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Actualité Europe - Page 49

  • Société • 0% Femen… 100% féministe et 100% féminine

    Thérèse Hargot 

     

    Par Péroncel-Hugoz

    Notre confrère a observé, en Europe occidentale, les polémiques inédites déclenchées par le « féminisme différencialiste » d’une nouvelle venue, originaire de Belgique…

     

    peroncel-hugoz 2.jpgC’est une « vraie blonde », comme on en voit, par exemple, à Tournai, Liège ou Bruxelles; et d’ailleurs c’est du royaume de Belgique qu’elle vient. Elle a ensuite exercé le très risqué métier de « sexologue » aux Etats-Unis mais c’est en France qu’une partie du grand public a commencé à entendre parler d’elle, en 2016, avec son essai-choc : Une jeunesse sexuellement libérée (ou presque)*. Cette jeune femme, qui se définit comme « alterféministe », plutôt que « féministe » tout court, se nomme Thérèse Hargot. 

    Ceux qui l’ont approchée, notamment dans les radios, télévisions ou salles de presse, disent, en général, qu’ils ont été frappés par ses manières « avenantes, simples, aimables mais sans excès ». « Rien à voir », note un journaliste bruxellois, avec « vos Chiennes de garde » françaises ou avec les Femen internationales, qui se montrent « agressives » ou « véhémentes » et voient « en tout homme », un « macho en puissance », qu’il faut « combattre »…

    Qu’on se rappelle seulement, ces dernières années, le cas de ce député français qui fut taxé d’une forte amende à Paris pour avoir donné du « Madame LE Président de commission » à une élue féministe exigeant d’être appelée « Madame LA Présidente, etc. », cette dernière formule étant pourtant contraire à la grammaire française actuelle, telle qu’elle est défendue par l’Académie française, prestigieuse gardienne suprême du langage depuis le XVII° siècle… 

    Néo-puritanisme 

    Les détracteurs de Thérèse Hargot ne sont pas tendres avec elle non plus : « Une fille bon chic bon genre qui, sous ses manières douces, cache un néo-puritanisme », selon Radio Zinzine, une radio française privée ultra-libertaire. Ce que reproche justement la sexologue belge à la « libération » des femmes issues de la révolution de mai 68, c’est d’avoir imposé, codifié une pratique sexuelle excluant tout « devoir de procréation » au profit d’un « consumérisme érotique » ou la sexualité est devenue une «denrée de consommation» parmi d’autres. Et cela, au détriment de la femme, de la féminité, de leur épanouissement. Au fil de ses enquêtes, parmi ses pareilles, en Amérique du Nord ou en Europe occidentale, Mme Hargot, affirme avoir rencontré un grand nombre de femmes, mariées ou pas, insatisfaites de leur vie privée, et n’osant pas en parler, de peur d’être moquées. 

    Simone de Beauvoir sur la sellette 

    Notre essayiste sociologue ne manque pas de reprocher à la fameuse romancière féministe du milieu du XXe siècle, Simone de Beauvoir, d’avoir « diabolisé la maternité », traitant de « pondeuses » les mères de plusieurs enfants… Le professeur Marc Calvini-Lefebvre, historien du féminisme à l’université d’Aix-Marseille, sans adhérer, loin de là, à tous les constats de Thérèse Hargot, reconnaît volontiers que « Simone de Beauvoir a eu des mots très durs pour la maternité ». Sur cette pente, on vit plus tard des ministres français socialistes, comme la martiale Yvette Roudy ou l’ambigu Laurent Fabius, ironiser sans fard sur la « progéniture » (quatre enfants) de la socialiste Ségolène Royal, première compagne officielle du non moins socialiste François Hollande… 

    Liens avec le féminisme arabo-musulman ? 

    En écoutant, en lisant Thérèse Hargot, j’ai retrouvé dans ses propos sur le « vrai féminisme », sur le « féminisme différentialiste » qui reconnaît les « spécificités et de l’homme et de la femme », certains accents déjà entendus chez des féministes arabo-musulmanes (Egypte, Syrie, Maroc, etc.). Ces dernières ne nient pas les caractéristiques propres à chacun des deux sexes, contrairement à la plupart des féministes françaises ou tunisiennes, ces dernières ayant catégoriquement refusé la prise en compte de la « complémentarité » hommes-femmes, qui n’est pourtant pas contradictoire avec la sacro-sainte notion d’« égalité » entre les sexes. Autre concept cher à Mme Hargot, celui de la « fidélité » dans le couple qui, outre la morale, offre une garantie réelle contre les maladies vénériennes ». 

    Un chercheur musulman en économie maritime mais s’intéressant à la vie intime de ses coreligionnaires, Si Mokhtar Ahmed-Taleb, a demandé sur la Toile « qu’on fasse de la place » à la sexologue belge dans le débat universel actuel sur la sexualité, « que ladite sexualité ait ou non la religion pour arrière-plan. Les tenants (et tenantes) des thèses « relativistes » ou « différentialistes », présents dans les sociétés arabo-islamiques, ont sans doute intérêt à comparer leurs constatations en islam avec celles de Mme Hargot en Occident. On dit cette dernière politiquement proche de François Fillon, qui sera candidat de la droite néo-gaulliste à l’élection présidentielle française, en 2017. Les études de terrain de la chercheuse non-conformiste auront-elles bientôt des prolongements concrets en Europe francophone et latine ? 

    Déjà, les « Chiennes de garde », à Paris, Bruxelles ou Barcelone, commencent à montrer les dents … 

    * Albin Michel

    Péroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le360 du 27.01.2017

  • L'amitié franco-allemande

     

    Par Jean-Philippe Chauvin

    L’amitié franco-allemande est un bienfait, et elle ne doit pas être un carcan si elle veut demeurer et prospérer.

     

    4184008190.jpgForcée ou déséquilibrée, elle serait source de ressentiment et l’on sait combien ce dernier peut porter les nuées terribles du dissentiment et, parfois, de la guerre (1), comme celles des deux derniers siècles entre la vieille France et la nouvelle Allemagne née de notre défaite de 1870. Accuser la germanophobie française d’être responsable des trois derniers conflits directs entre les deux pays, comme l’a fait récemment le candidat importun et désavoué Vincent Peillon, est ridicule et peu conforme à la réalité, tout comme serait inopportun une germanophilie qui se parerait de l’idée « d’Europe » pour renoncer à toute indépendance française, pourtant première condition d’une franche amitié entre deux puissances qui, effectivement, ont longtemps eu des intérêts conflictuels en Europe, mais peuvent toujours gagner à les dépasser, sinon à les oublier… 

    Le jour du premier tour des primaires de la Belle Alliance Populaire était aussi l’anniversaire de ce fameux traité de l’Elysée, signé par de Gaulle et Adenauer, le 22 janvier 1963, traité trop souvent oublié et, il faut le dire, tout aussi incompris par ceux qui le commémorent sans le connaître. Et pourtant ! Ce traité mériterait une lecture attentive et, pourquoi pas, d’être revalorisé par les deux Etats, dans son esprit original : car, nos européistes ne s’en vantent pas, c’est bien Jean Monnet, le « père fondateur de l’Europe », qui a fait échouer ce traité car il ne rentrait pas dans le cadre de ses idées atlantistes… C’est ce qu’explique Michel Clapié dans son manuel universitaire « Institutions européennes » (publié en 2003) : « le traité de l’Elysée du 22 janvier 1963 (…) devait ouvrir l’ère nouvelle d’une entente franco-allemande privilégiée destinée à prendre le pas sur la relation transatlantique jusque-là défendue par Bonn. (…) Le traité de Paris fut aussitôt dénaturé par le Bundestag qui n’en autorisa la ratification qu’en l’assortissant d’un préambule directement inspiré par Jean Monnet, qui réaffirmait le lien privilégié de l’Allemagne avec les Etats-Unis d’Amérique, (…) un préambule dans lequel il était dit que ce traité ne portait pas préjudice à la loyauté du gouvernement fédéral vis-à-vis de l’OTAN, ni aux relations étroites entre l’Amérique et l’Europe. (2)» Ainsi, c’est bien Jean Monnet qui a été le fossoyeur de l’indépendance européenne et, d’une certaine manière, de la construction européenne souhaitable… (3) 

