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Idées, débats... - Page 413

  • Cinéma • Alpha

     

    Par Guilhem de Tarlé

    A l’affiche, Alpha, un film d’aventure américain d’Albert Hughes, avec Kodi Smit-McPhee (Keda).

     

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    Pour fêter le départ en vacances de notre M. Hulot, cette histoire de chasse tombait à pic comme ces bisons que poursuivaient nos ancêtres d’il y a 20 000 ans, et ce malheureux Keda.

    L’histoire, qui se veut bêtement – c’est le cas de le dire - la Genèse du chien, est cousue de fil blanc, pleine d’invraisemblances, mais riche des grands espaces qui manquent au Dogman, le huis clos, lui aussi canin, vu la veille.

    La violence y est différente, celle de la chasse et de la préhistoire, finalement « en même temps » plus et moins animale, mais le regard d’Alpha rappelle celui des clients du toiletteur.

    Whıte-Fang-2-770x426.jpgC’est en quelque sorte un nouveau Croc-Blanc (photo) pour jeunes adolescents qui ne seraient pas trop sensibles, en tout cas une belle histoire de volonté et de fidélité, un film sain dans un monde brutal qui n’est pas de brutes.

    Nous avons d’ailleurs un bon souvenir du Livre d’Éli, du même réalisateur avec son frère Allen.    

    PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et plusieurs dizaines d’autres sur mon blog Je ciné mate.

  • Littérature - Idées • Tiouttchev poète et contre-révolutionnaire

     

    Par Marc Froidefont 

    Un article qui nous fait découvrir un grand auteur russe pratiquement inconnu en France. Poète et contre-révolutionnaire. Et qui nous renseigne aussi sur la Russie. Sur son âme, sa profondeur.  LFAR

     

    I-Miniature-17255-marc-froidefont.net.htm.jpgLes éditions Interférences viennent de publier un livre, intitulé sobrement Poèmes, et qui est un recueil de quelques poésies de Fiodor Tiouttchev, élégamment traduites par Sophie Benech. Cet ouvrage est remarquable. 

    En tant que livre, on ne peut que féliciter les éditions Interférences pour le soin apporté à la présentation, à la mise en page, à la beauté même du papier utilisé. Remarquable aussi en tant que texte, chacun sait, ou du moins devine, les difficultés qu’il y a à traduire la poésie russe ; les précédents traducteurs de Tiouttchev, tant Paul Garde que François Cornillot avaient déjà averti leurs lecteurs des difficultés d’une telle entreprise. Remarquable, enfin et surtout, est l’idée même d’éditer un livre de Tiouttchev, car, comme l’écrit Sophie Benech dans son avant-propos : « Le nom de Fiodor Tiouttchev est peu connu des lecteurs français, pour ne pas dire totalement inconnu ».

    Le poète

    Cette ignorance du public français est regrettable, car de l’avis même des écrivains et des poètes russes, Tiouttchev (1803-1873) est l’un des plus importants d’entre eux. Tolstoï a été jusqu’à affirmer que « sans lui, on ne peut pas vivre … ». Une telle appréciation est largement partagée, Paul Garde rappelle que Dostoïevski  l’appelait « notre grand poète » et que Tourguéniev disait : « On ne discute pas Tiouttchev, celui qui ne le sent pas ne fait que montrer qu’il ne sent pas la poésie elle-même ». Il est vrai que Tiouttchev n’a jamais cherché la célébrité. Né dans une famille noble, Tiouttchev entre à 19 ans dans la carrière diplomatique, il est en poste pendant de très longues années à Munich, retourne enfin en Russie où il est nommé responsable de la censure au ministère des affaires étrangères. Il a écrit de nombreux poèmes, souvent courts, mais n’a pas cherché ni à les faire connaître ni à les publier. Ce sont d’autres poètes qui ont édité quelques-unes de ses poésies, l’auteur lui-même ne parlant que peu de son œuvre. La renommée de Tiouttchev a donc été relativement tardive et d’abord limitée à un public restreint. Aujourd’hui il est, en Russie, assez connu, certaines de ses poésies ont été accompagnées de musique, et d’autres sont particulièrement célèbres parce qu’elles expriment certains aspects de la nature humaine, mais aussi de la Russie.

    Remercions donc les éditions Interférences de contribuer à faire connaître la poésie de Tiouttchev et félicitons-la du choix qu’elle a fait parmi les poèmes. On peut ainsi lire une nouvelle traduction de Larmes humaines :

    « Larmes humaines, ô larmes des hommes, / Vous coulez au matin et au soir de la vie … / Vous coulez inconnues, vous coulez innombrables, / Vous coulez invisibles et intarissables, / Vous coulez comme coulent les ruisseaux de pluie, / Dans la profonde nuit, à la fin de l’automne. »

    Certes, ce livre contient moins de poèmes que les traductions précédentes de Paul Garde et de François Cornillot, mais si le but est de faire connaître Tiouttchev, l’ensemble est appréciable, et l’on peut même découvrir dans ce recueil une poésie qui n’était pas encore traduite, à savoir celle consacrée à Cicéron.

    Si Tiouttchev a été un grand poète, il a été surtout apprécié en son temps pour ses engagements en faveur de la politique russe, en tant que cette dernière défendait la chrétienté, contre tout ce qui venait de l’influence révolutionnaire. Sophie Benech reconnaît que Tiouttchev était même plus connu en tant qu’écrivain politique qu’en tant que poète : « De fait, ses interlocuteurs, qui font tous partie du grand monde, le connaissent plus pour ses prises de position et ses écrits slavophiles et absolutistes que pour ses vers lyriques ». Le livre édité par les éditions Interférences n’aborde pas cet aspect de l’oeuvre de Tiouttchev, les traducteurs antérieurs non plus, François Cornillot ayant privilégié les poésies se rapportant à la nature, ou plutôt aux éléments de la nature, comme l’eau, l’arbre etc. voyant dans l’évocation de la nature, la présence d’une transcendance, et quant à Paul Garde, tout ce qui est politique a été mis par lui de côté, au prétexte, à notre avis discutable, que les poésies politiques ou de circonstance sont « bien inférieures aux autres ».

