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Avec les Fêtes de Bayonne, de la semaine dernière, ce magnifique Festival constitue le début de notre Album Ces Fêtes qui "font", qui "sont" la France : tout simplement parce que les Basques constituent le premier peuplement connu de notre cher et vieux pays; et, aux Basques sont venus se superposer les Celtes : au moment où le Système, aux ordres d'une mondialisation qui veut effacer toutes frontières, toute Histoire et toutes Traditions, afin "d'organiser" la Terre entière en vue seulement du profit de "la fortune anonyme et vagabonde", il est bon de s'en souvenir...
Comme le disait Maurras : "Ce pays-ci n'est pas un terrain vague. Nous ne sommes pas des bohémiens nés par hasard au bord d'un chemin. Notre sol est approprié depuis vingt siècles par les races dont le sang coule dans nos veines. La génération qui se sacrifiera pour le préserver des barbares et de la barbarie aura vécu une bonne vie..."
Très bref résumé de l'histoire de ce splendide monument, et des causes de sa disparition possible si rien n'est fait, très vite, pour réparer une décision aberrante prise follement en 1970...
C'est l'occasion de découvrir ces Fêtes, en regardant les quatre photos que nous leur consacrons dans notre Album - en cours de rédaction - : Ces Fêtes qui "font", qui "sont", la France...
Voici le texte de la première (et son illustration); pour consulter les suivantes (et, éventuellement, vous intéresser à d'autres Fêtes, qu'elles soient religieuses ou profanes,
Les fêtes de Bayonne, c'est tout le Pays Basque, cette terre magnifique où les traditions populaires se sont maintenues, plus qu'ailleurs exceptionnellement vivaces. Ces fêtes commencent le mercredi qui précède le premier week-end du mois d'août, et se terminent le dimanche suivant. Elles réunissent un million et demi de participants - tout de blanc et de rouge vêtus - et sont les les plus importantes de France; elles se célèbrent aussi bien le jour que, les nuits, dans un extraordinaire concours de peuple et une incessante animation.
Les Fêtes de Bayonne, c'est donc, sur près d'une semaine, un million et demi de personnes qui se côtoient, se retrouvent et fraternisent, joyeusement, dans le bonheur de la fête et aussi - et surtout - la pleine conscience et la fierté légitime d'appartenir à un peuple, à une nation, héritiers d'une authentique culture, d'une riche et belle civilisation, de traditions plus que millénaires...
Tout a commencé en 1932 : cette année-là, une quinzaine d'amis bayonnais sont à Pampelune, où ils découvrent le concept de la "fête de rue" en assistant aux traditionnelles Sanfermines, les fêtes de la Saint Firmin, et leurs lâchers de taureaux dans les rues de la vieille ville (les encierros). Enthousiasmés, ils décident d'importer chez eux, à Bayonne, en l'adaptant, ce qu'ils viennent de vivre dans la ville navarraise. La couleur traditionnelle, et officielle, en Navarre, est le "rouge et blanc" : au début, à Bayonne, ce fut bleu et blanc, mais, très vite, le rouge et blanc s'imposa. On peut porter l'écharpe rouge avant 22 heures, ouverture officielle de la fête, par exemple au poignet; mais ce n'est qu'à partir de l'ouverture officielle de la fête que l'on peut porter l'écharpe autour du cou, ce qui rappelle le martyre de Saint Léon, décapité à Bayonne vers 890...
Pour célébrer avec son homologue italien, Sergio Mattarella, le 500e anniversaire de la mort de Léonard de Vinci, le président de la République Emmanuel Macron sera (aujourd'hui) l’hôte du nouveau comte de Paris et d’un château qui incarne la permanence de la couronne de France. (Le Figaro / Philippe Viguié-Desplaces )
Le texte du projet de loi présente plusieurs éléments qui font craindre le pire.
Notre-Dame laïcisée !
