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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1210

  • Paris ce 13 novembre, aux Mardis de Politique magazine, le colonel Michel Goya dira comment l'armée française a gagné la Grande Guerre

     

    Rendez-vous à partir de 19 h 00 - Conférence à 19 h 30 précises
    Participation aux frais : 10 euros -  Etudiants et chômeurs : 5 euros

    Salle Messiaen, 3 rue de la Trinité  Paris 9° - Métro La Trinité, Saint-Lazare

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    Renseignements : Politique magazine, 1 rue de Courcelles Paris 8° - T. 01 42 57 43 22

  • 11 Novembre : hommage à tous les morts pour la France, dont les Camelots du Roi, bien sûr...

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  • Le Prince Jean de France rend hommage aux soldats tombés pour la France

     

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    11 novembre 2018

    En ce jour de commémoration de l'armistice de 1918, comme beaucoup de Français, je pense aux noms gravés sur nos monuments, au coeur de nos villages, et je me souviens de nos soldats tombés pour la France.

    Dans l'Europe pacifiée d'aujourd'hui, leur mort peut paraître distante et vaine. Pourtant, emportés dans l'escalade de violence qui se mettait en place, souvent bien loin de leurs vies quotidiennes, et des limites de leur existence individuelle, c'est une frontière commune qu'ils ont défendue. La frontière d'une histoire, d'une manière de vivre, d'une langue qui rendent la France si chère à notre coeur.

    Tout doit être évité pour que l'humanité ne donne plus le spectacle d'un tel carnage. Mais que ce voeu ne nous empêche pas de méditer le courage de ces soldats qui ont fait tous les sacrifices, non seulement par obéissance, mais aussi par conscience d'un bien supérieur à leur propre existence.

    Le prince Jean de France
    (Page facebook officielle)
  • I.E.I.

     

    par Louis-Joseph Delanglade
     

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    Voilà donc commémoré l’armistice de 1918.

    L’événement a quelque peu occulté la première réunion à Paris, mercredi 7, des pays signataires de l’« Initiative européenne d’intervention » (I.E.I.).  Ils sont désormais dix : neuf pays membres de l’Union européenne (France, Allemagne, Danemark, Belgique, Pays-Bas, Espagne, Estonie, Portugal, Finlande) auquel il faut ajouter le Royaume-Uni (hors U.E. de jure, le 29 mars 2019), l’Italie ayant préféré rester dans une prudente expectative. 

    logo-long-dgris_a_la_une.jpgSi c’est à Luxembourg qu’a été signée une « lettre d’intention » par les ministres de la défense de neuf pays européens (25 juin 2018), c’est bien une fois de plus la France qui est à l’origine de cette initiative avec le discours de M. Macron à la Sorbonne (26 septembre 2017). L’ambition est grande, si l’on en croit la D.G.R.I.S. (Direction Générale des Relations Internationales et de la Stratégie) du Ministère des Armées : créer « les conditions préalables pour de futurs engagements coordonnés et préparés conjointement » par des « États européens ayant démontré leur volonté politique et leur capacité militaire d’assumer un engagement en opérations ». 

    Alors que M. Trump conserve à l’évidence, suite aux résultats des élections de mi-mandat aux Etats-Unis, le pouvoir de persévérer dans une politique étrangère de désengagement, l’affichage d’une telle volonté « politique » peut sembler de bon augure.  Pour l’Europe en général, cela va de soi, grâce au rapprochement franco-britannique. Mais aussi pour la France, laquelle dispose d’atouts de premier ordre dans le domaine de la défense (sa force de dissuasion et sa présence outre-mer, par exemple). Cependant, on peut avoir quelques inquiétudes, à tout le moins quelques doutes. Ainsi, mardi 6 (soit la veille de la réunion de Paris), M. Macron déclare sur Europe 1 : «  On ne protégera pas les Européens si on ne décide pas d’avoir une vraie armée européenne. » Cette dernière dénomination peut surprendre. 

    5b328a8809fac2f5058b4568.jpgQu’est-ce en effet qu’une « armée européenne », si ce n’est une armée unique qui remplacerait les armées nationales ? Or, on se rappelle l’échec de 1952 (Communauté européenne de défense) et même celui de 1999 (Force d’intervention rapide). C’est que les Etats existent et que la défense relève de leur souveraineté - ce que l’U.E. elle-même admet dans un texte de 2016, tandis que le document de la D.G.R.I.S. se contente de noter, à propos de l’I.E.I., sa « forte compatibilité avec l’Otan et/ou l’U.E. ». Il est donc plus réaliste d’envisager une solide alliance fondée sur un engagement sérieux (et financier) de la part d’une Allemagne toujours frileuse dans ce domaine depuis la fin de la seconde guerre et de quelques autres partenaires jusqu’à présent confortablement à l’abri sous le parapluie américain. 

    Croyant sans doute y trouver une bonne justification à ses propos, M. Macron affirme par ailleurs, le même jour sur la même radio, que la Russie représente un danger. On doit, certes, regretter que la situation géopolitique actuelle et l’hostilité manifeste de l’Otan à son égard tiennent la Russie éloignée de la communauté des nations d’Europe. Mais la nommer comme le premier de nos ennemis potentiels est chose grave. D’abord parce qu’elle ne nous menace pas vraiment, ensuite et surtout parce qu’elle a naturellement vocation à faire partie de la véritable Europe, pas celle de l’U.E. évidemment. 

