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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Sur la page FB de nos amis du Courrier Royal : pourquoi Paris est la capitale de la France ?

    À force d’oppositions entre le centralisme parisien et les régions de France, on en oublie parfois une question pas si bête : pourquoi Paris est-elle la capitale du pays ? L’histoire de Paris comme capitale de la France est presque millénaire. Hormis quelques périodes troublées, l’Île de la Cité a depuis le 11ème siècle toujours été le centre névralgique du pays. Mais avant, d’autres villes ont eu ce rang, finalement perdu.

    Paris comme capitale, pas forcément une évidence

    Paris comme capitale ne relève pas forcément de l’évidence. Avant la conquête de ce qui sera la France par les Romains, le peuple des Parisii n’est pas le plus puissant, malgré son contrôle de la Seine. Ils étaient soumis aux Sénons, tribu régnant sur la Seine-et-Marne et l’Yonne. Quand la Gaule fut romaine, Lugdunum – Lyon – était la capitale.

    Après Tournai en Belgique et Soissons comme premières capitales des Royaumes francs, Paris a obtenu son premier statut de capitale de 508 à 768, sous l’impulsion de Clovis. Avec Charlemagne, Aix-la-Chapelle en Allemagne devient capitale. Il faudra attendre les rois capétiens pour fixer la capitale du royaume à Paris. Grâce à Philippe Auguste, « fossoyeur de la féodalité franque, inventeur de l’État central monarchique et refondateur de Paris comme capitale d’un royaume stabilisé », rappelle le ministère de la Culture.

     

    Les périodes de guerre, exceptions à Paris comme capitale

    Installé au Palais de la Cité, son lieu de naissance en 1165, construit sur l’île du même nom pour Hugues Capet, il le fait agrandir et y installe les archives royales. L’historien Jean-Christian Petitfils évoque, dans son Histoire de France, le pavement des rues, l’édification des Halles, du Louvre et la fortification de la rive gauche comme principales réalisations.

    Depuis les Capétiens et le 11ème siècle, Paris a été la capitale administrative, économique et intellectuelle du pays, tout en étant la plus peuplée. Les seules exceptions à ce statut ont été les périodes de guerre… ou de faste, quand Louis XIV s’est installé à Versailles.

    De 1420 à 1436, la prise de Paris par les Anglais pendant la Guerre de Cent-Ans contraint le roi Charles VII à déplacer le gouvernement royal à Bourges. Durant cette période troublée, la Touraine a été souvent le lieu de refuge des rois : Troyes et Tours ont aussi été les villes de résidence royale. Cette dernière sera également la capitale de 1588 à 1594, quand Henri III a été chassé de Paris par la Ligue catholique.

    Paris devient définitivement la capitale en 1792, malgré, des défaites militaires contraignant des gouvernements à s’exiler hors de Paris, sans enlever à la ville son statut. En 1870, celui de Gambetta fuit les Prussiens pour Tours, notamment en montgolfière, puis Bordeaux, qui sera aussi capitale provisoire en septembre 1914 et juin 1940. Après la Commune de Paris, Versailles redevient capitale de 1871 à 1879.

    Sous Pétain, Vichy sera la ville de siège du gouvernement, mais Paris occupé reste la capitale. Brazzaville, au Congo, est celle de la France libre jusqu’en 1943. Depuis 1944 et la Libération, le statut de Paris a été ancré. Toutes les institutions politiques, législatives et judiciaires du pays y sont centralisées. Une concentration héritée des rois, mais aussi de Napoléon, qui pourtant avait hésité à en faire sa capitale : « J’aurais voulu avoir ma capitale à Lyon, mais tout y était à créer », regrettait-il en 1821, depuis sa prison de Sainte-Hélène.

     

    Simon Louvet, pour Actu.Paris

    Sources : https://le-courrier-royal.com/

    https://www.facebook.com/lecourrierroyal

  • Nouvelles du blog: de la semaine écoulée à celle qui vient...

                Malgré les perturbations diverses des fêtes, la progression du Blog continue: nous sommes d'ores et déjà au chiffre de visites du mois passé et donc, sauf à n'avoir aucun lecteur les cinq derniers jours de l'année, nous aurons gagné un peu plus de mille visites en décembre, par rapport à novembre; le nombre de pages lues est toujours en forte augmentation, le nombre des visiteurs uniques est stable pour le deuxième mois d'affilée; espérons que janvier -puis toute l'année..- sera marqué par une reprise de la hausse de ce chiffre des visiteurs uniques, à côté des deux autres (visites et pages lues)....

                Il était près depuis quelques temps: la période de Noël est peut-être propice à son lancement: voici un nouvel Album culturel, dans la série Racines : l'extraordinaire vitrail du XIIIème siècle, dit du Miracle de Théophile, de la cathédrale de Beauvais. Les photos du vitrail sont accompagnées du célèbre texte éponyme de Rutebeuf: bonne découverte, c'est un petit cadeau de Noël !...

                Sinon, voici ce que vous trouverez cette semaine dans votre Blog préféré (sous réserve de modifications de dernière minute, imposées par l'actualité).

     

    • Notes longues : 
    • Dimanche : Surprise...
    • Lundi : Neuf députés contre Yazid Sabeg....
    • Mardi : Christine Boutin contre Philippe de Villiers...
    • Mercredi : Argent-Dieu, argent-roi....
    • Jeudi : L'exaspération des peupels continue de monter, de monter...
    • Vendredi : Nos voeux pour 2010...
    • Samedi : Nouvelles du blog...  
    •  Notes courtes :
    • Dimanche: Le sourire du dimanche (Difficile, le français ?...).
    • Lundi: A propos de Pour en finir avec les ghettos, de Jean-Marie Petitclerc...
    • Mardi: Églises en danger: on se lamente, ou on se bouge ?...
    • Mercredi:Pour mieux connaître Lorant Deutsch...
    • Jeudi:Réponse à Bruno...
    • Vendredi: pas de notes, mais des voeux pour 2010...
    • Samedi: Franchir illégalement la frontière, dans le reste du monde et en France....

              Ephémérides :

    ·       Dimanche : Naissance de Louis Pasteur. Décès: Pierre de Ronsard, Hyacinthe Rigaud, Gustave Eiffel.

    ·       Lundi  : Raid des vikings sur Paris. Première projection publique payante de cinéma à Paris.

    ·       Mardi : Évocation : Quand Jean Goujon, le Phidias français, sculptait les Cariatides du Louvre, et les Allégories de la Cour Carrée...

    ·       Mercredi : Hugues Capet fait sacrer son fils Robert II Création de l'Académie Royale d'Architecture.

    ·       Jeudi : Les tribus barbares frannchissent le Rhin gelé, à hauteur de Mayence. Création de l'Ordre du Saint Esprit. Fin du calendrier révolutionnaire.

    ·       Vendredi : Les Hospices de Beaune reçoivent leur premier patient. Entrée de Charles Quint dans Paris. 1565: pour la première fois, l'année civile commence le premier janvier. Première de Phèdre. Louis XV refonde la Gazette de France. Naissance de Cadoudal. Décès: Louis XII, du Bellay.

    ·       Samedi : Fondation de Notre-Dame de Compiègne. Benjamin Delessert développe l'exploitation méthodique de la betterave à sucre. Naissance: Thérèse de Lisieux, Charles Bréguet. Décès: Philippe V, Léon Teisserenc de Bort, météorologue.

  • 1793/2023,  LES FRANÇAIS MARCHENT-ILS SUR LA TÊTE ? par Guy Adain

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    Certainement pas, et comment le feraient ils, puisque depuis un long temps, le 21 Janvier 1793, la tête de la France a roulé dans le panier de Monsieur Guillotin ?
    Ce jour là, de cette année funeste, le Roi a perdu la tête ; était-il fou pour autant ? Non pas, seuls ses Sujets l’étaient ; se baladant le derrière à l’air en devenant des Sans-culottes !
    La France pourtant étêtée est toujours là, même en ne s’appelant que République Française au lieu de Royaume ; le Royaume avait une âme, la République n’en n’avait pas ! 
    Des Français innocents, bons enfants se laissèrent gruger et déculotter  par des jaloux, des ambitieux sans conscience et sans âme. 
    Ils se croient libérés, égaux et frères !
    L’on peut voir aujourd’hui les ravages de la libération des mœurs et des consciences…1968 vaut bien 1789…
    Les Français sont égaux, plutôt égalisés, et c’est le règne des :  « je ne veux voir qu’une seule tête ; celles qui dépassent sont à mettre dans le panier ! »
    Quant à la fraternité, les Frères libres bâtisseurs l’ont imposé partout sans apporter le bonheur promis aux plus humbles ; les plus nantis s’en sortent bien !
     
    Louis XVI égalisé, raccourci d’une tête, ses successeurs font pour le mieux en servant la France et les Français.  
    Louis XVII martyrisé abominablement, Louis XVIII, Charles X, et Louis-Philippe écrivent leur page d’Histoire de France de 1793 à 1848.
    Nonobstant la merveilleuse et tragique page de gloire et d’épreuves écrite dans le sang, les joies la beauté et les larmes de l’épopée de légende Napoléonienne de l’Empereur.
    Louis-Napoléon Bonaparte écrit la sienne et celle du Second Empire,
    de 1848 à 1870.
    À partir de là, la monarchie disparaît du paysage français. 
    Le Royaume de France a rendu l’âme, la République n’en a cure !
     
    La bonne nouvelle, c’est que l’âme en peine de la France n’a jamais été aussi présente qu’aujourd’hui. 
    Hier elle assistait au couronnement du Roi Anglais,  un couronnement Vieille Angleterre, avec Sacre et engagement religieux, dans la meilleure tradition d’une royauté à la devise Française : 
    Dieu et mon droit.
    Un vent royal souffle sur la France, un zéphyr au parfum de lys…
    Si odorant tout de même qu’il irrite et fait s’étouffer de rage des ministres Jacobins. Pensez donc, réveil ler le souvenir de Jeanne d’Arc ! 
    Sainte, c’est déjà une indécente incongruité dans notre République laïque, et réussir à faire sacrer le Roi Charles VII à Reims …Voilà de l’inadmissible, de l’ultra, de l’extrême dont notre nouveau Vidocq a même une peur panique.
    Il ne manquerait plus qu’une nouvelle Jeanne d’Arc bien inspirée s’en aille réveiller l’âme de la France, et que celle-ci fasse entendre sa voix pour indiquer la voie royale !
    L’Âme de la France habite notre Prince Jean ! 

