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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1352

  • Immigration : « De 2007 à 2016, le nombre d'admis au séjour a augmenté de près d'un tiers »

     

    Une analyse de Michèle Tribalat   - comme toujours pertinente et documentée. 

    Michèle Tribalat revient ici sur le chiffre de 200.000 entrées d'étrangers par an, brandi systématiquement dans le débat public. Derrière cette apparente stabilité se cache une envolée de l'immigration sous le quinquennat Hollande [Figarovox, 18.04].  Croit-on qu'un éventuel quinquennat Macron freinera la tendance ? Alors que la France n'a pas seulement besoin que l'expansion de l'immigration soit ralentie. Elle a besoin qu'elle soit stoppée et que soit organisé un mouvement inverse de retour de l'immigration vers ses terres d'origine.   LFAR  

     

    AVT_Michele-Tribalat_3638.jpgLe chiffre de 200 000 entrées d'étrangers en provenance des pays tiers est devenu une référence dans les discours politiques et parfois aussi dans les discours académiques. On invoque une stabilité de ce chiffre depuis le début des années 2000, l'immigration aurait ainsi tourné, dit-on, autour de 200 000 depuis. L'alternance politique n'y aurait rien changé. Bref, ce chiffre rond a du succès.

    Si l'on prend les statistiques du ministère de l'Intérieur qui produit tous les ans des tableaux sur les admissions au séjour des étrangers en provenance des pays tiers, on ne constate pas cette stabilité invoquée autour de 200 000 entrées par an. Ces statistiques portent sur les premiers titres de séjour délivrés. Force est de constater que le nombre d'entrées jusqu'en 2016 ne peut être qualifié de « stable ».

    De 2007 à 2016, le nombre d'admissions au séjour a augmenté de près d'un tiers. Si l'indicateur conjoncturel de fécondité passait de 2 enfants par femme à 2,64 enfants en neuf ans, parlerait-on de stabilité de la fécondité en France?

    Comme le graphique ci-dessous l'indique, le flux a augmenté fortement jusqu'en 2010 et a été nettement freiné ensuite. Tel est le bilan du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Avec le quinquennat de François Hollande le flux a repris de plus belle. On avait 172 000 entrées en 2007, on en a eu 193 000 en 2012, puis 228 000 en 2016 (chiffre estimé).

    Évolution des admissions au séjour des étrangers en provenance de pays tiers de 2007 à 2016 (base 1=2007) Source: Ministère de l'Intérieur
    Évolution des admissions au séjour des étrangers en provenance de pays tiers de 2007 à 2016 (base 1=2007) Source: Ministère de l'Intérieur

     

    Ceux qui tiennent à se fonder sur ces chiffres pour qualifier l'effet des politiques migratoires des deux quinquennats doivent avoir l'honnêteté minimale de présenter leur évolution réelle au fil de ces deux quinquennats.

    D'ailleurs, si l'on regarde comment a évolué la proportion d'immigrés en France métropolitaine au fil des enquêtes annuelles de recensement, on retrouve un résultat similaire, même si l'année 2016 manque encore. La proportion de population immigrée s'est accrue en moyenne annuelle de 1,15 % de 2007 à 2012, mais de 1,85 % de 2012 à 2015. Elle était de 8,35 % en 2007, de 8,84 en 2012, mais de 9,34 % en 2015.

    Au lieu d'aller répétant les mêmes bêtises à longueur d'antenne (et parfois de livres), revenons aux chiffres provenant de sources on ne peut plus officielles : Ministère de l'Intérieur et Insee. 

    Michèle Tribalat

    Michèle Tribalat a mené des recherches sur les questions de l'immigration en France, entendue au sens large, et aux problèmes liés à l'intégration et à l'assimilation des immigrés et de leurs enfants. Son dernier Statistiques ethniques une querelle bien française est paru aux éditions du Toucan.

  • Voter Macron que soutiennent Hollande, Hamon, Juppé, Artaud, Cohn Bendit, Hue et Madelin ? Merci... non merci !

     

    3578948983.jpgComme à son habitude - cela relève de l'existentiel chez lui ! - Emmanuel Macron fédère tout et n'importe quoi, tout et son contraire.

    Avec lui, ce n'est plus « de la » politique, ce n'est plus « du » politique, c'est du racolage qui tourne au sordide, avec un seul mot d'ordre : quelqu'un est là qui peut nous piquer les places, tous unis contre ce quelqu'un ! Car, que personne ne voie autre chose que ce qu'il y a dans ces ralliements en cascade à cet illusionniste enfumeur qu’est Macron : c'est le Pays légal qui, apeuré - et on se demande bien pourquoi... - prétend faire barrage au Front national, dans le but, nous dit-il, de sauver la France de l'extrémisme, mais qui, en fait, ne veut rien d'autre que poursuivre et pérenniser son confortable et si douillet établissement : lamentable, misérable...

    Notre ennemi, c'est le Système. Encore n'est-il « notre » ennemi que parce qu'il est l'ennemi de la France ; que parce qu'il la déclasse inexorablement et constamment, jour après jour, année après année, décennie après décennie. Nous serions de fiers et acharnés défenseurs de la République si elle avait fait de la France plus et mieux que ce que les rois avaient fait d'elle : la première nation du monde, guidée par un régime menant une authentique politique de civilisation.

    18118611_1168923176551106_1868355620216102634_n.jpgMais qu'ont fait la République idéologique - et sa matrice : la Révolution - du pays le plus avancé de l'Europe et donc, en 1789, du monde ? Un pays qui ne cesse de descendre la pente d'un déclin aussi lent qu'inexorable, marqué par les effroyables moments de la Terreur et du Génocide vendéen et les boucheries napoléoniennes, l'année terrible de 1870, le million et demi de morts de 14-18, le désastre de 1940, pour nous amener au pays en grand danger d'aujourd'hui, miné par ses six millions de chômeurs, ses huit millions et demi de mal logés, ses neuf millions de pauvres, ses presque quinze millions d'immigrés, dont une bonne part sont de réels « ennemis de l'intérieur ». Encore ne fait-on, là, qu'un très rapide bilan, à très grands traits, de l'effacement du pays induit par la funeste instauration de la République en 1875...

