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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse et d'actualité de lafautearousseau...

     

    Entièrement d'accord avec Sophie Audugé, de SOS ÉDUCATION :

    "L’#OMS préconise l’éducation à la sexualité dès la naissance pour que l’enfant "découvre son orientation sexuelle". Je ne serais pas surprise de voir bientôt des associations attaquer des écoles qui refusent d'appliquer cette doctrine..."

    (extrait vidéo 2'15)

    https://twitter.com/Figaro_Live/status/1658516999528382487?s=20

     

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    1. On le savait, mais il est bon de dire et redire les vérités, à temps et à contre-temps... Dans France catholique : Les archives du Vatican montrent que Pie XII était un adversaire résolu du nazisme... :

    https://www.france-catholique.fr/Pie-XII-contre-Hitler.html

     

    2. "Le niveau des écoliers français se stabilise" PapNDiaye... L'excellent et humoristique réponse de Noir Lys, sur tweeter :

    Le niveau des écoliers français stabilisé...

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    3. Entrisme islamique partout, Système complice, et coupable !...

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    BEURK !

    LE HALAL, C'EST LA SOUFFRANCE ANIMALE GRATUITE ET INUTILE !

     

    3 BIS. Un autre exemple (dans Boulevard Voltaire, l'article de Marie Delarue) :

    la cantine du collège Emile Combes à Bordeaux, c'est 100 % halal ou rien... Ils ont de l’humour, nos Verts bordelais. De la nourriture confessionnelle chez le "petit père Combes !..." :

    https://www.bvoltaire.fr/a-la-cantine-du-college-emile-combes-a-bordeaux-cest-100-halal-ou-rien/?feed_id=26842&_unique_id=646774ef8007d

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    5. Un répugnant "message" véhiculé par les "faux antifas/vrais terroristes", et directement repris de la répugnante République espagnole, que Franco a écrabouillée, fort heureusement pour l'Espagne, l'Europe, le monde et la Civilisation... D'accord avec Charles Prats :

    "Les « antifas » appellent directement et publiquement (Facebook hier) à la haine contre les chrétiens. Allez-vous enfin dissoudre ces groupes de fous furieux d’extrême-gauche dangereux Monsieur Darmanin ?"
     

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    6. Une image, un dessin valent souvent mieux qu'un long discours...

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    Tout n'est pas laid dans ce qui se fait aujourd'hui, mais beaucoup de choses, trop de choses enlaidissent nos rues, villes et campagnes, ou les uniformisent dans une banalité désolante, c'est vrai...

     

    7. En Wallonie : CHEZ NOUS et l'École...

    Comme expliqué par @ChdOrnellas,@Valeurs, l'enseignement se dégrade d'année en année en France, c'est malheureusement le cas en Belgique également ! Pour ChezNous, c'est clair net et précis : STOPPONS LE PÉDAGOGISME QUI DÉTRUIT TOUT ! Il est temps d'une reprise en mains générale et de renouer avec un enseignement de qualité ! Il faut : Remettre le savoir au cœur de l’enseignement ; remettre le par cœur au goût du jour ; transmettre l’Histoire et les Humanités ; redonner aux plus jeunes le goût de la lecture !

    (extrait vidéo 0'18)

    https://twitter.com/ChezNousOff/status/1659596256270864384?s=20

     

     

    À DEMAIN !

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  • Dans notre Éphéméride de ce jour : 1850, mort de Balzac...

    1850 : Mort de Balzac

     

    Il meurt à Paris, à 51 ans, dans la rue Fortunée qui porte désormais son nom.

    L’Auteur de la Comédie humaine s’éteint avant d’avoir pu achever son œuvre immense. Il était épuisé par son intense travail d’écriture et les multiples voyages qui ont ponctués les sept dernières années de sa vie...

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    http://www.terresdecrivains.com/Honore-de-BALZAC,9 

    • de Montalembert : "Sans sortir de son siècle, (Balzac) proteste contre lui en le flétrissant".

    •  de Baudelaire : "J’ai maintes fois été étonné que la grande gloire de Balzac fût de passer pour un observateur; il m’avait toujours semblé que son principal mérite était d’être visionnaire, et visionnaire passionné".

    •  de Marx : (il avait) "l'intelligence du mouvement historique".

     
     
     (Voir l'Éphéméride du 20 mai, jour de la naissance de Balzac)
     

    "J'écris à la lueur de deux vérités éternelles : la Religion, la Monarchie, deux nécessités que les évènements contemporains proclament." Voilà ce que l'on peut lire dans l'Avant-propos de La Comédie Humaine (La Pléiade). "La Royauté est plus qu'un principe : elle est une nécessité !" écrit aussi Balzac dans son peu connu Catéchisme social, essai inachevé, qui ne sera publié qu'en 1933...

     En 1837, une des plus glorieuses années de Balzac - où il publie Histoire de la grandeur et décadence de César Birotteau - Balzac publiera un court ouvrage, Rois de France, consacré aux six Louis qui se succéderont, de Louis XIII à Louis XVIII. Devenu introuvable, ce petit ouvrage, fort intéressant, sera réédité en 2017 par notre ami Jean-Pierre Péroncel-Hugoz, qui le fera suivre de pages fort intéressantes également sur Napoléon 1er, tirées d'un ouvrage précédent (1833) : Le médecin de campagne.

    Péroncel-Hugoz dédiera cette "édition marocaine de Rois de France" à :

    "Son Altesse royale l'émir Moulay-Hassan, prince héritier du Maroc (né en 2003).

    Et à son Altesse royale le prince Gaston de France (né en 2009), espoir des royalistes français."

     
     
     
    Voir également notre GRANDS TEXTES 45 : Le départ (écrit par Balzac) et l'Éphéméride du 16 août, où l'on évoque le départ définitif de France du roi Charles X....
  • Au Cinéma : Le Consentement, par Guilhem de Tarlé

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    A l’affiche : Le Consentement, un film français de Vanessa Filho, avec Jean-Paul Rouve (Gabriel Matzneff), Kim Higelin et Élodie Bouchez (Vanessa Springora), Laetitia Casta (la mère de Vanessa),
    adapté du livre éponyme de Vanessa Springora (2020).

    « La lecture d’un livre peut changer le cours d’une vie »… J’en suis intimement persuadé, et je donne entièrement raison à ce propos de Gabriel Matzneff qui introduit Le Consentement de Vanessa Filho. Je ne serai certainement pas ce que je suis, je ne penserai et n’écrirai certainement pas ce que je pense et j’écris si l’étudiant que j’étais n’avait pas lu en 1968 – à la veille des « événements de Mai » – le livre Fondements de la cité de Jean-Marie Vaissière, alias Jean Ousset, qui reste aujourd’hui encore sur ma table de chevet.

    En revanche je n’ai lu ni le livre de Vanessa Springora, ni les moins de seize ans publiés par Gabriel Matzneff en 1974, ni d’ailleurs aucun des livres de cet horrible individu. L’histoire commence alors que Vanessa Springora est dans sa quatorzième année, soit en 1985. Elle ne raconte pas qu’à cette date cet « ogre » jouit, depuis près d’une dizaine d’années, d’une table ouverte – d’un lit ouvert – dans les médias. Il a publié un « point de vue », dans Le Monde des 7-8 novembre 1976, intitulé L’amour est-il un crime ? dans lequel il se qualifie d’ «amoureux de l’extrême jeunesse » et demande la modification de l’« odieux » et « courtelinesque article 330 et l’article 331 » du code pénal qui condamnent « tout attentat à la pudeur consommé ou tenté sur la personne d’un enfant âgé de moins de quinze ans ». La conclusion de cette déclaration mérite d’être citée : « Les perturbateurs des moins de seize ans ne sont pas les baisers de l’être aimé, mais les menaces des parents, les questions des gendarmes et l’hermine des juges » ! A noter d’ailleurs que Le « quotidien de référence » ne fait aucune réserve sur cette prise de position et « embauche » même son auteur pour une rubrique hebdomadaire qu’il tiendra jusqu’en 1982. Bernard Pivot pour sa part a invité au moins à deux reprises, en 1975 et, comme le montre le film, le 2 mars 1990, « l’écrivain germanopratin » qui obtiendra le Prix Renaudot Essai en 2013.

    Oui, Gabriel Matzneff est un pervers, mais la société libertaire dans laquelle il vit – nous vivons - ne l’est pas moins, et sans doute Vanessa Springora a-t-elle pâti, à différents titres, de l’absence du père.

    Un film, évidemment pas Tout public, sans doute à voir et à méditer, même si sa trop longue longueur (2h) amoindrit vers la fin la haute intensité du début.

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  • Tout ce qui est Racines est bon... : Le Festival interceltique de Lorient (I : Août 2008)

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    La 38 ème édition du Festival Interceltique de Lorient s'est ouverte hier. Elle met à l'honneur, cette année, le pays de Galles.

    Des centaines de concerts et d'événements vont se succéder jusqu'au 10 août.

    C’est le plus grand festival français. L'Interceltique de Lorient accueille environ 700 000 spectateurs (dont 120 000 à 150 000 payants) et 4 500 artistes...

    L'Interceltique est né de ces années 1970 où il fallait réinventer des identités et des appartenances, en même temps que des fraternités et des réseaux. Et, aujourd'hui encore, l'essentiel n'est peut-être pas la succession de concerts dans toute la ville pendant onze jours, ni même dans les fameuses « nuits magiques » qui mettent en scène des centaines de musiciens, de choristes et de danseurs, un écran géant et des splendeurs pyrotechniques, mais le rassemblement. Rassemblement de tous les Celtes, et de tous ceux qui se retrouvent dans l'idée de celtitude.

    Le Dimanche 3 Août, au matin, 3 500 musiciens, chanteurs et danseurs s'ébranleront en une longue procession : bagadou de ­Bretagne et pipe bands d'Écosse, orchestres de cornemuses de Galice et escouades dansantes d'Irlande... : les musiques, les ­costumes et les identités de tout le monde celte en un seul défilé. Et, à l'honneur comme chaque jour jusqu'au 10 août, le pays de Galles. L'après-midi, mille danseurs célébreront la Bretagne et ses traditions...   

    Voici un court extrait de ce que l'on peut lire sur le très intéressant site internet du Festival :   

        https://www.festival-interceltique.bzh/

     

              "La France est le pays des festivals qui se répartissent dans un certain nombre de familles établies : classique, baroque, lyrique, jazz, cinéma, etc... Dans cet environnement, le concept du Festival Interceltique est unique, ouvert, international : "Le Rendez-vous des expressions contemporaines des pays celtiques".

              Le Festival Interceltique touche toutes les formes de musiques issues des pays celtiques, des chants millénaires au folk, au rock, au jazz, en passant par les oeuvres symphoniques dans un environnement de création extrêmement prolifique. A la musique se mêlent le cinéma, les arts plastiques, la danse, l’histoire, la littérature, la lutherie, etc...

              Vitrine, lieu de rencontre, le Festival Interceltique de Lorient est aussi un formidable moteur de créations, situé dans un environnement qui brille par la richesse de ses créations vivantes...."
      

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  • France - Allemagne : Relation de couple ou dangereuse compétition ?

                Dans le numéro d'octobre de Politique Magazine, François Reloujac, comme chaque mois, analyse la situation économique.

                Il y définit remarquablement les lignes de force des rapports France-Allemagne et de façon si précise, si fondamentale que nous publions, ici, cet article in extenso.

                Ses conclusions nous paraissant pérennes, du moins pour longtemps, nous l'incluons, aussi, dans nos "pages" (bas de la colonne de droite du blog) où l'on pourra toujours le consulter.

                Alors que les mouvements de capitaux étaient encore équivalents aux échanges de biens et de services au début des années 80 dans la quasi-totalité des pays européens, ils représentaient en 2008 un montant quatre fois plus élevé en Allemagne et dix fois plus en France. Cette évolution des statistiques financières n’est qu’une partie visible des divergences croissantes entre les économies des deux pays. 