    Aujourd’hui, l’Allemagne s’est émancipée de la France et de son lien particulier avec celle-ci, et plus encore depuis Mme Merkel qui reprend la politique bismarckienne de M. Kohl, mais en y ajoutant une volonté de domination (sans la puissance ?) de son pays sur l’Union européenne toute entière : la tragédie grecque dont M. Hollande fut le témoin impuissant (certains diraient le complice passif…) a renforcé la position allemande dans le monde économique et politique, et lorsque le monde extérieur pense « Europe », il téléphone à Berlin, non à Bruxelles ou à Paris, à rebours de 2003 où c’était la France de MM. Chirac et Villepin qui incarnait et entraînait l’Europe (en coordination étroite avec l’Allemagne et la Russie), du moins celle qui se voulait libre de toute dépendance impériale atlantique… 

    MM. Macron et Fillon veulent renouer des liens forts avec l’Allemagne, et ils ont raison. Mais les liens en question ne doivent pas être ceux qui emprisonnent mais ceux qui, au contraire, servent la liberté de chacun et l’intérêt de tous. Et il faudra, avant que de resserrer ces liens entre les deux Etats que la France, elle, retrouve sa « force d’être » et que son Etat soit digne de son nom et de ce qu’il impose, au regard de l’histoire et du monde qui, comme le clame, au-delà des temps, Georges Bernanos, « a besoin de la France ». Retrouver la liberté de parole que deux quinquennats de suivisme atlantiste ont fortement dégradée… La République en est-elle capable ? Si elle renoue avec la pratique capétienne qui, parfois, fut la sienne depuis de Gaulle, l’espoir est permis ! Mais il y manquera, tant que nous serons en République, la continuité qu’offre, sans mot dire, la présence d’une dynastie à la tête de l’Etat…   

    1. Guerre aujourd’hui impossible entre nos deux pays, la France ayant « l’assurance-vie atomique » contrairement à sa voisine ; 

    2. Extraits de Michel Clapié, « Institutions européennes », Champs Université, Flammarion, 2003, pages 132-133, 376 ;

    3. Cette construction européenne souhaitable n’est sûrement pas le fédéralisme européen selon le rêve de MM. Schuman et Monnet, mais bien plutôt une union confédérale souple des Etats européens… Souple, ce qui ne signifie pas faible, bien sûr !

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Le syndrome du cabri

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

     

    Quelques jours avant son investiture, M. Trump a manifesté le peu de considération que lui inspire l’Union européenne, flattant la Grande-Bretagne, étrillant l’Allemagne de Mme Merkel et ignorant totalement la France. A y regarder de près, M. Trump n’a fait que dire la vérité. Rien d’étonnant, en effet, à ce qu’il dénonce ce dont tout le monde convient peu ou prou aujourd’hui : la faute impardonnable d’une Mme Merkel qui, dans l’affaire des migrants, a privilégié au détriment de son propre peuple « des valeurs, les droits de l’homme, le vivre-ensemble » (M. Zemmour sur RTL, 19 janvier). Quant à l’Europe, ou plutôt à l’Union, M. Trump la considère avec des yeux américains, explicitant de façon directe le non-dit de son (ses) prédécesseurs à la Maison Blanche : l’union économique de pays européens étant forcément concurrente des Etats-Unis, il se félicite du « Brexit »; de plus, alors que prend forme en Asie et dans le Pacifique, un conflit vital avec la Chine et que la Russie ne représente pas un vrai danger, il pense que les Etats-Unis n’ont plus à se considérer comme tenus par les engagements de défense obsolètes de l’Otan.

     

    Cris d’orfraie de ce côté-ci de l’Atlantique, particulièrement en France : « L’Europe […] n’a pas besoin de conseils extérieurs » (M. Hollande), « [c’est] une déclaration de guerre à l’Europe » (M. Valls). On frise le degré zéro du politique. Même chose avec le choeur des éditorialistes, manifestement effrayés par la perspective d’un désengagement américain. Atteints du syndrome du cabri diagnostiqué par de Gaulle en 1965 (« sauter sur sa chaise comme un cabri en disant "l’Europe ! », "l’Europe !", "l’Europe !", mais cela n’aboutit à rien et cela ne signifie rien. »),  presque tous proposent ce qui ressemble à une fuite en avant : encore un pas vers plus d’Union, vers le fédéralisme, alors même que la « construction » européenne nous a conduits au bord du précipice. Ainsi, tandis que M. Guetta croit pouvoir lancer sans ridicule un martial « l’Europe serre les rangs » (France Inter, 17 janvier), M. Barbier, plus démagogique et plus dangereux, pense qu’il faut « aller plus loin vers une nouvelle Europe » (France 5, 18 janvier) - c’est-à-dire une Europe fédérale.

     

    Libre à eux de croire que l’Union puisse un jour défendre l’Europe. Il faudrait pour cela qu’elle change de nature. Essentiellement marchande et financière, elle est rien moins que militaire. Nous maintenons donc nos propos des 14 et 21 novembre 2016 dans ces mêmes colonnes : M. Trump « nous place dans une alternative quasi existentielle » et oblige l’Europe à « s’assumer », ce qui suppose comme condition préalable que « l’impotente Union disparaisse ». Que l’Union, qui a failli, le cède à l’Europe, la seule qui existe, celle des nations et des peuples, celle qu’incarnent en toute légitimité les Etats qui la composent. C’est aux Etats souverains que doit incomber la responsabilité, historique au sens fort du terme (pour une fois), de nouer les alliances et rapprochements indispensables. pour maintenir leur rang et assurer leur survie. L’objectif ne doit pas être fédéral mais confédéral. 

     

    A lire aussi dans Lafautearousseau ...

     

    Le retour du tragique

     

    Le voyage de Berlin

  • OTAN, Merkel, Brexit : les boulets rouges de Donald ...

    Ne nous y trompons pas : ce sera sa politique. Exit le mondialisme. America first !

     

    Mur-bleu gds.jpgIl n'est pas encore entré en fonction que Donald Trump a déjà fait donner l'artillerie lourde. Et, devant un journaliste anglais et un allemand (aucun français, merci le Système qui nous rend si absents, parce que inconsistants, sur la scène internationale !), on peut dire qu'il a flingué dur, le Donald, et tous azimuts ! Un vrai régal ...

    1. L'OTAN « obsolète » : propos qu'il avait déjà tenu, et que nous avions salué, mais qu'il redit, avec plus de force encore ; elle a été conçue il y a très longtemps, pour une menace qui n'existe plus (la toujours redoutée invasion soviétique de l'Europe de l'Ouest par les chars du Pacte de Varsovie) alors qu'elle est totalement inadaptée au terrorisme islamiste actuel. 

    2. La politique Merkel « absolument catastrophique » : « Je pense qu'elle a commis une erreur absolument catastrophique, à savoir accepter tous ces illégaux... Et personne ne sait même d'où ils viennent. Aussi, je pense qu'elle a fait une erreur catastrophique, une très grave erreur »

    Mais Donald Trump a aussi accusé l'Allemagne - à juste titre - de dominer l'Union européenne : « Vous regardez l'Union européenne... c'est en gros un instrument pour l'Allemagne. C'est la raison pour laquelle je pense que le Royaume-Uni a eu bien raison d'en sortir... »

    3. Le Brexit : un succès : car les peuples, dit le nouveau président, ont besoin de protection, d'identité, de frontières. Si la Grande-Bretagne n'avait pas été tenue d'accueillir tant d'étrangers, explique-t-il, le rejet de l'immigration massive n'aurait pas fait « passer » le Brexit. Et d'autres pays suivront, annonce-t-il...

