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Une réflexion [Boulevard Voltaire du 27.04] sur l'indigne projet de remplacement de la Fête des Mères par une stupide fête des gens que l’on aime. Jusqu'où ira la volonté de déconstruction sociale des gens en place ? LFAR
Sur le fond, je trouve que la directrice ne va pas assez loin. Pourquoi ne pas instaurer une grande journée pour les enfants GPA-PMA ?
Par générosité d’âme, la directrice de l’école maternelle de Prignac-et-Marcamps, en Gironde, a décidé de ne pas fêter cette année les mères et les pères, mais d’organiser plus globalement une « fête des gens que l’on aime ». Un mot a été mis dans le cahier de liaison des enfants pour expliquer que la décision avait été prise « au vu de situations familiales délicates de certains enfants ».
Grande sagesse de la directrice qui a, paraît-il, reçu une avalanche de compliments. Dont cette maman qui a confié au Figaro : « J’ai été enthousiasmée de voir que l’école avait la délicatesse de penser à toutes les situations familiales des enfants qu’ils accueillent. »
On notera au passage que « l’école », sujet féminin singulier, est devenue dans la bouche de cette dame un masculin pluriel. C’est sûrement ce qu’on appelle intégrer la réforme de façon subliminale…
Sur le fond, je trouve que la directrice ne va pas assez loin. Parce qu’entre nous, viser les mères célibataires, les couples homos et les familles décomposées-recomposées, c’est un peu restrictif. Voire mesquin. Que fait-on des petits issus de gamètes et d’ovocytes sur catalogue ? Pourquoi ne pas instaurer une grande journée pour les enfants GPA-PMA ?
Déjà que la situation de nos petites têtes blondes, brunes, rousses, raides et frisées (je n’ai oublié personne ?) dans l’école de la République devient bien compliquée, il ne faudrait pas instaurer de nouvelles discriminations. C’est vrai, on leur a supprimé la crèche pour effacer l’Enfant Jésus du paysage ; puis le sapin de Noël parce qu’il renvoyait à Noël, qui renvoyait à la crèche et encore à l’Enfant Jésus. Lequel était gardé par le bœuf et l’âne gris. Oui, mais voilà, les religions de l’Inde ne mangent pas de bœuf, qui est une vache sacrée, tout le monde sait cela. Heureusement, on ne sache pas qu’il y ait eu un cochon au-dessus de la mangeoire divine… Mais bon, hein, il y a longtemps que le cochon est banni des écoles pour ne pas offenser juifs et musulmans. Dans la série des exécutions sommaires, on a aussi envoyé Gaspard, Melchior et Balthazar se faire voir chez les Grecs avec leur galette. On a, avec raison, jugé l’Épiphanie doublement condamnable. D’abord parce que le sort, ignorant de l’égalité républicaine, fait avec la fève un roi qui choisit une reine et vice versa. Ensuite parce qu’il se dit que les Rois mages étaient venus d’Orient pour adorer l’Enfant Jésus (voir plus haut). Et ça, dans une classe de 2016, ça n’est pas supportable.
Et quand on en a fini avec les interdits religieux, il faut compter avec la peur. Celle des maires qui font dans leur froc et ont (un exemple) décidé d’interdire aux familles les kermesses de fin d’année au nom de « l’état d’urgence ». Au cas où mémé Malika arriverait avec sa kalach planquée sous sa robe, ou que tonton Ahmed aurait confectionné un space cake au TNT, ou que tata Fatou aurait gonflé au gaz sarin les paquets de fraises Tagada…
Et pendant ce temps-là, les gros bras de la CGT – état d’urgence ou pas – allument tous les jours des feux sur les routes, montent des barrages, bloquent les ports, assèchent le pays et ruinent l’entreprise et le petit commerce.
Mais attention, hein, faudrait pas que les petits enfants souhaitent une bonne fête à maman et à papa, ça pourrait mettre la paix sociale en danger ! •
Ce Dimanche 29 mai, le Président François Hollande et la chancelière Angela Merkel commémoreront les 100 ans de la bataille de Verdun.
La mémoire otage de la polémique : Pour rendre l’hommage que les morts méritent, il faut des gestes absolument solennels, absolument simples, absolument impartiaux. De la musique classique, par exemple, mais certainement pas du rap. C'est ce que Slobodan Despot expose ici - assez longuement - [Causeur 25.05] en termes très justes,stimulants et nobles ; et quand il écrit : « Les morts de Verdun et des autres golgothas de la Grande Guerre demeurent l’unique trait d’union entre tous les vivants de la France moderne, nation profondément divisée. Tragiquement, obstinément divisée par sa Révolution, maladie qu’elle a exportée vers le reste du monde, et dont tout le monde cherche à se remettre… sauf son foyer originel » c’est bien intéressant. Nous sommes attentifs. Approbatifs ... LFAR
Il n’y a pas de hasard, même quand on s’appelle Samuel Hazard, qu’on est maire de Verdun et qu’on a l’idée loufoque de convier un rappeur pour fêter — pardon : commémorer — le centenaire de la plus funeste bataille de tous les temps.
Il n’y pas de hasard chez Hazard, mais il y a du danger (hazard en anglais). Un danger dont M. Hazard et ceux de sa coterie dirigeante n’avaient peut-être pas conscience et qui a abouti à l’annulation de leur happening.
Petit préalable linguistique
Les réseaux sociaux sont entrés en ébullition sur leur aile droite sitôt l’annonce du concert de Black M. Comment pouvait-on placer, hurlaient-ils, un tel événement sous le patronage d’un « rappeur antifrançais » ? Je déteste les pléonasmes. Un « rappeur antifrançais », c’est comme un « arrosoir mouillant ». Le rap est afrançais dans le meilleur des cas, étant importé sans sous-titres des ghettos de New York. Quoi ? On me dit qu’ils « râpent » en français ? Voyons ! L’accentuation d’une langue est son premier signe distinctif, et celle du rap dit français véhicule la phonétique d’une langue étrangère. Heureusement, cela a pour vertu d’entraver la compréhension des textes.
Pour ma part je m’arrête là. Que ces MM. Casquette-à-l’envers soient antifrançais tombe sous le sens, même quand tout sens leur est étranger. Le caractère culturellement hostile du genre est peut-être difficile à capter pour la troisième génération de Français abreuvée de musiquettes anglosaxonnes hâtivement traduites. Si les grands-pères ont pu avaler le trémoussement écervelé des yéyés, comment reprocher aux petits-fils de gutturaliser leur parler ordinaire et de systématiquement mettre l’accent sur la première syllabe à la manière de Cabrel ?
Dilemmes musicaux
Les patriotes français n’auraient pas dû s’emporter contre M. Hazard, ni l’abreuver d’insultes jusqu’à lui faire annuler son spectacle. Cette campagne prouve leur manque de discernement. Ils auraient dû au contraire lui être reconnaissants. Black M n’est « représentatif » de la France d’aujourd’hui qu’aux yeux des propagandistes du melting pot global et de quelques communautés bien définies. Il ne risquait en aucun cas de « détourner » ou de « brouiller », ni même de « salir » la mémoire de Verdun. Au contraire, les indignations qu’il soulevait allaient bien au-delà du camp qui vote FN. Chaque famille française, qu’elle soit de droite ou de gauche, a laissé des ancêtres dans ce charnier et la simple idée de chanter sur leurs sépultures doit révulser plus de cœurs qu’on n’ose se l’avouer. En obtenant son bannissement, on l’a mis, lui et ses soutiens, dans la position enviable de victimes.
Ce qui étonne, dans cette affaire, c’est la parfaite incongruité de l’ensemble. Avec un peu d’habileté, la mairie de Verdun aurait pu rassembler plutôt que diviser. Mais était-ce son but ?
Il existait jusqu’il y a peu, et il existe encore dans certains pays, une musique taillée sur mesure pour les événements de ce genre. Cela s’appelle le classique. C’est vieillot, mais approprié. A Verdun, le Requiem de Fauré s’imposerait de lui-même. Sur les ruines de Palmyre, Assad et Poutine ont dépêché un grand orchestre symphonique, non le chanteur pop à la mode qui aurait « rallié les jeunes ». Mais la France n’est ni la Russie ni la Syrie. Au pays de festivus festivus, on enterre les morts aux sons des Rita Mitsouko « parce que le défunt les aimait bien et qu’il aurait voulu qu’on s’éclate plutôt que de faire la gueule ». Au pays de festivus festivus, la musique solennelle et l’état d’âme qui y correspond sont du dernier ringard. Le choix qui s’offrait à M. Hazard était donc, somme toute, assez restreint.
Mais on aurait pu monter par exemple un opéra rock sur Les héros de Verdun avec Johnny dans le rôle de Joffre et Nina Hagen dans celui de von Falkenhayn, version trans. Un spectacle bling-bling-consensuel qui aurait été au patriotisme ce que les Enfoirés sont à la solidarité sociale. Avec une bonne orchestration et des paroles débordantes de pathos, on aurait « fait vibrer » toute la France frivole, c’est-à-dire beaucoup de monde. Mme Hollande et M. Merkel auraient pu monter sur scène sous les ovations, et les détracteurs de ce kitsch tudesque eussent passé pour de vils ronchons. Esbroufe, émotion, confusion : « Certes, c’est démago ! Mais quels beaux airs ! Quels interprètes ! »
Or il n’en est rien. M. Hazard n’a rien trouvé de mieux que de convoquer l’antidote parfait à toute tentative de consensus national, le répulsif absolu. Offrant du même coup la mémoire de Verdun, malmenée mais intacte, tout entière aux forces de la réaction. Sur un plateau ! Comme on leur a offert Jeanne d’Arc. Comme s’il préparait secrètement son passage au FN…
Un succès continu dans l’échec
A tout bien prendre, il est surprenant qu’un pouvoir démonétisé n’ait pas su plus habilement exploiter une telle commémoration. Les morts de la Grande Guerre sont l’un des rares sujets sur lesquels les Français, en gros, peuvent tomber d’accord. Une de leurs dernières valeurs sacrées, également. Or que fait-on ? On s’empresse de les bafouer en invitant, littéralement, des rappeurs à danser sur leurs tombes.
La symbolique de ce geste absurde est multiple et, à chaque fois, hautement significative.