1. Il n’est nulle part fait mention que ce bâtiment qui appartient à l’Etat est un lieu de culte catholique. Il n’est présenté que comme un élément du patrimoine mondial où chacun peut se réunir : « fleuron d’un art qui rayonna dans toute l’Europe, espace sacré et monument littéraire, lieu de mémoire de la France libérée, lieu de rassemblement et de recueillement populaires ». L’exposé des motifs – qui n’est pas soumis au vote du Parlement mais qui est censé éclairer le juge sur la volonté dudit Parlement – ne fait référence ni à son importance cultuelle ni à son caractère spécifiquement chrétien. Dès lors, le projet de loi « laïcise » complètement Notre-Dame et ce point est important en cas de litiges demain, car la Cour de cassation se réfère toujours « à la volonté du législateur ». Nulle part il n’est rappelé que le bâtiment, restauré continuera à avoir comme affectataire l’Eglise catholique.
Le détournement des fonds
2. L’article 3 prévoit que la « Fondation Notre-Dame » devra reverser « à l’Etat ou à l’établissement public chargé de la restauration et de la conservation de la cathédrale Notre-Dame de Paris » les sommes reçues. C’est-à-dire que l’archevêché de Paris qui est le responsable de cette Fondation n’aura plus son mot à dire sur l’affectation des sommes. Comme cette Fondation Notre-Dame gère aussi de « nombreuses autres causes »[1] elle devra tenir une double comptabilité. Ceci d’autant plus que les sommes affectées à la reconstruction ne bénéficieront pas du même régime fiscal que les autres. Bien plus, comme la loi prévoit une rétroactivité au 16 avril, tous ceux qui ont déjà versé des sommes pour Notre-Dame vont être affectés par ce détournement de fonds.
Un régime fiscal hybride
3, L’article 5 est tout aussi problématique car il soumet les sommes versées pour la reconstruction à un régime fiscal spécifique, hybride. Ces sommes, dans la limite de 1000 € par donateur ne seront pas traitées comme des donations « de droit commun » qui bénéficient d’une réduction d’impôt de 66 % ni comme des donations pour un Trésor national qui bénéficient d’une réduction de 90 %. Ce seront des donations d’un type particulier dont le régime fiscal sera calqué sur celui des « réductions d’impôt Coluche », sans pour autant se confondre avec celles-là.
Prébendes d’un nouveau type
L’article 8 permet au Gouvernement de faire réaliser les travaux de restauration et conservation du bâtiment par un nouvel établissement public – un de plus alors qu’il en existe déjà plusieurs qui œuvrent dans le même domaine comme, par exemple, le Centre des Monuments Nationaux – qui pourra être dirigé par des personnes auxquelles les limites d’âge « applicables à la fonction publique de l’Etat » ne s’appliqueront pas. Autant avouer immédiatement que ce nouvel établissement permettra de verser des sommes supplémentaires à des retraités bénéficiant déjà de revenus confortables. Et les sommes nécessaires au versement de ces prébendes d’un nouveau type pourront être prélevées sur les dons faits y compris à la Fondation Notre-Dame.