    Ces propos, d'une fermeté nouvelle et bienvenue, appelleront seulement deux commentaires de notre part :

    La seule pauvre, très pauvre réponse d'Angela Merkel et de François Hollande - l'un et l'autre terriblement vexés... - a été d'en appeler à « l’union » à l’unité » des Européens ! Mais, justement, ils ne sont d'accord sur quasiment rien, les Européens, ils sont même plus divisés que jamais, et empêtrés dans des institutions paralysantes qui les empêchent de toute façon d’avancer ; et puis, d'avancer vers où ? vers quoi ?... Vers l'adhésion de la Turquie, par exemple ? 

    Mais, surtout, et en ce qui concerne la France, Donald a d'un seul coup fait de nombreux orphelins : que vont devenir nos atlantistes et américanolâtres ? Ils ont bonne mine, maintenant, eux qui aimaient tant se cacher derrière « le parapluie américain » pour oublier le devoir qui est le leur d'assumer et de prolonger l'héritage reçu des siècles ! Aussi douillettement que lâchement - c'est si confortable le renoncement... - ils avaient délégué aux USA leur avenir collectif et, pensaient-ils, sa protection. Plus besoin de vrai budget militaire, on pouvait dépenser l'argent ailleurs !... Dans leurs têtes, ils n'étaient plus Français, ils ne « pensaient plus Français ». Que vont-ils faire, que vont-ils dire, maintenant ? Au moins, cette inconscience-là, elle est morte, et bien morte : qui s'en plaindra ? Certainement pas nous !...

    Atlantistes de tous les pays, américanolâtres de partout, faites provisions de mouchoirs en papier et sortez-les, il ne vous reste que vos yeux pour pleurer... ! 

  • Livres • Mathieu Bock-Côté : « Le multiculturalisme est une inversion du devoir d’intégration »

     

    par Jean-Baptiste d'Albaret

    Canadien de Montréal, souverainiste québécois, Mathieu Bock-Côté lutte pour que le combat indépendantiste prenne en compte la dimension identitaire. Son dernier livre, Le Multiculturalisme comme religion politique, est une analyse lucide et profonde de la modernité. Sociologue, chroniqueur, il est aussi un observateur avisé de la situation politique française. Les lecteurs de Lafautearousseau le connaissent bien. Nous suivons, ici, ses analyses, ses publications, depuis déjà un certain temps. Avec la plus grande empathie. Il a accordé à Politique magazine [janvier 2017] l'entretien qui suit.  LFAR 

     

    En quoi le multiculturalisme est-il une religion politique ?

    Le multiculturalisme est apparu au mitan du XXème siècle comme une révélation. Il ne prétend pas améliorer la société, mais la démanteler pour la reconstruire radicalement selon une nouvelle anthropologie. Ce en quoi il est aussi une eschatologie : il y a le monde d’avant, coupable de péchés indélébiles contre la diversité, et le monde d’après, qui tend vers le paradis diversitaire et transnational, étape ultime de l’aventure humaine et seul visage possible de la modernité.

    Selon les tables de la loi multiculturelle, les vieilles institutions sociales doivent s’effacer au profit des revendications exprimées par tous les « exclus » de la terre qui se trouvent parés, en tant que tels, de l’aura christique des réprouvés.

    De là découle une conception particulière de l’affrontement politique. Car les grands prêtres du multiculturalisme ne conçoivent pas la démocratie comme la confrontation de conceptions concurrentes du bien commun mais comme un espace d’éradication du mal. Qui ne communie pas au culte de la diversité est le diable en personne – et le diable est intolérant, raciste, islamophobe, homophobe… C’est ainsi que le débat public en Occident a été confisqué par un petit clergé progressiste qui menace du bûcher toute pensée dissidente.

    Vous expliquez que le multiculturalisme est né sur les décombres du soviétisme, comme une métamorphose de l’imaginaire marxiste…

    Il est certain qu’à partir des années 1950, la plupart des intellectuels marxistes prennent conscience que l’URSS, leur nouvelle Jérusalem, ressemble davantage à un enfer concentrationnaire qu’à un paradis de travailleurs. C’est le début de ce que j’appelle le « socialisme migrateur » ou « socialisme tropical » : beaucoup vont chercher de nouvelles terres promises en Chine, à Cuba, en Afrique… Mais c’est à partir des années 1960 que le progressisme va profondément muter en se détachant du communisme.

    Mai 68 et les Radical Sixties marquent le triomphe du gauchisme et de la contre-culture qui débordent le communisme par la gauche et transforment le rapport au mythe révolutionnaire. C’est l’époque où Herbert Marcuse parle avec dédain des « classes populaires conservatrices ». La gauche radicale constate que le prolétariat aspire davantage à la middle class qu’à la révolution. Désormais, elle fera la révolution sans le peuple et même, au besoin, contre lui. Et c’est aux minorités que le rôle de catégorie sociale révolutionnaire de substitution est dévolu.

    Mais le muticulturalisme ne menace-t-il pas d’implosion violente les sociétés où il s’exerce ?

    Pourquoi vivre en commun si on ne partage pas la même culture ? En laissant cette question sans réponse, le multiculturalisme, loin de tenir sa promesse du « vivre-ensemble », ne produit, au mieux, qu’une pluralité d’appartenances au sein de sociétés fragmentées et communautarisées. Mais ne réduisons pas sa critique aux aspects liés à la paix civile même s’ils ne sont pas négligeables.

    L’idéologie multiculturelle obéit d’abord à une logique de déracinement qui passe par le démantèlement des institutions et des systèmes normatifs traditionnels. Elle est fondée sur une inversion du devoir d’intégration : l’immigré n’a plus vocation à se fondre dans le creuset de la culture d’accueil mais c’est la culture d’accueil qui doit s’accommoder de la culture d’importation. La culture d’accueil perd ainsi son statut référentiel et devient, en quelque sorte, optionnelle, sauf pour expier ses crimes contre la diversité, ce qui revient évidemment à œuvrer à sa propre destruction. C’est exactement ce qui est arrivé au Canada.

    Le Canada, présenté par les thuriféraires du multiculturalisme comme un modèle de gestion ethnoculturelle… Qu’en est-il de la réalité ?

    Je ne sais pas si on peut parler de modèle, mais le multiculturalisme est là-bas une sorte de doctrine d’Etat. Avec son enthousiasme coutumier, notre flamboyant Premier ministre, Justin Trudeau, vient d’expliquer dans le New York Times que c’était la diversité qui caractérisait le Canada. Et de fait, au pays des accommodements raisonnables, une immigrée peut prêter son serment de citoyenneté en niqab avec la bénédiction des tribunaux ou le Premier ministre d’une province comme l’Alberta peut se montrer dans une vidéo revêtue d’un voile islamique pour fêter la fin du ramadan…

    Ce zèle diversitaire, ce multiculturalisme triomphant récoltent l’admiration béate des élites culturelles et médiatiques qui se congratulent entre elles de ces marques définitives de tolérance et d’ouverture d’esprit. Au Canada, le multiculturalisme est, si j’ose dire, entré dans les mœurs.

    En revanche, on sait moins qu’il y a été utilisé et programmé comme une arme de guerre contre le nationalisme québécois. C’est Pierre Trudeau, le père de l’autre, qui l’a fait inscrire dans la loi constitutionnelle de 1982, imposée de force au Québec afin de désamorcer ses revendications historiques à se constituer en nation. Trudeau voyait en effet d’un très mauvais œil le souverainisme québécois qu’il accusait d’ethnocentrisme, alors même que le socle de l’identité canadienne reposait traditionnellement sur la figure des deux peuples fondateurs, les anglophones et les francophones.

    Le résultat ne s’est pas fait attendre. Ainsi constitutionnalisé, le multiculturalisme a non seulement amputé le Canada de son identité française, mais il a aussi privé le Québec de son statut de nation fondatrice. Triste destin pour le peuple québécois, extrait de sa propre histoire, dépossédé d’une part de lui-même et rabaissé à l’état de communauté ethnique parmi d’autres au sein de la diversité canadienne…

    En France, la victoire de François Fillon à la primaire de la droite est parfois analysée comme une réaction à l’idéologie des élites, largement comparable à ce que vous décrivez pour le Canada. Est-ce aussi votre sentiment ?