Tout d’abord, elle s’inscrit dans une course à l’abîme engagée de longue date. Pour tomber aussi bas dans l’estime de ses sujets — pardon : de ses concitoyens —, le pouvoir français n’a pas seulement failli sur les indices matériels de la gouvernance : chômage, sécurité, niveau de vie, prestige international. Il a aussi, et surtout, multiplié les provocations symboliques comme s’il avait voulu s’aliéner des franges de plus en plus vastes de l’électorat.
Quelle urgence y avait-il à mobiliser la crédibilité et les ressources de l’État autour du Mariage pour tous, qui ne concerne, en tout état de cause, qu’une part très mince de la population ? A-t-on songé que l’électeur de base, fût-il socialiste, qui peine à boucler les fins de mois, pouvait avoir sur cette urgence une opinion très différente de celle de l’« intelligentsia créative » du Marais et de la Rive gauche ? Seule conséquence à portée historique : l’émergence par contrecoup de la Manif pour tous, embryon d’une Tea Party à la française.
Quel besoin avait-on d’imposer des vulves conceptuelles à Versailles et des arbres de Noël en forme de plug anal sur des places où se promènent les familles ? D’inventer des ministres de la Culture qui ne lisent rien, pas même le prix Nobel français ?
Qu’avait-on à soutenir diplomatiquement, au Moyen-Orient, des terroristes sanguinaires que les structures de sécurité du même État français considèrent comme une menace de premier plan ?
Quel goût étrange, enfin, suggérait-il de perturber la paix des morts qui ont défendu la patrie avec des spectacles qui martèlent à grands coups de décibels le triomphe de l’étranger ? Voulait-on donner raison à Renaud Camus en attestant que les ex-colonies, sous tutelle anglo-saxonne, avaient déjà accaparé le pouvoir culturel en France, faute d’avoir physiquement remplacé sa population ?
On observe dans les régimes à la dérive ce besoin de scandaliser leur propre population, comme s’ils voulaient inlassablement se donner des garanties de leur toute-puissance. Nous reviennent en mémoire l’élévation du cheval de Caligula au rang de sénateur, les palais blancs de Ceausescu dans une Roumanie crevant de faim, l’ostentation Duvalier et les mille carnavals africains.
Le pouvoir des symboles
Ceci nous conduit à un rapprochement hautement symbolique. Le projet de rap à Verdun survient au moment même où la France est gouvernée par diktat. Le recours à l’article 49.3 pour faire passer une loi sur le travail sans doute nécessaire revient à assommer le malade pour lui administrer un vaccin. Il achèvera de discréditer l’économie libre et de conforter dans son assistanat une nation dont les conditions de travail sont parmi les plus socialisées et les plus protégées en Europe. Encore un contrecoup (non) désiré ? La France serait-elle gouvernée à coups d’oxymores ?
A ce point, un autre parallèle s’impose. Au moment même où les manifestations se multiplient en France, la Russie fête le jour de la victoire sur le nazisme, goujatement boudée par les Occidentaux. Au moment où le chef de l’État français, d’une impopularité jamais vue dans l’histoire, s’entoure de robocops, le chef de l’État russe assiste au défilé militaire au ras du sol, à hauteur d’homme, et non du haut de la fameuse tribune des apparatchiks. A l’heure où le pouvoir français délègue aux rappeurs le soin de commémorer ses combattants, le chef de l’État russe prend la tête du Régiment immortel en brandissant la photographie de son père, combattant et blessé de guerre. Ces symboles, qui ont dû impliquer un effort de sécurité colossal, sont d’une puissance historique.
Changer de paradigme
Mais il serait faux de réduire cet abîme à une affaire de personnel. Verdun est un symbole trop lourd et trop vaste pour la France actuelle, quels qu’en soient les dirigeants.
Les morts de Verdun et des autres golgothas de la Grande Guerre demeurent l’unique trait d’union entre tous les vivants de la France moderne, nation profondément divisée. Tragiquement, obstinément divisée par sa Révolution, maladie qu’elle a exportée vers le reste du monde, et dont tout le monde cherche à se remettre… sauf son foyer originel.
Pour leur rendre l’hommage que ces morts méritent, pour parachever le service qu’ils ont rendu à la nation, il faut des gestes absolument solennels, absolument simples, absolument impartiaux. Il s’agit de réintégrer dans un même corps les deux moitiés d’une âme déchirée sans qu’aucune ne s’y sente humiliée. Aucune idéologie ne peut accomplir cela à elle seule. C’est pourquoi la Russie a restauré sa foi sans renier son passé soviétique. C’est pourquoi son armée qui n’a pas changé ses insignes rouges défile derrière le signe de croix de son ministre de la Défense… lui-même bouddhiste. Les Russes, renaissant après quatre générations de cauchemar communiste, ont compris cette simple vérité encore totalement inaccessible aux élites françaises : que l’idéologie, c’est la division.
Pour accomplir sa réunification, la France n’a pas besoin de héros. Mais elle a besoin de gens humbles, sans idéologie et impartiaux. Ce qui est peut-être encore plus rare.
La tactique du Diable
Mais les polémiques créées autour de Verdun vont masquer encore un autre aspect de cet héritage, peut-être le plus important à l’échelle de l’humanité. Le message Verdun dépasse les frontières de la France et les bornes de 14-18. Il est époqual : il nous fait entrer, tous, dans une autre époque.
Dans le pays où je suis né, en Serbie, on a connu aux côtés des Français le versant héroïque de la Grande Guerre : les Dardanelles, le front de Salonique. D’où cette fraternité d’armes qui s’est transformée en fraternité tout court entre nos nations. Mais Verdun, la Somme, c’est son aspect purement mécanique. Aucune fraternité ne s’en dégage, juste le sentiment de l’absurde et du dégoût. Verdun annonce la sortie de l’Histoire du mâle européen. Dada, le surréalisme, le nazisme y prennent leur source. La massification, l’écrasement de l’humain par les moyens dont il s’est doté, y trouvent leur expression parfaite. Notre transformation rapide dans le ratorium puis la grande fourmilière des visions de Zinoviev, c’est là qu’elle commence.
Je possède chez moi l’intégrale de l’Illustration, couvrant la période 1914-1919. Pour une grande part, c’est un catalogue d’armements. J’ai passé des heures à y survoler un défilement monotone de chiffres et de rodomontades technologiques. A chaque numéro, nous avions l’arme décisive qui allait permettre de les exterminer comme des blattes. Notre canon de 75, nos fusils supérieurs… On y voit déjà l’esquisse des « bombes intelligentes » et des « bombardements chirurgicaux » qui ne sont jamais que de nouveaux carnages. Je ne pouvais m’empêcher d’imaginer la même vantardise dans les Bildzeitungen de l’autre camp.
Deux hordes de fous qui s’entre-tuent en clamant que l’autre n’est pas humain ! Les guerres de tribus, où la bataille est résolue par l’affrontement à la massue de deux champions délégués par chaque camp, sont infiniment plus civilisées et plus sensées que ce délire scientiste !
Car les batailles du front de l’Ouest n’avaient rien, à vrai dire d’un combat. Cela revenait, pour les soldats, à affronter des forces élémentaires, des ouragans meurtriers, en priant la Providence. Les célèbres Orages d’acier de Jünger en témoignent : le pur bonheur d’être vivant, la satisfaction d’avoir tué son adversaire plutôt que d’être tué. Sans sentiment. Sans haine. Comme de survivre à un raz-de-marée. Comme de faire boucherie.
Mieux encore, ce roman ironiquement appelé Civilisation, de Georges Duhamel, qu’on aurait dû faire lire dans tous les lycées en ces années de jubilés et qu’on s’est empressé d’enterrer malgré son prix Goncourt. On y voit la civilisation moderne incarnée par un autoclave soufflant et sifflant, un lazaret où l’on rafistole à la chaîne des machines humaines cassées par la guerre mécanisée. Un système de destruction autoalimenté, sans but ni raison, d’où la volonté humaine est exclue.
Le fleuve des morts de Verdun charrie toutes ces ombres-là. Les réduire à une rivalité entre la culture rap et l’idéologie du Front national est une obscénité et une offense non seulement à l’égard de ces morts ou du sentiment patriotique, mais envers l’humanité entière. Tout compte fait, je reviens sur mon hypothèse de départ : peut-être savaient-ils parfaitement ce qu’ils faisaient. Si le Diable avait une tactique pour monter encore plus les peuples contre eux-mêmes, il ne s’y prendrait pas autrement. •
C’est au déclin de l’empire napoléonien que nous convient Noël Simsolo (scénario), Fabrizio Fiorentino (dessin,) Alessia Nocera (couleurs) sous la tutelle historique de l‘historien Jean Tulard, président d’honneur de l’Institut Napoléon. C’est d’ailleurs cette autorité qui donne toute son épaisseur à ce troisième tome qui commence avec la naissance du roi de Rome, l’Aiglon, l’héritier tant attendu que la belle Joséphine de Beauharnais n’avait pas pu donner à l’Empereur. La joie est de courte durée car la guerre reprend le dessus : en Espagne, en Prusse, puis en Russie avec la bataille de la Moskova et bien entendu, la Bérézina. Le lecteur suit l’Empereur des adieux de Fontainebleau jusqu’à l’île d’Elbe puis du débarquement à Golfe-Juan jusqu’à Waterloo, enfin de l’Elysée jusqu’à Sainte-Hélène
Cet album, à l’image des deux précédents, retrace bien la chronologie de l’empire, le jeu des nombreux acteurs militaires (Murat, Ney,…) et politiques (Louis XVIII, Talleyrand, Fouché..) , les grands projets, les réussites, les trahisons, les échecs, les espoirs déçus, les vengeances.
Cette merveilleuse fresque se termine comme à l’accoutumée pour cette série « Ils ont fait l’histoire de France » par un cahier explicatif de huit pages qui retrace les quatre dernières (mais riches) années de règne de Napoléon 1er en insistant notamment sur le désastre de la campagne de Russie, les Cent Jours et Sainte-Hélène.