Objectif : les Jeux olympiques
Enfin l’article 9 permet au Gouvernement de ne pas respecter, par simple voie d’ordonnance, les « règles d’urbanisme, de protection de l’environnement, de voirie et de transports ainsi que [les] règles de commande publique et de domanialité publique ». Il va même jusqu’à permettre de ne pas respecter la Convention de Venise (de 1984) ratifiée par la France et qui a pourtant, constitutionnellement, une force supérieure à une simple loi. Il est vrai qu’il faut aller vite, si l’on veut pouvoir inaugurer une nouvelle cathédrale, « encore plus belle » et faisant place à la « geste » des « starcitectes » comme les appelle Stéphane Bern, avant l’ouverture des Jeux Olympiques de Paris dans cinq ans. Comme l’écrit Didier Rykner, dans la Tribune de l’Art :
« Finie l’ennuyeuse Commission nationale des monuments historiques, fini le contrôle des Architectes des Bâtiments de France parfois si tatillons, fini le contrôle des conservateurs des monuments historiques, finies les ennuyeuses prescriptions pour les restaurations, finie l’archéologie préventive qui pourrait permettre de profiter des travaux de restauration pour fouiller le sol de Notre-Dame… »
« Encore plus belle ? »
Le même Didier Rykner s’insurge encore contre ces deux derniers articles, les 8 et 9. Ce qui le fait réagir est le fait que les promesses de dons dépassent le montant des estimations du coût des travaux. « Que va-t-on faire des 300 et quelque millions qui resteront sans doute après la restauration complète de Notre-Dame ? Va-t-on, avec cet argent, lui donner un toit recouvert d’or fin pour la rendre « encore plus belle » comme le souhaitait le Président Macron ? Ne serait-il pas plus judicieux de prévoir, en cas de budget trop important, une destination utile à ces fonds ? Le Premier ministre a dit qu’il ne trahirait pas les donateurs en affectant l’argent à autre chose qu’à la restauration de Notre-Dame. Mais croit-il vraiment qu’il les trahirait davantage en décidant d’affecter ce surplus à un fonds de dotation pour les autres cathédrales de France qu’il ne le ferait en lançant un concours international pour un « geste architectural contemporain » sur la cathédrale ? » Et, pour enfoncer le clou, il n’oublie pas de souligner qu’une partie des œuvres qui ont été offertes à Notre-Dame à une époque ou à une autre, sont aujourd’hui et « depuis longtemps au Musée du Louvre et au Musée d’Arras, roulés dans les réserves. Mais puisque [ces œuvres d’art] ne sont plus depuis longtemps dans la cathédrale, le projet de loi les exclut a priori ». ■
[1] Le Père Vivarès a expliqué : « Créée en 1992 par le cardinal Lustiger, elle soutient, discrètement et depuis plus de vingt ans, des actions extrêmement diverses relatives à la solidarité, l’éducation et la culture chrétienne. Ses missions, financées par le mécénat et les dons, regroupent ainsi des projets liés à la jeunesse, l’éducation, la famille, la précarité, l’exclusion, l’emploi, le logement… et bien sûr la culture, comme en témoigne le triste incendie de Notre-Dame de Paris. (…) En 2018, c’est plus de 2,36 millions d’euros qui ont été engagés dans 184 projets. 63% du montant a permis de financer 88 projets liés à la solidarité (soit 1.386.000 d’euros), 28% du montant a été engagé dans 74 projets liés à l’éducation (soit 617.000 euros) et 9% dans 17 projets liés à la culture (soit 206.000 euros). Concernant la nature des projets, l’accompagnement des personnes concerne 47% du budget, soit près de la moitié, les séjours organisés pour les enfants et les adolescents 27%, la rénovation des lieux d’accueil 8%, les événements culturels 7%, l’aide alimentaire 6%, la formation 4% et les médias 1%. En tout, c’est 97 associations qui ont bénéficié, en 2018, du soutien de la Fondation Notre Dame, ce qui a permis d’aider 1,3 millions de personnes, dont 58.000 en situation précaire, 6.000 enfants et jeunes connaissant des difficultés économiques et sociales, 107 familles en situation de pauvreté et 52 personnes en situation de handicap… ».
Notre-Dame qui brûle c'est Paris qui est frappée au cœur.
Il y a mille chemins pour approcher une ville aussi riche que Paris. Ce documentaire extraordinaire de Paul Barba Negra et Jean Phaure consacré à la ville-lumière choisit l’angle traditionnel, à travers une étude de sa géographie sacrée.
53 minutes - Merci à Rémi Hugues.