    Voilà ce qui justifie notre existence, et fonde notre irréductible originalité ; c'est, non pas d'être l'un des rouages ou l’un des partis de ce Système de décadence et d'effacement national, mais c'est, exclusivement, de mener, continûment, une action politique de réelle opposition au régime en soi-même. Nous n'avons aucune énergie ni aucun temps à perdre, pas de moyens à gaspiller dans les jeux faussés du Pays légal, où des illusions n'amènent que désillusions.

    C'est la raison pour laquelle, nos lecteurs le savent bien, nous ne donnons pas de consignes de vote. Nous n'en avons pas donné cette fois-ci plus que les précédentes, et voilà du reste que, le deuxième tour de la présidentielle n'étant même pas encore passé, celle-ci est déjà dépassée, périmée. Ce qui compte, maintenant - et nombreux sont ceux qui l'ont fait remarquer en pleine campagne - c'est de savoir avec quelle majorité l'élu(e) va gouverner. Or, il apparaît déjà clairement que si, malheureusement, Emmanuel Macron était élu, il aurait sans-doute le plus grand mal à en faire élire une, et pourrait même se trouver dans l'impossibilité de le faire. Ce qui - sauf dissolution - signifierait cinq ans de cohabitation, dont on ne connaît que trop les inconvénients, après cinq ans d’un quinquennat horrible. Vu l'état désastreux dans lequel les deux précédents mandats ont mis le Pays, qui ne voit l'impasse calamiteuse dans laquelle l'élection d'Emmanuel Macron le mènerait ?

    Mais bien plus, c’est sur le fond, sur sa politique affichée, son idéologie proclamée, c’est à raison des puissances dont il dépend, des intérêts qu’il sert, que Macron constitue un danger pour la France d’autant plus que ses chances d’être le prochain président de la République, sont grandes. Nous signalons et explicitons ici ce danger à la fois dans la perspective du deuxième tour de cette présidentielle mais aussi de notre opposition déterminée à Emmanuel Macron au cas où il deviendrait Chef de l’Etat. Est-ce là une de consigne de vote ? C’est bien plus. C’est plutôt une ligne de conduite générale d’opposition au Système Macron – politique, économique, sociétal, idéologique, historique et culturel - qui se trouve ainsi définie et proposée aux royalistes et aux patriotes français. Elle exclut de voter en faveur d’Emmanuel Macron au deuxième tour de la présidentielle, mais au-delà du processus électoral, elle nous définit comme des opposants déterminés à la politique d’Emmanuel Macron, s’il venait à être élu.  

    Les tenants de l'Etablissement ont d'ores et déjà fait savoir qu'aucune voix ne devrait aller à Marine Le Pen. Nous disons, nous, qu’au contraire faire barrage à Emmanuel Macron est dans l’intérêt du pays. 

    Sa candidature a été conçue pour la perpétuation et le fonctionnement réputé  immuable ou impérissable d'un Système que tout le monde voit bien, pourtant, à bout de souffle ; et pour faire croire que son élection sauvera la France.

    Oui, nous refusons bien plus que nos voix à Emmanuel Macron, fils illégitime du mariage contre nature d'une droite, d'un centre et d'une gauche toujours compères lorsqu'il s'agit de confisquer le pouvoir à leur seul profit.

    Les consignes de vote, redisons-le, sont, stricto sensu, en soi, ridicules. Nous rappelons seulement ici ce qui, en la circonstance, nous paraît être l’intérêt national. Nous n’avons pas d’autre rôle : oeuvrer pour le Bien commun, en travaillant inlassablement à la fin d’un Régime ou d’un Système qui déclasse, ruine et efface la France.  

  • Le dangereux programme du candidat Macron ... S’il est appliqué, les classes moyennes seront laminées

    Matériel de campagne d'Emmanuel Macron à Marseille, avril 2017. SIPA.

     

    Par Roland Hureaux 

    Après avoir dit notre opposition à Macron, il faut surtout en formuler les raisons Etudier, analyser, avec méthode, précision et lucidité, ses idées, son programme, ses orientations, c'est ce que fait ici Roland Hureaux [Causeur 24.04]. Que nous ne puissions pas voter pour Emmanuel Macron, dans quinze jours n'est pas, alors, le plus important. Ce qui est important, est que, s'il est élu, nous aurons à combattre sa politique pour la durée d'un quinquennat.  LFAR      

     

    1871659358.jpgL’annonce en fanfare du programme d’Emmanuel Macron avait tout pour impressionner:  500 experts, 3000 ateliers avec, paraît-il, la participation de 30 000 Françaises et Français. Fallait-il tant de monde pour aboutir à un résultat aussi creux ?

    Il suffit d’écouter les Français pour connaitre leurs principales préoccupations, finalement assez simples : chômage et baisse des revenus, immigration, éducation, justice et sécurité, lourdeur de la pression fiscale et donc des dépenses publiques, système social pléthorique et désordonné.

    Le pédagogisme toujours roi

    Sur tous ces sujets majeurs, peu ou pas de propositions sérieuses.  Rien sur la justice, rien sur l’immigration (et comment cela intéresserait-il Macron qui a félicité Merkel d’avoir ouvert largement ses frontières ?), aucune réponse aux attentes des « travailleurs pauvres », immigrés compris, qui ont le sentiment frustrant d’être moins bien traités que les assistés. Rien par ailleurs sur la famille et la politique familiale –  et donc aucune perspective de revenir sur sa destruction par les socialistes.1 Et il n’est guère question de politique étrangère : pour quoi faire ? Macron compte poursuivre la politique d’alignement servile sur l’OTAN qui a valu à Hollande le mépris universel. Est seulement proposé un « quartier général européen »: pour faire la guerre à qui ?

