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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1438

  • Donald Trump ou l’Amérique en crise

     

    par Gilles Varange

    Menacés par la montée du milliardaire iconoclaste, les appareils de deux partis se sont ligués pour lui barrer la route coûte que coûte.

     

    Gilles Varange.jpgLe discrédit des classes dirigeantes est devenu tel qu’il n’est plus un seul pays où le jeu habituel de l’alternance suffit à contenir la colère explosive des populations. Partout, même là où le bipartisme est ancré dans les traditions nationales, la domination des formations politiques classiques est remise en cause, parfois même de l’intérieur. Signe des temps : les états-Unis eux-mêmes n’échappent plus à cette tornade comme en témoigne la tournure prise par le processus des « primaires » organisées par les deux grands partis pour départager en leur sein les candidats à l’élection présidentielle de novembre prochain.

    Dans ce contexte, l’ascension du milliardaire « populiste » Donald Trump chez les Républicains concentre l’attention et la vindicte de la quasi-totalité des médias occidentaux, conscients de la menace que constituerait son succès pour le maintien de leur emprise sur le public. Mais ce serait une erreur de mésestimer le phénomène représenté, certes dans une moindre mesure, par la montée parallèle du « socialiste » Bernie Sanders chez les Démocrates face à une Hillary Clinton, adoubée par les financiers de Wall Street et les idéologues néo-conservateurs du complexe militaro-industriel. Les deux hommes se disputent de façon paradoxale les mêmes catégories sociales en révolte : jeunes à la recherche désespérée d’un premier emploi, anciens ouvriers qualifiés condamnés à l’enfer des bas salaires et du travail à temps partiel, chômeurs et leurs familles vivant dans la crainte de l’expulsion.

    Autant de représentants d’une classe moyenne en voie de prolétarisation rapide, très majoritairement blanche, victime des délocalisations et de la concurrence de l’immigration de masse. Ainsi s’est constitué un immense réservoir d’électeurs potentiels méprisés par l’établissement démocrate de Washington n’ayant d’yeux que pour les « minorités » visibles et invisibles mais ignorés aussi par la majorité républicaine du Congrès dont la doctrine peut se résumer en une formule : moins d’état, moins d’impôts et plus de mondialisation.

    Une stratégie de rupture

    Devenu l’un des principaux contributeurs de Mitt Romney, lors de la campagne présidentielle de 2012, Donald Trump s’était déjà efforcé à l’époque de convaincre celui-ci que son unique chance de victoire face à Obama résidait dans sa capacité à ramener aux urnes cet énorme bloc d’abstentionnistes en lui tenant le langage de la brutale vérité et en modifiant sensiblement les thèmes ressassés de la doctrine conservatrice et ultra-libérale du Grand Old Party. Pour avoir refusé de l’écouter, le candidat républicain avait subi une humiliante défaite, tout comme son prédécesseur John McCain quatre ans plus tôt. Aussi, cette stratégie de rupture, Trump la met-il à présent en œuvre pour son propre compte, quitte à accepter le rôle de grand transgresseur de la doxa républicaine. Il ne faut donc pas s’étonner si ses propositions ont pour effet de dresser contre lui une large majorité des élus et des cadres du parti ainsi que l’ensemble des organisations, clubs de pensée et médias qui lui sont liés.

    En plus des mesures-choc préconisées pour stopper et renverser les flux migratoires, le redoutable iconoclaste ne promet-il pas de lancer une politique de remise en état des infrastructures en déshérence, de supprimer les niches fiscales dont profitent les fonds d’investissement, de s’attaquer aux plus-values financières, d’instaurer des mesures protectionnistes à l’encontre de la Chine, de s’opposer aux traités de libre échange transpacifique et transatlantique ? Et ces multiples entorses au dogme du libre-échange ne suffisant pas, notre trublion n’hésite pas non plus à prôner le retour à un prudent isolationnisme en politique étrangère symbolisé par la restauration de relations confiantes avec Vladimir Poutine et un désengagement diplomatique et militaire en Europe et au Moyen-Orient.

    L’opposition des membres de l’appareil du parti républicain s’avère d’autant plus haineuse et violente que les discours enflammés et souvent provocateurs de Trump, les manifestations organisées par ses opposants pour perturber ou empêcher la tenue de ses réunions, les campagnes négatives et souvent diffamatoires diffusées par les médias (y compris par la grande chaîne conservatrice Fox News) n’ont contribué pour le moment qu’à renforcer sa popularité et à lui offrir des auditoires de plus en plus nombreux et enthousiastes. C’est par dizaines de milliers que les Américains se pressent à chacun de ses meetings pour l’entendre dénoncer la pusillanimité des cuckservatives (contraction de cocus et de conservateurs). Il est un autre signe qui inquiète fort les détracteurs du milliardaire : alors que la participation est restée la même qu’il y a quatre ans aux élections primaires démocrates, celles du parti républicain sont marquées par une affluence record. Un exemple : dans le Missouri, là où 250 000 sympathisants s’étaient déplacés pour voter en 2012, ils ont été cette fois 780 000 à le faire ! Ce sont-là des chiffres qui contribuent à terrifier les élus républicains. Si la vague continue à enfler, ne risque-t-elle pas de les balayer au profit de candidats nouveaux et tout dévoués à Donald Trump lors des élections pour le renouvellement du Congrès en novembre ?