    Le penseur contre-révolutionnaire

    Si donc le livre Poèmes de Tiouttchev publié par les éditions Interférences a le mérite d’attirer l’attention du public français sur une partie de l’oeuvre du poète russe, il ne sera peut-être pas inutile, dans les quelques lignes qui suivent, de présenter, brièvement, l’autre aspect de l’oeuvre de Tiouttchev, à savoir ses idées politiques et philosophiques. Tiouttchev a écrit la plupart de ses poésies en langue russe, il a cependant rédigé ses textes politiques dans une langue française pure et élégante, telle qu’on la pratiquait dans les milieux russes cultivés du XIX° siècle. On peut les lire aujourd’hui dans le tome 3 des Oeuvres Complètes de Tiouttchev, éditées à Moscou.

    Par sa position de diplomate russe à Munich, ville dans laquelle il a été en poste pendant vingt-deux ans, Tiouttchev était bien placé pour connaître les événements européens tant politiques que philosophiques. Il a connu personnellement Schelling et d’autres écrivains allemands, notamment Heine avec lequel il fut assez proche, mais c’est surtout à la culture française que Tiouttchev était sensible. François Cornillot, que nous avons cité plus haut comme traducteur, a aussi écrit une thèse volumineuse sur notre poète russe, dans laquelle il note qu’à Munich « On se tenait au courant de tout ce qui se publiait à Paris, on lisait surtout les journaux de Paris […] ». Ce n’est pourtant qu’à son retour définitif en Russie, que Tiouttchev développe ses analyses politiques.

    Il existait alors, si nous nous permettons de schématiser, deux grands courants chez les penseurs russes, ceux qui souhaitaient que la Russie s’inspirât de l’Occident, et ceux qui, à l’inverse, voulaient que la Russie restât elle-même, et fût fière de sa propre culture et de sa religion orthodoxe. Ce deuxième courant regroupait ceux que l’on nommait les slavophiles, dont la figure la plus célèbre a été Khomiakov. Il est à noter que, d’une certaine manière, cette division se retrouvait dans la politique du gouvernement russe, hésitant entre la défense des intérêts de la Russie et une influence non négligeable de l’Occident.

    Tiouttchev se range résolument dans le camp des slavophiles et exalte les valeurs de la Russie en tant qu’empire chrétien :

    « La Russie est avant tout l’empire chrétien : le peuple russe est chrétien non seulement par l’orthodoxie de ses croyances, mais encore par quelque chose de plus intime encore que la croyance. Il l’est par cette faculté de renoncement et de sacrifice qui fait comme le fond de sa nature morale. »

    Le poison de la Révolution

    Contemporain de la Révolution française de 1848, Tiouttchev en dénonce les effets, lesquels ne concernent pas seulement la France, mais l’Europe entière. C’est tout l’Occident qui est contaminé par le poison révolutionnaire : « la Révolution est la maladie qui dévore l’Occident ». Cette révolution cependant n’est que la suite de celle de 1789, c’est donc de cette dernière qu’il importe de montrer le principe, si l’on veut comprendre ses suites au siècle suivant. La Révolution française de 1789 n’est pas seulement un événement politique au sens où il ne s’agirait que d’un changement de régime, elle est bien plus que cela : elle est une insurrection contre la religion.

    « La Révolution est avant tout anti-chrétienne. L’esprit anti-chrétien est l’âme de la Révolution ; c’est là son caractère essentiel. Les formes qu’elle a successivement revêtues, les mots d’ordre qu’elle a tour à tour adoptés, tout, jusqu’à ses violences et ses crimes, n’a été qu’accessoire ou accidentel ; mais ce qui ne l’est pas, c’est le principe anti-chrétien qui l’anime […] ». La Révolution est donc un événement capital dans l’histoire de l’humanité : « Ce qui fait de la première révolution française une date à jamais mémorable dans l’histoire du monde, c’est qu’elle a inauguré pour ainsi dire l’avènement de l’idée anti-chrétienne aux gouvernements de la société politique

    Comment se caractérise cet anti-christianisme ? C’est bien sûr le refus de toute transcendance divine, mais Tiouttchev décrit cela d’une manière saisissante, en empruntant un mot fort employé dans la philosophie de son époque, d’abord par Fichte, puis par Stirner, un mot dont l’usage et les ravages n’ont fait que grandir jusqu’à nos jours, un mot pourtant tout simple : le moi.

    « Le moi humain, ne voulant relever que de lui-même, ne reconnaissant, n’acceptant d’autre loi que celle de son bon plaisir, le moi humain, en un mot, se substituant à Dieu, ce n’est certainement pas là une chose nouvelle parmi les hommes, mais ce qui l’était, c’est cet absolutisme du moi humain érigé en droit politique et social et aspirant à ce titre à prendre possession de la société. C’est cette nouveauté-là qui est appelée la Révolution française. »

    Tiouttchev ne manque pas de fustiger certaines caractéristiques de la mentalité révolutionnaire. L’idée de souveraineté du peuple tout d’abord, laquelle n’est que le corollaire du triomphe du moi, car qu’est-ce que le moi, sinon « cette molécule constitutive de la démocratie moderne » ? La souveraineté du peuple n’est rien d’autre que « celle du moi multiplié par le nombre ». Autre caractéristique de la mentalité révolutionnaire : la prétendue neutralité religieuse de l’État républicain, neutralité qui n’est qu’un mensonge : « Rétablissons donc la vérité des faits. L’État moderne ne proscrit les religions d’État que parce qu’il a la sienne, et cette religion, c’est la Révolution ».

    Selon Tiouttchev, tout l’Occident est corrompu ou va être corrompu par l’idéologie révolutionnaire ; si la France a une grande part de responsabilité, l’Allemagne n’est pas en reste, une philosophie destructive y a « complètement dissous toutes les croyances chrétiennes et développé, dans ce néant de toute foi, le sentiment révolutionnaire par excellence : l’orgueil de l’esprit, si bien qu’à l’heure qu’il est, nulle part peut-être cette plaie du siècle n’est si profonde et plus envenimée qu’en Allemagne ».

    La Russie chrétienne

    Face à cette débâcle, à cet Occident où l’on voit « la civilisation se suicidant de ses propres mains », que faire ? Avoir confiance en la Russie, ou plus exactement dans la mission qu’a la Russie, et cette mission est de sauvegarder la chrétienté. Il s’ensuit qu’entre les idées révolutionnaires venant de l’Occident et la chrétienté russe, il ne peut qu’y avoir conflit. Tiouttchev le dit sans aucun détour :

    « Depuis longtemps il n’y a plus en Europe que deux puissances réelles : la Révolution et la Russie. Ces deux puissances sont maintenant en présence, et demain peut-être, elles seront aux prises. Entre l’une et l’autre il n’y a ni traité, ni transaction possibles. La vie de l’une est la mort de l’autre. De l’issue de la lutte engagée entre elles, la plus grande des luttes dont le monde ait été témoin, dépend pour des siècles tout l’avenir politique et religieux de l’humanité. »

    Que la Russie ait confiance en sa mission, cela implique qu ‘elle soit forte politiquement et militairement, et l’expression de cette puissance doit d’abord être la reconquête par les chrétiens de Constantinople, vœu qui était aussi celui de Joseph de Maistre.