Paris, ville fluviale par excellence, dont l’emblème est un navire « secoué par les flots mais qui ne coule pas ». Sa devise, Fluctuat nec mergitur, montre l’importance que représente la Seine pour Paris. Ce fleuve, qui coule entre l’Orient et l’Occident, contient dans son sein deux genres de poissons. Ceux qui, éveillés, luttent contre le courant, et porteurs de la mémoire de l’âge d’or, remontent vers la source, c’est-à-dire vers l’Orient, et ceux qui, endormis, se laissent pousser vers l’Occident, jusqu’à à l’océan de la dissolution et de l’oubli. D’où peut-être le tumulte permanent de la capitale de la France… ■
Réalisé par Paul Barba Negra. Texte : Jean Phaure. Lu par Michel Bouquet. 1981.
... Ce vieux coeur de soldat n'a point connu la haine Et pour vos seuls vrais biens a battu sans retour*.
Le combat qu'il soutint fut pour une Patrie, Pour un Roi, les plus beaux qu'on ait vus sous le ciel, La France des Bourbons, de Mesdames Marie, Jeanne d'Arc et Thérèse et Monsieur Saint Michel.
Notre Paris jamais ne rompit avec Rome. Rome d'Athènes en fleur a récolté le fruit, Beauté, raison, vertu, tous les honneurs de l'homme, Les visages divins qui sortent de ma nuit.
Les progressistes qui nous gouvernent sont incapables de concevoir que les chefs-d’œuvre du passé comme la cathédrale de Paris sont en avance sur nous, s’alarme ici Bérénice Levet*. [Le Figaro, 24.04]. Cette tribune consacrée à « Emmanuel Macron et Notre-Dame de Paris », nous a vivement intéressés. Elle ne manquera pas de retenir l'attention des lecteurs de notre site. C'est, dans le trouble et l'émotion qui ont suivi l'incendie de Notre-Dame « une cure d'altitude mentale ». Lafautearousseau.
Décidément, depuis quelques mois, quoi qu’il advienne, le président Emmanuel Macron est rappelé à cette vérité, cruelle pour lui : il n’est pas à la tête d’une start-up nation mais d’un peuple, c’est-à-dire d’une communauté, historiquement constitué, héritier d’une longue, d’une très longue histoire. Et à laquelle il est infiniment attaché.
L’émoi, l’ébranlement, l’anxiété qui ont saisi les Français lorsqu’ils ont découvert, lundi dernier, la cathédrale Notre-Dame de Paris en proie aux flammes, l’a une fois encore vérifié.
Cette nuit-là, pour paraphraser Paul Valéry, Notre-Dame n’a pas péri, mais s’est sentie périr. Venue d’une autre rive temporelle, Notre-Dame de Paris nous dit l’épaisseur des siècles dont nous sommes les héritiers et les débiteurs. Elle nous rappelle que nous ne sommes pas que des hommes du XXIe siècle, et c’est bien pourquoi nous ne devons jamais la conjuguer au présent.
« Ce que nos pères nous ont dit », c’est le titre que le maître de Proust en matière d’art, John Ruskin, devait donner à la série d’ouvrages qu’il projetait de consacrer aux cathédrales après l’écriture de sa Bible d’Amiens. En vertu de leur pérennité, de leur potentielle immortalité, - qui tient à leur essence, au fait de n’être ni des produits de consommation, ni de simples objets d’usage, car si la cathédrale a bien une fonction religieuse, sa magnificence ne s’explique que par sa destination, elle est bâtie ad majorem gloriam dei - avec les œuvres d’art, les monuments composent ce que Hannah Arendt appelait « la patrie non mortelle des êtres mortels ». Monde commun des vivants et des morts.
Les cathédrales renvoient aux fondements de notre civilisation, à ses fondations en un sens très concret, à ce qu’on acceptera d’appeler les racines chrétiennes de la France, pourvu qu’on y entende monter la sève qui irrigue et inspire et non ce qui immobilise, fixe et fige. Les bâtisseurs des cathédrales sont d’abord les bâtisseurs d’une civilisation - à laquelle nous ne tenons plus que par des fils ténus. Et si nous avons tant tremblé au cours de la nuit du 15 au 16 avril, hantés par la perspective d’un éboulement complet de Notre-Dame, c’est que sa disparition eût été comme l’indice d’un fil qui se rompait, d’une page qui se tournait.