    On soulignera enfin, car c’est une donnée politique très importante, que le Brexit ne devrait avoir aucune incidence sur le processus d’alliance militaire enclenchée par l’I.E.I. Les Britanniques quittent l’Union mais se rallient à l’I.E.I. : cela prouve que l’Union européenne, qui se reconnaît bien incapable de promouvoir quoi que ce soit en matière de défense, est tout simplement hors jeu. Redit de façon différente : ce sont bien des Etats, certes membres pour la quasi totalité de l’U.E., qui se rapprochent militairement, en dehors de la technostructure de Bruxelles. 

    Le possible grand retour des Etats et l’affichage des souverainetés nationales : M. Macron aura peut-être été, sans le vouloir, l’initiateur d’un processus fécond pour l’Europe. Affaire à suivre.   

  • L’Action française et la Grande guerre

     

    20181111-grande-guerre.jpgAprès avoir dénoncé les faiblesses de la politique étrangère de la IIIème République (notamment à travers ce chef-d’œuvre qu’est le Kiel et Tanger de Maurras, qui faisait l’admiration du président Pompidou), après avoir contribué puissamment par ses campagnes au vote de la loi des trois ans, qui allongeait la durée du service militaire, l’Action française participa sans réserve en 1914 à l’Union sacrée et jeta toutes ses forces dans la guerre.

    Toutes les forces du talent de Bainville, Daudet et Maurras d’abord, qui ne cessèrent de soutenir l’effort de guerre. Le procureur Thomas au procès de Maurras à Lyon en 1945 le reconnut lui-même en ces termes : « Je suis le premier à reconnaître qu’en 1914-1918, Maurras a été un très grand patriote, qu’il a rendu des services signalés à la France, qu’il a été un grand Français, qui, à ce moment, chassa la trahison, qu’il a expurgé certains membres du gouvernement qui n’avaient pas fait leur devoir, qu’il a donc été un grand citoyen, un grand Français. » Toutes les forces de ses cadres et de ses militants ensuite, qui périrent hélas par milliers sur l’autel de la patrie. Parmi ces innombrables héros, dont plusieurs monuments aux morts de section conservent la mémoire, citons notamment Henri Vaugeois, le co-fondateur de l’AF avec Maurice Pujo, Léon de Montesquiou, Octave de Barral, l’admirable poète Jean-Marc Bernard, le jeune prodige Henri Lagrange, qui écrivit ses premiers articles dans l’AF quotidienne à 16 ans, Pierre David, ce jeune patriote juif qui écrivit à Maurras une lettre magnifique devenue un référence…

    Il faudrait des volumes entiers pour les évoquer tous. Pensons aussi à ceux qui revinrent mutilés comme le sculpteur Maxime Real del Sarte, chef des camelots du roi. Leur sacrifice, comme celui de tous les autres Français de 14, ne doit pas être dilué dans le discours contemporain qui occulte la Victoire au profit de la seule compassion pour les souffrances (certes immenses !) des soldats ou d’un pacifisme européiste qui nie les raisons mêmes pour lesquelles ils se sont battus avec tant de courage : la patrie, la nation, la sauvegarde de nos frontières et la reconquête des provinces perdues.  

    ACTION FRANÇAISE
    11 novembre 2018
  • Culture • Loisirs • Traditions

    Ce visuel est destiné à marquer l'unité des articles du samedi et du dimanche, publiés à la suite ; articles surtout culturels, historiques, littéraires ou de société. On dirait, aujourd'hui, métapolitiques. Ce qui ne signifie pas qu’ils aient une moindre importance.  LFAR

    On ne s'étonnera pas si les deux journées de ce weekend sont en partie consacrées au souvenir de la Grande Guerre ...

     
  • Famille de France • Le prince Jean salue le bel éclairage de F. de Natal sur le rôle des princes de la Maison de France pendant la Grande Guerre

    Le duc de Guise sur le font en 1915 

    Le prince Jean de France a partagé une publication ...

    577729_419207038113900_1987815933_n.jpg« Mon unique ambition est de servir, comme simple soldat dans l’infanterie et de rejoindre les frontières le plutôt possible » dit le prince Jean d'Orléans au président Raymond Poincaré au palais de l'Elysée. 

    Un bel éclairage de Frederic de Natal sur le rôle des princes de la Maison de France pendant la Grande Guerre dont nous célébrerons (...) le centenaire de la victoire. 

    Le prince Jean de France
    (Page facebook officielle)

     

    Pour lire l'intégralité de la publication de Frédéric de Natal (5 pages), cliquez sure la page ci-dessous

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  • Patrimoine cinématographique • La grande illusion

    Pierre Fresnay et Erich von Stroheim

    Par Pierre Builly

    La grande illusion de Jean Renoir (1937)

    20525593_1529036520490493_4184281983923317414_n.jpgSi pacifiste que ça ?

    la-gran-ilusion-aka-la-grande-ilusion-erich-von-stroheim-trasero-frente-de-izquierda-pierre-fresnay-jean-gabin-1937-e5m7ph.jpgAprès une bonne dizaine de visionnages, anciens et récents, de ce chef d’œuvre de Jean Renoir, j'en suis toujours à me demander ce qui lui vaut sa réputation d’œuvre pacifiste, de brûlot subversif, qui lui a - ou lui aurait - valu interdictions diverses et mises sous le boisseau. Ou alors - et c'est plutôt même sans doute là qu'il faut chercher - parce qu'en 1937, date de sortie du film, les lourdes machines des propagandes se sont mises à accélérer et ne tolèrent plus, pour la commodité de leur fonctionnement, qu'il y ait nuances, ambiguïtés, subtilités dans la mise en scène des réalités. 

