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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1213

  • La Ve république : Soixante ans

     

    Par Hilaire de Crémiers 

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    Analyse. A-t-elle encore gardé son esprit ? Macron veut l’enserrer dans une réforme technocratique. 

    Notre Ve République a soixante ans. Encore cinq ou six petites années et elle dépassera en durée la IIIe République. Soit le prochain quinquennat. Ça passe vite. On sait comment finit la IIIe République et, d’une manière générale, toutes les républiques dans notre pays au cours des deux siècles précédents. Aucune n’a réussi à instituer, malgré sa prétention, un régime stable, ni dans le gouvernement ni dans la représentation ; aucune n’a été capable d’assumer, aux yeux des Français et en faveur de la France dans le monde, une pérennité et un équilibre dont notre nation, plus que tout autre au monde, a un besoin vital et, pour ainsi dire, substantiel, comme ne le montre que trop son histoire.

    Les Français attendent toujours – et le monde avec eux – que la France soit la France : c’est ainsi ! Ce n’est pas pour rien que, quel que soit leur parti pris, les Français ont l’impression funeste qu’à quelques exceptions près, la France n’est pas à la hauteur de l’idée qu’ils s’en font.

    La question des institutions

    Ce qui repose indéfiniment, en raison des circonstances, qu’on le veuille ou non, la question politique qui est au cœur du problème français depuis plus de deux cents ans : la question même des institutions. Car elle n’apparaît jamais bien posée ni, par conséquent, bien résolue : c’est encore ainsi. On fait semblant de croire que les choses vont pouvoir poursuivre leur course comme avant, en s’adaptant aux nouvelles circonstances politiques et en pliant la constitution aux normes d’une prétendue modernité.

    Les brusques et récents départs de ministres – les plus importants : Hulot, Collomb – ont entraîné un remaniement ministériel qui se présente comme une reprise en main. On verra la nouvelle équipe à l’ouvrage. Castaner à l’Intérieur, Riester à la Culture, il paraît que ça change ! Il est plus que probable que tout continuera comme avant, pour la bonne et simple raison que ce sont les institutions qui sont atteintes dans leur fonctionnement. Ce qui aggrave aujourd’hui dans le peuple français le sentiment d’insécurité politique qui domine – et c’est normal – tous les autres sentiments d’insécurité, et Dieu sait qu’ils sont nombreux : insécurité sociale, culturelle, nationale, économique, financière et tout simplement humaine avec l’immigration. Au point qu’il devient naturel de se demander si Macron, en courant derrière sa chimère d’une France autre qu’elle n’est, ne mène pas le pays vers une crise politique majeure.

    Que reste-t-il de la Ve ?

    Le président de la République a donc célébré, ce mois de septembre, comme il se devait, la constitution de la Ve République, alors que par son comportement et ses choix personnels il ne cesse d’en fausser le sens. Pour se justifier, il assure qu’il se pénètre de l’esprit de la Ve République.

    Photo-actu-1bis.jpgIl a péleriné et s’est recueilli sur les traces de son fondateur, le général de Gaulle, à Colombey-les-deux-Églises ; il a médité au Conseil constitutionnel, haut lieu de la République où est conservée, dans son texte original, dûment scellé du Grand Sceau, la loi constitutive du contrat social qui lie démocratiquement et juridiquement les Français entre eux et qui règle leur vie publique. Cependant, Macron a bien l’intention de la modifier, lui aussi, et profondément, tant il est insatisfait du fonctionnement actuel. Alors ?

    La constitution a déjà été aménagée par de nombreuses révisions, affectant les pouvoirs publics et leur organisation. Il suffit d’examiner les principales de ces révisions pour saisir dans quel sens évolue la Ve République. Elle perd progressivement sa marque originelle qui était fondamentalement, pour le meilleur et pour le pire, un refus du régime des partis et une restauration de l’autorité de l’État sur un cadrage étroit du pouvoir législatif.

    Brièvement et dans l’ordre d’importance. D’abord l’élection du chef de l’État au suffrage universel, ce qui était censé, dans la logique gaullienne, investir le monarque républicain d’une légitimité populaire incontestable, mais ce qui, en revanche, l’établissait comme « le grand gagnant » de « la grande élection », celle qui tranchait le grand « débat » ou le grand « combat » du champ politique. Le chef de l’État devenait le plus habile et le premier des politiciens, obligé d’avoir à son service un parti, si possible majoritaire ou en capacité de le devenir ou de le redevenir, rendant inopérante, sinon douteuse, sa fonction arbitrale, au-dessus des partis.

    Le quinquennat ne fit qu’accentuer le caractère électoral et politicien de la désignation de l’homme du destin français qui ne pouvait plus être que l’homme-clef d’un appareil partisan. Emmanuel Macron qui s’est fait fort de dépasser le clivage gauche-droite, est et sera de plus en plus contraint, lui aussi et quoi qu’il en ait, par la mécanique institutionnelle, de se couler dans le moule d’un chef de parti, ce qu’il fait en ce moment même avec son remaniement ministériel et dans la préparation des prochaines échéances électorales, au risque d’y perdre son apparente originalité.

    Acté par Jacques Chirac, à l’encontre, d’ailleurs, de son sentiment intime, le quinquennat a, de plus et gravement, retiré à la charge du premier et souverain magistrat l’attribut primordial de la représentation durable de l’État, celui d’une sorte de permanence politique qui dominait les aléas de l’histoire et de la vie politicienne. Le septennat s’inscrivait, en effet, dans une conception régalienne, autrement dit royale, du pouvoir suprême, telle que les constituants monarchistes de la IIIe République l’avaient voulue, dans l’attente du Roi qui devait venir et qu’on attend toujours, mystérieusement, sans jamais le dire et même en le niant, encore et encore, se contentant d’hommes dits providentiels, de substituts de rois, en quelque sorte de faux rois.