Un album à mettre entre toutes les mains. •
Napoléon Tome 3 – N. Simsolo , F. Fiorentino, A. Nocera, et J. Tulard – Editions Glénat et Fayard – 56 pages – 14,50 euros
Un excellent article [Causeur, 25.05] sur les méthodes d'une certaine presse, en l'occurrence à propos d'un entretien de Libération avec Eugénie Bastié. On sait l'intérêt et la sympathie que nous portons aux publications de cette dernière. Une excellente occasion d'y revenir. LFAR
On a tout à fait le droit de ne pas aimer Eugénie Bastié et d’être en désaccord profond avec ses idées. Mais cela n’affranchit pas nécessairement de tout effort d’analyse ou d’argumentation. Dans son papier consacré à la journaliste et paru la semaine dernière, Libération nous en a davantage appris sur les méthodes d’une certaine presse qu’il ne nous a fait connaître l’auteur d’Adieu Mademoiselle.
« Certitudes datées », « idéologie naphtaline », « discours décliniste »… Dès la fin du premier paragraphe, Eugénie Bastié est discréditée, non pas par l’incohérence de ses idées, encore moins par des contre-arguments (quasi inexistants tout au long de l’article) mais simplement parce que les idées qu’elle défend ne sont pas modernes. Sous prétexte que tout n’était pas « mieux avant », tout serait nécessairement mieux maintenant ? Aucun retour en arrière, dans aucun domaine que ce soit, ne pourrait jamais être judicieux ? Tout pas en avant serait infailliblement une avancée ?
C’est ce que suggère implicitement le quotidien lorsqu’il qualifie la journaliste d’« étoile montante de la réacosphère ». D’emblée, on comprend que ce qui intéresse Libération n’est pas de savoir si Eugénie Bastié a des idées, encore moins de chercher à comprendre si celles-ci sont défendables, mais plutôt de la classer dans un groupe inventé de toutes pièces afin de savoir si celle-ci en est une « figure ».
C’est ainsi que chaque question censée servir de problématique au journal est en réalité biaisée et s’apparente davantage à une question rhétorique qu’à une tentative de réflexion : « Deuxième question : à quoi sert Eugénie Bastié ? » Outre qu’on pourrait se poser la même question au sujet de la journaliste chargée de pondre ce papier et de toute personne vivant sur terre si l’on est pourvu d’un tant soit peu d’humilité, le sous-entendu donne le ton : Eugénie Bastié ne sert pas à grand-chose, sinon à faire figure de « bonne cliente », « dans l’air du temps » si l’on en croit Libé.
Un pensée non-binaire, c’est si compliqué…
Mais ce sont sans doute les critiques sur le livre de la journaliste qui en disent le plus long sur les pratiques de certains médias. « Le résultat est un gloubi-boulga pernicieux », commente la journaliste en charge du papier, Johanna Luyssen, avant de préciser : « Que comprendre de ce mélange troublant droite-gauche-chais pas quoi, Houellebecq et Bernanos, Elisabeth Lévy et Finkielkraut, Muray et Michéa, le tout saupoudré d’idéologie post-Manif pour tous mais aussi de décroissance ? »
Il semble, en réalité, que le « gloubi-boulga » soit moins provoqué par le livre que par la difficulté pour Johanna Luyssen de comprendre une pensée qui ne soit pas binaire. Qu’on ne puisse pas avoir des idées de droite sur tous les sujets alors qu’on est catholique et qu’on travaille au « Figaro », ça échappe complètement à l’esprit de logique de la journaliste qui voulait pouvoir remplir toutes ses cases pour mieux caricaturer Eugénie Bastié et lui reprocher ainsi d’être une caricature.
Libération ne peut envisager ce mélange que comme un calcul « pernicieux ». Si l’on « saupoudre » ses idées réactionnaires d’idées plus modernes ou plus progressistes, ce ne peut être que dans l’unique but de mieux faire passer les premières.
Cette manie de remplacer les arguments par des listes est également caractéristique de notre époque pour laquelle la respectabilité a priori de l’interlocuteur prévaut sur son discours. On se contente de placer des noms les uns à côté des autres, en espérant que la seule évocation de certains d’entre eux au côté de celui de la journaliste suffise à effrayer les potentiels lecteurs.
Heureusement, la conclusion du papier, qui révèle l’attitude d’Eugénie Bastié à la fin de l’entrevue avec sa consœur de Libé, nous met d’accord sur un point avec l’auteur de l’article : « Touchante, [Bastié] hasarde un : “j’espère que je vous ai convaincue”. Le plus effrayant étant qu’elle paraît sincère. » On ne peut qu’abonder dans le sens de Johanna Luyssen : quelle naïveté en effet d’avoir pu penser qu’un débat d’idées pouvait influencer une opinion et qu’un journaliste de Libé pourrait, ne serait-ce que sur un sujet, tomber d’accord avec un représentant de la « réacosphère » !
« Un homme qui lit, ou qui pense, ou qui calcule, appartient à l’espèce et non au sexe ; dans ses meilleurs moments il échappe même à l’humain » disait Marguerite Yourcenar dans Mémoires d’Hadrien. Grâce à nos médias, aucun risque : nous avons les deux pieds sur terre. •
Vous venez de tenir, à l'égard de Didier Deschamps, des propos d'une stupéfiante stupidité, témoignant d'un mauvais esprit littéralement révoltant. Vos propos font partie de ceux qui ne déshonorent que ceux qui s'abaissent à les proférer, aussi m'épargnerai-je de m'abaisser à les reprendre : il me faudrait pour cela descendre dans de si profonds abîmes de mauvais esprit - où vous vous complaisez, peut-être - que je ne chercherai pas à vous rejoindre dans votre monde bête et méchant, qui n'est pas le mien.
Mais j'ai plusieurs problèmes...
1. Mon oncle maternel est mort à vingt ans, pour la France, du côté de la Belgique, en 14. Comme l'écrit Pagnol, dans L'eau des collines, né dans sa garrigue plantée de thym, de fenouil, de romarin et autres pèbre d'aï, il est allé mourir «couché sur des plantes dont, pour la première fois, il ne connaissait pas le nom ».Oui, mais voilà : mon oncle était blanc, ni "nord-africain" ni "mélangé", comme vous dites dans votre langue politico/idéologique. Dois-je, au nom de ma famille, m'excuser pour cette couleur de peau ? Et, si oui, auriez-vous l'amabilité de m'aider à rédiger ma lettre d'excuses, m'expliquant ce que je dois dire pour tenter de nous faire pardonner ce crime impardonnable, et en quels termes je dois le dire ?
2. Mon problème s'aggrave : mon oncle était catholique et allait à la messe. Pas longtemps, je vous l'accorde, puisqu'il est mort fort jeune, ce qui devrait peut-être aux yeux de votre justice atténuer cette autre faute impardonnable. Même demande que précédemment...
3. Mon problème s'aggrave encore : mon oncle était royaliste, et lisait L'Action française, à laquelle mes grands-parents étaient abonnés. Là, je sens bien que c'est trop, et que la condamnation définitive et foudroyante ne peut que tomber du ciel, c'est-à-dire de vous, un « Dieu le Père » qui fait le Jugement Dernier et sépare les bons des méchants (j'allais écrire Deschamps)...
4. Horreur et damnation : je m'aperçois, consterné, que mon oncle a commis un quatrième crime : comme les gens que vous citez, il ne gagnait pas des millions par an, et n'avait pas les mêmes cercles de « jeu » et les mêmes « fréquentations » (dirons-nous) que vos amis Benzema et autres. Même relaxés, ces personnes ont eu des fréquentations et des activités que mon oncle n'avait pas : question d'éducation, sans doute...
Vous comprendrez, monsieur, que je ne vous salue pas, mais vous devrez souffrir que je vous dédie la fameuse phrase de Chateaubriand : « Il y a des temps où l'on ne doit dépenser le mépris qu'avec économie, à cause du grand nombre de nécessiteux... » •
Nous revenons sur ces deux journées, importantes pour la France et, en particulier pour l'Action française.
Pour la France, Jeanne d'Arc est un symbole du salut national aux heures graves. Nous y sommes, évidemment. Pour nous, elle montre aussi la voie du redressement national et sa condition première qui fut, de son temps, le rétablissement de la légitimité politique. La légitimité monarchique, qui peut être aussi un recours pour notre temps de crise, aux lendemains très incertains. Le deuxième dimanche de mai est une fête nationale, depuis 1920.
Pour l'Action française, la fête de Jeanne d'Arc est aussi l'occasion d'exposer ses idées, d'en débattre, de manifester sa présence. C'est ce qu'elle a fait cette année avec intelligence et avec un certain éclat, en organisant un colloque dont toute la presse a parlé, et qui posait clairement la question même du régime : Je suis royaliste, pourquoi pas vous ? Le lendemain le cortège traditionnel, surtout composé d'une jeunesse ardente et nombreuse, manifestait encore le patriotisme et la motivation des participants.
Vous pourrez trouver plus loin la vidéo intégrale du colloque du 7 mai et une courte vidéo évocation vidéo du cortège du dimanche 8 mai de l'Opéra à la place des Pyramides. •
Cortège Traditionnel de Jeanne d’Arc - 8 Mai 2016 - La vidéo
Chaque année depuis plus d’un siècle, l’Action Française rend hommage à celle qui a sauvé la France alors que tout semblait perdu.
La VIDÉO INTÉGRALE du Colloque Je suis royaliste, pourquoi pas vous ?
Voici la vidéo intégrale du colloque du samedi 7 mai 2016, Je suis royaliste, pourquoi pas vous ?
Il est possible que vous constatiez une certaine lenteur dans le chargement, quelques soucis techniques ayant été à déplorer au moment de l’enregistrement. Nous nous en excusons par avance.