    Les réalités, il me semble qu'elles sont doubles ou triples, mais suffisamment intelligentes pour n'être pas révolutionnaires ! Et si nous débarrassons aujourd'hui un film qui se passe pendant la Grande guerre d'une partie des aspects conjoncturels de l'époque de son tournage, sur quelles réalités, précisément, tombons-nous ? 

    koenigsbourg1.jpgQu'il existe une sorte d'Internationale « des gens bien élevés », qui transcende les appartenances nationales ? 

    Que la guerre peut se faire « sans haine » entre adversaires qui s'estiment ? 

    Que le désir, l'attirance physique, certaines frustrations peuvent entraîner des gens qui se comprennent à peine à engager une jolie (et provisoire) histoire ? 

    La belle affaire ! Tout cela est de l'ordre des rassurantes évidences ! 

    125874.jpgJe ne vois pas, en tout cas, chez Renoir un appel à la désobéissance, une remise en question du rôle de chacun ; bien au contraire, les combattants combattent dans un respect mutuel (mais il ne faut pas méconnaître que nos combattants sont des aviateurs, des aristocrates de la bagarre, qu'ils ne sont pas soumis à la promiscuité dégradante de la tranchée !) ; chacun fait son devoir, sans détestation de l'autre (c'est généralement seulement dans les guerres civiles qu'on déteste le type d'en face, parce qu'on sait pourquoi on le hait) ; chacun joue son rôle : les prisonniers cherchent à s'évader, les geôliers à les en empêcher. Et si Rauffenstein (quel rôle aura plus fait pour la légende d'Erich von Stroheim ?) se résout à tirer sur Boeldieu (même remarque pour Pierre Fresnay), ce n'est évidemment pas de gaieté de cœur, mais parce que c'est l'ordre des choses. 

    18477275.jpgEn fait, chacun fait son Devoir, sans fanatisme ou joie mauvaise ; mais il n'y a pas non plus d'aspect niais et grandiloquent, comme dans le J'accuse d'Abel Gance où les morts sortent des tranchées pour demander des comptes, et moins encore de côté « lendemains qui chantent » comme dans La vie est à nous, délicieux film de propagande communiste du même Jean Renoir. 

    Qui pourrait dire qu'il y a de la révolte, de l'esprit « crosse-en-l'air », de la mutinerie, dans la silhouette de Maréchal (Jean Gabin) et de Rosenthal (admirable Marcel Dallio) qui gagnent la Suisse dans la neige, après avoir quitté la ferme d'Elsa (Dita Parlo) ? 

    Je gage même qu'après une permission de convalescence, Maréchal et Rosenthal reprendront le combat...  ■

    51zJzX3BE1L._SX342_.jpg

    DVD disponible autour de 10€ 

    Retrouvez l'ensemble des chroniques hebdomadaires de Pierre Builly sur notre patrimoine cinématographique, publiées en principe le dimanche, dans notre catégorie Culture et Civilisation.
  • POÉSIE • « L’ART POÉTIQUE DE CHARLES MAURRAS » [2]

     

    PAR LUC-OLIVIER D’ALGANGE

    Une remarquable réflexion sur l'art poétique - et politique - de Charles Maurras ... 

    « Le Dieu t’encoche à l’arc de la mer » – Charles Maurras 

    Luc-Olivier-d’Algange-@TV-Liberté.jpgLes confusions et les malheurs du temps ...

    Les confusions et les malheurs du temps proviennent, pour Charles Maurras, de la dissociation de la beauté et de la vérité. Aristotélicien par son recours à Saint-Thomas d’Aquin et à l’empirisme organisateur d’Auguste Comte, Maurras est platonicien dans sa poétique et les raisons d’être qu’il accorde à l’Idée. Les adeptes d’un Maurras « tout d’une pièce » n’ont peut-être pas assez médité le jeu de cette contradiction créatrice. Au voisinage d’Homère et de Platon, Maurras entretient une conversation soutenue avec le limpide mystère des Idées et des Dieux, alors qu’aussitôt paraît-il s’accorder au Dogme et à l’Eglise que son argumentation se fait pragmatique. Sans doute ne voit-il dans le Dogme qu’une limite opportune à la confusion, alors son âme frémit à l’incandescente proximité des Idées.