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  • Antisémitisme ?

    Il dit : « La France c'est nous »

    par Gérard Leclerc

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    Assiste-t-on à un réveil de l’antisémitisme et celui-ci imprègne-t-il profondément les Gilets jaunes alors que l’on relève plusieurs signes alarmants de haine à l’égard des juifs ?

    À une telle question, on ne saurait répondre au gré de simples intuitions non vérifiées ou de réflexes idéologiques du type « retour aux années Trente ». Pierre-André Taguieff, qui a derrière lui toute une œuvre argumentée sur le sujet, nous met en garde lors d’un long entretien à La revue des deux mondes. Il y a lieu de distinguer soigneusement les formes d’antisémitisme ou de judéophobie qui coexistent aussi bien en France qu’en Europe et dans le monde : « La judéophobie qui tue en France est celle des djihadistes. C’est le véritable phénomène nouveau dans l’histoire des mobilisations anti-juives en France. Ni au moment de l’affaire Dreyfus, ni dans les années Trente, en dépit de slogans du type “mort aux juifs”, des juifs n’ont été tués parce que juifs. Il faut être clair sur la question car le “politiquement correct” continue de régner et conduit à éviter de caractériser ceux qui assassinent des juifs en France depuis une quinzaine d’années. »

    Cela ne veut pas dire que la population des Gilets jaunes est indemne, par exemple, de préjugés concernant ce qu’on appelle les théories complotistes. Il semble bien, selon une enquête soigneusement menée, qu’elle y est deux fois plus sensible que la moyenne nationale. Cela ne signifie nullement qu’il pourrait y avoir interférence directe avec la judéophobie meurtrière. « Et s’il y a des anti-juifs en France, déclare encore Taguieff, la société française n’est pas ou n’est plus anti-juive. » Il en va de même des Gilets jaunes.

    Gilets-jaunes-Alain-Finkielkraut-injurie-et-siffle-en-marge-du-cortege-parisien.jpgOn conçoit alors la perplexité d’Alain Finkielkraut, objet d’une manifestation délirante de haine de la part d’un groupe de manifestants. Il se demande si la mobilisation des partis politiques contre la résurgence de l’antisémitisme est vraiment informée des véritables enjeux d’aujourd’hui : « Je ne voudrais pas que ce rassemblement se fasse dans un grand malentendu : si c’est pour refaire la énième version de l’anti-fascisme, alors on n’a rien compris. » Il ne faudrait surtout pas se tromper d’époque.  ■ 

    Gérard Leclerc
    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 19 février 2019
  • Une étude magistrale sur l’effacement du politique : Le Suicide français d' Éric Zemmour, par Danièle Masson

    A9R54B0.jpgL'envoi de décembre du Réseau Regain* nous a apporté deux excellents articles de Danièle Masson à propos du Suicide français. Le premier d'entre eux - déjà publié ici-même** jeudi dernier 4 décembre - traite de Zemmour face à la doxa et aux médias. Et voici le second qui analyse le livre lui-même.  Nous ne disons pas qu'il s'agit d'un ouvrage indépassable mais qu'il porte, par delà Gauche et Droite, une très forte et très globale critique du Système en tant que tel et la fait connaître - et / ou partager - à des centaines de milliers de Français. Nous ne saurions nous en désintéresser ou ne pas nous en féliciter. Pour le reste, nous recommandons de suivre les publications du Réseau Regain, où sont traités bien d'autres sujets.  ♦  Lafautearousseau

     

    4588019.jpgZemmour ouvre son livre sur « la France, homme malade de l’Europe », et l’achève par l’issue fatale : « la France se meurt, la France est morte ». Il est pourtant tonique, ce livre. Peut-être parce que, quand on est venu à bout de ces 527 pages de réflexion foisonnante qui, pour raconter « les quarante Piteuses », se nourrit de tout, cinéma, séries télévisées, chansons, foot, avec des embardées volontaires dans l’histoire et dans l’actualité, on saisit avec lui, grâce à lui, le fil rouge, le fil d’Ariane qui relie des événements que nous avons vécus éclatés, sans toujours en comprendre la cohérence. 

    Et cette compréhension est le choc qui provoque le sursaut. Zemmour n’est pas de ceux qui déplorent les effets, dont ils chérissent les causes. Posant un diagnostic, il remonte aux causes, et passe à d’autres le relais, leur donnant les armes du redressement et de la renaissance. 

    La mort du père

    L’avant-dernière page concentre le diagnostic : « Nous avons aboli les frontières, nous avons renoncé à notre souveraineté, nos élites politiques ont interdit à l’Europe de se référer à ses racines chrétiennes. Cette triple apostasie a détruit le pacte millénaire de la France avec son histoire ».

     

    C’est donc avec elle qu’il faut renouer. Il n’est pas indifférent qu’il dédie son livre à son père, qu’il ait choisi pour son premier chapitre le mot d’un révolutionnaire : « l’histoire n’est pas notre code », et pour son dernier un verset d’Ezéchiel : « Les pères ont mangé des raisins trop verts, les dents des enfants ont été agacées ».

     

    Zemmour n’est pas essentiellement polémiste, il est historien et quand l’histoire prend des allures apocalyptiques, il use du vocabulaire théologique : l’apostasie n’est pas un simple reniement, mais l’abandon public d’une religion inhérente à un être ou une nation, au profit d’une autre.

     

    On peut s’étonner, et se scandaliser, qu’il ouvre son livre sur « la mort du père de la nation » c’est-à-dire, pour lui, la mort de De Gaulle, et qu’il écrive avec Philippe Muray, « De Gaulle a été le dernier père, et après lui viendrait le temps des papas-poussettes ». De Gaulle parjure ? Zemmour justifie le nécessaire machiavélisme du prince. Pour lui «De Gaulle était émule de Machiavel et de Richelieu : il ne connaissait que les rapports entre États, les souverainetés nationales et la Realpolitik. Il ignorait les régimes et ne faisait pas de morale au nom des droits de l’homme ».

     

    Provocateur sans doute, mais cette provocation-là ne lui sera pas reprochée par les médias, il écrit : « De Gaulle est un enfant de Maurras […] héritier des maurrassiens anticolonisateurs du XIXe siècle qui n’ont jamais cru aux mythes émancipateurs de la gauche colonisatrice ». Sa volonté d’indépendance le poussa à quitter l'OTAN, à se libérer du « protectorat américain » et « à se lancer dans une politique d’alliances tous azimuts, avec l'URSS, l'Europe de l'Est (Roumanie), jusqu'en Amérique du Sud (« Mexicanos con francos mano en la mano ») ou en Amérique du Nord (« Vive le Québec libre»). Ce fut le sommet de la volonté gaullienne d’indépendance nationale. » Zemmour y voit une mise en œuvre tardive de la « France seule » chère à Charles Maurras, qui n'eut guère de lendemain.

     

    Je sais bien que certains lecteurs arrêteront là leur lecture. Mais cet aspect de sa pensée est si essentiel qu’on ne peut l’occulter. Quand il cite De Gaulle: « Il y a d’abord la France, ensuite l’État, enfin le droit », c’est pour illustrer ce renversement, cette « pyramide retournée – d’abord le droit, ensuite l‘État, enfin la France », que constitua, en 1971 et 1974, « la révolution des juges», qui soumit toute loi nouvelle au bon vouloir du Conseil Constitutionnel : « la politique était saisie par le droit qui ne la lâcherait plus ».

     

    A ce renversement contribua, en 1972, la loi Pleven qui, en élargissant démesurément la notion de « discrimination », supprima la liberté d’expression, et dont la descendance se retrouve dans les lois Gayssot, Taubira, Perben : « la loi donne au juge le droit et le devoir de sonder les cœurs et les âmes, de faire l’archéologie des pensées et des arrière-pensées ». À l’époque d’une immigration maghrébine massive, la loi Pleven annonçait « la dissolution programmée de la nation dans un magma planétaire ». 

     

    Dessaisissement du politique

     

    Les traités européens, de 1992 à 2007, ont accéléré ce dessaisissement par l’État du politique : « La construction européenne s’éleva comme un mur entre une représentation sans pouvoir (les gouvernements des États) et un pouvoir sans représentation (les technocrates, les juges et les lobbies à Bruxelles) ». Cette désappropriation, Zemmour la traque dans les mots : « gouvernance », empruntée au vocabulaire des entreprises, est préférée à « gouvernement », « responsabilités  » à « pouvoir ». Il illustre son propos par les priorités de Chirac en 2002: « la lutte contre le cancer, l’insécurité routière et l’insertion des handicapés : des objectifs dignes d’un président de Conseil général ».

     

    Les vrais gouvernants ne sont plus les chefs d’État : « le commissaire, le juge et le banquier revêtirent la pourpre des cardinaux ».

     

    Zemmour, amoureux de la France qu’il a reçue comme un don plus que comme un héritage – il est juif berbère – constate qu’elle n’est plus maîtresse d’elle-même. La liberté totale, à l’intérieur de l’Union européenne, des mouvements de capitaux, de marchandises et d’hommes signe l’effacement de la France : « Américanisation et libéralisation sont les deux mamelles du monde qui s’annonce. L’Europe en est le cheval de Troie ». Chaque étape de la « construction européenne » entraîne la suivante en un engrenage infernal : du marché commun au marché unique, à la monnaie unique, aux règles budgétaires communes.

     

  • Souvenons-nous du Prince François.....

            ....demande Michel Fromentoux, dans Action Française 2000 (n° 2803 du 21 octobre 2010). En ce jour des Défunts, nous nous associons à cette demande pleinement légitime, en reproduisant ci-après la belle évocation par Michel Fromentoux de ce jeune homme de 25 ans mort en chrétien et en prince de France....