L’armée n’est plus seulement une affaire d’hommes et les femmes ont leur rôle à jouer. C’est la leçon principale qu’il faut retirer du superbe ouvrage réalisé par Jean-Marc Tanguy créateur et animateur du site spécialisé dans la défense « lemamouth.blogspot.fr ». Dans l’Armée au féminin, le journaliste dresse une série de portraits sans complaisance sur ces femmes qui ont choisi la métier des armes beaucoup plus par vocation que par nécessité. Elles suivent en cela les pas de leurs aînées, qui se sont engagées dans la Résistance (FFI notamment), dans la 2e Division blindée de Leclerc (Les fameuses « Rochambelles »), celles qui ont servi dans le service cinématographique des armées, le service de santé des armées, dans l’armée de l’air à l’image de Maryse Bastié etc. les femmes militaires d’aujourd’hui servent dans toutes les armées et toutes les armes : Dans le service de Santé où elles sont les égales des (50% des effectifs), dans l’armée de Terre (11%), dans la Marine (13%), l’armée de l’Air (22%), et même les forces spéciales, etc. Rares restent les domaines où elles ne parviennent plus à exercer. Au fil des reportages en opérations extérieures et ailleurs, le lecteur accompagne Jean-Marc Tanguy auteur de nombreux livres d’histoire militaire, à la rencontre de ces héroïnes du quotidien des armées, de Claire Mérouze, première femme pilote sur Rafale à Anne Cullère, la sous-chef opérations de l’état-major de la marine et femme la plus gradée de la Marine. Ce superbe ouvrage richement illustré se termine en ouvrant une fenêtre et une réflexion sur les armées étrangères. L’on se dit que la femme est vraiment l’avenir de l’homme…
L’armée au féminin – Ces femmes qui font l’armée française du XXIème siècle, de Jean-Marc Tanguy, éditions Pierre de Taillac, 176 pages, 22,90 euros.
Nadine Morano a encore défrayé la chronique, et ce n’est pas peu dire. En effet, elle a tenu sur Canal+, au cours de l’émission Le Supplément, des propos iconoclastes jugés racistes par toute la classe médiatique.
La députée européenne, qui n’a pas la langue dans sa poche, s’est permis de dire : « Regardez la gare du Nord, on n’a plus l’impression d’être en France, on a l’impression d’être en Afrique ». Ali Baddou, animateur de l’émission lui ayant alors demandé : « La gare du Nord, c’est l’Afrique ?», Mme Morano a répondu : « Je vous laisse juger par vous-même, et je laisse aussi juger tous ceux qui viennent de regarder pourquoi il y a dans ce quartier toute une concentration d’une population dont on voit bien que c’est une population immigrée, dont on voit bien que c’est une population qui est concentrée dans ces quartiers, comme vous avez plein de ghettos en France ». Conséquence : explosion de réactions indignées sur Facebook, Twitter et tous les réseaux sociaux. Des régiments de bons esprits sonnent le tocsin, vaticinent et annoncent le retour des temps maudits, la déferlante du racisme et la montée continue de l’extrême-droite, qui réussit son entreprise de lepénisation des esprits et tient désormais un discours aussi « décomplexé » que « nauséabond ».
Des vérités d’une évidence pourtant criante
En réalité, Nadine Morano n’a fait qu’énoncer une vérité évidente, tout comme elle l’avait fait le 26 septembre dernier lors de l’émission On n’est pas couché, sur France 2. Seulement cette évidence, nos classes politique et médiatique ne veulent pas l’admettre. Elle est pourtant on ne peut plus criante. Des communes entières de la région parisienne (Saint-Denis, Montreuil, Stains, Bobigny, Sevran, entre cent autres), de la banlieue lyonnaise (Villeurbanne, Vénissieux, Saint-Fons, Feyzin, Saint-Priest, etc..), des quartiers de Marseille, de Toulouse (le Mirail), de la conurbation lilloise, de Rouen, du Havre et de partout ailleurs sont devenus de véritables enclaves étrangères, peuplées majoritairement de maghrébins, de turcs et d’africains et où les petits commerçants traditionnels cèdent la place aux boucheries halal, aux pizzerias et boulangeries turques, aux kebabs et aux restaurants exotiques, dont les rues sont parcourues par des femmes voilées et des hommes en djellabah, dont les cliniques et les cantines se trouvent contraintes de proscrire la viande de porc, et où le ramadan vaut aux riverains français de souche un mois de nuit bruyantes et sans sommeil.
Certes, la plupart des habitants d’origine extra-européenne ont la nationalité française et sont donc des « Français de papier », mais ils ne le sont pas culturellement. Car, contrairement à ce que l’on nous serine sans cesse, ces gens ne s’intègrent pas à la communauté nationale et ne souhaitent pas le faire au-delà de ce qui est strictement nécessaire pour pouvoir évoluer sans difficulté dans notre société. Ils parlent français, fréquentent nos écoles, respectent en général nos lois, mais ils ne se sentent pas français et demeurent attachés d’âme, de cœur et de tripes à leur religion, à leurs coutumes, à leur mode de vie, au pays de leurs ancêtres. Et on ne saurait les en blâmer. Comment auraient-ils envie de s’intégrer à une nation déclinante, qui a abdiqué sa souveraineté à Maastricht et à Lisbonne, qui a perdu sa prééminence politique en Europe, se voit sans cesse tancée par Bruxelles et Berlin en raison de ses déficits budgétaires, dont l’Etat vend ou laisse vendre ses grosses entreprises, ses grands aéroports, ne peut plus financer son système de protection sociale et ses services publics, lesquels tombent en décrépitude, et ne parvient à rémunérer ses fonctionnaires qu’en recourant à des emprunts à l’étranger, où les conditions de vie et de travail de ses habitants se dégradent toujours plus ?
D’autant plus que pendant les deux septennats de M. Mitterrand, les politiques, les médias et l’intelligentsia leur ont chanté leurs droits éminents sur tous les tons et les ont expressément incités à affirmer leurs spécificités culturelles respectives, au motif qu’ainsi « la France de toutes les couleurs » « s’enrichirait de ces différences » en raison des bienfaits assurés de la « diversité ».
Tout cela n’est que trop évident et que trop connu, mais nos journalistes, nos hommes de radio et de télévision, nos intellectuels, nos politiques ne veulent ni le reconnaître, ni même le voir, et ils prétendent condamner leurs compatriotes à cette mauvaise foi et cette cécité délibérée. Et lorsqu’une personnalité comme Mme Morano enfreint cette règle perverse et ose dire ce que le monde sait, voit et constate tous les jours, elle est aussitôt accusée de « dérapage », taxée de racisme, accusée de tenir des propos « nauséabonds » (ou « nauséeux »), revêtue de la robe d’infamie et clouée au pilori. Or, Nadine Morano ne dérape pas, elle ne fait que dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas, ce que tout un chacun sait et voit. Y compris ceux qui appartiennent à une tendance politique opposée à la sienne. Nous nous permettrons ici de mentionner des témoignages personnels à l’appui de cette assertion.
Il y a de cela trente ans, un adjoint au maire de Montreuil, membre du parti communiste, nous disait (hors antenne) que sa ville ressemblait à une ville africaine et qu’elle était peut-être « la deuxième ville du Mali ». A Villeurbanne, plusieurs personnes qui, il y a trente ans également, arboraient fièrement l’épinglette « Touche pas à mon pote », de SOS Racisme, et applaudissaient à tout rompre aux proclamations de M. Mitterrand (et de Madame) et des socialistes en faveur de l’immigration, de la pluralité ethnique et culturelle et du métissage sans frein, pestent aujourd’hui contre ce qu’elles appellent « l’invasion ». Il y a de cela quelques mois, une professeur documentaliste, de sensibilité socialo-écologiste (et électrice de Hollande) affirmait qu’au quartier des Minguettes, de Vénissieux, où elle est en poste, elle avait « l’impression d’être à l’étranger ». A Clermont-Ferrand, un instituteur, socialisant lui aussi, déclare « ne plus pouvoir voir les Arabes » du quartier de son école, qui peuplent sa classe à hauteur de 80%.
Ce n’est pas Nadine Morano qui dérape, ce sont nos médias et nos chefs politiques
Non, en dépit de tout ce que nos terroristes intellectuels des médias et de la classe politique nous affirment, tous ces gens (de gauche pour la plupart) ne sont pas racistes, ne sont pas immondes, et leurs réflexions n’ont rien de « nauséabond ». Simplement, ils souffrent dans leur être et dans leur vie quotidienne car ils ont le sentiment justifié de ne plus être chez eux, d’être devenus des étrangers dans leur propre pays, et de n’avoir pas même le droit de gémir et de se plaindre sans se voir voué aux gémonies. Ils en ont assez de se voir contraints à cet aveuglement intellectuel et moral, à ce conformisme, à ce politiquement correct imposé par des Yann Moix qui juge le mot « race » indécent et affirme tranquillement que « demain la France sera peut-être musulmane » et que le respect de la laïcité impose absolument de ne rien tenter pour s’opposer à ce que Renaud Camus appelle « le grand remplacement » ou « le changement de peuple ». Au fait, dans quelle ville ou dans quel quartier vit Yann Moix ? Et dans quelle ambiance professionnelle évolue-t-il ?
Non, Nadine Morano ne dérape pas, ce sont nos maîtres des médias et nos chefs politiques qui dérapent, et ce depuis fort longtemps, et qui, au nom de leur idéologie universaliste, mondialiste et égalitaire, ont fait ressembler notre pays à ce qu’était l’Empire romain d’Occident au Ve siècle, celui des grandes invasions barbares et de la chute finale. Voilà la vérité. •
Dans un premier essai passionnant, La guerre des mondes, Mathieu Slama analyse les ressorts de l'affrontement entre la Russie et l'Occident. Pour le jeune essayiste, ce sont avant tout deux visions du monde qui s'opposent. Et qu'il expose dans cet entretien - un peu long mais où beaucoup de choses essentielles sont dites - donné à Figarovox [25.05]. Nous prévenons les lecteurs de Lafautearousseau : ces réflexions sont importantes. Il faudra être attentifs désormais aux publications de Mathieu Slama ! LFAR
Pour quelle raison l'affrontement entre Vladimir Poutine et l'Occident est-il essentiellement idéologique ?
Ma thèse est que dans le conflit politique qui oppose l'Europe et les Etats-Unis à la Russie de Poutine, il y a un arrière-plan idéologique fondamental qui met en jeu deux grammaires du monde qui s'opposent en tout point. A cet égard, ce qui se joue dans cet affrontement est bien plus décisif qu'un simple conflit d'intérêts.
Mais il suffit d'écouter Poutine pour comprendre qu'il se situe lui-même sur le terrain idéologique. Ce fut particulièrement frappant à partir de 2013, lorsque les crises ukrainiennes et syriennes ont réellement marqué une rupture entre les Russes et les Occidentaux.