    Oui, d’une certaine façon, même si, en France, les références aux valeurs républicaines entretiennent l’illusion d’une communauté politique unifiée. Je dis bien l’illusion : on sait que la réalité est tout autre et qu’énormément de Français ont le sentiment que leur pays se décompose. C’est pourquoi je crois que les gens ont moins voté pour le programme de François Fillon que pour l’image d’une France traditionnelle et enracinée qu’il personnifie. De ce point de vue, il est l’exact contraire de Justin Trudeau qui incarne un cosmopolitisme diversitaire sans racines et la dissolution du politique dans la communication. Fillon est la sobriété faite homme. Pas de transgression outrancière chez lui. Ce qui le distingue aussi d’un populiste du genre Donald Trump.

    Fillon l’a plus emporté pour la part de conservatisme qu’on lui attribue que pour sa promesse de rétablir les finances publiques ?

    Sans aucun doute, même si le verbe « rétablir » que vous venez d’employer est celui qui lui convient. François Fillon doit avoir conscience des enjeux qu’il a fait naître. Il porte pour l’élection de 2017 tous les espoirs d’un certain conservatisme à la française. Je veux parler d’un mélange d’enracinement, de sens commun, de dignité qu’il lui faudra, sous peine d’immense déception, incarner personnellement mais aussi politiquement s’il est élu à la tête de l’État.

    Ce conservatisme réclame une part de volontarisme car, dans le monde qui est le nôtre, il ne s’agit plus seulement de conserver, il faut également restaurer ce qui a été mutilé par quarante ans de progressisme maniaque. En France, cela commence par l’État, l’autorité de l’État. La psychologie politique de votre pays est profondément imprégnée de l’idée que c’est l’Etat souverain qui incarne le destin de la nation et il serait tout à fait illusoire de vouloir lui substituer la société civile comme le prône le philosophe anglais Roger Scruton. Le conservatisme français est une synthèse originale d’identité et de liberté, même sur les questions de mœurs.

    Cela le distingue du conservatisme social américain qui peut avoir une dimension agressive, très éloignée du conservatisme tranquille qui s’est exprimé lors de la Manif pour tous. Si les Français sont à la recherche de leur conservatisme, qu’ils ne le regardent surtout pas avec une loupe américaine ou britannique !

    Le problème de ce conservatisme n’est-il pas de ne jamais s’assumer en tant que tel ?

    C’est tout le problème des dirigeants de ce qu’on appelle la droite. Alain Juppé était tellement heureux d’être célébré par la presse de gauche qu’il en a oublié que la France ne se réduisait pas à ce que pensent Les Inrocks et Télérama. Le rêve d’une certaine droite, et c’est le danger qui guette Fillon désormais, c’est que la gauche lui dise qu’elle n’est pas vraiment de droite. Elle se croit donc obligée de prouver qu’elle est la plus moderne et, pour faire moderne, elle ne parle que d’Europe et de mondialisation, jamais ou presque jamais des questions sociétales et identitaires. Le débat public se résume ainsi depuis quarante ans à une querelle entre progressistes. C’est ce que j’appelle dans mon livre le « malaise conservateur » : bien que prégnant en France, le conservatisme n’a jamais trouvé sa traduction politique, sinon dans quelques discours électoraux vite oubliés une fois au pouvoir.

    Pourtant, on entend beaucoup dire que les « réacs » auraient gagné la suprématie culturelle…

    Et qui l’affirme ? Certes, quelques voix discordantes se font entendre un tout petit peu plus qu’avant, ce qui provoque un double phénomène : d’une part, la gauche hégémonique se croit assiégée parce que sa domination est très légèrement contestée ; de l’autre, la droite silencieuse se croit conquérante parce qu’elle est un tout petit peu plus entendue. Mais le fait est que la quasi-intégralité des pouvoirs institutionnels et culturels reste progressiste.

    Un dernier mot sur le regard qu’on porte sur la France depuis le Québec ?

    Il y a un vieux sentiment d’affection filiale qui vire à l’hostilité chez les élites car la France est perçue comme un rouleau compresseur laïciste qui étouffe sa diversité. Mais pour les souverainistes, qui représentent grosso modo 40% de la population, la France demeure la première alliée et un enjeu interne : même si la langue française est fragilisée à cause de l’État fédéral où elle n’existe quasiment plus, le Québec ne parle pas norvégien ou danois.

    Il parle français, une des plus grandes langues du monde, et cela a contribué à sa survie. Si l’aventure coloniale a pu avoir des aspects positifs, c’est bien ici, en Amérique du Nord, où la France a accouché d’un peuple neuf !

    Le Multiculuralisme comme religion politique, de Mathieu Bock-Côté, Le Cerf, 368 p., 24 euros.  

  • Monde • Chronique d’une Saint Sylvestre au royaume du Danemark

     

  • Société • Panique au royaume de Danemark, après que la Reine a déclaré refuser le modèle multiculturel

     

    Les débats ne se sont pas vraiment éteints au Danemark depuis l'interview accordée à la presse par Sa Majesté la Reine Margrethe II, chef de l'Etat danois, pour son 75e anniversaire le 16 avril 2015. Une interview qui a provoqué une certaine panique dans le monde du politiquement correct. Qu’a déclaré de si grave la souveraine de ce royaume scandinave de six millions d'âmes, toujours attaché à son indépendance et à sa tradition ? 

    On trouve réponse à cette question dans Riposte laïque, sous la signature de Sylvie Bourdon. Qui rapporte et commente ici les propos de la reine de Danemark. Des propos en fort contraste avec la pensée postnationale et le multiculturalisme, dominants chez nous ... 

    « Celui qui s’installe au Danemark doit se conformer au normes et valeurs danoises » déclare-t-elle. « Nous pouvons les accueillir, mais nous devons aussi leur dire ce que nous attendons. Car il s’agit de notre société, dans laquelle ils se rendent. Ils doivent comprendre dans quel monde ils sont venus. » Et la Reine de devenir plus précise encore : « Nous faisons volontiers de la place. Cependant, ils sont venus dans notre société et ne peuvent pas attendre pouvoir perpétuer leur modèle de société chez nous. Ils peuvent se rendre dans les mosquées, s’ils le veulent, mais s’ils font des choses incompatibles avec le modèle de la société danoise, ils doivent reconnaître que cela n’ira pas. » La Reine désigne bien entendu une certaine immigration qui se forme en société parallèle. Elle a aussi fait passer un message sur la liberté d’expression, qui n’est pas seulement menacée par les terroristes : « Je sais bien que certains disent, qu’il faut être prudent, qu’il faut réfléchir, cependant, nous devons absolument pouvoir nommer les choses et comment celles-ci doivent être selon nous. Ils veulent nous effrayer, nous ne devons pas nous laisser intimider. » Ceci est un message on ne peut plus clair à ceux qui ne cessent de relativiser, de minimiser nos valeurs fondamentales, afin de ne pas heurter les musulmans. (...).