            Mais aussi la Citation à l’Ordre de l’Armée attribuant au Sous-lieutenant François d’Orléans, du 7e Bataillon de Chasseurs Alpins, la Croix de Chevalier de la Légion d’Honneur et la Croix de la Valeur Militaire avec palme :

            « Jeune officier animé du plus haut idéal et accomplissant avec simplicité les missions les plus difficiles. A remarquablement réussi comme chef de poste dans les villages kabyles qu’il a grandement contribué à pacifier par le rayonnement de sa personnalité. Toujours volontaire pour les actions de commando de chasse, s’est particulièrement distingué le 16 juin 1960, dans les Aït-Ouabane, où sa section a mis hors de combat 7 rebelles armés. Le 11 octobre 1960, a trouvé une mort glorieuse près du village de Taourirt Ali Ounasseur(Grande Kabylie) en conduisant une manœuvre hardie pour dégager un de ses harkis blessé ».

            Et ce bref reportage de l'Ina sur les obsèques :

           http://www.ina.fr/histoire-et-conflits/guerre-d-algerie/video/AFE85008862/les-obseques-de-francois-d-orleans.fr.html 

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            Le mardi 11 octobre 1960, le sous-lieutenant François d’Orléans, prince de France, le quatrième enfant et le deuxième fils du comte et de la comtesse de Paris défunts, était mortellement blessé en Grande Kabylie. Il avait eu vingt-cinq ans le 15 août précédent.

            En mission avec sa patrouille du 7e bataillon de Chasseurs alpins, il s’élançait pour secourir un de ses harkis blessé devant lui quand une balle tirée d’un buisson le frappa en plein ventre. Il mourut presque dans l’instant. Isabelle, comtesse de Paris, dans ses mémoires intitulés Tout m’est bonheur (éd. Robert Laffont), parle de cet événement comme de la plus grande douleur de sa vie. « Il était droit et généreux. Il était simple avec tous et même familier. Mais il était toujours à sa place ». Le dimanche précédent il s’était confessé, avait servi la messe et communié. « Je sais qu’il est arrivé à bon port et nous avons encore plus besoin de son intercession que lui de nos prières », ajoutait Madame.

            Une messe de requiem était célébrée le 13 octobre en la cathédrale d’Alger en présence de tout le bataillon du prince. Le comte de Paris titra son fils duc d’Orléans à titre posthume le même jour. Les obsèques eurent lieu à la chapelle royale de Dreux le 17 octobre en présence d’un représentant du président de la République, du garde des Sceaux Edmond Michelet et des officiers du 7e BCA.

            En cet émouvant anniversaire, tous les fidèles de la maison de France auront eu une pensée pour le soldat mort en chrétien et en prince de France sur cette terre d’Algérie que la France devait à la fois au roi Charles X et aux fils de Louis-Philippe. Ils se sentent en communion de foi et d’espérance avec Mgr le comte de Paris, duc de France, et Madame, SAR le prince Jean, duc de Vendôme, SAR la duchesse de Montpensier, et tant d’autres frères et neveux du prince mort au champ d’honneur, tous réunis ce lundi 11 octobre 2010 en la chapelle royale de Dreux, à la messe de requiem célébrée pour le repos de l’âme du prince et de ses camarades, en présence du préfet d’Eure-et-Loir, du député maire de Dreux et du vice-président du conseil régional de la région Centre.

    Michel Fromentoux 

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  • Légitimistes ou orléanistes ? Pour Alain, pour nos amis du Canada, et pour tous les autres…..

            Mercredi dernier, 16 février, entre 18h30 et 19h, lafautearousseau passait sur radio Ville Marie.

            A 23h50, nous recevions le commentaire suivant d'un auditeur de la radio, Alain :

            "Mon ami Jean-Philippe m'avait parlé de votre venue à son émission. Où vous situez-vous? Légitimiste ou Orléaniste?"

            Nous lui avons immédiatement fait la réponse suivante :

    Cher Alain,

    Nous comprenons bien votre question, elle ne nous rebute pas, elle est légitime. Permettez-nous de vous y répondre de la façon suivante.

    Nous sommes « autour du Prince Jean », qui est, du reste, venu chez vous, il n’y a pas si longtemps, à l’occasion d’un voyage qui l’a marqué, et dont il nous a parlé : c’était pour le 400ème anniversaire de la fondation de Montréal….

    La « querelle » dynastique à laquelle ramène votre question est, pour nous, dépassée : nous sommes légitimistes avec le Prince Jean, dont la famille, la Famille de France, incarne la Légitimité depuis la mort du Comte de Chambord. Depuis lors, les Princes de la Maison de France ont mené une action incessante en faveur de la solution royale. Philippe VII, Philippe VIII, Jean III, Henri VI et, aujourd’hui, Henri VII ; demain, le Prince Jean, Jean IV : depuis la mort du Comte de Chambord, il n’y a pas eu un seul instant d’abandon de poste de la Famille de France, pas même durant la cruelle et inique Loi d’exil, qui tint nos Princes éloignés du sol national pendant plusieurs décennies, mais à leur corps défendant.

    Ce qui fonde la Légitimité, on le sait bien, et c’est – du reste – fort simple, ce sont les services rendus. Chez nous c’est, sans aucune solution de continuité, absolument jamais, la Famille de France qui a incarné, et qui continue d’incarner, ce service de la présence, du rappel constant et permanent de notre parcours historique et de notre identité française et chrétienne. Nous n’avons donc nul besoin de théories compliquées et, de fait, idéologiques – ce qui serait un comble pour des royalistes qui passent leur temps à dire, avec raison, qu’ils sont empiriques, pragmatiques, et non idéologues… - pour désigner aujourd’hui un Prince, peut-être, un jour, un Roi que l’Histoire, de toute évidence, nous donne et nous désigne. Ce Prince ne se contentant pas de recueillir l’Héritage, mais donnant un bel exemple, par son action inlassable, au quotidien, de la manière dont celui-ci peut, et doit, être, proposé aux Français.

    Voilà donc, cher Alain, la réponse à votre question : nous sommes légitimistes, « autour du Prince Jean », qui est  la légitimité aujourd’hui, le recours dont la France aura besoin lorsque le temps sera venu de reconstruire une société sur des bases saines et naturelles. C’est-à-dire, comme le disait Pierre Boutang – qui a  bien connu et estimé le Prince Jean - une société dans laquelle l’homme ne sera plus empêché de vivre naturellement……

    Pour l’avoir vu agir aujourd’hui pour cela, sereinement mais méthodiquement et avec une belle application, le Prince Jean est bien digne d’un sort favorable, comme le disait en parlant de Louis XVIII – lui aussi Duc de Vendôme… - l’abbé Edgeworth de Firmont, le dernier confident de Louis XVI…..

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            A Québec, où il assiste aux cérémonies du 400ème anniversaire de la fondation de Montréal....

  • LE MOT DU PRÉSIDENT DE LA RESTAURATION NATIONALE : Un nouveau départ

    2920517656.jpgLe compte à rebours à commencé. Celui des "présidentielles" bien-sûr. Dans tous les camps, c’est presque devenu un boulot à plein temps. Sarkozy rebondit. "Ressuscite", disent même certains sans peur du ridicule. Juppé, le vieux qui veut jouer au jeune, déclare ne pas sentir la naphtaline et le prouve en se disant favorable à tout ce qu’il y a de plus avancé en matière sociétale. Comme Giscard le disait naguère de son libéralisme… Comme Raymond Barre, « le meilleur économiste de France », tentait en 1981 de refaire surface après une longue plongée, Juppé, « le meilleur d’entre nous », montre qu’il n’a rien perdu de sa superbe… mais beaucoup de ses certitudes. « Les partis politiques ne meurent jamais du trop plein de débats, du trop plein d’idées, du trop plein de personnalités fortes », minimise Sarkozy. Il verra bien ! Les Dati, Guaino, Wauquiez, Peltier rentreront sans doute dans le rang et continueront à faire matelas commun à l’UMP, mais rêveront à part d’une « droite des valeurs ». Que fera Mariton ? Ou Jean-Frédéric Poisson, du Parti Chrétien Démocrate, lequel doit penser tous les matins en se rasant qu’il pourrait bien participer à la primaire à droite ? Alors que la maison brûle, que s’accentue la déconstruction de nos forces vives et que se multiplient les plus folles dispositions gouvernementales, voilà à quel jeu, imposé par le système, joue la nouvelle opposition, à vrai dire pas si nouvelle, ni novatrice. On se borne à tabler sur le bilan désastreux de la gauche au pouvoir et à chercher qui sera la vedette principale. Mais pour faire quoi après ? A gauche on mise sur la déstabilisation de la droite, en faisant raisonner le bruit de toutes les casseroles possibles, réelles ou imaginaires. On - c’est-à dire Valls - songe aussi à la rénovation, exercice imposé par le délabrement de la popularité du président et du PS. Rude tâche à vrai dire que de dissiper une mélancolie de plus en plus chiffonnée par les ans. Des deux côtés de notre système hémiplégique on s’émeut de voir Marine Le Pen promise au second tour de la présidentielle. Cela pourrait bien être pourtant la planche de salut : celui qui arrivera au second tour face au FN n’aurait plus qu’à souffler dans la trompe du sursaut républicain pour emporter la mise. Ces grandes manoeuvres et petits calculs, ces ambitions personnelles et ce mépris du peuple réel ne sont pas une plongée dans les eaux profondes du dévoiement politicien. Ils ne sont qu’une nouvelle oscillation de cet éternel mouvement de fébrilité consubstantiel à nos institutions électives. Ils sont moins d’ordre anecdotique et conjoncturel que le corollaire de nos pratiques constitutionnelles. Le mal est donc plus profond que celui qu’on pourrait attribuer à la seule perversité de quelques hommes ou femmes.  