Dans plusieurs discours, Poutine s'en est pris à la « destruction des valeurs traditionnelles » et à « l'effacement des traditions nationales et des frontières entre les différentes ethnies et cultures », visant implicitement les pays occidentaux. A plusieurs reprises il a exalté « les valeurs spirituelles de l'humanité et de la diversité du monde », « les valeurs de la famille traditionnelle, de la vie humaine authentique, y compris de la vie religieuse des individus », faisant appel au grand philosophe conservateur russe Nicolas Berdiaev. Il y a aussi, dans le discours de Poutine, des attaques directes adressées aux pays occidentaux et notamment aux pays européens. « Les pays euro-atlantiques rejettent leurs racines », a-t-il expliqué dans un discours, « dont les valeurs chrétiennes qui constituent la base de la civilisation occidentale ». Utilisant des termes très violents comme « primitivisme », s'en prenant ouvertement aux légalisations en faveur du mariage homosexuel, Poutine accuse aussi régulièrement les pays occidentaux de vouloir exporter leur modèle libéral au monde entier, au mépris des particularités nationales.
Poutine est donc porteur d'une vraie vision du monde. Il se fait le défenseur des particularités nationales et des valeurs traditionnelles face à un Occident libéral, amnésique de ses fondements spirituels. Et surtout, et c'est peut-être la plus grande force de son discours, il s'en prend à l'universalisme occidental, à cette prétention qu'a une partie du monde de modeler à son image l'autre partie de l'humanité. C'est une manière pour lui de s'en prendre aux ingérences occidentales, que ce soit en Ukraine ou au Moyen-Orient.
Poutine dit ici quelque chose d'essentiel. L'Occident est persuadé que son modèle, la démocratie libérale, est le devenir inéluctable de l'humanité toute entière. Mais il y a dans le monde des nations qui tiennent à leurs traditions culturelles et qui n'ont absolument pas envie de s' « occidentaliser » ! Il y a là un enjeu majeur, que l'un des plus grands penseurs du XXème siècle, Claude Lévi-Strauss, avait vu avant tout le monde : comment préserver les particularités culturelles dans un contexte de mondialisation politique, culturelle et économique croissante ? « Les grandes déclarations des droits de l'homme », expliquait Lévi-Strauss, énoncent « un idéal trop souvent oublieux du fait que l'homme ne réalise pas sa nature dans une humanité abstraite, mais dans des cultures traditionnelles ». Les démocraties occidentales n'ont de cesse d'exalter « l'Autre », mais ce n'est en réalité que pour annihiler son altérité et l'envisager comme un parfait semblable, c'est-à-dire un individu émancipé de tous ses déterminismes. L'Occident libéral est devenu incapable de penser et comprendre la différence culturelle. On le voit au Moyen-Orient aujourd'hui : nous ne célébrons l'Iran que parce qu'il s'occidentalise ; tout ce qui relève du traditionnel est perçu comme une barbarie amenée à disparaître. Il y a dans cette approche un mélange d'incompréhension et de mépris.
Soljenitsyne est l'un des fils rouges de votre livre. En quoi est-il représentatif d'une partie de l'âme russe ?
La figure d'Alexandre Soljenitsyne est intéressante à plusieurs égards. D'abord parce qu'il est étonnamment - et injustement - oublié aujourd'hui, alors qu'il est l'une des rares figures intellectuelles du XXème siècle à ne s'être jamais trompé dans ses combats politiques, ce qui est suffisamment rare pour le souligner.
Ensuite parce qu'il a fait, en effet, l'objet d'un grand malentendu en Occident. Ses œuvres « Une journée d'Ivan Denissovitch » (1962), « Le Premier cercle » (1968) et surtout « L'Archipel du Goulag » (1973), révélant au monde entier les atrocités commises par les soviétiques dans les camps, ont fait de lui la principale figure de l'opposition intellectuelle et politique au régime soviétique. Accusé de trahison dans son propre pays, il est parti en exil en Suisse puis aux Etats-Unis. Mais voilà, et c'est le cœur du malentendu dont je parle dans mon livre : Soljenitsyne ne s'opposait pas au régime soviétique au nom des droits de l'homme ou au nom du « monde libre ». Il n'avait pas choisi le camp occidental contre le camp soviétique. Il s'opposait à l'URSS parce qu'il s'agissait pour lui d'un régime corrompu, matérialiste, violent, niant la dimension spirituelle propre à chaque homme. Il s'y opposait au nom de sa foi orthodoxe et au nom de la grande histoire nationale russe.
Et c'est justement ce même attachement aux racines et à la dimension spirituelle de l'existence qui l'amena à s'opposer violemment au modèle libéral occidental à plusieurs occasions, notamment dans un célèbre discours devant les étudiants de Harvard en 1978 où il dénonça la dérive matérialiste de l'Occident, les ravages de son modèle capitaliste et surtout son obsession pour les droits individuels au détriment des valeurs traditionnelles comme l'honneur, la noblesse ou encore le sens du sacrifice. Soljenitsyne croyait à la possibilité d'une troisième voie entre le libéralisme occidental et les totalitarismes soviétiques ou fascistes, une troisième voie fondée sur l'enracinement et l'auto-restriction des hommes comme des nations. Il me semble qu'aujourd'hui, peut-être plus que jamais, ce message mérite d'être entendu.
Je note dans mon livre la réaction de Jean Daniel qui voyait dans L'Archipel « un panslavisme illuminé, des idées étranges sur le Moyen-âge et sur la Sainte Russie » ou encore de Bernard-Henri Lévy qui accusa au début des années 90 Soljenitsyne de défendre des idées « obscurantistes », « populistes », de peindre « une Russie rustique et primitive ». Ces réactions sont absolument passionnantes car elles révèlent selon moi une opposition fondamentale entre deux mondes qui sont aux antipodes l'un de l'autre. Les pays occidentaux n'ont pas compris Soljenitsyne tout simplement parce qu'ils ne parlent pas le même langage : les premiers tiennent le langage de la liberté individuelle, le second celui de la tradition et de la mystique communautaire. Il me semble que cet affrontement renaît aujourd'hui à la faveur des conflits qui opposent la Russie de Vladimir Poutine et les pays occidentaux. Et je trouve dans le discours de Poutine beaucoup de rémanences du discours de Soljenitsyne. C'est pourquoi j'ai voulu faire de ce dernier le fil rouge de mon livre.
La « révolution conservatrice » engagée par Poutine est-elle populaire en Russie ? Et ailleurs ?
S'agissant de la Russie, personne ne conteste aujourd'hui que Poutine est soutenu par une immense majorité de la population. Emmanuel Carrère avait émis l'hypothèse, dans un de ses romans, que le succès de Poutine était dû au sentiment des Russes d'avoir été humiliés à la chute du régime soviétique. Et qu'en somme, on n'avait pas le droit de leur dire que toutes ces décennies passées sous le joug communiste, « c'était de la merde ». L'échec de l'expérience « libérale » avec Boris Eltsine est aussi un atout pour Poutine. Mais c'est oublier un peu vite l'attachement encore prégnant des Russes pour les valeurs traditionnelles, pour l'âme de leur pays. Hélène Carrère d'Encausse expliquait que « l'idée que les choses puissent être relatives heurte profondément les Russes ». Poutine est très certainement en adéquation avec l'état d'esprit d'une grande partie de l'opinion publique russe.
Mais ce qui m'intéressait surtout dans mon livre, c'était de montrer que Poutine est devenu en quelque sorte le porte-voix de la cause conservatrice dans le monde, et notamment en Europe. Sa popularité auprès de beaucoup de partis conservateurs européens est le signe que Poutine a compris ce qui se jouait en Europe. Son génie est d'avoir permis la rencontre, au bon moment, entre ses idées et celles d'une partie de l'opinion européenne, de plus en plus hostile à la mondialisation et au multiculturalisme, de plus en plus attachée à ses racines et aux « protections naturelles » que sont les frontières nationales. De Viktor Orban en Hongrie à Marine Le Pen en France, en passant par Nigel Farage en Grande-Bretagne, ils sont tous animés d'une sympathie naturelle envers Poutine. Clairement, le « poutinisme » correspond à un certain esprit du temps, à une résistance de plus en forte des peuples vis-à-vis de la mondialisation.
Vous écrivez que le sens du sacré est une clef de compréhension indispensable pour comprendre la Russie actuelle - qui avait bu le communisme comme le buvard absorbe l'encre, avait rappelé Philippe Séguin dans son discours du 5 mai 1992. Y a-t-il une opposition entre le « messianisme russe » et le « rationalisme libéral européen » ?
J'essaie de comprendre la cassure idéologique fondamentale entre la Russie de Poutine et l'Occident, et il me semble que la question religieuse est un élément déterminant de cette incompréhension, du moins s'agissant de l'Europe. On le sait, Poutine dans ses discours lie très étroitement le destin de la nation russe avec celui de l'Eglise orthodoxe, et s'en prend à « l'approche vulgaire et primitive de la laïcité ». C'est une des armes essentielles de son combat idéologique, sans compter que cela lui permet d'asseoir son autorité dans son propre pays, où l'Eglise est depuis longtemps le constituant de la morale collective, comme l'a rappelé Hélène Carrère d'Encausse.
Pour illustrer l'opposition entre la Russie et l'Europe sur ce terrain, j'évoque un exemple qui me semble particulièrement parlant, celui des Pussy Riot et des Femen. Quand en février 2012 les Pussy Riot, groupe de rock ultra-féministe russe, débarquent dans la cathédrale de Moscou en hurlant « Marie mère de Dieu, chasse Poutine ! », elles font l'objet d'une réprobation quasi-unanime, et sont condamnées quelques mois plus tard à deux ans de détention, provoquant d'ailleurs des réactions indignées de la part des dirigeants européens. Un an après cet épisode, en France quand des membres du groupe féministe Femen s'introduisent à Notre-Dame et vandalisent une cloche, l'expression « pope no more » inscrite sur le torse, elles sont toutes relaxées.
En France, nous faisons du droit au blasphème un droit fondamental, un des piliers de la fameuse liberté d'expression, elle-même pilier des sacro-saintes libertés individuelles. On ne compte plus les défenseurs du blasphème sur le terrain médiatique. Il faut profaner, désacraliser absolument tout. Dieu est devenu une question dépassée, on le relègue à la sphère individuelle. On érige la profanation du sacré en droit fondamental sans même se poser la question de ce que peut bien nous apporter ce droit. En quoi moquer de manière vulgaire Jésus ou Mahomet est-il un progrès, une liberté nécessaire ? A force de libéralisme et d'individualisme, nous autres européens perdons de vue la dimension spirituelle de la vie humaine pour n'en retenir que la dimension proprement matérielle. Le phénomène djihadiste est venu nous rappeler que la question religieuse est encore loin, très loin d'être une question résolue.
