flotte entière, par une charge de cavalerie ! Il faut dire que la flotte en question était prise dans les glaces, la plupart des canons pointés en hauteur, les bateaux ayant été figés de biais, les canons vers le haut, et ne pouvant donc pas tirer sur leurs assaillants.
Il n'empêche, la chose reste unique dans les annales : impossible n'est vraiment pas français !
Gravure extraite de notre album Le dernier livre de Jacques Bainville
Mais Pichegru représente aussi autre chose : dans cette période où, en réalité, rien n'était écrit d'avance (le fameux sens de l'Histoire, dont on nous aura tant rebattu les oreilles, n'existe pas...), Pichegru montre bien comment tout aurait pu être différent, et comment un très grand nombre de protagonistes de la Révolution auraient très bien pu changer de camp : Danton lui-même n'a jamais fait mystère du fait que, s'il ne servait pas la Cour et Louis XVI c'est, tout simplement, parce que celui-ci ne lui offrait pas assez d'argent...
Quoi qu'il en soit, valeureux soldat et très brillant général, Pichegru, comme tant d'autres, aurait pu... Avec lui, ou avec d'autres, les choses auraient pu prendre une autre tournure...
Il ne s'agit pas de cultiver de vains regrets mais, tout simplement, de le savoir, et de ne pas être dupe des boniments et des images d'Épinal d'une histoire officielle prétendant que la Révolution - du moins dans les formes qu'elle a prises... - était inéluctable, et inscrite dans l'ordre naturel et obligatoire des choses...
De l’Encyclopedia universalis :
"Fils d'un cultivateur du pays d'Arbois, Pichegru parvient très jeune à devenir répétiteur de mathématiques à Brienne; il s'engage comme soldat en 1780 (contrairement à la légende, Napoléon n'aura donc guère eu le temps de profiter de ses connaissances mathématiques) et fait la guerre d'Amérique. Sergent-major en 1789, il milite avec ardeur au club des Jacobins de Besançon et devient lieutenant-colonel d'un bataillon de volontaires. La rapidité de ses promotions est alors foudroyante; en octobre 1793, il commande en chef l'armée du Rhin. Il est subordonné à Hoche (ce qu'il supporte mal) pour la délivrance de l'Alsace; au printemps de 1794, soutenu par la faveur de Saint-Just, il commande l'armée du Nord, conjugue ses actions avec Jourdan pour achever la conquête de la Belgique et, en janvier 1795, s'empare de toute la Hollande. Pichegru apparaît alors comme l'un des plus glorieux et des plus sûrs entre les chefs "sans-culottes" des armées de la République.
De passage à Paris en avril 1795, il reçoit pleins pouvoirs de la Convention pour mater l'insurrection populaire de germinal an III. Est-ce alors que, premier général révolutionnaire appelé à trancher de l'épée les nœuds de la politique, il entrevoit à son ambition de nouvelles perspectives ? À peine nommé au commandement de l'armée nouvellement créée de Rhin-et-Moselle, il accepte d'avoir une série d'entrevues avec un agent du futur Louis XVIII et du prince de Condé; il s'engage par écrit à mettre sous quelque délai son armée au service de la royauté, moyennant énormément d'argent, le bâton de maréchal, le gouvernement de l'Alsace et la propriété de Chambord. C'est dans de telles vues qu'il entame fort mollement sa campagne d'été de 1795, laisse battre Jourdan sans le secourir et se replie. Se sentant suspecté, il offre sa démission, qui est acceptée contre son attente en mars 1796; ici prend fin une carrière militaire qui promettait mieux.
Député, et aussitôt président des Cinq-Cents (avril 1797), Pichegru se pose alors ouvertement en leader de la droite et prépare secrètement un coup d'État royaliste; Barras le paralyse en le menaçant de publier une note sur sa trahison, remise par d'Antraigues à Bonaparte en juin; arrêté le 18-Fructidor, Pichegru est déporté en Guyane, s'évade et se réfugie à Londres.