                Si, eu égard à l’importance de son commerce international, le montant des échanges financiers internationaux est moins important en Allemagne qu’en France, l’industrie allemande est moins tributaire des investissements internationaux que l’industrie française. D’autant que ce que l’on range parmi les investissements étrangers en France représente en fait souvent des prises de contrôle des industries françaises par des intérêts étrangers. En France, plus de 46 % de la capitalisation boursière est entre les mains des fonds internationaux, ce qui n’est pas le cas outre-Rhin ; les entreprises françaises sont donc aujourd’hui beaucoup plus vulnérables que celles d’outre-Rhin aux opérations de délocalisation. Si le commerce extérieur de la France dépend largement du fonctionnement de l’économie allemande, de ses achats, celui de l’Allemagne est plus lié à la santé de l’économie des États-Unis et de la Chine. Si la France assure 3,5 % du commerce mondial, l’Allemagne en couvre 11 % ; les exportations allemandes représentent 50 % de son PIB alors que les françaises n’atteignent que 29 %. Enfin, quand la France délocalise ses usines de production en Afrique ou en Asie, l’Allemagne se tourne plus vers les anciens pays de l’Europe de l’Est. Ces quelques différences particulièrement visibles entre les deux partenaires affectent peu ou prou l’ensemble de l’Europe. 

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    Deux économies étroitement liées : l'Allemagne est désormais le premier investisseur étranger en France, surtout dans l'énergie, les activités commerciales et financières, les équipement électroniques, médicaux, les télécoms, l'automobile. Et ce sinvestissements se situent principalement en Île-de-France, en Rhône-Alpes et en Provence-Alpes-Côte d'Azur. La France, elle, est le quatrième investisseur étranger en Allemagne. Ses investissements vont dans les industries chimiques, automobiles, aéronautiques, les produits de luxe, et se concentrent plutôt sur l'ouest du territoire, à l'exception de Berlin....


     
    Incompatibilité d’intérêts 

                 Le système économique européen est, dans la pratique actuelle, un système qui recèle des déséquilibres tels qu’il est insoutenable à terme. Deux stratégies économiques opposées se révèlent particulièrement problématiques : la stratégie de désinflation compétitive pratiquée notamment par l’Allemagne et la stratégie de consommation inflationniste que suivent la Grèce et l’Espagne... et, dans une moindre mesure, la France. Ni l’une ni l’autre n’assure à long terme un régime équilibré de croissance tandis que leur confrontation affecte l’ensemble européen en pesant sur ses performances économiques et en y instaurant une instabilité potentiellement explosive. Les pays en excédent commercial, dont les autres pays européens assurent les principaux débouchés, connaissent en fait une croissance inférieure à la moyenne de la zone. La désinflation compétitive des premiers freine la croissance des seconds ; l’inflation augmentera demain les taux d’intérêt pour tous, y compris pour les pays « vertueux ». 
                La monnaie unique a rendu incompatibles les intérêts des divers pays européens. C’est ainsi, par exemple, que, quand on vend surtout des services à la personne ou de l’immobilier résidentiel, on ne peut capitaliser sur l’explosion de la demande chinoise comme le fait l’Allemagne. Dans un tel contexte, les politiques économiques de la France et de l’Allemagne s’éloignent de plus en plus et la divergence de leurs intérêts s’accroît. Plus l’euro est fort et le dollar faible plus l’industrie manufacturière spécialisée allemande gagne de l’argent tandis que le commerce extérieur de la France devient plus déficitaire. Si l’Allemagne peut exporter aux États-Unis des machines-outils vendues en euros, en dehors de l’aéronautique vendue en dollars, la France y exporte essentiellement des produits de luxe, des vins et des spiritueux. Quand le cours de l’euro s’envole par rapport à celui du dollar les Allemands conservent leur marge et obtiennent un pouvoir d’achat en dollar plus élevé tandis que les Français perdent des revenus nets. Lorsque la crise économique éclate aux États-Unis, les Allemands continuent à y vendre un peu plus longtemps que les Français. 
                Depuis la création de la zone euro, l’Allemagne a profité de la stabilité monétaire pour compenser « l’extrême faiblesse de sa demande intérieure par une demande extérieure vigoureuse » (Martin Wolf, Le Monde), notamment de la part de ses partenaires de la zone euro. En fait, les performances de l’économie allemande s’expliquent par des efforts pour être plus compétitifs que ses partenaires, en réalité considérés comme ses concurrents. Si, au lieu d’acheter les produits allemands, ses partenaires cherchaient eux-aussi à mettre en œuvre des gains de compétitivité, il en résulterait une spirale récessionniste auto-entretenue. Celui qui voudrait faire à nouveau la différence, devrait alors redoubler d’efforts, c’est-à-dire accroître les sacrifices demandés à la population active en comprimant les salaires et réduisant les diverses prestations sociales qui alourdissent les charges. Dans ce schéma déflationniste, il serait toujours possible de progresser « aussi longtemps que le zéro absolu socialement supportable » (Chronique Agora) ne serait pas atteint. 
     
    Des modèles opposés 

                Est-ce à dire que l’Allemagne a désormais acquis une position de domination que nul en Europe ne saurait lui contester ? Assurément non. Des statistiques publiées outre-Rhin au début du mois de septembre faisaient état d’une baisse de la population pour la sixième année consécutive (l’Allemagne aurait perdu 500 000 habitants au total depuis 2003) et une remontée du chômage dont le taux serait désormais de 7,4 % de la population active (Ce taux de chômage moyen cache mal une très forte disparité : entre 2,7 % aux Pays-Bas et 13,4 % en Espagne). Dans le même temps la population de la France continuait à croître. Certes, le taux de chômage est plus important en France mais, de 1998 à 2010, pendant que le nombre des emplois augmentait de 7 % en Allemagne il progressait de plus 11 % en France. Or, la différence entre les deux évolutions de la population globale n’est pas seulement due à la différence entre les soldes migratoires car les Allemands aussi connaissent une importante vague d’immigration ; la différence entre le nombre des emplois créés ne résulte pas uniquement des emplois du secteur industriel car, en France, la croissance s’est surtout faite dans le secteur tertiaire… difficilement délocalisable ! 

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                Que ce soit au regard de la recherche de compétitivité économique, de l’importance des mouvements financiers ou de la politique des retraites, le modèle économique de la France et celui de l’Allemagne sont diamétralement opposés : pour l’Allemagne, il faut favoriser l’emploi, fût-il à temps partiel et fût-ce au détriment de la consommation ; pour la France, il faut relancer la croissance par la consommation ! Les deux plans pourraient être complémentaires si les deux pays n’avaient pas la même monnaie et pouvaient donc, périodiquement, procéder à des ajustements de parité. Avec une monnaie unique, mais des fiscalités différentes et des politiques sociales divergentes, les tensions économiques graves sont inéluctables. 
     
    Des élites désarmées 

                Il ne faut cependant pas penser que l’Allemagne pourra à elle seule tirer l’économie européenne et la remettre sur le chemin de la croissance. En effet, si l’industrie allemande est encore puissante, la population ne bénéficie pas véritablement de cet avantage concurrentiel. Profitant de la relative faiblesse des syndicats dans la période qui a suivi la réunification, les grandes entreprises ont imposé à l’ensemble de la population des choix de plus en plus difficiles à assumer. Le développement du travail précaire, l’accroissement de la durée des « stages », la baisse relative des salaires (pour lutter contre l’inflation), la hausse de la TVA (pour augmenter la compétitivité), toutes les mesures prises dans l’intérêt de l’industrie allemande sont de plus en plus incompréhensibles pour une population qui a le sentiment d’être entrée dans une phase de paupérisation. Ce qu’il y a de dramatique dans cette évolution, alors que les médias amplifient les exigences, c’est que les Allemands, comme les autres Européens, finissent par constater que leurs élites politiques sont tout autant désarmées qu’eux devant l’évolution de la situation. Plus personne ne sait comment y faire face, soit que les élites dirigeantes soient empêtrées dans une analyse de type libéralo-keynésienne qui, pour être largement partagée, n’en est pas moins inadaptée, soit qu’elles ne se sentent pas assez fortes – ou légitimes – pour braver l’égoïsme superbe des Américains et la discrète ambition des Chinois. 
                Alors que la création d’une monnaie unique, plutôt que d’une monnaie commune européenne avait été dictée dans les années 1990 par le souci de permettre à tous les États de la zone d’emprunter au même taux avantageux (le taux allemand), avec la crise ces taux se sont éloignés les uns des autres… favorisant un peu plus l’économie allemande au détriment de celles des autres États membres. La France n’est pas épargnée, qui risque de perdre son « triple A » ! En période d’euphorie monétaire, les pays les moins développés avaient bénéficié d’un effet de rattrapage ; avec la crise les économies les plus puissants vampirisent les plus faibles. « Il est clair que si les divergences se creusent entre la France et l’Allemagne, les deux pays vont avoir des besoins symétriquement inverses sur le plan monétaire : l’Allemagne jouera la carte de la maîtrise des coûts, et de la lutte contre l’inflation, la France surendettée misera sur la relance par les salaires et aura intérêt à voir sa dette grignotée naturellement par un minimum d’inflation », analysait un haut fonctionnaire français au plus fort de la crise financière ». ■ 

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  • Les secrets de l'univers de l'Islam en 4 mots : 3° Islamisme (33), par Jeunesse si tu savais et Poussières d'étoiles.

    Voici quelques poussières pour mieux comprendre ce qui se passe en France et dans le monde aujourd’hui. D'abord les racines du Coran...
    Suite à des interventions que nous avons faites au Conseil de l’Europe et au Parlement Européen, voici quelques poussières pour mieux comprendre ce qui se passe en France et dans le monde aujourd’hui. Pour éviter l’amalgame, mais pas se voiler la face.
    L’univers de l’Islam pourrait se résumer en quatre mots : Coran, Islam, Islamisme et Musulmans.

    En contact avec les mouvements Jeunesse si tu savais et Poussières d'étoiles; voici les liens de leur page FB, de leurs sites officiels et de leur chaîne youtube :

     

    JEUNESSE SI TU SAVAIS

    https://www.facebook.com/jeunessesitusavais/

    https://www.jeunesse-si-tu-savais.fr/

     

    POUSSIERES D'ETOILES

    https://www.poussieresdetoiles.fm/

    https://www.youtube.com/channel/UCvYtt4Ws_Uc4Cj0LeLCoEJQ/videos

     

    Et voici le trente troisième article (aussi en vidéo/audio) qu'ils nous ont adressé, en attendant la suite...

    https://www.poussieresdetoiles.fm/uploads/newscast/0/0/66/3dc75f95-7e6f-4193-8d84-9665080d49a8.mp3

    Les secrets de l'Univers de L'Islam: le 3° sur les origines de l'Islamisme et son action à travers le monde. États soumis à la charia, groupes terroristes, Djihad, attentats, exécutions,...

    Suite à des interventions que nous avons faites au Conseil de l’Europe et au Parlement Européen, voici quelques poussières pour mieux comprendre ce qui se passe en France et dans le monde aujourd’hui. Pour éviter l’amalgame, mais pas se voiler la face. L’univers de l’Islam pourrait se résumer en quatre mots : Coran, Islam, Islamisme et Musulmans.

    3° ISLAMISME

    De nos jours on voit se développer l’islamisme aussi bien dans les pays musulmans avec des groupes politico-religieux djihadistes que dans des Etats qui appliquent à nouveau de manière de plus en plus rigoureuse des éléments de la charia. En France (avec des attentats : Charlie et Paris, 13 novembre, Nice, etc.), en Europe et dans une partie du monde c’est la version terroriste, exportée du Moyen-Orient ou avec des soldats recrutés sur place.

    L’islamisme est une version fondamentaliste à la fois du texte du Coran et des « hadiths » et aussi de la politique. Le principe de base, dès les origines, de l’islam est une fusion du religieux, du politique et du guerrier. Illustré par la vie même du prophète de l’islam, Mahomet. Pour amener cette religion nouvelle aux confins de la terre, pour soumettre les infidèles ou les mécréants, voire s’ils résistent les tuer, et instaurer la loi et le règne d’Allah sur terre.