    Tiouttchev espère l’union des deux Églises, la latine et l’orientale, et il va de soi qu’en tant que russe et orthodoxe, cette union est comprise comme le retour de l’Église de Rome vers l’orthodoxie.

    Les événements ont durement éprouvé les idées de Tiouttchev. De son vivant, comme beaucoup d’autres Russes, il a été fort dépité quand, lors de la guerre entre les Russes et les Turcs, le gouvernement russe a finalement laissé Constantinople aux Turcs. Plus tard, l’issue de la guerre entre Napoléon III et la Russie a été aussi amèrement vécue. Qu’eût pensé Tiouttchev s’il avait pu voir les événements de 1917 et l’emprise du communisme en Russie? Sans doute eût-il vu là une épreuve, une douloureuse épreuve. Il est aisé de voir cependant que si Tiouttchev s’est trompé pour ce qui est de l’histoire immédiate, ce qu’il a écrit de son temps n’est pourtant pas sans intérêt pour le nôtre. Le triomphe de l’individualisme, ce que Tiouttchev appelait le moi, est patent en Occident, tout autant que sa décadence spirituelle, bien que les prémices d’un renouveau puissent çà et là apparaître. En Russie, ce renouveau est d’une certaine manière déjà là, ou du moins en marche, puisque le pouvoir politique semble s’appuyer de plus en plus sur la chrétienté. Tiouttchev avait donc raison de croire en la Russie. Une de ses poésies les plus célèbres l’exprime, voici la traduction littérale qu’en donne Sophie Benech :

    « La Russie ne se comprend pas par l’intelligence / Ni ne se comprend à l’aune commune / Elle possède un statut propre / La Russie, on ne peut que croire en elle. »   

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    Domaine natal du poète à Ovstoug

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    Théologie de Joseph de Maistre  de Marc Froidefont  42€

    Marc Froidefont

    Politique magazine

  • Sacrés Jean-François Kahn ... et Victor Hugo !

     

    th.jpgJean-François Kahn : « Victor Hugo ne se reconnaîtrait pas dans l'Europe d'aujourd'hui »

    Ayant écrit deux essais sur l'auteur des Misérables, le journaliste et écrivain, fondateur de l'hebdomadaire Marianne, décrit l'incroyable trajectoire politique de Victor Hugo - du monarchisme conservateur au républicanisme très avancé. [Les éditions Pluriel viennent de rééditer dans un même tome deux essais de Jean-François Kahn consacrés à Victor Hugo :  « Hugo, un révolutionnaire » et « L'Extraordinaire Métamorphose »].

    De l'entretien qu'il a donné à Alexandre Devecchio pour le Figaro Magazine (dernière livraison - 24.08) nous retenons les passages les plus actuels. Toutes réserves faites, évidemment, sur la pensée politique de Victor Hugo comme de Jean-François Kahn. Intéressantes malgré leur manque de cohérence !  LFAR

     

    victor-hugo.jpgHugo croyait dans les États-Unis d'Europe. Serait-il toujours européen, actuellement ?

    Il ne se reconnaîtrait pas dans l'Europe d'aujourd'hui qui synthétiserait, à ses yeux, le pire de la chèvre et le pire du chou. Il y a d'ailleurs chez Hugo ambivalence. Il n'a de cesse d'appeler de ses vœux les États-Unis d'Europe, à quoi succédera la « République universelle », mais, ultrapatriote, il n'imagine pas un instant que Paris n'en soit pas la capitale et le français la langue officielle. Il préside régulièrement le Congrès de la paix mais, en 1870, il appelle à la guerre totale contre l'envahisseur prussien.

    Vous soulignez la radicalité et la modernité de son œuvre. Que nous dit Hugo de notre époque? Les Misérables est-il toujours un livre d'actualité ?

    Je suis convaincu qu'il aurait stigmatisé la dérive monarchico-présidentialiste (les institutions de la Ve République n'auraient pas été sa tasse de thé) que révèle le fait qu'un simple subalterne se croit tout permis dès lors qu'il est le chouchou du roi, mais qu'il aurait dénoncé tout autant la déconnexion entre cette affaire de cornecul et l'hystérie politico-médiatique qui en a fait un mixte de l'affaire Dreyfus et de l'incendie du Reichstag.

    Il faut lire certains poèmes tardifs ou posthumes : on a l'impression qu'ils dénoncent le stalinisme (ou même le communisme en général : « ayant vu les abus, ils disent - supprimons ! Puisque l'air est malsain retranchons les poumons ! »), les Khmers rouges et Daech, l'intervention américaine en Irak, la financiarisation néolibérale, l'intégrisme islamique, le « politiquement correct », la réaction droitière et le gauchisme (« l'un refait le donjon, l'autre refait le cloître »). On croit ici qu'il évoque Laurent Wauquiez ou Jean-Luc Mélenchon, parfois Emmanuel Macron.  ■ 

  • Patrimoine • Refuser l'interdit jeté sur Maurras et sur sa maison à Martigues ! Suite ...

     

    « Nous ce qu'on dit, c'est que cette maison elle n'est rien. Ce n'est pas un musée. C'est quatre murs où a vécu Charles Maurras. Rien d'autre. Eh oui ! C'est tout. »

     

    soleil.jpgLe vendredi 9 février 2018, Franz-Olivier Giesbert est à Martigues, pour la chaîne C8. Il doit y réaliser un court reportage sur Charles Maurras destiné à l'émission de Thierry Ardisson Salut les terriens programmée le surlendemain dimanche en soirée.

    Franz-Olivier Giesbert souhaite visiter, sinon la maison, en travaux, du moins le jardin de Maurras, chemin de Paradis. Il se rend à la mairie de Martigues pour en obtenir l'accès - dont il sait par avance qu'il lui sera refusé. A lui, à son cameraman et aux personnes qui l'accompagnent, dont un jeune cadre de l'Action française qu'il interviewera.   

    sam_12.jpgLa mairie lui refusera effectivement l'accès au jardin dans les termes étonnants qu'on peut lire en exergue de cet article. Et ce via un agent municipal chargé de cette réponse évidemment marquée par le sectarisme, l'ignorance et le simple déni de réalité. Franz-Olivier Giesbert filmera la maison et le jardin de Maurras de l'extérieur...