La souveraineté nationale est-elle davantage défendue par la Russie que par les Etats-Unis ou les pays européens ?
La défense de la souveraineté nationale est en effet un aspect essentiel de la doctrine poutinienne. Voici ce qu'il disait en 2014 : « La notion de souveraineté nationale est devenue une valeur relative pour la plupart des pays » ; « les soi-disant vainqueurs de la Guerre froide avaient décidé de remodeler le monde afin de satisfaire leurs propres besoins et intérêts ». Et d'asséner cette attaque directe : « Si pour certains pays européens la fierté nationale est une notion oubliée et la souveraineté un luxe inabordable, pour la Russie la souveraineté nationale réelle est une condition sine qua non de son existence ». En ligne de mire : l'alignement quasi-systématique de l'Union européenne sur les positions américaines, comme récemment sur le dossier ukrainien. Poutine s'en prend également aux ingérences américaines et européennes au Moyen-Orient, qui ont conduit pour Poutine à une aggravation des conflits et à la propagation du chaos.
Le discours américain est très différent. Barack Obama n'a de cesse de répéter que l'Amérique a un rôle à jouer dans la défense des libertés : « Nous soutiendrons la démocratie de l'Asie à l'Afrique, des Amériques au Moyen-Orient, parce que nos intérêts et notre conscience nous forcent à agir au nom de ceux qui aspirent à la liberté ». Il s'agit ici d'une conception fondamentalement universaliste des relations internationales, semblable à celle que défendaient les néo-conservateurs sous George W. Bush. La question de la souveraineté n'est jamais abordée par Obama.
La Russie et les Etats-Unis défendent des conceptions géopolitiques qui servent leurs intérêts, écrivez-vous, souverainisme et multilatéralisme pour la première, universalisme pour les seconds. Quelle est la conception adoptée par les pays d'Europe ?
Les pays européens sont dans l'alignement quasi-permanent avec les positions américaines. On l'a vu sur les dossiers syriens et ukrainiens. Cela pose quand même un problème car peut-on dire que les intérêts américains et européens sont parfaitement alignés ? Je n'en suis pas certain. Est-ce dans l'intérêt de l'Europe de se brouiller avec son voisin russe ou avec l'Iran ? N'y aurait-il pas un intérêt à jouer une carte intermédiaire, qui ne soit ni celle des Etats-Unis ni celle de la Russie ? Je laisse le soin aux géopolitologues de répondre à cette question.
Comment la Russie de Poutine considère-t-elle l'exceptionnalisme américain ?
Une des thèses de mon livre est de dire que les modèles américains et russes sont moins éloignés qu'on veut bien le croire, au moins du point de vue idéologique et culturel. Les deux pays partagent un même sentiment national très affirmé, avec un rôle politique du religieux encore très fort. Des deux côtés, les communautés nationales s'appuient sur des mythes fondateurs très puissants. Et en effet, les deux pays se fondent sur une certaine idée de l'exceptionnalisme, c'est à dire qu'ils ont la conviction qu'ils jouent un rôle qui dépasse le cadre purement national.
Mais paradoxalement, Poutine a ouvertement attaqué l'exceptionnalisme américain, notamment dans une tribune publiée dans le New York Times en 2013. Voici en substance le propos de Poutine, qui réagissait à un discours d'Obama qui exaltait le rôle exceptionnel de l'Amérique dans le monde : il est très dangereux de se croire exceptionnel car cela va à l'encontre de la nécessaire diversité et égalité entre les nations. « Nous ne devons pas oublier que Dieu nous a créés égaux » rappelait Poutine en conclusion, dans un pied-de-nez adressé à Obama qui lui aussi avait, dans son discours, fait référence à Dieu pour justifier la défense des libertés dans le monde. Pour Poutine, l'exceptionnalisme américain n'est que le prétexte d'une domination morale imposée au monde, là où lui défend, nous l'avons dit, les souverainetés et les particularités nationales.
On pourra évidemment, non sans raison, considérer qu'il y a une contradiction entre ce discours et l'attitude de la Russie en Crimée, peu respectueuse de la souveraineté ukrainienne (sans nier les liens historiques profonds qui unissent l'Ukraine, notamment sa partie est, avec la Russie)…
Pourquoi les partisans de Vladimir Poutine en France sont-ils régulièrement brocardés comme étant des « extrémistes » ?
Vladimir Poutine reste, dans l'opinion publique française, un personnage autoritaire, brutal. Les morts suspectes d'opposants viennent aussi ternir considérablement son image.
Mais il ne faut pas oublier que Vladimir Poutine séduit bien au-delà du cercle des « radicaux ». Il y a en effet des politiques peu subtils qui font l'erreur inverse des atlantistes, c'est-à-dire qui se rangent constamment derrière la Russie quel que soit le sujet. Il y a aussi le Front national, financé par des investisseurs privés russes, qui voit dans Poutine une sorte de fantasme de ce qu'ils souhaitent pour la France. Il y aussi des gens comme Jean-Luc Mélenchon, dont l'amitié pour Poutine tient plus de l'anti-américanisme qu'autre chose (car quoi de commun entre le conservateur Poutine et le progressiste Mélenchon ?). Mais dans l'entre-deux, il y a des gens beaucoup plus raisonnables et de tous bords, comme Hubert Védrine, Dominique de Villepin, Henri Guaino ou François Fillon, qui défendent une relation plus apaisée avec la Russie et une plus grande indépendance de la France et de l'Europe vis-à-vis des puissances étrangères, notamment des Etats-Unis. Nul extrémisme dans ce positionnement-là.
Y a-t-il une différence de nature entre la stature de Vladimir Poutine et celle des dirigeants européens ? La notion de « chef d'Etat» est-elle mieux incarnée par le premier que par les seconds ?
« Il incarne ! », se moquait Louis-Ferdinand Céline du maréchal Pétain dans D'un château l'autre ... Méfions-nous de ceux qui veulent « incarner », donc. Mais il est certain que le succès de Poutine doit beaucoup au fait qu'il représente une sorte d'animal politique disparu en Europe. Les démocraties libérales ont cette tendance naturelle, parce qu'elles se construisent - et c'est leur grande faiblesse - sur des fondements essentiellement juridiques, de faire émerger des dirigeants purement technocrates, très compétents mais incapables de prendre en compte la dimension symbolique, quasi-métaphysique, qu'impose l'exercice du pouvoir.
Un récent sondage montrait que 40% des Français étaient favorables à un gouvernement autoritaire. C'est une tendance de fond dans les sociétés démocratiques, où réside une sorte de nostalgie des grands hommes. Poutine représente aussi cette nostalgie-là. De Gaulle avait fondé une grande partie de sa légitimité sur le mythe qu'il s'était construit autour de sa personne : le grand stratège militaire, la résistance, la libération de Paris, le monarque républicain… Quels mythes fondent la légitimité de François Hollande, d'Angela Merkel, de Matteo Renzi ? Aucun.
J'aimerais conclure sur un exemple récent qui me semble tout à fait caractéristique de ce dont nous parlons ici. Il y a quelques semaines, la Russie a organisé, au sein de l'amphithéâtre de la ville de Palmyre libérée de l'Etat islamique, un concert symphonique où furent joués Prokoviev et Bach (un compositeur russe et un compositeur européen, ce n'est pas anodin). Quelques semaines plus tard, la France décidait d'organiser, à l'occasion de la commémoration du centenaire de la bataille de Verdun, un concert de rap, avant que la polémique n'oblige le maire de Verdun à annuler cette absurdité. D'un côté on a fait entendre ce que la civilisation a produit de plus noble et de plus élevé, de l'autre ce qu'elle produit de plus médiocre. La force de Poutine, c'est aussi cela : comprendre que la politique est aussi une affaire de symboles, de grandeur et d'élévation. Nous Européens avons oublié cela depuis longtemps. Céline, encore lui, avait prévenu : « Nous crevons d'être sans légende, sans mystère, sans grandeur ». •
Né en 1986, Mathieu Slama intervient de façon régulière dans les médias, notamment dans le FigaroVox sur les questions de politique internationale. Un des premiers en France à avoir décrypté la propagande de l'Etat islamique, il a publié plusieurs articles sur la stratégie de Poutine vis-à-vis de l'Europe et de l'Occident. Son premier livre, La guerre des mondes, réflexion sur la croisade de Poutine contre l'Ocident vient de sortir aux éditions de Fallois.
A propos des journées de Béziers du week-end qui vient, organisées à l'initiative de Robert Ménard, vous pourrez lire plus loin un éditorial de François Marcilhac - paru dans Action Française 2000 - et écouter Alain de Benoist [vidéo] qui évoquent l'un et l'autre ces rencontres toutes proches. Tous deux y participeront et disent pourquoi.
Lafautearousseau y sera représenté et l'on y retrouvera bon nombre de participants d'Action française - militants ou cadres.
A vrai dire - Robert Ménard ne nous reprochera pas cette liberté de pensée et d'expression - nous partageons la réserve d'Alain de Benoist sur la capacité des politiques à se rassembler et à s'unir. Les divergences dans l'ordre des idées mais aussi des stratégies et des intérêts, le choc des ambitions personnelles et partisanes, y compris â l'intérieur de chaque mouvement, n'ont que trop tendance à les opposer. Trop, sans-doute, pour qu'en définitive ils les surmontent. Telle est, en effet, la logique du système des partis et des luttes électorales, quels que puissent être le patriotisme et la bonne volonté des personnes en tant que telles.
On nous objectera que nous vivons sous ce système, qu'il convient, dans l'urgence, de s'en accommoder et d'y prendre part. Nous persistons à penser que sans en sortir, rien d'essentiel et de durable ne sera accompli pour la France. Et nous sommes même assez convaincus que face aux défis inédits qui s'annoncent et semblent devoir être de grande ampleur, le régime actuel s'avérera trop faible pour durer et ne pourra survivre aux épreuves que la France aura à affronter. Il ne s'agira plus simplement de changer de majorité mais de régime.