Aussi longtemps que ces témoins du passé demeurent fièrement debout, nous ne pouvons pas tout à fait oublier qui nous sommes. « Ce n’est pas le curé de l’église voisine qui a converti nos enfants et nos frères, écrivait Emmanuel Levinas, c’est Pascal, c’est Bossuet, c’est Racine, ce sont les bâtisseurs des cathédrales de Chartres et d’ailleurs. » Les cathédrales nous sont une inlassable piqûre de rappel de ce que l’histoire de la France ne commence pas avec nous, non plus avec la Révolution et la Déclaration des droits de l’homme, qu’une patrie n’est pas qu’ensemble de valeurs ou alors des valeurs incarnées à la fois par des hommes et précisément par ces chefs-d’œuvre de pierre qui disent l’âme d’un peuple.
Or, dès le lendemain de la catastrophe de Notre-Dame, le 16 avril au soir, Emmanuel Macron a tenu à prendre la parole. Et la tonalité de son « adresse aux Français », ainsi qu’il l’a présomptueusement qualifiée, fut celle d’un chef d’entreprise obsédé de « positive attitude », galvanisant ses troupes à grand renfort de formules managériales - « devenir meilleurs que nous ne le sommes » - et cédant, nous y sommes accoutumés, à ce verbiage destiné à satisfaire en même temps progressistes et conservateurs. À l’attention de ces derniers, le président ne manque pas d’évoquer la « continuité qui fait la France », cette « France spirituelle ». Volontarisme de surface pour mieux dissimuler ses manquements, et le mot est faible, en matière de politique patrimoniale.
Enfant gâté trépignant d’impatience, avant même qu’un état des lieux n’ait été établi, Emmanuel Macron fixait une échéance : « Je veux que ce soit achevé d’ici cinq années. » Attitude qui témoigne d’un esprit consumériste qui a pénétré jusqu’au sommet de l’État : tout, tout de suite ! Depuis, la question agite les médias : cinq années, est-ce réalisable ? Cette question est hors de propos et étrangère à l’esprit des bâtisseurs de cathédrales.
Loin de la compassion que Simone Weil promettait aux choses qui se découvrent à nous « belles, précieuses, fragiles et périssables » - et c’était bien ce que l’incendie venait de nous révéler : l’altière et souveraine Notre-Dame de Paris, qu’on voulait croire éternelle, pourrait ne plus être -, le tour que prend la reconstruction de Notre-Dame fait songer au philosophe Gunther Anders décrivant la psychologie des modernes : « Tout pouvant être reconstruit, l’anéantissement n’est pas si grave et peut même être une chance. » Non seulement reconstruit mais, chance plus grande encore, remplacé. Dans le monde des progressistes, « plus de perte, plus de deuil - ce mot si humain », commente magnifiquement mais tristement le philosophe. Et c’est ce que nous devions apprendre le lendemain. Les vivants, les contemporains étaient appelés à remplacer les morts.
Dès le 17 avril, Edouard Philippe annonçait en effet le lancement d’un concours international pour reconstruire la flèche afin de trancher la question de savoir si on la reconstruisait à l’identique selon les plans de Viollet-le-Duc ou bien si l’on prenait le parti de « doter la cathédrale d’une nouvelle flèche adaptée - mot talisman des progressistes - aux techniques et aux enjeux de notre présent ». L’Élysée annonçait que le président souhaitait qu’un « geste architectural contemporain puisse être envisagé ». Traduisons : l’incendie qui a détruit la flèche nous offre enfin l’occasion de dépoussiérer Notre-Dame, de la mettre au goût du jour.