    Ce fondamentalisme islamiste peut s’appliquer déjà dans des groupes islamistes révolutionnaires qui sèment la révolution (par rapport aux régimes en place) et la guerre, et qui se constituent quelquefois des territoires comme on le voit en ce moment avec « l’État islamique en Irak et au Levant » (Daesh) entre la Syrie et l’Irak. Ou des zones d’influence de groupes rebelles comme au Nigéria (Boko Haram), en Libye, au Yémen, en Afghanistan,… Et qui exportent leur action révolutionnaire islamiste à travers le monde (et particulièrement dans les pays chrétiens) par le terrorisme.

    Mais cet islamisme fondamentaliste s’est aussi appliqué, depuis le VIIe siècle jusqu’à nos jours, dans des Etats qui ont appliqué à la lettre un certain nombre de principes du Coran et de la « charia » (issue du Coran, de la « sunna » et de la jurisprudence,). C’est le cas aujourd’hui encore dans divers pays musulmans, et par exemple en Arabie Saoudite ou en Iran où on n’hésite pas à lapider les femmes adultères, à couper la main à un voleur ou à condamner à 1000 coups de fouet et emprisonner un blogueur qui serait un petit peu trop récalcitrant. C’est ainsi que ces dernières années on voit se développer en plus de l’islamisme révolutionnaire de groupes qui répandent la terreur, un islamisme d’Etat. Dans certains sultanats on n’a plus le droit de célébrer telle ou telle fête chrétienne sous peine d’être emprisonné ou condamné à des coups de fouet. En Arabie saoudite on ne peut pas construire d’église, ni célébrer le culte librement. Au Pakistan on peut être condamné à mort pour « blasphème » (c’est le cas de la jeune chrétienne Asia Bibi) ou pour avoir changé de religion Et les persécutions de chrétiens ne font qu’exploser dans ces pays qui en reviennent au fondamentalisme. Les chrétiens sont pris en étau entre les nouvelles lois d’Etat basées sur la « charia » (que l’on tente d’appliquer à la lettre) et les attentats des groupes islamistes.

    Bien sûr cette application est encore plus rigoureuse dans les zones contrôlées par les groupes islamistes où l’on gouverne par la terreur avec lapidations, têtes tranchées, crucifixions, esclavage, viols : sous couvert de mariage – en fait forcé, seulement pour une nuit ou une semaine, suivi d’une « répudiation » selon les prescriptions de la « charia » dont on applique que la lettre en éliminant l’esprit ! et même « revente » de l’objet sexuel après usage…

    REVENONS UN PEU AUX ORIGINES.

    Depuis la première conquête arabe du VIIe siècle et l’expansion islamique les siècles suivants ont oscillé entre stabilisation, puis morcellement en divers Etats, et reconquête en plusieurs vagues par des califes successifs. Jusqu’à la dernière vague avec l’empire ottoman qui a régné sur l’ensemble du monde musulman de l’Arabie au Maroc, aux confins du Moyen-Orient, de l’Asie et d’une partie orientale de l’Europe. En quelques siècles l’empire ottoman a réussi à conquérir tout l’empire romain d’Orient jusqu’à la chute de Byzance au XVe siècle, et une partie de l’Europe jusqu’à mettre le siège par deux fois devant Vienne.

    Avec le recul de l’empire ottoman et sa disparition au XIXe et XXe siècle, les états musulmans ont repris leur indépendance pour un certain nombre et pour les autres, il a été beaucoup plus facile aux pays occidentaux de prendre un protectorat ou de coloniser les vestiges de l’empire ottoman. C’est ainsi qu’au XIXe et jusqu’au milieu du XXe siècle une grande partie des pays arabes musulmans ont été sous l’autorité des pays occidentaux. A la suite de la décolonisation une vague laïque s’est emparée de ces pays nouvellement indépendants ; vague inspirée par les anciens colonisateurs occidentaux. Après quelques années plusieurs de ces pays laïcs ont sombré dans l’autoritarisme et dans le goût de l’argent et de la richesse pour les dirigeants, tout en oubliant les valeurs d’indépendance de la patrie des origines. Puis ces dernières années des « printemps arabes » ont eu pour effet un retour aux sources de ces pays musulmans, un retour à l’islam et pour certains à un islamisme très radical. Ce qui a provoqué de vraies révolutions dans un certain nombre de ces pays musulmans. C’est cette vague de retour, de « ré-enracinement » dans l’islam qui génère dans nombre de pays musulmans arabes, turques ou asiatiques des gouvernants qui sont eux aussi issus de cette mouvance islamiste. A la suite de l’Arabie saoudite qui dès le début du XXe siècle a été fondée par une dynastie fondamentaliste (appelée wahhabite) ou des « Frères musulmans » en Egypte.

    Ces doctrines ont ainsi irrigué l’ensemble des pays musulmans afin de retrouver des valeurs fermes dans l’islam et la « charia », voire pour un certain nombre d’entre eux par la guerre sainte, le « djihad ». Face d’abord à la colonisation (du 19e et 20e siècle des pays musulmans) et puis en opposition aux valeurs occidentales de ces dernières années jugées comme décadentes, axées sur la société de consommation, l’argent-roi et la pornographie. Toutes valeurs à l’opposé de l’islam. *Et plus encore depuis que *les pays chrétiens abandonnent les valeurs du christianisme au profit de l’athéisme, du matérialisme et de la dégradation des mœurs.

    Ce courant islamiste a été repris de manière révolutionnaire, et donc plus violente et terroriste par des groupes qui sont issus de certains pays musulmans comme l’Arabie Saoudite et l’Afghanistan (avec Ben Laden, Al-Qaïda et les talibans), dans des pays déstabilisés comme l’Irak et la Syrie (avec Daesh), l’Algérie, la Libye ou le Yémen. Tout en utilisant les oppositions latentes et conflits d’influence entre sunnites et chiites. Comme en Irak et en Syrie où les sunnites islamistes (Daesh, Al-Quaïda) ont au départ été soutenus (officiellement ou secrètement) par les pays sunnites comme l’Arabie Saoudite, le Qatar, la Turquie, etc. face aux chiites soutenus par les gouvernements, à présent chiites, d’Irak et de Syrie, ainsi que par l’Iran et le Hezbollah libanais. Quitte à ce que leurs « créatures » - comme pour Frankenstein- leur échappent et se retournent contre leurs créateurs…

    Ce courant islamiste révolutionnaire maintenant se développe aussi dans des mouvances musulmanes de pays occidentaux. Puisque depuis la décolonisation il y a eu des millions de musulmans qui sont venus s’implanter dans les banlieues des pays occidentaux et qui eux aussi sont parcourus par des courants islamistes révolutionnaires. Des jeunes – que ces mouvements arrivent à radicaliser par internet, par action directe ou dans des mosquées – sont envoyés pour certains vers les zones contrôlés par ces groupes - autrefois en Afghanistan ou au Pakistan - et à présent en Irak ou en Syrie. Et qui dans le sens contraire les renvoient pour commettre des attentats et instiller la terreur dans ces pays de mécréants, de « koufar » que seraient les pays « chrétiens » ou occidentaux. Jusqu’au jour où ils deviendront - selon leurs dires- majoritaires ou en tout cas auront une minorité suffisamment importante pour prendre le contrôle d’une ville - en donnant par exemple un maire musulman à une capitale européenne - ou en prenant le contrôle de secteurs entiers ou de banlieues. Tandis que les autres populations auront abandonné leur foi, leur religion, leurs convictions ; et eux qui auront une conviction, une foi très vive et fondamentaliste pourront instaurer un régime islamiste même dans des pays anciennement chrétiens. Un vrai islamiste révolutionnaire ne voit pas où il doit arrêter sa conquête pour instaurer le règne et le royaume d’Allah sur terre. Avec à sa tête un calife qui soit à la fois chef religieux, chef politique, chef militaire (à l’exemple d’Abou Bakr Al-Baghdadi, le chef de Daesh, qui s’est auto-proclamé le nouveau calife).

    Et ce à la différence de l’enseignement de Jésus - que l’on voit dans les Évangiles-: « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » (Luc 20,25),séparation fondamentale entre le religieux et le politique : « mon royaume n’est pas de ce monde » (Jean 18,36). Dans la vision de l’islam c’est tout le contraire : il s’agit d’instaurer le royaume de Dieu dans ce monde et donc d’instaurer une théocratie avec une loi qui est inscrite dans les principes du Coran et les principes musulmans que l’on appelle la « charia » à appliquer dans tous les pays du monde qui seraient soumis à l’islam.

    D’un point de vue doctrinal ce sont trois grands courants qui composent l’islamisme :

    - le courant plus religieux et spirituel mais aussi juridique (développé depuis le 19e siècle par l’Arabie saoudite wahhabite et en France diffusé par les mosquées salafistes ou financées par l’Arabie saoudite) où il est question d’appliquer ce fondamentalisme à la société et aux personnes par la charia, sans toucher aux institutions.

    - le courant plus politique (inspiré par les « Frères musulmans » nés en Egypte, et en France diffusé par l’UOIF) où on doit changer de régime politique (pour une « république islamique »), avec des maires, des élus, ou des présidents musulmans proches de ces idées qu’ils peuvent dissimuler (« takiya ») dans un premier temps, puis exprimer pleinement quand ils auront le pouvoir.

    - le courant politico-religieux et révolutionnaire (représenté par Al-Qaïda et Daesh, et en France par des groupes et des individus radicalisés) où on prend le pouvoir par la guerre et le djihad, on règne par la terreur et on intimide les autres pays par des attentats les plus meurtriers possible, tout en essayant de provoquer des troubles ou une guerre civile.

    (A Voir aussi les autres mots de l'Islam: Coran, Islam, Musulmans. Sur notre site)

  • Spécial Centenaire 14-18 « Une nation, une langue » ou « une langue, une nation » (3ème partie) (39), par Jeunesse si tu

    En contact avec les mouvements Jeunesse si tu savais et Poussières d'étoiles; voici les liens de leur page FB, de leurs sites officiels et de leur chaîne youtube :

     

    JEUNESSE SI TU SAVAIS

    https://www.facebook.com/jeunessesitusavais/

    https://www.jeunesse-si-tu-savais.fr/

     

    POUSSIERES D'ETOILES

    https://www.poussieresdetoiles.fm/

    Ouvrez le lien du site à l'aide du moteur de recherche GOOGLE CHROME.

    https://www.youtube.com/channel/UCvYtt4Ws_Uc4Cj0LeLCoEJQ/videos

     

    Et voici le trente neuvième article (aussi en vidéo/audio) qu'ils nous ont adressé, en attendant la suite...

    entre Nation et nationalités
    C’est toute l’histoire contemporaine de la Révolution aux deux guerres mondiales que nous allons ainsi survoler. Et dans cette partie voici la Grande Guerre de 14-18.

    https://www.poussieresdetoiles.fm/uploads/newscast/0/0/22/50c85612-a16e-4ac4-93a2-d49436c21746.mp3

     

    Ce principe appliqué au XXème siècle : 14-18

    Après cette guerre de 1870, on voyait déjà se profiler « la Revanche », la guerre suivante qui était celle où la France voulait libérer cette province annexée contre son gré. Tous les parlementaires d’Alsace-Moselle avaient protesté (en vain) contre cette annexion, représentant ainsi l’opinion presque unanime des Alsaciens-Lorrains qui venaient d’être rattachés à un Etat-Nation auquel ils n’avaient jamais adhéré. Depuis plus de deux siècles (1648) leur destin avait été lié à la France, communauté d’histoire partagée et de destin qui formait une des plus anciennes nations (avec ses différentes langues et coutumes). Une notion de Nation – pluriculturelle et pluriethnique – à l’opposé du principe, issu de la Révolution, de Nation basée sur une seule langue et une seule race.

    Les Alsaciens et les Lorrains ont eu l’occasion aussi de protester tout au long de cette occupation de 1871 jusqu’en 1918. Nombreuses ont été les manifestations d’hostilité au nouveau pouvoir impérial, à casque à pointe. Une lutte d’autant plus ferme que le premier ministre Bismarck voulait aussi imposer à l’Alsace – pour la rendre plus servile - son « Kulturkampf » un combat à la fois de persécution du catholicisme (un peu comme pendant la Révolution française) et de germanisation.

