UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Actualité France - Page 338

  • Manchester : la seule réponse à la guerre, c'est la guerre !...

     

    Mur-bleu gds.jpgIl y avait quelque chose d'irréel, ce mardi, à 13 heures, en écoutant - de bout en bout - le JT de France 2, présenté par Marie-Sophie Lacarrau.

    Et même, disons-le, quelque chose qui mettait mal à l'aise. Pas une fois, pas une seule, non, à aucun moment, ne fut employé le terme de « terrorisme islamiste ». On nous a bien dit et répété que nous étions en guerre, que la guerre continuait, que l’« horreur », que la « barbarie » avaient encore frappé »; ça, oui ! Mais, nommer l'ennemi, celui qui nous fait cette guerre : ça, non ! Dire qu'il s'agit du « terrorisme », certes, mais du « terrorisme islamiste », cela écorcherait la bouche de nos journaleux et autres adeptes du politiquement correct, pour qui l'essentiel est, avant tout, de ne pas stigmatiser, de ne pas faire d'amalgame ! 

    La chose prit un autre relief à la fin de ce journal évidemment chamboulé et exclusivement consacré à Manchester : commencé comme d'habitude à 13 heures, il s'acheva à 13h46 ; or, passant sur BFM/TV on eut, une minute après, soit à 13h47, l'annonce de la revendication du crime par Daech.

    Prenant les gens pour des imbéciles, les journaleux et autres soumis dont parle avec justesse Houellebecq pourront bien dire, pour se défendre, que jusqu'à 13h47 on n'avait, justement, pas de revendication. Or, tout, dès le début rattachait le drame de Manchester à l'islamisme radical. 

    La question est donc : comment faire une guerre - et, à fortiori, la gagner - si l'on ne nomme pas l'adversaire ? Si l'on ne sait pas, ou, pire encore, si l'on ne veut pas savoir, ne pas voir qui est l'ennemi ?

    Laissons donc là ces journaleux et soumis pitoyables et misérables, et passons à la seule question qui vaille : que faire ?

    La réponse est simple : on nous fait la guerre, on nous attaque ? Défendons-nous, et faisons la guerre, et gagnons-la ! En commençant par le commencement : créer des Cours martiales, comme cela s'est toujours fait en temps de guerre, pour juger les actes de trahison, désertion, défaitisme, propagande contre l'armée française etc. Et comme les Cours martiales, en général, condamnent à mort, fusillons sans délai les traîtres et autres agents de l'ennemi, comme ce Salah Abdeslam que nous engraissons depuis plus d'un an (incarcéré depuis le 28 avril 2016). 

    Autre mot répugnant entendu ce même jour, tenu par un journaleux : « les personnes qui reviennent ». Comment ça, « les personnes qui reviennent » ! Qu'il s'agisse de Français de souche ou d'étrangers français de plastique, à qui le Système a follement donné un petit rectangle de plastique, croyant que, par magie, cela les rendait Français, ils ont pris les armes pour l'armée qui nous fait la guerre ; ils ont trahi : Cour martiale, condamnation, fusillés !

    Et, si l'on ne veut pas faire la guerre, alors qu'on nous fiche la paix avec les petites bougies, les peluches, les petits dessins et papiers, et autres niaiseries du genre « priez pour Manchester », ou « je suis Manchester » : on n'a pas écrasé le nazisme avec des bougies, des peluches ou des dessins sur des petits bouts de papier ! Et quand ils ont compris la détermination des Kamikazes, les USA ont envoyé deux bombes atomiques sur le Japon !

    Il faut, simplement, savoir ce que l'on veut : ou on se bat, ou on se tait. Manifestement, comme Houellebecq le signale, il y a un parti de la soumission, de la collaboration avec l'Islam conquérant. Et puis il y la partie - dont nous sommes, évidemment - de ceux qui refusent cet Islam conquérant, qui veulent résister pour notre liberté à tous, de Français et d'Européens.

    Laissons donc les collabos collaborer, et posons le problème clairement, afin que les choses soient bien établies : l'Islam nous agresse, pour la troisième fois (après 711, par l'Espagne, et 1453, par Constantinople) : nous avons par deux fois relevé le défi, et fini par chasser l'envahisseur, même si ce fut long et difficile. Jamais deux sans trois ! 

  • Les « terroristes » de 89 sont toujours là... A la fête de Jeanne d'Arc à Paris et Marseille, par exemple ...

    Les mêmes terroristes - ceux dont il est ici question - semant violence et destruction dans les rues de nos villes, sans qu'il y soit jamais mis fin   

     

    Mur-bleu gds.jpgLa Révolution a été faite par la violence et la Terreur. Elle est née dans elle, par elle, et seulement grâce à elle. Ainsi, bien sûr, que la République dont elle a accouché. Même Emmanuel Macron, alors ministre, l'avait affirmé, reconnaissant avec raison que le peuple français n'avait pas voulu la mort du Roi...