    Un symptôme plus qu’un remède

    Même s’il finit par obtenir l’investiture du parti, il faut donc tenir pour certain que le milliardaire verra se multiplier, dans ses propres rangs, les trahisons et les coups bas destinés à lui barrer coûte que coûte l’accès à la Maison Blanche. Sa défaite est la seule garantie de survie d’un appareil républicain qui, comme la plupart des directions des partis dits « de droite » dans les autres démocraties occidentales, s’est depuis longtemps rallié à la vision de la société imposée par ses adversaires pour se polariser sur la seule défense du libéralisme économique. Et quand bien même il parviendrait à surmonter ces obstacles, il ne fait aucun doute qu’un Donald Trump élu par miracle à la présidence se heurterait très vite à un mur infranchissable de connivences. Quelle que soit la sincérité – douteuse – de ses convictions, l’homme n’aurait pas d’autre choix que de finir par renoncer à toutes les mesures de son programme menaçant les intérêts vitaux des cercles au sein desquels se concentre la réalité du pouvoir.

    On n’a jamais vu le suffrage universel vaincre le pouvoir de l’argent. Aussi, le « phénomène Trump » doit-il être interprété surtout comme un nouveau symptôme révélateur de la maladie sénile qui n’épargne plus aucune des démocraties libérales. Partout, les peuples, durement atteints dans leur niveau de vie et menacés jusque dans leur identité par une immigration programmée, découvrent dans la douleur que la réussite apparente des régimes démocratiques durant un court demi-siècle n’aura été que le fruit d’un faisceau de conditions favorables mais fortuites qui ont toutes disparu. Chacun prend conscience que le « modèle » est épuisé mais que son agonie et son remplacement inévitable n’iront pas sans d’éprouvantes convulsions. 

  • Julliard : « Le vivre-ensemble est une blague, une blague sanglante »

     

    Jacques Julliard médite ici brillamment sur la violence des sociétés multiculturelles [Le Figaro 4.04, extrait]. Le diagnostic qu'il pose, avec force, lucidité et réalisme n'est guère contestable. Ce n'est pas que « la juxtaposition sur un même territoire de communautés différentes » doit toujours être redoutée, toujours être créatrice de violences, c'est que l'on se trouve en un tel cas lorsque les communautés en présence se rattachent à des civilisations, des mondes trop différents, trop radicalement antagonistes même, pour ne pas créer une explosion en forme de tragédies plutôt qu'une harmonie. Et tel est en effet le résultat d'un multiculturalisme où le présence de l'Islam est massive et a, parmi nous, ses défenseurs conscients ou non. Accord donc, avec Julliard, sur ce premier point. Sa conclusion, en revanche, est déroutante. Est-ce vraiment d'universalisme - fût-il chrétien - dont la France d'aujourd'hui a besoin ? A fortiori s'il s'agit de l'universalisme des Lumières ou de la Révolution française qui a ensanglanté le monde. D'universalisme - il est vrai de basse inspiration - la France nous paraît gorgée, saturée, profondément anémiée. Claude Lévy Strauss nous conseillerait plutôt de cultiver notre identité et Jean-François Mattei, avec Platon, de retrouver le chemin qui conduit chez nous. Telle nous paraît être l'urgence.  Lafautearousseau 

      

    Le communautarisme est une immense faillite

    Les attentats de Bruxelles ont-ils sonné le glas du communautarisme? Ce serait trop beau. Certes, la preuve par Molenbeek et Schaerbeek a été apportée qu'à laisser se constituer des ghettos ethniques au cœur des cités, on joue notre liberté et notre sécurité à la roulette russe, ou plutôt islamiste. Mais la culture de l'excuse a encore de beaux jours devant elle. Quand on ne trouve à l'action des terroristes que des mobiles légitimes, tels que la frustration, le refus de la discrimination et des fractures sociales, le désir de «socialisation» (sic), sans parler du « contexte international », on n'est pas très loin de leur donner raison (ainsi Corinne Torrekens, directrice de DiverCity, un groupe de conseil en sciences sociales et politiques lié à l'Université libre de Bruxelles, Libération, 24-03-2016). Il faudra encore beaucoup de crimes et de souffrances pour que l'on admette que le « vivre ensemble », cette expression inepte, indécente, derrière laquelle on camoufle l'apartheid des cultures, n'est qu'une blague, une blague sanglante.Nos sociétés sont multiculturelles et sont vouées à le devenir un peu plus chaque jour. La rapidité, le bon marché des transports, les énormes écarts de prospérité entre les nations font que les pays riches d'Europe et d'Amérique sont en train de devenir des mosaïques ethniques, tandis que les pays pauvres conservent pour l'essentiel leur identité. Pour les pays d'accueil, le communautarisme est une solution de facilité et une marque de candeur extrême. Pour permettre au migrant de « conserver ses racines », on somme le pays d'accueil de renoncer aux siennes, ce que les populations locales n'acceptent pas ; elles ont l'impression d'être déracinées sur leur propre sol.
     