Reste le débat d'idées, la définition, s'il se peut, d'une sorte de programme de salut national, entre personnalités et intellectuels divers, marqués par de légitimes différences, mais aussi par un souci patriotique et civilisationnel commun. Là réside, nous semble-t-il, l'intérêt véritable de ces journées de Béziers, dont le mérite, en tout cas, reviendra à Robert Ménard. C'est aussi ce que souligne Alain de Benoist dans l'entretien qu'il a donné à Boulevard Voltaire.
Ainsi commencera peut-être à être forgée la base non d'une éphémère alternance - qu'il n'est bien-sûr pas inutile de tenter - mais d'une véritable alternative politique pour temps de crise. Entre patriotes français de droite et de gauche. Ou - comme nous - d'ailleurs ... Lafautearousseau•
Alors que la décence semblait l’avoir emporté, voici que M. Ça-Va-Mieux a décidé, ce mardi 17 mai, sur Europe 1, de relancer la polémique. Oui, si le maire de Verdun le décide, l’Etat aidera en termes de sécurité comme financièrement, à la tenue du concert de Black M le 29 mai à la fin des commémorations du centenaire, car il est important, aux yeux de Hollande, d’assurer à la jeunesse ce « moment festif » (sic) !
« Que fête-t-on à Verdun, Monsieur le Président ? Ses 306.000 tués ? Ses 406.000 blessés ? Que fête-t-on, Monsieur le Président ? Ses 700.000 vies brisées ? », avait pourtant demandé non sans raison, dans Le Figaro du 12 mai, Erwan Le Morhedec, qui tient le blog Koztoujours. « Je les invite à venir me voir, qu’ils aiment ou pas ma musique, on va s’amuser », avait déclaré quelques jours plus tôt le rappeur à L’Est Républicain, à propos de ce « rendez-vous populaire et tourné vers la jeunesse », voulu par l’Elysée. « On va s’amuser »... D’ailleurs, comment n’aurait-il pas le soutien présidentiel, puisque ce descendant de tirailleur sénégalais ayant combattu lors de la Deuxième guerre mondiale est, de fait, un rappeur raciste... antifrançais ? Ou comment l’instrumentalisation, pour le coup nauséabonde, de la mémoire d’un combattant africain vise à renforcer ce racialisme d’Etat qu’instaure le Gouvernement avec une rare détermination depuis quelques mois, à coup de campagnes « antiracistes » ou « antidiscriminatoires », en vue d’opposer les Français de souche ou les immigrés assimilés à un électorat de substitution, sur lequel compte Hollande pour se faire réélire. Ce n’est pas pour rien que Valls avait parlé d’apartheid à la suite des attentats islamistes de janvier 2015. Le message était lancé.
Certes, que ce soit une gauche dépourvue de tout sentiment national qui ait l’honneur d’assurer les commémorations de la guerre 14-18 ...du moins jusqu’en 2017, est une malchance pour le pays. Et on s’attend, pour le centenaire de Verdun, à une commémoration bien révisionniste. Mais qu’elle ait songé et songe toujours à transformer un moment de gravité sacrée en performance festive, comme pour donner raison, par-delà sa mort, à Philippe Muray, sur le nihilisme d’élites destructurées ayant remplacé dans leur esprit le citoyen par l’homo festivus, de plus ethniquement « divers » — la seule chose importante pour sa lecture racialiste de la société —, montre le fossé abyssal qui sépare désormais le pays légal du pays réel. Philippe Muray revu et corrigé par Renaud Camus : où quand la réalité dépasse la fiction.
La fachôsphère — entendez les patriotes —, aurait gagné — provisoirement ? —, grâce aux réseaux sociaux, cette nouvelle bataille de Verdun. Rama Yade est allée jusqu’à désigner l’Action française, prouvant son inculture nationale en nous accusant de nous opposer à l’union nationale alors que l’Action française n’a pas manqué un seul jour, durant quatre ans, à l’Union sacrée. C’est Sébastien Lacroix, dans son éditorial du 15 mai de L’Union-L’Ardennais, qui trouve les mots les plus justes : « Que les beaux esprits de la gauche ou d’ailleurs, sans aucune pudeur, mettent sur le compte de la xénophobie du peuple ce qui relève basiquement du respect des morts et de la dignité, est une perversion de la pensée qui laisse pantois. » « Les beaux esprits de la gauche ou d’ailleurs » : la droite parlementaire a en effet délégué Benoist Apparu pour regretter publiquement cette annulation, que nous espérons définitive, et dénoncé, elle aussi, cette capitulation devant l’ « extrême droite », ce qui en dit long sur ce qu’il reste de patriotisme en son sein et surtout sur son aliénation à l’hégémonie morale de la gauche.
Oui, plus que la guerre intestine du parti socialiste ou les querelles d’ego à droite pour rafler la mise aux primaires, cette faute morale commise par le pays légal est le signe d’une crise majeure d’élites ayant perdu tout lien avec l’histoire de leur pays, toute compréhension de la symbolique nationale, tout respect dû aux « morts pour la France », et ce quelles que soient leurs origines mais sans instrumentalisation antiraciste, tout contact, enfin, avec un peuple français déjà mort, à leurs yeux. Pour eux, il n’existe plus que l’Europe, espace ouvert à une mondialisation inscrite dans le sens de l’histoire et qui sera heureuse — le mondialisme est un nouveau millénarisme — quand l’individu aura enfin été réduit au consumérisme, que les raz-de-marée migratoires auront imposé le multiculturalisme et qu’un cosmopolitisme fantasmé nous fera vivre au sein d’un patchwork de communautés rendues d’autant plus agressives les unes envers les autres que chacune aura le sentiment, d’ailleurs exact, d’être menacée par les autres. Quand la figure du « migrant festif », esclave du XXIe siècle soumis à la loi de fer de la finance mondialisée, aura remplacé celle du citoyen.
Aujourd’hui, « commémorer Verdun », c’est en évacuer la dimension tragique. S’il faut clore les commémorations par un concert rap, où « on va s’amuser », c’est qu’il faut empêcher les jeunes Français de connaître et comprendre le sacrifice de leurs aînés morts non pas pour des idées creuses, mais pour leur pays, comme désormais, à l’école, au collège, au lycée, on empêche ces mêmes jeunes d’apprendre leur histoire, la richesse de leur culture, la profondeur de leur langue, l’antiquité de leur héritage. Loin de nous le désir d’opposer au pacifisme bêlant, fauteur de guerre, un bellicisme cocardier que l’Action française a toujours eu en horreur. Son nationalisme est tourné vers la vie, celle de la jeunesse française avant tout, que la république en moins de vingt-cinq ans a envoyée deux fois à l’abattoir. Mais quelle cécité criminelle que ce négationnisme festif, qui vise à effacer la mémoire du combattant mort pour une réalité charnelle, sa patrie, au moment où la dimension tragique de l’histoire nous revient en pleine figure, où l’individu consumériste et jouisseur, dépourvu d’âme et bientôt d’esprit critique, auquel on veut mensongèrement réduire le citoyen, est brutalement ramené au principe d’une réalité sanglante, où bientôt, peut-être, il ne suffira plus de s’asseoir à la terrasse d’un café pour avoir le sentiment de « résister » — les niais ! —, tout en recouvrant la haine, avant tout de soi, des oripeaux de la charité et de l’altruisme pour mieux anéantir ce que nos pères ont mis tant de générations à construire, au prix de leur sueur et de leur sang.
Une gauche et une droite également mondialistes, c’est-à-dire apatrides, se partagent aujourd’hui le pouvoir. Elles sont d’accord sur l’essentiel. Leur opposition ne porte que sur les moyens en fonction de ce qu’elles croient être encore leurs clientèles électorales. Sur la fin, la disparition de la France dans une Europe mondialisée soumise à l’ordre américain, elles sont foncièrement d’accord. Si j’ai répondu présent à l’invitation de Robert Ménard, pour les rendez-vous de Béziers, c’est aussi parce qu’il est aujourd’hui devenu impossible, si on appartient à l’autre camp, c’est-à-dire au camp national, de cultiver esthétiquement ses différences, de faire dans la surenchère égotiste, de chercher dans l’autre ce qui distingue et non ce qui rassemble. Tous ceux qui, aujourd’hui, chez les patriotes, cultivent la division porteront une lourde responsabilité non pas tant devant l’Histoire, qui n’a jamais jugé personne, que devant leurs concitoyens et, demain, leurs enfants et les enfants de leurs enfants, ce qui est bien autre chose. •
Elu avec 50,3% des suffrages face au candidat du FPÖ, l'écologiste Alexander Van der Bellen sera donc le prochain président d'Autriche. Pour Jean Sévillia [Figarovox, 23.05], le cas autrichien est représentatif des bouleversements qui modifient l'équilibre européen. Le même modèle social-libéral et européiste des partis qui exercent le pouvoir depuis quarante ans s'y trouve fortement remis en cause. Signe des temps pour l'Europe ? LFAR
L'écologiste Alexander Van der Bellen sera donc le prochain président de la République d'Autriche. Jusqu'au premier tour du scrutin, le 24 avril dernier, pas une personne sur 100 000, en Europe, ne connaissait le nom du président sortant dont le mandat s'achève (il s'agit du socialiste Heinz Fischer). A écouter le discours tenu ces jours derniers par des experts dont on se demande s'ils ont mis un jour les pieds dans ce pays, discours relayé par des médias qui dévident en boucle de la pensée automatique, le successeur du président Fischer devait être le sauveur ou à l'inverse le fossoyeur de la démocratie autrichienne.
Est-ce trop demander de s'informer et de réfléchir ? Le premier choc, authentique, a été l'élimination au premier tour des candidats de l'ÖVP et du SPÖ, le parti conservateur et le parti socialiste qui se partagent le pouvoir depuis 1945 et qui l'ont même exercé ensemble, à travers des gouvernements de coalition, pendant presque quarante ans. Une domination confortée par le système de la Proporz et de la Sozialpartnerschaft qui a permis à ces deux partis, pendant soixante-dix ans, de se répartir tous les postes de la vie publique. Or ce système-là, contesté à gauche par les écologistes et à droite par le FPÖ, les Autrichiens n'en veulent plus. D'autant qu'avec le temps, le SPÖ ayant répudié le marxisme de ses fondateurs et l'ÖVP ayant renoncé à toute référence chrétienne, les deux partis ont fini par communier dans un même modèle social-libéral et européiste. Un consensus qui a atteint ses limites dès lors que, depuis quinze-vingt ans, les marges de la vie politique autrichienne, à chaque scrutin, gagnaient du terrain - sauf à Vienne, grâce au clientélisme très rodé de la mairie socialiste. Le résultat de la présidentielle 2016, avec un écologiste et un représentant du FPÖ au second tour, s'inscrivait par conséquent dans une logique à l'œuvre depuis longtemps.