    Des contradictions mortelles

    Ce court exposé ne saurait s’attarder sur des réformettes secondaires qui étaient imaginées pour donner satisfaction à la personne du chef de l’État et renforçaient, plus ou moins faussement, le caractère américain qu’on prétendait infliger à nos institutions : un président coiffant une alternance !

    L’autre grande affaire constitutionnelle concerne les statuts des collectivités territoriales, tels qu’ils ressortent après les différentes phases des lois de décentralisation où Defferre et Raffarin ont originairement accroché leur nom. Notre République est dite maintenant constitutionnellement « décentralisée », alors même qu’elle conserve ses caractères antérieurs et constituants de République une, indivisible, laïque et sociale, principes consubstantiels, inaltérables et inamissibles, métaphysiques en quelque sorte ! Et nous voilà depuis lors dans des paquets de contradictions majeures qui ne peuvent qu’empirer jusqu’à l’explosion probable.

    Une véritable décentralisation supposerait, d’un côté, un État fort et indépendant, de l’autre, une représentation des intérêts réels qui auraient la liberté de s’exprimer. La France est loin du compte ! Les intérêts locaux sont de plus en plus bafoués et donc les libertés sont de plus en plus mal représentées, comme s’en plaignent justement les autorités représentatives elles-mêmes des régions, des départements, des mairies, singulièrement au cours de ces dernières années et de ces derniers mois. Mais à qui la faute ? La représentation est captée – et les Français le savent – par un régime des partis dont la France crève littéralement, et d’autant plus que ce régime est lui-même en train de crever dans l’esprit et le cœur des Français !

    Alors, Macron prétend porter l’estocade en réduisant encore la représentation, en la ramenant, pour ainsi dire, à une sorte de service de la société civile, en l’émiettant, en recentralisant par ailleurs et en réorganisant sur de grands ensembles, métropoles en particulier, tous les services, en unifiant et en uniformisant et puis en façonnant la loi, comme le législateur lui-même, à la manière des règlements de société sortis d’ordinateurs performants.

    Dans son esprit, c’est ça le progrès et il se définit évidemment comme « progressiste », face à tous les « nationalismes » du monde, face surtout à cette nation française qu’il qualifie de gauloise, et qui demande à vivre selon ses libertés, donc réfractaire à son projet !

    Le prince Jean de France, duc de Vendôme, dans un communiqué, a fait savoir son attachement au caractère monarchique de la constitution de la Ve République qui, épanoui comme il conviendrait, jusqu’à son véritable terme, serait la meilleure garantie des libertés françaises. À quand la vraie réforme ?   

    Hilaire de Crémiers

  • Bainville : « Qu’est-ce qu’une Constitution ? Les peuples ne voient que les hommes ... »

     

    XVM2382f324-05e2-11e5-b131-51c251e5568d.jpg"Qu’est-ce qu’une Constitution ? Aimons-nous beaucoup la nôtre ?

    Pour aimer, il faut d’abord connaître. Et qui donc connaît les lois constitutionnelles sous lesquelles nous vivons ?

    Demandez au monsieur qui passe. Il y a des chances pour qu’il connaisse mieux les règles du football ou des courses que celles qui définissent les rapports du président de la République et du Parlement. À la vérité, les légistes font attention aux textes, les peuples ne voient que les hommes.

    Ils trouvent que celui-ci est courageux et que celui-là est lâche. Ils admirent le plus énergique ou le plus rusé. Un ancien l’avait déjà dit : les chefs combattent pour la victoire, et les soldats pour les chefs. Quand le chef reste sous sa tente, ou quand il a pour armes des plaidoiries, il n’y a plus beaucoup de soldats."

     

    Jacques Bainville
    Doit-on le dire ? (Candide, mai 1924)

  • Le Figaro du jour a tout compris... Un vent de conservatisme souffle sur le monde, c'est un fait, et Merkel paie ses erreurs

    Ce sont les deux faits majeurs du weekend. Tous deux importants. Lequel des deux nous concerne le plus ?  

  • Massacre à la tronçonneuse

     

    par Louis-Joseph Delanglade
     

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    Rejeton d’une richissime famille d’origine ottomane, très proche dans un passé récent des services secrets séoudiens, des Frères musulmans et même de son compatriote Ben Laden, M. Khashoggi s’était exilé au Etats-Unis pour pouvoir mieux critiquer le régime de Riyad.

    Ce 2 octobre à Istanbul, il s’agissait donc somme toute d’un banal règlement de comptes. Or, l’élimination physique de M. Khashoggi par une équipe de barbouzes séoudiens a pris une dimension médiatique et internationale disproportionnée. Il faut dire que les pieds nickelés venus de Riyad n’ont pas fait preuve de discrétion ; ils auraient même démembré, certains ont dit et écrit « tronçonné », leur victime. Il faut dire surtout que M. Khashoggi était journaliste au Washington Post et que les journalistes, on le sait bien, constituent une corporation redoutable. 

