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Idées, débats... - Page 409

  • Avoir des convictions nous expose-t-il à la radicalité ?

     

    Par Edouard de Saint Blimont 

    Les convictions fortes mèneraient à la radicalisation.

    Prétendre détenir la Vérité et la défendre mordicus préparerait le sujet à glisser vers toutes les formes de radicalité. On a là le nœud, jamais démêlé, d’une accusation qui vise de manière indifférenciée aussi bien les islamistes radicaux que ceux qu’on nomme, à dessein, les intégristes catholiques. Ceux-ci ont beau alléguer qu’ils n’ont jamais commis de crimes au nom de leurs convictions, à l’inverse des terroristes islamistes, leur réputation reste entachée du fait qu’ils partageraient avec les autres une tendance intellectuelle fâcheuse : celle de dire haut et fort ce qu’ils pensent être la Vérité. Entre les fous de Dieu qui impactent le quotidien de nos concitoyens par leurs méfaits et leurs outrances et les catholiques soucieux de s’inscrire dans une tradition, le bon sens inviterait pourtant à trancher en faveur des seconds (avoir des convictions ne rend pas criminel) mais ce sont les seconds qui paraissent métaphysiquement plus coupables. Il est assez clair que si l’on a tenu à situer l’origine des dérives terroristes dans une propension au fanatisme, on cherchait surtout à viser en fait ceux qui ont le tort d’avoir des convictions.

    Il ne faut pas situer ailleurs l’origine de la démission de l’Occident face aux barbares, jugés somme toute moins détestables que ceux qui défendent les vérités chrétiennes. Il ne faudra pas demain chercher ailleurs la cause d’une domination de nos sociétés chrétiennes par un islam fanatisé à outrance. Il sera trop tard pour prendre conscience du fait que l’Ennemi était bien l’Islam et non ceux qui, à temps et à contretemps, rappelaient les Vérités qu’il ne fallait pas abandonner.

    C’est la raison pour laquelle il nous a paru important de démêler dans les trois articles qui suivent si d’avoir des convictions nous expose à la radicalité. Nous estimons devoir distinguer trois moments dans le raisonnement :

    1. est-il bien certain, d’abord, que le fanatisme islamiste trouve son origine dans une conviction forte ?

    2. Notre mentalité occidentale n’offre-t-elle pas aussi l’exemple de telles dérives : en ce cas, les convictions fortes doivent-elles être seulement alléguées ?

    LAbecedaire-des-Institutions_PierreManent.jpg3. Il s’agira alors d’examiner le bienfait qu’il y a de disposer de convictions fortes, dans un contexte où, pour parler comme Pierre Manent (photo) « nous procédons à un évidement méthodique de notre être intérieur. Tout ce qui est nôtre, nous le marquons du goudron du soupçon. »

    Le fanatisme islamiste : une affaire de convictions fortes ?

    Peut-on estimer qu’il y a place dans l’univers musulman pour la conviction forte dans la mesure où une conviction authentique s’appuie sur un examen approfondi par la raison des éléments de vérité qu’on présente à l’esprit ? Peut-on être convaincu si la raison ne désigne pas telle vérité comme convaincante ? Platon a distingué ce dont on est persuadé de ce dont on peut être convaincu. Les rhéteurs de l’antiquité grecque sont passés maîtres dans l’art de persuader leurs concitoyens de l’excellence de leurs positions en mettant les auditeurs dans la situation de ne pas avoir à examiner les choses au fond. C’est précisément parce qu’ils mettent leurs « clients » dans la position d’adhérer sans réfléchir que ces derniers embrassent leurs vérités sans sourciller. Il en va tout autrement lorsque Socrate mobilise toutes les ressources intellectuelles de son interlocuteur pour le convaincre de la valeur de ses positions. Socrate ne s’en sort pas avec une popularité accrue mais il aura, du moins l’espère-t-il, convaincu son interlocuteur.

    VI-ES-ART-38434-Benedetto_XVI_a_Ratisbona.jpgLe musulman n’est pas face au Coran ou à son Imam dans la même relation que le public face au rhéteur qui le charme mais sa raison n’en est pas plus sollicitée pour autant puisqu’on cherche à empêcher chez lui l’exercice de la raison, la parole d’Allah étant tenue comme se situant au-delà de toute compréhension, comme l’a bien montré Benoît XVI dans son discours de Ratisbonne (photo). Toute démarche rationnelle d’examen est tenue ici pour intempestive. Ce n’est pas du contenu du discours dont on doit être convaincu mais de la nécessité de le tenir pour ultima verba. Quoi qu’il dise !

    Tenir ce que dit Le Coran et l’Imam pour vrai en se dispensant d’examiner s’il ont des titres à faire valoir pour être crus, sentir qu’on est dans la vérité à proportion de l’effort qu’on fait pour ne jamais examiner le degré de vérité d’une proposition m’a toujours paru comme l’expression même du fanatisme.

    C’est une disposition fondamentale du croyant dans la religion musulmane. Cette disposition anti-intellectualiste qui enraye dès le départ toute prétention herméneutique (par laquelle un esprit examine un texte avec des dispositions critiques) est ruineuse pour l’esprit et elle permet de comprendre que, contrairement à ce que soutient le discours religieusement correct, il n’y a aucune solution de continuité entre le décryptage ordinaire du Coran et les aventures échevelées de certains islamistes. Certes il faut des conditions supplémentaires pour aboutir aux comportements aberrants mais la disposition intellectuelle du musulman expose à de telles dérives.

    Placé dans la situation d’acquiescer et d’obéir sans jamais examiner, on ne mesure pas toujours à quel point l’esprit est fragilisé, comment même la confiance en soi en est ébranlée. Prendre l’habitude de s’ôter de l’esprit qu’il faut examiner les choses pour se faire une idée du monde, finit par incliner le sujet à prendre le chemin d’une mentalité superstitieuse.

    7143264_traore_300x356.jpgC’est l’apport remarquable du livre de Lina Murr Nehmé sur L’Islamisme et les femmes. Dans l’affaire du meurtre de Sarah Halimi par Kobili Traore (photo), dans les massacres du Bataclan, comme dans l’attentat de Saint-Etienne du Rouvray, Nehmé note que ceux qui accomplissent ces méfaits le font pour lutter contre les Djinns, les Sheytan, dont Mahomet dit qu’ils poussent l’homme vers le mal. Obsédés à l’idée d’être dominés par les djinns, les djihadistes tuent pour faire rendre l’âme aux djinns, en récitant le dhikr et les versets coraniques censés les en délivrer.

    Les djihadistes, habités par des convictions fortes ? Plutôt des esprits faibles ou, pour être plus exacts, des individus tellement habitués à ne jamais examiner le fond des choses, que les cauchemars les plus ravageurs finissent par hanter, en permanence, leurs esprits.