    Vz4kzcfFlhtALzfBCXhdtnwTXPA.jpgHôte du Banquet en compagnie de Diotime, Maurras entrevoit la métaphysique dont il se défia, au contraire de Léon Daudet, lorsqu’elle lui advint par l’entremise des œuvres de René Guénon ; alors qu’apologiste du Dogme, la métaphysique et le Mystère semblent céder la place à des considérations organisatrices. S’il est, pour Maurras, un Mystère vécu, un Mystère éprouvé, ce n’est point le Mystère christique de l’Eucharistie et de la Résurrection des corps, mais, ainsi que le nomme son poème, Le Mystère d’Ulysse:

    « Guide et maître de ceux qui n’eurent point de maître
    Ou, plus infortuné, que leur guide trompa,
    Donne-leur d’inventer ce qu’ils n’apprirent pas,
    Ulysse, autre Pallas, autre fertile Homère,
    Qui planta sur l’écueil l’étoile de lumière
    Et redoubla les feux de notre firmament ! »

    « La beauté parfaite, écrit Maurras, est tel un signe de la vérité qu’il devient presque superflu de se demander si la poésie d’Horace est sincère ».

    N’étant guère enclin à nous faire procureurs en poésie ou en métaphysique, les postulants à ces titres douteux ne manquant pas, nous nous contenterons de percevoir, à travers les incertitudes maurrassiennes, dissimulées sous un ton péremptoire, le beau signe de la vérité qui nous est ainsi adressé. Cette vérité est la connaissance de nos limites. Le paradoxe de cette connaissance est d’être à la fois humble et orgueilleuse. Elle est humble, car elle présume que nous sommes essentiellement redevables de ce que nous sommes à notre tradition, à notre Pays et à notre langue. Ecrivain, moins que tout autre je ne peux oublier que ma pensée circule comme une sève dans le grand arbre héraldique et étymologique de la langue française et que ma liberté est constituée par celle de mes prédécesseurs. Chaque mot dont s’empare notre pensée s’irise de ses usages révolus. Notre orgueil n’est alors que la juste mesure de notre humilité : il nous hausse, par la reconnaissance que nous éprouvons, à la dignité d’intercesseurs. Maurras ne cesse de nous redire que notre legs est à la fois fragile et précieux. Si Maurras se fourvoie quelquefois lorsqu’il tente de définir ce qui menace, il discerne bien ce qui est menacé.

    « On est bon démocrate, écrit Maurras, on se montre bon serviteur de la démocratie, dès que l’on apporte aux citoyens des raisons nouvelles de quitter la mémoire de leurs pères et de se haïr fermement. »  Maurras ne voit pas seulement que la démocratie « servira les factions, les intérêts, la ploutocratie, enfin cette cacocratie devenue maîtresse de tout », il comprend aussi qu’exaltée en démagogie, la démocratie prépare un totalitarisme indiscernable à ceux qui le subissent : « La démagogie, c’est la démocratie lorsque la canaille a la fièvre ; mais quand la canaille est sans fièvre, qu’au lieu d’être exaltée, elle est somnolente, torpide, son gouvernement n’est guère meilleur. Un peu moins violent peut-être ? Oui, mais plus vil, plus routinier et plus borné. » 

    La décomposition du Pays en factions rivales présage cette grande uniformisation qui sera le triomphe de l’informe, du confus et du vulgaire, le mépris de la mémoire et l’obscurcissement de l’entendement humain dans une goujaterie généralisée. Maurras ne nous induit pas en erreur lorsqu’il voit dans la perpétuité dynastique un remède à la guerre de tous contre tous et une chance de subordonner le pouvoir à l’Autorité. Si nous dégageons l’œuvre de la gangue des préjugés de son temps, il nous est même permis d’y choisir ce qui n’est point frappé d’obsolescence: « Vivre proprement c’est choisir ; et l’activité intellectuelle est, de toutes les activités permises à l’homme, celle qui renferme la plus grande somme de choix, et de choix de la qualité la plus raffinée. »

    Les civilisations ne sont pas plus issues du seul hasard que de la seule nécessité. Elles sont, selon la formule de Henry Montaigu, « des dispositions providentielles » que soutient l’effort humain. Cet effort est moral, esthétique et métaphysique et la moindre défaillance menace de réduire ses œuvres à néant. La civilité est un savoir qui distingue. « L’individu qui vient au monde dans une civilisation trouve incomparablement plus qu’il n’apporte. » Lorsque le sentiment contraire l’emporte, la civilisation est déchue.

    Charles Maurras, s’il lui est arrivé de la pressentir, n’a pas connu l’extension planétaire de la démocratie totalitaire, avec son infatuation et sa pruderie, sa brutalité et ses leurres publicitaires. Face à ce « libéralisme » culminant en une société de contrôle secondée par l’informatique et la génétique, face à cette barbarie technologique, accordée à la soumission, peut-être eût-t-il renoncé à ses anciennes inimitiés pour nous inviter à d’autres formes de résistance. J’en vois la preuve dans ce qu’il écrivait le 8 août 1927 dans les colonnes de l’Action française, à propos de l’exécution des anarchistes Sacco et Vanzetti, après sept ans d’emprisonnement dans les geôles américaines : « L’aventure présente montre que cette race sensible et même sentimentale, profondément élégiaque, a du chemin à faire, it is a long way, oui, une longue route, pour devenir un peuple classique. Ni le progrès matériel représenté par le perfectionnement illimité du water-closed, ni la traduction puritaine de The Holy Bible dans toutes les langues du monde n’ont encore créé, là-bas, cette haute et subtile discipline du sourire et des larmes qui entre dans la définition du génie latin. »

    Harry_Clarke_The_Colloquy_of_Monos_and_Una.jpgCette « haute et subtile discipline du sourire et des larmes », certes, nous la reconnaissons également chez Novalis, Hölderlin, Nietzsche ou Heine, mais nous n’oublions pas davantage que cette reconnaissance, nous la disons en français. De même que Léon Daudet rendit un magnifique hommage à Shakespeare, Maurras sut prolonger dans son œuvre les résonnances du Colloque entre Monos et Una d’Edgar Poe (Image). Pourquoi être français plutôt qu’autre chose ? La réponse est dans le Colloque qui se poursuit entre les vivants et les morts, entre les prochains et les lointains. Que ce Colloque se poursuive, d’âme en âme, c’est là toute la raison d’être de la tradition, et de la traduction, dont surent si bien s’entretenir Pierre Boutang et Georges Steiner.