    On a donc assassiné un journaliste et voilà les chefs d’Etat et de gouvernement des pays « occidentaux » sommés de prendre position contre un pouvoir décidément moyenâgeux. En Europe, comme lors de l’invasion migratoire, comme après l’accident de Fukushima, c’est encore l’Allemagne qui a pris les devants, unilatéralement (mais où est l’ « union » tant vantée par les européistes ?), en demandant la cessation de toute vente d’armes à l’Arabie séoudite : les « humanistes » niais feront valoir que Mme Merkel est décidément une bonne fille de pasteur, les économistes conséquents que l’Allemagne est moins bien positionnée sur le créneau des armes que sur d’autres, les analystes politiques que les relations de Berlin sont bien meilleures avec l’Iran qu’avec l’Arabie séoudite. L’initiative allemande agace et embarrasse la France. M. Macron semble vouloir gagner du temps et on peut le comprendre : l’Allemagne vend quatre fois moins d’armes à l’Arabie séoudite que la France et dispose d’un excédent commercial proche de deux cent cinquante milliards d’euros, excédent qui ferait rêver du côté de Bercy et qui, en tout cas, permet bien des choses. Donc, Paris s’est pour l’instant contenté d’un simulacre de boycott du « Davos du désert », M. Le Maire s’abstenant d’y participer.

    M. Trump, quant à lui, n’a pas ces états d’âme. Sans nier aucunement qu’il a bien dû se passer quelque chose de peu recommandable, il réaffirme son alliance avec Riyad, partenaire pétrolier et militaire incontournable pour les Etats-Unis, et exhibe fièrement les fabuleux contrats passés avec son allié séoudien (plusieurs centaines de milliards de dollars, paraît-il). Comment ne pas lui donner raison ? D’ailleurs on voit bien que tous ceux qui, de près ou de loin, ont quelque intérêt dans la région, entendent profiter au mieux de la situation. C’est le cas, à des degrés divers de l’Iran, de la Turquie et même de la Russie. Le discrédit jeté sur Riyad ne peut que profiter d’une façon ou d’une autre à Téhéran l’ennemi juré. Ankara, maître du jeu dans cette affaire Khashoggi, a un cruel besoin d’argent frais et de pétrole, besoin Affaire-Khashoggi-l-Arabie-saoudite-cede-a-la-pression-et-reconnait-le-meurtre-premedite-du-journaliste.jpgque l’Arabie séoudite pourrait aider à satisfaire. Moscou, enfin, qui s’est bien gardé de boycotter le tout récent « Davos du désert » (photo), a au contraire profité de l’occasion pour signer contrats (exemple : grand projet gazier dans l'Arctique russe pour cinq milliards de dollars) mais aussi accords y compris d’ordre culturel (exemple : ouverture d’une annexe du musée de l’Hermitage à Riyad). 

    Rééquilibrer et étendre sa présence dans la région comme le fait la Russie, voilà de la bonne politique. M. Macron devrait y réfléchir, plutôt que d’obéir aux injonctions de Mme Merkel ou de céder à la pression médiatique.   

  • Mathieu Bock-Côté : « Défense du Brexit »

     

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpgLes appels à un second référendum reviennent à considérer que les Britanniques ne voulaient pas sincèrement quitter l'Europe. Parce que leur choix ne va pas dans le sens du progressisme diversitaire, il ne peut être sérieux et doit donc être effacé des tablettes. Mathieu Bock-Côté fait ici l'analyse inverse et nous n'avons aucun scrupule - au contraire - à la reprendre pour les lecteurs de Lafautearousseau : c'est aussi la nôtre. Mathieu Bock-Côté la mène avec rigueur et avec talent. [Le Figaro, 26.10].  LFAR

     

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    À mesure que mars 2019 s'approche, on comprend qu'une frange importante des élites européennes peine toujours à prendre au sérieux le vote des Britanniques en faveur du Brexit. L'appel récurrent à la tenue d'un nouveau référendum, censé corriger les résultats du premier, témoigne de cet état d'esprit : le 23 juin 2016, les Britanniques n'auraient pas eu toute leur tête. Ils auraient voté sous le coup de la passion en plus d'être manipulés par la propagande du camp eurosceptique, que ses adversaires accusent d'« europhobie ». Le vote en faveur du Leave était accidentel. On en comprend qu'il n'y avait qu'un seul choix possible et rationnel, et que celui-ci consistait à confirmer l'adhésion de la Grande-Bretagne à l'Union européenne.

    Ce refus d'envisager que les Britanniques aient voté en connaissance de cause est révélateur de la mentalité qui domine les élites mondialisées, décrétant le cadre national désuet et, surtout, dépourvu de légitimité. On l'avait déjà constaté en 2005, après le référendum français sur la Constitution européenne. Plusieurs accusèrent Jacques Chirac d'avoir fait une immense bourde en le tenant, dans la mesure où il reconduirait la légitimité d'un cadre national qu'il faudrait justement dépasser. Le philosophe Jürgen Habermas soutiendra ainsi que le seul référendum légitime serait à l'échelle de l'Union européenne (UE), pour constituer par cet acte fondateur un peuple européen. Le peuple devient ici une pure construction juridique sans épaisseur identitaire.

    La même chose a été reprochée au Brexit. Deux ans après le référendum, on constate à quel point il a révélé la nature ambivalente de la démocratie contemporaine. Quand la volonté populaire s'exprime en faveur du progressisme diversitaire, elle est louée. Mais quand elle embrasse une cause jugée en contradiction avec le « sens de l'histoire », on la désavoue et, surtout, on veut l'étouffer. La souveraineté populaire est vidée de sa substance. Il ne s'agit plus que d'un mécanisme vicié qui consacrerait la tyrannie de la majorité et l'hégémonie politique des catégories sociales retardataires. Elle ne devrait pas permettre les régressions historiques comme le Brexit. Cette interdiction s'applique aussi à toute volonté de renverser les innovations « sociétales » ou de redéfinir les « droits » qui ont été octroyés au fil des ans.