    Si notre exposé permet d’apercevoir que la pratique du texte islamique procède d’une mentalité régressive et qu’elle conduit l’esprit à entretenir les superstitions les plus noires, il serait intéressant maintenant de se demander si la radicalisation qui n’est que l’expression spectaculaire d’un esprit en débat avec ses cauchemars se rencontre aussi dans d’autres configurations mentales, étrangères à l’Islam.

    Ce sera l’objet d'un prochain article. 

     Edouard de Saint-Blimont

  • Seul le pont romain a tenu ...

     

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpgEst-ce à Trèbes, est-ce à Villegailhenc ? Dans l'émotion des événements, les explications n'étaient pas claires aux informations de France Inter d'hier matin.

    L'ampleur de la catastrophe l'était, les descriptions des victimes en faisaient une évidence. Destructions de toutes sortes : maisons, mobilier, réseau électrique, voitures, routes et ponts, la force de la nature avait opéré des destructions inouïes. On n'a pas manqué de mettre en cause le réchauffement climatique, d'incriminer les services publics, comme si l'on pouvait tout prévoir, parer à tout... On ne peut pas s'empêcher.

    800px-Pont_romain_de_Viviers.jpgDans la région, les ponts, nous dit-on, ont été emportés par les eaux. Ils n'y ont pas résisté. Une phrase, jetée au hasard par l'une des personnes interrogées nous a frappé. De quelle commune s'agissait-il ? Ce n'était pas clair. Mais les ponts avaient sauté. Et la petite phrase la voici : « seul le pont romain a tenu ». Voilà qui devrait faire réfléchir les béats de la modernité. Les romains construisaient pour des siècles. Et leurs ouvrages après deux mille ans sont encore debout. Ils font l'admiration du monde. Qu'en sera-t-il des nôtres ?    

  • Histoire & Société • J. C. Buisson dénonce le déshonneur de la gauche à propos de d'Estienne d'Orves et il a rudement raison !

    Sépulture d'Honoré d'Estienne d'Orves, au cimetière de Verrières-le-Buisson (91)

    Par Jean-Christophe Buisson

    Un journaliste qui a du style, une logique, une cohérence, de la culture et des idées. Comme disait Thibon : ça manque ! 

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    CULTURELLEMENT CORRECT : HONORÉ OU LE DÉSHONNEUR DE LA GAUCHE

    0-20111-181009165158054-0-552849.jpgHonoré d'Estienne d'Orves est un des plus grands résistants français. Rallié à de Gaulle dès juillet 1940, quand la majorité parlementaire issue du Front populaire votait les pleins pouvoirs à Pétain et que le Parti communiste se refusait à lutter contre l'occupant en vertu du pacte de non-agression signé par Hitler et Staline, ce brillant officier de marine organisa un réseau de renseignement (Nemrod) avant d'être trahi, arrêté et fusillé par les nazis au Mont-Valérien en août 1941. Un pedigree qui a incité de nombreuses municipalités à donner son nom à des rues, des squares, des places.

    Il y a quelques semaines, le conseil régional des Pays de la Loire a décidé de baptiser à son tour de son patronyme glorieux un nouveau lycée à Carquefou, près de Nantes. Las, le conseil d'administation dudit lycée s'insurge. Motif : ce d'Estienne d'Orves était de droite ! Pire : monarchiste ! Certes résistant, mais monarchiste. L'horreur.

    Appel_Honore_d_Estienne_d_Orves.jpgEt ces idéologues biberonnés à 75 ans d'« historiquement correct » de dénoncer « une faute grave » de la majorité régionale.

    La France : ce pays fou où honorer un résistant devient « une faute grave ». Parce qu'il n'était pas de gauche. Parce qu'il n'était pas du camp des Belin (ex-CGT), Doriot (ex-PCF), Déat (ex-SFIO) et Laval (ex-Parti radical-socialiste).   

    Source : Figaro magazine, dernière livraison. 

    Jean Christophe Buisson est écrivain et directeur adjoint du Figaro Magazine. Il présente l'émission hebdomadaire Historiquement show4 et l'émission bimestrielle L'Histoire immédiate où il reçoit pendant plus d'une heure une grande figure intellectuelle française (Régis Debray, Pierre Manent, Jean-Pierre Le Goff, Marcel Gauchet, etc.). Il est également chroniqueur dans l'émission AcTualiTy sur France 2. Son dernier livre, 1917, l'année qui a changé le monde, vient de paraître aux éditions Perrin.

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    1917, l'année qui a changé le monde de Jean-Christophe Buisson, Perrin, 320 p. et une centaine d'illustrations, 24,90 €.
  • Patrimoine cinématographique • Des hommes et des dieux

     

    Par Pierre Builly

    Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois (2010) 

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    1.jpgDans l'Algérie de 1996, au plus fort de la rébellion islamiste et des crimes de terreur qui ensanglantent au quotidien un peuple pris en otage entre les dirigeants corrompus et les fanatiques barbares, il y a neuf moines bénédictins, cisterciens de stricte observance qui, dans un monastère de l'Atlas, perpétuent la présence chrétienne en Afrique du Nord, et essayent de maintenir praticable un passage avec l'Islam. 

    2.jpgComme le veut la règle de leur Ordre, ils prient à toutes les heures du jour et de la nuit ; ils étudient ; ils travaillent, cultivent les champs, recueillent le miel de leurs ruches. Ils sont tout ouverts à la population musulmane, pauvre, digne, amicale ; ils soignent les enfants et les malades, habillent les miséreux, aident à remplir les papiers ; ils sont fraternels, bienveillants, pleins d'amour ; ils vivent leur Foi dans une région magnifique et austère, au milieu du respect et de l'estime de toute la population. 

    3.jpgMais la folie islamiste est là, partout ; dans la région, dans toute l'Algérie, les barbares assassinent pour un rien, un hidjab non porté, un sourire entre deux adolescents, un enseignements d'instituteurs jugé insultant pour leur interprétation du Coran ; la terreur est là, et le fanatisme, avec son infinie bonne conscience. Et les autorités savent bien que l'ancrage, la persistance du monastère chrétien ne peut qu'appeler l'orage... 

    Nous savons tous ce qui s'est passé : le 27 mars 1996, sept des neuf moines présents sont enlevés et égorgés. Le plus âgé, Luc (Michael Lonsdale), le médecin, avait 82 ans ; le plus jeune, Christophe (Olivier Rabourdin) en avait 36. Tous, au bout de longs débats, de longues interrogations, avaient décidé de rester pour témoigner. 

