UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : radio ville marie

  • Discours du pape: nos lecteurs ont du talent....

                  A la suite de notre Ephéméride du 11 Août, consacré au Mont Saint Michel, il nous avait paru opportun de publier, le lendemain, l'intégralité du discours de Benoît XVI aux Bernardins, dans lequel le Pape évoque longuement le rôle positif des moines, et leur contrubution essentielle et décisive au développement et à l'éclosion de la Civilisation occidentale. Ces deux notes (du 11 et du 12) ont fait réagir nos lecteurs.

                 D'abord il y a eu Sebasto, qui a posté le mercredi 12 un texte très intéressant, de Christophe Geffroy (comparaison des propos de Benoit XVI et de Nicolas Sarkozy sur la relation du politique et du religieux); et qui a récidivé le lendemain (jeudi 13), pour notre plus grand plaisir, en postant un second texte non moins intéressant, une analyse de M. l'abbé Christian Gouyaud sur le rôle civilisateur du monachisme occidental, tel qu'il est évoqué par Benoît XVI. C'est avec intérêt et plaisir que ces deux textes consistants ont été lus; ils ont eu comme mérite supplémentaire de déclencher une réaction de Lori qui, à son tour, a posté le commentaire que nous reproduisons ci-après.

                C'était l'un des souhaits que nous formions, en lançant ce Blog: qu'il favorise et permette des échanges féconds, dans tous les sens, et de tous avec tous; à l'évidence, avec cet exemple-ci, cet objectif est atteint. Puisse-t-il l'être très régulièrement. Merci aux intervenants, qui font ainsi vivre et progresser notre Blog à tous...

                Voici le texte intégral de la réponse de Lori aux deux textes de Sébasto (que l'on peut bien sûr consulter dans les Commentaires). On notera juste qu'il semble bien que Lori, comme nous, soit un admirateur (ou une admiratrice...) de Jean-François Mattéi.....

    BenoitXVI-College-des-Bernardins-3.jpg
    Benoît XVI prononce son allocution

    Sébasto a livré à notre lecture attentive, deux textes fort intéressants.

    Je ne crois pas tout à fait certain, toutefois, que "les sept cents auditeurs du monde de la culture"
    (ci dessous) aient été "médusés" par le propos du pape Benoît XVI.

    Peut-être était-ce, au fond, ce qu'ils attendaient de lui. Car il y a, à mon avis, une sorte de paradoxe existentiel de notre temps.

    benoitXVI_2 BERNARDINS.jpg
    Une partie des "sept cents auditeurs du monde de la culture"


    Déraciné comme jamais, en passe de n'être même plus révolutionnaire, même plus antichrétien, même plus idéologue, même plus rationaliste (il n'en a vraiment pas les moyens) mais tout simplement de n'être plus "rien", d'être le temps barbare de "l'homme creux" au "regard vide", selon les fortes expressions qu'emploie Jean-François Mattéi, notre monde, paradoxalement, est aussi celui qui consacre à la conservation du patrimoine - et avec un grand concours de talents et de techniques étonnantes d'efficacité et de précision - des budgets, des programmes qu'aucune autre époque n'a seulement imaginés, ni, évidemment, engagés, qui se passionne pour l'Histoire, y consacre des quantités d'articles de journaux, d'émissions de télévision, de pages de couverture de ses magazines, celui, aussi, qui, d'une certaine manière, réhabilite ses rois, ses reines, et la noblesse des époques passées... Et cetera.

    Ceci ne signifie nullement - sans-doute, même, est-ce le contraire - que notre société n'est pas très malade. Mais qu'il lui reste, encore, à l'arrière-fond de toutes ses tares, un sens encore vivant, de ce qui, de ce que, fut, notre civilisation française, et, je crois qu'il faut ajouter, européenne.

    Au fond, il me semble que l'envie de "retrouver le chemin qui conduit chez nous" n'a pas tout à fait quitté les peuples français et européens. Sans une nouvelle "trahison des clercs" (celle des hommes du "système", en ses différentes composantes) cette "envie" serait sans-doute, déjà, une vague sociale d'importance. Déjà, en effet, le "système" ne peut empêcher que s'exprime dans l'édition, par les livres, sur les ondes, à travers les studios de radio ou de télévision, tout un ensemble d'intellectuels qui portent, à son encontre et à l'encontre du monde qu'il façonne à son image, un jugement fortement critique. Ce que nous appelons le "système" n'a pas plus qu'un autre les promesses de l'éternité. Est-il impossible que les circonstances ne permettent, un jour, à l'"envie" diffuse des peuples français et européens de retrouver le chemin qui conduit chez eux, de devenir une vague déferlante, comme celle qui a emporté, il y a vingt-ans, le bloc soviétique et fait tomber les murs qu'il avait construits à sa frontière ?

    C'est pourquoi, il ne me semble pas impossible que les sept cents auditeurs du monde de la culture qui ont écouté Benoît XVI aux Bernardins, y aient retrouvé, émerveillés, tout simplement ce qu'ils en attendaient.

     

    MATTEI 3.jpg
  • Effondrements et résurgences.....( 1 ).

              Tous les jours maintenant, matin, midi et soir, on nous le ressasse, en boucle pourrait-on dire..., que l'économie s'effondre. Et c'est vrai qu'il faudrait être sourd ou aveugle, ne pas lire les journaux, ne pas écouter la radio, ne pas regarder la télé... pour ne pas le savoir !

              Mais n'y aurait-il pas une autre façon de présenter les choses ? Il faudrait certes prendre du recul, et de la hauteur. Mais ne présenter ce qui se passe que comme un "big bang" de l'économie -outre que la formulation est contestable...- cela rend-il vraiment compte de la réalité et de l'ampleur du phénomène auquel nous assistons ?

              Et de son immense intérêt, de par les évolutions fondamentales qu'il rend possibles ?..... Et possibles dans un avenir proche ?.....

              En effet à quoi assiste-t-on, parallèllement à la crise d'une certaine économie, mais depuis de nombreuses années maintenant (et pas seulement depuis quelques jours...) ? Tout simplement, mais c'est énorme, c'est immense, à la mise en échec des idéologies et, à l’inverse, à la résurgence de ces choses anciennes, finalement solides et fortes (et en tout cas plus solides et plus fortes que les idéologies....) dont certains "princes des nuées"- pour reprendre une expression chère à Maurras - avaient décrété, un peu vite, la mort et la disparition.....

              N’avaient-ils pas, certains naïfs, ou inconscients – en tout cas, idéologues jusqu’au trognon… - pronostiqué pêle-mêle, et d'une façon insensée, la fin de l’Histoire ; la fin des conflits ; la fin des Nations ?... Nous, nous pensions bien qu'ils se trompaient. Et nous ne partagions pas leurs rêveries. Mais là ce n'est plus nous, ce sont les faits qui leur disent qu'ils ont rêvé; qu'ils se sont trompés; bref qu'ils ont faux sur toute la ligne, pour parler familièrement.....

              Qu’est-ce qui est en train de tomber, de disparaître et de faire naufrage en direct, sous nos yeux, sinon – au contraire… - les idéologies et les abstractions ? Ce que Maurras appelait justement « les nuées » ? Le communisme, bien sûr, hier, mais aussi, aujourd'hui cette financiarisation folle dans laquelle se sont aventurés trop d’économies ; et aussi, du coup, par ricochet et comme conséquence(s) induite(s), dans ce qu’elle a de pervers et de malsain, l’Europe ? Du moins une pratique bureaucratique de l’Europe, une façon de la vivre loin des réalités, loin des peuples, loin des intérêts concrets des gens ; bref, non pas l’idée Européenne en soi, dans ce qu’elle a de bon et de positif, mais l’Europe loin des gens, loin du réel ?

              Et lorsque certaines pratiques douteuses du libéralisme s’effondrent, vers quoi se précipitent les opinions, peuples et dirigeants confondus ? Vers ces bonnes vieilles réalités bien concrètes que sont les Nations ! Que l’on médite sur la réaction instantanée d’Angela Merkel ( réaction au demeurant parfaitement normale, et tout à fait compréhensible : c’est celle que la France ne devrait pas hésiter à avoir aussi…).

             Il reste à voir enfin que l'idéologie démocratique, elle aussi a du plomb dans l'aile. Car enfin, que font-ils et comment font-ils, face à la crise, les dirigeants des pays démocratiques (en France comme ailleurs, dans toute l'Europe...) ? Ils se réunissent en petits comités, parfois en pleine nuit, et prennent leurs décisions à quelques uns, sans en référer le moins du monde à quelque autorité que ce soit. Ce n'est d'ailleurs pas critiquable en soi, comment pourraient-ils faire autrement ? Mais si, nous, nous n'avons pas de problème là-dessus, les tenants de l'idéologie démocratique, eux, devraient en avoir un, et un très gros...! Car pas question ni - bien sûr - d'organiser un référendum ou une quelconque consultation populaire, ni même d'organiser un simple vote au parlement, la représentation nationale. On pourrait au moins, hypocritement, tâcher de sauver les apparences, et de faire comme si on consultait, comme si on tenait compte de l'avis des députés. Mais non, on ne fait même plus semblant.....

            Quel(s) démenti(s) aux rêveurs et aux idéologues ! Les faits sont têtus, et ils se vengent... Notre actualité, c’est donc la mise en échec de tout ce qui était idéologique, non naturel et anti naturel. Ce n’est ni « tant mieux » ni « tant pis » : c’est. Et l'on doit en tenir compte, en vertu de l'éternel principe de réalité. Voilà bien la leçon de ce démenti cinglant apporté par réel aux idéologies.....

             Ce retour au réel implique aussi, et c’est une excellente chose, un retour en force du Politique…..

  • Un humaniste ( ! ) pour enterrer l’Humanisme et les humanités, le Savoir, la Culture…

              S’il s’agissait d’une journaliste de radio/télévision, on dirait qu’elle parle avec des trémolos dans la voix. Là il s’agit d’un article écrit dans La Provence (1) par Ariane Allard. Mais on les entend presque ces trémolos, dans l’outrance des titres et sous-titres : à la Une, et en gros caractères s’il vous plaît, Rencontre avec un Humaniste (excusez du peu…) et photo presque quart de page ! Et, sur la moitié de la dernière page, un papier plus qu’élogieux, dithyrambique, intitulé A l’école de l’intelligence, en toute simplicité ! N'en jetez plus.....