    Et, si Lénine parlait - en un autre domaine - de « maladie infantile du communisme », on peut parler, à propos de Révolution et de Républiques, de leur maladie congénitale, en rappelant ce mot si juste de Gustave Thibon faisant remarquer le lien - génétique, pourrait-on dire - entre « le chaos explosif des révolutionnaires » et « le chaos figé des conservateurs du désordre ». La République, devenue le régime de la France, puis maintenant un véritable Système, emploie alternativement, en fonction de la situation et de ses besoins, l'une ou l'autre forme de ce « chaos ». Qu'elle est. Aucun nuage ne se présente-il à l'horizon ? Elle offre le spectacle rassurant d'un régime calme et normal, cachant soigneusement l'immense fleuve de sang d'où elle est sortie. Des oppositions, des dangers surgissent-ils ? Les descendants des sectionnaires de Robespierre sont toujours là car, c'est bien connu, « la république gouverne mal mais se défend bien » ...

    A Paris et à Marseille, on a pu voir, à l'occasion de cette dernière Fête de Jeanne d'Arc, que la violence terroriste des héritiers de la Révolution et de sa République était loin d'avoir disparu, bien au contraire.

    A Paris, à la fin du colloque du Cercle de Flore du samedi 13 mai, auquel le Prince Jean de France participait, un groupe d'une cinquantaine de terroristes a surgi, soudain, pensant probablement disperser le colloque, ou quelque chose dans ce genre. Les militants royalistes les ont promptement fait déguerpir, par un usage approprié de la force, mise au service de la raison...

    A Marseille, le jeudi 18, en fin d'après-midi, autre scénario : le dépôt de gerbe et l'allocution prononcée au pied de la statue de Jeanne d'Arc des Réformés (en haut de la Canebière) ne fut perturbé que par des cris haineux d'une vingtaine de terroristes, auxquels il fut décidé de ne même pas répondre - comme à Paris - en les forçant à se taire.

    Il n'en demeure pas moins que ces deux événements nous permettent de renvoyer à ceux qui aiment la manier - en la « retournant » à leur intention - la fameuse phrase : il est encore fécond, le ventre d'où est sorti la bête immonde !

    La bête immonde, c'est le Terrorisme, né en France avec et par la Révolution, qui a causé le génocide vendéen, le premier des temps modernes, et la mort d'environ six cent mille Français. Un terrorisme qui s'est survécu au fil des décennies, avec une Louise Michel, et la mise à feu de Paris pendant la Commune ; avec la sinistre Epuration de 44-45, et l'assassinat de milliers de Français...

    L'amusant - si l'on peut employer ce mot, ici - c'est que le terrorisme est pratiqué par des groupuscules qui s'auto nomment « antifascistes », alors qu'ils ne sont que de « prétendus » antifascistes : les fascistes, ce sont bien eux, ceux qui veulent interdire l'expression de toute autre idée que la leur, et ne faire régner qu'une loi, la leur ; qu'un parti, le leur. Et qui sont les frères, les fils et filles de tous les fascismes et terrorismes venus des origines terroristes de la République, le fascisme rouge du marxisme offrant d'ailleurs de curieuses similitudes avec le fascisme vert de Daech, qui, comme la Révolution, fait commencer l'Histoire avec son apparition, et cherche à détruire autant qu'il peut tout ce qui l'a précédé... 

  • Les leurres de la société civile

    Le nouveau gouvernement affiche une moitié de personnes issues de la « société civile ». /Reuters

     

    823330531.jpgFrançois d'Orcival a eu raison de dénoncer « les leurres de la société civile » et de les dénoncer au moment opportun. C'est à dire au moment  où le Système - ce que les maurrassiens appellent aussi Pays légal - pour surmonter ses crises,  met en avant la société civile et fait monter jusqu'à lui, en fait en les intégrant,  quelques membres de ladite société civile. Cette dernière ainsi sollicitée, mise à contribution, en fait récupérée, ne doit pas être confondue avec ce qui subsiste du Pays réel. S'il en est un,  celui-ci se compose de Français dans leurs familles, leurs métiers, leurs villes ou leurs régions. Et qui, sous sa forme actuelle, sont à mille lieues des rouages nauséabonds du Système. 

    Ce qu'écrit François d'Orcival [Figaro magazine du 20.05] mérite d'être lu - en particulier par les lecteurs de Lafautearousseau - raison pour laquelle nous reprenons ci-dessous cet article in extenso.   LFAR

     

    francois-d-orcival-direct-8.jpgLa « société civile » est de retour, le summum de la démocratie, la France d'en bas, nous les citoyens, les « vrais gens ». Elle prolifère par temps politique : l'année dernière, celle des primaires de la droite et de la gauche, nous avions eu droit à une « primaire citoyenne » qui a avorté ; à la présidentielle, sur les 61 candidats inscrits au Conseil constitutionnel qui prétendaient aux parrainages, une quarantaine se revendiquaient de la société civile, autant de zozos retournés depuis dans l'anonymat. Et sur les onze candidats finalement retenus, cinq ont recueilli 91 % des voix... Eh bien, revoilà la société civile pour les législatives !19 000 de ces « citoyens » se sont présentés pour obtenir l'investiture de La République en marche - Emmanuel Macron en a retenu 1 sur 33 ! Et naturellement les plus « politiques ».
    Il n'y a pas de société civile opposée à une société militaire, religieuse ou étatique. C'est pourtant un phénomène qui s'est construit contre une classe politique (aujourd'hui on dit « politico - médiatique ») ressentie comme trop homogène, par ses origines sociales, intellectuelles et professionnelles. Jean-Pierre Chevènement et ses deux complices (Gomez et Motchane) n'avaient pas tort quand ils dénoncèrent, il y a cinquante ans, fin 1967, « l'énarchie ou les mandarins de la société bourgeoise ». Six mois plus tard, et sans savoir qu'ils préfiguraient la « société civile », quelques milliers d' « enragés» levaient les barricades de Mai 68 en signe de révolte contre le pouvoir. Avant que celui-ci ne reprenne la main.