    Le chemin du martyre n'est pas celui de l'inconscience, et moins encore celui de la fascination morbide et masochiste ; c'est celui de l'acceptation. On ne le gravit pas sans peur et sans angoisse. Peur physique, celle de la violence, des coups, des tortures ; angoisse métaphysique où la question de la place de son sacrifice est posée. 

    5.jpgIl importe assez peu, en fin de compte que les assassins des moines de Thibirine soient les islamistes fanatiques qui tiennent les maquis dans les années Quatre-vingt-dix en Algérie, ou les forces de sécurité de l'État algérien, qui sont exaspérées par la présence des cisterciens et cherchent à discréditer leurs ennemis dans l'opinion internationale ; la grande force, la force lumineuse du film de Xavier Beauvois est très au delà de cette interprétation conjoncturelle : sa grande force est de porter la réalité de la spiritualité. 

    Des hommes, dont plusieurs sont faibles, angoissés, épuisés, des hommes qui quelquefois doutent et, pour beaucoup ressentent le silence de Dieu, des hommes qui choisissent de rester là parce que c'est leur destin, leur choix et leur vocation. Parce que partir, pour se préserver, c'est précisément renier ce pourquoi ils sont venus : témoigner, dans l'absolue nudité de leur présence, de la fraternité des hommes. 

    6.jpgDes hommes et des dieux est un film grave, poignant, d'une tristesse infinie, et d'une infinie sérénité. La scène magnifique du dernier repas pris avant l'irruption des assassins, qui, dans la douceur amicale et l'émotion partagée, peut évoquer la Cène et montre des moines apaisés, réconciliés, déterminés à rester en Algérie quelles que soient les suites de leur décision, est profondément émouvante, et exaltante tout autant. Les visages des neuf moines, dont sept seront assassinés, portent une joie et une sérénité bouleversantes : il savent que leur choix est le plus grand. 

    7.jpgBeauvois filme cela avec mesure et force tout à la fois : la beauté grandiose des paysages, les relations fortes nouées par les moines avec les habitants, la sauvagerie obtuse des assassins, les craintes, les doutes, les personnalités rétives, les angoisses sont incarnés par des acteurs au plus haut de leur talent. Lambert Wilson, prieur souvent cassant, trop conscient de sa supériorité intellectuelle est remarquable ; comme le sont les autres moines, remarquables d'authenticité, notamment le vieil Amédée (Jacques Herlin) ou le brûlant Jean-Pierre (Loïc Pichon), les deux miraculeusement rescapés du massacre ; mais aussi, évidemment, une note spéciale au grand Michael Lonsdale, frère Luc, le médecin de la communauté, dont on connaît l'engagement charismatique personnel, et qui trouve là un rôle à la mesure de son immense talent. 

    Magnifique œuvre, dont chaque séquence est bouleversante.   

    DVD disponible autour de 10 €

  • Patrimoine • Exposition : « Louis-Philippe et Versailles »

     

    Du 6 octobre 2018 au 3 février 2019, le château de Versailles consacrera pour la première fois une exposition d’ampleur à Louis-Philippe et à sa décision de transformer l’ancienne résidence royale de Versailles en un musée dédié à l’histoire de France, inauguré en 1837. 

    Le 6 octobre 1789, lorsque Louis XVI, Marie-Antoinette et la famille royale sont contraints de quitter Versailles, le Château est déserté et cesse définitivement d’être une résidence royale. Héritier de la famille d’Orléans, Louis-Philippe a peu d’histoire commune avec le Versailles de l’Ancien Régime mais marque son intérêt pour le palais dès son accession au trône en 1830. Le nouveau roi des Français s’attache à transformer ce bâtiment monarchique en un monument national dédié « à toutes les gloires de la France ». Il imagine un musée ouvert à tous, à la portée pédagogique, dans lequel les tableaux se lisent comme un livre d’image. Son but est une véritable manœuvre politique : réconcilier les Français, profondément divisés, mais surtout inscrire son règne dans l’histoire nationale. L’exposition retracera le goût de Louis-Philippe et l’implication directe du roi dans les travaux qui ont abouti à l’inauguration des Galeries Historiques le 10 juin 1837. 

    Une plongée dans le Versailles du XIXe siècle

    À travers plus de 200 œuvres provenant d’institutions prestigieuses, l’exposition fera date par sa volonté de proposer aux visiteurs une véritable plongée dans le Versailles du XIXe siècle. L’exposition sera notamment présentée dans les salles d’Afrique et d’autres Galeries Historiques du Château, dont les toiles commandées par Louis-Philippe seront dévoilées au public. En prolongement de l’exposition, un parcours de visite inédit entrainera le public à travers le Château à la découverte de nombreuses salles du musée de Louis-Philippe, ouvertes exceptionnellement. Ainsi, les visiteurs pourront s’immerger dans les salles des Croisades, la salle des États-Généraux, ou encore la salle du Sacre et la salle 1792, toutes deux restaurées pour l’occasion. De plus, des ensembles disparus des Galeries Historiques seront restitués, comme la galerie de sculptures dédiée à Louis XIV au premier étage de l’aile du Midi. 

    « Ce que Louis-Philippe a fait à Versailles est bien. […] C’est avoir donné à ce livre magnifique qu’on appelle l’histoire de France, cette magnifique reliure qu’on appelle Versailles. » – Victor Hugo

     

     1485427667_logo-chteau-de-versailles-positiffw-300x79.jpg

    Exposition au Château jusqu’au 3 février 2019.
    L’exposition est ouverte du mardi au dimanche :
     de 9h à 18h30 (dernière admission à 17h45) jusqu’au 31 octobre.
    • de 9h à 17h30 ( dernière admission à 16h45) à partir 1er novembre. 

    Source : Château de Versailles

  • Patrimoine • Provence : les découvertes varoises d'un professeur de géographie

     
    Par Péroncel-Hugoz
     

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    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpgQuand il n'est pas au Maroc ou en Ibérie, notre collaborateur Péroncel-Hugoz se trouve en sa vigie provençale à mi-chemin du hameau historique des Maurras et de la basilique royale de Saint Maximin. Il y a reçu récemment un nouveau guide consacré en entier à la Provence varoise. Un de plus ? Il a quand même fini par l'ouvrir, puis le lire jusqu'au bout. Il nous résume ci-après ses étonnements. 

