CULTURE & ROYAUTE • Un pont vers le ciel
Le sacre de Charles VII, par Lenepveu. Roi par la grâce de Dieu. Photo © Leemage
Par Laurent Dandrieu
Une superbe réflexion sur l'essence même de la Royauté, mise en ligne sur le site de Valeurs actuelles le 20.07.2016. LFAR
Parti pris. Un essai nous rappelle que la royauté est intimement liée au sacré. Et si le discrédit de la politique moderne tenait aussi à son refus de tout ancrage spirituel ?
Recevez ce sceptre qui est la marque de la puissance royale, appelé sceptre de droiture et règle de la vertu, pour bien conduire, et vous-même, et la sainte Église, et le peuple chrétien qui vous est confié, pour le défendre des méchants, par votre autorité royale, pour corriger les pervers, protéger les bons et les aider à marcher dans les sentiers de la justice, afin que, par le secours de celui dont le règne et la gloire s’étendent dans tous les siècles, vous passiez d’un royaume temporel à un royaume éternel. Cette exhortation prononcée lors du sacre de Louis XIV, le 7 juin 1654, dit assez ce que la royauté a d’intimement lié avec le spirituel. La chose n’est pas propre à la “monarchie de droit divin” française (la formule juridique, moquée aujourd’hui comme une forme de mégalomanie dérisoire, veut dire au contraire que le monarque n’est souverain que parce que Dieu le veut bien, et est comptable devant lui, et lui seul, de ses actes), mais est consubstantielle à l’idée même de royauté. Plus sûrement que le mode de désignation (car il est des monarchies électives ou héréditaires) ou même que le mode d’exercice du pouvoir (car il se pourrait que celui-ci n’en soit qu’une conséquence), cette alliance — qui n’est pas une confusion — du temporel et du sacré pourrait être ce qui définit profondément la royauté, par-delà ses diverses incarnations historiques.
C’est en tout cas ce que tend à démontrer le petit essai de Christophe Levalois, qui tente, par delà les époques, les cultures et les continents, de synthétiser les rapports entre le sacré et la royauté. Il en ressort que celle-ci ne relève « pas tant d’un système ou d’une organisation politique que de la concrétisation d’une vision de la société vue comme un organisme en correspondance avec la création visible et invisible […] et tâchant d’être à l’image de celle-ci ». Dans une société traditionnelle, le roi est au centre, point d’équilibre et point de passage entre la terre et le ciel. Dans un monde éclaté par le péché originel, il est le rappel de l’unité originelle de la Création, celui qui permet d’éviter la dispersion chaotique. Comme le dit Jeanne d’Arc, il est « lieutenant du roi des cieux », au sens premier de “tenant lieu”. Pour souligner ce rôle, le roi romain Numa Pompilius prit le titre de “pontifex” (faiseur de ponts) plus tard repris par les papes, et les Chinois écrivent le mot “roi” par un trait vertical reliant trois traits horizontaux, représentant le ciel, les hommes et la terre.
Pourtant, cette lieutenance n’est pas pour le roi un privilège, mais bien quelque chose qui l’oblige. D’abord à être vertueux, sans quoi toute la vertu de l’édifice s’effondre. Et surtout à ne pas sortir de son rôle en se prenant pour Dieu lui-même. Dans le Livre des rois, poème historique persan, un noble rappelle ainsi à l’ordre son souverain : « Si tu t’élèves de la longueur d’une main plus haut que tu ne dois, tu es entièrement rebelle envers Dieu. »
Mais s’il reste dans les limites de sa condition et dans l’esprit de service qui est celui de sa fonction, alors le roi peut tenir son rôle d’“axis mundi”, d’axe du monde qui permet que le temporel et le spirituel ne soient pas deux puissances en guerre, mais que l’un soit une passerelle vers l’autre. Cet idéal, évidemment plus ou moins bien incarné suivant les hommes et les périodes, est en revanche foncièrement étranger à nos régimes démocratiques, qui s’interdisent toute transcendance et ne prétendent qu’au confort matériel des peuples. Accouchant ainsi d’un monde dissocié, d’une société schizophrène où soucis matériels et croyances spirituelles se tournent le dos dans une mutuelle indifférence. Les soucis matériels ayant en réalité, parce qu’étant les seuls dont la société reconnaisse la légitimité, tout loisir d’étouffer dans l’oeuf les croyances spirituelles. Et c’est ainsi que la société dissociée accouche d’un homme atrophié. Étonnez-vous, après cela, que celui-ci nourrisse à l’égard d’un système qui l’a ainsi amputé de sa meilleure part une sourde et inexprimable rancoeur. •
La Royauté et le Sacré, de Christophe Levalois, Lexio, 128 pages, 10 €.