    Sur la sécurité, les rares propositions sont d’une pauvreté affligeante : retour à la police de proximité (dite « police de sécurité quotidienne »), « ne plus tolérer les incivilités », plus vite dit que fait. « Toute peine prononcée sera exécutée », mais encore faut-il que ces peines soient prononcées, ce qui n’est pas évident aujourd’hui vu les dérives de la justice, dont Macron ne s’émeut pas.

    Sur l’éducation, à quoi sert de proclamer que l’on donnera « la priorité à l’école primaire » si on n’en change pas les méthodes, ce dont il n’est nullement question ? Ou de donner plus d’autonomie à des chefs d’établissement habitués à ne pas faire de vagues ? Ne sont remis en cause ni les méthodes pédagogiques aberrantes, ni le tronc commun, ni la réforme désastreuse du collège par Najat Vallaud-Belkacem, ni celle des rythmes scolaires, réformes que même Jean-Luc Mélenchon veut abroger.

    Pas question non plus de « la France périphérique », provinciale et rurale, qui souffre et dépérit : on peut imaginer que le quart des départements qu’il projette de supprimer sont de cette France-là.

    L’affaiblissement de l’Etat

    Les Français croulent sous les impôts : le programme prévoit de supprimer la taxe d’habitation, la seule que tous, Français et étrangers, payent. Il prévoit aussi la baisse de l’impôt sur les sociétés de 33 % à 20 % et, comme Fillon, l’abrogation de l’ISF. Quoique cela ne soit pas dit, Macron envisage de compenser ces baisses par un super-impôt foncier. Moins d’impôts pour le haut et le bas de l’échelle, encore plus pour les classes moyennes, soit les 58 % de Français ayant un bien foncier, qui seront un peu plus laminés.

    Sur les 96 propositions, 27 annoncent une augmentation des dépenses, presque aucune ne tend à les réduire; il est seulement question de « lutter davantage contre la fraude fiscale ou sociale », ce qui laisse supposer que le ministre Macron ne le faisait pas assez. Propositions dépensières : augmenter le minimum  vieillesse de 100 € par mois, augmentation de  l’allocation adulte handicapé de 100 €  aussi, extension du  bénéfice de l’assurance chômage à ceux qui démissionnent, remboursement à 100 % des lunettes et des prothèses dentaires,  plan de 5 milliards pour la santé, de 5 milliards pour l’agriculture,   grand plan d’investissement de 50 milliards, 2% du PIB pour la défense nationale (précisément l’objectif fixé par l’OTAN), soit au moins 20 milliards de plus. Ajoutons : « Nous augmenterons les salaires de tous les travailleurs, des ouvriers, des employés » d’un 13ème mois. Le Fonds pour l’industrie et l’innovation, prévu en sus, sera financé par la vente des participations  de l’Etat dans les industries stratégiques, ce qui va encore affaiblir sa capacité de manœuvre. De politique industrielle, il est à peine question chez celui qui a autorisé la cession d’Alstom à General Electric.

    Comme Marine Le Pen et à la différence de François Fillon, Emmanuel Macron maintient la retraite à 60 ans, sans même exiger, comme elle, 40 ans de cotisation.

     

    L’Europe, l’Europe…

    Macron a beau promettre de « construire une Europe qui développe nos emplois et nos économies », qui « protège nos industries stratégiques », on sait bien qu’elle a fait le contraire jusqu’ici. Il ne servira donc à rien de réunir « des conventions citoyennes pour redonner un sens au projet européen » (toujours le peuple ignare à qui on a mal expliqué les choses !) si le logiciel de l’Europe de Bruxelles n’est pas revu en profondeur.

    François Fillon est pour le maintien de l’euro mais il intègre à son programme les disciplines que cela implique (abrogation des 35 heures, retraite à 65 ans, réduction de la fonction publique). Emmanuel Macron est pour l’euro mais sans les disciplines qu’implique son maintien. Marine Le Pen les refuse aussi mais se propose de mettre fin à l’euro. François Fillon et Marine Le Pen, chacun à leur manière, sont cohérents. Emmanuel Macron, lui, ne l’est pas. Si son programme était appliqué, il ne lui resterait qu’à faire comme François Hollande : attendre le retour de la croissance pendant cinq ans en regardant d’un air désolé grimper chômage et déficits, ce qu’il faisait comme principal conseiller économique de l’actuel président.

    Autres contradictions sur l’Europe : il propose que les agriculteurs « soient payés au prix juste » et ne vivent plus de subventions, alors même que c’est Bruxelles qui a imposé en 1992 la réforme de la PAC laquelle a remplacé la rémunération par les prix par une rémunération par les primes. Comment d’ailleurs concilier ces intentions avec la volonté d’étendre le libre-échange à travers l’accord économique et commercial global (CETA), traité euro-canadien qu’il est le seul candidat à soutenir et qui fera encore baisser les prix ?

    Hollande en pire

    Loin de laisser espérer plus de liberté, le programme d’Emmanuel Macron annonce en outre, entre les lignes, le resserrement de toutes les contraintes bureaucratiques et idéologiques liées à la pense dominante: environnement (50 % de produits bios dans les cantines ou mise à la casse des vieilles voitures), parité à tous les étages, non-discrimination à tout va : « Nous ferons de la lutte contre la discrimination une priorité nationale » ; et même discrimination positive sous la forme d’ « emplois francs » pour les ressortissants de certaines banlieues. Le nom des entreprises ne respectant pas la parité homme/femmes sera rendu publique.  Evaluation systématique des services publics dont on sait le  caractère arbitraire des critères. En perspective, une société orwellienne où la pression du politiquement correct se fera encore plus étouffante. Bonjour le candidat jeune et libéral !