              De qui parle-t-on, avec ces éloges appuyés, ampoulés et, disons le, excessifs en tout ? De Laurent Cantet, palmé d’or comme l’écrit la journaliste pâmée d’aise, pour son film  Entre les murs.

              Faut-il répondre ( et que répondre ?….) à un tel fatras de propos aussi déconnectés du réel ? A un tel encensement de la décadence ? Une décadence acceptée et, pourrait-on presque dire, assumée. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Tout le monde le sait, tout le monde le dit. Dernière en date, Isabelle Stal : "Notre système d’enseignement est sinistré, de la maternelle à l’université", assure ce professeur à l’IUFM de Nice, dans un livre qui vient de sortir (2), dans lequel elle montre bien, en outre, que beaucoup d’enseignants ne sont plus armés culturellement pour redresser le niveau….

              Et pendant ce temps là monsieur Cantet fait un film pour célébrer, au fond, tout ce que dénonce Isabelle Stal; et s’amuse de la situation qu'il dépeint, et trouve tout « merveilleux », « un moment de bonheur énorme »… Et la journaliste parle d’ « une rentrée qui parie sur l’intelligence », d’un film « enthousiasmant de lucidité et d’énergie » car il présente une chronique vraied'une classe de 4° dans un collège parisien ! C'est justement bien là le drame : ce que montre Cantet est, hélas, la pure vérité....

              Pourtant interrogeuse et intérrogé sont tout contents, et ils trouvent que tout va bien.

              Mais sur quelle planète vivent-ils ? Ils ne voient pas que l’enseignement français fait naufrage sous nos yeux ? Non. En bons bobos qu’ils sont, ils s’amusent pendant le naufrage, et du naufrage.

              Pour des gens comme eux, Alain Finkielkraut prêche dans le vide lorsqu'il avertit que nous sommes la première génération dont les élites sont et seront sans Culture.

              C’est tragique. Ils sont tragiques.....

    (1): La Provence, mardi 2 septembre.

    (2): L'Imposture pédagogique, août 2008, 228 pages, 16,50 euros.

          Voici la présentation de l'ouvrage proposée par les Editions Perrin :

    Une radiographie sans concession de ce qui fut longtemps présenté comme une excellence française et qui se révèle un échec cuisant de notre Education Nationale, la faute en incombant à la pédagogie moderne.

    D'où vient la catastrophe scolaire que nos enfants subissent ?
    En une génération, un système d'enseignement assez efficace et, qui plus est, pour le plus grand nombre s'est quasiment effondré. Des dizaines d'ouvrages ont inventorié des maux variés - corporatisme syndical, égalitarisme pédagogique, baisse des exigences en raison d'une massification non maîtrisée -, mais celui d'Isabelle Stal est le premier à s'attaquer au coeur du système : la formation des maîtres.
    De l'intérieur, car elle enseigne en IUFM, Isabelle Stal décortique le jargon pédagogique, le refus professoral d'enseigner, les manières dont la lecture, l'écriture, l'orthographe, la grammaire sont bradées et négligées, les ravages de l'informatique qui pousse les élèves à recopier des informations sans jamais les penser. Voilà comment une pédagogie destructrice est en train de gâcher une génération.

    Isabelle Stal, docteur en philosophie, est professeur à l'IUFM de Nice. Elle a écrit La Philosophie de Sartre et L'Ecole des barbares.

  • Simple report ou reculade sur le fond ? Les vrais problèmes que pose l’affaire de la « Réforme Darcos » : « reprendre »

               Il faut donc « reprendre l’école » : c’est « la » vraie tâche, «  la » vraie réforme et la seule, urgentissime et indispensable, dont on ne pourra pas faire l’économie car l’éducation - c’est bien connu – est à la base de tout.

                Ceci étant, nous ne sommes pas sur Sirius, et nous devons bien vivre hic et nunc, dans la société qui est la nôtre. « Les temps sont durs, mais ce sont nos temps » dit le Prince Jean….. Et cela nous amène au deuxième aspect du problème scolaire que révèle le report de la « réforme Darcos » : qui gouverne réellement : le pouvoir élu ou la rue ? En d’autres termes, quelle est la stratégie à adopter face au pouvoir de nuisance de ces syndicats, associations et groupes de pression divers qui se sont arrogés un pouvoir dont on chercherait vainement la légitimité. Elle ne vient en tout cas pas des élections, ce qui est un comble pour eux, qui n’ont que ce mot à la bouche : elle n’a rien de démocratique ! Elle ne vient que d’une sorte de coup de force permanent, d’une sorte de manifestation perpétuelle, de l’excitation constante de quelques milliers de militants bien rodés, cherchant en permanence à entraîner un maximum de manipulés, pour que leur agitation fasse obstacle à ce qui leur déplaît et débouche sur ce qui leur convient ; c’est-à-dire leur permette de contourner leur défaite dans les urnes par une victoire à l’arraché dans la rue.

                Face à cet état de fait, que l’on connaît depuis bien longtemps et qui n’est donc pas une découverte mais qu’il est bon - comme toute évidence – de rappeler de temps à autres… on peut imaginer que le gouvernement préfère, par prudence, reculer pour mieux sauter. La patience et la prudence peuvent se concevoir, si l’on pense mieux désarmer par là son adversaire. S’il doit vraiment y avoir une crise, Xavier Darcos fait peut-être mieux de l’éviter en semblant attendre….

                Il n’empêche que cette façon de faire, là comme ailleurs, ne résoudra pas le problème que nous venons d’évoquer : à qui revient-il de gouverner ? Au pouvoir issu des élections, ou aux manifestants ? Soit on accepte ad vitam aeternam la situation actuelle, soit l’on voudra vraiment crever l’abcès, et alors il faudra bien, un jour ou l’autre, casser ces associations, syndicats ou groupes de pression et de manipulations divers qui se sont arrogés cet exorbitant pouvoir de blocage par l’intimidation et la violence. Et pour cela, ne pas craindre d’entrer en conflit ouvert avec ce monde-là, d’aller à la castagne comme on dit très, très familièrement. Comme Sarkozy l’a un peu fait pendant la campagne électorale – et cela lui a servi… - en n’hésitant pas à prendre tout ce monde-là à rebrousse-poil, notamment sur le thème de l’immigration.

                Lancer une sorte d’appel au peuple, prendre l’opinion à témoin : ne serait-ce pas la seule façon de casser la mainmise de ces groupes de pression qui, s’ils ont bien sûr le droit de manifester leur désapprobation, n’ont pas celui de faire échouer une politique menée par un gouvernement élu. Sans aller jusqu’à organiser des référenda à tout propos – quoique… , et même s’il fallait pour cela modifier la constitution : ce ne serait pas si dramatique, et ce ne serait certes pas impossible… - on pourrait imaginer un harcèlement constant des groupes de pression, au moyen d’un appel permanent à l’opinion, en s’appuyant sur l’opinion (ce qui d’ailleurs, serait envisageable pour presque tous les sujets, notamment l’immigration… ).

                Faire subir en somme aux groupes de pression de l’extrême-gauche le même harcèlement incessant, leur faire en quelque sorte le même coup qu’ils  font en permanence au Pays, mais en renversant les rôles cette fois : et en s’appuyant sur une opinion dont la dernière élection présidentielle a montré qu’elle était réceptive à bien des thèmes, à bien des idées et à bien des propositions de solutions qui déplaisent fortement à la camarilla ultra-minoritaire qui, depuis 1945 (dont c'est l'un des héritages empoisonnés...) colonise allègrement l'Université au sens large et l'ensemble des médias (presse écrite et parlée).  

                La France est le seul pays d'Europe dans lequel on ait cette situation à ce point caricaturale : une caste de privilégiés, s'auto-perpétuant par cooptation et règnant d'une façon extravagante sur la très grande majorité des moyens d'opinion. Cela est-il honnête et légitime ? Cela correspond-il à la réalité de la société et de ses opinions ? Bien sûr que non : un même courant de pensée, gauchiste et révolutionnaire, règne - et de quel droit ? - sur l'essentiel des médias. N'a-t-on pas entendu tout récemment, et pour en revenir à la réforme Darcos, un journaliste de radio annoncer une manifestation de très grande ampleur des lycéens contre la réforme très contestable de Xavier Darcos ? Les lycéens ne seront que quelques milliers, mais l'exemple est éloquent, et révélateur d'un état de choses qui ne devrait plus durer.....

                On notera du reste avec intérêt ceci, qui est finalement assez savoureux : les mêmes qui se déclarent scandalisés par le fait que le Président (élu, malgré tout) nommera à la tête du CSA ne sont pas choqués le moins du monde par le fait qu'une camarilla ultra-minoritaire et non élue règne sans partage suir la majeure partie des médias, ....

  • On ne caricature ni Mahomet, ni... Jésus-Christ !

                 L'Europe est devenu un continent épatant. Il ne faut pas y caricaturer Mahomet, sinon des barbus vont venir chez vous avec une hâche pour vous le faire payer. Mais on y laisse tranquillement Khadafi déverser un tombereau d'insanités sur Jésus-Christ et sur le christianisme, sans que nul -ou presque...- ne réagisse....

                 Soyons clairs. Nous sommes résolument opposés au fait que l'on se moque des religions, de toutes les religions, et de ceux qui croient. Parce que nous avons une échelle de valeurs, comme on dit dans le langage de tous les jours, et parce que nous pensons qu'il est beau et noble de croire en quelque chose en dehors et au-dessus du monde; que cela est digne de respect; et que, en conséquence, tout croyant, où qu'il se trouve, et toute Foi, mérite le respect: on ne se moque pas de la Transcendance, ni de celles et ceux qui cherchent.........

                 Du moins c'est ce qui se passe dans une société vraiment evoluée, civilisée et raffinée, où, par définition, le spirituel est placé plus haut que le matériel: notre position est donc à la fois très claire et, nous semble-t-il, très cohérente: on ne se moque d'aucune religion, on n'en caricature aucune.....

    KHADAFI.jpg

                En application de ce principe, on nous permettra de nous étonner (doux euphémisme...) que personne -ou presque...- n'ait réagi aux propos scandaleux, délirants et volontairement provocateurs de Khadafi, tenus à Rome, devant de jeunes Italiennes, à la fin 2009. Personne, du moins parmi les dénonceurs patentés, dans la race des signeurs (de pétitions...), non, personne dans ce beau monde de la presse écrite et parlée, personne n'a protesté ni condamné. A croire que les-dits commentateurs n'écoutent pas la télé et la radio dans lesquelles ils parlent, ou ne lisent pas les journaux dans lesquels ils écrivent...