On notera l’ingratitude à l’égard de Viollet-le-Duc qu’une telle décision implique : profiter ainsi de l’incendie qui a détruit son œuvre pour le faire lui-même flamber dans un grand feu grégeois est d’une extrême brutalité. Comment ne pas songer à T.S. Eliot dénonçant « le provincialisme non de l’espace mais du temps ; pour lequel le monde est la propriété des seuls vivants, propriété où les morts n’ont pas de place » ?
Ainsi après Molière, Racine, Mozart, après le Louvre et sa galerie Médicis investie par le ver de terre de Jan Fabre rampant au pied des Rubens, après Versailles colonisé par le « vagin de la reine » d’Anish Kapoor, la place Vendôme défigurée par le « plug anal » de McCarthy, Notre-Dame risque-t-elle bien d’être la prochaine victime de cette redoutable esthétique du dépoussiérage et de l’actualisation. Anne Hidalgo proposera peut-être d’y percher le bouquet de tulipes de Jeff Koons accepté par la Ville de Paris mais dont personne ne sait réellement que faire ?
L’homme cultivé, disait Hannah Arendt, se reconnaît à ce que nous pouvons compter sur lui pour prendre soin des œuvres d’art. Cela vaut pour une nation. S’il est un domaine où il faut redevenir conservateur, c’est bien, avec l’école, celui de la culture. Si notre président tient absolument qu’à quelque chose malheur soit bon, ce ne peut être qu’à instaurer une politique patrimoniale digne de ce nom. La charge symbolique de Notre-Dame est assurément incommensurable mais l’identité de la France au sens le plus charnel du terme, sa physionomie dépend intensément de la pérennité de ses églises, de ses clochers, de la persistance de ce « blanc manteau d’églises » dont s’est tôt revêtue la France.
« Alors oui, nous rebâtirons la cathédrale, plus belle encore », s’est enthousiasmé Emmanuel Macron. Parole par excellence de progressiste, incapable de concevoir que le passé puisse avoir quelque avance sur nous et assuré qu’aujourd’hui ne peut qu’être supérieur à hier. Invitons notre président à méditer, devant le vitrail de la cathédrale de Chartres les illustrant, les célèbres paroles de Bernard de Chartres : « Nous sommes des nains juchés sur des épaules de géants. Nous voyons ainsi davantage et plus loin qu’eux, non parce que notre vue est plus aiguë ou notre taille plus haute, mais parce qu’ils nous portent en l’air et nous élèvent de toute leur hauteur gigantesque. »■
* Bérénice Levet est docteur en philosophie et professeur de philosophie au Centre Sèvres. Elle vient de faire paraîtreLibérons-nous du féminisme !aux éditions de l'Observatoire, 2018. Elle avait publié précédemment « Le Crépuscule des idoles progressistes » (Stock, 2017) et « La Théorie du genre ou Le Monde rêvé des anges », préfacé par Michel Onfray (Livre de poche, 2016).
« Savez-vous ce qu'est devenue La mystique rose au cœur pur Qui, neige et feu, sous de longs voiles Qu'auréolèrent sept étoiles, Emparadisa Terre et Mer Et, du péché libératrice, De la douleur consolatrice Eut pitié même de l'Enfer ?
Dites-nous : la Vierge Marie Ne règne plus dans votre ciel Et votre terre défleurie, Désert de cendres et de sel, Ne mène plus l'ogive en flamme S'ouvrir aux pieds de Notre Dame, Jurer l'amour entre ses mains Et lui chanter : — Ô belle, ô claire, Dans la maison d'un même Père Abritez nos cœurs pèlerins ! »
Nous l'avons écrit ici même, dès lundi soir, en suivant l'événement en direct : à Notre-Dame de Paris - Notre-Dame-de-tous-les-Français !... - c'est d'une véritable guerre qu'il s'est agi, et d'une véritable bataille, menée et gagnée par les Sapeurs pompiers de Paris. Une guerre et une bataille contre un ennemi particulièrement redoutable et agressif : le feu !...