    Certes, Mai 68 n'est pas resté sans suite. On a vu la « société civile », à travers ses réseaux, lobbies, cercles et clubs, en un mot sa floraison d'associations, pénétrer lentement les institutions, jusqu'à gangrener le coeur de l'Etat. Pour autant, la société civile reste un leurre ; il n'y a que les naïfs pour s'improviser « politiques », comme si la politique n'était pas un apprentissage, des procédures, un métier. La société civile permet surtout aux seuls détenteurs du pouvoir de faire croire au citoyen qu'il est le coq quand il n'est que le dindon d'une farce préparée par les chefs. C'est tout leur talent de savoir ainsi renouveler les têtes et les troupes pour les conduire, en bon ordre, à voter comme il faut. 

  • Premiers pas

     

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    On ne saurait reprocher à M. Macron d’avoir voulu redonner un peu de la gravité qui convient à l’exercice du pouvoir.

     

    De ses premiers pas, M. Legrand (France Inter) a pu dire justement : « Il a su s’imprégner de la sacralité de la fonction, et (pour l’instant du moins) revêt bien cet habit si particulier, parfois problématique, du monarque républicain. »

     

    Certes, les élections législatives de juin seront déterminantes pour la suite du quinquennat. Certains signaux, plus ou moins explicites, ont cependant été déjà envoyés. D’abord, évidemment, ceux de la campagne présidentielle du nouveau chef de l’Etat. On a bien compris que l’axe de sa pensée politique est de permettre à la France, en « optimisant » ses atouts, d’avoir toute sa place dans le village mondial libéral considéré comme le nouvel horizon indépassable. M. Macron se propose donc de réformer, comme voulait le faire déjà M. Giscard d’Estaing en 1974. En utilisant, pour parler comme les journaleux, des éléments de langage que ce dernier doit approuver (« libérer les énergies », « exigence et bienveillance », « pragmatisme », etc.) et qui font dire à M. Gattaz  qu’« on est sur un nuage ».

     

    Mais la campagne présidentielle, encore présente dans les esprits, l’a aussi montré : M. Macron ne peut pas ignorer le contexte partisan dans lequel s’inscrit forcément sa présidence. Si le gouvernement de M. Philippe comprend beaucoup de ministres reconnus pour être plutôt compétents, la distribution des portefeuilles relève quand même d’un subtil équilibre politicien - « On est chez Darty » remarque plaisamment M. Legrand. M. Macron se place ainsi dans la continuité de ce que d’aucuns appellent « le système ». D’ailleurs, pour M. Zemmour (RTL), « Macron fait en grand ce que Sarkozy avait fait en tout petit. » Son souci manifeste de réduire les deux vieux partis (LR et PS),  pour conforter ainsi un centre majoritaire réunissant « deux Français sur trois », réaliserait là encore le voeu de MM. Giscard d’Estaing et Bayrou réunis.

     

    Le dynamisme de M. Macron, son volontarisme et son optimisme, l’apparence transpartisane qu’il se donne volontiers, peuvent paraître sympathiques. Son côté gaullien, « jupitérien » selon lui, le fait qu’il veuille être l’homme de la circonstance (« Aujourd’hui, le temps est venu pour la France de se hisser à la hauteur du moment », allocution du 14 mai) pourraient même susciter un certain consensus. Mais ce ce n’est pas avec des mots qu’on réglera les vrais problèmes de la France - à commencer par sa souveraineté et son identité, lesquelles conditionnent tout le reste dans la mesure où ce sont elles qui donnent sens à tout le reste. « Macron, c’est que de la com » (M. Corbière, CNews). « Macron, c’est Henri IV » (M. Bern, Le Parisien). Voilà certainement deux exagérations. La réalité se chargera, et assez vite, de montrer ce qu’il en est. 

  • Atlantico est-il encore le site libéral des origines ? Il pose - ici - un vrai problème ... A méditer

     

    En outre, Atlantico ajoute à son titre le judicieux commentaire suivant :  

    Avec une proportion de 46% de Français qui s'estiment être des perdants de la mondialisation, ce qui est le plus mauvais score après l'Italie (53%), la France semble bien plus fragile sur cette question que l'élection d'Emmanuel Macron ne pouvait le laisser supposer.
  • Société & Actualité • « Société civile » : un trompe-l'oeil

     

    Une analyse de Patrice de Plunkett

    dans son blog, le 20.05 - Et nous sommes d'accord ...

