Saint Augustin actuel [1]
St. Augustin History Museum, Floride.
Par Rémi Hugues
A l'approche des Fêtes, Rémi Hugues propose une série de sept articles consacrés à l'actualité de la pensée de Saint Augustin, père de l'Eglise. Ils seront publiés chaque jour à partir de celui-ci. Bonne lecture ! LFAR
Augustin dʼHippone, premier grand philosophe de lʼÉglise
Le numéro de juin 2018 du magazine LʼHistoire (n° 488,) était consacré au premier grand philosophe de lʼÉglise, Augustin dʼHippone, qui vécut au IVème siècle sur lʼactuel territoire algérien, à lʼépoque une province de lʼEmpire romain[1].
Signe de lʼesprit propre au temps présent, le revue insiste sur le rapport dʼAugustin à la sexualité. Lʼauteur des Confessions – il fut lʼinventeur du genre autobiographique – livra effectivement à la postérité ses désirs les plus profonds, certains pouvant être considérés comme coupables. Mais à réduire saint Augustin au libidinal, au charnel, au désir sexuel, à ce quʼil y a de plus frivole au fond, lʼon omet de dire lʼessentiel sur ce grand artisan de lʼédification du théologico-politique chrétien, qui sʼingénia à opérer la synthèse entre les héritages gréco-latins et hébraïques, à la lumière de ce que les Évangiles relatent sur la vie de Jésus, et particulièrement sur la Passion christique.
Augustin fut plus quʼun passeur. Il fonda une tradition nouvelle, vivifia les philosophies antiques, qui étaient devenues sclérosées, et sʼappliqua à aider chacun à mieux comprendre les mystères contenus dans la Bible. Sa prose nous aide par exemple à mieux entendre ce très mystérieux texte quʼest lʼApocalypse johannique : « Dans ce livre qui a pour nom lʼApocalypse, il est sans doute beaucoup de propos obscurs, destinés à exercer lʼesprit du lecteur, et il en est bien dʼassez clairs pour permettre de se lancer, et non sans peine, sur le reste, dʼautant quʼil répète les mêmes choses de tant de façons quʼil semble dire des choses différentes, alors quʼon sʼaperçoit quʼil dit les mêmes, mais de manière différente. »[2]
La rédaction de LʼHistoire a été judicieuse dans son choix de nous rappeler lʼimportance de de lʼœuvre de l’évêque dʼHippone, notamment du livre La Cité de Dieu. Il y a bel et bien une actualité de saint Augustin. Pour comprendre les enjeux de lʼheure, lʼétude de sa pensée est très précieuse.
Nous nous arrêterons sur trois points qui nous paraissent les plus notables : Augustin, ce précurseur de la sociologie politique (I), a inspiré Karl Marx et sa théorie du matérialisme historique dialectique sans que lui-même en soit réellement conscient (II), et nous a donné de solides clefs pour nous aider à théoriser le phénomène Daech, le problème le plus crucial de notre époque (III).
Penser, cʼest-à-dire représenter le réel, nécessite de disposer dʼune matière bien précise. Ce matériau, on lʼappelle en philosophie le concept. Grâce à saint Augustin, il est possible de développer une interprétation pertinente sur lʼessor du takfirisme, le terrorisme des musulmans sunnites dʼinspiration wahhabite, et de Daech en particulier, à lʼaide ce qui est le plus précieux en philosophie, et qui est même lʼessence de la philosophie, à savoir le concept.
LIEN SOCIAL ET SOCIÉTÉ CIVILE
Un concept très en vogue aujourdʼhui chez les sociologues a justement été inventé par Augustin dʼHippone. Ce concept, cʼest celui de lien social. Dans La Cité de Dieu, il définit une cité – au sens antique de ville-État, dʼentité politique – selon les termes suivants : « une multitude dʼhommes, rassemblés par un lien social »[3]. Ce lien social quʼAristote voyait comme consubstantiel à lʼhomme, dans sa nature propre ; dʼoù sa fameuse sentence du livre I des Politiques : par essence lʼhomme est un animal politique. Opinion que partage également Augustin.
Tant la vulgate universitaire (bourdieusienne ad nauseam) que le discours médiatico-politique usent sans limite de ce vocable de lien social. Les uns déplorent le délitement du lien social, les autres justifient tel point de leur programme en affirmant que la mesure quʼils préconisent dʼinstituer recréera du lien social. Comme si générer du lien social était synonyme de produire du bonheur public.