    La guerre suivante, fille de celle de 1870, ne fut pas seulement franco-allemande mais mondiale (par le jeu des alliances). Les enjeux pour la France étaient de récupérer l’Alsace-Moselle. Pour l’Empire allemand de continuer son expansion pangermaniste, puisque le but était d’occuper d’autres territoires où on parle un dialecte germanique (sans oublier l’aspect économique): en Lorraine, dans le nord de la France. Mais aussi toute une partie de la Belgique (qui n’était indépendante que depuis 80 ans) et l’ensemble des Pays-Bas. Des objectifs de guerre, tout en consolidant ses acquis de 1870, qui développeraient des conquêtes au détriment des populations qui parlaient un dialecte germanique toujours selon ce même principe des nationalités. Un principe qui se répand par des révolutions et aussi par des guerres. Cette fois-ci ce fut une première guerre mondiale. Après quatre ans de guerre qui firent près de 20 millions de morts (militaires et civils), les résultats furent le contraire des espérances de l’Empire allemand.

    Elle se termina d’abord par l’effondrement de la Russie avec la Révolution d’Octobre (1917) et l’arrivée au pouvoir des communistes qui mirent fin rapidement à la guerre, (en cédant de nombreuses possessions russes en Europe centrale et de l’est, paix de Brest-Litvosk-1918) afin de consolider sa conquête révolutionnaire (en instaurant la « dictature du prolétariat », les goulags et en luttant contre les Russes blancs) .

    Cette Grande Guerre se termina aussi par l’effondrement de l’Autriche et de l’Allemagne (Armistice du 11 Novembre 1918). L’Allemagne y perdra son Empereur mais garda son unité. Le traité de Versailles (1920) - qui va organiser l’Europe et le monde pour l’après-guerre - a conservé l’unité allemande. Les anciens royaumes et principautés qui composaient cet Empire furent définitivement abolis, et leurs souverains prirent le chemin de l’exil. Par contre les traités de Versailles, du Trianon et de St-Germain-en-Laye furent très sévères envers l’Autriche. Le président des États-Unis (un des vainqueurs) ne voyait pas d’un très bon œil cet ensemble autrichien qu’il considérait comme un empire catholique alors que l’empire allemand était protestant et le dérangeait moins à ce niveau-là. Il s’était d’ailleurs rallié, pour une future réorganisation de l’Europe, à ce principe des nationalités (qu’il appelait « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ») dès le 22.01.1917. Le sort de l’Allemagne est alors celé : l’unité préservée (une langue, une Nation) ; et pour l’Autriche: l’éclatement (puisque c’est un empire multi-ethnique (à chaque langue, un Etat-nation). Tout était déjà prédéterminé pour le futur *traité de Versailles *et l’organisation de l’Europe de l’après-guerre. Ce qui explique le refus de ces puissances alliées de paix séparée (en 1917) proposée par l’Empereur d’Autriche Charles Ier. Pour cette paix séparée non suivie d’effet et les dispositions du traité de Versailles, Wilson, le président des Etats-Unis avait reçu le soutien de Clémenceau, le Président du Conseil français. Tous deux anti-catholiques notoires, inspirés et soutenus par la franc-maçonnerie.

    La guerre de 14-18 déboucha - après les traités de Versailles et associés, sur la fin de l’Empire autrichien, l’exil du dernier Empereur et l’éclatement de cet empire. Se constituèrent ainsi des républiques avec la Hongrie, la Roumanie, la Tchécoslovaquie, etc. avec des morceaux de l’empire autrichien qui se regroupèrent pour l’essentiel selon le principe des nationalités, avec « une langue, une Nation ».

    Alors que l’optique du Reich allemand dès 1870-71 fut la fusion des régions et des groupes de population. Ce qui aboutissait à un éclatement des Etats voisins pour regrouper (souvent par la force) des régions qui parlaient allemand. L’application de ce principe pour l’Empire autrichien – comme pour certains autres pays - produit un effet centrifuge qui fit éclater l’ Empire et les états multiethniques pour constituer de nouveaux états en fonction de la langue parlée localement. C’est donc un principe révolutionnaire qui vise à faire exploser l’ensemble de l’organisation des états et des empires qui se s’étaient constitués au fil de l’histoire et au rythme des siècles. ** L’empire autrichien** s’était constitué en plus de sept siècles autour de la dynastie des Habsbourg, par mariages et conquêtes. C’était le fruit lent de l’histoire. Mais si on veut faire du passé table rase, on réécrit l’histoire sur de nouvelles bases. Cependant ces nouvelles bases étaient révolutionnaires, puisqu’il a fallu à chaque fois soit des guerres soit des révolutions pour arriver à de nouveaux états et de nouvelles frontières. Au prix du sang : la première guerre mondiale a fait quelque 20 millions de morts à cause de ces principes de nationalités. D’ailleurs le prétexte du déclenchement de cette guerre fut l’assassinat de l’Archiduc d’Autriche à Sarajevo par un Serbe de Bosnie qui militait pour rattacher sa région (administrée par l’Autriche) à la Serbie au nom de ce principe des nationalités, appelé ici panslavisme (ce qui fut réalisé après le traité de Versailles avec la création de la Yougoslavie).

  • Livres & Actualité • Alain de Benoist : Le moment populiste

     

    Une recension par Jean-Paul Brighelli

    Analyse façon Brighelli - fond et forme - d'une grande force d'évocation et d'une toujours évidente lucidité [31.03].

     

    164510964.jpgVoilà deux mois que j’ai sur ma table le Moment populiste, d’Alain de Benoist (Pierre Guillaume de Roux Editeur).

    Deux mois que j’attends le bon moment de parler d’un livre intensément érudit et qui explore toutes les facettes d’un mot qui pue un peu aux narines des crétins — sauf qu’il rentre justement en grâce ces temps-ci.

    Populisme : le terme pour ma génération a été longtemps associé à « poujadisme » (certification vintage Pierre Poujade 1953-1958, avec résurgence Gérard Nicoud et CIDUNATI, 1969), et ne concernait guère que les revendications des petits commerçants — à ceci près que l’Union Fraternité Française, qui obtint 52 députés en 1956 (dont Jean-Marie Le Pen, réélu en 1958) dépassa rapidement la stricte défense des Beurre-Œufs-Fromages.

    Puis vint Georges Marchais, maillon indispensable pour comprendre comment un mot longtemps associé à l’extrême-droite a glissé peu à peu sur l’arc politique, au point d’être aujourd’hui l’œil du cyclone à partir duquel se définissent les politiques. À partir duquel s’est construite, surtout, « l’extraordinaire défiance de couches de la population toujours plus larges envers les « partis de gouvernement » et la classe politique en général, au profit de mouvements d’un type nouveau » : c’est l’attaque du livre d’Alain de Benoist — et j’aimerais beaucoup qu’on lui fasse grâce des étiquettes a priori, dans une France qui justement, comme il l’analyse fort bien, s’ébroue hors du marigot gauche-droite.

    Ce que des journalistes paresseux ont nommé le « trumpisme » (croient-ils vraiment que le peuple américain qui a voté pour le faux blond le plus célèbre au monde croit en ses vertus ?) n’est en fait que la mesure du « fossé séparant le peuple de la classe politique installée ». Inutile donc d’« accumuler les points Godwin » en criant au retour des années 1930 dès qu’un mouvement politique parle au peuple : en fait, de Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon en passant par Nicolas Dupont-Aignan et tout ce qu’il reste du chevènementisme, ce sont moins les politiques qui parlent au peuple que le peuple qui parle aux politiques. Et qui même lui crie aux oreilles.

    A émergé il y a une dizaine d’années un populisme new style. Alain de Benoist évoque la victoire du « non » au référendum de 2005, le référendum confisqué par les pseudo-élites qui nous gouvernent, droite et gauche mêlées — bien la preuve qu’il n’y a plus de droite ni de gauche quand il s’agit de défendre les avantages acquis de l’oligarchie au pouvoir. Je pencherais plutôt pour les élections de 2002, où entrent les 16,86% de Jean-Marie Le Pen (ajoutons-y les 2,34% de Bruno Mégret et sans doute les 4,23% de Jean Saint-Josse) et les 5,33% de Jean-Pierre Chevènement de l’autre côté de l’arc électoral, cela fait quand même près de 30% de voix qui ne se portaient pas sur les deux partis traditionnels qui monopolisent depuis quarante ans les chaises musicales au sommet de la République.

    Mais je comprends le raisonnement d’Alain de Benoist : l’élection de 2005 était la preuve par neuf qu’une seconde oligarchie, européenne celle-là, se superposait à la vieille oligarchie française. De surcroît, le cumul des mandats étant ce qu’il est, c’était pour ainsi dire la même classe politique de l’UMPS qui se partageait les dépouilles électorales, à Bruxelles comme à Paris. « La droite a abandonné la nation, la gauche a abandonné le peuple », dit très bien notre philosophe, citant Pierre Manent. Que la Gauche ne soit plus représentée que par un quarteron de bobos parisiens — qu’elle ait à ce point rompu avec le peuple (et la candidature de Jospin en 2002 est emblématique de cette scission) est une évidence. Que la Droite se soit européanisée, mondialisée, et ait renié le bonapartisme jacobin qui caractérisait la politique gaulliste est une autre évidence.

    Et de citer le célèbre poème de Brecht, « Die Lösung » (« la Solution ») :

    « Ne serait-il pas
    Plus simple alors pour le gouvernement
    De dissoudre le peuple
    Et d’en élire un autre ? » 

    Le populisme moderne est né d’une absence d’alternative. Rien à voir, sinon à la marge, avec le populisme des années de plomb : il ne s’agit pas de revanche (sur le traité de Versailles / les Juifs / les Francs-macs ou que sais-je) mais d’une révolte face à la confiscation de tous les pouvoirs par une minorité qui ne se reproduit qu’en pure consanguinité. D’une offense à la « common decency » chère à Orwell et à Jean-Claude Michéa (dont chaque livre, chaque interview fournit une occasion pour les Saint-Jean-Bouche-d’or de crier à la trahison des clercs). Le modèle en fait du populisme actuel n’est pas 1933, mais 1788.

    Capture-d’écran-2017-03-29-à-14.09.20.pngPour preuve (preuve aussi de la qualité des analyses d’Alain de Benoist, dont je ne vais pas vous faire une lecture exhaustive, achetez-le plutôt), le virage populiste de Jean-Luc Mélenchon, qui est rhétoriquement l’héritier de Marchais, et politiquement sur une ligne fort proche, quand on y pense un peu sérieusement, de celle de Marine Le Pen. C’est même l’opinion de cet imb… de Maurice Szafran, qui écrit désormais dans ChallengesSo long, Marianne

    Oui, oui, je sais, les futurs électeurs de Mélenchon se pincent le nez en lisant cette dernière phrase. Mais ce sont les mêmes qui l’année dernière lisaient l’Ere du peuple, un titre habilement médité par le leader de la France insoumise, sans doute méditait-il déjà le slogan de sa campagne actuelle. Les mêmes qui dénoncent le népotisme de toute la classe politique (et Alexis Corbière, le second de Mélenchon, d’estimer que « l’affaire Fillon heurte le moment populiste où nous sommes »), les mêmes qui depuis quinze ans déplorent l’abandon du peuple par la gauche et « comprennent » que d’anciens communistes aient viré FN, dans les vieux bastions du PCF — dans le Nord notamment. Les mêmes qui lisent avidement Christophe Guilluy (longuement interviewé ce mois-ci dans Eléments, la revue que patronne Alain de Benoist — tiens, tiens), et savent bien que Gauche et Droite méprisent la France périphérique — et d’ailleurs, la France tout court.

    Alexis Corbière explique donc dans l’interview pré-citée que le mot « populisme » fait aujourd’hui débat, que le peuple est contre l’oligarchie et le népotisme, et que la situation actuelle est pleine d’une violence potentielle qui l’amène à conclure à la nécessité d’une Assemblée Constituante.