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    C’est pourquoi une réflexion profonde est nécessaire sur la question de l’État. C’est l’honneur de l’Action française d’y avoir incité tous ceux que préoccupe l’avenir de la France. Cette tâche est toujours la nôtre. Le colloque Vauban qui s’est tenu le 6 décembre à Paris doit être regardé comme un nouveau départ, presque comme un acte fondateur. De l’écho que nous donnerons à ce qui est entrepris ici, dépendra la renaissance d’une espérance. La situation de la France est d’une telle gravité, et les Français traînent une telle mélancolie en matière politique, qu’il est à la fois urgent et porteur de faire entendre la solution du projet royal. Chacun comprend de façon de plus en plus patente qu’attendre le salut public des tribulations politico-partisanes n’est pas ce qui est le plus rationnel. En 1958 De Gaulle écrivait : « Vais-je saisir l’occasion historique que m’offre la déconfiture des partis pour doter l'État d’institutions qui lui rendent, dans une forme appropriée aux temps modernes, la stabilité et la continuité dont il est privé depuis 169 ans ? Sans nul doute voilà le but que je poursuis et que je dois atteindre ». Peu importe ce que l’on pense de De Gaulle. L’important est que l’enjeu soit formulé et serve de ligne d’action. Le but n’a pas été atteint, car l’histoire est souvent faite d’occasions manquées. Il arrive aussi, heureusement, qu’il y en ait de réussies, même parmi les plus ambitieuses. Encore faut-il y travailler ! La déconfiture des partis est, comme en 1958, une réalité. Devenus des émigrés de l’intérieur, ils n’ont rien appris puisqu’ils ont tout oublié. Nous nous souvenons, nous, de ce qui peut être ferment d’avenir.

    Bernard Pascaud

  • L'Afrique Réelle n°139 - Juillet 2021, par Bernard Lugan.

    Sommaire

    Actualité
    Algérie : une polémique illustrant la fracture existentielle du pays

    Dossier : Barkhane, une réussite militaire, un échec politique
    - La question du Mali 
    - Les erreurs françaises
    - Les deux guerres du Sahel
    - L’embrasement du Burkina Faso
    - Après avoir abandonné la Centrafrique, la France va-t-elle faire de même au Mali ?

    bernard lugan.jpgEditorial de Bernard Lugan

    La France en a l’habitude : ses Armées remportent des victoires que ses décideurs civils transforment systématiquement en défaites politiques. Ainsi en fut-il de l’Algérie, puis du Rwanda et aujourd'hui de la BSS où Emmanuel Macron a annoncé la fin de l’Opération Barkhane. 
    Depuis, la quasi-unanimité se fait dans les médias pour mettre en avant l’échec prétendu de cette opération militaire, ce qui est à la fois faux et mensonger.
     
    Dans une zone d’action vaste comme une partie de l’Europe dans laquelle ne furent au  maximum déployés que moins de 5000 hommes à la fois, la moitié en protection d’emprises ou d’axes de communication, avec des moyens réduits et parfois même obsolètes, Barkhane n’avait pas pour mission d’apporter une solution à des problématiques ethno-raciales millénaires. Elle a en revanche parfaitement rempli la triple mission qui lui avait été ordonné de mener : 
     
    1) Perturber les mouvements terroristes, limiter leur liberté d’action, empêcher leur coagulation, éliminer leurs chefs. A cet égard, les résultats du GTD (Groupement tactique désert) Altor du 2e REP dans la région des « Trois frontières », loin  des camps de base, furent remarquables.
     
    2) Rendre la plus hermétique possible la frontière entre la Libye et le Niger, afin d’éviter le réensemencement du jihadisme sahélien à partir du foyer libyen. 
     
    3) Empêcher la reformation d’unités jihadistes constituées.
     
    Assurer la paix n’était pas dans la mission de Barkhane. Etablir la sécurité passe en effet par la construction des Etats, des armées et des administrations, c’est-à-dire par la recolonisation… ce qui  n’est pas exactement dans « l’air du temps »…
     
    Au lieu de réfléchir à des solutions fondées sur le réel, les décideurs français n’ont eu qu’un seul remède à proposer, les élections. Or, ce système fondé sur le « one man, one vote » est d’abord une ethno-mathématique donnant automatiquement le pouvoir aux plus nombreux, en l’occurrence aux sédentaires Noirs sudistes, ce que les nomades ne peuvent accepter.
     
    Une furieuse polémique sur fond de question kabyle a éclaté en Algérie. Noureddine Aït Hamouda, ancien député du parti  berbère RCD (Rassemblement pour la Culture et la Démocratie) et fils du colonel Amirouche, chef emblématique du maquis kabyle de la willaya III, tué au combat le 29 mars 1959, a en effet qualifié de « traitres », entre autres, l’émir Abd el-Kader ainsi que les présidents Boumediene et Bouteflika. 
     
    En 2008, Nouredine Aït Hamouda avait déjà dénoncé les faux moujahidine légitimés par l’ONM (Office national des Moujahidine), 9/10e étant selon lui des imposteurs, ainsi que le chiffre de 1,5 million de morts causé par la guerre d’indépendance. Les œuvres vives du « Système » étant attaquées, sur plainte de l’ONM, Noureddine Aït Hamouda a été mis en prison. 
    Il va être de plus en plus difficile à un « Système » aux abois de cacher qu’il est l’héritier des auteurs du coup d’Etat qui, en 1962, renversa le GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne), évinçant les combattants de l’intérieur essentiellement Berbères pour instaurer le régime arabo-musulman du FLN (voir à ce sujet mon livre Algérie, l’histoire à l’endroit.)
     
  • Patrimoine • Une vue à couper le souffle



    Les nouveaux jardins à la française du Château de Chambord

  • Éphéméride du 29 août

    1141 : Aux origines du Pont au Change  

     

     

    Sous l’impulsion de Louis VII, un lieu de change est installé sur le Grand Pont de Paris. 

     

    Appelées à cette époque "changeurs", les personnes chargées de ces activités prendront bien plus tard le nom d’ "agents de change". Le pont, quant à lui, sera renommé le Pont au Change.

     

    Le pont actuel date de Napoléon III et des travaux du baron Haussmann (1860).  

     

    http://lefildutemps.free.fr/paris/pont_change.htm 

     

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    1532 : Mort de Martin Chambiges

     

     

    On lui doit la plus grande partie de l'une des cathédrales de la démesure : la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais :

     

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    46 mètres 77 !
     

     

    Il a travaillé également sur les cathédrales de Senlis, Troyes, Sens, mais fut aussi consulté pour des édifices civils (comme le Pont Neuf de Paris, pour lequel il préconisa une reconstruction en pierre de taille, reposant sur des fondations faites de cailloux et de pierre, s'opposant en cela aux conservateurs qui proposaient de conserver la construction reposant sur des pilotis...).

     

    Son fils, Pierre Chambiges, l'a secondé, et a achevé une partie de ses travaux après sa mort.

     

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     Sur la cathédrale Saint Pierre de Beauvais plus particulièrement, voir l'Éphéméride du 4 mai

     

     

    Et, dans notre album L'aventure France racontée par les cartes , voir la photo "Expansion de l'art ogival, ou "art français"

     

     

     

     

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    1619 : Naissance de Colbert

     
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    "Quand le roi d'Espagne fut mort, les réformes de Colbert avaient porté leur fruit, la France avait des finances saines, une armée, les moyens de sa politique. Le moment était venu de passer à l'action extérieure..." 
     (Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre XIII, Louis XIV)
        
     
     
     

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    1780 : Naissance de Jean-Dominiques Ingres

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    1799 : Enlevé par la République, le pape Pie VI meurt d'épuisement à Valence

     

             

    Giannangelo, comte Braschi (ou Giovanni Angelico Braschi, en français Jean Ange Braschy) est le 250ème pape de l'Église catholique romaine.

    Le Directoire ayant ordonné - le 11 janvier 1798 - l'occupation de Rome, le pape fut contraint de renoncer à son pouvoir temporel. Déposé, octogénaire et malade, il demanda la grâce de pouvoir mourir à Rome; il lui fut répondu : "Mourir, cela peut se faire partout".

    Pie VI quitta donc Rome dans la nuit du 19 au 20 février 1798, fut conduit à Sienne puis à Florence, Bologne, Parme et Turin. Ayant traversé les Alpes sur une civière, il arriva à Briançon, Grenoble et enfin à Valence, où il mourut d'épuisement. 

    D'abord enseveli civilement au cimetière de Valence, Pie VI est maintenant enterré dans la basilique Saint-Pierre de Rome, où son corps fut ramené en triomphe le 17 février 1802. Renvoyés de Rome sur réclamation des habitants de Valence, le cœur et les entrailles de Pie VI reposent dans la cathédrale Saint-Apollinaire de Valence; on y lit l'inscription suivante (rédigée en latin) :

    "Les entrailles saintes de Pie VI sont rendues aux Français; Rome possède son corps; son nom retentit en tous lieux; il est mort à Valence le 29 août 1799".

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    1938 : Mort de Joseph Bédier

     

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    D'origine bretonne, Joseph Bédier fut un grand philologue, spécialiste de la littérature médiévale.

    Il publia de nombreux textes médiévaux en français moderne, tels que Tristan et Iseut (en 1900) ou La Chanson de Roland (en 1921; voir aussi l'Éphéméride du 15 août), se trouvant ainsi, de fait, à l'origine de la résurrection de plusieurs des textes initiaux de la littérature française...