                Et pourtant, imaginons un peu, juste un peu....

                Imaginons l'émoi si un dirigeant occidental comparable à Kadhafi tenait –inversés, et dans un pays musulman- les propos purement provocateurs que celui-ci a tenus à Rome. Ce qui donnerait quelque chose comme : Convertissez-vous au catholicisme. Mahomet a été envoyé pour les arabes, pas pour vous, en revanche Jésus-Christ a été envoyé pour tous les humains… Mahomet n’a pas entendu Dieu lui parler etc.. etc…

    KHADAFI P2TROLE.jpg
    Avoir du pétrole permet-il tout ?.....
     

                Voici, en effet, comment plusieurs Agences relatent les propos tenus, fin 2009, par Mouammar Kadhafi, lors d'une rencontre à Rome avec une centaine de jeunes Italiennes, recrutées via une agence d'hôtesses. Khadafi leur a tout simplement recommandé de se convertir à l'islam, en leur affirmant que "Jésus n'a pas été crucifié". Les jeunes femmes, sélectionnées par l'agence Hostessweb pour un cachet prévu de 50 à 60 euros, devaient mesurer au moins 1,70 m, être "plaisantes" et "bien habillées" (décolletés et mini-jupes étaient proscrits). Convoquées dans un hôtel de luxe sans savoir exactement qui elles devaient rencontrer au cours de la soirée, elles ont été conduites à bord d'autocars à la résidence de l'ambassadeur de Libye. Kadhafi a fait son entrée vers 22H30 avec une heure de retard et il a stupéfié les jeunes filles, qui s'attendaient à participer à une fête, en leur délivrant une heure durant une leçon d'histoire sur les rapports entre l'Islam et l'Occident et le rôle de la femme.

                "Ce n'est pas vrai que l'Islam est contre les femmes", a-t-il dit, flanqué de l'ambassadeur libyen, d'un interprète et de deux de ses fameuses "amazones" en tenue militaire, a raconté le Corriere della Sera, citant des jeunes filles. Avant de leur offrir un exemplaire du "glorieux Coran", il leur a lancé : "Convertissez-vous à l'Islam, Jésus a été envoyé pour les Hébreux, pas pour vous, en revanche Mahomet a été envoyé pour tous les humains", selon La Stampa. "Vous croyez que Jésus a été crucifié mais ce n'est pas vrai, c'est Dieu qui l'a emmené au ciel. Ils ont crucifié quelqu'un qui lui ressemblait. Les juifs ont essayé de tuer Jésus parce qu'il voulait remettre la religion de Moïse sur le juste chemin", a-t-il encore dit, selon une journaliste de l'agence Ansa, qui s'est fait passer pour une hôtesse. 

                Bref, Khadafi a fait, dans son genre, quelque chose d'aussi grave et d'aussi condamnable que les caricaturistes de Mahomet. Mais, là personne ou presque n'a rien dit....

               D'où notre remarque de début de note, concernant notre position de principe, qui au moins est claire et cohérente...

  • Dans votre quotidien, cette semaine...

             LAFAUTEAROUSSEAU sans inscription.jpg                                      Comme d'habitude, l'actualité - qui prime - nous a fait différer deux notes : pour coller à l'actualité, et parler de Florange ( Sur Florange et Retour sur Florange ), et pour répondre à la question de la "Une" de La Provence ( Où va Marseille ? ), nous avons choisi de repousser à cette semaine la vidéo dans laquelle Hervé Juvin montre comment - par un "spoil system" contraire à la tradition de notre haute fonction publique - "il revient aux socialistes français d'accentuer l'américanisation de la société française"...  

           Et aussi le très beau texte de Jean-François Mattéi, qui, comme il l'avait fait après sa très belle communication du 1er septembre, à Martigues, sobrement intitulée Le chemin de Paradis, pour la journée d'hommage à Charles Maurras, nous a envoyé le script de sa communication au récent Colloque Maurras de Paris : Maurras, entre Shakespeare, Baudelaire et Edgar Poe. 

              On lira un texte de Jean-Philippe Chauvin sur sa "jeunesse militante royaliste", telle qu’il l’évoque, et qui a été, aussi, celle d'un bon nombre d'entre nous. On aura aussi - la bonne habitude est prise maintenant - "le grain de sel de Scipion", par deux foiset des notes plus courtes réagissant aux propos d'Harlem Désir, de Najat Valaud-Belkacem; une présentation du dernier numéro de Politique magazine et du Blog d'Hélène Richard-Favre, à propos de sa dernière intervention sur les ondes de la radio La voix de la Russie; une réflexion sur les propos très surprenants de Manuel Valls sur la laïcité : des propos très justes, mais qui le mettent en contradiction avec "les grands ancêtres" : "affaire à suivre"...

    mandel 1.jpg      On continuera à Lire Jacques Bainvillevendredi : la deuxième et derrnière partie de l'éloge de "M. Georges Mandel", où Bainville dit exactement la même chose que ce que vous pourrez lire bientôt dans notre prochain Album Léon Daudet (en préparation...); et qui montrera aux ignorants que l'Action française toute entière entretenait les meilleures relations avec bon nombre de personnalités de la communauté juive -et non des moindres, de Joseph Kessel à Georges Mandel - l'antisémitisme de peau ayant toujours été rejeté, dénoncé et combattu en tant que tel par le royalisme français.

             Et on gardera le samedi, comme on en a pris l'habitude maintenant, pour une sorte de revue des Blogs, de Facebook et d'ailleurs : cette semaine, l'Immigration de masse, une catastrophe pour la France (le mini dossier de Polemia); à propos du "Mariage pour tous", Aude Mirkovic, maître de conférence en droit privé, explique (en vidéo) pourquoi, dans le droit français, on ne peut être enfant que d’un homme et d’une femme; Cécile Duflot (de cannabis ?) veut réquisitionner pour les mal logés ? On lui donne quelques adresses ! Et, tant qu'on y est, on lira le "pan sur le bec" qu'elle a bien mérité, d'Aymeric Pourbaix (dans Famille chrétienne); dans la Banque, de nouveaux produits "halal" arrivent; enfin, rayon "Culture", il y a une belle exposition sur les Antiques de Louis XIV à Versailles (Patrimoine en Blog)...

    VIADUC MILLAU 3.JPGOn aura, évidemment, les Ephémérides, car c'est "tout cela, tous ceux-là, aussi, la France" : de Saint Corentin et Sainte Clotilde à l'inauguration du Viaduc de Millau, en passant par les naissances du futur Henri IV et de Sully, de Nostradamus, Delalande (Delalande Air des trompettes.mp3), Surcouf, Flaubert, Berlioz (berlioz marche hongroise.mp3), César Franck (03 - Morceau 3(1).mp3) et Mermoz; les morts du Grand Condé, du Père Joseph, de Turreau, l'un des bourreaux de la Vendée, de Folco de Baroncelli (aux origines de la Camargue moderne), de Radiguet...; mais aussi, entre autres, la victoire de Vendôme à Villaviciosa, les Premières d'Alexandre et de Britannicus, l'attribution des Prix Nobel (où l'on voit que la France est bien placée...), la fin de la bataille de Verdun etc... En plus de la Table des Matières (pour les 366 jours de l'année, les Ephémérides proposent, en permanence L'Album des Ephémérides : L'aventure France racontée par les Cartes (200 photos)... et aussi... de la MUSIQUE DANS LES EPHEMERIDES.pdf

            Notre rubrique Activités partout en France (mise à jour quotidiennement) propose en permanence une trentaine d'activités diverses : "sitôt reçu, sitôt publié", elle est à votre disposition pour annoncer et répercuter tout ce qui se fait chez vous, "sans nostalgie ni folklore", pour un royalisme intelligent. Lafautearousseau se veut la "maison commune" de toutes les bonnes volontés royalistes, fidèles à la Maison de France.

  • Au hasard de la navigation sur le Net : échos des Blogs, des Pages Facebook, et d'ailleurs....

    capture d'ecran blog.jpg        (Cette chronique n'a pas d'autre objet que de communiquer à nos lecteurs des articles et prises de positions sur lesquels nous nous trouvons en convergence, totale ou, au moins, partielle, et sur des points d'importance; elle ne signifie évidemment pas accord total et permanent, sur tous sujets et en toute occasion, avec les Blogs ou Pages mentionnées... Même chose pour les liens envoyés par des lecteurs, pour approfondir tel ou tel sujet traité sur le Blog, pour "aller plus loin"...)  

     

     1. Sur les Blogs, sur Facebook ou ailleurs... :  

    Les "jeunes" nous souhaitent la Bonne Année : c'est sur Boulevard Voltaire : http://www.bvoltaire.fr/christinetasin/les-identitaires-ne-sont-que-des-amateurs,7438

    1. Les Enfants d'abord : tribune du Professeur Joyeux dans Le Figaro : http://www.professeur-joyeux.com/images/lefigaro_20121226.pdf

    2. Le scandale de la chapelle Laënnec, monument historique "rasée par erreur" - et en cachette -il y a un an : http://patrimoine.blog.pelerin.info/2013/01/03/la-sacristie-classee-hopital-laenec-detruite-par-erreur/?utm_source=feedburner&utm_medium=email&utm_campaign=Feed%3A+PatrimoineEnBlog+%28Patrimoine+en+blog%29

    3. "Tête d'Henri IV" : l'ADN a-t-il vraiment parlé définitivement ? : Sud-Ouets donne la parole aux "oui" et aux "non" (dont Philippe Delorme... :

    - les "oui" : http://www.sudouest.fr/2012/12/31/le-crane-mysterieux-authentifie-c-est-bien-la-tete-du-roi-henri-iv-922451-3.php

    - les "non" : http://www.sudouest.fr/2013/01/03/sciences-l-authentification-de-la-tete-d-henri-iv-contestee-par-un-historien-924364-4344.php

    4. Merci les patrons : une charge bienvenue de Christophe Geffroy sur cette immigration folle qui nous ruine Merci les patrons.pdf

    5. Sur son Blog, le dernier livre de Bernard Lugan : Mythes et manipulations de l'histoire africaine : http://bernardlugan.blogspot.fr/2013/01/nouveau-livre-de-bernard-lugan-mythes.html 


    ------------


    2. La "bourse aux liens", envoyés par des lecteurs, pour approfondir et aller plus loin...

     