    Le déni de réalité porte sur bien des éléments littéraires, poétiques, historiques, dont la mairie de Martigues semble ignorante. Mais le déni de réalité porte aussi sur l'histoire municipale elle-même. Notamment sur les circonstances même du transfert de propriété de la maison de Maurras, de sa famille à la municipalité de Martigues. 

    Dessin de Jean Chièze.jpgCe transfert eut lieu le 27 septembre 1997, au cours d'une cérémonie tenue dans les jardins de la maison du Chemin de Paradis, en présence de Paul Lombard, maire (communiste) de Martigues (de 1968 à 2009), de Jacques Maurras, neveu de Charles Maurras et de Michel Déon, de l'Académie française. Michel Déon avait été secrétaire de Charles Maurras à Lyon pendant l'Occupation. Il était de l'Académie française, institution à laquelle Maurras avait appartenu. De nombreuses personnes,  assistaient à la cérémonie dans le jardin dont l'actuelle équipe de Lafautearousseau

    Des allocutions furent échangées entre Jacques Maurras et Paul Lombard qui fit part de la qualité de ses relations avec Jacques Maurras. Paul Lombard était sans-doute un homme intelligent, cultivé et dénué du sectarisme dont font preuve ses successeurs, ou une partie d'entre eux. Michel deon_2003.jpgDéon prononça enfin un superbe discours, de pleine fidélité au maître de sa jeunesse. Ce discours, Paul Lombard l'entendit. Nous comptons bien le publier un jour prochain. Il y a de nombreux témoins de cet après-midi de septembre 1997 qui ne laissait pas présager l'ostracisme de tout ou partie de l'actuelle équipe municipale.Une plaque apposée sur la maison (ci-dessous) commémore cette journée.

    Pourquoi avons-nous rappelé, raconté cela ? Parce qu'il faut « refuser l'interdit jeté sur Maurras et sur sa maison à Martigues ! » et s'employer activement à ce qu'il soit levé. On lira les articles que nous avons déjà publiés sur ce sujet*. Et bien-sûr nous y reviendrons.   ■  

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     Lire aussi dans Lafautearousseau ...

    Refuser l'interdit jeté sur Maurras et sur sa maison à Martigues !

    Refuser l'interdit jeté sur Maurras et sur sa maison à Martigues ! Suite et précisions ...

  • Livres & Histoire • Pour en finir avec Lénine

     

    Par Anne Bernet

     

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    Dès les années 30, il n’ était question que du marxisme-léninisme. Lénine a été statufié, y compris par nos intellectuels français. On sait, aujourd’hui, tout sur l’idole. La Russie officielle ne célèbre plus la révolution d’Octobre, on comprend pourquoi. 

    Journaliste au style imprécatoire, agitateur qui préférait préparer « le grand soir » loin d’un pays où il risquait la prison, mais surtout idéologue prisonnier de sa vision fantasmatique du monde, Vladimir Ilich Oulianov, dit Lénine, n’aurait jamais dû parvenir au pouvoir. Un concours de circonstances néfastes devait pourtant l’y conduire en octobre 1917, pour le plus grand malheur de son pays, et du monde.

    Stéphane Courtois fut communiste ; il rêva de dictature du prolétariat ; il admira Lénine. Il en est bien revenu et a eu le courage, non seulement de le dire mais de partir en guerre contre une conception de l’homme porteuse des crimes les plus sanglants de l’histoire de l’humanité. Continuant son implacable étude du communisme, il publie un Lénine, inventeur du totalitarisme (Perrin), qui met à mal, une fois pour toutes, la vulgate selon laquelle Oulianov aurait été dépassé sur sa gauche par Staline, véritable créateur d’un modèle politique de type dictatorial. Courtois l’affirme, et le prouve, loin d’avoir servi de prête-nom à Staline, Lénine fut le seul responsable de la mise en place du régime de terreur qui s’abattit bientôt sur le pays. 

    Bourgeois anobli et rebelle

    Rien ne prédisposait pourtant Vladimir Ilich, fils d’enseignant anobli, propriétaire foncier, à devenir maître d’œuvre d’une révolution.

    Né en 1870 à Simbirsk, sur la Volga, Vladimir a une enfance heureuse dans un milieu préservé. Ses parents, qui lui transmettent du sang russe, allemand et juif, soutiens fidèles de la monarchie et de l’église orthodoxe, sont ouverts aux idées nouvelles et aux réformes mais rejettent avec indignation les méthodes des groupuscules d’extrême gauche qui veulent obtenir la chute du régime à grand renfort de crimes politiques et de terrorisme.

    Tout bascule lorsqu’en 1886, M. Oulianov est foudroyé par une hémorragie cérébrale. La mort du père arrache aux adolescents leurs repères traditionnels. Quelques mois plus tard, les aînés, Alexandre et Anna, étudiants à Saint-Pétersbourg, sont arrêtés pour avoir participé à une tentative de régicide. Considéré comme l’artificier du groupe, – il étudie la chimie –, Alexandre revendique sa responsabilité dans l’attentat manqué. La vague terroriste qui secoue alors la Russie, causant des milliers de mort n’incite pas la justice à l’indulgence ; condamné à mort, le garçon est pendu en mai 1887, à 21 ans.

    Ce drame décide de l’avenir de Vladimir. L’on peut se demander ce qu’il serait advenu si Alexandre avait été gracié, imaginer son frère se consacrant à ses brillantes études, vivant l’existence protégée d’un « fils de noble héréditaire », ainsi qu’il aime à se décrire. Mais Alexandre est exécuté et le cadet, qui s’identifie désormais à lui, part dans une dérive vengeresse, se vouant à la cause pour laquelle il est mort. Son renvoi de l’université pour activisme n’arrange rien ; il occupe ses loisirs à dévorer la littérature révolutionnaire dont, bientôt, il se fera le théoricien. Stéphane Courtois, qui a choisi d’écrire, non une biographie classique, mais une histoire de l’idéologue, analyse par le menu ces lectures, leur influence. Très vite, le jeune homme théorise sa propre vision de la révolution, qui ne saurait admettre aucun compromis, aucune solution pacifique, aucune évolution lente, aucune entente avec les mouvements socialistes réfutant l’action violente.