    Ajoutez à cela un phénomène nouveau, qui est la marque propre de l'islamisme, et qui contraste avec l'immigration du passé : la détestation du pays hôte. Le résultat, c'est ce cocktail détonant qui est en train de gagner toute l'Europe et que l'on appelle sommairement le populisme. Le communautarisme, c'est-à-dire la juxtaposition sur un même territoire de communautés différentes par l'origine géographique, la langue, la religion, l'histoire, la culture, la philosophie, est une immense faillite. L'Europe, si le phénomène devait persister, ne lui survivrait pas. L'Allemagne, les Pays-Bas, les pays scandinaves l'ont reconnu depuis peu. La Belgique, le Royaume-Uni ne tarderont pas à le faire. Nos nations multiculturelles sont donc devant une alternative brutale, sans échappatoire: intégration ou guerre civile. Seule la version universelle de l'humanisme, héritée de la chrétienté, des Lumières et de la Révolution française, nous permettra d'échapper à ce désastre. 
     
     
    [LE CARNET DE JACQUES JULLIARD]           
  • Paris, ce soir • Conférence de Jean-Marie Le Méné : « Le grand marché de l’eugénisme »

    Les mardis de Politique magazine

    Conférence mardi 5 avril 2016

    Le grand marché de l’eugénisme

    par Jean-Marie Le Méné
    président de la Fondation Jérôme-Lejeune, auteur de Les premières victimes du transhumanisme (Pierre-Guillaume de Roux)

    Rendez-vous à partir de 19h00 - Conférence à 19h30 précises
    Participation aux frais : 10 euros -  Etudiants et chômeurs : 5 euros

    Salle Messiaen
    3, rue de la Trinité  75009 Paris  Métro: La Trinité, Saint-Lazare

    Renseignements : Politique magazine, 1 rue de Courcelles 75008 Paris - Tél. 01 42 57 43 22

  • Aix-en-Provence, ce mardi 5 avril, un café actualités à ne pas manquer !

    Consommations à commander et régler au bar en arrivant. Merci !

    Agrégée de lettres classiques, Danièle Masson écrit son premier livre "Sisyphe ou l'illusion d'optique" en 1.974. Elle y dénonce la déroute de l'intelligence et une crise du langage "Comme dans le roman d'Orwell, les artisans du mensonge siègent au ministère de la vérité".

    Par la suite, elle consacre en 1.980 un ouvrage aux nouveaux philosophes intitulé "Les saturnales de l'esprit". Puis en 1.989, elle rédige une biographie intellectuelle de Jean Madiran. En 1.993, elle rédige et présente les mémoires de Gustave Thibon et en 1.998 elle écrit un nouveau livre "Dieu est-il mort en occident ?". En 2.003, elle dirige une enquête sur "les nouveaux réactionnaires" avec la participation de Bernard Dumont, Marcel Gauchet, Alain Soral, Alain de Benoist, Maurice G. Dantec et quelques autres.

    Enfin, en 2.008, avec Emile Poulat, l'un des grands sociologues du fait religieux, elle publie "France chrétienne, France laîque". 

  • François le mal-aimé

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    Dans un an, en principe, nouvelle élection présidentielle. On ne sait s’il faut se réjouir ou se lamenter au vu des piteux résultats obtenus par M. Hollande à ce jour et au peu de crédit que l’on peut raisonnablement accorder à ses concurrents. La responsabilité de M. Hollande reste entière d’avoir tout donc trop promis : on se rappelle la fameuse anaphore (« c’est maintenant ») de son discours du Bourget le 22 janvier 2012. En promettant le paradis socialiste hic et nunc, il s’inscrivait comme il se doit dans la pure tradition de la démocratie élective par nature démagogique. Rien d’étonnant donc si son quinquennat est, pour l’essentiel, une succession d’échecs - d’une diplomatie guidée par une imbécile hostilité à M. Poutine à une incapacité évidente à inverser la courbe du chômage. Même sa tentative de récupération politicienne des attentats de 2015 a vite fait long feu et, la semaine dernière encore, on a eu droit à sa renonciation à la déchéance de nationalité tandis que la rue manifestait son hostilité au projet de loi de Mme El Khomri.  

    Reconnaissons deux exceptions, mais de taille et d’une certaine façon exemplaires - pour des raisons opposées. La première concerne l’intervention française au Mali : M. Hollande, transfiguré par son aura de chef des Armées, fit un temps illusion et consensus; mais, s’il put adopter une telle attitude, cela tient à des institutions qui lui confèrent un pouvoir quasi monarchique en matière de Défense nationale. La seconde concerne la loi sur le « mariage pour tous » : elle restera son « grand oeuvre », imprégnée qu’elle est de toutes les dérives idéologiques et sociétales de l’intelligentsia gaucharde. 

    En 2012, M. Hollande a donné à tous une leçon d’opportunisme : le petit Premier secrétaire du P.S. est venu à bout du président sortant en sachant profiter au mieux d’un certain rejet vis-à-vis de M. Sarkozy. Mais, remporter une élection est une chose, être chef de l’Etat en est une autre. Dans cette fonction, M. Hollande aura déçu jusqu’à ses plus chauds partisans : le dernier sondage Odoxa fait ainsi état d’une cote de popularité au plus bas en France (moins de 20%). Son problème est au fond d’être ce qu’il est : un chef de parti d’abord soucieux de l’échéance de 2017 et, pis sans doute, un chef d’Etat sans charisme, manifestement incapable d’être au niveau de sa fonction.  