    1. Pour celles et ceux qui ne lisent pas le Fig, un article court, clair et rigoureux du professeur Rémi Brague, sur l’enfant dans un couple d’homosexuelsLes plateaux de télé et les radios sont saturés d’écrivassiers et de défenseurs de l’adoption pour les invertis et autres tribades, qui alimentent leurs discours creux par un “toutes les études ont montré ...”. Rémi Brague explique l’absurdité d’une telle affirmation : 121229 REMI BRAGUE FIG MARIAGE.pdf

     

    2. Sur le petit texte de Marguerite Duras :

    Avec cette liste nous avons la confirmation de la boboisation de ce débat infecte. Comme toujours les commentaires des lecteurs montrent que le bon sens populaire n’est pas perverti par cette camarilla de petits bourgeois friqués qui ne savent comment exister en haut de l’affiche.

    http://tempsreel.nouvelobs.com/mariage-gay-lesbienne/20130108.OBS4745/manifeste-au-mariage-pour-tous-nous-disons-oui.html

    L’autre enseignement est le soutien que constitue le NouvelObs à un concubin en perdition, seul journal de gauche aussi couché, dans cette catégorie. Les contorsions de son rédacteur en chef, Claude Weill dans des émissions comme C dans l’air, pour essayer de sauver tant l’image qu’un embryon de programme de normal 1er ont quelque chose de pathétique … Comme c’est une affaire où l’on va tout droit à des crimes de pédophilie si la loi passe, il est important de conserver cette liste …
     

    3. Sur François Hollande, "Je taxe donc je suis" :

    Depuis 30 ans, la France se contente de médiocrité. Par Christian Saint Etienne
    Quand les riches partent, les pauvres s’appauvrissent mais aujourd’hui la sphère éducative et les médias fustigent les entreprises.
    On ne retrouve cette médiocrité consentie que dans de rares pays tels le Venezuela, la Corée du Nord ou Cuba.
    L’économiste Christian Saint Etienne, invitée de Hedwige Chevillon, revient sur l’état de la France et de sa médiocratie…
    Dans notre pays 1 million d’entrepreneurs font vivre 64 millions de français
    Mais pourquoi sommes-nous si médiocre ?
    Selon lui, 3 grandes sphères expliquent que l’on se contente de cette médiocrité :
    - La sphère éducative où l’on aborde l’entreprise uniquement du coté négatif : faillites, chômage etc… Jamais, la prise de risque n’est abordée !
    - La sphère médiatique (à l’exception de BFM) où l’on traite les entreprises de la même manière qu’à l’école et où l’on oublie de dire que les 25 années avant la crise de 2008 ont permis de créer, en France, 2,5 millions d’emplois !
    - Enfin la sphère : « opinion publique », L’éducation et les médias travaillent sur les cerveaux des concitoyens qui ne voient l’entreprise que négativement.

    Alors comment faire ?
    Déjà se poser les bonnes questions :
    - Quel rebond pour notre économie ? Et surtout quelle vision sur notre contrat social ? Il n’est pas normal de voir des jeunes créateurs d’entreprise français vouloir partir ailleurs. Le potentiel de la France est énorme…

    http://businessclubdefrance.com/tag/mediocratie/

  • Excellent Dominique Jamet, dans Boulevard Voltaire : « L'heure de Bergé »

    pierre-berge.jpg

    Du fait que l’on a renfloué un journal, faut-il déduire que l’on en a acheté aussi les journalistes ? 

     

    Lorsque nous mettons en cause, ici, le Système et non plus seulement la République, l'Etat lui-même et les Institutions de la République en tant que telles, l'on voit bien dans le cas de Pierre Bergé, de quoi nous parlons, quelle nuance et même quelle extension nous introduisons. Dans la République, Pierre Bergé n'existe pas. Il n'est rien. Dans le Système, les médias, le jeu des partis qu'il finance, son influence est considérable. Indirecte mais considérable comme Dominique Jamet le souligne fort bien dans cet article. Il participe, il soutient, il inspire le grand mouvement de déconstruction, ou si l'on préfère de destruction, politique et sociétale qui conduit à défaire la France. Pour notre part, nous nous opposons au Système, République comprise mais non exclusivement.  Lafautearousseau.  

     

    3312863504.jpgEn divulguant, au terme d’une longue, minutieuse et difficile enquête, l’ancienneté et l’a1mpleur du système d’évasion fiscale organisé pendant des années par la puissante banque HSBC (Hong Kong & Shanghai Banking Corporation), en évaluant le montant, énorme, des sommes ainsi soustraites à l’impôt et en révélant avec leurs turpitudes les noms d’un certain nombre de fraudeurs notoires, monarques, capitaines d’industrie, vedettes de la politique, du sport ou du spectacle, les journalistes du Monde auraient-ils manqué à la déontologie, violé on ne sait quels principes, contrevenu à on ne sait quelle loi ? N’ont-ils pas au contraire bien mérité du journalisme d’investigation, mené à bien une enquête qui revenait normalement aux services compétents et n’auraient-ils pas droit à de chaleureuses félicitations pour avoir conjugué devoir d’information et sens civique ?

    Eh bien, ce n’est pas, mais alors pas du tout l’avis de M. Pierre Bergé. « Est-ce le rôle d’un journaliste », s’est-il demandé mardi soir sur RTL« de jeter en pâture le nom des gens ? C’et du populisme, c’est fait pour flatter les pires instincts… Ce n’est pas pour ça que je suis venu au secours du Monde. Ce n’est pas pour ça que je leur ai permis d’acquérir leur indépendance. Ce sont des méthodes que je réprouve… La délation, c’est la délation. »

    M. Pierre Bergé n’est pas n’importe qui. Ni en général ni, encore moins, dans le cas particulier du Monde. Il est exact que sans lui et sans ses deux acolytes, le banquier Matthieu Pigasse et le PDG de Free, Xavier Niel, venus tels des rois mages déposer de la myrrhe, de l’encens, et surtout de l’or au chevet du journal en proie à de très sérieuses difficultés financières, on ne sait trop ce qu’il serait advenu du prestigieux quotidien du soir.

    Cela autorise-t-il celui qui n’est pas seulement l’un des actionnaires principaux mais le président du Conseil de surveillance du Monde à s’immiscer dans la marche de « son » journal, à juger publiquement, à humilier et à condamner comme il l’a déjà fait à plusieurs reprises tel ou tel de ses rédacteurs ? Coutumier des foucades et des algarades, de caractère impulsif et de tempérament autoritaire, M. Bergé n’hésite pas à violer une charte qu’il a pourtant signée et qui interdit expressément toute intrusion dans le contenu éditorial d’actionnaires qui n’ont le droit que de définir la stratégie globale de l’entreprise. C’est ce que lui a d’ailleurs rappelé la Société des rédacteurs du Monde.

    On voit bien ce qu’a de malsain et d’irréaliste ce partage théorique des droits, des responsabilités et des devoirs entre ceux qui, portant haut la bannière de la liberté d’expression, ne sont cependant que des salariés, et celui ou ceux qui, même s’ils ont été contraints de concéder des garanties à la rédaction, ne tendent pas moins à se considérer et à se conduire comme des patrons de plein exercice. Mais du fait que l’on a renfloué, financé ou acquis une station de radio, une chaîne de télévision ou un journal, faut-il déduire que l’on en a acheté aussi les journalistes ?

    MM. Dassault, Bouygues, Lagardère, Arnault, Bergé, Niel, Pigasse, Drahi, Pinault et « leurs » salariés répondent chacun à leur manière à cette question élémentaire et si rarement abordée dans leurs colonnes ou sur leurs antennes. Ce n’est évidemment pas seulement pour en faire état sur leur carte de visite, moins encore par idéalisme ou par altruisme, et pas davantage dans la louable intention de sauvegarder leur indépendance que des industriels de l’aéronautique, du BTP, de l’automobile, du luxe, de la couture, de la banque ou du numérique investissent si volontiers dans les médias, mais à la fois pour le prestige, comme jadis on entretenait une danseuse et pour disposer d’un levier d’influence. Rien d’étonnant si le public confond dans une même suspicion et dans un même mépris une classe politique et une classe médiatique qui sont si visiblement et si étroitement dépendantes du monde de l’argent. Une presse ne peut être réellement libre que si elle est financièrement indépendante et, en France, ce n’est pas le cas. 1

    Au fait, pourquoi M. Bergé, dans cette affaire, prend-il si impétueusement le parti des fraudeurs contre les investigateurs et de la censure contre l’information ? Une telle violence incite à tout imaginer, même ce qui n’est pas forcément vrai. Ce serait, en tout cas, un joli sujet d’enquête. Pour Le Monde

    * À lire absolument : Ils ont acheté la presse (Pour comprendre enfin pourquoi elle se tait, étouffe ou encense) de Benjamin Dormann.

    Journaliste et écrivain. Il a présidé la Bibliothèque de France et a publié plus d'une vingtaine de romans et d'essais. Co-fondateur de Boulevard Voltaire, il en est le Directeur de la Publication.

  • « Mieux qu’une race, le peuple français est une nation » (Jacques Bainville)

     

    par François Marcilhac

    500021990.jpgLe déplacement de François Hollande au Parlement européen, le 7 octobre dernier, aux côtés de la chancelière allemande, a été l’occasion d’une passe d’armes avec Marine Le Pen, qui a qualifié le président de la République de « vice-chancelier administrateur de la province France ».

     

    Et, dans la foulée, d’accuser Hollande « de se soumettre aveuglément à une politique décidée à Berlin, Bruxelles ou Washington ».

    Hollande ne s’attendait pas à des attaques aussi virulentes, lui qui, sous le regard du pion Merkel, avait docilement prononcé, dans la veine de Mitterrand, un discours européiste d’un conformisme affligeant. N’était-il pas allé, pour complaire à la chancelière, jusqu’à ajouter un « codicille » à la célèbre sentence du sage de Jarnac — « le nationalisme, c’est la guerre » —, selon lequel « le souverainisme, c’est le déclinisme » ? Malheureusement pour lui, sa réponse constitua un aveu puisque, confirmant les accusations de Marine Le Pen lui reprochant, comme à Sarkozy, de brader la souveraineté de la France, il n’évoqua que la « souveraineté européenne », montrant combien il s’inscrivait, en violation du titre Ier de la Constitution et plus simplement des devoirs de sa charge, dans la négation même de l’indépendance nationale. « La souveraineté européenne, c’est d’être capable de décider pour nous-mêmes », ânonna-t-il, sans bien sûr développer comment nous pouvions « décider pour nous-mêmes » si nous abandonnions notre pouvoir de décision à des instances supranationales travaillant de concert avec Berlin... Il est vrai qu’il n’avait pas défini ce « nous-mêmes »...