    Comme l’explique Dominique Colas dans une étude serrée des années qui suivent la Révolution d’Octobre, Lénine (Fayard), Vladimir Ilich, qui ne sera jamais un homme d’action, – Courtois souligne combien le courage physique lui fait défaut … – est un maître du discours et de l’écriture, un imprécateur, et il s’en servira afin d’éliminer tous ceux qui se mettront en travers de ses projets et de ses ambitions.

    Pourtant, en dépit de ses incontestables qualités, son intelligence, son charisme, ses dons oratoires, Oulianov semble voué à la descente aux enfers des déclassés et des ratés. S’il a pu reprendre ses études universitaires et devenir avocat, il est arrêté en 1895 pour son action subversive et déporté en Sibérie, près de la Lena, fleuve qui lui inspirera son nom de guerre. Détention plutôt douce, qui lui permet de vivre aux frais de l’État, de continuer à lire, écrire, préparer la révolution, et d’épouser une camarade de lutte, Nadedja Krouspkaia, vertueux laideron marxiste qui lui servira de femme à tout faire avec un dévouement aveugle. Elle l’accompagne dans un exil qui, d’Autriche en Pologne, de Finlande en France, de Suisse en Allemagne, même adouci par les subventions du Parti révolutionnaire dont il a réussi à prendre la direction, semble ne devoir jamais finir. En 1916, alors que la guerre, en empêchant que lui soient versés ses subsides, met Lénine dans une position financière intenable, il désespère complètement de la révolution.

    La révolution sert Lénine

    Comme déjà en 1905, les événements de 1917 prennent de court cet homme détaché de la réalité. Mais, cette fois, Lénine est en Russie, où il s’est fait rapatrier d’urgence par les Allemands, contre promesse, s’il prend le pouvoir, de faire sortir son pays du conflit. Les tombeurs de la monarchie, pétris de principes bourgeois, ne tarderont pas à comprendre qu’ils ne sont pas de taille à lutter contre un adversaire pour qui arriver au pouvoir et le conserver excuse et justifie tout.

    Courtois a des pages flamboyantes et terrifiantes sur la pensée de Lénine, son opportunisme glacial, son caractère, son incapacité voulue et assumée à éprouver des sentiments normaux, à commencer par la compassion, qu’il abhorre. Cela explique la suite.

    Lénine, il le reconnaît lui-même, ne connaît rien ni de la vie réelle, à laquelle il ne s’est jamais frottée, ni de la Russie, imaginée à travers ses fantasmes. Fils de bonne famille, il déteste la paysannerie. En 1891, il a froidement laissé mourir de faim ses moujiks sans fournir le moindre secours. Désormais, il doit confronter son idéologie à la réalité. Bien entendu, elle s’y brisera mais, en révolutionnaire conséquent, il fera en sorte, non de réformer sa pensée fautive, mais d’épurer la société russe qui ne sait pas s’adapter aux grandioses visions de son génie.

    Pour cela, il a besoin d’armes ; ce seront la Tcheka et l’Armée rouge, dont il couvrira sans états d’âme les pires exactions. À l’instar de Robespierre, son idole, il sera toujours informé des crimes commis par ses agents sur le terrain, prévenu qu’il a donné les pleins pouvoirs à des bandits de grand chemin défoncés à la cocaïne et la vodka. Il laissera faire. Pareillement, et Courtois est sur ce point formel, il prendra seul, en juillet 1918, la décision de liquider la famille impériale sans procès, faisant poursuivre et exécuter tous les Romanov encore présents sur le territoire soviétique. Toujours inspiré par Robespierre, il entreprend d’anéantir les « Vendée russes », qu’il s’agisse des armées blanches ou des cosaques du Don. Ainsi forge-t-il en peu de temps tous les instruments de coercition qui permettront, entre les mains de Staline et de ses successeurs, de durer par la terreur.

    Photo-histoire-3.jpgMais les faits sont tenaces. La construction du paradis rouge se révèle plus difficile que prévu, impossibles peut-être. Effet de la désillusion, et du surmenage, Lénine meurt, victime d’accidents cérébraux répétés qui l’ont laissé intellectuellement amoindri, le 21 janvier 1924.

    Restait à rendre à sa dépouille momifiée un culte idolâtrique, satanique eût dit le cher Volkoff, qui compte encore des adeptes.

    Quant au bilan de sa tyrannie, Witte, le ministre de Nicolas II, l’avait prophétisé dès 1905 : « Ces tentatives (pour mettre en œuvre le « socialisme ») échoueront, mais elles détruiront la famille, l’expression de la foi religieuse et tous les fondements du droit. » Il avait raison. Cent ans après, nous le constatons tous les jours. 

     

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    Parade sur la place rouge, lors du 15e anniversaire de la révolution d’octobre : 1932

     

    Lénine inventeur du totalitarisme
    Stéphane Courtois – Perrin, 500 p, 25 €.

    Lénine inventeur du totalitarisme - Politique Magazine

    Lénine
    Dominique Colas – Fayard, 525 p, 25 €.

    Lénine - Politique Magazine

     
  • Schopenhauer : « Ce qui distingue si profondément la dignité royale de la simple présidence »

     

    500_F_79193016_X1rDvMeHVa9hGGSiAt6IbVuK2VunwsiJ.jpg« La grande valeur, voire l'idée fondamentale de la monarchie, me semble reposer sur ceci que, comme les hommes restent des hommes, il faut en placer un dans une position si élevée, lui donner tant de pouvoir, de richesse, de sécurité et d'absolue inviolabilité, qu'il ne lui reste plus rien à souhaiter, à espérer, à craindre pour lui-même ; de ce fait, l'égoïsme, qui lui est inhérent comme à chacun, se trouve anéanti comme par neutralisation, et il devient désormais apte, comme s'il n'était pas un être humain, à exercer la justice et à ne plus viser son bien-être privé, mais le bien-être public. Voici l'origine de cette présence pour ainsi dire surhumaine qui accompagne toujours la dignité royale et la distingue si profondément de la simple présidence. C'est aussi pourquoi elle doit être héréditaire, c'est-à-dire non élective : en partie pour qu'aucun sujet ne puisse voir dans le roi son égal, en partie pour que le roi ne puisse s'occuper de ses descendants qu'en s'occupant du bien de l'État, lequel bien ne fait qu'un avec le bien de sa famille. »  

    Schopenhauer

    Le Monde comme volonté et comme représentation

    Merci à Jean de Maistre

  • Famille de France • Spectacle à Chambord pour les jeunes princes de France

     

    681750-le-duc-et-la-duchesse-de-vendome-950x0-3-2-978x855.jpgDe retour de leurs vacances  en Lauragais puis au bord de la Méditerranée, le prince Jean et la princesse Philoména ainsi que leurs enfants ont fait une étape au Château de Chambord.