     

    hqdefault.jpgLa Macronie représente surtout la France d'en-haut : ce qu'à Bruxelles on appelle « société civile » depuis un certain rapport de la Commission. Coup d'œil sur ce gouvernement et ces candidats :   

    Qu'est-ce que «la société civile » ?  Aucune définition précise n'en est donnée ; c'est une expression variable dont le sens dépend du lieu, du moment et de l'interlocuteur. Et pour cause : c'est une arme déguisée. L'expression est apparue dans les années 1980, au moment où pointait la grande offensive néolibérale contre « l’Etat ». L'universitaire liégeois Gautier Pirotte analyse cette genèse stratégique dans l'étude qu'il a publiée en 2008 à La Découverte : le mythe d'une « société civile » fut lancé pour persuader l'individu que ses potentialités étaient « bloquées » par « les rouages d'un Etat extrêmement présent ». En 2001, la Commission de l'UE publie un Livre blanc de la gouvernance européenne qui fait avancer d'un cran l'opération : la « société civile », affirme-t-il, sera le pilier de la construction de l'Union ; un pilier de la « gouvernance » destinée à faire pièce aux Etats politiques. Les analystes anti-libéraux ripostent aussitôt que cette « gouvernance » (terme emprunté au management) n'est autre qu'une « manière de gérer le néo-libéralisme » en réduisant le rôle des instances politiques au nom d'une émancipation de la « société civile ». Mais les « instances politiques » n'ont pas été capables de discerner le péril ; ou, l'ayant discerné, s'en sont fait le complice pour des raisons coulissiers...

    Faite principalement au nom de « l’expertise » (autre élément de langage néolibéral), l'OPA de M. Macron sur l'Etat se fait également au nom de la « société civile ». Plus de la moitié des 526 candidats LREM aux législatives en sont déclarés « issus ». Parmi eux, peu d'employés et de chômeurs ; moins de 10 % de membres des professions intermédiaires (alors qu'ils sont 30 % de la population) ... Mais beaucoup de médecins, d'avocats d'affaires, de cadres du privé et de hauts fonctionnaires ! 68 % des candidats LREM viennent des professions supérieures (comme dans l'Assemblée sortante, mais avec deux fortes progressions : le nombre de « consultants » et de « conseillers en communication », et le nombre de diplômes de grandes écoles jusque chez les rares candidats d'origine étrangère : par exemple celui de la 6e du 93, Alexandre Aïdara, qui a fait Centrale et l'ENA. La « société civile » en Macronie, c'est un club.  

    C'est donc - déplore Libération - le « miroir déformant » d'une société « sans chômeurs ni retraités ou presque, sans ouvriers », et où les seuls « représentants de la diversité » faisaient déjà partie de la France d'en-haut... Selon la formule de notre blog avant-hier, le pays qui va mal sera représenté par le pays qui va bien. Exactement comme auparavant. Mais d'un pied plus léger, bien sûr. Et quelle prestance chez notre jeune Président ! der Junge, comme dit la chancelière. 

    Patrice de Plunkett : le blog

  • Société & Actualité • Macron le militaire sur les Champs-Elysées: trois hypothèses pour une remontée. En Marche ou au pas ?

     

    Jérôme Leroy

    De la politique ? Oui mêlé de métapolitique, de réflexions sur des sujets de société. Avec le style, l'intelligence, la perspicacité, l'humour de Jérôme Leroy. Tout ce qui touche aux armées est aussi d'ordre régalien (royal) et intéresse aussi les royalistes, qui sont des patriotes, à titre particulier. [Paru dans Causeur le 18.05].  LFAR

     

    1620021216.jpgOn a beaucoup glosé sur la remontée des Champs-Elysées, dont même l’habileté des cadreurs avait du mal à cacher à quel point les rangs des spectateurs étaient clairsemés, par le président Macron à bord d’un très martial command-car.

     

     

     

    Que l’on nous permette, sur cette scène inaugurale du quinquennat, trois hypothèses.

    Hypothèse 1: Emmanuel Macron appartient à cette génération qui n’a pas eu à faire son service militaire et ça lui manque. « J’appartiens à cette génération de Françaises et de Français, dont l’arrivée à l’âge adulte s’est confondue avec la professionnalisation de nos armées et la suspension de la conscription. Aussi n’ai-je pu faire mon service militaire », a-t-il déclaré à plusieurs reprises en parlant de sa biographie. La restauration d’un service militaire universel et de courte durée est d’ailleurs au programme de La République en marche.

    Hypothèse 2:  Du haut de son command-car, il nous dit: « Je vous préviens, je suis le chef des armées et je vais engager mes troupes sur tous les fronts atlantistes au nom du Vrai, du Beau et du Bien. » Car l’atlantisme a toujours été la ligne de la politique étrangère des pays libéraux et européens, vraiment libéraux et vraiment européens, pas comme ces Français encore infectés par le gaullisme malgré les présidences de Giscard, Mitterrand, Sarkozy et Hollande (on fera une petite exception pour Chirac qui a su dire non à la guerre en Irak en 2003).  Au premier chef de ces pays modèles en politique étrangère, il y a bien sûr l’Allemagne, si chère au cœur du nouveau président.  Il faut donc que la France elle aussi s’aligne sur les Etats-Unis comme autrefois les démocraties populaires s’alignaient sur le grand frère soviétique.