    Il fut élu membre de l'Académie française en 1920 :

    http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/joseph-bedier

     

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     https://www.etudes-litteraires.com/tristan-et-yseut.php

     

     

    https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Roman_de_Tristan_et_Iseut/Texte_entier

     

     

     

    Dans l'admirable préface qu'il offrit au Tristan et Iseut de Bédier, l'érudit Gaston Paris écrivit (extraits) :


    "J’ai le plaisir de présenter aux lecteurs le plus récent des poèmes que l’admirable légende de Tristan et Iseut a fait naître. C’est bien un poème, en effet, quoiqu’il soit écrit en belle et simple prose. M. Joseph Bédier est le digne continuateur des vieux trouveurs qui ont essayé de transvaser dans le cristal léger de notre langue l’enivrant breuvage où les amants de Cornouailles goûtèrent jadis l’amour et la mort. Pour redire la merveilleuse histoire de leur enchantement, de leurs joies, de leurs peines et de leur mort, telle que, sortie des profondeurs du rêve celtique, elle ravit et troubla l’âme des Français du douzième siècle, il s’est refait, à force d’imagination sympathique et d’érudition patiente, cette âme elle-même, encore à peine débrouillée, toute neuve à ces émotions inconnues, se laissant envahir par elles sans songer à les analyser, et adaptant, sans y parvenir complètement, le conte qui la charmait aux conditions de son existence accoutumée. S’il nous était parvenu de la légende une rédaction française complète, M. Bédier, pour faire connaître cette légende aux lecteurs contemporains, se serait borné à en donner une traduction fidèle. La destinée singulière qui a voulu qu’elle ne nous parvînt que dans des fragments épars l’a obligé de prendre un rôle plus actif, pour lequel il ne suffisait plus d’être un savant, pour lequel il fallait être un poète...

    ...C’est donc un poème français du milieu du douzième siècle, mais composé à la fin du dix-neuvième, que contient le livre de M. Bédier. C’est bien ainsi qu’il convenait de présenter aux lecteurs modernes l’histoire de Tristan

  • Saint Louis et notre temps, par Henri VI, Comte de Paris

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     Le prince Jean de France et son fils Gaston, 4 ans et demi, devant la statue de Saint Louis, dans la chapelle royale de Dreux (Photo Jours de France)

     

    Nous avons évoqué à plusieurs reprises, ces jours derrniers, avec Jean-Philippe Chauvin, Bernard Poyet, Robin de La Roche, et aussi, à travers la présence et les activités des Princes de la Maison de France, notre option royaliste. Nous y revenons. En effet, dans cette année du 800ème centenaire de la naissance du roi Saint Louis, les princes de la Maison de France sont présents et prennent leur part, la première, aux diverses manifestations qui rappellent et actualisent la mémoire du grand roi. Dans cette famille, qui est plus que jamais un recours pour notre pays en grave crise, l'avenir dure longtemps. Du Comte de Paris, au prince Jean et à son fils Gaston, les Princes donnent le ton de cette année Saint Louis : il ne s'agit pas seulement de commémorer, mais de le faire en lien avec le souci de beaucoup de Français pour la France contemporaine. Que, dès son jeune âge, le prince Jean y associe déjà son fils Gaston, signifie que cette présence, cette permanence ne sont pas près de cesser.  

    En 1970, Henri VI, Comte de Paris, père de l'actuel Comte de Paris, grand-père du prince Jean, avait déjà publié un texte important pour le 700ème anniversaire de la mort de Saint Louis. Il y établissait un parallèle saisissant entre la société française du XIIIème siècle et la nôtre et montrait les bienfaits de la monarchie. Ce texte, publié dans Le Monde, avait été, à l'époque, largement diffusé par l'Union Royaliste Provençale, au moyen d'un tiré à part, précédé d'une courte note explicative. Il reste, sur le fond, d'une parfaite actualité. Seul, le passage où le Prince constate l'absence d'alternance n'est plus conforme à la réalité d'aujourd'hui. Le Prince critique aussi le fait que près d'un quart des Français se trouvaient alors exclus de l'effort national parce qu'ils votaient communiste. Cette situation a bien changé mais la remarque peut très bien s'appliquer aujourd'hui aux électeurs du Front National ou d'autres mouvements patriotes de Droite ou de Gauche que la pensée unique ostracise systématiquement.

    Il nous a paru utile et intéressant de publier ce texte. Lisez la suite !

    lafautearousseau 

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    Cliquer sur l'image pour l'agrandir.

     LE COMTE DE PARIS PARLE A TOUS LES FRANÇAIS

    DE "SAINT-LOUIS ET NOTRE TEMPS"

    (Le Monde, 25.8.70) 

    L'Union Royaliste Provençale est heureuse de reproduire ci-dessous, l'important article, publié par le Comte de Paris dans "Le Monde" du 25 Août 1970, à l'occasion du septcentième anniversaire de la mort de Saint-Louis.

    Comme nous n'avons cessé de l'affirmer, le Chef de la Maison de France se situe au-dessus de tous les groupes, de tous les Français, y compris les Royalistes.

    Le Prince, lui-même, rappelle avec force cette vocation essentiellement unificatrice de la Monarchie Capétienne qui n'exclut aucune catégorie de Français.

    « Décomposée par l'individualisme absolu", dominée par les "divisions institutionnalisées", par « l’escalade permanente du Pouvoir" et donc par les « manœuvres occultes » de l'Argent-Roi", les prétentions abusives de groupes sociaux jaloux de leurs privilèges" et le matérialisme, la société actuelle "ne suffira pas à satisfaire les Français".

    Populaire, sociale, soucieuse de la plus "sévère équité", la Monarchie apparaît comme le plus moderne et le plus audacieux des Régimes.

    Réaliser "dans la République", c’est-à-dire dans l’Etat, l'antique union des "masses populaires" et de la "légitimité" historique française contre "les Féodalités nouvelles", c'est une entreprise de libération nationale à laquelle "tous les Français doivent être conviés".

    Ils seront nombreux à entendre cet appel du Chef de la Maison de France.

     

    comte de Paris Il n'est pas deux époques plus différentes, apparemment, que celle de Saint-Louis et la nôtre. Notre monde, gouverné par la science et les techniques, qui se veut matérialiste, où l'on ne connaît ni bien ni mal, ne peut que difficilement comprendre un siècle qui fut peut-être celui de la plus haute spiritualité, où le péché était en abomination, et qui reconnut pour héros celui dont tous les actes de la vie et jusqu'à l'holocauste final, n'eurent d'autre principe que la foi: la foi la plus ardente, la plus généreuse et la plus agissante qui s'empara jamais de l'esprit et du cœur d'un homme. La gratuité des dernières croisades, inspirées par le seul amour du Christ, apparaît comme aberrante à notre temps où il arrive qu'on en prêche de nouvelles, pour la défense d'une certaine forme de civilisation, sans doute, mais aussi pour sauvegarder le culte sourcilleux d'un tout autre dieu.

    Notre société, décomposée, où triomphe l'individualisme absolu, avec ses apparences égalitaires, son refus du sacré et son pouvoir banalisé, est certes à l’opposé de la société féodale du milieu du treizième siècle, rigoureusement organisée et hiérarchisée, mais couronnée par une autorité légitime, sacralisée, aux vertus évangéliques. Point n'est donc surprenant que ce règne, glorieux entre tous, qui malgré les vicissitudes de l'histoire, demeura si longtemps populaire et ne suscita qu'admiration et respect, soit aujourd'hui tenu pour négligeable, voire dénigré et contesté.

    Certaines circonstances du temps de Saint Louis ne sont pas pour autant si éloignées du nôtre. Au jeu des comparaisons, il serait facile d'y trouver des similitudes étonnantes pour ceux qui douteraient de la constance de la nature humaine et du renouvellement des situations qu'elle explique: révolte de puissants mal contents; violences estudiantines ; ébranlement des maîtres, université en péril; poussées anarchiques au mysticisme déclamatoire; prétentions abusives et virulentes de groupes sociaux jaloux de leurs privilèges... Mais ce n'est pas à ces péripéties qu'il faut s'arrêter pour nous sentir plus proches du roi à la conscience héroïque; mieux vaut rechercher dans l'exemple qu'il nous a laissé, dans les enseignements qu'il nous a légués ce qui doit être utile au pays dans le présent, ce qui peut contribuer à assurer son avenir. Cela est bien, je crois, la meilleure manière d'honorer sa mémoire.

    St-Louis jubilé

    D'abord, il faut constater que tous les principes par lesquels s'est constituée notre vie nationale se manifestent déjà ou sont en germination dans le règne de Saint Louis, « printemps de la France ». Avec Louis IX apparaît vraiment la notion de légitimité fondée sur le respect du peuple et du pouvoir qui le représente, le guide et le sert. C'est de lui que la monarchie capétienne tient son caractère spirituel qui donne à son œuvre de justice, d'unité et d'émancipation sa valeur profonde, et je pense que la France elle-même n'en fut jamais complètement dépouillée car les révolutions héritent et continuent plus encore qu'elles ne détruisent et innovent.  

    • 

    Dans la démocratie formelle, l'accession à la charge suprême est le fait de la compétition dans le style individualiste du siècle dernier; toutefois, il est permis d'espérer qu'un jour, pour en finir avec l’escalade permanente du pouvoir, le moyen sera trouvé d'instituer dans la République une autorité qui ne soit pas seulement légale mais légitime: ce peut être l'exigence naturelle de la société véritablement organique qui doit naître des réalités de ce temps. Pour y parvenir, il n'est d'autre formule que l'enracinement des institutions dans la masse populaire et la participation active des citoyens aux affaires publiques. C'est ainsi qu'un gouvernement trouve ses assises légitimes et par là son indépendance et son autorité. Tiens le peuple « en faveur et amour », c'est le dernier conseil de Saint Louis à son fils, pour que « tes ennemis et adversaires, spécialement tes pareils et tes barons, redoutent de t'assaillir et de méfaire envers toi ».

    Saint Louis « ne s'occupait que de justice », c'était là toute sa politique et la raison de la révolution pacifique qu'il accomplit. Les « groupes de pression» de son époque, rebelles à l'unité et à l’intérêt commun, avaient leur propre justice et le roi justicier s'attacha à combattre fermement ce privilège. Les féodaux de notre temps ont retrouvé l'habitude de défier l"Etat, de se faire justice eux-mêmes, de prélever à leur bénéfice la meilleure part des richesses produites par le travail de tous. C'est la tâche des gouvernements modernes d'assurer, avec la « sévère équité » de Saint Louis, une juste répartition des ressources nationales et ensuite de faire respecter par tous l'ordre et les lois. Les mesures sociales, si nombreuses, hardies et ingénieuses soient-elles. ne sont que des palliatifs. La politique à faire est une politique de justice, celle que les papes qualifient de socialiste, celle qui doit mettre le monde du travail à l'abri des caprices de « la fortune anonyme et vagabonde ». Les manœuvres occultes de l'argent-roi, telles qu'elles s'exercent de nos jours, ne sont plus acceptables. Il faut en finir avec les féodalités nouvelles dont le règne est fondé sur la peur qu'elles inoculent au peuple pour le faire douter de son droit et de son destin, pour lui faire accroire que ses intérêts sont liés à leur puissance et qu'il lui faut devenir conservateur pour garantir les meilleures conditions de vie acquises par les luttes d'autrefois.   