    Les cris d’orfraies ne se sont pas fait attendre après ces déclarations politiquement incorrectes. L’ancien communiste, Johannes Andersen, un sociologue de l’Université de Aalborg a estimé que la Reine se mêle politiquement dans les débats sur l’immigration et fait savoir aux immigrants que le Danemark ne doit pas être un pays multiculturel. D’autres l’accusent de diviser le pays. Exemple, l’imam Fatih Alev, du Centre Islamique Danois : « Ce ne sont même plus les partis de droite maintenant ! Même la Reine est désormais influencée par cette tendance. Peut-être ressentait-elle le besoin d’exprimer ses critiques, afin de ne pas paraitre naïve. Les musulmans auraient-ils perdu leur Reine ? » Et, le jour de la venue de Geert Wilders, la Reine a donné une conférence de presse pour souligner ses propos : « La plupart savent bien sur ce quoi ils doivent se priver, lorsqu’ils arrivent dans un pays étranger, ils ne doivent pour autant changer leur religion ou manger différemment. Il ne s’agit pas de fricadelles. Il s’agit de s’adapter au pays dans lequel on est venu. »

    [

  • Mathieu Bock-Côté : de Nice à Berlin, scènes du terrorisme ordinaire

     

    Par Mathieu Bock-Côté           

    « L'Etat islamique a revendiqué l'attaque terroriste contre le marché de Noël à Berlin. Le sociologue Mathieu Bock-Côté décrit cette scène d'attentat qui " avait quelque chose d'atroce et, en même temps, de terriblement banal". » [Figarovox, 21.12]. Mais les lecteurs de Lafautearousseau connaissent bien, désormais, Mathieu Bock-Côté, ils savent que ses analyses vont au fond des choses, à l'essentiel, et que sa pensée ne craint pas de transgresser la doxa dite de la modernité ou postmodernité. Il renvoie l'Europe à son identité la plus intime, à sa part chrétienne, même si elle en a perdu la conscience claire, à sa culture profonde, héritée de sa lointaine Histoire. Il ne voit guère d'autre solution que ce retour sur soi-même de la civilisation européenne, pour mener la bataille qui lui est, aujourd'hui, imposée. Ici, accord profond, une fois encore, avec Mathieu Bock-Côté.   Lafautearousseau

     

    3222752275.jpgLa scène avait quelque chose d'atroce et, en même temps, de terriblement banale. À quelques jours du 25 décembre, un camion se lance sur un marché de Noël de Berlin, tue une douzaine de personnes et en blesse une cinquantaine. On croit revivre les événements de Nice quand Mohamed Lahouaiej Bouhlel avait frappé le soir du 14 juillet. Là aussi, il s'agissait de semer la terreur dans un moment de réjouissance et de traumatiser la population. On peut imaginer la suite médiatique : certains diront que l'événement demeure un incident isolé. On chantera en chœur « pas d’amalgame ». D'autres se demanderont encore une fois si l'Occident ne l'a pas cherché, bien qu'on se demandera de quelle manière l'Allemagne a bien pu se rendre coupable d'une forme plus ou moins intransigeante de laïcité néocoloniale, pour emprunter le jargon à la mode. Le système médiatique, devant l'islamisme, cultive l'art du déni. Il déréalise les événements, les égrène en mille faits divers et empêche de nommer la guerre faite à l'Occident.

    Il faudra quand même réinscrire l'événement dans la séquence terroriste associée aux événements du Bataclan. Le terrorisme islamiste veut montrer qu'il peut frapper partout. Il ne vise plus seulement des « institutions », comme c'était le cas avec Charlie Hebdo, mais entend imposer sa loi n'importe où, en transformant un simple camion en bélier. N'importe qui peut être ciblé dans ces frappes aveugles. Dans la guerre totale menée contre la civilisation occidentale, il suffit d'appartenir à cette dernière pour être jugé coupable et condamné à mort. À Berlin, nous venons en fait d'assister à une scène de terrorisme ordinaire. Encore une fois, l'État islamique a revendiqué l'attentat. Qu'il ait été programmé de loin ou qu'il soit le fruit d'une initiative plus ou moins spontanée, on peut être certain d'une chose : la propagande islamiste hante la civilisation européenne et est capable d'exciter les passions mortifères des uns et des autres.

    Et pourtant, cette attaque n'est pas absolument aveugle. La frappe d'un marché de Noël ramène l'Europe à une part d'elle-même dont elle ne sait que faire : sa part chrétienne. C'est dans son identité la plus intime qu'on veut la frapper, ce sont ses racines les plus profondes qu'on veut toucher. Les symboles chrétiens sont de plus en plus souvent visés. On se rappellera que le communiqué de l'État islamique qui avait suivi les attentats du 13 novembre mentionnait que les Français étaient visés en tant que « croisés ». De même, l'assassinat rituel du père Hamel, en juillet 2016, ne laissait pas d'ambiguïté sur sa signification. Pour reprendre une formule convenue, c'est moins pour ce qu'ils font que ce qu'ils sont que les Européens sont mitraillés, égorgés ou écrasés. Sauf qu'ils ne sont plus trop conscients de cette part d'eux-mêmes. Ou du moins, lorsqu'ils en sont conscients, on le leur reproche et on les accuse de s'enfermer dans une identité étriquée, inadaptée à la diversité. Nos élites médiatiques ne tolèrent le procès de l'islamisme qu'à condition de le mener en parallèle avec celui de l'islamophobie.

    Car le monde occidental veut croire qu'on l'attaque parce qu'il est démocratique, moderne et libéral. Il s'empêche de comprendre ainsi qu'il existe une telle chose qu'une tension entre les cultures, entre les civilisations et même entre les religions : elles ne sont pas toutes faites pour cohabiter dans une même communauté politique. Le rôle du politique, dans ce monde, n'est pas de verser dans un irénisme multiculturel où tous devraient se réconcilier sous le signe d'une diversité heureuse mais bien de bâtir, de conserver et de protéger les frontières protectrices permettant aux peuples de persévérer dans leur être historique sans pour autant s'empêcher de multiplier les interactions fécondes entre eux. Avec raison, on refusera de réduire les affrontements du monde actuel à un choc de civilisation. À tort, on refusera de voir qu'ils relèvent au moins partiellement de cette logique. Ceux qui cherchent à penser à nouveaux frais la pertinence des frontières ne sont pas des vautours ou des démagogues instrumentalisant le malheur des peuples pour les replier sur eux-mêmes.

    L'Allemagne voit se retourner contre elle-même les conséquences prévisibles d'un humanitarisme débridé. On s'est moqué, au moment de la crise des réfugiés, de ceux qui redoutaient que parmi les convois de malheureux, ne se glissent des djihadistes attendant ensuite le bon moment pour frapper. Ce moment est peut-être arrivé. Mais les dérives de la politique des portes ouvertes ne sauraient se laisser définir uniquement par le terrorisme islamiste. Il suffit de garder en mémoire les événements de Cologne, en début d'année, pour qu'on comprenne les nombreuses dimensions d'une crise qui n'est pas à la veille de se résorber. L'époque des grandes invasions militaires a beau être terminée, il n'en demeure pas moins que les islamistes sont habités par un sentiment de conquête et croient pouvoir miser sur l'immigration massive pour s'imposer en Europe. Comment la civilisation européenne peut-elle réagir à cette mutation imposée si elle en relativise la portée ?

    Il ne sert à rien d'imaginer en un paragraphe ce que pourrait être une riposte à ce terrorisme ordinaire appelé à durer. Mais le monde occidental aurait tort de croire qu'il saura résister à sa dissolution culturelle ou politique en se contentant de répéter de manière rituelle ses prières pour chanter la gloire de la diversité. Manifestement, elle n'est pas qu'une richesse. Toutes les différences ne sont pas également appréciables. En fait, c'est peut-être en assumant ce qu'on pourrait appeler leur identité de civilisation que les nations européennes seront à même de trouver la force de mener cette guerre pendant les longues années qu'elle durera. Il n'est pas insensé de penser que c'est en se tournant justement vers la part d'elle-même qui est attaquée que la civilisation européenne trouvera peut-être la force de mener la bataille.  

    « La frappe d'un marché de Noël ramène l'Europe à une part d'elle-même dont elle ne sait que faire : sa part chrétienne. »

    Mathieu Bock-Côté      

    XVM7713ddbc-9f4e-11e6-abb9-e8c5dc8d0059-120x186.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politique, vient de paraître aux éditions du Cerf.

      

  • Jean-Claude Juncker veut ouvrir les frontières en grand : alerte au fou !