    Et le pays légal de se scandaliser, à la radio ou dans la presse écrite, de la sortie « inqualifiable » de Marine Le Pen, qui serait « une honte pour le pays » (Fillon, 8 octobre). « En traitant comme Marine Le Pen l’a fait le président de la République française de vice-chancelier, on attaque la fonction présidentielle et donc on insulte la France » (Sarkozy, 10 octobre) : touchantes préoccupations de la part tant d’un ancien Premier ministre qui, trahissant la mémoire de son mentor Séguin, a accompagné les abandons de souveraineté du traité de Lisbonne, que d’un ancien chef d’Etat dont la vulgarité et la soumission aux Etats-Unis furent une attaque permanente à la fonction présidentielle et une insulte quotidienne à la France. Quant à Jean-Christophe Lagarde, patron de l’UDI, il a dénoncé le fait que Marine Le Pen ait cherché « à humilier notre chef de l’Etat devant des centaines de parlementaires étrangers » (8 octobre). Surprenants accents patriotiques de la part d’européistes patentés qui, lorsque cela les arrange, oublient que les Européens sont devenus leurs « concitoyens » et les requalifient d’étrangers ! Mais c’est Juppé, qui, dans la droite ligne de Hollande, vend la mèche sur son blog (10 octobre), en dénonçant les partis qui « dessinent le visage d’une France [...] barricadée dans d’illusoires frontières nationales ». La France, pour Juppé ... et Hollande ? Le passé d’une illusion...

    Oui, les propos de Marine Le Pen ont pu choquer. Ils étaient pourtant nécessaires. Nous l’avions critiquée lorsqu’elle avait reproché aux parents de Vincent Lambert de s’être adressés pour tenter de sauver leur fils à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) contre le Conseil d’Etat. C’est que, outre sa dureté, une telle attitude cautionnait, involontairement, un mensonge, celui selon lequel, le Conseil d’Etat, en l’occurrence, mais aussi le Conseil constitutionnel ou la Présidence de la république sont toujours des institutions françaises indépendantes, ce qui n’est plus vrai à partir du moment où elles ne jugent ou ne décident plus qu’en référence à des instances étrangères reconnues comme supérieures — Bruxelles, la CEDH ou la Cour de justice de l’Union européenne. Par ses propos, Marine Le Pen a franchi un Rubicon. En apostrophant, comme elle l’a fait, Hollande, mais aussi son prédécesseur, elle a délégitimé aux yeux des Français ce que sont devenues nos institutions, notamment depuis le traité de Lisbonne et le traité budgétaire, mais le sursaut national impose qu’on prenne la mesure de la radicalité de la situation. En termes d’indépendance, notamment par rapport à l’Europe allemande, comme en termes institutionnels, c’est-à-dire en termes de légitimité, en quoi l’actuel Etat français est-il moins fantoche que le gouvernement de Sigmaringen ? En révélant crûment, au sein même de son Temple, l’imposture de la démocratie européenne, de tels propos démolissent également plusieurs décennies de bouillie conceptuelle — sophisme : « la France est mon pays, l’Europe est mon avenir » ; contradiction dans les termes : « Fédération d’Etats-nations », « souveraineté partagée » —, par lesquels l’oligarchie a conduit les Français à la dépossession, de moins en moins indolore, de leur indépendance.

    Une bouillie conceptuelle que pratique allègrement Hollande : deux jours après sa prestation de Strasbourg, il a récidivé le 9 octobre devant l’Ecole des Chartes, pour critiquer la sortie de Morano sur la France « pays de race blanche », en renvoyant l’identité française, qui n’est pas « figée dans le marbre », au « souvenir de nos mœurs, nos rites, nos traditions mais également de toute notre culture. Connaître notre passé, c’est comprendre la diversité de la France, sa multiplicité ». Ou comment, sous prétexte de rendre hommage à notre civilisation et à sa « continuité », la renvoyer à la « nostalgie » au profit d’un « renouvellement permanent » et d’une « multiplicité » indéfinie qui sont la négation même de toute civilisation, par son éclatement dans le communautarisme et le consumérisme, ces deux mamelles du mondialisme. Aussi Natacha Polony a-t-elle raison d’avancer que si le gouvernement veut « tuer » le latin et le grec, c’est pour « pour enterrer la France », car « ils sont notre mémoire, et le plus profond de notre être. Ils sont à la France du XXIe siècle ce que les racines sont à la vigne. » (Le Figaro, 10 octobre) « Racines », mot honni car, si elles sont bien la condition d’un « renouvellement permanent », celui-ci n’est pas laissé aux flux d’un changement indéfini : il perpétue une identité. 

    20208137.jpg

    D’ailleurs, si Hollande avait vraiment voulu répondre à Morano, il se serait contenté de citer les premiers mots de l’Histoire de France de Bainville : « Le peuple français est un composé. C’est mieux qu’une race. C’est une nation ». Mais comment l’aurait-il pu, lui qui, précisément, a renoncé à la nation et à ses racines pour une république hors sol, mondialiste et individualiste ? 

    L’Action Française 2000

     

  • Analyse & ironie : Méritons-nous Bruno Le Maire ?

     

    Par Dominique Jamet

    De son côté, dans un article de  Causeur titré « Un conformiste nommé Le Maire » [24.02], David Desgouilles rapporte les singuliers propos que Bruno Le Maire, a tenus aux journalistes, à l'issue de sa réunion de lancement de campagne de mardi dernier : « Attablé avec les autres journalistes dans un restaurant de Vesoul, quelques petites heures après sa déclaration de candidature, votre serviteur l’écoute expliquer à quel point la notion de nation constitue l’angle de sa campagne. Il n’invoquera pas la République. « Les gens » n’y croient plus. Elle n’a pas tenu ses promesses. Donc, il faut leur donner de la nation. »  Il faut leur donner de la nation... Tout est révélé de Bruno Le Maire dans ce propos de pur cynisme et absolue désinvolture. Tout est dit du désenchantement des Français pour la République. Tout est exprimé qui justifie l'ironie dont use ici Dominique Jamet. LFAR    

     

    3312863504.jpg« T’as voulu voir Vesoul et on a eu Le Maire », aurait pu chanter Jacques Brel. Car ce n’est ni à la télévision, ni à la radio, ni à l’AFP, ni à Honfleur, ni à Vierzon, mais depuis la préfecture de la Haute-Saône (14.573 habitants au dernier recensement) que Monsieur Le Maire, à l’occasion d’un meeting, a déclaré sa flamme à Madame la France, mettant ainsi fin à l’insoutenable suspense qu’il entretenait depuis un peu plus de deux ans.

    Du coup, dans son élan, l’ancien ministre de l’Agriculture ne s’est pas contenté d’annoncer qu’il prenait rang parmi les nombreux partants déjà inscrits ou à venir pour la grande primaire de la droite et du centre. Sautant une marche, il a bien précisé, à l’intention de ceux qui auraient pu encore en douter, qu’il était « candidat pour devenir président de la République française ». Une décision, pour reprendre ses propres termes, « simple, forte, inébranlable ».

    Pourquoi, donc, avoir tant tardé à rendre publique une résolution qui, depuis longtemps, semblait aussi patente que le secret de Polichinelle, aussi visible que le nez au milieu de la figure de Cyrano ? Très simplement parce qu’au porteur d’un tel projet, la moindre sagesse, le plus élémentaire bon sens, la prudence et la modestie conseillent et même imposent de s’assurer qu’il est à la hauteur de son ambition. « Je suis dans une démarche d’humilité », confiait Bruno Le Maire au journal Le Parisien, le 12 septembre 2015. D’où une hésitation bien compréhensible.

    Aussi bien n’est-ce qu’après avoir pris conseil de lui-même, dans le secret de sa conscience et de sa salle de bains, que Bruno Le Maire a osé franchir le pas, ainsi qu’il l’a confié avec une désarmante ingénuité. C’est devant sa glace, face à lui-même ou à son double, que l’élu de l’Eure a senti venir la sienne, comme dans les contes. « Miroir, petit miroir magique », demandait-il, « ne suis-je pas trop jeune ? » Jusqu’au jour où le miroir, tel un oracle chiraquien, lui a répondu : « Tu as l’âge pile-poil, ton moment est venu. » « Miroir, petit miroir magique, ai-je l’expérience nécessaire pour postuler à la magistrature suprême ? » Et le miroir, de guerre lasse, a fini par lui dire : « Tu es l’homme qu’il faut à l’endroit que tu sais. » Il ne pouvait plus se dérober à son destin et à nos suffrages.

    Qu’on n’aille pas croire que l’enfance et la jeunesse de Bruno Le Maire ont été faciles. Combien de fois, pris d’un sentiment de révolte, n’a-t-il pas reproché à ses parents, qui n’y étaient pas pour rien, de l’avoir trop bien réussi ! Quoi de plus irritant, lorsqu’on se cherche des défauts, de ne s’en trouver aucun, ou si véniel, comme ces vedettes du show-business qui, interviewées dans les magazines féminins, finissent, après s’être longuement et vainement interrogées, par confesser être parfois impatientes ou avoir un faible pour le mille-feuille de chez Angelina.

    D’autres, moins gâtés par Dieu et la nature, auraient enflé de la tête aux chevilles. Bruno Le Maire a victorieusement lutté contre la tentation de la mégalomanie. Il est le premier à savoir que rien ne lui est dû, que ce n’est pas gagné, et qu’il y a encore loin de la coupe aux lèvres et de Vesoul à la rue du Faubourg-Saint-Honoré. Comme il le déclarait au Point la semaine passée : « Mon intelligence est un obstacle. » Et, tout récemment, lors d’un déjeuner de presse : « Mon problème, c’est que j’ai les yeux trop bleus pour la télévision. »

    Ces deux inconvénients seront-ils rédhibitoires ? On se refuse à le croire. Bruno Le Maire a-t-il les yeux trop clairs et la tête trop bien faite ? La question n’est évidemment pas là, mais bel et bien de savoir s’il n’est pas trop bien pour la France, trop beau pour être vrai ? Méritons-nous Bruno Le Maire ?