Certes, il y a encore de réelles inquiétudes concernant la stabilité de l'ouvrage, notamment en ce qui concerne la Tour sud et le transept, plus particulièrement les pignons qui maintiennent la rosace sud, qui pourrait, s'ils lâchent, s'effondrer...
Certes, l'ensemble de la toiture - et sa charpente, la "forêt", qui la supportait - est perdu à jamais...
Il n'empêche : par leur efficacité et leur professionnalisme, par leur dévouement dans leur engagement total et - disons-le - par leur héroïsme, les Pompiers ont sauvé l'essentiel, et l'on peut maintenant raisonnablement penser que l'ensemble du bâtiment va rester debout. Meurtri, blessé, défiguré, amputé... mais debout !
Cet exploit, ce service immense rendu à notre Pays, à son Patrimoine et à ce qui touche son coeur et son âme, son Être profond, c'est aux pompiers qu'on le doit, et aux chefs qui leur ont donné les bons ordres au bon moment.
Il faut que le grand public sache que, parmi ces pompiers qui ont risqué leur vie et n'ont pas reculé devant la possibilité du sacrifice suprême, plusieurs ont à peine vingt ans, vingt-cinq ans :
- d'abord, une vingtaine d'entre eux, suivant la stratégie avisée des responsables, sont entrés hardiment dans la tour nord, où déjà grandissaient les flammes : si celles-ci avaient embrasé les bois qui supportent les cloches, l'ensemble campanaire s'effondrait, et la tour avec lui (les huit cloches de la tour dépassent largement les dix tonnes). Oui, il faut le dire, le redire et le faire savoir : entrer dans cette tour nord, en même temps que les flammes, c'était risquer sa vie. Les pompiers n'ont pas hésité une seconde : c'est là leur honneur...
- mais il y avait aussi le feu au sol, là où est abrité le Trésor : des gouttes de plomb fondu tombaient sur la dizaine de jeunes pompiers qui, eux non plus, comme leurs frères de la tour nord et au même instant, n'ont pas hésité à pénétrer dans le brasier pour sauver la Couronne d'épines ou la Tunique de Saint Louis. Eux aussi, comme ceux de la tour nord, savaient ce qu'ils risquaient : leur vie, tout simplement. Et ce risque connu, ils l'ont accepté vaillamment, courageusement.
Et, maintenant, si vous parlez à n'importe lequel d'entre eux, il vous répondront tous qu'ils n'ont fait que leur devoir; et qu'ils n'ont écouté qu'une seule voix : celle du Service.
Devant une telle abnégation, comment ne pas demander que, le 14 juillet prochain, l'ensemble des soldats du feu présents à Notre-Dame soit collectivement décorés et honorés comme il convient, pour Service éminent rendu à la Nation ?
Pour reprendre la parole de Jeanne d'Arc, il serait évidemment naturel qu'après avoir été à la peine ils fussent à l'honneur !
Le fait est avéré : agissant comme une troupe bien formée, bien disciplinée et remarquablement efficace, les Sapeurs-pompiers de Paris ont courageusement, intelligemment et héroïquement agi.
Contre un ennemi puissant et terrible : le feu, ils ont mené une vraie bataille, comme de vrais soldats, obéissant aux bons ordres salutaires qui leur étaient donnés.
Et, cette bataille, ils l'ont gagnée : certes, le désastre est irrémédiable et « la forêt », charpente unique des XIIème et XIIème siècles est perdue à jamais. On pourra en refaire une, belle aussi, mais ces arbres, d'essences différentes et plantés pour beaucoup avant l'an mil, on n'en possède plus l'équivalent, de nos jours...
Dans l'immense affliction qui gagne tous les Français à cette heure, réjouissons-nous pourtant de l'acte magnifique de ces quatre cents soldats du feu : en agissant comme ils l'ont fait, en faisant reculer le feu vers l'arrière du bâtiment afin qu'il ne s'emparât point des deux tours ouest, les détruisant à coup sûr; et en rafraîchissant sans cesse l'ensemble des pierres de la cathédrale, ils ont tout simplement évité l'écroulement de l'édifice tout entier.