    Cher Alexis Corbière, je crois qu’il est trop tard. Alain de Benoist analyse finement la disparition des « lendemains qui chantent » — et le rôle qu’a joué dans la montée du populisme l’effondrement de l’utopie socialiste, à l’Est. Seule une reddition en rase campagne de Hamon donnerait du sens à une candidature Mélenchon — mais la rue de Solférino maintiendra Hamon, parce qu’ils haïssent Mélenchon, au PS, et surtout parce qu’ils rêvent d’une victoire de MLP, qui permettrait, croient-ils, un sursaut pro-PS aux Législatives et la survie des Eléphants. J’ai bien peur (en fait, je n’ai pas peur du tout) que nous ne soyons plus en 1788, mais déjà en 1791. Ça va mal se passer dans les urnes, et ça va finir dans la rue.

    Je dis « ça », exactement comme Céline au début du Voyage au Bout de la nuit (« Ça a débuté comme ça » — une phrase d’une fabuleuse circularité), non pour écrire populaire, mais parce que c’est le Ça freudien, le refoulé de tant de décennies, qui est en train de remonter. À jouer au plus fin avec le peuple, on finit par perdre — on ne peut pas le tromper tout le temps, même si on l’a trompé longtemps. Voilà, ça va finir comme ça. 

    Jean-Paul Brighelli
    Enseignant et essayiste, anime le blog Bonnet d'âne hébergé par Causeur.

  • Mai 68 : Ce menaçant Monsieur Cassin [2]

    René Cassin devant le Haut Tribunal Rabbinique

     

     

    Face au nazisme, l’appel de Londres 

    L’avancée des troupes allemandes l’oblige à quitter la France. Le 23 juin 1940 il s’enfuit vers le Royaume-Uni où il reçoit « du consul de Grande-Bretagne à Paris un document lui donnant le statut d’agent officiel du gouvernement de Sa Majesté. »[1] Le 29 juin il rencontre de Gaulle qui la veille a été reconnu chef des Français libres par Churchill ; il est chargé de préparer un projet d’accord entre les deux hommes qui permettra « de donner un statut juridique aux troupes qui reconnaissent l’autorité du Général, tout en leur assurant un financement britannique. »[2] Ce gouvernement républicain en exil au Royaume-Uni prend le nom de Comité français de libération nationale (CFLN). Si Cassin est rapidement mis au placard par de Gaulle, qui le marginalise « en le cantonnant à son administration »[3], il devient en revanche « l’une des figures majeures du camp allié. »[4] 

    Ardent partisan du cosmopolitisme, l’exil à Londres est l’occasion pour René Cassin d’apporter une « contribution capitale (…) à la pensée des droits de l’homme »[5] et de dessiner les contours des futures Nations unies : « Avec d’autres exilés londoniens, il commença à examiner les buts de guerre alliés afin de faire sortir du conflit un ʽʽnouvel ordre internationalʼʼ démocratique. »[6]

    Les convictions politiques de Cassin s’avèrent en pleine adéquation avec celles de l’élite britannique. Notamment il « admirait l’institut royal pour les affaires internationales de Chatham House ; il appréciait la revue de presse étrangère qu’il lui fournissait. C’était […] un groupe d’experts indépendants investis dans des recherches et débats sur des questions qui intéressaient le Foreign Office. »[7] Ce think tank est la plus ancienne coterie mondialiste, l’ancêtre des plus connus Groupe Bilderberg, Council on Foreign Relations et Commission Trilatérale. 

    En plus de son poste de commissaire national à la justice et à l’instruction auprès du gouvernement en exil dirigé par de Gaulle, René Cassin devient président de l’Alliance israélite universelle (AIU), fondée au XIXe siècle par Isaac-Adolphe Crémieux. Il « se voit chargé par de Gaulle de reprendre les rênes d’une institution grâce à laquelle ʽʽtous les Juifs d’Orient parlent le français et ont adopté notre culture comme la leurʼʼ. »[8] Sa défense du judaïsme va de pair avec son combat pour les droits de l’homme : « Cassin était tout désigné pour […] parler au nom de la France libre sur les droits de lʼHomme. Depuis 1940, comme ferme défenseur de la SDN, il avait prôné de nouvelles initiatives sur ce projet, et après la création des Nations unies, le 1er janvier 1942, il avait appelé à fonder cette organisation sur une affirmation des droits de lʼHomme plus ferme et plus ample que celle sur laquelle avait reposé la SDN. »[9] 

    Alors que le 31 juillet 1945, Cassin est nommé vice-président du Conseil d’État, il est également chargé après-guerre de rédiger l’architecture philosophique de l’ONU. Cette mission aboutit à la présentation, le 10 décembre 1948 à Paris, de la DUDH devant l’assemblée générale de l’ONU. Pour Cassin l’enjeu est de « limiter la souveraineté de l’État et faire avancer le droit de recours des individus contre la violation de leurs droits, par les États où ils vivent »[10]. Il entend que soit inaugurée l’ère de la justice universelle. Cet idéal qui l’anime résulte de la congruence qui existe entre la pensée républicaine issue de 1789 et le judaïsme moderne. 

    Un chef de sa communauté 

    Les premières responsabilités qu’a eues Cassin dans l’engagement auprès de ses coreligionnaires étaient celles d’administrer lʼAIU : il « se rendit en Palestine où il resta du 15 janvier au 18 janvier 1942. Il s’y présenta lui-même comme le champion des liens entre Français et Britanniques au Moyen-Orient. Il vit aussi que les Arabes aussi bien que les juifs répondaient positivement à de Gaulle et à la France libre. Il fut particulièrement frappé, là comme au Liban, par le succès de lʼAIU qui faisait flotter le drapeau de la langue française et des valeurs républicaines. Il en serait le président l’année suivante (son engagement actif dans lʼAIU remontait à cette mission). »[11] 

    Chef de lʼAIU à partir de 1943, Cassin le restera trente années durant, devenant « l’une des premières personnalités juives »[12] du monde. L’« universaliste juif laïque »[13] qu’il est « joue le rôle d’une sorte de ministre des Affaires étrangères de la communauté juive francophone »[14]. Ce statut important, il lʼacquiert dans le contexte des affres de la Seconde Guerre mondiale : « Après 1943, il a une sorte de circonscription à représenter : un monde juif, et il sʼy emploie à Paris, à Casablanca, à New York et à Jérusalem. La guerre a quasiment fait de lui un homme dʼÉtat juif. »[15] Dès le milieu des années 1940 il devient ainsi un homme puissant, fort dʼun vaste réseau dont la dimension est internationale. Dans la famille Cassin, il nʼest pas le seul à occuper une fonction importante à lʼintérieur de sa communauté : « Son frère Fédia joua un rôle dirigeant dans la communauté juive de Marseille : il présidait le consistoire et le Bʼnai Bʼrith. »[16] 

    Lʼhorreur de cette guerre face au nazisme convainc Cassin de la pertinence de lʼidéologie sioniste : il « était une personnalité officielle française au sionisme, du moins après 1945. »[17] Pas au point, cependant, de faire son alyah en Israël après sa création, en mai 1948 : « Cassin était un sioniste de la diaspora, un homme convaincu que les Juifs qui souhaitaient vivre une vie collective en Palestine devaient être libres de le faire. »[18] En tant que président de lʼAIU, Cassin a fait pression pour accélérer la naissance de lʼÉtat hébreu et faciliter la migration des Juifs en Eretz Israël : « lʼAlliance faisait tout ce quʼelle pouvait pour promouvoir la partition de la Palestine et la création de lʼÉtat dʼIsraël. Le 9 juin 1947, Cassin lui-même signa et envoya au secrétaire général de lʼONU, Trygue Lie, un ʽʽMémorandum de lʼAIU sur le problème palestinienʼʼ, qui plaidait sans équivoque la cause de la création dʼun État. Après la Shoah, faciliter lʼimmigration juive en Palestine ʽʽest le premier devoir de la communauté internationaleʼʼ. »[19] 

    Sans conteste il « était un sioniste dévoué au sens où sa loyauté envers Israël était très profonde, et de plus en plus au fur et à mesure que passaient les années »[20]. Cet attachement sincère et fort explique pourquoi il « fit adhérer lʼAIU au Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), fondé en 1944 pour coordonner la restauration de la communauté juive »[21] vivant en France. Mais les convictions de Cassin se heurtèrent avec la politique menée par le général de Gaulle, qui, selon les termes de Pierre Bloch, « nʼétait ni antisémite, ni prosémite. Il ignorait le problème. Il nʼy avait pour lui que des Français. »[22]  (A suivre)  • 

    [1]  Antoine Prost, Jay Winter, op. cit., p. 140.

    [2]  Ibid., p. 148.

    [3]  Ibid., p. 146.

    [4]  Idem.

    [5]  Idem.

    [6]  Idem.

    [7]  Ibid., p. 202.

    [8]  Catherine Nicault, La France et le sionisme. 1897-1948. Une rencontre manquée ?, Paris, Calmann-Lévy, 1992, p. 203.

    [9]  Antoine Prost, Jay Winter, op. cit., p. 208.

    [10]  Ibid., p. 270.

    [11]  Ibid., p. 195.

    [12]  Ibid., p. 368.

    [13]  Ibid., p. 378.

    [14]  Idem.

    [15]  Ibid., p. 379.

    [16]  Ibid., p. 399.

    [17]  Ibid., p. 381.

    [18]  Ibid., p. 386.

    [19]  Ibid., p. 383.

    [20]  Ibid., p. 396.

    [21]  Ibid., p. 399.

    [22]  Cité par Daniel Amson, op. cit., p. 8

    Retrouvez les articles de cette série en cliquant sur le lien suivant ... 

    Dossier spécial Mai 68

  • L'évasion de Louis XVI ? Quelle soirée sur France 2 !...

                Force est de constater, en guise de réaction à chaud, juste après avoir vu le film, que nos rêves secrets les plus fous ont été largement pulvérisés, et de très loin, par la révélation de la soirée : le tandem de choc Sélignac/Petitfils, révélation de la soirée, de l'année, du siècle !....

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                On parlera longtemps, et abondamment, de cette petite bombe que nous venons de voir, ce soir. Certes, modérons nos ardeurs, une hirondelle ne fait pas le printemps, diront les sensés et les raisonnables. Et ils n'auront pas tort. 

                Mais, si elle ne fait pas le printemps, elle l'annonce, répondront les plus ardents. Et ils n'auront pas tort non plus.

     
     
     
     

                Il n'est pas exagéré de le dire : c'est la première fois que l'on voit cela, que l'on entend cela à la télé. Et à la télé officielle, s'il vous plaît, sur une chaîne publique. Voir quoi ? Entendre quoi ? Mais la vérité, tout simplement. Nous ne demandons pas autre chose.

                Nous ne demandons pas la vengeance, ni des réparations ou des indemnisations; nous ne demandons pas la révolution en sens contraire, et que tombent les têtes de ceux qui ne sont pas d'accord avec nous. Nous demandons simplement que la Vérité soit faite et soit dite sur l'intégralité de ce qui s'est passé, afin que toutes ces horreurs puissent, enfin, passer, et que la France puisse fermer cette page douloureuse de son histoire ouverte en 1789, clôturer un grand cycle, néfaste et bâti sur le mensonge.

                 Pour cela, il faut tout simplement, comme ce soir, que l'on raconte les choses comme elles se sont vraiment déroulées, et non selon l'ignoble vérité officielle de ceux qui persistent dans leur mémoricideintrinsèque, qu'a si justement dénoncé Reynald Sécher, et qui ne sont en fin de compte que des révisionnistes et des négationnistes.

                Après tout, le mensonge officiel n’a pas plus que d'autres choses les promesses de l’éternité. Comme les virus ou les épidémies, les idéologies et les vérités officielle mensongères peuvent, elles aussi, s’épuiser, finir leurs cycles, cesser d’être virulentes. N'assistons-nous pas, avec la projection de ce soir, à la première manifestation, et -souhaitons le- la première étape, d'un nouveau temps où, enfin, on va dire les choses en vérité, à cause de l'essoufflement et de la mort du mensonge d'Etat ?