     
    Journaliste et écrivain
    Il a présidé la Bibliothèque de France et a publié plus d'une vingtaine de romans et d'essais. Co-fondateur de Boulevard Voltaire, il en est le Directeur de la Publication
     
  • LITTERATURE & SOCIETE • La rentrée littéraire vue par Proudhon

     

    Une tribune de Sébastien Lapaque * 

    Sébastien Lapaque déplore avec Proudhon la marchandisation des livres et des biens culturels en cette période de rentrée littéraire. Pour ceux d'entre nous qui sont d'Action française, l'ont été - mais, en quelque manière, on le reste toujours - ou y sont passés, Sébastien Lapaque n'est pas un inconnu. Nous l'avons côtoyé à l'Action française dans sa jeunesse turbulente qui, heureusement, ne semble pas l'avoir quitté. Il déplore, ici, avec Proudhon, la marchandisation des œuvres de l'esprit et le déclin ou l'éclipse, de la grande littérature. Il a évidemment raison. Avec Proudhon, avec Bernanos, son maître et le nôtre. Et avec Maurras qui rangeait, lui aussi, Proudhon parmi ses maîtres et qui a écrit, au début du siècle dernier, le livre définitif qui explique, prévoit, non sans quelque espoir d'aventure et de renaissance, cet asservissement de l'Esprit que Lapaque déplore ici en cherchant les moyens d'en rire. L'Avenir de l'intelligence, en la matière, avait tout dit. C'était en 1905.  LFAR     

     

    L'autre soir, boulevard Haussmann à Paris, j'ai croisé Clitandre, non loin de l'immeuble où Marcel Proust, reclus dans sa chambre tapissée de liège, mena contre la mort son marathon pour retrouver le Temps, prouvant que la littérature n'était pas l'écriture d'une histoire, mais l'histoire d'une écriture. Clitandre est un écrivain à la mode, reconnu, célébré ; il est membre d'un prestigieux prix littéraire. Lorsque je lui ai demandé quel livre il voulait faire couronner cette année, il m'a parlé du dernier roman d'un auteur vedette de la maison d'édition dans laquelle il publie ses propres ouvrages. Plus tard, c'est la voix d'Argyre que j'ai entendu couler dans les enceintes du taxi qui me conduisait chez moi. Argyre est chef du service culture d'une grande radio : elle était invitée chez un confrère pour évoquer la rentrée littéraire. Au journaliste qui voulait savoir si elle avait lu chacun des 589 romans publiés à la fin du mois d'août et comment elle faisait pour distinguer l'excellent du tout-venant dans cette gigantesque pile de livres, Argyre a répondu que non, elle ne lisait par tout, qu'elle commençait par les incontournables — les « poids lourds » qu'un critique doit lire — et qu'ensuite elle se laissait guider par les attachées de presse dont elle connaissait d'expérience le bon goût. « La machine est bien huilée », me suis-je dit. Je l'ai vérifié quelques jours plus tard, en découvrant qu'une phrase de Télèphe, rédacteur en chef d'un magazine et littérateur négligeable, avait été retenue dans un encart publicitaire de son propre éditeur pour vendre au « gros public » un roman aussi insignifiant que les siens dont il avait fait l'éloge auparavant.

    Lorsqu'on a envie de pleurer du monde, il convient d'inventer le moyen d'en rire. C'est dans un volume oublié de Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865) que j'ai trouvé certaines consolations aux noirceurs morales de notre siècle en miettes. Les Majorats littéraires est un livre que le fameux polémiste, économiste, philosophe et sociologue franc-comtois a fait paraître à Bruxelles en 1862. Rien de mieux qu'un auteur anarchiste pour comprendre les causes profondes du désordre établi. Dans Les Majorats littéraires, Proudhon s'intéresse à la question de la propriété intellectuelle, mais aussi, dans une vigoureuse deuxième partie, à « la décadence de la littérature sous l'influence du mercenarisme ». En lisant Proudhon, j'ai repensé à Clitandre et à ses amitiés, à Argyre et à ses poids lourds, à Télèphe et à son gros public.

    « L'art de vendre un manuscrit, d'exploiter une réputation, d'ailleurs surfaite, de pressurer la curiosité et l'engouement du public, l'agiotage littéraire, pour le nommer par son nom, a été poussé de nos jours à un degré inouï. D'abord, il n'y a plus de critiques: les gens de lettres forment une caste ; tout ce qui est écrit dans les journaux et les revues devient complice de la spéculation. L'homme qui se respecte, ne voulant ni contribuer à la réclame, ni se faire dénonciateur de la médiocrité, prend le parti du silence. La place est au charlatanisme. » Proudhon l'explique un peu plus loin dans son pamphlet: la littérature est l'expression de la société. Dans un monde où nous ne croyons plus à rien parce que nous sommes tous à vendre et que tout est à vendre — comme le produit des champs et les articles manufacturés sortis des usines —, les lettres et les arts ne font pas exception.

    Les rappels à l'ordre des hauts parleurs de la Grande Machine valent pour tous. Agiotage, spéculation, charlatanisme, observe Proudhon… On ne saurait mieux dire. Une grande partie des jurés des prix littéraires et des critiques employés dans les « lignes d'étapes de l'armée de la distribution et de l'éloge des marchandises actuelles » (Guy Debord) ne revendiquent ni pour eux-mêmes ni pour les autres la possibilité de préserver la souveraineté de leur conscience ou l'expression leur goût. Au pire, ils ricanent et se rendent complices de la haine d'une littérature désormais tombée en réclame ; au mieux, ils s'intéressent aux livres comme d'autres à la Bourse ou au Pari Mutuel Urbain. Il jaugent les écrivains comme des actions ou des canassons. Leur horizon, ce n'est pas la jubilation que procure l'art de grand style, c'est faire des coups et de trouver le tiercé dans l'ordre. « Quand la littérature devrait s'élever, suivre la marche ascensionnelle des choses, elle dégringole. A genoux devant le veau d'or, l'homme de lettres n'a qu'un souci, c'est de faire valoir au mieux de ses intérêts son capital littéraire, en composant avec les puissances de qui il croit dépendre, et se mutilant ou travestissant volontairement. »

    Pierre-Joseph Proudhon encore une fois.  •

    * Sébastien Lapaque est écrivain. Il est critique littéraire au Figaro.

     

  • Vu du Québec : Vive le drapeau français !

     

    Une tribune de Mathieu Bock-Côté

    Alors que François Hollande a appelé les Français à pavoiser lors de la journée  d'hommage national aux victimes des attentats du 13 novembre, Mathieu Bock-Côté estime, dans une tribune du Figaro du même jour (27.XI.2015)  que cette agression a fait rejaillir un patriotisme refoulé depuis des années. Refoulé, d'ailleurs, par qui et pourquoi ? Nous retiendrons, sinon tous les détails, mais surtout le fond de cette réflexion où abondent remarques ou critiques justes et essentielles : « En fait, une crise comme celle provoquée par les attentats de 2015 nous force à sortir d'une théorie superficielle qui croyait pouvoir effacer les nations simplement en décrétant leur caractère périmé ou leur inutilité globale. » Pour ce qui est de pavoiser, et du drapeau, nous ajouterons, pour conclure, pour partie seulement  en forme de boutade, que le drapeau du Québec nous paraît porteur d'un symbole - quatre fois répété - qui nous parle de nos racines les plus profondes, les plus anciennes et les plus vraies.  Lafautearousseau 

     

    Mathieu Bock-Coté.jpgÀ la grande surprise d'un système médiatique qui a mis du temps à le comprendre, et qui n'hésite pas à confesser de temps en temps sa perplexité, les Français, suite aux attentats du vendredi 13 novembre se tournent vers leur drapeau et le brandissent bien haut. Pire encore, ils chantent la Marseillaise sans même s'en excuser. François Hollande en a rajouté en invitant à pavoiser le pays alors que la gauche française, depuis un bon moment, déjà, confessait son grand malaise devant les symboles nationaux, qu'elle peinait à associer positivement à l'avenir de la France. Le propre d'un sursaut national, c'est d'emporter ceux qui, la veille encore, parlaient de leur pays avec désinvolture.

    Certains journalistes ont sondé les Français pour savoir ce que le drapeau tricolore représente pour eux ? Cette question en masque une autre, moins aisément avouable : comment osent-ils renouer avec ces symboles associés depuis une trentaine d'années à « l'extrême-droite » - faut-il préciser qu'on lui avait aisément concédé son monopole ? Pire encore, ces symboles ne sont-ils pas pour cela définitivement souillés ? Le mot est pourtant simple : le retour aux symboles nationaux est une manifestation pure et simple de patriotisme. L'appel au drapeau témoigne pourtant du lien absolument intime entre un homme et son pays, et plus encore, la part existentielle du lien politique.

    En un mot, l'élan vers le drapeau témoigne d'un patriotisme spontané, qui se dérobe aux constructions philosophiques sophistiquées ou à son enrobage universaliste. On parle ici simplement d'une revendication d'appartenance clairement revendiquée. La philosophie politique contemporaine lorsqu'elle en reconnaît l'existence, réduit ce patriotisme à une forme de d'attachement primitif et à une communauté historique dégénérant presque inévitablement en xénophobie. Le progressisme a voulu amincir au possible la communauté politique en la réduisant à un pur système de droit exclusivement régulé par des valeurs universelles. Il s'agissait à terme de rendre toutes les sociétés interchangeables pour avancer vers une société mondiale.

    Comment, dès lors, cultiver un lien presque sacré avec le pays qui est le sien, lorsqu'on le réduit à une surface plane où peuvent se déployer librement des flux mondialisés ? Car il y a bien de telles choses que des liens sacrés, au nom desquels, au fil de l'histoire, des hommes ont donné leur vie. Il semble pourtant que l'appartenance nationale soit bien plus forte que ne le croyaient certains sociologues qui n'y voyaient qu'une construction sociale assez récente et terriblement friable. En fait, une crise comme celle provoquée par les attentats de 2015 nous force à sortir d'une théorie superficielle qui croyait pouvoir effacer les nations simplement en décrétant leur caractère périmé ou leur inutilité globale.