    Il est vrai qu’avant lui M. Sarkozy n’a pas davantage réussi. Mais, au fond, le pouvaient-ils, politiquement parlant, l’un et l’autre ? La Ve République, taillée sur mesure pour un De Gaulle, est affaiblie de fait par le quinquennat et en proie à la résurgence de velléités parlementaristes (certains rêvent même d’une VIe République qu’ils parent de toutes les vertus « démocratiques »). Dans le même temps, l’Etat voit ses fonctions régaliennes plus ou moins remises en cause par les concessions faites à l’européisme (dont la conséquence ultime sera de le réduire à un état croupion). Si rien n’interdit, bien sûr, d’espérer en l’homme (la femme) providentiel(le), il est évident que la solution politique, c’est-à-dire s’inscrivant dans la durée, reste d’ordre institutionnel. 

     

  • Pourquoi l'Algérie s'oppose à la marocanité du Sahara

    Copyright : DR

     

    par Peroncel-Hugoz 

    Jean Pierre Péroncel-Hugoz a recueilli les propos de l'ambassadeur Alain Pierret sur l'époque où une partie du Sahara était département français. Il en profite pour donner un coup de dent à la mauvaise mémoire algérienne. Des prières dans les mosquées à Tindouf étaient dites pour le Sultan du Maroc.

     

    peroncel-hugoz 2.jpgAlain Pierret est un ancien élève de l'Ecole de la France d'outremer. Il a été sous-préfet au Sahara puis diplomate, notamment ambassadeur à Niamey, à Tel-Aviv, à Bruxelles et au Vatican. Nous l'avons rencontré récemment en Provence où il mène une très active retraite, publiant articles et livres*. Nous savions qu'en 1934, quand l'armée française atteignit l'oasis de Tindouf, plus d'un siècle après son débarquement en Algérie, elle constata que la prière musulmane y était dite pour le sultan du Maroc, ce qui n'empêcha pas ladite armée d'annexer purement et simplement cette région saharienne d'obédience marocaine; en revanche nous ignorions, et Alain Pierret nous l'apprend, qu'en 1961, à près de 1000 km à l'est de Tindouf, au Sahara central, la prière était dite pour Sa Majesté chérifienne… 

    Voici quelques-unes des réflexions de M. Pierret :  

     UN FAIT COLONIAL FRANCAIS ... 

    « Reconnaître et soutenir résolument la " république sahraouie", comme le fait Alger depuis 40 ans c'est avaliser l'annexion par le colonisateur français** de territoires sahariens historiquement marocains. Situation paradoxale... » 

    Rappelons que le gouvernement provisoire algérien, durant la guerre d'indépendance (1954-1962) et alors qu'il recevait une aide consistante de Rabat, avait promis au Maroc de revoir ces annexions françaises une fois l'indépendance algérienne acquise. Cette promesse fut allègrement « oubliée » par Alger après 1962...  

    UN GUERRIER ESPAGNOL AU SERVICE DU MAROC ... 

    « Peut-on parler d'"annexion" du Sahara occidental pour le Maroc au jour du retrait, en 1975, de l'administration coloniale espagnole ? La réponse est simple : pendant plus de trois siècles ce Sahara fut incontestablement marocain. Le confirment les expéditions de Djouder-Pacha *** jusqu'au Niger en 1591, pour le compte du sultan saâdien Ahmed El Mansour, et l'itinéraire de l'explorateur français René Caillé, durant la décennie 1820, de Tombouctou à la côte atlantique via le Tafilalelt » 

    LA PRIÈRE POUR LE SULTAN...  

    In-Salah, est aujourd'hui un chef-lieu d'arrondissement (daïra)  du département de Tamanrasset, au Sahara algérien, un arrondissement peuplé d'environ 35 000 âmes. En 1961, avant-dernière année de l'Algérie française, In-Salah était une préfecture du département des Oasis. Voici ce que nous en dit Alain Pierret:  

    « Au lendemain du putsch d'Alger, en avril 1961, je fus nommé par Paris sous-préfet d'In-Salah. Le district comportait à Aoulef, escale aérienne pour la traversée du désert, un important quartier des Chorfas, où le vendredi, à la mosquée, les fidèles priaient pour le roi du Maroc. Il est permis de douter que cette pratique ait pu se maintenir après l'indépendance de l'Algérie, en juillet 1962... Rappelons que cette oasis est  950 km à l'est de Tindouf ! » 

    LA STUPEUR DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L'ONU 

    « Le Péruvien Javier Perez de Cuellar, secrétaire général de l'ONU de 1982 à 1991, et hispanophone de langue maternelle, rencontra en 1985 à Addis-Abeba le chef du Polisario, Mohamed Abdelaziz. Il s'adressa naturellement à lui en espagnol, langue dispensée dans les écoles de la Saguia-el-Hamra et du Rio-de-Oro durant la colonisation de ces territoires par Madrid, et il constata que M. Abdelaziz ne comprenait pas cette langue... » 

    M.Perez de Cuellar ignorait que Mohamed Abdelaziz est né le 17 août 1947 à Marrakech, sous le règne de Mohamed-V et sous le protectorat français et a été étudiant à l'Université Mohamed-V. Le secrétaire général de l'ONU ne savait pas non plus que presque toute la famille de Mohamed Abdelaziz vivait (et vit toujours en 2016) au Maroc non-saharien, à Kasba-Tadla, Casablanca, Agadir, etc.  

    Retraité des Forces armées royales, le père du chimérique président du Polisario a d'ailleurs, à notre époque, été décoré par le roi Mohammed VI... 