    La dénonciation du Brexit fait ainsi écho à celle des « populisme s», un terme servant essentiellement à pathologiser la souveraineté populaire lorsqu'elle entre en dissidence avec le régime diversitaire. Dès lors que la question du régime resurgit, l'espace démocratique se resserre. Les partis et mouvements qui adhèrent à l'idéologie diversitaire et postnationale sont accueillis favorablement dans la conversation démocratique. Les autres sont assimilés à la lèpre, pour emprunter la formule désormais célèbre d'Emmanuel Macron. Qui entend arrimer la démocratie au cadre national bascule dans le camp de la réaction et sera à bon droit traité comme l'ennemi public, et peut-être même comme ennemi de l'humanité.

    XVM927a970e-bd5f-11e8-b260-bfef21ea63e5.jpgDans ce contexte, on pouvait s'attendre à ce que les élites britanniques fassent tout pour neutraliser le résultat du Brexit. Et pourtant, Theresa May a décidé de respecter la volonté populaire, en la considérant non pas sur un mode anecdotique mais historique. Si elle peine à conserver l'unité d'un Parti conservateur travaillé par des courants contradictoires sur la question européenne, elle garde le cap. Les modalités de la rupture restent à préciser: on ne détricote pas facilement des accords tissés au fil des décennies. L'UE s'est construite de telle manière que plus on s'y engage et plus il devient difficile de s'en désengager. Sans le moindre doute, le Brexit entraînera quelques turbulences, mais l'histoire s'écrit rarement en ayant pour trame sonore une musique d'ascenseur. La restauration de la souveraineté nationale d'un pays n'est pas une décision administrative ordinaire.

    Qui dit Brexit ne dit pas nécessairement Frexit. La Grande-Bretagne, depuis toujours emportée par le grand large, n'a pas le même rapport avec le continent que la France. Les deux histoires ne sont pas interchangeables. Toutefois, le référendum britannique a confirmé l'importance vitale de la nation, qu'on ne saurait tenir pour une simple construction artificielle facile à démonter, comme veut le croire une certaine sociologie. Les nations sont des réalités historiques aux racines très profondes et qu'on ne saurait déposséder de leur souveraineté sans provoquer chez elles une réaction vitale, surtout quand l'histoire redevient tumultueuse. On ne saurait non plus les humilier sans les pousser à la révolte. Le Brexit, de ce point de vue, peut servir de rappel: ou bien l'Europe sera gaullienne, et saura respecter la diversité des peuples qui la constituent, ou bien elle ne sera pas. Ou alors, elle ne sera plus l'Europe. 

    Mathieu Bock-Côté        

    Le-nouveau-regime.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Ses derniers livres : Le multiculturalisme comme religion politiqueaux éditions du Cerf [2016] et le Le Nouveau Régime (Boréal, 2017). 
  • Exceptionnel un lundi : un dessin mais de qualité, de goût et qui a (toujours) du sens ... Normal : il est de Faizant !

     

    Jacques Faizant, l'homme aux 50 000 dessins

    Le 30 octobre, le dessinateur aurait eu 100 ans. C'est ce jour-là que la Maison Art Valorem mettra en vente 300 de ses dessins à l'hôtel Drouot.

    Publié en 1979 dans Le Figaro, celui-ci met en scène Valéry Giscard d'Estaing et Simone Veil, alors présidente du Parlement européen. Il s'est inspiré d'une réflexion du général de Gaulle datant de 1965 : « On peut sauter sur sa chaise comme un cabri, en disant l'Europe, l'Europe, cela n'aboutit à rien ».  

  • Culture • Loisirs • Traditions

    Ce visuel est destiné à marquer l'unité des articles du samedi et du dimanche, publiés à la suite ; articles surtout culturels, historiques, littéraires ou de société. On dirait, aujourd'hui, métapolitiques. Ce qui ne signifie pas qu’ils aient une moindre importance.  LFAR

     

  • Patrimoine cinématographique • L'impératrice rouge

     

    Par Pierre Builly

    L'impératrice rouge de Josef von Sternberg (1934) 

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    Du sang, de la volupté et de la mort 

    1934. Au Kremlin règne Staline et on ne peut certainement pas penser que les studios hollywoodiens, pas davantage que le juif viennois Jonas Sternberg - qui s'appelle désormais Josef von Sternberg - aient une particulière sympathie pour lui. Et puis, d'ailleurs, on se demande si l'immense Russie a jamais été comprise par qui que ce soit, sinon un peu par la France, qui partage avec elle un profond ancrage monarchique. Mais la Russie c'est encore différent, c'est le pays du despotisme plus ou moins éclairé, mais absolument indissociable de ses grandes heures : rien qui soit admissible à un libéral. D'où la présentation du pays, au début de L'impératrice rouge comme une sorte d'enfer de tortures où, depuis Ivan le Terrible et Pierre le Grand des souverains buveurs de sang prennent plaisir à torturer leur peuple. Les premières images du film sont d'ailleurs assez étonnantes : scènes de supplices divers, de viols et de rapines, knout, pal, brodequins, sarcophages de bronze, décapitations et tout le toutim. Une représentation de l'Enfer ne serait pas plus terrible. 

    Il faut bien se garder de voir L'impératrice rouge au demeurant, comme un film historique. Ce n'était sûrement pas le souci de Sternberg et pas davantage celui des péquenots de l'Arkansas ou du Wyoming (qui, de toute façon ne sont pas allés le voir, le film ayant été un échec public). Indifférence complète à la véracité historique, évidemment, ne serait-ce que, dès le générique, l'arrangement musical issu d'une mélodie de Tchaïkovski, la Marche slave, écrite en 1876, alors que le film commence en 1745. Puis - et ceci est autrement important - dans l'indifférence complète à la vraisemblance chronologique. 