     

    Hypothèse 3, dite de l’indice sémiologique : « Oui, je vous ai bien eus, je viens de réussir en moins de deux ans un coup d’Etat parfait, selon un scénario pensé et réalisé par le capitalisme financiarisé et ses principaux relais qui vont pouvoir en finir, grâce à moi et à mon allure moderne,  avec l’exception française, son jacobinisme, son état providence, son goût pour l’égalité.  Ceci est un putsch, d’un genre nouveau, mais on sait en Europe, depuis la Grèce de 2015, qu’il n’y a plus besoin de chars pour renverser un régime. »

    L’hypothèse 1 est purement psychologique, l’hypothèse 2 purement politique, l’hypothèse 3 pourrait être qualifiée de complotiste, mais doit tout de même être l’occasion de nous rappeler qu’il existe deux erreurs en matière de complot: en voir partout, ce qui est une pathologie dangereuse et n’en voir nulle part, ce qui est d’une naïveté qui confine à la bêtise à moins d’être totalement ignorant en matière d’histoire. Le command-car du président Macron serait donc à la fois la satisfaction d’une frustration, le signe politique de nouvelles allégeances françaises et le clin d’oeil presque amusé à des commanditaires tout aussi amusés.

    La vérité est sans doute composée, en des proportions variables, des trois hypothèses précédentes. En tout cas, c’est ce qu’il faudrait avoir en tête pour qui voudrait écrire un roman, dans quelques années,  sur cette prise du pouvoir qui, dès qu’on aura un peu pris de recul, apparaîtra comme proprement invraisemblable dans un pays comme le nôtre. Même en tenant compte de sa désorientation,  de ses fractures profondes et de la propagande inégalée et la ferveur hagiographique délirante en la faveur de l’Elu par les médias « mainstream ». 

    Jérôme Leroy
    écrivain.

  • Un nouveau gouvernement fort peu nouveau, fort peu crédible : ceux qui ont voté Macron, ne venez pas vous plaindre !

     

    Mur-bleu gds.jpgDe quoi accouche la montagne de « promesses Macron » ? De rien de bien spécial, de bien particulier, de bien nouveau. En fait, d'une minuscule et ridicule petite souris. D'un gouvernement improbable de dosage / équilibre / combinazione : tout ce dont les Français ne veulent plus et que Macron avait promis d'abolir !

    - L'ingérable / imprévisible / intenable Hulot à l'écologie : la bonne nouvelle c'est qu'on est quasiment certain que Notre-Dame-des-Landes ne se fera pas !

    - Incompréhensible : Le Drian seul vrai bon ministre de Hollande / seul vendeur de Rafales viré des Armées. L'efficacité à la Macron ? On tremble !

    - Loufoque : le dernier des caïmans (Bayrou) et sa comparse Sarnez ministres ! Macron avait promis de renouveler et rajeunir : chapeau l'artiste !

    Comme le disaient déjà les Romains : « Parturiunt montes : nascetur ridiculus mus ! »  

  • Marcel Gauchet : « Macron, homme du compromis politique ou de la dictature de l'économie ? »

     

    Brefs extraits d'un entretien important - notamment pour nous - donné à Figarovox le 12.05.2017 

    « L'univers libéré du nouveau monde est un univers d'incertitude radicale » 

    « La fin de la guerre froide a achevé d'évacuer la dimension stratégique au profit du ‘business d'abord !' ». 

    « Nous avons voulu oublier la politique au profit de l'économie, mais le politique est plus que jamais là, et il est en train de se venger » 

    « L'optimisme de la liberté est une philosophie de superdiplômés, peu sensible à la difficulté de vivre des sous-diplômés » 

    « Marine Le Pen a perdu politiquement, mais dans une certaine mesure, elle a gagné idéologiquement. Disons qu'elle a gagné la bataille du diagnostic, et perdu celle des remèdes » 

    Figarovox

  • Et la campagne nullissime qui dure encore, et encore, et encore ! Maintenant, les Législatives !  [3]

     

    Mur-bleu gds.jpg- Pour un Pays légal en pleine crise s'agit-il d'une simple mutation ou d'une explosion, « façon puzzle », comme dans Les tontons flingueurs ? La vérité vraie est que ça tangue, ça barde, ça explose de partout ! On n'est plus dans le Fluctuat nec mergitur !  En fait, avec Macron, les bobos hors-sol ont pris le pouvoir : après les délices des premiers instants, plus dure sera leur chute ! Ils se sont rebaptisés « La République en marche » ? Pour parodier le mot fameux d'Edgar Faure en 1968, la république idéologique, le Système est au bord du gouffre ; souhaitons-lui simplement de faire un grand pas en avant !

    - Une seule chose est sûre : Macron ne représente que 7 millions de voix « pour lui » (sondage Cevipof pour Le Monde : sans-doute crédible, même si - c'est notre cas - on ne prise que fort peu Le Monde... : 60% de ses voix - 20.750.000 - sont des voix « contre Marine Le Pen » et pas « pour Macron ») ; 

    - Presque trois fois plus de voix sont des voix « sans lui », qu'il n'a pas su attirer ou intéresser : 3 millions de non-inscrits et 6,5 millions de mal inscrits, qui pour telle ou telle raison ne votent donc pas (source : France info ), et plus de 10 millions d'abstentionnistes (exactement 10.577.572)

    - Et les voix « contre lui » représentent plus du double des siennes : 4 millions de bulletins blanc ou nuls et 10 millions 644.000 pour Marine Le Pen.