    On dissertait depuis un bon moment sur le retour du tragique. Mais il faut probablement qu'une société fasse l'expérience brutale de l'agression et de la mort violente pour en prendre vraiment conscience. L'agression fait rejaillir le refoulé patriotique, et plus largement, tout ce qui, dans la communauté politique, l'enracinait dans des couches de réalité imperceptibles pour ceux qui ne veulent voir le monde qu'à travers une citoyenneté limitée au statut de simple artifice juridique. Même si les citoyens n'ont plus les mots pour traduire cette appartenance, ils ont un drapeau à brandir pour l'afficher. C'est ainsi qu'on comprendra l'augmentation massive de l'enrôlement sous les drapeaux de jeunes Français qui découvrent la part sacrée de l'identité collective, qui réhabilitent, par ce fait même, la possibilité du sacrifice patriotique.

    Mais un patriotisme vivant doit être éduqué, transmis et entretenu, sans quoi le sursaut n'aura qu'un temps. Car si le patriotisme est une pulsion vitale, il doit, pour irriguer vraiment les institutions, être inscrit au cœur de la culture, et non plus refoulé dans les marges sociales et idéologiques. Comment la nation a-t-elle pu, pendant un quart de siècle, être concédée à des formations protestataires ? On aime rappeler la fonction civique de l'enseignement de l'histoire. Paradoxalement, l'enseignement de l'histoire a servi, depuis plusieurs années déjà, à déconstruire le sentiment national et à disqualifier le patriotisme. On favorisait une pédagogie de la pénitence et de la repentance. Apprendre l'histoire, c'était apprendre à désaimer son pays. La fidélité aux grands ancêtres était remplacée par ce que Michel de Jaeghere nomme justement la haine des pères. Comment faire en sorte qu'elle redevienne source de vitalité identitaire ?

    Les grands ancêtres sont pourtant plus nécessaires que jamais pour comprendre le bon usage du patriotisme. De Gaulle comme Churchill, au moment de la deuxième guerre mondiale, se firent les défenseurs admirables des libertés civiles et de la démocratie. Mais ils le firent au nom de la grandeur de la France, dans le premier cas, et de la civilisation occidentale et chrétienne, dans le second. En un mot, la démocratie ne fonctionne pas en lévitation, elle ne survit pas de manière stratosphérique, et doit s'alimenter de sentiments humains fondamentaux sans lesquels elle est condamnée à l'assèchement. La démocratie, sans la nation, est impuissante. Le patriotisme ouvre à une forme de transcendance qu'il faut reconnaître comme telle et savoir réinvestir. 

    Mathieu Bock-Côté            

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologue et chargé de cours aux HEC à Montréal. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille: mémoire, identité et multiculturalisme dans le Québec post-référendaire (Boréal, 2007). Mathieu Bock-Côté est aussi chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada.

  • « La fierté d'être conservateur » selon Mathieu Bock-Côté

    Edmond Burke : « L'homme qui n'aimait pas notre Révolution » 

     

    Mathieu Bock-Côté livre ici une remarquable réflexion à propos du dernier ouvrage de Guillaume Perrault, grand reporter au Figaro, qui, selon l'intellectuel québecois, consacre intellectuellement la renaissance d'une pensée politique longtemps oubliée et pourtant essentielle. On sait qu'en tout cas, la pensée de Mathieu Bock-Côté nous est proche, ce qu'on vérifiera ici. On lira cet article avec intérêt. Il ne s'agit pas là d' « un conservatisme chagrin et défaitiste ».  LFAR

     

    1985674552.3.jpgGuillaume Perrault est une des plus belles plumes du Figaro, et certainement une des plus appréciées. D'une chronique à l'autre, il éclaire l'actualité à la lumière d'une culture encyclopédique et défend la légitimité d'un conservatisme s'affranchissant des critères de respectabilité édictés par le tribunal de la gauche idéologique. Perrault n'appartient pas à cette catégorie d'hommes de droite qui rêvent d'être cooptés par la gauche et qui pour cela se condamnent à l'impuissance. Il ne cultive pas un conservatisme chagrin et défaitiste, mais courtois et sûr de lui. C'est dans cet esprit de conquête qu'il vient de faire paraître chez Plon un remarquable ouvrage. Le titre claque comme un drapeau dans la bataille : Conservateurs, soyez fiers!

    L'honneur de la France

    Ce terme, on le sait, est rarement revendiqué. Une philosophie politique meurt si elle n'est pas capable de se nommer. Alain Finkielkraut, dans L'Ingratitude, l'avait remarqué : le conservateur, c'est toujours l'autre. Perrault répond : le conservateur, c'est moi ! Encore faut-il retracer l'histoire de cette tradition intellectuelle, pour juger de ses mérites. Et c'est pour cela que Perrault consacre la première partie de son ouvrage à revisiter les grands moments de l'histoire de France depuis la Révolution jusqu'à la colonisation en passant par l'affaire Dreyfus, le Front populaire et la Résistance, pour y voir le rôle qu'y ont joué les conservateurs. Il montre bien comment les conservateurs, à leur manière, chaque fois, ont porté l'honneur de la France. Il montre aussi comment on leur a volé leur histoire. Perrault entend la leur rendre en la délivrant des mensonges sous lesquels elle était ensevelie. En un mot, ils n'ont pas démérité !

    Chaque fois, leur posture est la même : ils défendent une liberté éduquée par la civilisation. L'homme ne saurait renier ses appartenances sans s'avilir. Contre l'utopisme et le fanatisme, les conservateurs se veulent les gardiens du réel et entretiennent le sens des institutions. Au cœur de leur philosophie, on trouve un refus viscéral de la table rase, qui pousse à arracher l'homme à ses appartenances. L'homme est un héritier. Et l'homme français est un héritier de l'histoire de France. Comme l'écrit Perrault, « le patriotisme appartient à l'univers affectif des conservateurs ». Perrault classe le général de Gaulle parmi les conservateurs, et montre bien comment c'est une patrie charnelle et spirituelle qu'il défendait, et non seulement un pays abstrait se définissant par le seul culte des droits de l'homme. On en dira autant de Churchill. Au XXe siècle, ce sont les grands conservateurs qui ont sauvé la démocratie.

    L'appel de l'enracinement

    Il y a dans le conservatisme une défense de la dignité des gens ordinaires, qui travaillent fort, aiment leur pays et leur famille et en ont assez de voir les ingénieurs sociaux, identitaires et psychologiques chercher à les rééduquer. Le sens commun devrait avoir ses droits. Dans la deuxième partie de son livre, Perrault conjugue le conservatisme avec les grands enjeux contemporains, qu'il s'agisse de l'immigration, de la sécurité, de l'école, du travail ou des questions de société. Une conviction ferme le porte : la France n'est pas une pâte à modeler et on ne saurait mépriser le désir du peuple d'habiter un monde qui n'est pas toujours chamboulé au nom de l'innovation perpétuelle. Perrault nous convainc aisément de la pertinence du conservatisme comme philosophie appliquée.

    Perrault note tristement que « le regret attendri du pays de notre enfance est devenu un crime ». Il y a une beauté de la nostalgie, ce noble sentiment que les modernes méprisent. N'est-elle pas l'autre nom de ce que Perrault nomme « cette pieuse sollicitude envers l'héritage » ? Comment pourrait-on se réjouir de « la fin de tout sentiment de continuité » ? Il faut habiter un monde durable. L'espoir des conservateurs « est de compenser l'altération perpétuelle de toute chose en prenant appui sur des fondations aussi durables que l'airain et sur des invariants anthropologiques ». Il y a une telle chose que la permanence humaine.

    Perrault redonne ses lettres de noblesse à ce désir de durer, sans lequel il n'y a tout simplement pas de civilisation possible. Ce sont peut-être là ses plus belles pages.

    Mais le monde change : longtemps moqués, les conservateurs reviennent au cœur de la vie publique au moment où se dissipe le récit enchanté de la modernité. Le conservatisme renaît lorsqu'une société entend de nouveau l'appel de l'enracinement, comme c'est le cas dans les temps tragiques. La poussée conservatrice qui travaille en profondeur la France depuis quelques années vient de trouver son manifeste. C'est un manifeste courtois, honnête, civilisé, sans hargne, mais un manifeste résolu. Ce très beau livre, qui réussit l'exploit d'être aussi subtil qu'affirmatif, restera : en donnant à nouveau le droit aux conservateurs d'avancer fièrement sous leur propre bannière, il consacre intellectuellement la renaissance d'une tradition politique essentielle.   

    XVM66263d38-f84a-11e6-b182-27a8794d746f-197x300.jpg

    Par Guillaume Perrault, Plon, 248 P., 15,90 €  

    Mathieu Bock-Côté

    [Le Figaro, 21.02]

    XVM7713ddbc-9f4e-11e6-abb9-e8c5dc8d0059-120x186.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politique, vient de paraître aux éditions du Cerf.

  • Vincent Trémolet de Villers : Quand la folie Macron s'empare du « cercle de la raison »

     

    Ce qu'Alain Minc appelait « le cercle de la raison » s'enthousiasme pour la campagne d'Emmanuel Macron. Le succès du candidat d'En marche ! est pourtant, en tous points, déraisonnable. C'est ce que Vincent Trémolet de Villers expose ici avec finesse et lucidité [Figarovox, 13.03]. Un journaliste et un intellectuel de la jeune génération, de plus en plus présent dans les médias, presse, radios et télévisions, où il exprime souvent, sur des sujets essentiels, des idées que nous partageons ... En la circonstance, Macron c'est sans-doute irrationnel, mais c'est aussi un danger pour la France.    LFAR

     

    « Un fou, c'est celui qui a tout perdu, sauf la raison. » Le phénomène Macron donne curieusement envie de renverser la phrase de Chesterton. Les applaudissements frénétiques, les admirations extatiques de ses partisans laissent penser qu'ils ont perdu la raison, mis leur esprit critique en jachère pour laisser pousser les mille fleurs de la passion. Le paradoxe est que le fondateur d'En marche ! est soutenu par ceux-là mêmes qui se méfiaient des foules qui chavirent, des slogans qui claquent, des facilités médiatiques.

    64402cf4-c30c-45de-8ed4-432bcaae7240.jpgAlain Minc, parrain politique du jeune prodige, avait tracé les contours, au siècle dernier, du « cercle de la raison ». C'était lors d'une autre élection présidentielle et ce fameux cercle entourait Édouard Balladur. Aux impératifs européens, atlantistes avec une teinte timidement progressiste, s'ajoutait le culte des experts, du droit, des chiffres. La politique était une chose trop sérieuse pour la laisser aux bateleurs d'estrade, aux sourires hollywoodiens, aux combinaisons acrobatiques. Précision, constance, distance formaient la trinité de la compétence. Aux foucades des Berlusconi de tous poils, on préférait l'austérité d'un Jacques Delors, politique dévoué et sacrifié à l'intérêt supérieur de la Commission.