     

    Par Gabriel Robin

    Pour répondre au terrorisme, monsieur Juncker a des idées novatrices. Gabriel Robin a raison de pointer ces dérives des dirigeants de fait de l'U.E. [Boulevard Voltaire, 27.12]. Nous sommes bien d'accord : le délire idéologique de ces gens-là est un danger pour la France et pour l'Europe. L'Europe dont nous pourrions être partisans n'est pas celle-là.   LFAR

     

    3933394905.jpg« E.T. téléphone Jean-Claude Juncker. Rentrer chez toi. » Message reçu cinq sur cinq par le meilleur ambassadeur de l’Union européenne auprès des planètes habitées du système solaire. Jean-Claude Juncker est connu pour ses fréquents excès éthyliques qui parviennent à conférer un peu de jovialité à ce morne fonctionnaire luxembourgeois. Après le réveillon de Noël, qu’il faudra rebaptiser pour complaire aux hiérarques dans son genre, gageons que le président de la Commission européenne n’a plus toute sa tête au bout de la troisième bouteille de schnaps pour sortir des bêtises pareilles… Il nous avait habitués au pire, mais il se surpasse pourtant à chaque fois.

    Pour répondre au terrorisme, monsieur Juncker a des idées novatrices : « Nos valeurs, notre façon de vivre ensemble en liberté et notre ouverture sont nos meilleurs moyens de lutter contre le terrorisme. » C’est tellement facile qu’on se demande bien pourquoi nous n’y avions pas encore pensé ! Bon sang, restaurer les frontières ne servirait à rien. Il faut les ouvrir en grand pour que cessent les attaques terroristes islamistes en Europe. Du génie pur. S’opposant à la « rhétorique de l’exclusion » qui prévaudrait dans les cénacles dangereux des nouveaux populistes européens, le champion des valeurs suprêmes des l’Union européenne pense que l’Europe doit, avant toute autre chose, continuer « à offrir un abri aux personnes qui fuient les zones de guerre ». Et à tous les autres, cela va sans dire.

    Anis Amri, auteur de l’attentat de Berlin, était un blédard psychopathe gagné au salafisme qui a quitté un pays en paix. 

    Il n’avait rien d’un « réfugié » ou d’un « exilé ». Pourtant, il était un « migrant » ; c’est du moins le nom que l’on donne désormais aux gens comme lui. « Envahisseur clandestin » me semblerait plus approprié, mais je ne suis pas un journaliste subventionné. Bref, comprenons que nous sommes dirigés par des fous dangereux. Ni plus, ni moins. 

    Un des arguments phares de la gauchosphère médiatique, propriétaire jalouse de la pensée dominante, serait que les Européens ne pouvaient pas voyager avant l’avènement des accords de Schengen. Évidemment, il s’agit d’une absurdité que dément l’Histoire. Lord Byron n’avait-il pas visité l’Europe, du Portugal à la Grèce en passant par l’Espagne et Malte ? Les Européens n’ont pas attendu l’Union européenne ou, plus grotesque encore, les accords de Schengen pour comprendre que leurs cultures procédaient d’un même fonds indivis. La seule différence est que les frontières filtraient les arrivants, chassant les terroristes, les malfaiteurs et les clandestins. En outre, l’Europe était jadis européenne.

    Pas un seul des dirigeants actuels de l’Union, nationaux comme supranationaux, n’est à la hauteur du défi qui nous attend, comparable aux invasions barbares des Ve et Ve siècles après Jésus-Christ, exception faite des membres du groupe dit de Visegrád. Les élections à venir, aux Pays-Bas, en Allemagne et en France, seront fondamentales. Avez-vous envie de vivre dans un pays qui ressemble à une blague ? 

  • Éric Zemmour : « Cette année qui vit les peuples de l'Ouest dire qu'ils ne veulent pas mourir… »

     

    Par Eric Zemmour

    « Brexit, élection de Donald Trump, éviction d'Alain Juppé et de Matteo Renzi... Un vent à la fois révolutionnaire et réactionnaire a soufflé en 2016. » [Figarovox 23.12]. Et sans-doute Eric Zemmour pense-t-il - comme nous - que la France et le monde moderne ont grand besoin tout à la fois de révolution et de réaction. Souvent pessimiste - comme Bainville à qui il s'apparente à beaucoup d'égards - il égrène ici des notes d'espoir. Comme Villiers, comme Buisson, ses amis. Et dans le même sens. Jadis on eût appelé le grand courant qu'évoque Zemmour, contre-révolution. Même si nous en sommes encore assez loin. Aujourd'hui, on invoque « un vent à la fois révolutionnaire et réactionnaire ». Va, donc, pour l'un et pour l'autre.  Pourvu qu'ils soufflent dans le sens de l'ordre véritable et du Bien Commun. Lafautearousseau   

     

    XVM764cf474-abe5-11e6-8287-ace72c3558b9.jpgLe vent a soufflé fort. Du début à la fin de l'année. Un vent d'ouest chargé de fureur, de ressentiment, de désespoir. Un vent qui emporte tout sur son passage. Un vent qui ne respecte rien, aucune vache sacrée, aucune institution, aucune tête couronnée. Un vent révolutionnaire et réactionnaire à la fois. Le vent des peuples qui ne veulent pas mourir, et des nations qui veulent rester elles-mêmes. Un vent populiste, ont dit avec mépris et colère les élites. Le vent du repli, de la peur, ont-elles continué sans rien comprendre.

    Un vent qui a d'abord frappé l'Angleterre, où il a arraché l'arbre européen. Ses racines n'étaient pas très profondes, mais les intérêts de certains étaient puissants. Le peuple anglais a, malgré toutes les mises en garde venues des élites du monde entier, opté pour la sortie de l'Union européenne : le Brexit. L'Angleterre populaire a voulu avec éclat mettre un coup d'arrêt à une immigration européenne et surtout extra-européenne qui avait transformé Londres en une cité cosmopolite d'où les Anglais de souche ont été chassés.

    Nos élites en ont tiré comme conclusion qu'il ne fallait plus organiser de référendum ; que le suffrage universel était incapable de traiter des questions trop complexes, et le peuple pas capable non plus de choisir le bon président des États-Unis. Donald Trump est sorti vainqueur d'une compétition que ne pouvait pas perdre Hillary Clinton. Le mâle blanc de plus de 50 ans (et sa femme) a vaincu la candidate des minorités. Et des médias. Un Trump qui lui aussi a séduit l'électorat en promettant un mur pour arrêter l'immigration mexicaine et le retour au protectionnisme commercial pour stopper la désindustrialisation. Bref, le retour des frontières et la défense d'une Amérique américaine.

    Le vent soufflait toujours plus fort, mais certains ont continué à ne pas l'entendre. Alain Juppé était donné gagnant de la primaire de la droite par les sondages et les médias depuis deux ans. Son ode à l'identité heureuse et à la diversité plaisait tant aux médias et à la gauche. Le vainqueur annoncé a été vaincu. Mais pas par son adversaire privilégié. Nicolas Sarkozy a bien tapé sur le bon clou, mais c'était le marteau qui était mauvais. Le marteau, c'était lui. Trop de tactique, pas assez de convictions ; trop de paroles, pas assez d'actes. Par ici la sortie. Son meilleur ennemi n'allait pas tarder à le suivre. François Hollande reconnaissait qu'il ne pouvait pas se représenter. C'était une première dans la Ve République qu'un tel renoncement. Il est vrai qu'Hollande n'avait en vérité jamais été président de la République.

    15750249-2016-en-une-photo-bye-bye-hollande-cameron-obama-renzi.jpgLe vent ne cessait de souffler. Il emportait encore le premier ministre italien, Matteo Renzi. Encore un référendum, encore une coalition des non. Encore un social-libéral emporté par la houle populaire. Déjà la routine. Sur une photo prise quelques mois plus tôt, on voit Obama, Cameron, Renzi et Hollande entourer Angela Merkel pour un sommet occidental. L'Allemande est la dernière à garder son trône. Pour combien de temps encore ? 