    7 millions d'un côté, 24 de l'autre (ou des autres, mais peu importe, au fond) : les journaleux peuvent bien s'extasier, ils ont réussi leur coup, et la cléricature médiatique a bien imposé son candidat. Mais, dirait de Gaulle, les faits restent les faits, et on lui souhaite bien du plaisir ! 

  • La juste analyse ...

     

    Le journaliste François Bousquet, auteur de La droite buissonnière analyse la recomposition idéologique à droite. L'erreur de Marine Le Pen et de François Fillon est de s'être enfermés dans des discours économiques sans affronter la question de l'identité.

    FIGAROVOX / GRAND ENTRETIEN. - 12.05.2017

  • DEUX JOURS EN CONTRASTE : 13 - 14 MAI 2017

     

    Par Jacques Trémolet de Villers

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgDans ces deux jours, des 13 et 14 mai 2017, se sont déroulés deux événements étonnamment et absolument contraires. Comme un contraste destiné à éclairer. Y-a-t-il une leçon ?

     

    Le premier évènement est la prise de fonction du nouveau président de la République.

    Forte majorité électorale. Fort consensus, malgré les débuts de fronde. Grand espoir suscité par une allure délibérément sérieuse, presque majestueuse, pleine de respect envers la fonction. Une fonction républicaine qui s’inscrit dans l’histoire de la Ve République.

    Chef des Armées. Command-car. Visite aux soldats blessés.

    Mais aussi, invitation du « compagnon » du policier tué sur les Champs-Elysées. Le « compagnon » est comme le veuf et la veuve.

    Emmanuel Macron avait placé sa campagne sous le signe de Jeanne d’Arc « Comme une flèche, sa trajectoire est nette, Jeanne fend le système et porte un rêve fou qui finit par s’imposer comme une évidence ».

    Il saluait en elle son « intuition de l’unité », alors que la France déchirée était « coupée en deux ».

    Dans son premier discours de Chef de l’Etat – le 14 mai, jour officiel de la Fête de Jeanne d’Arc – il dit « sa volonté constante de réconcilier et de rassembler l’ensemble des Français... ».

    On ne peut qu’adhérer à l’intention… mais la question vient « les réconcilier et les rassembler sur quoi ? »

    Sur Emmanuel Macron ?

    En Marche (Emmanuel Macron) … la République En Marche (Emmanuel Macron).

    C’est dans la droite ligne du fondateur de la Ve République, qui se considérait comme « l’incarnation de la légitimité » française... et s’était toujours fait « une certaine idée de la France ».

    Emmanuel Macron, est-il ce « centre de pureté, de vérité, autour duquel les énergies latentes viennent se grouper ? » ; est-il ce « peu, mais ce peu sera tout, un souffle, une lumière, une doctrine, une direction, une voix venue du fond de la conscience de la France et qui aille au-delà du présent ? »…

    Et sera l’analogue de ce que Jeanne fut ?

    Emmanuel Macron est-il, comme il l’a laissé entendre à Orléans, une Jeanne d’Arc pour notre temps ?

    Second événement, tout en contraste.

    Dans un local de la rue de Cléry « l’espace Cléry » ... deux à trois cents personnes, de tous âges, mais avec beaucoup de jeunes gens, débattent « du bien commun ».

    Le colloque est organisé par l’Action Française.

    Un invité de marque : le Prince Jean d’Orléans, héritier des quarante rois. L’intervention du Prince, comme celle des autres d’ailleurs, est sous la forme moderne d’un entretien « questions / réponses ».

    Le Prince évoque sa famille, sa femme, ses enfants, le prince Gaston, sept ans, à qui il apprend à bien planter ses radis… car la ligne n’est pas toujours droite… mais il est obligé de composer entre la nécessité de « planter bien droit les radis et aussi le désir de voir son fils y parvenir par lui-même, et donc, accepter que la ligne ne soit pas toujours impeccable… », car l’attention et la volonté propre, comme la satisfaction – et aussi le résultat – sont plus éducatifs pour l’enfant. C’est, bien sûr, une petite parabole sur la méthode capétienne.

    Après les radis, il parlera des poules et des poussins, puis du Domaine de Dreux, puis de la ville de Dreux, avec leurs expériences quotidiennes et modestes… dans le seul désir « d’améliorer l’entente entre les habitants, et de désamorcer les possibles explosions de haine. ».

    Après deux autres interventions, je dois conclure.

    Je dis en substance que notre « bien commun », aujourd’hui, dans cet espace Cléry, c’est le Prince, et sa famille, sa descendance … que le bien commun, nous ne l’avons ni choisi, ni élu, qu’il nous est donné par la nature et par l’histoire, c’est-à-dire par Dieu, et que notre honneur est de le servir.

    Je souligne le contraste entre « la campagne Macron », tirée au cordeau du marketing le plus moderne, et le Prince qui apprend à son fils à planter des radis…

    Le royaume de France, bien sûr, est du côté des radis… Mon neveu à qui je raconte l’anecdote me fait observer que radis, c’est la racine, celle dont se nourrissaient les serfs selon l’histoire officielle, au Moyen-âge « les paysans mangeaient les racines ».