    Que retenir de l’œuvre de Charles Maurras ?

    mur-des-fastes-martigues.jpgPeut-être cette obstination à défendre les limites où l’universel se recueille. « Ai-je découvert plusieurs choses ? Je ne suis sûr que d’une, mais de conséquence assez grave : car de ce long Colloque avec tous les esprits du regret, du désir et de l’espérance qui forment le Chœur de nos Morts, il ressortait avec clarté que l’humaine aventure ramenait indéfiniment sous mes yeux la même vérité sous les formes les plus diverses. » Cette vérité, pour Charles Maurras, fut celle des « métamorphoses de l’amitié et de l’amour » de ses Maîtres platoniciens. La véritable leçon de ces Maîtres, à qui sait les entendre, n’est point dans l’abstraction, mais dans la métamorphose. La phrase, ou, plus exactement, le phrasé maurrassien, dans ses périodes les mieux inspirées, s’entrelace à ce mouvement d’inépuisable diversité. Ce sont « de rapides alternances de lune et de soleil, or liquide, argent vif, qui me réchauffaient le cœur, me déliaient l’esprit, et, d’un seul coup, m’ouvraient la conscience et la mémoire toutes grandes. »  L’espace à défendre est celui où cette extase est possible, où ni la conscience, ni la mémoire ne sont obscurcies ou avilies. (FIN) 

    Luc-Olivier d’Algange

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  • Histoire & Actualité • Un siècle après la fin de la Grande Guerre Zemmour décrypte les non-dits du 11 novembre 2018

     

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpgÉric Zemmour dénonce ici les non-dits du 11 novembre 2018. Qui ne sont, en vérité, ni à l'honneur d'Emmanuel Macron et des semble-élites de notre pays, ni utiles à la nécessaire réconciliation franco-allemande qui ne peut se fonder sur la soumission et l'abaissement de la France. Encore moins sur le déni du sacrifice des Français et sur le mépris de nos gloires militaires. Les Allemands ont d'ailleurs les leurs et il ne serait pas plus convenable de les leur dénier. C'est ce qu'explique ici Éric Zemmour avec qui nous sommes d'accord. [Figaro magazine du vendredi 9 novembre]  LFAR 

      

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    « C'était une demande de Berlin » L'aveu vient de l'Elysée. Surtout pas de parade ni de défilé en ce 11 novembre. On se souviendra de la boucherie, mais surtout pas de la victoire.

    Les poilus français n'étaient que des « civils qu'on avait armés » et non des soldats, héritiers des vertus militaires séculaires de leur peuple, défendant leur patrie et leur sol contre l'envahisseur. Ils se battaient pour « plus jamais ça » et pas du tout contre les Boches. Pourtant, en 2005, les Anglais n'ont pas demandé l'autorisation à Paris de célébrer Trafalgar. Et, en 2015, toute l'Europe a fêté avec faste Waterloo sans se soucier des susceptibilités françaises.

    Ce sont les dirigeants français qui, de Chirac à Macron, ont des pudeurs de jeune vierge dès qu'il faut évoquer les triomphes militaires français, d'Austerlitz à la Grande Guerre. Le prétexte est de ne pas gâcher la réconciliation franco-allemande. Fragile réconciliation qui ne supporte pas la vérité ! Vérité d'autant plus cruelle qu'elle fut longtemps niée par les Allemands, qui s'accrochèrent à la thèse du « coup de couteau dans le dos » qu'auraient donné les révolutionnaires communistes à une armée allemande invaincue. Thèse qui fit le lit de la propagande nazie.

    IMG.jpgIl est vrai que les populations allemandes n'avaient pas vu un soldat français sur leur territoire. Cette décision de ne pas « entrer dans Berlin » fut prise par Clemenceau et Foch, sous pression des alliés anglais et américains, qui souhaitaient avant tout éviter le retour de l'hégémonie française sur le continent. Et voilà comment la France de Clemenceau - le héros de Macron ! - perdit la paix après avoir gagne guerre ! Mais cette version de l'histoire est aujourd'hui occultée par l'historiographie française. Celle-ci, mettant ses pas dans ceux de l'économiste anglais (et francophobe) Keynes, ne veut voir dans le traité de Versailles que le « diktat » qui, humiliant les Allemands, aurait alimenté leur volonté de revanche.

    A l'époque, pourtant, le président de la République Poincaré et d'autres généraux comme Pétain et Mangin, s'étaient opposés au choix de Clemenceau et Foch.