     

    * Notamment "De la case africaine à la villa romaine", L'Harmattan, Paris, 2010  

    ** Une France coloniale par ailleurs inlassablement vilipendée par l'Algérie officielle, un demi-siècle après l'indépendance... 

    *** Génial aventurier espagnol devenu général des armées marocaines qu'il conduisit jusqu'au fleuve Niger. Il mourut en 1606.  

    Péroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le 360 du 1.04.2016

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • Histoire & Actualité • Hommage républicain à la Résistance royaliste : Inauguration de la place Mireille-et-Jacques-Renouvin

     

    par Daoud Boughezala
    rédacteur en chef de Causeur

    S'il est plusieurs façons possibles d'être et agir en royaliste - pourvu de ne pas nuire à l'objectif poursuivi - cet article en est un exemple. Intéressant, honnête et bien écrit, comme d'ordinaire les articles de Daoud Boughezala. LFAR

     

    boughezala.jpgIls étaient venus, ils étaient tous là à Saint-Germain-des-Prés ce samedi 26 mars pour honorer un couple de grands résistants en inaugurant la place Mireille-et-Jacques-Renouvin : le maire de Paris Anne Hidalgo, le député frondeur Pascal Cherki, l’adjointe communiste Catherine Vieu-Charier et le maire LR du 6e arrondissement Jean-Pierre Lecoq. Quelque 250 quidams, parmi lesquels des militants d’Action française, des membres de la Nouvelle Action royaliste fondée par Bertrand Renouvin, mais aussi Gabriel Matzneff et Lorànt Deutsch côté people, vibraient au son du Chant des partisans.

    Jean-Pierre Lecoq a longuement rendu hommage au camelot du roi et compagnon de la Libération Jacques Renouvin qui avait participé « à tous les chahuts et bagarres décidés par Léon Daudet et Charles Maurras » dans sa jeunesse avant de se retourner contre ses anciens maîtres, à la signature des accords de Munich en novembre 1938. Le futur héros de guerre gifla publiquement le président du Conseil, Pierre-Antoine Flandin, après que celui-ci avait envoyé un télégramme de félicitations à Hitler.

    Non sans courage, Anne Hidalgo a reconnu la filiation « patriote » et « monarchiste » d’une branche de la Résistance qui s’était élevée contre « la démission de Charles Maurras face à la menace allemande ». Engagé volontaire la guerre venue, prisonnier des Allemands puis résistant FFI après l’armistice, Jacques Renouvin rencontra une dénommée Mireille Tronchon lors d’un sabotage antipétainiste. Particulièrement inspiré, le maire de Paris est longuement revenu sur cet amour né au cœur de la Résistance, entre une jeune démocrate-chrétienne et un « fervent catholique » monarchiste qui multiplièrent les opérations punitives anticollabos. Arrêtés en Corrèze par la Gestapo un jour de janvier 1943, ils se marièrent en prison avant de se séparer, Jacques mourant d’épuisement dans le camp de Mauthausen tandis que Mireille allait donner naissance à leur fils Bertrand, figure du royalisme de gauche.

     

    On connaît le mot de Clemenceau, « la Révolution française est un bloc » ; on peut en dire autant de la Résistance. Si on avait épuré sa mémoire des admirateurs de Staline, des royalistes germanophobes et autres nationalistes tenant d’une France éternelle, l’armée des ombres serait réduite à peau de chagrin. C’est pourquoi le Front républicain, le vrai, devrait s’étendre jusqu’aux royalistes !   

    Daoud Boughezala

  • Livres & Société • La misère du néoféminisme contemporain : Le livre d’Eugénie Bastié va faire hurler les féministes

     

    Eugénie Bastié publie Adieu Mademoiselle, qui sera en librairies le 8 avril et va faire hurler les féministes. Journaliste au Figaro et rédactrice en chef politique de Limite, la « revue d’écologie intégrale », elle avait accédé à la notoriété en crevant l’écran, en septembre dernier, sur le plateau de Ce soir (ou jamais !), lançant à Jacques Attali : « Le vieux monde est de retour Monsieur Attali ! ». Nous avons déjà dit notre sympathie de fond pour la réflexion que mène Eugénie Bastié. Une réflexion qui nous paraît marquée par cette pensée selon la Tradition qui est aussi la nôtre. On lira cette recension de Novopress - et naturellement le livre qu'elle évoque - avec beaucoup d'intérêt.  LFAR  

     

    CeUqV-uWQAAchwF.jpgAvec ce premier livre, qui a justement failli s’appeler La Défaite des femmes, la jeune et talentueuse journaliste s’en prend à la « misère du néoféminisme contemporain » et accuse « l’idéologie postmoderne » de travailler « à la défaite des femmes ». La thèse : alors que l’égalité des droits est actée, que le contrôle de la fécondité est acquis, que la parité a été rendue obligatoire, « les nouvelles ayatollettes entendent poursuivre sans fin le combat, et lutter sans relâche pour un monde déjà advenu. Quitte, pour exister, à promouvoir les pires cauchemars d’Orwell ».

    Selon Eugénie Bastié, les véritables menaces qui pèsent sur les femmes et, plus largement, sur l’humanité tout entière, sont à rechercher du côté des laboratoires de la Silicon Valley, dans le « tapage des Femen », dans le « déni de Cologne », dans les colloques « queer et trans », bref, dans ce mélange de postmodernité politiquement correcte et d’idéologie « transhumaniste » contre lequel s’étaient déjà dressés Eric Letty et Guillaume de Prémare dans leur ouvrage Résistance au meilleur des mondes.