    C’est aussi la racine d’un royaume dont « labourage et pâturage sont les deux mamelles ». Le contraste est absolu entre l’élu triomphant d’un monde hors-sol et l’héritier des quarante rois qui enseigne à son fils le plant de radis.

    Je ne peux pas rester au Banquet du soir où le Prince restera, mangeant, buvant et chantant avec les militants, après avoir téléphoné à la Princesse et dit en souriant « je reste, j’ai la permission ».

    Quelque soixante nervis « anti-fa » se présentent, armés de coups de poing américain et de barres de fer pour « casser la réunion ». Ils sont vigoureusement repoussés, avec les mêmes armes. Un blessé grave chez eux.

    L’organisateur, inquiet, s’excuse auprès du Prince, de ce trouble, mais le Prince, souriant, répond... « C’est normal, je m’y attendais. ». 

    18447013_1186577194785704_644037050458448161_n.jpgLe lendemain à 10h, défilé, de la place de l’Opéra à la statue de Jeanne. Un gros millier de personnes… les organisateurs pourraient le multiplier, mais je ne pense pas qu’on puisse dépasser ce chiffre.

    Des drapeaux de l’Action française, des portraits de Maurras, Bainville, Daudet … Des slogans, brutaux, comme tous les slogans, « A bas la ruine publique… ».

    Arrivée à Jeanne – Silence – Rassemblement – Discours.

    Je dis qu’à ce moment où, dans la cour de l’Elysée, la République triomphante installe son nouveau président, nous sommes au pied de Jeanne pour lui dire notre espérance.

    Notre espérance, c’est le petit prince de Dreux, qui apprend à planter ses radis et à élever ses poules. C’est notre histoire aussi simple et aussi pure qu’elle est humble et féconde. Elle est sainte aussi. Car Jeanne, c’est la sainteté là où on ne la trouve pas, dans la politique, dans la guerre et dans les tribunaux.

    Orléans, pour la guerre, Reims pour la politique, Rouen pour la justice et le martyre.

    La sainteté de Jeanne, dans la vie politique est dans un seul geste, à genoux devant le Dauphin, à Chinon, puis à genoux devant le Roi à Reims. « L’envoyée du Ciel met un genou à terre devant le Roi désigné », sans regarder à sa qualité personnelle – à sa prestance, à sa puissance matérielle, à ses chances de l’emporter.

    La sainteté en politique, c’est de servir … non seulement le royaume, la France… l’Etat… de entités abstraites, mais de servir celui qui incarne le bien commun de ces entités, le Roi.

    A qui ne sert pas quelqu’un, on ne peut pas faire confiance, car il ne sert que lui-même.

    Je regarde mes auditeurs. Ce n’est pas l’ENA, ni Polytechnique… c’est plutôt artisans, ouvriers, employés, smicards ou étudiants…Ce n’est pas « le peuple » des discours. C’est le peuple, en vrai.

    En puissance, c’est dérisoire.

    Dans l’instant, Macron est tout. Le Prince n’est rien.

    Mais, aujourd’hui, Macron est sans descendance. Sa postérité n’est que politicienne, par l’énarchie et les autres grandes écoles.

    Le Prince a deux fils et deux filles.

    Si ce n’est pas lui, comme il me l’a dit, il y a quinze ans, ce sera mon fils, ou mon petit-fils… mais cela sera, car « nous autres les rois, nous avons le temps avec nous… ».

    Entre les deux images, l’hésitation n’est pas permise. L’honneur, la joie, la beauté et la fécondité sont du coté du Prince et de son fils, de la poule au pot et des racines.

    Si c’était, comme dans la vie mystique, la méditation sur les Deux Etendards, celui de Jésus-Christ et celui du Prince de ce Monde, on ferait un choix absolu.

    Mais c’est dans la vie temporelle, tout est mélangé. On peut voir que l’espérance temporelle est du côté du Prince de l’enfance et des jardins, mais il n’est pas interdit d’y joindre une nécessaire compromission pratique avec le monde électoraliste et technologique, tel qu’il est.

    Encore que … ça se discute.

    Macron peut compter sur la République pour le paralyser, ou, au moins le canaliser… sauf à ce qu’il devienne dictateur… Auguste. ? ou Caligula. ?

    Ou autre chose … un bon intendant en attendant le maitre de maison ?

    Ou, malheureusement, un jeune homme trop doué, trop avenant, trop chanceux … que les médiocres s’acharneront à détruire.

    De toutes les façons, la seule issue, c’est le rien ou le royaume.

    Continuons le royaume. L’avenir est dans le jardin, comme le bonheur est dans le pré. 

  • Et la campagne nullissime qui dure encore, et encore, et encore ! Maintenant, les Législatives !  [2]

     

    Mur-bleu gds.jpg1. Comme son « père » Hollande, la première visite de Macron sera pour l'allégeance à la chancelière allemande. L'entretien aura lieu hors caméras, et en anglais : double symbole de l'abaissement de la France par le Système mortifère qui la déclasse inexorablement depuis 142 ans...

    2. Et les autres, et par exemple Mélenchon ? Eh ! bien, Mélenchon s'est parachuté à Marseille dans une circonscription facile, pas dans les quartiers Nord face à Ravier. Insoumis mais pas fou, Mélenchon !