    Mais Poincaré, l'homme de la « revanche », et surtout Pétain, l'homme de Vichy, sont aujourd'hui persona non grata de notre histoire officielle. Macron n'assistera même pas à l'hommage militaire des Invalides, de peur de devoir prononcer le nom maudit de Pétain !

    Le général de Gaulle, lui, n'hésitait à célébrer le vainqueur de Verdun, tout en rappelant son hostilité à Vichy. Il fut l'artisan de la réconciliation avec l'Allemagne sans cesser de rappeler aux nouvelles générations la gloire militaire de leurs ancêtres Pour de Gaulle, la France devait être le « jockey » du « cheval » allemand, tandis que nos élites d'aujourd'hui, dont Macron est la quintessence, veulent noyer l'identité et la souveraineté françaises dans un ensemble européen. D'où les projets de partager avec l'Allemagne notre siège à l'ONU, voire notre arme nucléaire. C'est toute la perversité du projet macronien : tout en prétendant « revivifier le roman national », il le dévitalise et achève sa destruction de l'intérieur.  

  • Histoire & Action Française • Centenaire de l’armistice : Iranien, poilu et camelot du roi

     

    Par Michel Franceschetti

     

    1622212_10202664155678592_457993015_n.jpgExactement un mois avant l’armistice, le 11 octobre 1918, en l’Hôtel de Ville de Marseille, était célébré le mariage d’André Iskaria et de Henriette Anastay. la cérémonie religieuse ayant lieu le 12 à l’église St-Cassien, chemin du Vallon de l’Oriol.

    Évoquer cet événement concernant des personnes inconnues permet, à partir d’un cas particulier, de rendre hommage aux soldats qui combattirent en 14-18. C’est aussi un moyen de comparer cette époque avec la nôtre, et aussi de rappeler un moment de l’histoire de l’Action Française en Provence.

    André Iskaria était un Iranien, un Persan disait-on alors, de la communauté catholique assyro-chaldéenne du nord-ouest de la Perse, à la limite de la Turquie et de la Syrie actuelles. Né à Mawana, il entra au séminaire d’Ourmia tenu par les lazaristes français qui lui donnèrent l’amour de la France et de sa culture. Il dut fuir les persécutions des Kurdes et, en passant par la Russie, finit par débarquer à Dunkerque en 1912.

    André légionnaire 2.jpgEn sortant du bateau, il ne se précipita pas pour demander des aides sociales, qui d’ailleurs n’existaient pas, mais pour s’engager dans la Légion Étrangère. André participa aux opérations de pacification du Maroc. En 1915, il fut envoyé aux Dardanelles puis en Serbie où il fut blessé.

    Pendant sa convalescence à Marseille, il fit la connaissance d’Henriette, fille de Henri Anastay qui possédait une des plus importantes pharmacies de Marseille, rue de l’Arbre (actuelle rue Vincent Scotto).

    Comme Henri, membre de la haute bourgeoisie marseillaise, s’opposait à ce que sa fille s’unisse à un basané sans le sou, même s’il était chrétien, il fallut attendre son décès. Après le temps de deuil habituel à l’époque, le mariage put avoir lieu le 11 octobre 1918.

    André et la médaille coloniale.jpgAvec l’armistice qui suivit quelques semaines plus tard, Henriette et André Iskaria purent envisager un avenir heureux. Ils eurent cinq enfants et quittèrent le Vallon de l’Oriol pour le Roucas-Blanc. Surtout, l’ancien légionnaire blessé au combat obtient la nationalité française en 1920, permettant à son épouse de retrouver la sienne. En effet, à l’époque, le mariage avec un étranger faisait perdre la qualité de citoyen français. Quel gouvernement oserait rétablir une telle loi de nos jours ?

    AF 1931.pngPeut-être fut-ce par crainte de la dénaturation de la victoire par les mesquines luttes politiciennes qu’André Iskaria, l’Iranien dont le sang avait coulé pour la France, adhéra au nationalisme intégral de l’AF et devint un ardent camelot du roi de la section marseillaise jusqu’à sa mort,  des suites d’un accident, en 1940.

    On retrouve souvent son nom dans les colonnes du quotidien royaliste au titre des donateurs de la section de Marseille.

    menu Maurras.jpgLa famille Iskaria avait un grand respect pour le prétendant au trône et une grande admiration pour Charles Maurras.

    Ses descendants conservent toujours un autographe de Maurras inscrit sur le menu du banquet organisé en avril 1931, à l’occasion du troisième congrès de la Fédération Provençale des sections d’Action Française.

    Cet Iranien, catholique, patriote, royaliste, n’a-t-il pas autant sinon mieux mérité de la patrie que certains ?   ■ 

  • POÉSIE • « L’ART POÉTIQUE DE CHARLES MAURRAS » [1]

     

    PAR LUC-OLIVIER D’ALGANGE

    Une remarquable réflexion sur l'art poétique - et politique - de Charles Maurras ... 

    « Le Dieu t’encoche à l’arc de la mer » – Charles Maurras 

    Luc-Olivier-d’Algange-@TV-Liberté.jpgCharles Maurras est un illustre méconnu.