                Il faut, comme on l'a fait ce soir, que la parole, en France, cesse d’être anti historique. Qu’elle assume au contraire l’intégralité de notre histoire nationale et qu’elle accepte une saine critique des phases les plus destructrices de la période révolutionnaire et postrévolutionnaire (martyre des rois Louis XVI et Louis XVII ; de la reine Marie-Antoinette ; génocide de la Vendée ; années de Terreur et toutes leurs victimes ; guerres révolutionnaires et post révolutionnaires ; destructions du patrimoine ; luttes antichrétiennes etc...).

     

                 La roue tourne. L'excellent film de ce soir en est une illustration indéniable. Et cela ne pourra pas rester sans conséquence(s). Poussons donc à la roue, pour qu'elle tourne encore plus vite....

  • Nouveautés BD chez Glénat

    501 LA REPUBLIQUE DES COUACS[BD].indd             

    La République des couacs est l’album politique du moment qui sait à la fois mêler information et humour mais aussi éclairer sur quelques épisodes croustillants de la vie publique. Il se focalise sur les deux premières années du quinquennat de François Hollande et revient sur les coulisses des grands dossiers qui ont laissé des traces sociales et politiques profondes dans l’esprit des Français, parce qu’ils ont été mal appréhendés, mal gérés. A un point tel qu’ils ont entamé le peu de crédit que les Français avaient accordé à la majorité issue des élections de mai 2012. Ces dossiers ? : Florange, Léonarda, l’éviction de la ministre de l’Ecologie. Delphine Batho, etc. En huit chapitres, les auteurs, Renaud Dély, actuel rédacteur en chef de l’Obs, et le dessinateur Aurel (Aurélien Froment) avec lequel Renaud Dély a déjà commis quelques bandes dessinées, passent au crible les maladresses du chef de l’État. L’exemple le plus édifiant est peut-être le limogeage de Delphine Batho qui, malgré sa position, ne pouvait pas lutter contre la directrice de cabinet du Président, Sylvie Hubac. Le mari de cette dernière, Philippe Crouzet est (toujours) président du directoire de Vallourec, une entreprise importante dans le secteur de l’énergie notamment fossile… Une fois la lecture achevée, le lecteur est convaincu qu’une élection par défaut peut conduire au désastre et que l’amateurisme est la marque de fabrique de cette première moitié de quinquennat… Bref, une BD satirique qui sonne juste.

    La République des couacs, Renaud Dély, Aurel, Glénat, 96 pages, 15.50 euros

     

     

    BD2

     

    Gengis Khan dont le nom signifie « souverain universel » ou « empereur puissant » est considéré comme le père de la nation mongole. Il a vécu entre les années 1155 ou 1162 jusqu’en août 1227. C’est à la mort de cet immense empereur que débute cette passionnante biographie dessinée. Un jeune novice du monastère Tien Ch´ang Kuan annonce la nouvelle à son maître Chang Chun. Le novice est persuadé que Gengis, qui a reçu dans sa jeunesse le nom de Temüdjin, « le plus fin acier », a été un tyran sanguinaire. Le maître Chang Chun lui narre alors une toute autre histoire. Il lui narre l’ambition d’un jeune homme dont le père fut empoisonné. Le maître raconte comment le jeune homme, fiancé à 9 ans, à Börte « la Céruléenne » issue du puissant clan des Onggirats, s’est construit avec hargne et fougue : sa capture par la tribu rivale des Tayitchiouts, son évasion, sa vie nomade, sa montée en puissance, son mariage avec Börte, les ralliements, les trahisons, les unions et l’expansion de ses territoires. Les trois auteurs Denis-Pierre Filippi (scénario) Manuel Garcia (dessins) et Marie Favereau (conseil historique) retracent à merveille l’épopée de ce personnage méconnu, battant en brèche quelques idées reçues : Gengis Khan était un Mongol et non un Tatar (ennemi héréditaire des Mongols). Ce n’était pas un tyran mais un vrai diplomate, s’appuyant plus sur ses réseaux et les tribus pour ses conquêtes territoriales.

    Si l’on regrette le trait parfois grossier de certains personnages et le fait que l’on ait de temps à autre du mal à suivre toute l’histoire (connaissances indispensables), l’œuvre reste très vivante et fidèle à la réalité historique… Comme à l’accoutumée, le dossier annexe de huit pages constitue une mine de renseignements pour tous les passionnés de la période et du personnage.

    Gengis Khan – Manuel Garcia -Denis-Pierre Filippi et Marie Favereau – Editions Glénat – 56 pages 14,50 euros

     

    Source :  Politique magazine  

     

  • Livre : La Fin d’un monde, de Patrick Buisson, par Aristide Leucate.

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    1960-1975. Les années du grand tournant, le vrai « Grand Remplacement », selon Patrick Buisson, celui d’Homo Sacer par Homo Consumens. En un peu plus d’une décennie, tous les artisans de la – progressistes de tout poil, curés défroqués, féministes post-marxistes adeptes de la « French Theory », etc. – se sont consciencieusement évertués, pierre après pierre, à desceller, démanteler, désosser le lourd et majestueux édifice des mœurs, des croyances, des coutumes patiemment élevé par nos aïeux, depuis les premières lueurs de la civilisation. 

    2.jpgQuinze années décisives, « quinze piteuses », qui éclairent rétrospectivement notre actuelle chienlit hypermoderne.

    Nous devons savoir infiniment gré à Patrick Buisson, chaussé de ses lunettes d’historien et de sociologue, d’avoir pris le temps de disséquer et dépecer cette ère si courte mais, ô combien !, dense et dévastatrice au cours de laquelle la modernité, traduction philosophique du capitalisme devenu consumériste, a opéré, non pas une transmutation nietzschéenne des valeurs, mais bien leur inversion, sinon leur permutation. Pour Buisson, il ne fait aucun doute que nous sommes entrés dans une ère de décadence dès l’instant que tout a concouru à la destruction méthodique de toute culture populaire.

    Cela a, en effet, commencé par le concile II qui allait désorganiser, désordonner, désarticuler tout un écosystème anthropologique occidental aux équilibres subtils, en s’en prenant aux murs porteurs qu’étaient l’Eglise, ses rites, ses piétés multiples, ses dévots, ses fidèles, ses servants, ses anges, ses saints, sa hiérophanie, bref tout ce qui faisait, depuis des siècles, la trame épaisse et complexe de nos us, de nos coutumes, de notre culture, de notre art de vivre, de notre littérature, de notre architecture, de notre « weltanschauung ».

    Pour la première fois dans l’histoire de l’Eglise et de la chrétienté, occidental allait être exfiltré de la religion de ses pères dans un mouvement de submersion absolue que Buisson qualifie, en reprenant le mot du sociologue François-André Isambert, d’« exchristianisation », réalisant ce que Bernanos fustigeait comme étant la « conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure ».

    Cet effondrement conciliaire de l’Église des humbles, mêlée de paganisme, de ritualisme festif, de fidéisme sentimentaliste, au prétexte de revenir aux sources originelles du christianisme primitif supposément plus pur, allait progressivement vider les églises, leurs troncs et leurs confessionnaux, tandis qu’une néo-prêtrise bourgeoise et intellectualisante, en habit de ville, narcissique et infatuée, descendra de sa chaire pour supplanter Dieu au milieu de brebis égarées tout d’abord, qui s’égailleront ensuite.

    Ces murs porteurs une fois mis à bas, les fondations civilisationnelles devaient inexorablement commencer à se lézarder, jusqu’à laisser place à d’incoercibles béances. Puisque Dieu le Père Tout-Puissant avait chu, c’était au tour du pater familias et, avec lui, du principe d’autorité de déchoir. Buisson rappelle opportunément le lien indissociable qui unissait, de toute éternité, l’autorité du père à celle du Ciel, le « patriarcat » au « monothéisme ». La chute du père devait s’accompagner, sous les coups de boutoirs d’un féminisme radical et militant, d’un vaste mouvement de dévirilisation des valeurs attachées à la masculinité, tandis que la féminisation des mœurs recouvrait la de son long manteau d’émollience et d’hédonisme, consacrant l’assomption de « l’homme mou » et la « débandade de l’homme blanc ».

    De manière convaincante, Buisson, foin de toute provocation, dresse un implacable constat , sociétal, moral, intellectuel et spirituel de notre décivilisation en cours et donne les clés de compréhension d’un monde qui s’ébroue dans une horizontalité existentielle où le nihilisme et le matérialisme se sont substitués à la sacralité substantielle, verticale et transcendante des anciens.

    NDLR On reverra le long entretien que Patrick Buisson a donné à Boulevard à l’occasion de la sortie de son livre La fin d’un monde.


    La Fin d'un monde: Une histoire de la révolution petite-bourgeoise (Français) Broché – 5 mai 2021

     

     

    Aristide Leucate

    Docteur en droit, journaliste et essayiste
  • Antiracisme contre véganisme : le gauchisme idéologique en panique !, par Marie d'Armagnac.

    Rififi chez les gauchos.

    Un article récent du Daily Mail repris par Valeurs actuelles fait état d’une querelle idéologique qui ébranle le petit monde du  : la Vegan Society britannique est secouée par des démissions en masse de plusieurs de ses administrateurs qui accusent l’antique organisation de pratiquer… l’appropriation culturelle et le racisme institutionnel.

    8.jpgLe tofu, le blé chinois, le houmous, mets abondamment utilisés dans la cuisine végane, auraient été volés à la cuisine de l’Asie et du Moyen-Orient. Le concept d’appropriation culturelle – dont personne, soit dit en passant, ne voit la contradiction avec le projet de métissage et de -, fort en vogue chez les militants antiracistes les plus radicaux, interdit que des « Blancs » (entendez les dominants) osent s’emparer des culinaires orientales ou africaines au prétexte que ce serait une forme détournée de néo-colonialisme. Un péché mortel, moral et social.

    Certes, il est difficile de suivre les méandres tortueux de cerveaux ramollis par des années d’épidémie gauchiste.

    Essayons d’y voir un peu clair.

    La Vegan Society a été fondée dans les années quarante par Donald Watson : inventeur du terme « végan », il expose la finalité du mouvement en 1944 dans The Vegan News : « Notre civilisation actuelle est construite sur l’exploitation des animaux, tout comme les civilisations passées ont été construites sur l’exploitation des esclaves, et nous croyons que le destin spirituel de l’homme est tel qu’avec le temps, il verra avec horreur l’idée que les hommes se sont nourris autrefois des produits du corps des animaux. Même si les preuves scientifiques peuvent manquer, nous soupçonnons astucieusement que le grand obstacle au développement moral de l’homme peut être qu’il est un parasite des formes inférieures de la vie animale. »

    80 ans plus tard, Eshe Kiama Zuri, activiste de 25 ans, démissionne avec fracas du conseil d’administration de l’antique Vegan Society : « La Vegan Society n’est pas un endroit sûr pour les jeunes, pour les Noirs, pour les personnes queer ou pour toute autre personne marginalisée. »

    D’un projet à l’autre, il n’y a pas, on le voit, de différence essentielle : l’un est la suite logique de l’autre, projet politique fondé sur le rejet de tout ce qui ressort de l’ordre naturel des choses. On ne parle pas ici, évidemment, de l’ mais du rapport de l’homme à l’animal considéré comme tel. Or, comme l’écrit fort justement Mathieu Bock-Côté, dans le FigaroVox, « il y a dans le véganisme un rapport abstrait à l’animal, qui le coupe de son inscription dans l’ humaine et qui l’arrache à la longue histoire de la civilisation. C’est au nom de cette dernière qu’il faut s’opposer à lui et du rapport fécond qu’ont noué les hommes avec les animaux, infiniment plus riche que celui proposé par ceux qui instrumentalisent la cause animale pour maudire l’humanité. »

    Maudire l’humanité : le trait commun de l’antiracisme dans ce qu’il a de plus radical et de plus absurde, de plus incohérent, car il n’est qu’une forme de racisme inversé, et le monde du véganisme, dernière lubie d’une gauche bobo, celle des centres-villes et des rabat-joie.