Car, il faut le savoir, les pierres « brûlent » aussi...
Au moins, dans le désastre final, nous pouvons être heureux que nos pompiers nous aient sauvé le corps du bâtiment...
Voici un court rappel de cette bataille de Notre-Dame, gagnée par nos Sapeurs-Pompiers de Paris, qui - certes - n'avaient pas besoin de ce titre pour s'attirer l'admiration de tous les Français mais qui viennent d'écrire, en cette sinistre soirée du lundi 15 avril 2019, une des plus belles pages de leur glorieuse Histoire... :
Le Domaine royal de Dreux est la résidence officielle de l’héritier de la Maison Royale de France, le Prince Jean de France.
Le prince Jean et la princesse Philomena ont emménagé au Domaine Royal en mars 2011. Ce domaine est depuis le XIXe siècle intimement lié à l’histoire politique et dynastique de la famille d’Orléans.
Durant les guerres civiles religieuses, la place de Dreux rejoint le camp des ligueurs catholiques s’opposant au roi Henri IV. En 1593, après trois ans de siège dirigé par Sully, la forteresse tombe. Près de deux siècles plus tard, en 1775, Louis XVI cède le comté de Dreux à son cousin le duc de Penthièvre. Après son décès en 1793, le château de Dreux est mis sous séquestre puis vendu aux enchères.
Dès la Restauration, la fille du duc de Penthièvre, la duchesse d’Orléans, rachète le domaine et entreprend la construction d’une chapelle, destinée aux sépultures des morts de sa famille. C’est son fils Louis-Philippe qui en achèvera les travaux en 1822. A son accession au pouvoir en 1830, il fait de la chapelle la nécropole de sa famille et de ses descendants. Des travaux d’agrandissement sont à nouveau entrepris, dans un style néo-gothique, et s’achèvent en 1844. Aujourd’hui, on peut y admirer une cinquantaine de tombeaux de la famille d’Orléans, regroupés autour de la sépulture royale.
Le parc de la chapelle royale comporte également un autre bâtiment, l’Evêché, destiné à accueillir le doyen des aumôniers desservant la chapelle. C’est dans ce lieu que sont organisées les réceptions pour la famille de France après les cérémonies célébrées à la chapelle.
Un autre bâtiment est accolé à l’Évêché. Il s’agit de la demeure privée du duc et de la duchesse de Vendôme et de leurs enfants. Cette demeure surplombe la ville de Dreux.
Le domaine aujourd’hui : un ancrage dans les territoires
Monument central, le domaine royal de Dreux est aujourd’hui pleinement intégré dans la vie de la ville et de sa région. La présence du Prince permet une forte synergie avec les autorités, qui n’hésitent pas à l’associer aux grands événements de l’agenda de la ville et de sa région.
C’est ainsi que le Prince accueille régulièrement les personnalités en visite officielle pour leur faire découvrir la chapelle royale. Attaché à défendre la ville et le département, le Prince a ainsi pu appuyer la candidature de Dreux comme ville étape lors du tour de France 2018. Tout en étant aux côtés des institutions républicaines, la fonction princière manifeste ici toute son efficacité, au service du rayonnement du territoire où elle est enracinée.
Enfin, la notion de patrimoine y est mise à l’honneur par la famille royale. Dans son versant culturel bien sûr, en faisant vivre et découvrir le domaine, notamment aux populations les moins sensibilisées à l’importance de notre Histoire commune. Mais du point de vue du patrimoine naturel également, puisque le Prince et la Princesse, sensibles au concept d’écologie intégrale, ont choisi d’éduquer leurs enfants au coeur d’une nature mise à l’honneur, avec notamment la présence d’un potager, et de poules qui font la joie des plus jeunes ! ■