    Cours toujours, Attali, le « vieux monde » retrouve de la vigueur et tu ne le rattraperas plus !   

    NOVOpress 28.03

  • Théâtre • Un vrai moment de théâtre

     

    par Madeleine Gautier

     

    Inspirée du film Potins de femmes, cette adaptation de Didier Caron nous est livrée dans un écrin d’émotions et de charme. Nous sommes en 1981, à la veille de l’élection présidentielle. Thérèse tient, à Paimpol, un salon de coiffure flashy des années 80. Très à l’écoute de ses clientes, certaines d’entre elles deviendront ses amies. Ce rendez-vous de détente pour Magalie, Jeanne, Agnès, Claire et Odette – projecteur de leurs confidences faites de joies, rêves trahis, et difficultés partagées -, laisse entrevoir leur vie dans ce qu’elle a d’incertain, de fragile et de grand à la fois. Comme celle de Jeanne, dont la fille Magalie, mariée, diabétique depuis l’enfance, annonce qu’elle attend un enfant, malgré l’interdiction des médecins. Tout démarre dans la bonne humeur, où l’humour et les bons mots fusent comme des exocets. Mais le drame n’est pas loin et, lorsqu’il éclate, c’est encore le rire libérateur de ces « drôles de dames » qui dynamite la tragédie. La mise en scène de Dominique Guillo, conjuguant habilement légèreté et gravité, nous offre une comédie exquise. Et les six comédiennes, toutes excellentes, nourrissent ce spectacle d’une grande justesse et d’une saisissante humanité donnant à voir un vrai moment de théâtre, intelligent, drôle et très émouvant.

    Coiffure et confidences, comédie de Robert Harling. Adaptation : Didier Caron. Mise en scène : Dominique Guillo. Avec : Anne Richard, Marie-Hélène Lentini, Léa François etc…

    Théâtre Michel
    38 rue des Mathurins - 75008 Paris - Tél : 01 42 65 35 02 

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • Livres • Le secret de Pierre Boutang : retour sur l'ouvrage de Stéphane Giocanti

     

    Pierre Boutang a été et reste l'un de nos maîtres, comme on eût dit plus volontiers en d'autres temps. Mais un maître au sens de George Steiner, un maître duquel on apprend, mais avec qui l'on dialogue, dans une relation vivante, où parfois s'affirment divergences ou développements. Et à la différence des Maurras, Daudet, Bainville, nombre d'entre nous ont approché, connu, écouté, interrogé un Pierre Boutang de chair et d'os, qualités et défauts confondus. L'excellente recension qui suit du dernier ouvrage de Stéphane Giocanti nous le fait redécouvrir tel qu'en lui-même. Nous la devons à Philitt, un site de réflexion philosophique et culturelle qu'il faut, selon nous, connaître et faire connaître. LFAR   

    Après une biographie consacrée à Charles Maurras (Flammarion, 2006), Stéphane Giocanti s’attaque à l’un des plus talentueux disciples du maître de l’Action française : Pierre Boutang (Flammarion, 2016). Ce livre nous permet de découvrir un personnage complexe et souvent sous-estimé, de l’étudiant facétieux au philosophe virtuose en passant par le talentueux polémiste.

    Une des choses qui ravit lorsqu’on évoque le nom de Pierre Boutang, c’est qu’on sait d’emblée – à la différence des intellectuels d’aujourd’hui – qu’on peut le nommer écrivain ou philosophe. Car Boutang, bien qu’il ne soit pas si loin de nous – il meurt le 27 juin 1998 – était incontestablement les deux. Il avait à la fois l’âme d’un poète et celle d’un métaphysicien. Dans sa biographie consacrée à l’auteur d’Ontologie du secret, Stéphane Giocanti dresse le portrait d’un homme dont la complexité déroutera plus d’un lecteur, trop habitué que nous sommes au monolithisme de nos contemporains. D’abord normalien et militant de l’Action française, maréchaliste puis giraudiste pendant la Seconde Guerre mondiale, soutien de De Gaulle dans l’espoir de voir le comte de Paris succéder à ce dernier, disciple de Maurras renonçant petit à petit à son antisémitisme pour finir fervent défenseur d’Israël… Boutang est insaisissable bien que toujours mû par l’idéal monarchique et par son catholicisme.

    Jeune, Boutang se distingue par sa beauté, par sa force physique et par sa verve. Ce Rimbaud aux mains de paysan est aussi espiègle que charmeur. Il envoûte ses professeurs autant que ses camarades. Giocanti nous dépeint avec talent cette période de la vie du philosophe. On ressent nettement la tension inhérente chez Boutang entre sa curiosité intellectuelle inépuisable et son tempérament dionysiaque – qui va de ses nombreuses conquêtes à son besoin de faire le coup de poing. Ainsi, il manque d’être exclu de l’école Normale pour avoir réservé un accueil très spécial à Jean Zay qui venait donner une conférence en Sorbonne « Pour répondre à cette personnalité politique, qui en 1924 a comparé le drapeau français à un « torchecul » dans un poème antimilitariste, l’étudiant répand de haut en bas des murs de l’École quantité de papier hygiénique », raconte Giocanti. Mais dans le même temps, Boutang est un élève brillant, lecteur compulsif qui impressionne ses professeurs que sont, entre autres, Vladimir Jankélévitch, Gabriel Marcel et Jean Wahl. « […] il recopie ou commente Nietzsche, Kierkegaard, Hegel, Platon, Pascal, Bergson, rédige toute une dissertation sur le langage, commente l’article que Jean Wahl vient de consacrer à Karl Jaspers dans la Revue de métaphysique et de morale », souligne le biographe.