    Cent lieux pour les curieux 

    Foin de ces guides à répétition, dans le Midi et ailleurs, qui prétendent « revisiter », « redécouvrir », « redéfinir », voire « remettre en perspective » la Provence, notamment en sa partie varoise ! Bien souvent, ces publications ne sont que des copies - inexactitudes et clichés compris - de livrets antérieurs, remixés, plus ou moins mis à jour et l'apport pour le lecteur est généralement nul. Un confrère ibérique, féru de nos régions méridionales, me confiait il y a quelques mois : « Finalement je me sers du guide Jouanne 1870 où là, au moins, je suis sûr de ne trouver ni idéologie ni erreur. » Il faut dire que ce confrère exigeant avait été froissé de lire, dans un Routard ironique sur Madère ou les Açores, que les arnaqueurs de touristes étrangers y étaient rares, la « morale catholique » étant restée très forte dans ces îles... (sic) 

    Amende honorable 

    Toujours est-il que je n'ai ouvert qu’avec méfiance le nouveau guide Var 100 lieux pour les curieux. Qu'allait-on me faire voir, à moi qui, comme indigène, comme journaliste, arpente mon terroir familial depuis les temps d'enfance, que je passais là avec mes grands-parents et où Mistral, Fabre et d'Arbaud furent parmi mes premières lectures. 

    0.jpgEh ! bien après lecture acribique et de plus en plus intriguée des 160 pages (superbement) illustrées écrites par Bénédicte de La Gueriviere (photo), géographe et urbaniste de terrain, dans le Var, notamment au Conservatoire du Littoral, je reconnais sans barguigner que cette jeune femme, érudite et farfouilleuse, m'a démontré par son travail minutieux qu'environ un tiers des « curiosités » de mon département m'étaient inconnues jusqu'à la lecture de son guide. Quelle joie aussi car je croyais avoir fait le tour de la chaloupe et je découvre qu'il me reste des dizaines de points attractifs à y découvrir ! 

    Marius et Saint-Louis 

    sans-titre.pngOh ! certes Madame de la Guérivière ne m'a pas appris l'existence des remparts escarpés de Rougiers (photo) où vinrent Marius, Saint Louis et Dumas père, ni celle de Correns, ce premier village 100 % bio de France, cher à 2-68-1.jpgSégolène Royal, ni sur Peiresc (photo), ce savant provençal universel du XVIIe siècle, ni sur le point culminant de notre département (le mont Lachens, 1714 m), ni enfin sur la plus grande citerne privée d'Europe, dite « cathédrale de Saint-Martin-de-Pallières » que la famille de Boisgelin a récemment ouverte au public.

    Frejus_pagode-63ed0.jpgMais l'auteur m'a mis sur la piste de curiosités comme la pagode coloniale de Fréjus (photo), le musée champêtre de Bargemon (où, en outre un nouveau curé, aidé par de vrais réfugiés irakiens, des chrétiens bien-sûr, est en train de raviver un ancien pèlerinage marial qui fut jadis aussi populaire que celui de Cotignac) ; je citerai aussi, parmi les découvertes mises en 36694593.jpgrelief par la géographe, le musée sous-marin de la Tour-Fondue(photo), le chemin de croix sous bois de csm_randonnee_lorgues-saint_ferreol_dracenie-var-provence-calvaire_c178adaded.jpgSaint-Ferréol à Lorgues (photo), l'espace Trouin édifié par Le Corbusier au Plan d'Aups, à quelques kilomètres de mon hameau, et, même, pour m’arrêter là, le secret de fabrication bien oublié de l’église Saint-Laurent de Rians, où je suis allé des centaines de fois et dont j’ignorais qu’elle devait son (vilain) néo-gothique XIXe siècle au brave abbé Pougnet, auteur d’une cinquantaine de sanctuaires, tous hélas ! de ce même style grandiloquent et faux qu’on retrouve aussi bien aux Réformés à Marseille qu’à Saint-Augustin à Hippone (Algérie) ou Saint-Louis à Carthage. 

    Laideur ou splendeur, notre géographe-urbaniste n’a pas triché ni blagué : son guide Var est une authentique nouveauté pour les curieux. En route !  ■  

    B. de La Guerivière, Var 100 lieux pour les curieux, éd. Bonneton, 63400 Chamalières, 160 pages illustrées, 15 €.

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    Correns, ce premier village 100 % bio de France, cher à Ségolène Royal

  • Cinéma • Un peuple et son roi

     

    Par Guilhem de Tarlé

    A l’affiche, Un peuple et son roi de Pierre Schoeller, avec Laurent Lafitte (Louis XVI), Louis Garrel (Robespierre), Denis Lavant (Marat), Olivier Gourmet (L’Oncle), Adèle Haenel (Françoise) et Gaspard Ulliel (Basile).


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    Un peuple et son roi, c'est un film d'ambiance (et quelle ambiance !) mais ce n'est qu'un film d'ambiance...

    4070.jpgCertes, la hargne révolutionnaire, particulièrement des femmes, est bien rendue ; certes, l'opposition est bien soulignée des jusqu'auboutistes face à ceux qui proclament la nécessité de savoir arrêter une révolution ; certes, La Fayette n'est pas épargné qui, contrairement à Louis XVI, fait tirer sur la foule (il aura des successeurs) ; le-peuple-et-son-roi_6108316.jpgcertes, la schizophrénie de Robespierre est pointée du doigt qui, comme les épurateurs de toutes les époques, est contre la peine de mort sauf pour ses adversaires ; certes, la trahison du franc-maçon Philippe Égalité, cousin du Roi, est affirmée (le film ne montre pas qu’il sera lui-même guillotiné) ; certes, on a le cœur serré et les larmes aux yeux au roulement de tambour de l'exécution du roi...

    un_peuple_et_son_roi.jpgNous avons néanmoins été très déçus par ce film qui aurait pu être un bon mémento historique alors qu'il est au contraire particulièrement confus et décousu. La mise en scène,  notamment, d’Olivier Gourmet est globalement sans intérêt.

    Bref, je ne regrette pas d'avoir vu ce film, mais je ne le recommande pas.

    Vive le Roi, quand même ! et A bas la Révolution !   

    PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et plusieurs dizaines d’autres sur mon blog Je ciné mate.

  • Livres • Chateaubriand tel qu'en lui-même ...

     

    Par Christian Tarente

     

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    Chateaubriand, saisi par la gloire comme on l'est par la débauche.

    Il semble qu'on n'en finira jamais avec Chateaubriand.

    Homme d'un temps révolu ou progressiste mesuré ? Ambitieux habile et rancunier ou esprit supérieur et au-dessus de la mêlée ? Catholique sincère ou croyant de circonstance ? Royaliste convaincu ou opportuniste déguisé en réaliste ? Grand écrivain reconnu ou auteur plus apprécié pour lui-même que pour ses livres ?