    Ils ont assisté au spectacle de chevaux et de rapaces qui se tenait dans les écuries du Maréchal de Saxe.

    Dans une ambiance qui transporte le public à la cour de François Ier, on reconnaît de gauche à droite les quatre enfants du Dauphin et de la Dauphine de France  : la Princesse Louise-Marguerite, le Prince Joseph, le Prince Gaston et la Princesse Antoinette. (Source Noblesse & Royautés).

    L'information a été donnée également par La Couronne, qui l'a accompagnée d'une petite vidéo présentant le spectacle auquel ont assisté les jeunes princes de France.

    Ce spectacle - Chevaux et rapaces à Chambord : François Ier, le roi chevalier -  est présenté jusqu’au 30 septembre.  

     

    Merci aux deux blogs sus-cités.

  • Livres • Cicéron s'invite en terrasse place Porta pour une séance dédicace

     

    Par Corse Matin du 23 août 2018

     

    XVM825c3e2e-7609-11e8-9988-c6152e0685ac.jpgUne conversation inédite, qui prend racine a la terrasse d'un café sur la place Porta. Avec comme ombre tutélaire, Cicéron, l'avocat, consul, philosophe, mort en - 43 av J-C.

    Jacques Trémolet de Villers, avocat pénaliste et écrivain, a imaginé une conversation avec l'auteur latin, qui se déroule dans le village de Vivario, dans le livre paru en avril aux éditions Belles Lettres, En Terrasse avec Cicéron.

    À la terrasse du « Bien Assis », bondée, on entend parler d'Aristote, de la Grèce antique et d'amitié.

    Avec Olivier Battistini, Sartenais, helléniste, enseignant à l'université de Corte, (qui publie le 6 novembre, Alexandre le Grand, le philosophe en armes), les deux hommes ont accueilli lecteurs et amis, pour un moment d'échange et de dédicaces.

    Le rendez-vous des lettrés

    Comme dans la tradition des conversations chez les anciens, Jacques Trémolet de Villers qui a grandi à Vivario, donne la parole à Cicéron. Il déroule des échanges sur la vie, la souffrance, le bonheur, la richesse et la gloire. « Cicéron à Vivario comme à Sartène, est au coeur des conversations ordinaires, notait Oliver Battis-tini. Toute la sagesse des philosophes, c'est d'être capables d'apprécier par la conversation éphémère et essentielle. l'instant présent, qui se déroule ur place, pour aller dans le futur 

    cicéron.pngJacques Trémolet de Villers, sur l'invitation de son éditeur après son précédent ouvrage, Jeanne d'Arc. Le procès de Rouen, a relu l'oeuvre complète de Cicéron. « J'ai recherché les passages qui me parlaient et semblaient le plus actuels », dit-il, entouré d'amis, pour la plupart avocats ou professeurs de littérature, qui s'empressent autour de lui pour une dédicace.

    Une conversation, au bar, avec Cicéron

    L'action se déroule à Vivario, de nos jours, et Cicéron ne converse qu'avec les disparus du village. « Les paroles de Cicéron sont toujours de lui et s'accordent merveilleusement avec les sujets d'aujourd'hui. II discute avec les anciens de Vivario. Souvent dans le livre ce sont des dialogues qui ont vraiment existé et que j'ai entendus », raconte l'avocat.
    Un précepte qui a éclos naturellement hier en fin de matinée à la terrasse du café. "

    « L'amitié, la « phiia », c'est surtout la rencontre avec l'autre, et donc la rencontre avec soi-même. Comme si l'autre nous tendait un miroir ».

    cicéron - Copie.pngDans cet ouvrage (le 10e de l'auteur), Trémolet de Villers montre que Cicéron, athlète de la parole et maître des avocats, est encore aujourd'hui au centre des conversations ordinaires. « Dans les cafés de Corse, les conversations nous opposent, nous rassemblent. Elles sont au coeur du monde politique, et la phiia est le fondement même de la chose politique », explique Oliver Battistini. lL place publique est le lieu central au sens géométrique, là où le pouvoir et la parole sont associés.

    Chaque chapitre est illustré par un dessin réalisé par Axelle, la belle-fille de Jacques Trémolet de Villers. Une idée originale. « J'ai retransmis la vision du village souhaitée par mon beau-père », indique l'illustratrice. Une promenade dans Vivario, un dialogue au bar du village, et Cicéron s'est assis près de nous.  A-F.I   

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    En terrasse avec Cicéron, Jacques Trémolet de Villers, Les Belles Lettres, 160 p, 15,90 € 

  • Cinéma • Tully

     

    Par Guilhem de Tarlé

    Tully :  un film américain de Jason Reitman, avec Charlize Theron (Mario, la mère de famille), Mark Duplass (Craig, son mari) et  Mackenzie Davis (Tully) 

     

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    Une comédie dramatique difficile à cataloguer… j’y suis allé sur la pointe des pieds – mais il fallait bien profiter d’une soirée sans petits-enfants.

    La question posée du burn-out de la mère de famille était intéressante, mas je craignais un scénario très scabreux et, en cours de séance, dans notre société souvent contre-nature, j’ai même redouté le pire… j’étais donc assez stressé durant toute la projection, pressé d’en voir la fin… certes je ne m’ennuyais pas, mais je ne trouvais aucun intérêt à l’histoire qu’on me racontait…

    C’est donc soulagé que je suis sorti de la séance, en constatant que j’avais été manipulé par le réalisateur dans un monde onirique ou cauchemardesque avec une « employée » aussi fictive qu’une certaine Pénélope.

    A quel moment s’est fait la bascule du monde réel dans le virtuel ? Je n’en ai aucune idée, et peut-être finalement faudrait-il revoir ce film (?)

    C’est du moins mon interprétation de ce long-métrage, que mon épouse a du mal à partager…

    Que ce commentaire ne vous trompe pas, c’est un film peut-être à revoir mais que je ne vous recommande pas de voir !  ■  

    PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et plusieurs dizaines d’autres sur mon blog Je ciné mate.

  • Un débat sur l'islamisation et le féminisme où Zemmour dit bien des vérités... A écouter !