    Scarlet5.pngRésumons un peu cela : la jeune luthérienne saxonne Sophie d'Anhalt (Marlene Dietrich) est choisie en 1744 pour devenir l'épouse du Grand duc Pierre (Simon Jaffe), neveu de l'Impératrice Élisabeth Ière (Louise Dresser), fille de Pierre le Grand, grande souveraine cultivée et francophile, qui n'a pas d'autre héritier que cet individu brutal et inculte et qui est lui-même adulateur de la Prusse. Sophie d'Anhalt se convertit à l'orthodoxie en 1744, prend le prénom de Catherine et se marie avec son triste époux en 1745. Elle n'a pas 16 ans. 

    maxresdefault.jpgAlors que l'Impératrice régnante et toute la Russie attendent impatiemment un héritier mâle (depuis la mort de Pierre le Grand plusieurs femmes ont occupé le trône), Catherine donne jour à son fils Paul neuf ans après son mariage et il y a tout lieu de présumer que le père en est un officier noble de la Cour, Sergeï Saltikov. En 1761, Élisabeth tsarine meurt et Pierre lui succède sous le nom de Pierre III. Il y a longtemps que les époux se détestent et que Catherine, dotée, paraît-il d'un tempérament insatiable, multiplie les amants, notamment parmi les beaux militaires. C'est sur la caste des officiers qu'elle s'appuiera pour détrôner son mari, le faire assassiner et lui succéder sous le nom de Catherine II. 

    s,725-30d984.jpgC'est là-dessus que le film de Sternberg s'arrête, en 1762. Catherine régnera encore durant 34 ans. Tous les événements relatés ci-dessus figurent, il est vrai dans le film et Sternberg ne dissimule en rien, ce qui n'était pas vraiment commun dans le cinéma étasunien, les débordements sexuels de son héroïne (il est vrai que le film est sorti avant le vertueux Code Hayes). Mais le cinéaste les présente comme s'ils s'étaient déroulés en quelques mois alors qu'il y a un espace de 17 ans avant l'arrivée de Catherine en Russie et sa prise de pouvoir. Et puis, par exemple il n'y a pas un mot sur la guerre de 7 ans, conflit majeur du 18ème siècle, menée par la Russie aux côtés de la France, qui aurait permis un durable écrasement de la Prusse si, à peine couronné Pierre III ne s'était empressé de capituler alors que nos forces alliées étaient presque victorieuses.

    Toutes choses égales par ailleurs, c'est un peu comme si Harry Truman, devenu président des États-Unis le 12 avril 1945 à la suite de la mort de Franklin Roosevelt, avait offert la victoire à Adolf Hitler. 

    sjff_03_img1057.jpgAucune prétention historique dans le film, donc, mais un véritable enchantement de mise en scène, d'images et d'acteurs. Au début de ce message j'ai écrit que la Russie présentée paraissait être une image de l'Enfer ; c'est exactement la même chose dans la somptuosité baroque des palais, dans leur décoration grotesque, au sens originel du terme, surchargés de motifs étranges, d'icônes terrifiantes, de statues contrefaites menaçantes (j'ai d'ailleurs trouvé une certaine ressemblance avec la demeure des Chasses du comte Zaroff, pareillement hostile et inquiétante). Et tout autant la violence des comportements, la tension irrespirable lors de plusieurs scènes capitales (notamment celle, à la fin du film, où les deux époux s'affrontent avec une haine tangible), l'atmosphère perpétuellement sanglante et la folie qui rode. Au rebours des minimalismes, la qualité des décors, des costumes, des scènes de foule donne à ce récit une ampleur grandiose et maléfique. Et tout cela enluminé par les somptueuses liturgies orthodoxes. 

    Et les acteurs, tous de qualité. Mais essentiellement deux : Sam Jaffe est absolument inoubliable dans le rôle du Grand duc, puis Tsar Pierre III fou, malsain, purulent. Grand acteur, assurément dont je n'ai vu que deux autres interprétations en second ou troisième rôle, dans Quand la ville dort de John Huston et dans Les espions d'Henri-Georges Clouzot, où il impose sa marque à chaque fois et chaque fois dans ce registre glauque. 

    Et puis Marlene Dietrich qui est absolument étincelante, d'une beauté à couper le souffle et d'un jeu d'une infinie subtilité, sachant tout à la fois interpréter la jeune fille naïve, rêveuse, puis désenchantée des débuts et la dévoreuse d'hommes et d'ambition de la fin, sachant faire donc accepter au spectateur les ellipses de Sternberg. Actrice magistrale tout autant qu'étoile éternelle du cinéma.   

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    DVD autour de 10 €

     
    Retrouvez l'ensemble des chroniques hebdomadaires de Pierre Builly sur notre patrimoine cinématographique, publiées en principe le dimanche, dans notre catégorie Culture et Civilisation.
  • Livres & Histoire • Le Mystère Clovis, de Philippe de Villiers

     

    Par Gabrielle Cluzel  

    C'est une intéressante recension du dernier livre de Philippe de Villiers que Gabrielle Cluzel nous donne ici. [Boulevard Voltaire, 24.10].  