    Dans les premières pages de sa biographie, Ghislain de Diesbach dresse de lui un portrait qu'il conclut en disant que Chateaubriand aurait pu être la figure la plus marquante du XIXe siècle, avant Byron et Goethe, « s'il avait fait son profit de ce mot de Louis XVIII à son sujet : Qu'il est grand quand il ne se met pas devant lui ! »

    Cette ironique lucidité du roi semble avoir servi de fil rouge à Diesbach, éblouissant biographe, acceptant avec un plaisir non dissimulé de déambuler au travers de cette vie foisonnante dont les diverses séquences ne cessent de se bousculer et de s'entrecroiser : voyageur, soldat, poète, romancier, ambassadeur, ministre, essayiste, pamphlétaire, mémorialiste, de plus couvert de femmes tout en supportant la sienne, Chateaubriand semble avoir tout fait, tout vu, tout lu, tout entendu, menant tambour battant plusieurs vies à la fois.

    En cette année de son deux cent cinquantenaire, on se rappellera que Maurras, son cadet de cent ans exactement, lui a, en jeune iconoclaste, joyeusement et durement réglé son compte dans Trois Idées politiques (1898). Il a perçu dans cet « oiseau rapace et solitaire » un anarchiste anglomane démolisseur du classicisme, incapable de résister aux délices empoisonnés qu'offre le spectacle des décadences et de la mort. Au passage, il dénonça les « pantalonnades théologiques » du Génie du christianisme, d'accord sur ce point avec Napoléon qui n'y trouvait que du « galimatias » !

    Ghislain de Diesbach évoque tous ces épisodes à un rythme soutenu, jusqu'au moment où, après avoir mis en pièces le dernier livre du grand homme, La vie de Rancé, il dépeint sous des couleurs sombres ses dernières années : nous assistons à la décrépitude de ce vieillard, moins accablé par son récent veuvage que par le refus de Mme Récamier, elle-même vieillissante, d'accéder à sa demande en mariage...

    Mais ne restons pas sur cette note peu pimpante. L'ouvrage de Ghislain de Diesbach, qui date de 1998, vient, c'est très heureux, d'être réédité chez Perrin. Il n'a pas pris une ride, et nous fait superbement revivre tout ce que le destin du vicomte François-René a eu de flamboyant, à l'image de son style. Sans jamais renoncer à sa lucidité sur un personnage dont l'incontestable génie, saisi par la gloire comme on l'est par la débauche, fut sans cesse mis à mal par ce besoin frénétique de mise en scène de lui-même.  

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    CHATEAUBRIAND
    Ghislain de Diesbach
    Perrin, 2018, 668 p., 27 €
     

    Christian Tarente

  • Mathieu Bock-Côté : « Racisme anti-Blancs, le déni »

     

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpgLe rappeur Nick Conrad, et son clip PLB, pour « Pendez les blancs », s'inscrit dans la longue liste des provocations antifrançaises. Mais pour Mathieu Bock-Côté, cela ne suffit pas à ébranler la certitude de ceux qui ont décidé une fois pour toutes que le racisme était à sens unique.   [Le Figaro, 28.09].  LFAR

     

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    Le rappeur Nick Conrad était à peu près inconnu il y a quelques jours, jusqu'à ce qu'on découvre son clip PLB, où il en appelle à « pendre les Blanc s». La formule, d'une violence extrême, a provoqué sans surprise une vive polémique, qui s'inscrit dans la longue liste des provocations antifrançaises caractérisant l'histoire d'un certain rap. On se souvient de Monsieur R qui, en 2005, disait « baiser la France », voulait la traiter comme « une salope » en plus de « pisser sur Napoléon et le général de Gaulle », de Rohff dans Dirty Hous qui disait : « J'baise l'État depuis tout petit, j'ai pas encore craché » ou de Médine, plus récemment, qui s'enthousiasmait à l'idée de crucifier les « laïcards comme à Golgotha ». On pourrait en évoquer bien d'autres.

    Mais on passe ici du racisme pur et simple à l'appel au meurtre, ce qui pourrait suffire pour clore un procès qui n'est pas celui d'un genre musical mais d'une aversion pour la France qui vire à la haine raciale. L'abjection est totale lorsque est célébré l'assassinat des « bébés blancs ». Il y a là manifestement une quête de transgression qui doit aller jusqu'au bout d'elle-même et qui pourrait quitter un jour le simple domaine de la représentation « artistique ». On ne se vautre pas dans la tentation du mal radical sans réveiller la part la plus sombre du cœur humain. La civilisation construit des digues contre elle, mais certains font tout ce qu'ils peuvent pour les faire céder. Mais cela n'a pas suffi à ébranler la certitude de ceux qui ont décidé une fois pour toutes que le racisme était à sens unique et que les Blancs en étaient toujours coupables, et jamais victimes : c'est même un élément central du dogme multiculturaliste.

    À la télévision comme à la radio, les militants communautaristes, déguisés ou non en universitaires, expliquent inlassablement que le racisme est un système d'exploitation lié à l'expansion européenne et qu'on ne saurait l'en dissocier. En gros, le racisme anti-Blancs serait une impossibilité logique à démonter. On comprend le message : le mâle blanc disposerait ainsi du triste monopole du mal structurel dans l'histoire. Les médias accordent à cette thèse tordue un écho indéniable, comme s'ils souhaitaient la normaliser. Dans cet esprit, la haine raciale contre les Blancs, même si elle est condamnable, ne serait plus qu'un réflexe de survie, ou encore, pour ceux qui ont le plus de culot dans le déni, une manière d'appeler à l'aide contre une civilisation injuste envers ses minorités. C'est d'ailleurs la ligne de défense adoptée par Nick Conrad, qui a présenté sa chanson comme une entreprise pour réveiller les consciences devant le malheur historique du « peuple noir ». La racialisation des appartenances entretenue par une sociologie simpliste venue des États-Unis est désormais banalisée au nom de l'insurrection des banlieues. La France n'est plus une nation mais un territoire qu'on veut pousser vers la guerre des races.

    Nick_Conrad-PLB-400x330.jpgPuisqu'un tel clip est indéfendable et qu'il y a des limites à prendre n'importe quoi pour de l'art, le parti diversitaire et les spécialistes du déni à son service ont misé sur une autre ligne de défense: Nick Conrad serait un rappeur inconnu et il aurait eu vocation à le rester. Comme d'habitude, c'est la supposée « fachosphère » qui est accusée d'avoir sorti des marges une chanson qui aurait dû y demeurer pour monter de toutes pièces une controverse excitant ses obsessions idéologiques. Derrière la colère contre PLB, il n'y aurait rien d'autre qu'une xénophobie mal cachée, fouillant dans l'actualité pour trouver des faits divers l'alimentant. Nick Conrad ne serait qu'un pion dans la stratégie machiavélique de «l 'extrême droite ». C'est moins ce clip qui devrait inquiéter que la réaction qu'il suscite. C'est le même argument qui est utilisé après chaque attentat islamiste : une fois l'attentat condamné de manière plus ou moins rituelle, on s'inquiète surtout de la réaction qu'il pourrait susciter dans la population.