     

    Sans commentaire. Il nous semble que ce débat (env. 25 minutes) mérite d'être écouté, médité, discuté. Du grand Zemmour !  LFAR

     

     [Janvier 2018]

  • Histoire & Patrimoine • Vidéo : Une chapelle pour les guerres de Vendée, un extraordinaire projet de transmission !

     

    soleil.jpgBravo à Boulevard Voltaire pour ce reportage. Et, bien-sûr, à Reynald Secher pour son projet. Sans oublier la jeunesse qui s'y consacre ! Bravo les jeunes !

     

    Boulevard Voltaire est allé en Vendée sur les lieux du chantier du Mémorial des guerres de Vendée pour rencontrer les acteurs de ce projet lancé par Reynald Secher, il y a 25 ans. L’historien revient sur l’histoire du projet et sa mise en œuvre. Les jeunes en pleine action se livrent au micro de Boulevard Voltaire sur leur engagement qui devrait susciter d’autres vocations. À ne surtout pas manquer.   

     

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    www.bvoltaire.fr

  • Idées • Maurras tel qu'en lui-même : Pour en finir avec le temps où les Français ne s'aimaient pas ...

    D'illustres admirateurs et quelques grands amis ...

     

    3717013392.jpgIl y a cent-cinquante ans - un siècle et demi ! - que Maurras est né à Martigues, en Provence [1868] « au bord des eaux de lumière fleuries » [1|

    Il y a plus d'un siècle qu'il a inauguré son royalisme militant en publiant son Enquête sur la monarchie (1900). Et il y a presque 70 ans - une vie d'homme - qu'il est mort à Saint-Symphorien les Tours [1952]. Mais les passions qu'il a si souvent suscitées de son vivant - qu'elles fussent d'admiration ou de détestation, l'une et l'autre souvent extrêmes - ne semblent pas s'être émoussées avec le temps. Prêtes toujours à s'élancer. Comme pour attester une forme paradoxale et performative de présence de sa pensée et de son action.

    On sait que la décision d'exclusion du ministre de la Culture, Mme Nyssen, a fini par susciter une vague d'indignations assez générale qui s'est retournée contre son auteur. Mme Nyssen ne savait pas ou avait oublié que depuis notre Gaule ancestrale ou le lointain Moyen-Âge, énorme et délicat, les Français détestent les interdictions. Et les Hauts Comités les démentis du Pouvoir.

    Mais cette réprobation n'empêche pas à propos de Maurras l'inévitable mention, dogmatiquement prononcée, des « zones d’ombre ». Expression d'une notable imprécision, lourde de mystérieux et inquiétants sous-entendus et le plus souvent inexpliquée ... À propos de Maurras, on réprouve l'interdit - en bref, on veut benoîtement la liberté d'expression - mais on accuse le fond. 

    « Zones d’ombre » est porteur d'opprobre. De quoi s'agit-il ? Qu'a donc fait ce Maurras qu'admiraient Proust, Péguy, Malraux et le général De Gaulle ; qui fut l'ami de Bainville et de Daniel Halévy, de Bernanos et de Joseph Kessel, de Barrès et d'Anatole France, d'Apollinaire et de Thibon, de Gaxotte et de Boutang ? Qui fut académicien français. Que consultait Poincaré au cœur de la Grande Guerre, que citait Pompidou dans une conférence demeurée célèbre à Science-Po Paris. « Zones d'ombre » ? Fût-ce brièvement, il nous faut bien tenter de dire le fond des choses, de quitter l'allusion sans courage et sans nuances.

    Quatre grands reproches sont faits à Maurras : son antirépublicanisme, son nationalisme, son antisémitisme et son soutien à Vichy. 

    LA CONTRE-REVOLUTION

    Le premier - le plus fondamental - est d'avoir été un penseur contre-révolutionnaire ; d’être le maître incontesté de la Contre-Révolution au XXe siècle ; d'avoir combattu la République et la démocratie, du moins sous sa forme révolutionnaire à la française ; enfin d'être royaliste. Options infamantes ? En France, oui. Mais en France seulement. Et pour la doxa dominante. La Révolution ni la République n'aiment qu'on rappelle leurs propres zones d'ombre. Leurs origines sanglantes, la Terreur, la rupture jamais cicatrisée avec notre passé monarchique, avec l'ancienne France, qu'elles ont imposée. « Soleil cou coupé » ... écrira Apollinaire (2). Et, à la suite, à travers de terribles épreuves et quelques drames, toute l'histoire d'un long déclin français, d'un inexorable affaissement de notre civilisation, que Zemmour a qualifié de suicide et dont nous-mêmes, aujourd'hui, vivons encore l'actualité. Faut-il rappeler qu'au début des années soixante (1960), De Gaulle, monarchiste, avait envisagé que le Comte de Paris lui succède ? Que François Mitterrand dans sa jeunesse était monarchiste et que, comme en atteste, plus tard, sa relation constante avec le comte de Paris, il l'était sans-doute resté ? Quant à l'actuel président de le Réplique, on connaît ses déclarations sur le roi qui manque à la France ... Sur sa conviction que les Français n'ont pas voulu la mort de Louis XVI, la mort du roi ... (3) Faut-il reprocher à De Gaulle, Mitterrand ou Macron telle « zone d’ombre » ? Comme à Maurras ? Ce dernier voulut simplement, à la différence de ces derniers grands-hommes, que ce qu'il savait nécessaire pour la France devînt réalité. Il y consacra sa vie et y sacrifia sa liberté. 