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La royauté et le sacré [une recension d'Anne Bernet]
Édité pour la première fois en 1989, l’année du bicentenaire de la Révolution et ce n’était sans doute pas une coïncidence, sous le titre Principes immémoriaux de la royauté, réédité aujourd’hui en poche après avoir connu quelques révisions de détails, ce bref essai est une remarquable synthèse sur la finalité de la fonction royale à travers le monde.
L'engagement régionaliste d'Amouretti se concrétisa davantage avec la Déclaration des Félibres Fédéralistes du 22 février 1892, co-rédigée avec le jeune Charles Maurras, Amouretti pouvant être considéré, à bon droit, comme «

La République semblerait parfois manquer d’imagination. En écoutant les incantations de ses tenants, on la pensait pourtant novatrice et moderne dans ses valeurs et ses pratiques.
Le référendum sur le Brexit a été un formidable révélateur du caractère illusoire de la démocratie dans laquelle on pense évoluer. On s’imagine qu’en démocratie, le peuple est souverain. C’est de plus en plus faux. On constate ces jours-ci ce que veut dire évoluer dans un système idéologique qui se prend pour le seul visage possible de la réalité – un système idéologique qui s’incarne dans un régime politique avec des capacités coercitives variées et bien réelles, et qui prétend mater le peuple au nom de la démocratie. Autrement dit, derrière les institutions démocratiques, il y a une idéologie à laquelle nous devons obligatoirement adhérer. Et ceux qui n’y adhèrent pas pleinement sont sous surveillance. Ce qui m’intéresse, ici, c’est le statut réservé à l’opposition dans le système idéologique dans lequel nous vivons. Je distinguerais, essentiellement, deux figures possibles de l’opposition.


Etrange, étrange. Les Français sont républicains, et le proclament sur tous les tons. Leurs pensées sont républicaines, leurs institutions sont républicaines, tout comme leur devise nationale. Dans ce pays, tout doit être républicain pour bénéficier d'une vraie légitimité politique, intellectuelle et morale. Le seul ordre valable est l'ordre républicain, la seule bonne école est l'école républicaine, les seuls partis autorisés à gouverner sont les partis républicains. C'est le triomphe, et même l'apothéose, de la République.
« Quelle haine, quelle rage de la part des européistes. Merci, mes chers amis, de montrer votre vrai visage. Au lendemain du Brexit, j’avais fait une conférence de presse en disant aux Français : écoutez-les bien, regardez-les bien dans les jours qui viennent et vous verrez, alors, le vrai visage de l’Union européenne et de ses défenseurs. » C’est par ces paroles que Marine Le Pen s’adressait à ses collègues du Parlement européen mardi 5 juillet.
Tout comme Rivarol (le style en moins), Cohn-Bendit n’a jamais fait dans la nuance, et enchaîner sur la faute du peuple britannique, après cette évocation du nazisme, il fallait quand même oser : « Et quand les Anglais savent qu’ils se sont trompés, le peuple anglais a voté à 52 % pour le Brexit, maintenant 10 à 20 % des Brexitiens, ils le regrettent. Donc, faisons attention avec ces arguments d’un Montebourg complètement crétin contre les peuples… »
L'AF-PROVENCE, SECTION MODÈLE
Pour les maurrassiens, la monarchie n'est pas une nostalgie. Maurras critique le goût romantique du passé en tant que tel et exalte, à l'inverse, l'idée de tradition vivante. Pour lui la beauté n'est pas à la racine des choses mais aux fleurs et aux fruits.