    Tout cela est assorti, ficelle un peu grosse, de quelques propositions ponctuelles clinquantes: interdiction de téléphones portables à l’école primaire et au collège (et au lycée ?), ouverture des bibliothèques le soir et les week-ends, un pass culturel (ce que font déjà beaucoup de maires), remboursement des lunettes et des prothèses dentaires à 100%. L’enseignement du fait religieux à l’école, vieille lune là aussi, fait craindre des abus.

    Rares propositions positives : le rétablissement de classes bilingues, promis aussi par François Fillon, et la limitation des sessions parlementaires.

    En résumé, ce programme, souvent flou et toujours démagogique laisse apparaître le prolongement et même l’aggravation des tendances majeures du quinquennat Hollande : immigration non contrôlée, déclin du système éducatif, explosion de la délinquance, sacrifice des familles et dénatalité, alourdissement des dépenses publiques et de la fiscalité, persistance d’un volant de chômage, système social injuste, police de la pensée. C’est ce qui explique sa pauvreté, mal masquée par le « bling bling » : la société du spectacle, chère à Guy Debord, est plus que jamais « en marche ».

    La philosophie générale de son programme est claire : davantage d’Europe et d’ouverture des frontières (aux hommes, aux marchandises, à la finance), pour une société mondialisée où la France, coupable de crimes contre l’humanité et qui, dit-il, n’a pas de culture propre, ne pèsera guère. Tout ce que demande le peuple… 

     
    * Sauf les familles immigrées principales bénéficiaires des allocations « ciblées sur ceux qui en ont le plus besoin », les natifs pauvres n’ayant plus guère d’enfants. 

    Roland Hureaux
    essayiste

  • Gustave Thibon : « La démocratie c'est le règne de la quantité brutale sous la forme du nombre »

    Gustave Thibon, une haute pensée enracinée - Gustave Thibon s’adresse aux royalistes de Montmajour, en 1971. Il participera pendant vingt ans aux rassemblements qui suivront et les marquera profondément de sa pensée

     

    « La démocratie c'est le règne de la quantité sous toutes ses formes : la quantité brutale sous la forme du nombre, sous la forme de la masse, sous la forme de la pesanteur, c'est-à-dire le règne de tout ce qu'il y a d'anonyme, de matériel, de mécanique dans l'homme et dans le peuple. Autrement dit, la fatalité de la démocratie c'est de cultiver et de dilater jusqu'à l'éclatement le coté quantitatif du réel. »

    Gustave Thibon

    Discours au Rassemblement Royaliste de Montmajour - 1971 

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • Rire ou sourire un peu ... même s'il n'y a pas vraiment de quoi

     

    « Pour triompher, le mal n’a besoin que de l’inaction des gens de bien. »  Edmund Burke

  • Famille de France • La duchesse de Vendôme portant une création de la modiste Marie d’Argent

    La princesse Philomena, duchesse de Vendôme, portant une création de la modiste Marie d’Argent  [Photo : Marie d’Argent Facebook]

     

    823330531.jpgIl ne serait pas raisonnable du tout - au vu de son contenu quotidien - de craindre qu'en publiant cette photographie, Lafautearousseau verse dans le people. C'est simplement que la photo est très belle ; que l'élégance, la classe, la beauté et le maintien de la princesse Philomena ont été très remarqués, en la circonstance. Et il n'est pas interdit aux princesses de la Famille de France, spécialement lorsqu'il s'agit de la duchesse de Vendôme, il est même très bienvenu, de réunir ces qualités si féminines. Il ne nous est pas interdit, non plus, de les signaler ...  LFAR 

    Illustration source : Noblesse et Royautés

  • Histoire & Patrimoine • Le réveil de Chambord

     

    823330531.jpgOn se souvient du souhait par lequel Jean-François Mattei conclut son magistral Le Regard vide, Essai sur l'épuisement de la Culture européenne (citation tirée du Philèbe, de Platon) : le vœu que nous sachions retrouver « le chemin qui conduit chez nous ».

    La beauté sauvera le monde, disait, non sans raison, Dostoïevski. Et notre dernier Grand Texte (dernier pour l'instant, pas dernier tout court) est le superbe message de Pierre Boutang à la jeunesse de France, l'incitant à ne pas aller chercher ailleurs ses modèles et son salut, mais, bien plutôt, à se replonger dans les origines de notre Histoire, de notre jeunesse française. Ce que, au fond, Jean-Paul II disait à sa façon, lorsqu'il incitait ses publics : « retrouvez les intuitions de vos origines ».

    Face à tant de laideurs dans notre société, pour une fois le service public apporte sa pierre. On le critique assez souvent, ici même, mais à chaque fois que l'on peut en tirer quelque chose de bon, nous n'hésitons pas à le signaler. Voici donc que, durant toute la deuxième semaine d'avril, le JT de 13 heures de France 2 nous a proposé un excellent feuilleton, nous ramenant à l'une des grandes époques de notre Histoire, pour nous raconter le réveil de Chambord. En l'occurrence, celui de ses magnifiques jardins à la française, dessinés sous Louis XIV et qui avaient disparu à la Révolution, comme tant d'autres merveilles - qui, elles, ne reviendront jamais.

    On a en effet décidé de restituer à l'identique cette merveille dont la Révolution nous avait privés : et c'est cette résurrection que nous raconte le feuilleton de France 2, qui se passe de tout autres commentaires. 