Ainsi lʼœuvre dʼAugustin préfigure la discipline moderne, qui se veut une science, appelée sociologie. Le vocable a été inventé par le révolutionnaire Sieyès, popularisé par Auguste Comte et Émile Durkheim en posa les jalons épistémologiques. Cette science de lʼhomme nʼenferme-t-elle pas lʼhomme dans un carcan, le privant de sa liberté, en le réduisant à un objet dʼétude, à une chose objectivable, tel le précipité du chimiste ou la mouche drosophile du biologiste ? Cette volonté de réifier lʼhomme dans ses interactions avec autrui, Durkheim lʼexprime ainsi : il sʼagit de traiter les faits sociaux comme des choses.
Charles Baudelaire suggère cela dans un poème publié dans le recueil Le Spleen de Paris qui est une critique radicale du positivisme comtien, et qui a pour titre le « Le joujou du pauvre ».
Cette poésie, composée au milieu du XIXème siècle, peut être également vue comme une réflexion sur la question sociale, apparue durant ce siècle, cʼest-à-dire la question ouvrière, ainsi quʼune réponse à la théorie de la lutte des classes de Karl Marx, théorie que le communiste allemand nʼinventa pas mais reprit aux historiens libéraux français Guizot et Augustin Thierry, tout en lui donnant un autre sens, transformant les classes laborieuses, considérés chez ces derniers comme une classe dangereuse, en classe messianique. (A suivre) ■



Là encore, une « révolution royale », qui n’est pas un simple changement de locataire du Pouvoir, pourrait ouvrir de nouvelles possibilités à l’économie et à la consommation dans notre pays. En attendant, chaque consommateur, royaliste ou non, peut s’engager dans une « régence » économique en pratiquant ces quelques gestes simples qui transforment l’acte de consommer en acte social, économique et politique éminemment français. Le jeu en vaut la chandelle, et peut permettre une suite heureuse : alors, au-delà des paroles, agissons, concrètement et simplement, pour un Noël français !

Comme certaines parallèles finissent par se côtoyer et même par se croiser, contrairement aux préceptes de la géométrie euclidienne, cela donne un film qui saisit dès les premières images, éclatantes, du générique. Long panoramique qui remonte les quais de Marseille, de la Joliette vers le Vieux Port et qui montre, mieux qu'un long discours combien la ville est une juxtaposition de quartiers qu'unit seulement la vocation maritime et l'amour inconditionnel pour le glorieux Olympique de football. Cités HLM du nord, beaux immeubles du sud, villages de maisonnettes imbriquées les unes dans les autres, le tout relié par des ponts, des estacades, des portions d'autoroutes qui éventrent la cité et la parcellisent. Partout aussi des entrepôts, des hangars, des docks ; et beaucoup d'usines désaffectés dont le béton finit de s'esquinter au rude soleil. Marseille ne va pas bien : chômage, violence, difficultés d'intégration d'une immigration galopante.
Et ravages de la drogue, bien sûr. C'est peut-être par là qu'il faut commencer à saisir le film tant l'héroïne pèse sur le destin de Michèle (Ariane Ascaride), dont le mari est alcoolique, chômeur et violent et dont la fille Fiona se prostitue à toute la cité pour payer ses doses, incapable d'élever son bébé, dont elle ne connaît d’ailleurs pas le père. Fiona, c'est Julie-Marie Parmentier, que j'ai découverte dans Les blessures assassines de Jean-Pierre Denis - l'histoire du crime abominable des sœurs Papin - et dont la qualité de jeu ne cesse de me bluffer).
Autour d'elle, les habituels complices de Guédiguian, Paul (Jean-Pierre Darroussin), doux vieux garçon aux parents aimants (Jacques Boudet et Pascale Roberts) et Gérard (Gérard Meylan), muré dans ses souvenirs et sa violence. À côté d'elle, qu'elle ne verra pas mais qui, comme elle, font partie de la grande respiration blessée de la ville, un couple bourgeois, en train d'éclater (Christine Brücher et Jacques Pieiller), un jeune Comorien, Abderramane (Alexandre Ogou), une belle fille un peu timbrée, Ameline (Véronique Balme)... destins qui se croisent, qui influent peut-être les uns sur les autres...
Rares sont les scènes apaisées, dans La ville est tranquille ; je n'en vois, à dire vrai, qu'une seule, très drôle, d'ailleurs : Paul (Darroussin, donc), qui est conducteur de taxi, chantant à Michèle (Ascaride), L'Internationale, en français, anglais, espagnol, allemand... Mais que de séquences tendues, pénibles, douloureuses, même (ainsi les supplications de Fiona, en manque d'héroïne, à sa mère, pendant que son bébé hurle).


Préfacé par le père Boulad, jésuite égyptien qui s’y connaît, voilà un livre qui dénonce une catégorie d’idiots utiles de l’islam conquérant : les catholiques.