    Naufrage des idéologies folles : l’antiracisme comme le véganisme, l’ ou le « wokisme » signent le naufrage de la gauche. Comme l’explique Pascal Bruckner dans le FigaroVox : « Plutôt que de défendre les classes populaires et les conquêtes sociales, elle préfère brandir le thème de la race comme bouée de secours, mais cette bouée va surtout la couler. En reprenant une rhétorique délétère, cette gauche-là dresse le décor de son propre suicide. »

     

    Marie d'Armagnac

    Journaliste
    Journaliste et auteur
  • Mai 68...

              C'est bien connu, et nous en avons tous fait l'expérience: il y a des jours où l'on se dit qu'on aurait mieux fait de rester couchés ! A l'inverse, et nous en avons aussi tous fait l'expérience, il y a des jours, comme çà, où sans que l'on s'y attende le moins du monde, on a une bonne surprise. C'est ce qui arrive aujourd'hui avec ce texte puissant, publié par Patrice de Plunkett sur son blog: http://plunkett.hautetfort.com

              Nul n'a pu, aussi distrait soit-il, ne pas se rendre compte que les différents médias nous bombardaient depuis longtemps déjà de commémorations sur Mai 68, et pas toujours d'un grand intérêt...: or voilà une réflexion qui, pour le coup, fera date. Nous la publions donc dans son intégralité car, son auteur nous pardonnera notre familiarité, ce texte "vaut vraiment le coup".

              Et c'est peu de le dire....

           LA REPENTANCE N'EST PAS DANS L'AIR

    Liquider Mai 1968 : vaste programme, eût dit de Gaulle.  Il faut voir où l’on met les pieds.

    Peut-on regarder 68 comme un drame politique dont on pourrait dresser le bilan, à la façon des Livres noirs du communisme et du colonialisme ? 

    Ce serait une erreur.

    J’en témoigne. J’avais vingt ans cette année-là et j’étais sur le terrain. Etudiants « réacs » [1]  de Nanterre et du Quartier latin, nous nous sommes bien amusés –  mais sans y croire une seconde ! Nous ne sommes pas allés sur les Champs-Elysées le 30 mai. Pas un instant nous n’avons gobé que « les rouges » voulaient « prendre le pouvoir ». Ni que la « révolte étudiante » était « dirigée et exploitée par des meneurs au service d’une puissance sans visage qui agit partout à la fois dans le monde », comme l’écrivait alors Mauriac dans son bloc-notes... La panique bourgeoise nous faisait rire. La droite jouait à la contre-révolution, mais il n’y avait pas de révolution ; les cris de guerre des gauchistes sonnaient faux, leurs slogans avaient l’air d’un décor. La société qu’ils dénonçaient n’existait pas. Le danger qu’ils proclamaient (la « fascisation du capitalisme ») était imaginaire et absurde.

    Mais nous qui étions dans le bain, contrairement à la droite, nous sentions qu’il y avait tout de même un esprit du mouvement de Mai : et que cet esprit était autre chose que son apparence.

    On devinait un volcan qui n’était pas politique [2].

    Sous les gesticulations pseudo-marxistes courait en réalité une fièvre irrésistible d’individualisme, vouée à brûler tout ce qui paraissait freiner encore un peu  le règne de l’ego.

    Mai 68 allait aider – sans le vouloir –  à installer une société consumériste, fondée sur l’exploitation commerciale des pulsions du Moi les plus déshumanisantes : une société où le travail allait devenir aussi flexible que la morale,  comme  dans  le  film  de  Ken  Loach It’s a free world [3]. Cette société allait fusionner la gauche et la droite comme des gérantes du même hypermarché. Pierre Legendre l’écrira en 2001 : « Notre société prétend réduire la demande humaine aux paramètres du développement, et notamment à la consommation »[4] .

    Pour que la société puisse devenir ce terrain vague, il fallait raser les ultimes valeurs supérieures à l’individu, les dernières « haies », les vestiges d’un art de vivre plus ancien que la bourgeoisie moderne.

    Cette destruction fut l’œuvre de l’esprit de 68.  Il a agi comme un incendie. Ce n’était pas difficile : les « haies » étaient desséchées par le néant moral des Trente Glorieuses...  « Notre mode de vie focalisé sur le confort et l’utilitaire ne satisfait pas la jeune génération », affirmait en 1967 le journaliste italien Giorgio Bocca. Son diagnostic surestimait le mobile des jeunes, mais il était presque exact sur un point : la faillite éthique des vieux.

     

    La prophétie de Boutang

     

    Quelqu’un avait vu cette faillite plus nettement, en France, deux ans avant 1968. C’était le philosophe Pierre Boutang, et sa vision [5] a l’air d’une prophétie lorsqu’on la relit en 2008 :

    « Une part de la réalité de l’homme est en train de s’évanouir, ou changer de sens ; subissant à la fois les techniques de massification (perdant de plus en plus son visage, la ressemblance avec Dieu) et la rhétorique de l’humanisme le plus vague et dégoulinant, le citoyen des démocraties modernes et développées a laissé tomber […] sa réalité d’homme, vivante et en acte. Il a cessé d’agir comme père, d’exercer comme un père une autorité familiale (or nul n’est homme s’il n’est père, dit Proudhon). […] Pour cela, les fils s’éloignent (même en restant là) et haïssent ou méprisent  à la fois le fils que fut leur père, et le père qu’il n’est pas. Leur ‘‘protéïsme’’, leur capacité de désir de prendre toutes les formes animales, jusqu’au refus du visage humain et de la détermination sexuelle, n’est que le constat d’absence, mais d’absence molle et pesante, d’un être de l’homme, à l’image de Dieu, chez l’adulte. »

    Ce texte de 1966 était une prémonition du processus de Mai 68 :

    - d’abord la nullité morale des pères, bourgeoisie « traditionnelle » déboussolée qui s’attirait le mépris des enfants ;

    - puis la dislocation psychologique des enfants, « jusqu’au refus du visage humain et de la détermination sexuelle ».

    En mai 2008 ces enfants ont la soixantaine. Leur refus de naguère est devenu l’esprit d’une néo-bourgeoisie : l’âme d’un monde sans âme, où la droite et la gauche desservent par roulement  – à des heures différentes – le rayon des « nouvelles mœurs » à l’enseigne du Grand N’importe Quoi.  Le philosophe Bernard Stiegler conclut [6] à leurs torts partagés : 

    « On a souligné un paradoxe à propos de Mai 68 : on a pensé que le capitalisme était porté par la droite, qui défend les ‘‘valeurs traditionnelles’’, et que c’est un mouvement de gauche (Mai 68) qui a voulu symboliquement détruire ces valeurs. Mais en réalité, ce qui a réellement organisé cette destruction des valeurs, c’est le capitalisme… Le capitalisme est contradictoire avec le maintien d’un surmoi… Une société sans surmoi s’autodétruit. Le surmoi, c’est ce qui donne la loi comme civilité. Un récent rapport du préfet de la Seine-Saint-Denis expliquait la violence dans les cités par cette absence de surmoi, qui se traduit alors par le passage à l’acte… »

    Selon la formule d’un autre philosophe de 2008, Jean-Claude Michéa, il est « impossible de dépasser le capitalisme sur sa gauche ». Ainsi les postures dominantes aujourd’hui sont libérales-libertaires : elles cultivent les transgressions « qui servent à la bonne marche des affaires » ; « elles rompent les solidarités effectives, en isolant plus encore l’individu dans une monade où se perd ‘‘le goût des autres’’, où il n’est plus qu’un rouage. [7] »

    En détruisant le français et l’histoire à l’école, par exemple, les pédagogues post-68 ont fait table rase au profit de l’idéologie marchande  – qui exploite l’amnésie et parle en basic english.

     

    Mai 68, portier du matérialisme mercantile

     

    Mai 68 n’est donc pas l’antithèse de 2008.

    Il n’est pas l’inverse de notre société libérale-libertaire (ou ultralibérale, c’est la même chose).

    Il n’est pas l’opposé de « notre monde postmoderne avec sa politique cacophonique et vide, et sa contre-culture devenue marché de masse » [8]… 

    Au contraire : 68 en fut le point de départ ! Fausse révolution, vraie pulvérisation. Transformation de la société en une dissociété : le tout-à-l’ego. Mutation de l’homme « familial enraciné » en « individu dans la foule », sans attaches ni foyer stable... Mai 68 a lancé l’idée que toute stabilité était « fasciste », et cette diabolisation du durable [9] a fleuri en tous domaines. L’économique y a vu son intérêt.  Le capitalisme s’y est reconnu.  Ayant  succédé  aux pères  bourgeois, les fils bourgeois ont séparé la bourgeoisie et les « valeurs traditionnelles ». Ils ont transposé 68 dans le business, comme le pubard ex-trotskiste incarné par Maurice Bénichou dans une merveille de film passée inaperçue en 1997 :  La Petite Apocalypse de Costa Gavras.  Ce fut l’époque où l’ex-mao François Ewald devenait le philosophe du Medef, sous la houlette d’un autre soixante-huitard passé au néocapitalisme : Denis Kessler.

    Ainsi a surgi  ce que Luc Boltanski et Ève Chiapello, dans leur enquête parue à la fin de la dernière année du XXe siècle, ont appelé Le nouvel esprit du capitalisme [10]:

    « Nous avons voulu comprendre plus en détail […] pourquoi la critique […] s’éteignit brutalement vers la fin des années 70, laissant le champ libre à la réorganisation du capitalisme pendant presque deux décennies […], et pour finir, pourquoi de nombreux soixante-huitards se sentirent à l’aise dans la nouvelle société qui advenait, au point de s’en faire les porte-parole et de pousser à cette transformation. »

    Quelle physionomie a cette nouvelle société ? Stiegler l’indique : « Puisque le désir est le moteur qui nous fait vivre et nous meut (ce qui détermine en profondeur notre comportement), le capitalisme de consommation cherche par tous les moyens à en prendre le contrôle pour l’exploiter comme il exploite les gisements pétrolifères : jusqu’à épuisement de la ressource… » 

    Mais d’abord, cette forme de capitalisme devait « détourner la libido des individus de ses objets socialement construits par une tradition, par les structures prémodernes comme l’amour de Dieu, de la patrie, de la famille. »

    Boltanski et Chiapello (1999) confirmeront ainsi la vision de Boutang  (1966)  sur  l’absence inéluctable du « père » et du familial  – matrice de toute société –  dans la société nouvelle :

    « La famille est devenue une institution beaucoup plus mouvante et fragile, ajoutant une précarité supplémentaire à celle de l’emploi et au sentiment d’insécurité. Cette évolution est sans doute en partie indépendante de celle du capitalisme, bien que la recherche d’une flexibilité maximale dans les entreprises soit en harmonie avec une dévalorisation de la famille en tant que facteur de rigidité temporelle et géographique, en sorte que […] des schèmes similaires sont mobilisés pour justifier l’adaptabilité dans les relations de travail et la mobilité dans la vie affective… [11] » 

     

    Alors que son idéologie prétendait « contester la société de consommation », 68 a préparé le terrain au triomphe absolu de cette société. Car le centre nerveux de l’esprit de 68 n’était pas idéologique, mais psychologique, sous la forme d’un double rejet :

    - le rejet du familial  (avec une virulence dont se souviennent les lecteurs du Charlie Hebdo  des grandes années) ;

    - le rejet du spirituel (avec la même virulence, n’en déplaise à feu Maurice Clavel qui fut seul à voir le Saint-Esprit sur les barricades du 3 mai).

    Rejeter le familial et le spirituel, c’était rejeter l’essentiel de la condition humaine et nous soumettre à un sort injuste : « nous forcer à passer nous-mêmes à côté de notre propre vie, et ainsi laisser la promesse de vie s’enfuir dans la banalité  pour finir dans le vide [12] ».   Une telle mutilation révoltait Patrick Giros, qui allait mourir à la tâche au service des SDF : « Rendez-vous compte, cette logique soixante-huitarde, que je connais parce que je suis un des fils de 68, eh bien les premières victimes qu’elle fait ce sont les petits, les jeunes, les fragiles, ceux qui ont une famille explosée, ou des fragilités psychologiques… [13] »

    Or ce rejet soixante-huitard du spirituel et du familial, est aussi le centre nerveux de la société consumériste. Celle-ci réduit le monde humain à la consommation matérielle individualiste  (une fuite en avant égocentrique : une vie réduite à l’insatisfaction acheteuse). Elle ampute l’existence de dimensions qui sont les clés de la condition humaine.