    Rappelons pour ceux qui l'ignoreraient que Gabrielle Cluzel participe - d'ailleurs toujours brillamment - à certains de nos colloques et conférences, dont quelques unes sont les siennes propres.   LFAR 

     

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    Avant d’être « Le Mystère Clovis », ce livre est le « mystère Villiers », la recette inimitable, à chaque ouvrage, réinventée qui a fait l’immense succès de sa Jeanne d’Arc et de son Saint Louis.

    Ce n’est pas un roman historique, en tout cas pas au sens communément admis du terme : le genre, qui fait florès depuis trente ou quarante ans, prend des libertés et extrapole – parce que roman – et vous habille tout cela en costume d’époque – parce qu’historique. Intrinsèquement chronocentré, il plaque sur ses héros la psychologie de l’homme moderne et prête aux événements des problématiques contemporaines.

    C’est la démarche parfaitement inverse que fait Philippe de Villiers, et quand il imagine – des dialogues, des rencontres, des sentiments -, c’est pour combler les non-dits de l’Histoire avec rigueur, dans le respect du climat, du vocabulaire, du mode d’expression et des croyances de l’époque. Les pages consacrées, en addendum, à la juste datation du baptême de Clovis en sont la preuve.

    Pour ne pas être chronocentré, et donc anachronique, ce livre est cependant lié par mille fils à notre monde. « La nature a horreur du vide. L’Empire romain est mort en Occident. » Clovis est une charnière, la fin d’un cycle et le commencement d’un autre, cette heure un peu sombre, entre chien et loup, qui angoisse. Et ce n’est pas trop s’avancer que d’affirmer que nous y sommes aussi. Nous aussi savons ce qu’est une civilisation qui s’essouffle et s’étiole, qui, comme un vieillard, se crispe et se caricature, dont le raffinement devient perversion, le savoir-vivre hédonisme, la miséricorde faiblesse, le doute désespoir suicidaire. « Les chanteurs ont chassé les philosophes et les professeurs d’éloquence ont cédé la place aux maîtres en fait de volupté. »

    Et voici Clovis, jeune et barbare, doté d’une assurance, une rustrerie, un appétit, une énergie vivifiants : « J’accède au pouvoir au moment même où l’ancien monde bascule dans le vide. Mes impatiences font couler dans mes veines des lames en fusion. » Rien de tout cela – au contraire ! – ne pouvait laisser prévoir qu’il embrasserait la religion du Christ. C’est bien pour cela qu’il fut tenté par l’arianisme. C’est bien pour cela qu’il sembla s’engouffrer dans une manière de théologie de la rétribution résumée par Grégoire de Tours – « Tout lui réussissait car il marchait le cœur droit devant Dieu » -, et pourtant, la mort, sitôt baptisé, du premier enfant que lui donna Clotilde avait de quoi ébranler moins incrédule. Clovis commença d’ailleurs, tel Monsieur Jourdain, par faire du christianisme sans le savoir : ainsi le loue-t-on pour avoir accordé la liberté aux Alamans vaincus… « Je ne voulais pas m’encombrer de captifs », avoue-t-il, candide. « Parfois dans la vie, lui répond l’ermite Vaast, il arrive que l’acte soit plus fort que l’intention. »

    Et voici la vaillante Clotilde, justement, avec la clairvoyante Geneviève, parce que, comme l’écrivait Jacqueline Pascal, « quand les évêques ont des courages de femmes, il faut que les femmes aient des courages d’évêque », et que, précisément, les « druides mitrés », comme les appelait Childéric, père de Clovis, ne sont pas tous de la trempe de saint Remi.

    Quand il s’adresse là-haut, c’est le « Dieu de Clotilde », et lui seul, qu’il interpelle. Preuve que c’est avant tout par elle que la France fut christianisée.

    Philippe de Villiers ne fait jamais rien au hasard, et l’on plonge dans son livre comme l’on rentre au Puy du Fou : pour se divertir, apprendre, en avoir plein les yeux, admirer, retrouver la fierté du passé, mais aussi pour réfléchir et espérer.

    Ce livre sort presque en même temps que le Destin français, où tout semble déjà scellé et plié… à vue humaine, c’est vrai, et Éric Zemmour n’aime rien tant que la rationalité. Mais le mystère est ce que l’on ne peut expliquer. Ou seulement après.

    C’est ainsi que Clovis devint le père d’un Occident que l’on aurait pu croire définitivement condamné. 

    Ecrivain, journaliste
    Son blog
  • Culture • Loisirs • Traditions

    Ce visuel est destiné à marquer l'unité des articles du samedi et du dimanche, publiés à la suite ; articles surtout culturels, historiques, littéraires ou de société. On dirait, aujourd'hui, métapolitiques. Ce qui ne signifie pas qu’ils aient une moindre importance.  LFAR

     

     

  • Livres & Mémoire • Les martyrs d’Algérie

     
    Par  Bruno de Chergé
     

    Photo-actu-10.jpgLe Vatican avait annoncé samedi 27 janvier 2018 que le pape François a autorisé la promulgation du décret de béatification de Mgr Pierre Claverie, ancien évêque d’Oran, et de dix-huit autres religieux et religieuses morts en martyrs en Algérie entre 1994 et 1996.

    Le décret avait été signé sans date ni lieu de béatification, contrairement aux usages en la matière. Les évêques d’Algérie souhaitaient que la béatification se passât en Algérie. Des discussions ont eu lieu avec les autorités algériennes, en lien étroit avec le Vatican, c’est-à-dire la Congrégation pour la Cause des Saints.