    Et puis… Et puis les mêmes, comme emportés par les foules, les flashs qui crépitent, ont troqué leurs costumes sombres pour le tee-shirt coloré du helper d'En marche ! Ceux qui se défiaient du culte de la personnalité soutiennent sans complexe un candidat qui s'expose chaque semaine dans les journaux, se casse la voix, étend les bras en croix et ne renie pas sa « dimension christique ». La politique, pour eux, c'était le « champ du possible » : c'est de la « magie », proclame Emmanuel Macron. Le pouvoir devait se désencombrer des fantasmes qui l’accompagnent : c'est « une mystique », poursuit le fondateur d'En marche ! La démagogie, c'était dire au peuple ce qu'il voulait entendre : « Je vous aime, farouchement », lance le jeune homme à la foule en délire.

    Le cercle de la raison écoute, sagement assis, en rang serré, les discours interminables du n + 1 qui « invite » « celles et ceux » des participants à « cheminer », pour « débloquer » la société et « ensemble », « avancer » vers une société « apaisée », « ouverte » pour que « chacune et chacun » trouvent une place. Selfies, cris du public, l'étrange psychologie des foules en marche ne semblent pas gêner ceux qui fustigeaient, il n'y a pas si longtemps, les tentations populistes des meetings populaires.

    Ces défenseurs ardents de la vie de l'esprit ne se sont pas plus émus devant Révolution, l'ouvrage d'Emmanuel Macron dont la quatrième de couverture donne pour seul texte une photo plein sourire du candidat !

    De la même façon, ces pointes fines des démonstrations chiffrées, des courbes et des clés de répartitions font campagne pour un candidat qui se vante de préférer la vision au projet, l'incarnation aux propositions, l'immaturité à la sagesse et l'inexpérience à l'habitude de l'exercice du pouvoir.

    Quelle majorité à l'Assemblée ? On s'arrangera le moment venu ! Et la proportionnelle, ce n'est plus dangereux, la proportionnelle ? Il faut de tout pour faire un Parlement. Et les réformes, il faut des réformes ? On exonérera 80 % de la population de la taxe d’habitation ! Comment gouverner avec dans le même camp Robert Hue et Alain Madelin, Patrick Braouezec et Renaud Dutreil ? Si tous les gars du monde voulaient se donner la main, vous répondra-t-on.

    Nous ne sommes pas dupes et aucun des soutiens d'Emmanuel Macron ne l'est vraiment. Dans cette affaire, le syndrome du Guépard, « il faut que tout change, pour que rien ne change », joue à plein. Plutôt que de chanter les bonheurs de la globalisation, on l'habillera de tricolore : Jeanne d'Arc annonce Jean Monnet, la culture française n'existe pas, mais le Puy du Fou vaut le déplacement. Comme dans le Canada de Trudeau, tout concourt à l'apparition d’« une humanité réconciliée, délivrée de ses différences profondes, où les identités pourraient circuler librement et sans entraves dans un paradis diversitaire » (Mathieu Bock-Côté). Il arrive toutefois que l'on s'y perde. On songe alors au Soulier de satin : « C'est ce que vous ne comprendrez pas qui est le plus beau, c'est ce qui est le plus long qui est le plus intéressant, et c'est ce que vous ne trouverez pas amusant qui est le plus drôle. » Ne cherchez plus à comprendre: Macron, c'est irrationnel. 

    Vincent Tremolet de Villers           

    Vincent Trémolet de Villers est rédacteur en chef des pages Débats du Figaro et du FigaroVox

  • Mathieu Bock-Côté : « Macron, c'est la globalisation et le gauchisme culturel »

     

    Par Mathieu Bock-Côté 

    Figarovox résume ainsi cette chronique [22.02] : « Le macronisme est une synthèse de tout ce dont la France veut s'extirper, estime Mathieu Bock-Côté. Pour le sociologue, "  le mondialisme à outrance et le gauchisme culturel sont en contradiction avec les aspirations qui viennent des profondeurs du pays "». Il y a plus de deux ans qu'article après article, lus dans Le Figaro, Causeur, ou les médias québécois auxquels il collabore,  nous avons mesuré et signalé la proximité des analyses de Mathieu Bock-Côté, de sa pensée profonde, avec les nôtres, celles de notre tradition, de notre école. Et ce tant dans leur fond - le corpus doctrinal qui les sous-tend, que dans leur appréciation des faits d'actualité, de la situation française et européenne en tant que telles, dont Mathieu Bock-Côté a une parfaite connaissance.  Cette analyse du phénomène Macron dit ici, en profondeur, tout l'essentiel.   Lafautearousseau      

     

    1985674552.3.jpgLa victoire de Benoît Hamon a d'ailleurs confirmé la validité des caricatures les plus sévères du Parti socialiste, comme si ce dernier, à défaut de se maintenir au pouvoir, se repliait sur sa base la plus étroite, en contemplant dans l'entre-soi militant une utopie régressive. On s'imaginait donc Macron s'imposer au premier tour en laissant de côté une gauche folklorique et en recevant l'appui de cette frange de la droite étrangère au conservatisme, déçue de l'échec d'Alain Juppé. Ce néo-giscardisme annonçant une France enfin heureuse dans la mondialisation car libérée du souvenir de sa gloire perdue n'était pourtant pas étranger au fameux programme de Terra-Nova, prétendant rassembler en une même coalition la France prospère des métropoles et celle des banlieues.

    Se présentant avec culot comme un candidat antisystème alors qu'il était adoubé par les grands médias, et promettant une révolution sans prendre la peine de donner le programme l'accompagnant, Emmanuel Macron s'est revendiqué d'une pensée complexe, faisant éclater les clivages, alors qu'il ne fait qu'assumer une forme de mondialisme correspondant aux nouveaux clivages engendrés par notre époque. Ses appels répétés à l'innovation, son style à la fois prophétique et managérial, son usage revendiqué de l'anglais pour s'adresser aux Européens, reflète bien la psychologie des élites mondialisées qui réduisent la politique à un exercice d'adaptation à un monde en mutation. On assistait à la grande revanche des élites mondialisées ! On aurait tort, pourtant, de ne pas voir son flirt de plus en plus poussé avec la gauche idéologique.

    Le fondateur d'En marche, on le sait, a d'abord décrété l'inexistence de la culture française. Mais ce qui peut sembler une aberration effrayante aux yeux du commun des mortels est conforme à la vulgate universitaire qui au nom du pluralisme identitaire, fait éclater toute référence possible à la nation. Il n'y a plus d'identité culturelle partagée et d'œuvres exemplaires témoignant du génie d'une civilisation : il n'y a plus qu'un no man's land juridique. L'histoire de France ne raconte plus l'histoire d'une nation mais celle d'une population qu'on ne saurait unifier sans faire violence à sa diversité. À quoi intégrer les immigrés, si la France n'est plus qu'un grand vide ? Qu'est-ce que les voyageurs du monde entier viennent chercher en France, si elle n'existe pas ?

    Macron s'est aussi permis de nazifier implicitement l'histoire de la colonisation, en l'associant à un crime contre l'humanité. Rares sont ceux qui aujourd'hui, entretiennent une mémoire heureuse de la colonisation, ce qui se comprend. La fameuse pensée complexe est rarement revendiquée en la matière. Mais si plusieurs intellectuels s'étaient déjà permis cette simplification grossière de l'histoire coloniale, aucun homme politique ne s'était permis une formule aussi brutale, qui heurte non seulement de grands pans de la population mais aussi le simple bon sens historique, comme si chaque expérience négative devait être rabattue sur celle des grands crimes du vingtième siècle.

    Plusieurs se sont demandés s'il s'agissait simplement d'une stratégie pour gagner le vote des banlieues. L'immigration massive a constitué dans les banlieues une population qui se sent étrangère à la France et qui répond favorablement à ceux qui entretiennent cette identité victimaire, d'autant qu'elle est cultivée par une mouvance islamiste qui s'oppose à toute forme d'assimilation. Macron avait déjà invité la France à assumer sa part de responsabilité après les attentats de novembre 2015, comme si elle était finalement coupable des crimes dont elle était victime. Chose certaine, il adhère sans état d'âme au multiculturalisme. On peut croire aussi que Macron, au-delà de tout calcul, a témoigné de l'état d'esprit d'une jeunesse qui ne comprend tout simplement plus l'histoire occidentale autrement que dans le langage de la repentance.

    Macron a aussi embrassé les grandes revendications sociétales qui sont aujourd'hui jugées comme des symboles de progrès pour les différentes minorités dans lesquelles la gauche croit trouver les nouvelles catégories sociales à émanciper. C'est une forme de libéralisme sociétal décomplexé qui prétend toujours étendre les droits de l'individu en le détachant de tout ancrage anthropologique. On chante la souveraineté de l'individu : à terme, il devrait pouvoir circuler librement à travers le monde en connaissant autant de mues identitaires qu'il le voudra, comme s'il n'était rien d'autre qu'un nomade flottant dans un monde sans le moindre point fixe. Le libéralisme sociétal et le gauchisme culturel, lorsqu'ils s'accouplent, dynamitent toute forme d'appartenance héritée.

    On ne saurait jouer au devin et annoncer qui remportera la présidentielle de 2017. Mais une chose semble à peu près certaine : c'est une forte poussée conservatrice qui s'est fait sentir en France depuis près de cinq ans, et pour peu qu'on s'intéresse à ses origines intellectuelles et politiques, on constatera qu'elle s'enracine dans un malaise par rapport à l'hypermodernité qui s'est déployé sur près de deux décennies. Le macronisme semble être une synthèse de tout ce dont la France veut s'extirper. Le mondialisme à outrance et le gauchisme culturel sont en contradiction avec les aspirations qui semblent venir des profondeurs du pays. Pour cela, certains voient déjà la candidature de Macron se désintégrer. Ce n'est pas inimaginable. Il serait étrange que la France reconnaisse un sauveur dans un homme qui finalement, semble la dédaigner.  

    « Le libéralisme sociétal et le gauchisme culturel, lorsqu'ils s'accouplent, dynamitent toute forme d'appartenance héritée. »

    Mathieu Bock-Côté

    4047151000.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle : aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politique, vient de paraître aux éditions du Cerf.