    Eric Zemmour           

  • Après le drame de Berlin

    Une Berlinoise rend hommage aux victimes de l'attentat sur le marché de Noël de Berlin. - Reuters  

     

    par Gérard Leclerc

     

    3392000575.jpgLe drame qui a endeuillé, lundi soir, Berlin et l’Allemagne toute entière, n’est sans doute pas intervenu par hasard dans un marché de Noël. Au surplus, dans un des lieux les plus significatifs de la capitale, presque au pied de l’église du souvenir, cette église bombardée pendant la Seconde Guerre mondiale et témoin de la détresse provoquée par la folie nazie. La correspondante du Monde parle à juste titre d’un monument emblématique comme prédestiné à pleurer les habitants de la ville. On présume, dans l’attente des résultats de l’enquête, qu’il s’est agi, pour les responsables et les auteurs de l’attentat, d’atteindre un pays dans sa chair vive, à un moment privilégié, là où s’affirment une culture et une forme de vie. Culture et vie stigmatisées au nom d’une conception contraire qui inspire un rejet radical et se justifie aussi par un énorme ressentiment.

    Bien sûr, on peut s’interroger sur ce qui reste de spécifiquement chrétien dans ce marché de Noël et dans les festivités qui marquent la fin de l’année pour les foules qui investissent le centre de Berlin. L’Allemagne continue à fêter la Nativité avec plus d’éclat que la France. Ce n’est pas pour autant que les sentiments religieux soient plus ardents que chez nous, Mais c’est toujours la manifestation d’une civilisation qui accommode les réjouissances profanes, d’ailleurs de bon aloi et de caractère familial, aux traditions anciennes. Mais cela même est insupportable à ceux qui se réclament d’une pureté islamique intransigeante.

    L’Europe paraît désarçonnée par cette offensive, non seulement parce qu’elle est cruellement meurtrière, mais parce qu’elle remet en cause son propre équilibre que garantissait sa sécularisation tranquille et garante de la liberté de conscience et de religion. La voilà désarçonnée par cette guerre déclarée à ce que Marcel Gauchet appelle « le désenchantement du monde », c’est-à-dire la sortie du religieux précipitée par le rationalisme des Lumières. Le défi qui nous est imposé n’est pas seulement politique, il est culturel et nous n’avons pas fini de nous débattre avec lui. 

    France Catholique

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 21 décembre 2016.

  • Noël tragique

     

    par Hilaire de Crémiers

     

    2771589182.jpgBerlin est en deuil. Un lourd camion pris en main par un djihadiste a semé la mort le 19 décembre dernier dans le plus fameux marché de Noël de la ville. Un attentat islamiste qui est en lui-même un signe évident, signé Daech, revendiqué comme tel.

    Oui, l’acte est conçu, voulu en lui-même. Comme en France, à Nice, le jour du 14 juillet. Comme toutes les fois précédentes. Les circonlocutions ne servent plus à rien. L’ennemi est connu. Il fait la guerre comme il l’a toujours faite, y compris et surtout sur ses propres territoires – les pauvres gens, du Proche-Orient au Maghreb et au Sahel, en savent quelque chose – par la terreur, l’arme des faibles qui jouent aux forts.

    L’ambassadeur de Russie à Ankara, Andreï Karlov, le même jour a été assassiné à bout portant au cri de « Allahou Akbar » et « N’oubliez pas Alep ». L’assassinat est pareillement signé. En dépit des discours larmoyants et lénifiants des Occidentaux, la Russie menait la guerre où il fallait pour liquider une poche terroriste et assainir le nord-ouest de la Syrie. Toutes les composantes de l’islamisme terroriste représentent le même danger, d’Al Qaida, al-Nosra, Fatah al-Cham et autres à Daech.

    Elles pratiquent, toutes, la même stratégie de l’enfermement des civils dans leurs bastions. Partout les mêmes tactiques en Asie comme en Afrique : l’utilisation des gosses comme bombes vivantes, des femmes comme esclaves sexuelles ou comme instruments guerriers et des populations tantôt comme boucliers, tantôt comme champs de batailles. Il en est et sera à Mossoul, bientôt à Idlib, comme à Alep. Refuser de voir la réalité comme le font bureaucrates et politiciens de nos prétendues diplomaties et gouvernances européennes, c’est être complice actif de ces « salopards ».

    D’où les réactions. Comment ne pas être lassé, exaspéré par les commentaires indéfinis de nos commentateurs patentés aux ordres de la gouvernance officielle de la mondialisation heureuse ? Ils auront beau dire ce qu’ils veulent de Poutine, les Russes préfèreront pour leur part Poutine qui, du moins, est un chef d’État qui sait ce qu’il doit et veut faire.

    Et la même chose pour Trump : l’homme a su se choisir une équipe de fortes personnalités, hommes d’entreprise, de combat, de conviction, généraux éprouvés au feu de la guerre ; l’Amérique se sent à nouveau elle-même, grande et déterminée, comme le proclamait le slogan de campagne du nouveau président.

    Les peuples européens frémissent : ils en ont assez des gnomes qui leur dictent leur loi. Qu’est-ce que Juncker et sa commission de grands benêts qui n’ont de ruse que pour leur carrière ? Loin de faire l’Europe, ces bureaucrates et technocrates l’ont détruite, en la saccageant à l’intérieur et en l’ouvrant, désarmée, à tous les vents financiers, à toutes les compétitions sauvages et à tous les flux migratoires.

    L’Angleterre s’en est retirée pour se sauver. La Pologne qui renoue avec son passé et qui s’est publiquement et en foule vouée, le 19 décembre, au Christ-Roi (personne n’en a parlé !), ne se laissera pas anéantir. La Hongrie a décidé d’être elle-même.

    Il s’en est fallu de peu que l’Autriche reprenne son destin en main. Demain, les Pays-Bas ? Et les pays du Sud minés d’absurde démocratie qui littéralement les tue ? Et, peut-être, l’Allemagne ?

    Et la France ? Elle qui a subi déjà tant d’attentats ? Et qui est visée plus particulièrement ? Alors que tout la fragilise : une économie en berne, une agriculture sinistrée, une industrie en grave déclin, des finances publiques grevées de dettes insupportables, un système de santé au bord de la faillite, une immigration incontrôlable, des territoires hors la loi. Eh bien, ses politiciens en sont à jouer comme des gosses à celui qui aura la place, à ceux qui auront les places. Spectacle ridicule dont les honnêtes gens ne peuvent être que dégoûtés.

    Que nous réserve 2017 ? Ceux qui ont le sens de la patrie, savent bien qu’au-delà des jeux stériles et des oppositions vaines, la France n’a d’avenir comme toute nation qui se respecte, que si elle retrouve son esprit. Un Français sait quel il est ? Noël ne peut que le lui rappeler. 

    Politique magazine

  • Face à l'horreur qui se répète...

     

    Par Jean-Philippe Chauvin

     

    1345578492.2.jpgLe temps de Noël est ordinairement un temps de joie et de partage, mais le voilà aujourd'hui endeuillé par l'attentat survenu à Berlin et visant, explicitement, l'un des symboles même de notre civilisation : de la chaleur d'une étable et d'une famille aimante est née une certaine manière d'aborder le monde et ses périls, plutôt fondée sur l'amour et le don que sur ce que notre société de consommation en a fait désormais, entre envie et gaspillage. 

    La photo de ce grand sapin décoré couché près du camion dévastateur marquera peut-être les esprits et les couvertures de la presse saignent aujourd'hui de titres affligés et horrifiés. Au café, les habitués du matin soupirent, résignés « en attendant le prochain » : une nouvelle habitude, mâtinée de mépris et, presque, d'indifférence devant l'horreur à répétition, est en train de s'installer, signe révélateur d'une ambiance désormais pleine de plomb, de cendres et de larmes... 

    main%20ensanglante.jpgIl y aura encore des milliers de bougies allumées qui, sans forcément qu'on le sache, nous rattachent à une tradition ancienne et d'origine fort peu laïque ; il y aura ces dessins d'enfants en mémoire du petit camarade, d'un frère ou d'une mère, de toutes ces victimes venues fêter Noël et reparties sur un brancard ou, pire, dans un linceul ; il y aura ces discours émus et un peu fatigués des ministres et des diplomates, ces hommages venus de partout ; il y aura surtout ce chagrin qui, désormais, minera des familles entières... 