    On retient de son œuvre   des idées générales, transmises par des historiens hostiles ou des vulgarisateurs. Quelques formules suffisent à l’intellectuel qui se targue de culture générale. Il parlera d’empirisme organisateur, de nationalisme intégral, de germanophobie et d’antisémitisme, et la démonstration lui semblera faite de la désuétude et de l’inanité de l’œuvre. Ces méthodes expéditives, que l’on applique également à Gobineau et qui trahissent l’inculture croissante de nos contemporains, n’expliquent rien de l’influence profonde que l’œuvre de Maurras exerça sur des hommes aussi divers que Maurice Blanchot, Jean Paulhan, Paul Valéry, Marcel Proust, Robert Brasillach, Daniel Halévy, Pierre Boutang ou Georges Bernanos, – auquel nous devons aussi la critique la plus forte, sinon féroce,  de l’Action française.

    La lecture est un art qui diffère presque insensiblement de l’art d’écrire. Autant dire que nos censeurs modernes ne lisent plus : ils compulsent, classent, étiquettent, en se fiant le plus souvent à des lectures secondaires, le recours à l’original étant considéré comme une perte de temps.  On oublie trop que le droit à la critique dépend de la fréquentation des oeuvres et non seulement de compte-rendu ou de fiches de police plus ou moins sommaires. Dans l’histoire de la philosophie politique et de la littéraire, la place de Charles Maurras, n’en déplaise à certains, est irrécusable.

    56269650_32026557.jpgDans la mouvance de l’Action française, il est permis, certes, de lui préférer le « libre réactionnaire » Léon Daudet, auteur de l’admirable Voyage de Shakespeare ou Jacques Bainville dont la pertinence historiographique n’a cessé d’être corroborée par les événements qui suivirent sa disparition prématurée, mais ni l’un ni l’autre n’eussent trouvé le centre de gravitation de leur pensée sans l’influence de Charles Maurras. Il est certes légitime d’être accablé par l’immense masse de ses éditoriaux quotidiens souvent répétitifs, et parfois fallacieux, dont on ne peut se défendre de penser qu’ils dissipèrent son talent et défavorisèrent son cheminement de poète et de philosophe, mais dans cette masse, les incidentes lumineuses ne manquent pas et la langue française y trouve un de ses beaux élans combatifs .

    A celui qui aborde l’œuvre de Charles Maurras sans préventions excessives, maintes richesses sont offertes, à commencer par celles du style, beaucoup moins froid et sec qu’on ne le prétend, chargé d’images, de saveurs et de lumières provençales, mais aussi de nuits vaincues, de ferveurs musiciennes. Le poète Charles Maurras n’est pas moins présent dans sa prose que dans ses prosodies. Son écriture n’est pas seulement le procès-verbal d’une pensée figée, elle poursuit sa propre aventure à la fois résolue et inspirée. Maurras, et c’est là toute sa philosophie politique, ne croit pas au sujet insolite, à l’individu interchangeable. Sa politique provient de la poésie du Chœur tragique : « Suivis avec art et science, écrit Maurras,les beaux mystères de la langue des poètes ont la vertu fréquente d’ajouter aux idées d’un rimeur isolé le chœur universel de l’expérience de tous ; les moindres paroles y gagnent on ne sait quel accent de solidité séculaire ; l’antique esprit qu’elles se sont incorporé multiplie saveur, résonance et portée d’ensorcellement… » 

    Si Maurras fut un grand raisonneur, avec la nuance légèrement péjorative qui s’attache à ce mot, il fut aussi poète et c’est ne rien entendre à ses écrits, c’est ignorer la nature même  de ses raisons que de s’en tenir à une seule lecture rationaliste ou « empirique ». La raison, que Maurras vénère, compose selon les mêmes mesures que la poésie. Pour cet esprit guerrier, et même belliqueux, et dont les Principes valent sans doute mieux que les stratégies, il importe d’abord de vaincre « l’informe et le bâclé, le vague et le diffus ».

    Poésie et politique s’accordent en ce dessein formateur. L’Art politique, n’est plus alors que l’expression d’un Art poétique: « Emporter dans sa tête un certain nombre de ses ébauches, d’abord informes, aspiration confuse à un conglomérat de sonorités et de rêves tendus vers un beau plutôt pressenti que pensé; puis, quand les mots élus abondent, en éprouver la densité et la vitesse au ballet des syllabes que presse la pointe du chant; en essayer, autant que le nombre matériel, le rayon lumineux et l’influx magnétique; voir ainsi, peu à peu s’ouvrir et se fermer la gerbe idéale des voix; élargir de degrés en degrés l’ombelle odorante; lui imposer la hiérarchie des idées qui sont des principes de vie; lever en cheminant les yeux vers le ciel nu, ou garni de pâles étoiles, pour y goûter le sentiment de la légèreté du monde et de la puissance du cœur… »

    Pour Maurras, la clarté, la certitude, la forme ne sont point les adversaires des « mots élus » ni de « la gerbe idéale des voix ». L’ordre classique qu’il entrevoit n’est pas une représentation préalable à la création, une administration vétilleuse du langage, un purisme dépourvu de sève, mais « une ombelle odorante ». L’art poétique de Maurras nous redonne à penser que la nature même du classicisme naît de « la densité et de la vitesse », de « l’influx magnétique ».  La perfection des rapports et des proportions que chante le poète roman n’est pas schématique mais éprouvée, elle n’est point l’abstraite vérité détachée de l’aventure poétique, mais la « pointe du chant » ! Le sentiment précède l’harmonie prosodique et intellectuelle ; il n’est pas seulement un effet de l’art, mais son origine. La différence majeure entre Maurras et, par exemple, André Breton (dont la prose « Grand Siècle », et fortement ordonnancée était, au demeurant, fort loin de respecter les préceptes d’automatisme et d’anarchie qu’elle énonçait) tient à ce que, pour Maurras, l’origine n’est jamais belle en soi, qu’elle ne brille de la platonicienne splendeur du vrai qu’au terme de son accomplissement dans la précision de l’intellect.