    La vie d’étudiant fut également pour Boutang l’occasion de rencontres décisives : Philippe Ariès, Raoul Girardet – tous deux futurs historiens de renom – Maurice Clavel, qui sera un écrivain et journaliste célèbre, puis celle qui deviendra sa femme, Marie-Claire Canque. Giocanti tient à montrer que, si Boutang est très fidèle en amitié, il l’est moins en amour. Le couple était déjà un petit miracle en soi : lui militant Action française, elle imprégnée d’un humanisme de gauche. Mais Boutang ne peut s’empêcher d’user de son charme sur les femmes. Il multipliera les conquêtes, les trahisons qui seront, en partie, à l’origine d’un de ses ouvrages les plus importants Le Purgatoire, son chemin de croix philosophique. « De son mariage, Boutang dira rétrospectivement qu’il a été heureux autant qu’il était possible », note Giocanti qui veut témoigner de ce pessimisme amoureux propre à Boutang.

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      Stéphane Giocanti                 Boutang parlant à Maurras

     

    S’il faut trouver un défaut au travail remarquable de Giocanti, il concerne le récit de la Seconde Guerre mondiale. L’auteur perd Boutang de vue pour parler en détail de la rivalité entre le général de Gaulle et le général Giraud. Si cette contextualisation a un sens puisque le « maréchaliste » Boutang a choisi le camp de Giraud pendant la guerre avant de célébrer De Gaulle dans les années 60, Giocanti s’éloigne un peu trop de son entreprise biographique pour aller sur le terrain de l’analyse historique. Pendant un chapitre entier, Boutang est un peu délaissé et on ne le retrouve véritablement que quand l’auteur se décide à aborder l’après 1945. On retiendra néanmoins la position complexe de Boutang dans ce conflit. Boutang reste fidèle à Maurras et soutient le maréchal Pétain. Pourtant, il ne se sent pas du tout proche de l’administration de Vichy et abhorre l’esprit de collaboration. Boutang se mobilisera pour faire sortir du camp de Drancy son ancien professeur Jean Wahl qui lui en sera reconnaissant toute sa vie. L’historien Simon Epstein dira de l’auteur d’Ontologie du secret qu’il fut « résistant à sa manière ». En lisant Giocanti, on comprend d’ailleurs que ce n’est pas le « maréchalisme » de Boutang qui lui a posé problème après la guerre mais bien plutôt son giraudisme. Sans doute aurait-il été ministre, comme Malraux, s’il avait rejoint Londres en 1940, dira de lui un ami.

    L’avènement d’un philosophe

    Boutang a 29 ans quand la guerre se termine. Philosophe royaliste et catholique, il doit ferrailler avec les existentialistes, les structuralistes et les marxistes qui dominent la scène intellectuelle française. Il mènera son combat depuis deux revues qu’il dirigera successivement, Aspects de la France puis La Nation française. Avec ce deuxième titre, Boutang veut donner un nouveau souffle à la pensée monarchique affaiblie depuis la mort de Maurras en 1952. « Le projet est de dépasser ce qui a été tenté à Aspects de la France et de tracer une voie intellectuelle et politique nouvelle. Il s’agit de créer un laboratoire d’idées et un espace de débat, de relever le royalisme politique et doctrinal », précise Giocanti avant d’ajouter que Boutang entendait résumer la ligne éditoriale du journal par une boutade : « Ne pas être trop bête. » Longtemps, cette carrière de polémiste va retarder le destin philosophique de Boutang qui éprouve beaucoup de difficultés à se retirer du monde. Il faudra attendre 1973 – il a alors 57 ans – pour que soit publiée sa thèse Ontologie du secret dans laquelle il a mis toutes ses forces. Ferdinand Alquié salue une « prouesse » tandis que Gabriel Marcel, son vieux maître, évoque un « monument ». De son côté, George Steiner parle d’un « rendez-vous décisif ». « Avec Ontologie du secret, Pierre Boutang s’impose comme un penseur à la fois considérable et singulier. Ce traité, qui est aussi le journal de bord d’une pensée qui se construit, aborde les fondements mêmes de l’ontologie et de la métaphysique, en examinant les articulations entre l’être et le secret », explique Giocanti.

    Dès lors, ce Boutang consacré peut envisager de rejoindre la Sorbonne. Il est élu professeur de métaphysique le 12 mars 1976. Mais son passé de militant politique le rattrape et une campagne est lancée pour l’empêcher d’enseigner dans cette prestigieuse université. Jacques Derrida, Pierre Vidal-Naquet, Pierre Bourdieu ou encore Luc Ferry font partie des signataires. Ils mettent en doute le sérieux philosophique de Boutang et lui reprochent d’avoir ressuscité « la presse d’extrême droite ». L’alliance des libéraux, des marxistes et des structuralistes contre le philosophe royaliste et catholique est un échec. Les défenseurs de Boutang sont nombreux, d’Emmanuel Levinas à André Froisard en passant par René Schérer. Avant que François Mitterrand, alors Premier secrétaire du Parti socialiste, ne rappelle : « […] la liberté de nos adversaires n’est-elle pas un peu la nôtre ? » En dernière instance, c’est le talent de professeur de Boutang, sa générosité aussi, qui légitimeront sa place à la Sorbonne. « Pédagogue de la liberté intérieure, Boutang donne aux étudiants l’occasion de rompre avec le conformisme marxiste et freudien ambiants, mais il leur offre surtout la possibilité d’interroger les textes comme ils ne l’ont pu auparavant, avec des recours à l’étymologie, aux comparaisons entre les langues, et des parallèles inattendus qui surgissent pour éclairer une notion, ouvrir un problème… », souligne Giocanti.