    Le temps passait et les espoirs de voir cette béatification se dérouler rapidement s’amenuisaient. En effet, se profile en 2019 une année d’élection présidentielle en Algérie, avec des interrogations sur la possibilité pour le Président Bouteflika de se représenter malgré son état de santé. Et, puis, coup de théâtre, après une réunion début septembre à Rome et de nombreux échanges avec le Ministre des Cultes algérien, la date et le lieu sont enfin tombés : ce sera le 8 décembre à Oran, en la Basilique Santa Cruz qui vient d’être rénovée.

    Des rumeurs insistantes évoquaient la venue du Pape à cette béatification. Si le Pape est incontestablement derrière l’accélération du calendrier de la béatification de ces 19 martyrs d’Algérie, il est difficile pour le chef de l’Église de se rendre ainsi dans un pays dont l’Islam est devenue la religion d’État par la Constitution de 1963. L’Église n’a pas pu officiellement perdurer en Algérie pour le moment, à la différence des coptes d’Égypte. En 1964, 900.000 chrétiens quittent le pays. Il ne reste alors que 100.000 chrétiens et moitié moins dès 1970.

    Qui sont ces 19 martyrs de la foi honorés par l’Église ? Il y a des Maristes et des Petites Sœurs de l’Assomption, tués ensemble à Alger, le 8 mai 1994. Deux sœurs Augustines Missionnaires tuées le 23 octobre 1994, sur la route, tandis qu’elles se rendaient à la messe dominicale. Quatre Pères Blancs, tués le 27 décembre 1994 à Tizi-Ouzou, tandis qu’ils fêtaient ensemble leur confrère Jean Chevillard. Les Sœurs de Notre-Dame des Apôtres ont aussi deux martyres. Elles ont été tuées le 3 septembre 1995, alors qu’elles sortaient de la messe du dimanche. Sœur Odette Prévost, des Petites Sœurs du Sacré-Cœur, a été tuée à Alger, le 10 novembre 1995, tandis qu’elle se rendait à la messe. Le groupe le plus nombreux est formé par les sept Frères trappistes du monastère de Tibhirine : Christian de Chergé, le prieur ; Frère Luc Dochier, le médecin ; Père Christophe Lebreton, poète ; Frère Michel Fleury ; Père Bruno Lemarchand qui se trouvait à Tibhirine de passage, pour l’élection du prieur. Le père Célestin Ringeard et le Frère Paul Favre-Miville complètent le groupe. Ils ont été pris en otages la nuit du 26 mars 1996 et ils vont vivre cette tragique situation pendant 56 jours. On ne retrouva que leurs têtes, le 21 mai 1996. Le dernier du groupe est Monseigneur Pierre Claverie, évêque d’Oran, tué à Oran le 1er août 1996.

    Pour découvrir l’itinéraire des moines de Tibhirine, l’Association pour les Écrits des sept de l’Atlas vient d’éditer Autobiographies spirituelles, Heureux ceux qui espèrent aux éditions du Cerf. Un beau livre qui permet de les connaître, d’entrer dans leur intimité et de cheminer avec eux vers le Golgotha, jusqu’aux instants ultimes où ils furent enlevés puis exécutés.

    On retrouve le portrait rugueux et généreux de Frère Luc, la quête mystique de Christian de Chergé. On vit avec cette Église d’Algérie qui fait sienne l’enfouissement post-Vatican II, dans un pays totalement musulman, et déchiré par une guerre civile initiée par les islamistes du GIA. 

    Mais, ces moines restaient un signe dans la montagne de l’Atlas. La Communauté du Chemin Neuf essaie de continuer une vie chrétienne à Tibhirine.

    Heureux ceux qui espèrent, Autobiographies spirituelles, Editions du Cerf, Bayard, Abbaye de Bellefontaine, 757 p, 29 €.

    Bruno de Chergé
    Politique magazine
  • Cinéma • First Man, le premier homme sur la lune

     

    Par Guilhem de Tarlé

    A l’affiche : First Man, le premier homme sur la lune, un film de Damien Chazelle, avec Ryan Gosling (Neil Armstrong), Claire Foy (Janet Armstrong), Corey Stoll (Buzz Aldrin) et Lucas Haas (Mike Colins)


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    « On a décroché la lune »… C’est, dans le film, la réponse de Janet Armstrong aux journalistes qui l’interviewaient alors qu’elle partait retrouver son mari, durant la « quarantaine » qui suivit la mission Apollo 11.

    Je doute que la formule soit historique… Et c’est dommage car elle aurait été très belle. 

    Depuis « mon ami Pierrot » jusqu’à Tintin, en passant par Jules Verne et aussi les « six moyens de violer l’azur vierge » dont Cyrano de Bergerac choisit le septième pour l’atteindre, la lune a toujours été, jusqu’à Neil Armstrong, dans notre imaginaire.

    19895927_437007ff7d87a8439239ac5e1e862c35_wm.jpgCe long-métrage entame brillamment les cérémonies du jubilé des « premiers pas sur la lune » qu’on ne manquera pas de célébrer dans 9 mois.

    J’ai vu avec ravissement, dans la fusée, les hommes et les objets voler comme le capitaine Haddock derrière sa boule de whisky ; j’ai apprécié le fond musical de Justin Hurwitz, et c’est une première car je n’entends rien à la musique et d’habitude je ne l’entends pas… cette fois-ci, j’ai aimé en pensant avec amusement à « Radio-Klow » qui diffusait, pour les astronautes d’Hergé, « Avant de mourir, de Boulanger ». 