     


    Le réveil des jardins du château de Chambord (1/5)

     


    Feuilleton : le réveil des jardins du château de Chambord (2/5)

     


    Feuilleton : le réveil de Chambord (3/5)

     

     
    Feuilleton : le réveil de Chambord (4/5)

     


    Feuilleton : le réveil de Chambord (5/5)

  • Littérature & Actualité • Emmanuel Macron, le choix des mots pour effacer les faits

     

    UNE TRIBUNE de Vincent Trémolet de Villers, brillante, profonde et, selon nous, juste. « Empêcher que le monde ne se défasse » : en citant Albert Camus, référence commune des conservateurs, Emmanuel Macron a une nouvelle fois ajusté son propos pour faire oublier son progressisme à ceux qu'il inquiète.[Figarovox, 18.04]. Macron est, pour nous, radicalement, un adversaire politique et idéologique. S'il advenait qu'il soit élu, il deviendrait aussi un adversaire institutionnel.  LAFAUTEAROUSSEAU

     

    2395788714.jpgOn nous dira qu'Albert Camus est aussi le philosophe de l'absurde mais quelle ne fut pas notre sidération lorsque Emmanuel Macron, au terme d'un meeting aussi exalté que le lancement d'un nouvel iPhone, a cité l'auteur de L'Étranger comme figure tutélaire du projet d'En marche !

    On se souvient que Charles Péguy avait déjà été enrégimenté à Lyon au début du mois de février. François Bayrou, qui n'était pas encore un « helper » du mouvement, en avait lui-même été choqué. Cette fois, au milieu des applaudissements, des cris d'amour lancés au candidat, nous avons entendu les célèbres phrases d'Albert Camus : « Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu'elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse. » C'était à Stockholm, en 1957, lors de la remise du prix Nobel de littérature. Macron, progressiste en chef, reprenait à son compte ce qui constitue, sans aucun doute, la référence commune de tous les conservateurs. Elle résume le courant qui, d'identité malheureuse en lutte contre la réforme du collège, de Michel Onfray en Jean-Pierre Le Goff, exprime depuis quelques années la crainte collective d'une dépossession définitive. Ceux que Macron dénonce comme des esprits « frileux », des « immobiles » enfermés dans leurs « nostalgies » et leur monde « rabougri ».

    Certes, Camus n'est pas l'homme d'un camp, il appartient à tout le monde et Emmanuel Macron confie, dès qu'il le peut, sa passion pour Noces à Tipasa. Il n'empêche. Cet éloge de l'héritage dans la bouche du leader d'En marche ! était aussi inattendu qu'une ode à Pascal Lamy par Éric Zemmour, qu'une apologie de Jeff Koons par Marc Fumaroli. On songeait à la formule d'Alain Finkielkraut: « Camus est consacré par une époque qui lui tourne le dos. »

    Le discours de Stockholm, en effet, illustre ce qui fut la constante de la pensée et de la trajectoire de Camus: la piété filiale, la modestie en politique, la frugalité dans une société d'abondance, le refus de la grandiloquence.

    L'hubris des meetings de Macron, où résonnent des incantations inquiétantes (« En même temps ! En même temps ! » a notamment crié la foule en hommage au tic de langage du candidat) fait songer aux « fureurs adolescentes » que combattait Camus au nom de « l'intransigeance exténuante de la mesure ».

    Jusqu'ici, Emmanuel Macron n'avait qu'un but, parfaitement assumé: « défaire »le vieux monde pour que le nouveau puisse enfin émerger. Avec lui, a-t-il dit à Bercy, nous allons voir « le début d'une nouvelle France ». Ses déclarations sur la culture française qui n'existe pas, sur l'art français qu'il n'a jamais vu participent de ce projet. Celui d'une société sans permanence, d'une France inclusive, espace perpétuellement ouvert dont la devise, comme dans la publicité McDonald's, pourrait être: « Venez comme vous êtes. »

    Au Palais Brongniart, il y a quelques jours, Macron a dit vouloir faire de la France « une start-up nation » où les « start-upers » seraient « les premiers de cordée d'une société qui a besoin de se transformer », avant de déplorer que les entreprises soient trop souvent dirigées par « des mâles blancs qui ont reçu les mêmes formations que moi ».

    Monde ancien, nouveau monde: Emmanuel Macron, en vérité, a bien senti que son progressisme ébranlait une France profondément conservatrice. Il a donc ajusté son propos et pour dissiper les inquiétudes, prononce les mots pour mieux faire oublier les choses. Le macronisme, c'est un algorithme qui génère en temps réel les opinions attendues par le client. Une application qui devance vos goûts, vos habitudes, vos convictions. Terra Nova à Marseille, Albert Camus à Paris.

    Cela fonctionne à merveille mais subsistent quelques défaillances techniques. Prenons les propos du candidat sur la colonisation, « crime contre l'humanité ». Si Macron avait lu Le Premier Homme, ce chef-d'œuvre qui raconte l'enfance algérienne de Camus, il aurait révisé son jugement. On y trouve notamment ce portrait d'un vigneron de Mondovi, le berceau de la famille de l'écrivain. Nous sommes en pleine guerre d'Algérie. Un ordre d'évacuation a été donné. « Il n'a rien dit, écrit Camus du vigneron. Pendant trois jours il a arraché les vignes sur toute l'étendue de la propriété (…). Puisque ce que nous avions fait ici est un crime, explique-t-il à un jeune capitaine désemparé, il faut l'effacer. » 

    Vincent Tremolet de Villers     

    Vincent Tremolet de Villers est rédacteur en chef des pages Débats/opinions du Figaro et du FigaroVox.       