    Irebeus-renois.jpgl faudrait dire clairement ce qu'on se contente généralement de chuchoter : il y a dans une certaine jeunesse issue de l'immigration une haine de la France qui s'inscrit dans une mouvance plus générale de partition du territoire, où se multiplient les zones se dérobant à la fois à la souveraineté nationale et à l'identité française. Et ceux qui en appellent à la reconquête des territoires perdus de la France sont accusés de vouloir soumettre les banlieues au communautarisme majoritaire. Traditionnellement, le colonialisme consistait à vouloir imposer sa culture chez les autres. Dans la logique indigéniste et postcoloniale, cela consiste désormais à vouloir imposer sa propre culture chez soi. Le sens des mots est inversé. Dans cet esprit, la décolonisation n'arrivera à son terme que lorsque les Français seront considérés comme une communauté étrangère chez eux. 

    Mathieu Bock-Côté        

    Le-nouveau-regime.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Ses derniers livres : Le multiculturalisme comme religion politiqueaux éditions du Cerf [2016] et le Le Nouveau Régime (Boréal, 2017)
  • Le mot « race » interdit d'usage et de Constitution ? Ce que Thierry Maulnier en a dit ...

     

    « Le racisme, tel que nous l'avons vu remplir les camps d'extermination, était horrible dans ses conséquences et sans doute absurde dans son principe. Il n'existe peut-être aucune race pure, on ne pourrait en créer une, supérieure morphologiquement ou cérébralement, que par minutieux métissages, comme on fait pour les chiens ou les chevaux. Si cela a lieu un jour, ce sera l'oeuvre des savants, non des prophètes politiques. Du reste, l'homme, tout au long de son histoire et sans doute de sa préhistoire, nous apparaît comme un animal de guerre et les guerres font oeuvre de métissage. Mais si les groupes humains, parce qu'ils se font la guerre, ont tendance à se métisser, ils ont tendance aussi à affirmer leur identité, à s'inquiéter, à se protéger lorsqu'ils sont menacés par une invasion de population étrangère. Pour conjurer cette xénophobie toujours prête à se réveiller, faut-il excommunier la notion même de race ? Faut-il nier ce qui est le fruit de l'histoire, de la terre, du climat, de la culture de groupe, des moeurs (endogamie) ? Ne voir dans le Juif comme le veut Sartre, qu'un produit de l'antisémitisme, nier que les aptitudes culturelles des Blancs et des Noirs puissent être différentes, c'est, à la limite, affirmer l'identité du Pygmée et du Tetsu, du Boschiman et de l'Esquimau. Aucune particularité ne peut donner des arguments pour asservir des hommes ou pour les rejeter hors de l'humain, mais le refus de la réalité n'est pas le bon moyen d'avoir prise sur elle. »   

     

    Thierry Maulnier

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    Les Vaches sacrées - Gallimard, 1977

  • Patrimoine cinématographique • Capitaine Conan

     

    Par Pierre Builly

    Capitaine Conan de Bertrand Tavernier (1996) 

    20525593_1529036520490493_4184281983923317414_n.jpgL’âme du guerrier

    Conan 1.jpgEst-il si étrange que ça que Bertrand Tavernier ait consacré deux de ses films, et parmi les plus réussis, La vie et rien d'autre et Capitaine Conan aux années qui ont suivi la Première Guerre ? Lui-même fils d'un grand résistant, sans doute a-t-il tôt perçu ce que le massacre de 14-18, événement traumatique du siècle pour la France, portait en germe d'horreurs suivantes... 

    Est-il si étrange, aussi qu'un film qui présente un personnage si ambigu que Conan, admirablement joué par Philippe Torreton, ait pour cadre d'opération les lointains du conflit, l'Orient balkanique, si oublié et si extérieur, en apparence, aux buts immédiats des luttes, la défense du sol sacré du territoire ? On ne peut pas ne pas s'attacher à Conan, à Conan 2.jpgson courage, à sa vitalité, à sa capacité à entraîner, à protéger ses hommes - jusqu'à l'absurdité -, à sa clairvoyance sur les tueries... et en même temps, et parallèlement, on ne peut pas ne pas s'effarer devant son aveuglement, sa furie meurtrière, sa violence, l'espèce de jouissance sacrée qu'il éprouve lorsqu'il plonge un poignard dans le ventre d'un ennemi... 

    Montherlant, qui a beaucoup réfléchi sur la guerre et le goût monstrueux, irraisonné et irrépressible que les hommes en ont, écrit quelque part La guerre fait jouer un rôle aux gens qui ne sont pas capables de s'en fabriquer un eux-mêmes. Et ce rôle, quoi qu'on dise, est et sera éternellement, de ceux qui leur relèvent la tête. Conan, petit mercier d'un coin perdu de Bretagne, le dit au début du film à son camarade Norbert (Samuel Le Bihan) : il est fait pour ça, conduire une troupe à l'assaut, préparer les pièges, les traquenards, monter les embuscades, mener les coups de main, se faire aimer d'une bande de loups dont il canalise le goût du sang. Il n'y a pas plus poignant que les dernières images où, alcoolique, vieilli, bouffi, il est retrouvé par Norbert à quelques mois de cette mort qu'il sait prochaine et qui sera bienvenue... 

    Conan 4.jpgIl est tout de même dommage que Tavernier ait gardé les gros sabots qu'il affectionne pour un sujet si grave et si complexe : la veulerie des chefs, tous fantoches ridicules et odieux est trop habituelle pour ne pas lasser et le parti-pris de montrer les aspects grotesques de la guerre (l'épidémie de dysenterie, la comptabilité sans fin des formulaires d'intendance) est filmé sans trop de finesse ; je pense aussi qu'on pourrait chipoter sur quelques détails para-historiques (qu'est-ce que c'est que cette abondance de Médailles militaires sur les poitrines des officiers ? Seul Conan devrait pouvoir la porter puisque les bataillons de chasseurs à pied, arme dont il est issu, l'ont reçue en janvier 18 ! Rappelons que la Médaille militaire n'est décernée qu'aux sous-officiers et aux généraux ayant commandé en chef. Et puis de Scève (Bernard Le Coq), officier de carrière, ne devrait pas, vu son âge évident, n'être que lieutenant !). 

    Torreton est parfait et les scènes de combat, qui ont bénéficié d'importants moyens sont saisissantes ; le reste de la distribution est moins homogène, à l'exception du rôle secondaire de l'aumônier, Claude Brosset, que j'ai trouvé excellent... 

    Un disque de suppléments offre notamment une intervention tout à fait claire et remarquablement intéressante de Stéphane Audoin-Rouzeau, directeur de l'Historial de la Grande Guerre de Péronne, qui situe fort bien la chronologie et la particularité du théâtre d'opération.  