    Universitaire controversé mais respecté, Boutang pourra enfin se consacrer à l’essentiel : la philosophie. Après Ontologie du secret (1973), c’est Le Purgatoire (1976), Apocalypse du désir (1979) ou encore Maurras, la destinée et l’œuvre (1981) qui contribueront à forger sa réputation de penseur de premier plan. Cent ans après sa naissance, la biographie de Giocanti apparaît comme un hommage nécessaire à cet homme hors du commun qui aura traversé le XXe siècle comme une comète. 

    Crédits photo : Rue des Archives/mention obligatoire©Louis Monier

    Philitt

  • Exposition ♦ Du neuf avec du vieux et ... les trésors du Prince de Liechtenstein

    Le sublime Hôtel de Caumont. à Aix-en-Provence

     

    PAR OLIVIER D'ESCOMBEAU 

    Les Aixois n'ont gardé qu'un pâle souvenir de ce qui fut jadis « le plus beau conservatoire de France », l'Hôtel de Caumont. Ce joyau de l'architecture du XVIIIe siècle, acheté par la ville au milieu des années 6o, avait été transformé, sous l'impulsion de Marcel Landowski, en conservatoire Darius Milhaud. Le lieu, devenu vétuste et encrassé, résonnait, il y a quelques années encore, des tâtonnements sonores de jeunes musiciens en herbe.

    En 2010, la ville décide de se séparer de ce bâtiment jugé peu fonctionnel. La vente de ce bien ne fut pas, comme on s'en doute, du goût de tous les Aixois. Une sévère polémique s'en suivit, où les édiles de la ville furent accusés de brader le patrimoine commun. À cinq ans de distance, il est pourtant difficile de leur donner tort lorsque l'on visite l'Hôtel de Caumont restitué dans sa splendeur au terme d'un gigantesque chantier. Qui plus est, voici ce lieu ouvert au public sous la bannière d'un opérateur privé bien connu dans le secteur du patrimoine : Culturespaces.

    Car le bâtiment, au terme d'une transaction et de travaux fort coûteux, est tombé dans l'escarcelle de cette société ayant, pour activité, la gestion de sites culturels aussi divers que le Château des Baux, la Cité de l'Automobile de Mulhouse, ou le Musée Jacquemart André à Paris.

    La culture ne nourrit pas son homme, c'est bien connu. Dans un pays où l'État, ces cinquante dernières années, a été l'alpha et l'oméga de l'action culturelle dans le patrimoine ou la création, les initiatives privées (autres que philanthropiques) ont eu bien du mal à prospérer. Culturespaces, qualifié par certains « d'ennemi de la culture », fait figure d'exception. Le rachat et l'ouverture de l'Hôtel de Caumont vient, en quelque sorte, couronner cette persévérance.

    Tenter d'instiller et d'adapter les méthodes du privé dans le domaine patrimonial n'est pas le seul reproche formulé à l'égard de Culturespaces. Car la spécialité de cette entreprise, c'est de gérer, en lieu et place des propriétaires publics ou privés, sites touristiques, Musées, Fondations ou demeures. Réussir, là où d'autres ont immanquablement échoué, se fait au prix de quelques sacrifices : sur-fréquentation des monuments, privatisations à outrance, restaurations des collections passant au second plan, exigences scientifiques en berne. Car il faut que cela paye. Il est de notoriété, parmi les conservateurs du patrimoine, que travailler dans une institution affermée à Culturespaces est une sorte d'enfer sur terre.

    Le cas de l'Hôtel de Caumont tranche avec les autres sites gérés par Culturespaces, près d'une quinzaine à l'heure actuelle. Car ici, point de collections encombrantes et coûteuses à entretenir, pas de professionnels de la culture rétifs et meurtris, pas de propriétaire sourcilleux regardant par-dessus l'épaule du concessionnaire ; mais un espace vide et prestigieux tout entier offert à la programmation et aux privatisations.
    Les trésors du Prince de Liechtenstein — Raphaël, Rubens ou Vernet — présentés dans les salles de l'Hôtel de Caumont ont eu de quoi enchanter l'amateur d'art. Ces magnifiques collections ont traversé des périodes troublées, en particulier au siècle dernier, sans jamais quitter la sphère privée. Un choix emblématique pour la première exposition du joyau de Culturespaces. 

     

    Le Musée Caumont est ouvert tous les jours de l’année de 10h à 18h. Librairie. Petite restauration. Parc-autos à proximité. 3, rue Joseph-Cabassol, à deux pas du cours Mirabeau, 13100-Aix-en-Provence. 

    Sur le même sujet : Exposition • Monarchie et beaux-arts par Péroncel-Hugoz