    Pourtant, au-delà du deuil, il faudra bien poser la question politique de la résistance des Etats et des sociétés face aux poussées d'un fanatisme qui se nourrit aussi des vices de cette société de consommation qui croit vider le Ciel et les esprits en remplissant les poches et en gavant les estomacs. Le souvenir des années trente est souvent évoqué, mais il est rarement étudié et compris, et Cassandre est toujours, hier comme aujourd'hui, moquée et parfois diffamée... 

    Face à la terreur nouvelle portée par les fanatiques contemporains et qui nous frappe ainsi que nos voisins (hier les Belges, aujourd’hui les Allemands), sans doute faut-il renforcer la puissance de l'Etat, non pour seulement surveiller ou punir, mais pour prévenir et agir contre les causes mêmes de l'horreur : cela nécessite aussi, pour notre pays, un Etat qui soit « mémoire et durée », et qui dispose de ce temps long qui permette de soigner cette maladie qui, elle, ne suit pas le calendrier électoral... 

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Galileo : l'Europe qu'on aime...

     

    Mur-bleu gds.jpgOui, cela a pris du temps, c'est vrai : c'est en 1998 que le projet a été décidé et, s'il devait être actif en 2008, le déploiement opérationnel définitif de l'ensemble du système (que les ingénieurs appellent « constellation ») ne sera effectif qu'en 2020. Qu'importe ! Pour l'instant, 15 satellites sont déjà en place, permettant une précision d'un mètre, contre dix à quinze mètres pour le GPS états-unien (cela étant dit sans la moindre arrière-pensée de dénigrement : c'est simplement une constatation...)

    Et, donc, l'Europe acquiert de haute lutte son indépendance en matière de géolocalisation, ce qui est d'autant plus méritoire que ses trois prédécesseurs (les Russes avec le système Glonass, les Chinois avec le système Beidou 2 et les Etats-Uniens avec leur GPS avaient une maîtrise d'œuvre unique car nationale*, et, de surcroît, confiée à un seul opérateur : leur armée.

    Voilà un motif de satisfaction et, même, de fierté. Avec Galileo, l'Europe tient son rang, comme avec Airbus ou Arianespace. Elle existe pour le meilleur, comme, dans un domaine bien différent, avec les échanges estudiantins du programme Erasmus. Et elle offre la vision claire de ce qu'elle peut et doit être, « Europe réelle », Europe des peuples et des nations, Europe des compétences, à mille lieux de la caricature bouffonne et odieuse de l’ « Europe légale » avec son bâtiment genre stalinien du Berlaymont, son Parlement néfaste, sa Commission sans légitimité, ses figures de proue repoussantes (Juncker, Schultz...). 

    L'Europe légale, qui est devenue ce monstre techno-bureaucratique que l'on ne connaît que trop bien, c'est comme l'OTAN : il faut la dissoudre et la réinventer, la refonder. Nul besoin de cette immense machine, de cette paperasserie accablante, de ces fonctionnaires par milliers et des lourdeurs administratives qu'ils induisent, des paralysies et des effets directement pervers sur les économies nationales (en tout cas, sur la nôtre) des fameuses « normes » et « directives » bruxelloises.

    De simples accords entre les experts de chaque gouvernement national, et l'on retrouverait une souplesse qui a été écrasée sous un mammouth devenu lui-même sa propre raison d'être, et dont l'obésité n'a d'égale, évidemment, que l'inefficacité.

    Voilà deux axes d'une politique qui redeviendrait une politique d'indépendance et de progrès ; on peut y rêver, au moins, au moment où Galileo nous emmène dans les étoiles, avec ses satellites à 23.200 kilomètres de la terre (!) :

    - Supprimer l'OTAN ou - puisque cela ne dépend pas de nous - en faire sortir la France ; 

    - Déclarer la fin de cette « Europe légale » morte de sa propre stérilité et de sa propre malfaisance, et repartir dans la direction de la première Europe des Six, en reprenant les intuitions utiles qui avaient présidé à son établissement, et avec le français comme langue officielle, comme l'avaient proposé les Allemands aux débuts prometteurs de l'Europe des Six...

    Evidemment, pour l'instant, ce n'est qu'un songe, un vœu pieux. Mais l'Histoire est pleine de ces songes qu'une volonté politique ferme, et menée sur le long terme, a transformés en réalité heureuse. Qui a dit : « Là où il y a une volonté, il y a un chemin... » ? 

    Soit dit en passant, et dans un autre domaine, là est l'explication principale des difficultés rencontrées par l'excellent et indispensable programme de l'Airbus militaire : trop de pays, trop de bureaux d'études, trop de différences de mentalités, trop de besoins différents, voire contradictoires...

  • Terrorisme islamiste à Berlin : le tweeet de Donald Trump qui dit ce qu'il faut dire

     

    Mur-bleu gds.jpgDaech a "revendiqué", le lâche assassin de Berlin est un demandeur d'asile : vous vous souvenez de ces photos de gares allemandes où des inconscients attendaient les dits réfugiés avec des pancartes « Willkommen ». En Allemagne, en France, partout en Europe, les agneaux ont invité les loups à souper ; et les loups sont entrés dans la bergerie ; et leur festin ne fait que commencer...

    Angela Merkel, marquée, déclare que cela ne doit pourtant pas remettre en cause le « vivre ensemble » (qui devient, en fait, un « se laisser égorger ensemble » ; et le député socialiste français Pietrasanta déclare que cela ne doit pas remettre en cause le droit d'asile ! Avec des gens pareils, on est bien protégés ! Nous voilà livrés, pieds et poings liés, aux égorgeurs et autres écraseurs !

    Heureusement, il y a Donald Trump, qui, lui, n'est ni inconscient, comme les deux précités, ni sourd, ni aveugle, et qui a immédiatement twitté ceci :

    « Aujourd’hui, il y a eu des attaques terroristes en Turquie, en Suisse et en Allemagne, et cela ne fait qu'empirer. Le monde civilisé doit changer sa façon de penser !»

    Voilà qui est parlé, et bien parlé. Enfin, un Président d'un grand pays qui ose faire autre chose que larmoyer et dire « surtout padamalgam ». Et qui ose rejoindre « le camp Poutine », plutôt que celui des vieilles pleureuses édentées. Poutine, dans son registre à lui, a dit aussi ce qu'il fallait dire : en substance, « les terroristes il faut les buter, et on ira les chercher jusque dans les toilettes » (il paraît même qu'il a dit, en fait, « les chiottes », mais, comme c'est un tantinet grossier, on va garder « toilettes », bien qu'on ait cité l'autre mot : tant pis pour les âmes sensibles, genre guimauve et chamallow).

    Non, on ne va pas dé-radicaliser des malades mentaux mâtinés de bêtes fauves ; les Camping paradis, avec goûter au Nutella et jeux de poupées Barbie, ce n'est pas la réponse qui convient pour ces fous furieux, faux religieux mais vrais assassins, fanatisés et drogués assez souvent : la vraie réponse, c'est de les mettre hors d'état de nuire, vite et définitivement. Comment ? En les arrêtant, bien sûr, et, puisque nous sommes en guerre, en les jugeant comme traîtres à la patrie s'ils sont « français de plastique » et en les fusillant. Comme ce Salah Abdeslam que l'on garde bien au chaud depuis des mois ; en les fusillant comme soldats de l'armée ennemie infiltrés dans nos lignes s'ils sont étrangers.

    Donald Trump a raison : le monde civilisé doit changer sa façon de penser. Ou, alors, si on ne veut pas se défendre en se donnant les moyens nécessaires et en faisant vite et fort ce qu'il faut pour cela, qu'on ne vienne plus se plaindre, et pleurer, et organiser des dépôts de fleurs et bougies ; qu'on cesse de nous casser les oreilles, et qu'on se laisse égorger sans rien faire : mais, alors, qu'on le dise !