    Bref un film passionnant, remuant et stressant, à la réserve près qu’on en connaît la fin, à la gloire du héros…

    Mais les autres ? car, à bien y réfléchir, Buzz Aldrin qui foula, le deuxième, le sol lunaire est tout autant héros que le premier… quant à Michael Collins, le « troisième homme », qui resta en orbite dans le module de commande, il a eu la même formation, il a subi le même entrainement, particulièrement lourd et difficile, et pris les mêmes risques que les autres, sans avoir l’honneur et le bonheur d’y poser son pied.

    first1.jpgCurieux cet hommage justifié, que je recommande évidemment, mais sélectif. 

    Se souvient-on, aussi, qu’après ces deux (ou trois) pionniers, de 1969 à 1972 avec Apollo 17, dix autres astronautes ont marché sur la lune ?

    Et depuis ? plus rien ? 

    J’en reviens au Capitaine qui avait sans doute raison : « ON N’EST VRAIMENT BIEN… QUE SUR NOTRE BONNE VIEILLE TERRE ! ».   

    PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et plusieurs dizaines d’autres sur mon blog Je ciné mate.

  • Éric Zemmour face à Patrick Weil (2/2) : Un débat détonnant portant sur des sujets essentiels (suite)

    Rue en Seine-Saint-Denis

     

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpgNous mettons en ligne aujourd'hui la seconde partie du débat dont nous avons publié la première partie hier. Cette dernière porte notamment sur l'immigration, l'Islam, la théorie du grand remplacement, la guerre de civilisation, des sujets absolument essentiels pour la survie de la France. En tous domaines, l'on mesurera combien la pensée d'Éric Zemmour est pétrie des thèses - parfois même d'expressions - maurrassiennes et bainvilliennes. Zemmour redresse ainsi avec un remarquable courage intellectuel des opinions reçues, manichéennes et simplistes par ignorance ou pure mauvaise foi. Quand on a lu La Cause du peuple de Patrick Buisson, quand on écoute ou qu'on lit Zemmour, on se rend un compte exact de l'influence que les idées d'Action française continuent d'exercer sur l'Intelligence française. En ce sens, l'on ne peut parler ni de leur échec, ni de leur malédiction. Et surtout, l'on constate quels signalés services elles ne cessent de rendre à la France d'aujourd'hui. Regardez, écoutez, donnez vos avis...  ■  Lafautearousseau  (2ème et dernière partie)

     

     

    La présentation de BFM

    Éric Zemmour face à Patrick Weil (2/2)

    Le journaliste et essayiste Éric Zemmour, en tête des ventes de livres en septembre avec son ouvrage Destin français (Éd. Albin Michel), a débattu face à l'historien Patrick Weil, directeur de recherche au CNRS, président de « Bibliothèque sans frontières » et auteur du livre Le sens de la République, réédité en collection Folio. - Débat animé par Nathalie Levy, dans News et Compagnie, ce mardi 23 octobre 2018, sur BFMTV.

    En début de soirée, News et compagnie présenté par Nathalie Levy offre une dynamique différente en matière de rendez-vous d'information. Retour durant une heure entière sur les principaux faits d'actualité dans la voix d'une personnalité people, intellectuelle, politique ou encore sportive. Entourée des chroniqueurs Laurent Neumann, éditorialiste politique et Emmanuel Lechypre, éditorialiste économique, Nathalie Levy décrypte l'actualité avec son invité sur un ton décalé placé sous le signe de la bonne humeur.  

    Mise en ligne le 23/10/2018
  • Retour à Maurras : « Ce pays-ci n'est pas un terrain vague ... »

     
    L’hospitalité
     

    2481115609.jpgIl s'agit de savoir si nous sommes chez nous en France ou si nous n'y sommes plus ; si notre sol nous appartient ou si nous allons perdre avec lui notre fer, notre houille et notre pain ; si, avec les champs et la mer, les canaux et les fleuves, nous allons aliéner les habitations de nos pères, depuis le monument où se glorifie la Cité jusqu'aux humbles maisons de nos particuliers.

    Devant un cas de cette taille, il est ridicule de demander si la France renoncera aux traditions hospitalières d'un grand peuple civilisé. Avant d'hospitaliser, il faut être. Avant de rendre hommage aux supériorités littéraires ou scientifiques étrangères, il faut avoir gardé la qualité de nation française. Or il est parfaitement clair que nous n'existerons bientôt plus si nous continuons d'aller de ce train. (…)

    Ce pays-ci n'est pas un terrain vague. Nous ne sommes pas des bohémiens nés par hasard au bord d'un chemin. Notre sol est approprié depuis vingt siècles par les races dont le sang coule dans nos veines. La génération qui se sacrifiera pour le préserver des barbares et de la barbarie aura vécu une bonne vie.

    (…) La jeune France d'aujourd'hui est en réaction complète et profonde contre ce double mal. Elle rentre chez elle. Ses pénates intellectuels, ses pénates matériels seront reconquis. Il faut que l'ouvrier français, le savant, l'écrivain français soient privilégiés en France. Il faut que les importations intellectuelles et morales soient mises à leur rang et à leur mérite, non au-dessus de leur mérite et de leur rang. L'étiquette étrangère recommande un produit à la confiance publique : c'est à la défiance du pays que doit correspondre au contraire la vue de tout pavillon non français. Qu'une bonne marque étrangère triomphe par la suite de cette défiance, nous y consentons volontiers, n'ayant aucun intérêt à nous diminuer par l'ignorance ou le refus des avantages de dehors, mais l'intérêt primordial est de développer nos produits en soutenant nos producteurs. Le temps de la badauderie à la gauloise est fini. Nous redevenons des Français conscients d'une histoire incomparable, d'un territoire sans rival, d'un génie littéraire et scientifique dont les merveilles se confondent avec celles du genre humain.     

     

    Charles Maurras 
    L’Action française, 6 juillet 1912