    Là est l’imposture de Mai 1968 : s’être présenté comme l’ennemi de la société de consommation, alors qu’il anéantissait tout ce qui freinait le triomphe de celle-ci.

    L’esprit de 68 a vomi tout ce qui n’était pas le caprice individuel (d’où le célèbre slogan : « il est interdit d’interdire »). Il ouvrait ainsi la voie au matérialisme mercantile. Celui-ci allait se substituer à tout, en  installant :  1. le caprice individuel comme ressort du marketing ; 2. le marketing comme seul lien du vivre-ensemble...  Ainsi les slogans de 68 furent récupérés en bloc par le marketing, et ce fut la naissance de la sous-culture des années 1980-2000 : plus besoin de chercher le sens de la vie, il suffisait d’être « soi-même », de « penser avec son corps », de se contenter d’exister, de « bouger »  – et finalement, d’acheter.  Le marketing ne demandait rien de mieux aux consommateurs : ne plus se poser de questions, devenir dociles et ductiles. 

    Ces noces de Mai et du Marché auraient horrifié, dix ans plus tôt, les soixante-huitards extrêmes : ceux qui rêvaient d’abolir l’argent, d’en revenir au troc et de proclamer « l’An 01 » avec le dessinateur Gébé. Pourtant c’est ce qui est advenu... Cela n’aurait pas étonné le vieux Marx, qui félicitait le capitalisme (cent trente ans plus  tôt) de son pouvoir de destruction-innovation :   

    « La bourgeoisie ne peut exister sans révolutionner constamment les instruments de production, ce qui veut dire les rapports de production, c'est-à-dire l'ensemble des rapports sociaux. […] Ce bouleversement continuel de la production, ce constant ébranlement de tout le système social, cette agitation et cette insécurité perpétuelles distinguent l'époque bourgeoise de toutes les précédentes. Tous les rapports sociaux […] se dissolvent […] Tout ce qui avait solidité et permanence s'en va en fumée. [14] »

     

    Les sociaux et les mondains

     

    Alors, critiquer Mai ?  Oui. Mais n’en faisons pas un prétexte.  Ne disons pas que tout va bien aujourd’hui ; ou qu’il suffirait, pour que tout aille mieux, de liquider l’esprit de 68.

    Je préfère être avec Benoît XVI, lorsqu’il demande que l’on change le modèle économique  global [15].

    Et avec les évêques de la planète catholique, lorsqu’ils appellent à lutter contre « des injustices qui crient vers le ciel » [16].

    Et avec les anciens soixante-huitards qui ont lancé en France l’économie solidaire… Ceux-là ont su ne pas suivre l’esprit de 68 dans son transfert ultralibéral.  En se faisant entrepreneurs sociaux, ils ont à la fois pris le contrepied du matérialisme mercantile et de 1968 (la « déconstruction » ravageuse).

    La fusion de 1968 et du consumérisme ne légitime pas le consumérisme ; le triomphe actuel du consumérisme ne nous dispense pas de chercher des solutions pour en sortir.

    À gauche de la gauche, quelques-uns  commencent à voir le rôle de l’esprit de 1968 dans l’hypermarché qu’est la société présente. Ainsi le journal La Décroissance  [17] donnant la parole au maire de Grigny (Rhône), René Balme, qui accuse le slogan « interdit d’interdire » d’avoir ouvert un boulevard à la marchandisation de tout : en effet, dit-il, la libre concurrence « ne doit être bridée par rien »… Le psychiatre Jean-Pierre Lebrun ajoute : « Beaucoup de gens sont aujourd’hui dans une grande confusion, car ils croient être débarrassés des interdits. Si plus rien n’est interdit, plus rien ne veut rien dire. » Selon Lebrun, spécialiste des comportements,  la « stratégie néolibérale » disloque la condition humaine en niant que les limites soient « utiles et fondatrices » ; elle fait ainsi « sauter les verrous les uns après les autres » : « Le néolibéralisme […] dans son versant consumériste donne l’illusion que l’on peut avoir accès facilement à la satisfaction de  nos prétendus besoins, et cela sans aucun renoncement. Mais la vie humaine ne se résume ni à cette satisfaction, ni à ces prétendus besoins. »

    Beaucoup de gens trouvent que la société de consommation ne pose aucun problème. Ce n’est pas mon avis, mais ce que vous venez de lire n’est qu’un regard personnel.

    Il y a d’autres regards...

    Leur diversité et leur confrontation sont un service que rend ce livre. Car l’heure vient de réparer l’un des pires dégâts collatéraux de Mai : avoir pollué l’exercice du débat dans ce pays.  L’esprit de 68 ajoute en effet à ses caractéristiques celle d’être futile et manichéen en même temps. Il brandit la dérision, mais il voit le monde en noir et blanc. Camp du Bien contre camp du Mal ! Dans ce climat, les nuances disparaissent et l’échange d’idées devient impossible : il n’y a que des imprécations, des anathèmes contre les horreurs ultimes et les abominables relents dont on affuble l’adversaire. Personne n’est plus en mesure d’analyser les données, de faire la part des choses. Quarante ans après 68 on est toujours dans cette ornière : quand le professeur Alain Badiou proclame, en chaire, que  « Sarkozy est le nouveau nom du pétainisme » [18], c’est 1968 qui continue ; toujours la manie de l’exorcisme (« CRS - SS ») substitué au raisonnement...   Et quand Jean-François Kahn fait rire tout le monde en 2007 avec cette entrée de son Abécédaire mal pensant [19]: 

    «  – ‘‘Abject’’ : équivalent à ‘‘contestable’’ dans les livres de Bernard-Henri Lévy »…

    …les lecteurs songent-ils que la démesure dans l’invective est un legs de Mai 68 ? 

    En 2006, je dînais dans une grande ville française avec le patron d’un quotidien régional et sa femme. Lui et moi avions presque le même âge. L’épouse était plus jeune.  Après nous avoir écoutés évoquer le joli mois de mai, elle nous a coupé la parole :

    –  Au fond, la génération de 1968, vous emme

  • La révolution copernicienne de l'enseignement, par Jean-François Mattéi (II/V)

    Introduction

     

    « N’avons-nous donc pas loisir, Socrate ? »
    Platon, Théétète, 172 c



            Toutes les enquêtes du ministère de l’Éducation nationale depuis cinquante ans vont dans le même sens : l’école républicaine française ne joue plus le rôle formateur qu’elle avait autrefois et l’écart se creuse entre les meilleurs éléments, qui suivent la voie royale des Grandes Écoles, et la masse des élèves, bientôt des étudiants, qui échouent à maîtriser les connaissances fondamentales avant de connaître de nouveaux échecs dans la vie sociale.

            Prenons un exemple officiel. Le document du Haut Conseil de l’Évaluation de l’École, Éléments pour un diagnostic de l’École, devait constituer en 2003 la première étape d’un grand débat politique susceptible de réformer la loi d’orientation scolaire de 1989 (1). On sait qu’il n’en a rien été et que les tentatives de réforme des derniers ministres de l’Éducation nationale, qu’il s’agisse de François Bayrou, de Claude Allègre, de Jack Lang, de Luc Ferry, de François Fillon, de Gilles de Robien, ou, depuis mai 2007, de Xavier Darcos, se sont heurtées à de telles résistances syndicales et sociales qu’elles ont été retirées sans délai.

            On ne peut ignorer la conclusion désabusée du diagnostic du Haut Conseil, conclusion partagée par tous les acteurs du monde pédagogique : « L’école n’a pas réussi à corriger les inégalités, mais les a amplifiées ». Les commentaires de la presse mettent régulièrement l’accent sur cette réponse négative qui, par rapport à l’interrogation sous-jacente, paraît sans appel. Il faut cependant noter que ce constat décourageant n’a de signification qu’à la condition de postuler que la mission première de l’école est bien de corriger les inégalités sociales.

            C’est là pourtant une hypothèse que les théoriciens majeurs de la pédagogie, de Platon à Comenius, et de Montaigne et Rousseau à Kant ou Pestalozzi, n’avaient à aucun moment envisagée. Ces derniers ne voyaient en effet dans l’école, nullement un lieu de correction sociale, mais un lieu de formation humaine. Quelle qu’en soit la forme, l’inégalité n’était pas au premier rang de leurs propos. À leurs yeux, l’école devait assurer une fin différente, et bien plus élevée, que la fonction sociale à laquelle on est aujourd’hui tenté de la réduire.




            Admettons néanmoins que, pour les sociétés démocratiques dans lesquelles l’espace social a peu à peu absorbé les champs religieux, politique et culturel, la fonction de l’éducation consiste à supprimer les inégalités pour donner à tous les enfants des chances égales de réussite. Nous serons alors obligés d’admettre que l’école du XXe siècle a échoué dans sa tâche, particulièrement depuis qu’elle s’est livrée aux méthodes modernes d’éducation. Hannah Arendt, dans les années soixante, en avait dénoncé implacablement « la faillite », en montrant comment elles avaient mis à l’écart « toutes les règles du bon sens » en faisant « du monde de l’enfant un absolu » (2).
           
            Les partisans de cette pédagogie nouvelle ont objecté, et objectent encore, que la critique des méthodes modernes centrées sur les apprentissages du sujet n’est pas recevable parce qu’elle provient d’adeptes d’une pédagogie traditionnelle inadaptée à notre époque. Ces derniers, selon eux, défendraient des conceptions rétrogrades, sinon réactionnaires de l’éducation – l’autorité, la discipline, les études classiques, l’uniforme, etc. –, conceptions qui seraient fondamentalement liées à la culture bourgeoise, en théorie dominante en France depuis Jules Ferry. Chacun a encore en mémoire les critiques sévères du sociologue Pierre Bourdieu et de ses épigones sur le caractère prétendument socialement reproductif du système éducatif français, notamment sous la IIIe et la IVe République.

            Cette objection est à l’évidence sans portée. Le critère justifiant une méthode pédagogique, comme la conception éducative qui la fonde, est la réussite par rapport à des objectifs préalablement définis. La pédagogie française, depuis le plan Langevin-Wallon de 1946-1947, a voulu adapter « la structure de l’enseignement » à « la structure sociale » en prenant appui sur un « principe de justice » initial. Il revient à offrir à tous les élèves les connaissances élémentaires – les « fondamentaux » du discours officiel – permettant à terme « le perfectionnement du citoyen et du travailleur ».
     
             Mais son échec est tout aussi fondamental puisque, selon les statistiques ministérielles, 20 % des enfants entrés en sixième se trouvent en grande difficulté de lecture . Ainsi, selon les statistiques officielles, ce sont près de 20 % des enfants entrés en sixième qui sont incapables de déchiffrer un texte, pour ne rien dire de ceux, beaucoup plus nombreux, qui sont incapables d’en comprendre le sens. Il convient donc, selon la formule d’Hannah Arendt, de poser à nouveaux frais « l’épineuse question de savoir pourquoi le petit John ne sait pas lire ! » (3). Et tous les petits John, Jacqueline ou Ahmed, sont de plus en plus nombreux à ne pas savoir lire, puis à ne pas vouloir lire, donc à ne pas maîtriser les connaissances essentielles qui ouvrent au monde de la culture humaine.

            Comment comprendre ce divorce avéré entre la générosité sociale des intentions pédagogiques affichées et la misère intellectuelle des résultats scolaires obtenus ?
     
     
     

    NOTES  


     

    1 - J.-C. Hardouin, A. Hussenet, G. Septours, N. Bottani, Éléments pour un diagnostic de l’École, Paris, Ministère de l’Éducation nationale, octobre 2003.

    2 - H. Arendt, la Crise de la culture. Huit exercices de pensée politique, Paris, Gallimard, « Idées », 1972, p. 229 et p. 236. Cf. page 237 : « Pour quelles raisons a-t-on pu, pendant des années, parler et agir en contradiction si flagrante avec le bon sens ? ».

    3 - H. Arendt, la Crise de la culture, op. cit., p. 224.