Les écologistes autrichiens ressemblent à leurs homologues européens: l'étiquette recouvre toutes les tendances, depuis des idéologues de la gauche extrême (verts à l'extérieur, rouges à l'intérieur) jusqu'aux défenseurs sincères de l'environnement. Avec cette nuance - qui n'est pas mineure - que la vie politique autrichienne est plus apaisée, plus dépassionnée, pour des raisons historiques, mais aussi parce que dans un petit pays (8,6 millions d'habitants), tout le monde se connaît plus ou moins personnellement. Alexander Van der Bellen, policé professeur d'université, ne fera pas la révolution à Vienne, mais entre à la Hofburg, en sa personne, un homme possédant un fort ancrage à gauche.
Si les origines historiques du FPÖ se situent indubitablement à la droite extrême, les analogies doivent être maniées avec prudence dans un pays qui possède une des législations antinazie et antinégationniste les plus rigoureuses d'Europe, législation non contestée par le FPÖ. Le concept de nation autrichienne, apanage de la droite conservatrice jusque dans les années 1940 (pendant la guerre encore, les socialistes autrichiens en exil se seraient bien vus citoyens d'une Allemagne socialiste) a fini par être intégré par l'ensemble de la société autrichienne, électeurs du FPÖ compris. Norbert Hofer a fait campagne sur le patriotisme autrichien, sentiment qu'il ancre sur l'euroscepticisme et sur l'inquiétude de ses compatriotes face aux flux migratoires qui traversent l'Europe et que la politique d'Angela Merkel a accélérés. Le FPÖ a gouverné l'Autriche au niveau fédéral avec les conservateurs de l'ÖVP entre 2000 et 2006 : l'Europe, qui avait pris des sanctions, devait les lever au bout de quelques mois, quand il fallut bien s'apercevoir que l'Autriche restait l'Autriche… Dans le Burgenland, région de Norbert Hofer, le candidat FPÖ battu à la présidentielle, les socialistes gouvernent avec les élus du FPÖ. Pour les amateurs d'analogie à tout prix, ce serait donc comme si le PS et le FN gouvernaient ensemble une région française. Inconcevable ? C'est donc que l'analogie est fausse.
Otto de Habsbourg, dont la tête avait été mise à prix par Hitler et dont les fidèles furent envoyés à Dachau après l'Anschluss, dès avril 1938, ne plaisantait pas avec le nazisme. Il y a une quinzaine d'années, je l'avais interrogé sur Jörg Haider. L'héritier de la monarchie autrichienne, qui était resté un observateur aigu de la vie politique de son pays, avait défini celui qui était alors le chef du FPÖ comme « un démagogue populiste ». Pas moins, pas plus. Ce jugement, à mon sens, conserve sa pertinence, même si les responsables actuels du FPÖ ont beaucoup fait pour lisser leur image.
Van der Bellen élu, Christian Kern, le chancelier socialiste investi la semaine dernière, n'est pas menacé à court terme : il gouvernera avec la coalition nouée entre son parti et les conservateurs de l'ÖVP. Mais ce n'est qu'un sursis. Les prochaines élections législatives, dans le pays, sont prévues en 2018. Que se passera-il alors si les deux partis de gouvernement s'effondrent comme ils se sont effondrés à la présidentielle ?
Ceux qui se réjouissent aujourd'hui bruyamment de l'élection à Vienne d'un président écologiste - et qui auront bientôt oublié son nom - feraient mieux d'être attentifs. C'est à 16 000 voix près que s'est jouée l'élection. Norbert Hofer ne sera pas président de la République, mais il a averti ses électeurs : « Cette campagne a été un investissement pour l'avenir ». Ceux qui s'intéressent à ce qui se joue dans les profondeurs du continent feraient bien de continuer à suivre ce qui se passe en Autriche. Ce n'est pas pour rien que ce pays se trouve au centre de l'Europe : il est un réceptacle de tout ce qui s'y passe. •
La contestation multiforme de la loi Travail n'a pas cessé malgré les concessions faites par MM. Valls et Hollande, et les tensions montent, autant autour des raffineries et des stations d'essence que dans les rues, au risque d'affrontements et de violences qui, à l'approche de la coupe européenne de balle-au-pied, font planer le spectre de désordres plus graves encore. Le plus surprenant, pour l'observateur étranger, est que, dans le même temps, l'état d'urgence en vigueur depuis novembre 2015 vient d'être prolongé pour deux mois, alors même que les forces de l'ordre semblent « dépassées » par les émeutes qui dévastent, à chaque grande manifestation, les centres-villes de l'Ouest et de Paris : pourtant, ces mêmes forces de l'ordre sont reconnues, en Europe et à juste titre, comme les meilleures du continent : en somme, ne faut-il pas rechercher ailleurs le problème ? Drôle d'ambiance, en tout cas ! Fin de règne ou de régime ? Crise de l'autorité ou malaise, voire faiblesse de l’État ?
Plusieurs réponses possibles, en fait : tout d'abord, nous sommes entrés dans la dernière année du quinquennat de M. Hollande, déjà reparti en campagne électorale présidentielle et à la recherche, sinon de tous ses électeurs perdus, du moins des électeurs de gauche et européistes qui voudront bien lui faire crédit de quelques réformes plus sociétales que sociales, comme la légalisation du mariage homosexuel, et d'un alignement constant sur la ligne « la plus européenne », ayant renoncé à faire preuve d'originalité française sur de nombreux sujets touchant la politique générale de l'Union européenne (les Grecs en savent quelque chose...). Son partenariat inégal avec la chancelière allemande, qui fait de cette dernière la seule autorité reconnue en Europe (reconnue ne signifie pas bienvenue...), a nettement dégradé l'indépendance de la France et sa possibilité d'être écoutée, voire celle de manœuvrer par elle-même. Or, cela plaît aux élites européistes qui, de tout temps, vantent l'idée d'un fédéralisme continental en ayant aussi intégré l'idée que, pour toute fédération il faut un fédérateur, c'est-à-dire une autorité unique naturellement reconnue et seule « légitime » à entraîner (donc à commander) les autres : souvenons-nous des « briandistes » des années 1940 qui se résolurent, sans être nazis, à rallier l'idée hitlérienne de « l'Europe nouvelle », non par extrémisme (ils ne l'étaient pas, mais bien plutôt modérés, « raisonnables et réalistes » dira l'un d'entre eux dans L'Illustration de l'époque, journal on ne peut plus « convenable » avant-guerre et se proclamant tel en temps de guerre tout en collaborant avec l'Allemand), mais juste par européisme revendiqué et pragmatique...
Ainsi, pour en revenir à la situation présente, c'est plus encore la compétition présidentielle sur fond d'impopularité du président en quête de réélection qu'une simple fin de règne annonciatrice d'un possible (ou illusoire) renouveau politique.
Mais la tension actuelle autour du projet de loi El Khomry révèle surtout la faiblesse d'un régime, de cette Cinquième qui reste une république, lorsque s'approchent les échéances électorales et que s'aiguisent les longs couteaux des ambitieux qui se veulent tous César quand ils ne sont que Brutus ou Créon...
Certains en profitent pour vanter les mérites d'une hypothétique Sixième République qui ne serait rien d'autre, à bien les lire, que le retour aux jeux démocratiques illimités et parlementaires de la Troisième et de la Quatrième, et cela au détriment de l'autorité de la magistrature suprême de l’État, voire de l’État lui-même.
Or, si crise de régime il y a, elle tient dans l'autorité défaillante d'une République qui ne sait plus donner de la légitimité à son « Pays légal » : le processus électoral de la démocratie représentative ne fonde plus qu'une légalité de moins en moins légitime aux yeux des électeurs qui attendent des réponses et des solutions là où les élus, parlementaires ou président, ne leur donnent que des promesses et ne leur imposent que des oukases. Si le recours au 49-3 passe désormais si mal dans l'Opinion publique, c'est qu'il est devenu un mode de gouvernement quand il ne devrait être qu'une exception utilisée avec prudence et fermeté, et non avec brutalité comme c'est le cas aujourd'hui par MM. Valls et Hollande.
Cette République qui se veut autoritaire quand elle n'est qu'arbitraire (et non arbitrale) doit faire face à de multiples mécontentements et mouvements de révoltes, dont certains sont fort motivés quand d'autres ne sont que les soubresauts des anciennes forces jadis promptes à défendre une République qui, finalement, n'en a plus besoin. Mais elle ne peut durer, sa faiblesse menaçant de désarmer complètement notre pays face aux défis du monde contemporain. Il nous faut bien, alors, reposer la question première qui est celle du Politique et de son incarnation institutionnelle, de celle qui est nécessaire au maintien et au déploiement de toutes les possibilités de la France dans le monde, pour aujourd'hui comme pour demain.
Le mot « crise » vient du grec « Krisis » qui signifie la séparation entre un avant et un après : si, désormais, c'est la République qui tient lieu « d'ancien régime », il est temps de rappeler que la Monarchie peut tenir lieu et place de « nouveau régime », non pour sa simple nouveauté mais pour sa capacité à durer, à se renouveler, à s'éterniser dans le sens le plus noble du terme, celui de l'enracinement qui permet à un pays, arbre de familles et de provinces, d'histoires et de visages, d'âmes et d'esprits, de s'élever vers le ciel, florissant et vigoureux... •
La CGT des Bouches-du-Rhône a annoncé mardi « une mobilisation renforcée » et dénoncé « un usage inacceptable de la violence » policière pour débloquer les accès de la raffinerie Esso et du dépôt de carburants de Fos-sur-Mer, occupés depuis la veille par des manifestants.
Et .... le FMI appelle à aller plus loin que la loi El Khomri ... •