    En finissant de souder les provinces du Midi à celles du Nord, Saint Louis a créé l'unité territoriale de la France: en posant les premiers jalons de l'œuvre capétienne qui devait, avec les siècles, amener la ruine des féodaux, il a été l'initiateur de l'unité politique de la nation. Après bientôt deux siècles de divisions institutionnalisées, dont nous savons les résultats, voici qu'on attend merveille du dualisme politique: mais cette nouvelle imitation des autres restera longtemps, semble-t-il, du domaine des songes: il n'est pas venu le temps où l'alternance à l'américaine deviendra, chez nous, une réalité de gouvernement. Jusqu'à présent, le « fait majoritaire », dont on fait grand cas, a eu surtout pour effet la transmutation du gaullisme en un parti conservateur, ce qui est loin de correspondre à ce qu'on a appelé ironiquement les « rêves unanimistes du général de Gaulle». Pour ma part, je reste convaincu que la recherche de l'unité est bien la conception la plus réaliste, la plus généreuse et la plus nécessaire de notre temps. Saint Louis ne divisait pas pour régner, il régnait pour unir.

    Aussi bien, renoncer à nos divisions serait en vérité renoncer à peu de chose, car à quoi d'essentiel tiennent-elles ? L'intelligentsia politique française fleurit sans cesse de plans, de programmes, d'idées nouvelles qui ne portent, hélas ! jamais fruit. Jadis, il m'est arrivé de tomber dans ce travers : aujourd'hui, je suis convaincu que le but de la politique et le seul moyen de gouverner, c'est d'accorder les hommes en les prenant tels qu'ils sont. C'est là la tâche qu'affectionnait Saint Louis, qui bénissait les « apaiseurs »: ce fut aussi celle de Henri IV, qui n'était guère mystique

    •  

    Au moment où il faut réaliser la plus grande et la plus rapide mutation de notre histoire qui bouleversera, qu'on le veuille ou non, nos structures sociales et modifiera radicalement les conditions de vie de chacun, tous les Français doivent être conviés à réaliser en commun cette immense entreprise, comme naguère le Général de Gaulle sut le faire lorsqu'il s'agit de sauver le pays. Je crois que l'effort gigantesque qu'il va falloir accomplir dans la paix requiert la même unité dans l'action que l'effort de libération exigea dans la guerre. Si les mots ont un sens, la politique d'ouverture et de contrats de progrès ne saurait avoir de meilleure application; il est même évident qu'elle ne pourrait avoir que celle-là: elle ne peut consister, en tout cas, à exclure de l'effort national près d'un quart des Français sous le couvert de l'anticommunisme: il n'est pas possible que l'anticommunisme soit l'alpha et l'oméga de la politique intérieure de la France.

    Sans doute sommes-nous fort éloignés de cette unité si nécessaire: trop d'intérêts abusifs, d'idées reçues, concourent à rendre cette politique irréalisable avant longtemps. Pourtant, si nous avions le courage de l'accomplir, par le renouvellement moral, intellectuel, sociologique et politique qu'elle entraînerait, le rayonnement de la France dans le monde serait immense: nous ouvririons ainsi une voie nouvelle qui serait pour beaucoup d'hommes et de peuples celle de l'espoir et du salut.    

    Souvenons-nous que c'est la main d'ivoire du roi à "âme sans détour" qui fit de lui l'arbitre de son temps, le pacificateur de la chrétienté qu'il voulut unir en même temps qu'il fixait les règles de l'indépendance nationale. « C'est quelque chose de touchant et de sublime, écrit un historien de gauche, que le contraste de cette âme si pure, si sereine, si exclusivement dévouée à la religion du devoir, avec les passions égoïstes et forcenées qui se débattaient autour d'elle sans pouvoir la souiller ni la troubler.» Voilà comment et pourquoi le meilleur des Français est celui qui a le plus contribué à la grandeur et au prestige de la France. S'il en est un qui domine notre histoire, c'est lui.

    Bien sûr, "de son temps même il ne manquait pas de gens pour le trouver un peu exalté". Les hommes de bon sens ne savent pas toujours percer les secrets de la sagesse. Cependant, la France «croissait de jour en jour en puissance » sous la conduite de ce prince «qui était le moins ambitieux des hommes», et Joinville nous dit que « finalement, par laps de temps, le royaume de France se multiplia et amenda tellement, pour la bonne justice et droiture qui y régnait, que le domaine, censifs, rentes et revenus du royaume croissaient d'an en an de moitié». Comme quoi, loin d'être incompatible avec l'enrichissement d'un pays et l'accroissement du bien-être d'un peuple, la poursuite d'un idéal en est au contraire la condition et le ferment. Je crois qu'il y a là une idée qui mérite réflexion. Déjà, en 1966, je m'inquiétais des excès d'un pragmatisme desséchant. « Il était bon, disais-je, de chasser les fumées de l'idéologie, mais un pouvoir qui voudrait être sans signification morale et politique ne mènerait ni très haut ni très loin: l'homme ne vit pas seulement de pain. »

    Nous sommes tous les fils de Saint Louis: quelles que soient les apparences présentes, les Français resteront les pèlerins de l'idéal, la seule recherche de biens matériels ne suffira pas à les satisfaire et n'apaisera pas leur soif de justice.

     

  • La France périphérique et les oubliés de la politique : panorama géographique (partie 2), par Fabrice VALLET (Juriste).

    OPINION. La France des oubliés identifiée par le géographe Christophe Guilluy a explosé à la figure d’un système médiatique aveugle à travers les GIlets jaunes. Comment ce phénomène de déclassement géographique a-t-il été enclenché ? Cette France des gens ordinaires parviendra-t-elle à se faire entendre en 2022 ? Éléments de réponse dans cette analyse en trois volets.

    La mise en lumière d’une « France périphérique », qui recouvre des territoires urbains, notamment de petites villes et de villes moyennes, périurbains les plus fragiles socialement, et ruraux, permet de souligner la place des nouvelles classes populaires à l’heure de la mondialisation. Face à un processus de désaffiliation universelle, le fait ou le sentiment d’enracinement local est une ressource essentielle pour les catégories populaires. Il apparaît ainsi que ces réseaux relationnels constituent un capital d’autochtonie en France périphérique. L’attachement à un territoire, à une cité, participe à une construction identitaire. La perte de ce capital d’autochtonie est l’une des causes de la fuite des quartiers populaires et banlieues des métropoles, mais aussi du regroupement dans des espaces périurbains et ruraux des catégories modestes d’origine française ou d’immigration ancienne. Le surinvestissement sur le territoire, la maison, son environnement culturel est désormais une tendance lourde dans les milieux populaires.

    Au sein de la France périphérique, la part des bas revenus, des chômeurs, des pauvres, des emplois précaires et des propriétaires pauvres y est surreprésentée. Cette nouvelle géographie sociale, qui s’impose en France, depuis 20 ans, révèle les contours d’une nouvelle sociologie, où les catégories sociales se définissent tout autant par leur statut socio-spatial que par leur degré d’intégration à l’économie-monde. Elle contribue à une recomposition du paysage politique entre ceux qui plébiscitent la globalisation libérale et ceux qui la subissent.

    Une France périurbaine et rurale

    Des marges périurbaines les plus fragiles des grandes villes jusqu’aux espaces ruraux en passant par les petites villes et villes moyennes, c’est 60 % de la population qui vit à l’écart des métropoles mondialisées. Ces espaces ouvriers et populaires se caractérisent par l’importance des ménages précaires et pauvres.

    L’ensemble de ces espaces forme la France périphérique, c’est-à-dire les agglomérations plus modestes, notamment quelques capitales régionales, et surtout le réseau des villes petites et moyennes. Il comprend aussi l’ensemble des espaces ruraux et les communes multipolarisées (dépendantes en termes d’emploi de plusieurs pôles urbains) et les secteurs socialement fragilisés des couronnes périurbaines des 25 premières agglomérations. La France périphérique comprend près de 34 000 communes et regroupe 61 % de la population. Les communes les plus fragiles sont concentrées dans la France périphérique qui regroupe 98 % des communes classées « populaire/fragile » représentant 72 % des Français vivant dans les territoires fragiles.

    L’implosion de la classe moyenne du périurbain subi s’illustre parfaitement dans l’exemple du canton de Brignoles. Sa localisation dans ces territoires est subie, dans le sens où si elles en avaient les moyens financiers, ces populations habiteraient probablement en périurbain plus proche ou plus chic. La fragilité sociale des habitants est une des caractéristiques du périurbain subi. Les problèmes financiers sont structurels (ayant du mal à s’acquitter du paiement des traites de leur maison, des nombreux déplacements, de l’obligation de posséder deux voitures) et de l'endettement répandu.

    La deuxième circonscription de l’Oise (Noailles/Chaumont-en-Vexin) comprend dans sa partie méridionale un espace périurbain subi, correspondant à des communes pavillonnaires qui ont accueilli des classes moyennes basses ayant fui la région Île-De-France. Dans sa partie septentrionale, elle se compose de territoires ruralo-industriels qui souffrent de la désindustrialisation et du chômage. Ce secteur illustre un contexte picard marqué par une très grande fragilité sociale.

    Dans le Sud, les ressorts du ressentiment social tiennent au chômage et à la précarité, mais aussi au séparatisme entre une population autochtone et une population d’origine immigrée plus jeune. Ce cocktail détonnant, que l’on rencontre aussi bien à Fréjus, à Béziers, à Cogolin ou Moissac, alimente la dynamique frontiste, et est essentiellement dû à la surreprésentation des familles immigrées dans le centre-ville et parmi les ménages pauvres.