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    DVD disponible autour de 10 €

  • Livres & Actualité • Foutriquet II en marche... funèbre

     

    Par Rémi Hugues 

    Nos lecteurs seront heureux de retrouver ici Rémi Hugues qui, dans le cadre de la sortie de son ouvrage Mai 68 contre lui-même, nous a proposé, chaque jour du mois de mai dernier, une série d'articles qui ont fait date, formant un substantiel dossier Spécial Mai 68, rédigé pour Lafautearousseau, toujours consultable sur le blog ... Le temps a passé. Il s'agit ici des tribulations d'Emmanuel Macron, à travers une intéressante recension du dernier opus de Jean-Michel Vernochet.  LFAR

     

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    « Notre » président est en chute libre. Lâché par l’opinion publique, dont on mesure l’humeur par des sondages, desquels sortent depuis quelques semaines des résultats catastrophiques pour l’exécutif, Macron voit chaque jour que Dieu fait les défections se succéder. À la rentrée l’écolo businessman Nicolas Hulot a quitté le gouvernement. Puis ce fut le tour, Christian Estrosi, le puissant maire de Nice, d’exprimer sa décision de cesser de soutenir Macron, passant de « constructif » à opposant. Et maintenant, Gérard Collomb, en première ligne durant l’affaire Benalla, de s’évader du navire, faisant fi de l’injonction élyséenne qui l’intimait de rester aux avant-postes de la « Macronie ». 

    La grande affaire de l’été, ce scandale monté en neige par les médias, a gravement endommagé la start-up gouvernementale de Monsieur Macron. Elle résulte certainement de la rivalité mimétique qu’entretiennent ce dernier et Matthieu Pigasse, qui en tant que co-propriétaire du journal – Le Monde – déclencha l’hallali estival, par l’intermédiaire de la plume d’Ariane Chemin. Cette affaire, qui a fait d’un vulgaire chargé de la sécurité de Jupiter Ier une star nationale, aussi célèbre que MʼBappé et consorts... un homme, qui, a-t-on appris récemment, aime sortir son pistolet, non quand il entend le mot « culture », mais lorsqu’il pose pour un selfie ! 

    Alexandre Benalla est un immigré qui s’est choisi un prénom français – le vrai serait Hacène. Avec son prénom yncrétique l’homme semble tout droit sorti du roman d’anticipation Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley.

    Il s’agit, à cet égard, de s’intéresser au milieu d’origine de ce Huxley, frère de l’ardent supporter du darwinisme, pour savoir qui sont les véritables commanditaires du « Grand Remplacement », un concept forgé par Renaud Camus, plutôt que de s’imaginer la tenue d’une réunion de chefs du village africain imitant la scène des protocoles des sages de Sion, où la délibération consisterait à trouver la meilleure solution pour faire disparaître les Européens, fautifs d’avoir colonisé le continent noir. 

    À leur place, disent les tenants de cette théorie du « Grand Remplacement », doit émerger un homme nouveau, fruit d’un métissage, qui serait relié à ses semblables non par un lien social au sens fort où l’entendait Augustin d’Hippone, mais par le fétichisme de la marchandise, c’est-à-dire l’attraction qu’exercent piscines à débordement, smartphones dernier cri et berlines luxuriantes. 

    Il suffit de se promener dans le centre-ville de Marseille (bientôt la Canebière, au nom peu hallal, sera-t-elle rebaptisée Cane-thé-à-la-menthe ?) ou dans les transports en commun franciliens pour s’apercevoir ce qu’il nous est promis, à nous, descendants des Hyperboréens. 

    Le « Grand Remplacement » est précisément le premier sujet traité par l’iconoclaste essayiste traditionaliste Jean-Michel Vernochet dans L’imposture (chez l’éditeur Kontre-Kulture), ouvrage dans lequel il s’efforce de déterminer la nature réelle du projet que Macron dessine pour la France. Selon cet ancien journaliste au Figaro Magazine et à Radio Courtoisie, Macron ambitionne tout bonnement de parachever sa destruction. 

    1901356836.jpgLa feuille de route de l’énarque ex-fondé de pouvoir de la banque Rothschild n’est pas seulement de renforcer la soumission du pays réel (la France) au pays légal (la République) mais l’anéantissement pur et simple de ce vieux pays qui jadis s’enorgueillissait d’être la fille aînée de l’Eglise. d’où son tropisme cosmopolite et même sa « négrophilie » un tantinet lubrique signalée par l’humoriste Patrice Éboué dans une vidéo diffusée sur Twitter. Mais essaye-t-il seulement de la dissimuler au public ? 

    La crise migratoire actuelle parachève cette entreprise de démolition. L’État français voit ainsi, note Vernochet, les instruments de sa souveraineté lui être ôtés, notamment les services publics. Or la puissance publique ne disparaît pas pour autant, elle passe juste sous pavillon européen, onusien ou américain. Ce serait une erreur de penser que la « décomposition de l’État souverain » décrite par l’auteur coïnciderait avec l’accroissement des libertés publiques. Celui-ci avance que Macron est l’intendant d’un ordre qui entend « régenter le moindre détail de nos vies » (p. 58). 

    Les deux hommes, bien que l’un soit progressiste et l’autre réactionnaire, s’accorderaient néanmoins sur une chose : l’importance du pouvoir médiatique. Cette puissance qui contribua de manière décisive à l’élection de Macron, souvenez-vous des affaires Pénélope Fillon et Étienne Chatillon, ce même Macron la dénonça au moment de l’affaire Benalla. Vernochet soutient que le Quatrième pouvoir, la presse, est devenu le Premier. Lors de l’élection présidentielle de 2017 elle a « fait d’un presque inconnu un chef d’Etat en brûlant toutes les étapes d’un ordinaire cursus honorum. » (p. 103) Le vrai titulaire du pouvoir n’est pas Macron, il n’est que le polichinelle de Rothschild & Cie, le fidéicommis, pour reprendre un vocable cher à notre auteur, des bancocrates qui règnent par le truchement des médias qu’ils contrôlent. 

    Et cette réalité existe depuis de nombreuses années : dans L’argent d’Émile Zola l’homme d’affaires Saccard achète un journal catholique en difficulté, « L’espérance », pour faire la promotion de sa Banque Universelle. Le romancier était naturaliste, la collusion entre la finance et les médias qu’il mit en lumière, n’était en rien le fruit de son imagination mais un fait réel qu’il avait découvert dans le cadre de ses recherches préalables à l’écriture de son livre. 