On rend grâce aussi à la réalisatrice d’avoir mis en scène le besoin d’une mère éprouvé par Théo, tristement « autiste » devant Jean, l’assistant familial qui s’occupe pourtant de lui avec beaucoup d’affection, alors que Mathieu sourit et commence à communiquer avec sa nouvelle maman…


Quant aux adversaires de ses idées dirigées contre la France – idées émanant de lʼun des quatre états confédérés auquel appartient Attali –, ceux qui sont hostiles au mondialisme, doivent élever leur niveau intellectuel au-delà de celui de Jacques Attali, ce qui nʼest pas forcément aisé puisquʼil est indéniablement un grand esprit, un génie, mais de lʼanti-France.
Jacques Attali, dont les ancêtres sont devenus français en vertu du décret Crémieux, est « très lié à David de Rothschild »
Ce dernier montre ainsi quʼil espère lʼirruption dʼune révolution mondiale, dans la continuité du communiste Trotsky auquel Staline opposa la voie du socialisme dans un seul pays. Attente dʼune disparition à terme des États-nations quʼil partage avec Marx et Trotsky et qui tire sa source moderne de lʼilluminisme dʼun Emmanuel Kant (photo). Lʼauteur de la Critique de la raison pure développa lʼidée selon laquelle lʼhumanité, au niveau interétatique, est restée au stade de lʼétat de nature, ce qui explique le déclenchement régulier de guerres. Mais celles-ci auront in fine un effet vertueux sur lʼhomme : le forcer à construire une Société des Nations, un état social géopolitique.
Ce Cinquième royaume, sur le plan politique, est caractérisé par la paix, lʼharmonie entre les hommes, et, au niveau économique, par la prospérité, lʼabondance. Voilà lʼhorizon que regardent avec tant dʼémerveillement Kant, Marx, Trotsky et Attali.
Dans son Dictionnaire amoureux du judaïsme, il reprend en utilisant un langage cryptique, ésotérique, la conception propre à Louria de la messianité : elle ne correspond pas à un homme supérieur, à un « Sauveur », mais à lʼensemble de la communauté juive.
Attali ne renie pas en effet lʼétiquette de socialiste, lui qui a consacré un livre au père du « socialisme scientifique », Karl Marx, car pour lui cette idéologie nʼest pas tant le soin apporté aux exploités et la volonté du partage équitable des richesses, cʼest-à-dire la prise en compte de la « question sociale », problème crucial à partir de la Révolution industrielle au XIXème siècle, que lʼédification de la Cité juste, dʼun Éden terrestre où le bonheur devient la règle, par le truchement dʼune réparation du monde – ou tiqoun olam –, concept kabbalistique sʼil en est, où toute idée dʼintervention de Dieu dans la vie des hommes, appelée Providence, est totalement écarté, car il sʼest retiré du monde, dʼaprès un autre concept kabbalistique, le tsimtsoum.
« Demain – si la mondialisation nʼest pas une nouvelle fois remise en cause – le maintien de la rentabilité du capital ne pourra pas passer par une socialisation mondiale des pertes, faute dʼun État mondial ; […] Lorsquʼil aura ainsi épuisé la marchandisation des rapports sociaux et utilisé toutes ses ressources, le capitalisme, sʼil nʼa pas détruit lʼhumanité, pourrait aussi ouvrir à un socialisme mondial. Pour le dire autrement, le marché pourrait laisser place à la fraternité. […] Comme il nʼy a pas dʼÉtat mondial à prendre, cela ne saurait passer par lʼexercice dʼun pouvoir à lʼéchelle planétaire, mais par une transition dans lʼesprit du monde – cette ʽʽévolution révolutionnaireʼʼ si chère à Marx. […] Tout homme deviendrait citoyen du monde et le monde serait enfin fait pour lʼhomme. »
En vérité, pour les sociétés chrétiennes, dont la nôtre, le monde, entendu comme la création, a été fait pour lʼhomme par le Créateur. Grégoire de Nysse, philosophe du christianisme primitif (IVème siècle), souligne quʼau regard de la création, « dans sa richesse, sur terre et sur mer »
Né le 1er novembre 1943 à Alger, il est passé par Sciences-Po, Polytechnique et lʼE.N.A. Étudiant brillant, plus enclin à aimer la ratiocination que les travaux physiques, Attali ambitionne de devenir, une fois diplômé, une figure intellectuelle du socialisme français. Sa référence est lʼauteur de LʼOpium des intellectuels, un pamphlet de 1955 qui vise lʼintelligentsia française accusée dʼêtre illusionnée par la religion marxiste, Raymond Aron, un atlantiste anti-communiste développant une pensée libérale-conservatrice largement inspirée dʼAlexis de Tocqueville. Il soutint le gaullisme avant de sʼen détacher en 1967, suite aux prises de position clairement anti-nord-américaines de De Gaulle. (« Vive le Québec libre ! », et surtout dénonciation de lʼhégémonie du dollar) et anti-israéliennes (« un peuple dʼélite, sur de lui-même et dominateur »).