  • Culture • Loisirs • Traditions

  • Idées & Politique • Fin de campagne

     

    par Gérard Leclerc

    Jeudi 20 avril 2017 

    rubon9-071ca.jpgEnfin ! Enfin, nous arrivons au bout de cette campagne électorale. Peut-être ai-je tort de m’exprimer ainsi, car l’impatience d’en finir pourrait être demain relayée par le désolation d’une nouvelle impasse, ou pire encore du chaos. Certes, il ne faut jamais parier pour le pire, et même si c’est la crise institutionnelle qui s’imposait dans les prochains mois, il faudrait espérer contre toute espérance, en se persuadant que souvent le sursaut peut jaillir de l’abîme. Il s’agit de ne décourager personne, et surtout pas les courageux militants qui se sont engagés, corps et âmes, dans un combat qu’ils croient nécessaire. Mais c’est la situation qui rend perplexe l’observateur que je suis. Un observateur nullement détaché, mais suffisamment indépendant pour tenter de juger les choses sans trop de préjugés.

    Dans ma perplexité, je me suis saisi avidement des deux pages du Monde, où trois philosophes allemands éminents étaient invités à exposer leur analyse de la situation politique en France. Je ne puis dire que j’ai été déçu, car j’ai trouvé aussi bien chez Sloterdijk, Habermas que Streeck, des éléments intéressants, grâce au regard extérieur qu’ils projettent sur notre pays. Néanmoins, ces trois esprits puissants n’ont pas produit en moi le dénouement que j’escomptais, peut-être avec présomption. J’ai cru comprendre qu’ils attendaient beaucoup d’Emmanuel Macron, pourvu qu’il gagne la compétition, mais ils m’ont donné l’impression d’investir le compétiteur de leurs propres espoirs en une reconfiguration des forces politiques qui est, à mon sens, plus que problématique. Et lorsque nos philosophes mêlent à leur supputation des vœux qui s’adressent au pays des Lumières, je ne marche pas du tout, ce supplément d’âme masquant ce qu’il y a de hasardeux dans leur pari.

    Et puis Wolfgang Streeck contredit l’optimisme de ses collègues, en montrant la vanité d’une médiation qui ne résoudra en rien les difficultés d’un monde bousculé par ce qu’il appelle « la logique du perpétuel ajournement de la faillite ». Non, il n’y a rien dans tout cela de propre à nous sortir de nos incertitudes, sauf une invitation à dire non à l’à quoi bon et à la fin de l’histoire. La nôtre ! 

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 20 avril 2017

    Gérard Leclerc

  • Société • Nous sommes tous des migrants

     

    Par Edouard de Saint Blimont.

     

    Qu’on n’imagine surtout pas que j’invite le lecteur à rejoindre la foule inepte de ceux qui réclament à corps et à cris que nous ouvrions toujours plus nos frontières, nos villes et bientôt nos maisons aux errants qui déferlent sur l’Europe, parce que nous devrions secourir indistinctement tous ces êtres humains, au motif qu’ils partagent avec nous la même humanité.

    Je ne partage pas non plus le point de vue orwellien de François qui m’enjoint à retirer de mon vocabulaire le mot de « clandestins », au motif que certains mots, alors même qu’ils désignent trop précisément la réalité, doivent pour cela même ne plus être utilisés !

    Mais c’est quand même d’une autre manière que nous sommes des migrants, que nous connaissons la migration perpétuelle : nous sommes en permanence appelés à changer de « lieu », nous sommes perpétuellement dans la situation instable de ceux qui n’ont plus d’ancrage, qui vivent dans l’angoisse de ne plus savoir de quoi demain sera fait et qui se disent qu’ils pourraient même tomber de Charybde en Scylla.

    Nous sommes tous des migrants : je ne l’ai jamais ressenti aussi fortement que depuis qu’il nous est donné à nouveau de traverser les tempêtes électorales qui nous déposeront demain sur l’on ne sait quel rivage. Arriverons-nous sur l’île des lotophages avec Emmanuel Macron pour prendre le lotus, ce fruit si doux qu’il fait oublier aux étrangers leur patrie ? A moins que nous n’échouions sur l’île des Cyclopes en compagnie de Mélenchon pour y connaître le destin que l’on sait.  Les sondeurs s’en donnent à qui mieux mieux pour agiter le spectre de toutes les résolutions possibles, nourrissant encore, si c’était nécessaire, l’angoisse chez celui qui sait que par son vote seul, il ne contrariera pas les mouvements de fond.

    Nous sommes en principe habitués au jeu électoral ; la remise en cause permanente du destin politique d’une nation, d’une patrie, n’est-elle pas inhérente à la démocratie ? Dans Le pouvoir sur scènes, l’anthropologue Georges Balandier affirme même qu’en démocratie, le citoyen retrouve un certain sens de l’aventure : n’avons-nous pas là l’occasion d’introduire un peu plus de passion dans notre existence ? Mais si nous nous aventurons dans ce domaine, force est de constater que ce milieu est infiniment mouvant, la géographie des « îles » politiques qui émergent du fond de cet océan en perpétuel mouvement n’a pas encore de figure nette. Mais nous redoutons le pire.

     Et pour cause : la philosophie qui inspire ces nouveaux mondes -ou devrais-je dire de ces nouveaux monstres ? - procède de la remise en cause perpétuelle des théories qui leur donnait jusqu’ici des traits repérables. Interrogée par Figarovox (11.04.2017) voici comment Chantal Mouffe, philosophe belge, marraine de Podemos et véritable inspiratrice de la démarche de Mélenchon, considère sa propre démarche philosophique :

    « Je suis opposée à la philosophie normative. Les philosophes politiques ont tendance à faire de grandes élaborations pour expliquer comment le monde devrait être sans tenir compte du contexte. Pour ma part, j'essaie au contraire de fonder mes théories sur la réalité de l'époque. »

    Il ne s’agit plus de s’en tenir à une certaine vision de l’homme mais d’enregistrer les grandes « migrations » intellectuelles de notre temps, qu’elle définit comme la « réalité de l’époque ».