    Initiative de quatre départements, l’Allier, le Cher, la Creuse et l'Allier, « les nouvelles ruralités » visent à s’appuyer sur le potentiel économique de ces territoires en favorisant un processus de relocalisation du développement et la mise en place de circuits courts.

    Au sein du rural profond, que ce soit dans la Mayenne, le Cantal ou la Corse, les ménages pauvres ruraux éprouvent des réticences à demander des aides qui les assimilent à des « publics pauvres ». La pauvreté rurale concerne surtout des ménages ouvriers et employés, des chômeurs et souvent des populations jeunes. Les ménages pauvres en milieu rural sont essentiellement des familles à faibles revenus d’activité avec des enfants. Aux populations pauvres déjà présentes (agriculteurs, ouvriers, personnes âgées, chômeurs, jeunes sans qualification) sont venus s’ajouter des néo-ruraux qui se sont installés à la campagne pour des raisons de coût du logement.

    Aujourd’hui, ce sont les communes peu denses de la France périphérique qui attirent le plus d’habitants en proportion. Les gens ordinaires n’ont jamais abandonné l’idée de préserver un capital social et culturel protecteur. Ils sont restés attachés à la préservation du bien commun et à une forme d’enracinement.

    L’équilibre fragile entre « accueillant » et « arrivant » a été remis en cause par la permanence et l’accentuation des flux migratoires. Il en a résulté l’évitement systématique des quartiers ou immeubles qui concentrent les minorités ethniques. Par ailleurs, on mesure peu le choc qu’a pu constituer l’émergence du multiculturalisme dans des quartiers populaires imprégnés d’égalitarisme républicain. Leurs habitants ont difficilement vécu le développement du différentialisme qui a contribué à une forme de racialisation des rapports sociaux. Cela a conduit les plus modestes à vouloir vivre dans un environnement où leurs valeurs restent des références majoritaires.

    Il s’ensuit que le désir de fuir la ville et ses quartiers difficiles, pour les ménages populaires, est plus fort que toute rationalité économique. Les gens ordinaires ne souhaitent pas vivre à côté « d’autres gens » qui utilisent parfois des kalachnikovs pour régler leurs différends. C’est naturel. Ces mêmes gens ordinaires ne souhaitent pas non plus scolariser leurs enfants dans des collèges susceptibles d’accueillir des adolescents violents. Des rapports parlementaires établissent que les dégradations d’immeubles gênent avant tout la population résidente et que les vols à la roulotte affectent plus particulièrement les propriétaires de véhicules à revenus modestes. D’autres rapports de police attestent que « les véhicules des personnes les plus modestes, pour lesquels elles n’ont pas de garage personnel et dont peu sont munis d’alarmes, restent des journées et des nuits entières le long des rues sur des parkings des cités HLM… Ce sont également elles qui fréquentent les grandes surfaces dont les parkings sont un des lieux de prédilection des roulottiers. Pour elles, un vol d’autoradio ou d’accessoires représente, proportionnellement à leurs revenus, une perte importante. »

    Si beaucoup d’habitants ont vu leur paysage et leur environnement totalement bouleversé — comme en Seine–Saint-Denis, où en 1997, la population quittant le département était équivalente, à celle qui était accueillie —, sans avoir été consulté, les conséquences des effets destructeurs d’une immigration non maîtrisée ne datent pas d’aujourd’hui. Dans son célèbre essai, Louis Chevalier démontrait qu’un processus mêlant engorgement et déficit d’accompagnement provoquait l’entassement, l’insalubrité et une promiscuité explosive. Avec des conséquences immédiates : maladies, criminalité, peurs sociales. « Injures, graffitis, coups dans les portes, boîtes aux lettres descellées à la barre à mine, porte du hall arrachée, ascenseurs souillés par l’urine » sont souvent la vie quotidienne de nombreux habitants de HLM, et ne sont qualifiés d’incivilités qu’aux yeux de ceux qui en sont prémunis par la distance sociale et les inégalités dans l’habitat. Tout en faisant mine de repeindre les cages d’escalier, on encourage à casser l’ascenseur social. Les logiques économiques et foncières ont créé les conditions de l’éviction des nouvelles classes populaires des lieux de production. Lorsqu’on porte un diagnostic sur l’évolution d’un quartier de logements sociaux où les populations immigrées sont devenues majoritaires, on constate que les catégories populaires d’origine française, souvent des retraités, sont devenues minoritaires. Quant aux DOM-TOM, ils font aussi partie de cette France périphérique. Ces territoires perçoivent avec anxiété les effets de la mondialisation, le recul de l’Etat-Providence et l’intensification des flux migratoires.

    Depuis les années 2000, le ressenti des catégories populaires confrontées à l’intensification des flux migratoires, dans le contexte nouveau de l’émergence d’une société multiculturelle, a donné naissance à une insécurité culturelle. Un zonage impersonnel a relégué le peuple dans une « France périphérique » formée de zones éloignées, mal reliées aux centres-villes, peu sûres, constituées des paysages ingrats de cités ou de lotissements sommaires, avec des équipements insuffisants ou dégradés qui attestent l’échec de la « politique de la ville ». (Christophe Guilluy, Atlas des fractures françaises, 2000). Il a fallu l’alerte, bien étouffée, d’un Paul Yonnet, en 1993, observant qu’« après l’ouvrier, l’immigré était devenu la figure rédemptrice de la corruption capitaliste, et en cela, agent d’une inéluctabilité historique, dans l’imaginaire prophétique de la gauche »pour que près de trente ans plus tard, Emmanuel Macron reconnaisse, en 2019, que les bourgeois ne croisent pas l’immigration contrairement aux classes populaires qui vivent avec. Il est vrai que l’élite, dans ses quartiers réservés, échappe à la détérioration sociale jusqu’à en ignorer l’existence.

    Institutions, services & marchés négligent de plus en plus les populations périphériques. En effet, plus de 60 % des ouvriers ou employés parisiens n’habitent pas la capitale. Néanmoins, les banlieusards du réseau SNCF parisien empruntent toujours un matériel roulant vieux de plus de trente ans. C’est pourquoi les retards sont devenus banals, affectant en permanence de 10 % à 30 % des trains sur plusieurs trajets. Si la SNCF invoque des actes de vandalisme, elle ne peut malheureusement nier que le confort et la propreté se sont eux aussi dégradés.

    La transformation de l’économie française et son adaptation à la mondialisation économique se sont accompagnées d’un double mouvement de désindustrialisation des villes et de métropolisation des emplois.

    La France des petites et moyennes villes

    Ce sont les villes les plus touchées par la désindustrialisation et le chômage qui enregistrent les plus fortes poussées du Front national, comme Hénin-Beaumont, Saint-Dizier ou Hayange. Particulièrement dans les bassins miniers, la pauvreté s’incruste dans les petites et moyennes villes industrielles. De 2009 à l’été 2016, 1974 sites industriels ont été fermés en France. Ces fermetures se sont poursuivies début 2019 comme Ford à Blanquefort. Néanmoins, depuis de nombreuses années les plans sociaux à Gandrange, Beaucaire ou Lorient se multiplient. Et cela dans des villes où les pertes d’emplois représentent une part très importante de l’ensemble de l’emploi total de la zone concernée. Dans des villes aussi où les licenciements frappent d’abord des petites entreprises qui n’accompagnent pas les salariés par un plan social. Au sein des petites villes où l’emploi industriel était encore important, seuls la présence d’un important secteur « administration publique, enseignement, santé, action sociale » et le développement des services à la personne ont permis d’atténuer les effets de la crise.

    Pour la première fois dans l’histoire, les gens ordinaires sont contraints de se déplacer vers les territoires qui concentrent le plus d’emplois. Ces mobilités contraintes sont une des conséquences de la désindustrialisation des territoires périphériques. L’employée d’aide à domicile, l’ouvrière dans l’électronique ou la logistique, la bénévole d’une maison de retraite, le préparateur de commande, l’ouvrier du bâtiment et évidemment le chauffeur routier doivent parcourir des kilomètres et des kilomètres pour accomplir leur journée de travail. À la fin, des journées qui ne cessent de s’allonger et surtout un budget transport qui vient fragiliser des ménages modestes ayant des difficultés à boucler leur fin de mois.

    Une centaine de villes ont intégré en 2014 la géographie prioritaire « politique de la ville ». La nouvelle carte des quartiers aidés a été dessinée à partir d’un seul critère, celui de la faiblesse du revenu des habitants. Ce redéploiement de la politique de la ville permet d’intégrer une nouvelle question sociale, celle des territoires les plus à l’écart des zones d’emplois les plus actives. Ainsi, Villeneuve s/lot, Marmande, Joigny ou Beaune y font leur entrée.

    Autour de la France périphérique, un réel modèle de développement économique alternatif, basé sur une offre & une demande locale (circuits courts, économie circulaire, économie sociale) peut voir le jour dans la mesure où ces initiatives s’inscrivent durablement dans un processus global de relocalisation des activités industrielles.

    Les mécanismes de relégation géographique et culturelle ont alimenté la spirale de la relégation économique des territoires périphériques. Cette recomposition économique et sociale des territoires a cristallisé une nouvelle géographie sociale où les gens ordinaires sont de plus en plus contraints à la sédentarisation. Pour les couches populaires des espaces périurbains, ruraux et industriels, la mondialisation se confond avec une sédentarisation imposée par la faiblesse des revenus. En effet, ce sont des raisons économiques et foncières qui ont en réalité le plus contribué à séparer les catégories populaires en fonction de leur origine. Il est indéniable que la recomposition économique & sociale des territoires a été favorisée par la relégation en dehors des grandes villes des catégories populaires d’origine française et européenne.