    Et puis, il nous bassine avec sa « France insoumise » : la vraie France insoumise, c'est l'Action française ! Et si vous voulez un vrai insoumis, ne prenez pas Mélenchon pour guide, prenez Maurras !

    Mélenchon ne veut que « tourner la page » du Parti socialiste ; nous, c'est du Système que nous voulons « tourner la page » parce que, les vrais révolutionnaires, c'est nous. Mélenchon n'est qu'un pâle partisan du Système, mainteneur du « chaos figé des conservateurs du désordre. » 

  • La petite guerre des imams en France

    La Grande Mosquée de Lyon

     

    Par Péroncel-Hugoz

     

    peroncel-hugoz 2.jpgCela n’a pas fait les gros titres, surtout sur fond de frénésie présidentielle, mais les milieux musulmans de l’Hexagone en parlent…

    La première salve de cette « guéguerre » inter-islamique limitée à la France a été tirée le 29 mars 2017 avec la révélation d’un projet de « charte des imams », fixant les conditions d’exercice de leurs fonctions aux « conducteurs de prière » des 2.500 mosquées édifiées dans l’Hexagone depuis un quart de siècle. L’auteur collectif de ladite « charte » est le CFCM ou Conseil français du culte musulman (sunnite), animé par le notable marocain Anouar Kbibech, par ailleurs président du Rassemblement des musulmans de France, association réputée proche de Rabat. 

    Rappelons que selon les chiffres glanés par Mme A. Laurent, experte du fait religieux, et donnés par le site Clarifier, sur les 2.500 imams exerçant en France métropolitaine, environ 300 sont envoyés par des Etats comme le Maroc, l’Algérie, la Turquie, les autres étant des résidents ou des nationaux. Une petite minorité du total serait en mesure de prêcher en français, ce que répugneraient à faire certains imams pourtant carrément francophones. 

    Ambitions algériennes 

    Peu après l’envoi du projet de charte des imams, par le CFCM, aux mosquées de France, une réplique indignée est partie de la puissante Grande Mosquée de Lyon, fief du recteur algérien Kamel Kebtane, contestant au CFCM le droit de « s’ingérer dans les affaires intérieures des mosquées ». Suivi aussitôt par certains prédicateurs établis en France, le recteur de Lyon sait pourtant que l’Etat français attend depuis des années qu’un code de conduite unique « raisonnable » soit proposé aux imams afin d’écarter ceux qui vantent le djihad, le salafisme ou le wahhabisme, tout en dénigrant le soufisme, la religiosité populaire, les pèlerinages aux santons du bled. Sans parler de leur mépris affiché pour la façon de vivre des Français moyens. 

    Le statut préparé par le CFCM n’a apparemment rien de révolutionnaire ou de diviseur et essaie seulement de tracer le profil de prédicateurs adaptés à une société occidentale, tout en respectant les canons islamiques : « attachement aux valeurs universelles fondant la République française, aux principes de laïcité et de diversité des convictions et pratiques. Interdiction d’invoquer Dieu pour semer la terreur, etc.». La charte rappelle également que la prière musulmane n’est valable pour les pratiquants masculins que si elle est conduite par un imam mâle. Cette exigence rappelle, toutes proportions gardées, celle de l’Eglise catholique dont le chef, le pape, doit toujours être un homme. 

    Juste milieu 

    Les pratiquantes féminines peuvent avoir recours aux « Mourchidates », ces guides spirituelles habilitées à diriger la prière de leurs seules sœurs ; cette institution a été encouragée ces dernières années par des Etats comme l’Egypte ou le Maroc. La diplomatie religieuse de Rabat a aussi promu, sous le régime actuel, la notion d’« Islam du Juste Milieu » tirée du Coran et que le Maroc diffuse maintenant avec un certain succès en Afrique noire francophone, face au terrorisme de groupes armés comme Boko-Haram au Nigeria. 

    Sommet à l'Elysée 

    Gageons que l’indignation du recteur Kebtane est du moins en partie mue par l’opposition systématique d’Alger à toute initiative teintée de marocanité… Il y a sans doute aussi, pour le pouvoir algérien, l’idée de maintenir un rideau de fumée devant les négociations « secrètes », peut-être conclues à l’heure où nous écrivons, visant à transférer la Grande Mosquée de Paris à l’Etat algérien… 

    Une mosquée née pourtant d’une idée franco-marocaine à l’époque du maréchal Lyautey et du sultan Moulay-Youssef (1912-1927). Confiée ensuite par Paris à la lignée Boubakeur, issue d’un ancien élu Algérie française, socialiste et franc-maçon, rallié par la suite à l’Algérie algérienne, la fameuse mosquée parisienne a été peu à peu algérianisée de facto. Peut-être cette délicate question a-t-elle été évoquée le 2 mai 2017 lors du sommet de l’Elysée entre les chefs d’Etat français et marocain ? 

    A suivre donc ! 
     

    Documentation

    A. Laurent, L’Islam, Artège, Perpignan et Paris, 2017.

    L. Murr-Nehmé, Tariq Ramadan, Tariq Oubrou, Dalil Boubakeur. Ce qu’ils cachent, Salvator, Paris, 2017.

    S. Zeghidour, L’Islam en 50 mots, Desclée de Brouwer, Paris, 1990.

    Repris du journal en ligne marocain le360 du 12.05.2017