    Si le volume de Jean-Michel Vernochet manque d’un réel fil conducteur explicitement posé dans un exorde introductif – on pense d’après le titre que le livre est un portrait de Macron, puis le début se focalise sur le « Grand Remplacement » sans aucune mise en perspective entre les deux éléments –, ce qui lui donne un côté brouillon ; il est utile dans le sens où il présente des faits et des réflexions originales. 

    Il nous renseigne, en particulier, sur ces lois qui sont votées en toute discrétion, parce qu’elles revêtent une dimension totalitaire, ou carrément anti-nationale. Qui a entendu parler du décret n° 2017-1230 du 3 août 2017 relatif aux provocations, diffamations et injures non publiques présentant un caractère raciste ou discriminatoire, mentionnée page 52 ? Ou de la loi du 7 mars 2016 instituant un contrat d’intégration républicaine (C.I.R.), en lieu et place du contrat d’accueil et d’intégration (C.A.I.), évoqué page 94 ? 

    Il nous invite en outre à s’essayer toujours à penser au-delà de la doxa ; par exemple, l’obligation des 11 vaccins pour les écoliers n’est peut-être pas tant un complot contre l’intégrité physique de nos enfants fomenté par l’industrie pharmaceutique avec la complicité de la ministre stipendiée ès Santé Agnès Buzyn, qu’un moyen de prévenir les risques d’épidémies venues de l’étranger. Le choléra qui sévit actuellement en Algérie est là pour le souligner. Certaines écoles ont dû traiter cette très inquiétante problématique à la rentrée 2018.      

    Et Vernochet nous fait découvrir, enfin, en vertu de sa grande érudition, des pépites qu’il déterre du vaste terrain en friche de la connaissance universelle. L’idole de la sociologie française, Émile Durkheim, un misogyne ? Oui, il écrivit la chose suivante : « L’inégalité [entre les deux sexes] va également en s’accroissant avec la civilisation, en sorte qu’au point de vue de la masse du cerveau et, par suite, de l’intelligence, la femme tend à se différencier de plus en plus de l’homme. La différence qui existe par exemple entre la moyenne des crânes des Parisiens contemporains et celle des Parisiennes est presque double de celle observée entre les crânes masculins et féminins de l’ancienne Égypte. » (cité p. 14) N’y aurait-il pas lieu dès lors d’ôter le nom de ce descendant « d’une lignée de rabbins » des manuels de Sciences économiques et sociales (S.E.S.) ? Voilà un nouveau combat à mener, chères féministes ! 

    L’imposture prédit l’impopularité actuelle du chef de l’État, qui, paraît-il, est de plus en plus isolé. Si les Français n’ont pas attendu sa sortie pour réaliser que le président qu’ils ont choisi est un imposteur dont le profil est à mi-chemin entre Benjamin Braddock (Le Lauréat) et Jordan Belfort (Le loup de Wall Street), ceux qui voudront comprendre les ressorts de cette disgrâce spectaculaire auront à lire ce précieux nouvel opus de Jean-Michel Vernochet.  

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    L'imposture,
    de Jean-Michel Vernochet,
    107 p., éd. Kontre-Kulture, 2018, 13 €  

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    Affiche d’information de l’école primaire « National » (Marseille)

  • Cinéma • Mademoiselle de Joncquières

     

    Par Guilhem de Tarlé

    A l’affiche, Mademoiselle de Joncquières, un film d’Emmanuel Mouret, avec Cécile de France (Mme de La Pommeraye), Edouard Baer (le marquis des Arcis), Alice Isaaz (Mademoiselle de Joncquières), adapté de Jacques le Fataliste, de Diderot.


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    Vengeance, VENGEANCE, VENGEANCE… j’ai déjà eu l’occasion de rappeler cette fureur du Capitaine Haddock dans Le crabe aux pinces d’or.

    La vengeance dit-on est un plat qui se mange froid, et Mme de la Pommeraye s’en délecte avec l’élégance du 18ème siècle dans le conte du « mariage saugrenu » que l’hôtesse nous rapporte au hasard d’un gite où Jacques et son maître avaient la nuit à passer.

    68ba53e_4QcayNVxbGf9VHSGQcFbCfYl.jpgA vrai dire, je partage le sentiment du valet sur cette « diable de femme ! Lucifer n’est pas pire » qui, sous le couvert très actuel du « Balance ton porc », assouvit en réalité un orgueil bafoué (« Cette merveilleuse Madame de La Pommeraye s’est donc faite comme une d’entre nous… ») et sa jalousie de n’être pas autant aimée que Mademoiselle de Joncquières, pour laquelle elle éprouve le plus grand mépris : « Qui êtes-vous ?  Que vous dois-je ? A quoi tient-il que je ne vous renvoie à votre tripot ?  Si ce que l’on vous offre est trop pour vous, c’est trop peu pour moi ».

    582375.jpgC’est ce « mariage singulier » qu’Emmanuel Mouret nous restitue en images magnifiques et avec  les dialogues mêmes de Diderot… à voir absolument, et à faire voir aux collégiens et lycéens qui ont « le siècle des Lumières » au programme…

    Une seule question : d’où vient ce nom de Joncquières que je n’ai pas retrouvé dans le roman où l’on lit pourtant bien ceux de La Pommeraye et du marquis des Arcis, tandis que la mère et la fille s’appelaient Duquênoi, qui tenaient leur commerce sous le nom de Mme et Mlle d’Aisnon ?    

    PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et plusieurs dizaines d’autres sur mon blog Je ciné mate.

  • Prochain « Secrets d’Histoire » sur « Louis-Philippe et Marie-Amélie, notre dernier couple royal »

     

    C'est le blog La Couronne qui nous l'apprend en ces termes :

    Monsieur Stéphane Bern vient d’annoncer que le prochain numéro de son émission « Secrets d’Histoire », diffusé sur France 2, le mardi 30 octobre à 21h, sera consacré à « Louis-Philippe et Marie-Amélie, notre dernier couple royal ». 

    photo-blog3.pngEn janvier dernier, Son Altesse royal le Duc de Vendôme avait  reçu au Domaine Royal de la chapelle de Dreux, Stéphane Bern et son équipe pour le tournage de plusieurs séquences de cette émission avec notamment une interview du Prince Jean qui connaît parfaitement l’histoire du Domaine Royal puisqu’il y réside à l’année avec sa famille.

    Après le tournage avec le Dauphin de France à Dreux, Stéphane Bern avait poursuivi son périple au château d’Eu afin de narrer aux téléspectateurs la vie et les tribulations du Roi Louis-Philippe et de la Reine Marie-Amélie. Le dernier couple royal français appréciait vraiment cette demeure de campagne normande où régnait une vie familiale harmonieuse au milieu des collections de tableaux de la Grande Mademoiselle. 

    Une belle émission historique avec en bonus la présence du Dauphin de France… Bref une belle émission à ne rater sous aucun prétexte.