     

    Fabrice VALLET
    Juriste
    Juriste de formation et doté de cinq diplômes d’enseignement supérieur, il dirige actuellement une association d’insertion dans les quartiers prioritaires de Clermont-Ferrand. Il a travaillé pour le Ministère de la Cohésion sociale, de la Justice et pour la Présidence de la République.Il est l’auteur de plusieurs articles, notamment « Sauver notre modèle social aujourd’hui » et « L’Euro : croissance ou chômage ? ». Il a participé à Nuit debout et aux Gilets Jaunes.

    Source : https://frontpopulaire.fr/

  • Jean Sévillia : « Au lieu de créer une rue Robespierre à Paris, débaptisons les autres »

    Portrait de Maximilien de Robespierre, vers 1790, musée Carnavalet  

     

    La Conseillère de Paris Danielle Simonnet a formulé le vœu qu'une rue de Paris porte le nom du révolutionnaire Maximilien de Robespierre. Dans un entretien paru sur Figarovox [13.06], Jean Sévillia donne son point de vue : cette décision serait une position régressive et une grave erreur historique. Point de vue partagé à 100% par Lafautearousseau !

     

    XVM06e8d676-796d-11e5-ba18-c49418e196fb - Copie.jpgLa conseillère de Paris (Parti de Gauche) Danielle Simonnet propose la création d'une rue Robespierre à Paris. Cette demande avait déjà été formulée, sans succès, en 2011. Que vous inspire cette proposition ?

    On observe une constante à l'extrême gauche qui consiste à vouloir à tout prix ressusciter le mythe de la Révolution en général et de Robespierre en particulier. Mais il s'agit d'une position régressive. Jusqu'aux années 1960, l'histoire universitaire de la Révolution française était écrite par les marxistes ; la Terreur était assumée en tant que telle par la gauche qui estimait qu'elle était une phase nécessaire d'un processus historique. François Furet, communiste dans sa jeunesse, homme de gauche devenu libéral et qui n'a jamais adopté le point de vue contre-révolutionnaire, a joué un rôle considérable dans le monde intellectuel en bouleversant la façon d'envisager cette période. Furet a travaillé sur la Révolution, et s'est demandé comment distinguer 1789 de 1793. Dans ses premiers livres, il estime que 1793 est un dérapage par rapport à 1789, puis, au fur et à mesure, il vient à la conclusion que 1789 portait en elle les germes de 1793.

    A partir de 1970, après les travaux publiés par Furet, la gauche n'ose plus défendre la Terreur. A l'exception de cette extrême gauche qui réactive le mythe de Robespierre, allant à l'encontre des données actuelles de la recherche historique. A titre d'exemple, la biographie de Robespierre récemment publiée par Jean-Clément Martin - universitaire qui refuse par ailleurs de considérer qu'il y a eu un « populicide » (selon le mot de Babeuf) en Vendée en 1793-1794 - laisse un profond malaise car on a l'impression que l'auteur cherche à exonérer Robespierre des crimes de la Terreur, au mépris de la réalité historique.

    On devrait plutôt débaptiser les rues Robespierre qui existent depuis des dizaines d'années. Robespierre est l'homme de la Terreur qui justifie la violence et le pouvoir totalitaire avant la lettre. Dans notre pays qui se veut le pays des droits de l'homme et qui se vante d'avoir mis en œuvre la démocratie moderne, exalter Robespierre, qui a contribué à déclencher des mécanismes politiques totalement contraires aux droits de l'homme et à la démocratie est un non-sens.

    Mais précisément, le Parti de Gauche dénonce une manipulation historique dans la représentation actuelle de Robespierre…

    Manipulation historique ? C'est un compliment qui peut être retourné ! Rappelons que Robespierre est cet homme qui était un piètre orateur mais qui a conquis son aura par le verbe au club des Jacobins. Son magistère de la parole séduit cette gauche qui ne voit pas l'aspect monstrueux et glacé d'un personnage sans vie privée, un idéologue pur et sans âme. Dans un discours de février 1794, il défend « la Vertu sans laquelle la terreur est funeste et la Terreur sans laquelle la Vertu est impuissante » - défendant une alliance indéfectible entre la Vertu et la Terreur. Y sont défendus la pureté révolutionnaire absolue et le don de soi pour une cause idéologique. Le décret du 22 prairial - 10 juin 1794 - qui institue la Grande Terreur et précède d'un mois la chute de Robespierre est sidérant en ce qu'il postule que chacun est suspect et même potentiellement coupable. Ne sont prévus, en matière de justice, ni système de défense, ni accusation, ni interrogatoire, ni même de témoins ! C'est le règne de l'arbitraire total. La France est livrée à une secte criminelle. Est-ce un hasard si Pol Pot admirait Robespierre ?

    Dans le Dictionnaire critique de la Révolution française dirigé par François Furet et Mona Ozouf paru en 1988, Patrice Gueniffey écrit dans un article pertinent : « Robespierre porte le discours idéologique à son plus haut degré d'accomplissement parce qu'il est lui-même l'idéologie incarnée ». Ou encore : « La Terreur est dans ce magistère de la parole que Robespierre porte à son niveau le plus accompli. Aussi son art rhétorique n'est-il pas simplement une arme parmi d'autres dans le combat politique: cette parole terrorise ». Ces deux phrases me paraissent résumer ce que fut ce funeste personnage de Robespierre, qui est un ancêtre des totalitarismes modernes. 

    Rédacteur en chef adjoint au Figaro Magazine, essayiste et historien, Jean Sévillia est notamment l'auteur de Historiquement correct et de Histoire passionnée de la France, tous deux parus aux éditions Perrin.

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    Entretien réalisé par Eléonore de Vulpillières            

  • Jean Sévillia : « L’État veut enrégimenter les cultes ! ».

    En plein débat de la future loi sur le à l’assemblée, Gérald Darmanin a créé la polémique en visant ces croyants qui mettent la loi de Dieu au-dessus des lois de la République, au risque de revenir sur la loi de 1905 de séparation de l’Église et de l’État.

    Réaction de l’historien Jean Sévilla au micro de Boulevard Voltaire.

    https://soundcloud.com/bvoltaire/jean-sevillia-300811304

    Depuis plus d’une semaine, le corps législatif débat sur cette loi censée lutter contre le séparatisme islamiste. Ces débats sont en train de dériver vers une espèce de retour des débats de la loi de 1905 avec, au cœur, ce qu’a soulevé Gérald Darmanin, ces croyants qui mettent les lois de Dieu au-dessus des lois de la République. Est-ce pertinent de parler de cela ?

    La formule est assez surprenante et choquante. Si Dieu existe – à titre personnel, je crois que Dieu existe -, par définition, il est au-dessus de tout. La loi de Dieu est une image, une formule littéraire. Dieu n’a pas édité une loi, encore que les dix commandements bibliques sont une loi de Dieu. La loi de Dieu est au-dessus de la loi civile à toute les époques, sous l’Antiquité, dans le monde chrétien, au Moyen Âge, sous Napoléon et aujourd’hui. Les lois de la République ne sont pas au-dessus des lois divines. C’est du bon sens. Maintenant, faut-il encore savoir quel est le domaine de Dieu et le domaine de César. Il est évident que le temporel a sa légitime autonomie. Or, le monde chrétien, par la distinction contenue dans les évangiles entre le domaine de Dieu et de César, est parvenu à des équilibres satisfaisants. Il y a d’autres civilisations où la distinction entre le temporel et le spirituel n’est pas assurée de la même manière. Globaliser un rapport et mettre toutes les religions sur le même plan, cela risque de créer des problèmes. L’État veut, aujourd’hui, enrégimenter les cultes de façon à ce qu’ils dépassent même l’esprit des meneurs de la loi de 1905 qui étaient pourtant, au départ, des anticléricaux.

    Lorsqu’on est assis sur 2.000 ans d’héritage judéo-chrétien, est-ce logique, pour un historien, de mettre toutes les religions sur le même plan ?

    Le catholicisme est théoriquement la religion de 90 % des Français jusqu’aux années 1960. Ces derniers étaient parvenus à une forme d’équilibre avec la République après une phase anticléricale au début du XXe siècle. Cet équilibre était parvenu par un certain nombre de compromis obtenus non pas par la gentillesse du législateur républicain qui n’était d’ailleurs pas gentil, mais par la résistance des catholiques. Ce compromis a tenu jusqu’aux années 70. Cet équilibre a été bouleversé par l’arrivée, sur le sol métropolitain, d’une nouvelle religion : l’islam. Cette religion n’était pas nouvelle dans l’Histoire de France, mais avec laquelle la France avait vécu outre-mer dans la période coloniale qui est, d’ailleur, aujourd’hui diabolisée. Parce que l’islam ne distingue pas de la même façon le temporel et la spiritualité et parce que l’islam est à la foi une religion et une loi, pour faire face à l’islamisme, la République est en train de se faire une crispation laïque et de monter une législation. Cela risque de mettre tous les cultes sur le même plan et, donc, de bousculer ces fragiles équilibres dont vont être victimes les cultes, y compris les cultes chrétiens, l’Église catholique. Cette dernière est pourtant un élément plutôt de pacification de la société française depuis très longtemps.

    Y a-t-il une peur d’être taxé d’islamophobie ? Y a-t-il une tentative de noyer un peu le poisson plutôt que de passer pour un islamophobe, passer pour un laïcard ? Est-ce plus rentable, aujourd’hui, pour un politique ?

    C’est évident. L’islam pose des questions tout à fait inédites extrêmement complexes à résoudre, à tout mettre sur le même plan et à avoir une réponse législative qui aboutit à gommer les spécificités de chaque religion et les problèmes qu’elle pose. On noie le poisson de la question du séparatisme. En réalité, c’est l’islamisme qui est en cause. Mais pour ne pas avoir l’air de stigmatiser l’islam, on recule. En réalité, les musulmans les plus modérés eux-mêmes n’ont pas du tout envie d’être embrigadés dans l’islamisme. Cette pusillanimité se paiera un jour malheureusement politiquement dans la société française.

     

    Jean Sévillia

    Journaliste et essayiste
    Rédacteur en chef adjoint au Figaro Magazine, membre du comité scientifique du Figaro Histoire, et auteur de biographies et d’essais historiques.