    Et la réalité de l’époque, pour elle, ce sont les mouvements sociaux qui se sont développés depuis Mai 68 : le féminisme, le mouvement écologiste, les luttes antiracistes, la lutte pour la reconnaissance des homosexuels. Ce sont des mouvements comme ceux-là, qui n’ont cessé de déstabiliser nos sociétés occidentales, auxquels Chantal Mouffe et à sa suite Jean-Luc Mélenchon, veulent reconnaître une spécificité dans la constitution d’un populisme de Gauche.

    Quel nouveau monde va naître, et quelle sera notre vie demain, si ces mouvements acquièrent, au sein d’un parti, au sein d’un gouvernement, une pleine et entière légitimité ? Une chose est sûre : ainsi se dessine peu à peu, sous nos yeux horrifiés, un monde dans les traits duquel nous ne saurons plus reconnaître nos légitimes aspirations de pères, d’époux, d’êtres humains cherchant à protéger l’ordre de la civilisation, soucieux de retrouver un ordre fondé sur les principes sains d’une philosophie qui s’emploie à reconnaître la nature et l’homme comme il est, sortant des mains de son Créateur. Mais qui nous rappellera la géographie d’un monde habitable ? Dans ce monde qui dérive, qui nous indiquera le point d’ancrage qui nous fait perpétuellement défaut ?

    Nous espérions jusqu’ici que ce point d’ancrage, l’autorité intellectuelle la plus haute, celle du Pape, la fournirait aux chrétiens que nous voudrions continuer à être. Mais un article savant du Professeur Giovanni Turco, reproduit dans le Courrier de Rome de novembre 2016, nous oblige à déchanter. Nous ne pouvons pas, dans le cadre de cet article, entrer dans toutes les subtilités philosophiques de l’éminent professeur italien. Nous pouvons cependant dégager quelques axes forts, assez peu faits pour nous rassurer :

    Le pape considère-t-il encore que la Vérité divine, révélée par Dieu, transcende nos pauvres réalités humaines et qu’elle est comme telle une référence absolue, un point d’ancrage pour l’humanité ? Le professeur Turco rappelle ce propos du pape Bergoglio : « je ne parlerais pas, même pour les croyants, de vérité ‟absolue” dans le sens où ce qui est absolu est ce qui est détaché, ce qui est dépourvu de toute relation. Or la vérité, selon la foi chrétienne, c’est l’amour de Dieu pour nous en Jésus-Christ. Donc la vérité est une relation ! C’est si vrai que chacun de nous la saisit, la vérité, et l’exprime à partir de soi : de son histoire et de sa culture, de la situation dans laquelle il vit, etc. Cela […] signifie qu’elle se donne à nous toujours et seulement comme un chemin et une vie. »

    Cela doit-il nous étonner ? Le pape l’avait déjà déclaré dans Amoris Laetitia :

    « La Parole de Dieu ne se montre pas comme une séquence des thèses abstraites, mais comme une compagne de voyage »

    Nous y sommes : pour le pape, la Parole divine a une dimension elle aussi « migratoire ».

    Le professeur Turco montre d’ailleurs que la vision que le pape a du Saint Esprit présente une parfaite congruence avec le reste :

    « L’action même du Saint-Esprit serait qualifiable non par le contenu (ce qu’Il accomplit), mais par l’opérativité, ou mieux par la modalité opérative : « bouleverser », « remuer », « faire cheminer », étant donné qu’il y aurait en Lui de la « fantaisie » et de la « nouveauté ». Il s’agirait d’une activité non qualifiée par sa fin, mais par son devenir. En effet dans de telles actions il n’y a pas trace de finalité : on peut « remuer » pour le bien ou pour le mal, une « nouveauté » peut être fructueuse ou néfaste, on peut « cheminer » vers le meilleur ou vers le pire, de même qu’une « fantaisie » peut être innocente ou nocive. Autrement, tout « bouleversement », comme toute « nouveauté », serait nécessairement un bien. Ce qui est contredit par l’expérience la plus commune et par toute réflexion authentique. »

    Le professeur n’a aucune peine à nous montrer que nous sommes sortis d’un contexte philosophique où l’on considère que la vérité est définie à partir d’une adéquation entre l’intelligence et le réel, comme Saint Thomas le postule, à un contexte proprement moderniste, défini par le philosophe Maurice Blondel où la Vérité (si ce mot signifie encore quelque chose) est l’adéquation de l’intelligence et de la vie. Ce qui permet, conclut Turco, d’attribuer au jugement de conscience, et non plus à la Vérité, un caractère absolu.

    Nous sommes entrés dans un monde où s’impose comme vraie la situation concrète, où le « ce qui est comme ça », pour reprendre l’expression qu’utilise le Professeur Turco, a le dernier mot. Nous ne sommes donc toujours pas sortis de la réalité « migratoire », j’oserais même dire que nous y sommes en plein : une parole, « compagne de voyage », pour un cheminement, inspiré par un Saint Esprit fantaisiste…qui nous appelle au bouleversement…dans un moment où nous sommes menacés par le pire bouleversement de notre histoire ? Il n’y a décidément plus un domaine où nous ne soyons des migrants.

    Ulysse, je pense à vous, ballotté d’une île à l’autre, empêché pendant plus de dix ans de regagner votre patrie. Mais je pense à vous aussi car vous nous montriez le chemin. Car c’est la mentalité d’Ulysse que nous devrions aspirer à retrouver, tous tant que nous sommes. Ulysse ne se trompe jamais pour identifier où sont les barbares : ces derniers ne sont pas mangeurs de pain et le vin, ils ne le connaissent pas. Il sait ce qui caractérise le civilisé, notamment son respect des dieux. Il se garde de toutes les aventures sentimentales qui réintroduisent l’être dans l’aventure migratoire : Circé lui offre l’oubli dans les aventures de la chair, il le refuse. Il refuse la divinité, l’immortalité que lui offre Calypso… prélude déjà de l’aventure transhumaniste. Ulysse c’est l’homme ancré : son fils Télémaque s’inquiète de lui, sa femme, Pénélope, lui est restée fidèle, les retrouvailles avec sa mère aux Enfers et son père au palais, complètent l’image d’un bon fils. C’est aussi un bon roi que ses sujets veulent retrouver, comme le porcher Eumée.