Juif comme lui, Attali entend être le Raymond Aron de la gauche. Il rejoint le Parti socialiste (P.S.) de François Mitterrand dans les années 1970. Ce dernier lui confie, au tout début de sa campagne victorieuse de 1981, la mission de rencontrer Coluche, lʼhumoriste qui sʼest engagé dans la course en entonnant le refrain populiste du « tous pourris », pour mieux connaître ses intentions. Car une candidature effective de Michel Colucci, craint le camp socialiste, pourrait faire perdre de précieuses voix à son champion.
Protégé par des soutiens puissants, par des réseaux de pouvoir très influents, Jacques Attali joue un rôle majeur, malgré ses déboires. Les dossiers qui lui sont confiés traitent des questions économiques et des relations avec le monde anglo-saxon. Sa tâche principale est de préparer le tournant de la rigueur, qui nʼa pas été décidé par la nécessité du moment vers 1983, mais était dans les cartons avant même lʼélection de François Mitterrand. La politique réellement socialiste, consistant notamment à nationaliser un certain nombre de grandes entreprises françaises, nʼétait quʼun leurre censé attirer une part substantielle du vote communiste. Embrasser le Parti communiste français (P.C.F.) pour mieux lʼétouffer : la stratégie fonctionna à merveille.
Cʼest pourquoi un rapport sur les effets de la politique de relance par la consommation initiée par le pouvoir socialiste est passé sous silence... car il montre que celle-ci est une réussite : « Le ministre du Plan, Michel Rocard, demande à Dominique Strauss-Kahn, alors au Commissariat au Plan, de commander un rapport à lʼéconomiste américain Robert Eisner, afin de justifier ce tournant. Problème : Eisner aboutit à la conclusion inverse ! Le président de la très respectée Association américaine dʼéconomie estime que la politique de relance produit ses premiers effets, et que le pouvoir socialiste doit continuer sur sa lancée de 1981. Son rapport restera dans un tiroir. »

Il était inévitable que Philippe de Villiers en arrive à Clovis, pour renouer avec la question la plus fondamentale, celle des origines, et plus exactement, des origines de l'identité française, qu'on mutilerait si on en effaçait la marque chrétienne. Ce retour est une authentique transgression dans une époque qui ne veut justement rien savoir des origines, sauf à la repousser dans des temps si lointains qu'elles en deviennent insaisissables, comme on l'a vu dans l'Histoire mondiale de la France de
Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur
Entre l'importun qui appelle son vieux camarade pour lui demander l'accélération de la délivrance d'un passeport et la prise de décisions stratégiques, la marge est à la fois considérable et ténue. La vie d'un Directeur du Cabinet, c'est vraiment ça : le travail acharné, les nuits sacrifiées, la mobilisation permanente, continue, de toute son énergie.
La puissance publique est encore là, pour nommer à des postes éminents, réprimer des manifestations, accorder des faveurs. Mais il y a longtemps que le Pouvoir a déserté ses allées, égaré par les conventions internationales, les déclarations de droits réels ou prétendus, les injonctions des traités, les ukases bien-pensants, l'omnipotence de la fortune anonyme et vagabonde, l'arrogance des ONG et tout le tremblement. La qualité de L'exercice de l'État est de montrer cela dans sa nudité, dans sa cruauté, dans son évidence.
Revenons au film, qui est d'un rythme et d'une efficacité remarquables. Ôtons-en quelques fautes de goût : le dîner incongru et alcoolisé de Saint-Jean, le ministre (Olivier Gourmet, impressionnant de maîtrise) avec son chauffeur (Sylvain Deblé) et sa compagne (Anne Azoulay) ; le trop long plan sur la jambe arrachée dudit chauffeur après l'accident de voiture ; l'accentuation un peu trop forte qui montre Gilles, serviteur de l’État jusqu'à la moelle se passer en boucle l’admirable discours d'André Malraux accueillant au Panthéon les cendres de Jean Moulin, le 19 décembre 1964...
• La trahison des élites qui financent les Maures que combattent les Croisés ;
• Et enfin, la colère et la révolte populaire, et la violence inéluctable qui l'accompagne.