Il n'abandonne pas la partie; lié à l'élaboration du complot de Cadoudal (ci contre), il débarque clandestinement à Biville en janvier 1804, vient à Paris, met en rapport avec Cadoudal son vieil ami (et déjà complice ?) Moreau, mais est arrêté. Le 6 avril au matin, il est trouvé étranglé dans sa prison..."
1785 : Expérience de Lavoisier, qui décompose l'eau en oxygène et hydrogène
Trois mois après l'encyclique, le Pape s'adressait aux cardinaux français : "Acceptez la République, c'est-à-dire le pouvoir constitué... respectez-le, soyez-lui soumis, comme représentant le pouvoir venu de Dieu... Inutile de rappeler que tous les individus sont tenus d'accepter ces gouvernements et de ne rien tenter pour les renverser ou pour en changer la forme."
S'adressant au Baron de Montagnac, qui refusait le Ralliement, Léon XIII s'exclama : "Faites-vous républicain d'une bonne république. Vous comprenez ? Je veux que tous les catholiques entrent, comme une cohue dans la République... Les traditions doivent céder pour un moment... vous les retrouverez après l'œuvre accomplie... il faut abandonner les traditions pour le moment, un petit moment seulement."
Le pape avait "simplement" oublié les paroles de Saint Cyprien, au IIIème siècle : "Il existe un mal pire et plus meurtrier que la persécution, c'est l'empoisonnement perfide de la mentalité."
Quatre de nos Éphémérides traitent des rapports entre l'Église et la République idéologique française, en général, et des rapports entre l'Église et l'Action française en particulier :
• pour les rapports entre l'Église et la République idéologique française, en plus de celle-ci sur le "Ralliement", voir notre Éphéméride du 18 novembre - sur le "toast d'Alger", qui préparait les esprits à ce "ralliement";
http://ici.radio-canada.ca/biographie/raymond-levesque
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1771030/raymond-levesque-deces-mort-covid-19
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lafautearousseau
Commentaires
Que l'histoire n'ait pas de sens,cela paraît une évidence indiscutable.Cela nous conduirait à un déterminisme destructeur au pire,ou à la prédestination chère à Calvin,réductrice des capacités humaines au mieux.Ce sont les hommes qui font ou défont l'histoire en fonction de leurs qualités ou de leurs défauts,de leurs vertus ou ce leurs vices,de leurs aspirations ou de leurs besoins.
Par contre les religions ont un rôle déterminant dans la formation et l'orientation de l'histoire,en particulier par les passions qu'elles peuvent susciter.Quand quelqu'un se prétend agnostique,je me demande toujours à quoi il croit tout de même,sans vouloir l'admettre.
En revanche,je ne suis pas sûr qu'il faille tresser trop de lauriers à Pichegru.C'était une tête dure et bien faite du Jura aux talents et à l'expérience militaires incomparables.Sa victoire de Texel aux Pays-Bas,avec quelques régiments de cavalerie contre toute la flotte hollandaise prise par les glaces
fut admirée par le monde entier,et livra tout ce pays à la France,d'un coup.
Mais l'ambition fut le trait dominant de son caractère et l'amena à manger à tous les râteliers.Ancien Conventionnel, devenu jacobin,après avoir été girondin et maçon,les excès sectaires et sangunaires de Thermidor l'effrayèrent suffisamment pour qu'il se rapprochât de l'habile Louis XVIII qui dut,je pense,lui promettre monts et merveilles.Cela ne l'empêcha pas de devenir ensuite Président du Conseil des 500,tout en complotant avec Cadoudal,ce qui le conduisit en prison.Sa mort par strangulation au Temple reste un mystère : la police impériale la transforma en suicide,alors que tout porte à croire qu''il fut assassiné sur ordre du futur empereur (l'Empire naissait un mois et demi après), qui voyait en lui un concurrent au service des Bourbons.(Alors même que quelques jours avant la mort de Pichegru,le futur Napoléon commettait l'ignominie de faire enlever à l'étranger-en Allemagne- par le général de Caulaincourt le duc d'Enghein-un Bourbon-Condé-,le faisait juger sommairement et exécuter dans les fossés du château de Vincennes au bout de trois jours).
on écrit souvent qu'Albert de Mun
regretta son "ralliement",
un internaute peut-il donner des références à ce sujet?
Merci