    Quel Ulysse aura demain le cran, le courage, et pour tout dire le génie de nous ancrer sur le socle qui nous préserve de devenir des migrants perpétuels ? 

  • Culture • Connaissez-vous la période « normande » de Picasso ?

     Le manoir normand de la famille Picasso

     

    Par Péroncel-Hugoz

    La légion, immense et universelle, des admirateurs de Picasso vient de redécouvrir ou plutôt découvrir une période oubliée du maître hispano-français. Notre confrère y va de son grain de sel.

     

    peroncel-hugoz 2.jpgTous ceux qui professent quelque intérêt pour l’art du XXe siècle, connaissent les différentes « périodes » de Picasso : bleue, rose, africaine, cubiste, Vallauris, etc. 

    En revanche, rarissimes sont ceux qui citent sa « période normande ». Elle a pourtant existé de 1930 à 1937 et a humainement et artistiquement compté pour l’artiste. N’est-ce pas dans les années 1930, au summum du temps Art-déco, que Picasso a imaginé La jeune fille au miroir, une série de Corridas, le Minotaure, les dessins sur le thème de la Crucifixion; qu’il a sculpté ses grandes Têtes féminines; qu’il a illustré les Métamorphoses d’Ovide ou Le chef-d’œuvre inconnu de Balzac.

    Toutes ces œuvres et pas mal d’autres encore, conçues ou réalisées sur fond du manoir de Boisgeloup, près Gisors, en Normandie, à moins de 100 kilomètres à l’ouest de Paris.

    De Boisgeloup à Vauvenargues

    Déjà riche, le futur « milliardaire communiste » de la Côte-d’Azur ou du château de Vauvenargues, en Provence intérieure, a acquis dès 1930 le manoir de Boisgeloup, élégante et sobre demeure du XVIIIe siècle, avec dépendances, potager, parc clos, bref tranquillité assurée. Le Figaro peut bien écrire aujourd’hui que Boisgeloup « est une des grandes demeures de l’art du XXe siècle », elle n’en fut pas moins longtemps occultée, et redécouverte en 2017 par décision des héritiers Picasso dont certains habitent toujours la gentilhommière normande.

    Amours mouvementées

    Ami des très puritains communistes d’alors, Picasso vivait très discrètement à Boisgeloup des amours nombreuses et mouvementées avec sa femme russe, Olga (qu’il avait épousée religieusement à Paris, lui, l’athée proclamé…), puis avec plusieurs autres jolies femmes attirées par la virilité débridée et les yeux noirs inquisiteurs de l’Andalou…

    Picasso abandonna le manoir en 1937 pour la Côte-d’Azur, où il s’installa très bourgeoisement avec d’autres femmes et enfants, alors qu’en bon républicain il aurait dû rejoindre à Madrid la direction du Musée du Prado où le régime rose et rouge l’avait nommé… Le futur récipendiaire du prix Lénine préféra donc la douillette et sûre Riviera française aux risques de l’Espagne en guerre…

    Après tout, répondent ses fans, ce qu’on attend d’un artiste c’est qu’il produise et innove. Ce qui fit Picasso (1881-1973) tout au long de ses 50.000 œuvres de diverses sortes, à présent répertoriées.

    Habitué aux expos internationales

    Ce n’est pas diminuer l’aura créatrice du Grand Pablo que de profiter de la réapparition inattendue de sa « période normande » pour remarquer que l’ancien élève de l’Académie royale des beaux-arts de Madrid s’arrangea toute sa vie, au-delà de ses préférences idéologiques, pour être du « bon côté du manche », représentant l’Espagne monarchique, avec une de ses peintures, à l’Exposition universelle de Paris (1900), qui précéda son installation en France; puis représentant l’Espagne républicaine, à l’Exposition internationale de Paris, en 1937, l’année où le peintre abandonna le manoir normand à sa famille.

    Sacré Picasso ! 

    Infos pratiques

    Le « château Picasso », place Pablo-Picasso, Hameau du Boisgeloup, 27140 Gisors. Le lieu sera exceptionnellement ouvert au public les 23 avril, 13 et 27 mai.

    Péroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le360 du 14.04.2017

  • Livres • Ils ont échappé à la mort

     

    par Anne Bernet

     
     
    938307326.pngL’assassinat fait partie, pour les souverains et chefs d’État, des risques du métier. Certains y laissent leur peau ; d’autres, véritables trompe-la-mort, survivent à tous les attentats. Enfin, certains, après avoir, tel Henri IV, échappé aux poignards d’une dizaine de régicides, finissent tout de même par rencontrer une fin violente.

    Luc Mary a sélectionné dix tentatives d’assassinats, célèbres – tout le monde se souvient de Damiens, Fieschi ou Bastien-Thiry… ou oubliées : qui, en effet, hormis des périodes concernées, se souvient de Jean Chastel, malchanceux auteur, en 1594, d’une tentative de à l’encontre du Béarnais, d’Émile Cottin, qui mitrailla, en 1919, la voiture de Clemenceau, ou de Paul Collette, qui, en 1941, tira sur Laval ?

    Ce pourrait être captivant. Ce n’est, hélas, qu’un plat grand public d’ouvrages hâtivement consultés et résumés, non sans à peu près ni erreurs de détail : le traitement de l’affaire de la rue Saint-Nicaise puis du Coup essentiel de Cadoudal en sont les exemples flagrants. Dommage. 

    Ils ont échappé à la mort, de Luc Mary, Tallandier, 206 p., 18,90 €.

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