    haut_maurras_1895.pngL’écriture de Charles Maurras, plastique, surprenante, saisie d’incessantes variations de vitesse et d’humeur est bien loin d’avoir livré tous ses secrets. Cet auteur qui, jeune homme, fut mallarméen, pythagoricien et proudhonien porte dans son style une puissance libertaire sans cesse contrariée et renaissante. Sa fougue exigeait d’être jugulée pour mieux se dire. Quelque profond sentiment d’effroi n’est pas à exclure, dont ses premières œuvres gardent la trace, – contre lequel il éprouva le besoin d’armer son intelligence. Peut-être eût-t-il trop d’ardeur à contenir le vertige de l’étoile dansante du chaos dont parle Nietzsche ? Mais qui peut s’en faire juge ?

    Serviteur des Muses et de l’Idée, « chanteur et songeur » selon la formule de Pierre Boutang, Maurras poursuivit toute sa vie une méditation sur les limites de la raison et de la poésie. La limite idéale n’est pas une limite prescrite, imposée de l’extérieur mais une limite inscrite par le heurt et par la rencontre nuptiale de la poésie et de la raison.

    maurras-la-destinee-et-l-oeuvre.jpgMaurras n’oppose point à l’infini romantique un plat réalisme mais une pensée de la forme nécessaire et salvatrice.  Ainsi, la France sera pour lui une forme, au sens grec, une Idée: « N’être point un profane, entendre le mystère de conciliation que suppose une chose belle, sentir avec justesse le mot du vieux pacte conclu entre la savante fille du ciel et le tendre enfant de l’écume, enfin de rendre compte que ce parfait accord ait été proprement la Merveille du Monde et le point d’accomplissement du genre humain, c’est toute la sagesse qu’ont révélée successivement à leurs hôtes la Grèce dans l’Europe, l’Attique dans la Grèce, Athènes dans l’Attique, et, pour Athènes, le rocher où s’élève ce qui subsiste de son cœur. »

    Le dessein poétique de Maurras, dont découle sa volonté politique,  étant de « rétablir la belle notion du fini », la Merveille est ce qui précise et se précise. Le propre du poème sera d’être « ce rocher où s’élève ce qui subsiste » et qui rend perceptible et le ciel et l’écume. Dans la forme, qui consacre la finitude, la raison et la poésie s’accordent. Toute l’œuvre de Maurras consistera à décliner ces accords et à en sauvegarder les nuances et les gradations: « Il est bien de sentir qu’une belle colonne dorique, c’est le beau parfait. Il est meilleur de le sentir et de savoir la raison de son sentiment ». (A suivre)   

    Luc-Olivier d’Algange

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  • Cinéma • Un amour impossible

     

    Par Guilhem de Tarlé 

    A l’affiche : Un amour impossible, un drame de Catherine Corsini, avec Virginie Efira (Rachel), Niels Schneider (Philippe), Estelle Lescure et Camille Berthomier (Chantal), adapté du roman éponyme de Christine Angot, autobiographie ou autofiction de l’auteur.


    GT Champagne !.JPG« Mon père et ma mère se sont rencontrés à Châteauroux, (…) »

    Ces premiers mots de l’excellente bande annonce ne pouvaient que propulser les Berrichons que nous sommes à la première séance de ce film. 

    « C’est l’histoire d’un amour (…) c’est l’histoire d’un amour éternel et banal (…) »

    Eh bien non… cet amour n’a rien de banal quand Rachel continue d’aimer et de se donner,  jusqu’à être enceinte,  à cette ordure de Philippe qui lui répète qu’il ne l’épousera pas : « je te l’ai toujours dit – évidemment si t’avais été riche c’aurait été différent ». 

    1169866-un-amour-impossible.jpgPour la première fois je suis sorti de ce film beaucoup plus emballé que mon épouse qui « aurait pu ne pas le voir »…

    J’ai aimé ce jeu d’acteurs remarquable, alors que Virginie Efira ne m’avait pas convaincu dans Un homme à la hauteur, Elle ou Victoria ; et je n’avais pas identifié Niels Schneider dans Gemma Bovery, Dalida ou Un peuple et son Roi.

    J’ai été pris par ce film atroce, pour public averti, cette histoire d’abord stupide puis sordide, avec un Philippe pervers, « sûr de lui et dominateur » face à Rachel !

    J’ai apprécié enfin son relent politiquement « incorrect », quand Chantal s’énerve contre sa mère : « Deux personnes dans une maison, c’est pas une famille »… vérité qui est sans doute à rapprocher de la prise de position officielle de Christine Angot, en 2014, contre la GPA. 

    Peut-être, toute socialiste qu’elle est, devrais-je essayer de lire un de ses livres ?    

    PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et plusieurs dizaines d’autres sur mon blog Je ciné mate.