    LE NATIONALISME

    Le nationalisme, autre « zone d’ombre » ? Être nationaliste, un motif d'opprobre, de rejet moral ? Non, s'il s'agit d'un nationalisme quelconque à travers le monde. Oui - pour la bien-pensance - s'il s'agit du nationalisme français. Maurras l'avait défini comme « une douloureuse obligation » dont la cause et le contexte sont historiques, bien plus qu’idéologiques : l'humiliante défaite de 1870 et l'affrontement franco-allemand qui ne cessera jamais vraiment entre 1870 et 1945. « Douloureuse obligation » créée aussi par l'absence de roi, laissant la France aux mains, pour ne pas dire à la merci, d'un régime faible divisé et imprévoyant, qui la plaçait en situation d'infériorité face à l'Allemagne impériale. Plus tard, face à l'Allemagne nazie. Au cours de chacune des deux avant-guerres, Maurras avait vécu dans l'angoisse de l'impréparation où nous maintenait l'État républicain, laquelle devait rendre la guerre à la fois inévitable et terriblement meurtrière. Avant 1914, il avait eu la vision tragique de ce qui se préparait : « Au bas mot, en termes concrets, 500 000 jeunes français couchés froids et sanglants sur leur terre mal défendue » (4). On sait ce qu'il en fut, qui fut bien pis. Entre 1935 et 1939, l'on eut la reproduction du même scénario. La trahison de Blum refusant d'armer la France face au nazisme en même temps qu'il menait une politique étrangère belliciste irresponsable, les agissements du Parti Communiste, aux ordres de Moscou, comme Blum l'était de la IIème Internationale, allaient rendre le futur conflit mondial inévitable. « Pourquoi faut-il de tels retours ? « écrira alors Maurras. Dans la douleur, nous dit Boutang. On sait qu'il vécut cette période dans la certitude de la guerre et de la guerre perdue. Le « miracle de la Marne » qui avait sauvé la France en 1914, ne se renouvellerait pas ... Tel fut, au-delà du simple patriotisme, le nationalisme maurrassien. Nationalisme non de conquête ou d'expansion mais de défense d'un pays menacé. Menacé de l'extérieur et de l'intérieur, car le danger allemand n'était pas le seul qui pesât sur la France. Son désarmement mental, social, politique et culturel, ses divisions, étaient à l'œuvre comme elles peuvent l'être encore aujourd'hui pour diverses raisons supplémentaires dont certaines - comme l'invasion migratoire ou le mondialisme - que Maurras n'eut pas à connaître. Elles justifient, elles aussi, la persistance de la « douloureuse obligation » d’un nationalisme français.

    L'ANTISEMITISME

    L'antisémitisme est un autre des grands griefs faits à Maurras. Il n'est pas un thème central dans son œuvre et dans sa pensée - comme il le fut pour Edouard Drumont dont l'influence avait été considérable à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. C'est pourtant à l'antisémitisme que l'on réduit souvent Maurras dans les débats d'aujourd'hui. 

    Une évidence s'impose ici : on ne comprendra rien à l'antisémitisme de Maurras, celui de son temps, très répandu en tous milieux, si, par paresse d'esprit ou inculture, l'on se contente de le considérer et de le juger avec des yeux qui ont vu, des mémoires qui savent, ce que vécurent les Juifs d'Europe entre 1930 et 1945, ce qu'était devenu l'antisémitisme en une époque barbare.  Dans la jeunesse de Charles Maurras et encore longtemps après, l'antisémitisme fut une opposition politique, culturelle et si l'on veut philosophique à l'influence excessive que leur communautarisme natif - singulièrement apte à « coloniser » - conférait aux Juifs de France. À propos de cet antisémitisme politique de Maurras, Éric Zemmour propose une comparaison tirée de l'Histoire : « Son antisémitisme était un antisémitisme d'État, qui reprochait aux Juifs un pouvoir excessif en tant que groupe constitué, à la manière de Richelieu luttant contre « l'État dans l'État » huguenot. » (5) Avant la seconde guerre mondiale, il n'y avait pas là motif à rupture personnelle ou sociale, ni même un motif d'inimitié. Le jeune Maurras est lié à Anatole France. Il fréquente le salon de l'égérie de France, Madame Arman de Cavaillet, née Lippmann ; il est l'ami de Marcel Proust, plus qu'à demi Juif (sa mère est née Weil). Ils resteront amis, quoique Proust ait été dreyfusard, jusqu'à la mort de l'auteur de la Recherche. Proust l'a écrit, aussi bien que son admiration pour Maurras, Bainville et Daudet.  On se souvient que Léon Daudet, disciple de Drumont bien davantage que Maurras ne le sera jamais, fit obtenir à Proust le prix Goncourt pour A l'ombre des jeunes-filles en fleur, en 1919 ... L'un des plus vifs admirateurs de Charles Maurras et son ami jusqu'à sa mort après la Seconde Guerre mondiale (1962, dix ans après Maurras), sera l'un des Juifs les plus éminents du XXe siècle, Daniel Halévy, dont, pour la petite histoire, mais pas tout à fait, la fille épousera Louis Joxe, résistant, ministre du général De Gaulle, et père de Pierre Joxe. De Daniel Halévy, l’auteur d’Essai sur l'accélération de l'HistoireJean Guitton écrira : « Il avait un culte pour Charles Maurras qui était pour lui le type de l'athlète portant le poids d'un univers en décadence. » (6)

    L'antisémitisme politique de Maurras, au temps de sa pleine gloire, ne le sépara pas des grandes amitiés que nous avons citées et de l'admiration que lui portèrent, de Malraux à Bernanos, les plus illustres personnalités de son temps. Maurras eut-il le tort de ne pas comprendre que la persécution des Juifs au temps du nazisme rendait toute manifestation d'antisémitisme contestable ou même fautive ? Impardonnable ? On peut le penser, comme Éric Zemmour. C'est ignorer toutefois deux points essentiels : 1. ce que souffrirent les Juifs lors du conflit mondial ne fut vraiment connu dans toute son ampleur qu'après-guerre, 2. Peut-être est-il triste ou cruel de le rappeler mais le sort des Juifs ne fut pas le souci principal ni même accessoire, des alliés pendant la guerre.  Ni Staline, lui-même antisémite, ni Roosevelt, ni Churchill, ni De Gaulle, ne s'en préoccupèrent vraiment et n'engagèrent d'action pour leur venir en aide, nonobstant leurs appels au secours.  Le souci premier de Charles Maurras était la survie de la France et son avenir. S’il s’en prit nommément à des personnalités juives bien déterminées pendant l’Occupation (comme à nombre d'autres), c’est qu’elles lui semblaient conduire des actions selon lui dangereuses et contraires aux intérêts de la France en guerre. 

    L'antisémitisme moderne, sans remonter à ses sources chrétiennes, pourtant réelles, trouve de fait son origine et son fondement dans les Lumières et l'Encyclopédie. L'on aurait bien du mal à exclure de la mémoire nationale toutes les personnalités illustres, françaises et autres, qui l'ont professé. Dont, en effet, Charles Maurras qui louait Voltaire de participer du « génie antisémitique de l’Occident ». Ce génie était de résistance intellectuelle et politique. Il n'était pas exterminateur. L'évidence est que les événements du XXe siècle ont jeté une tache sans-doute indélébile sur toute forme - même fort différente - d'antisémitisme. Cela est-il une raison pour reconnaître aux communautés juives de France ou d'ailleurs plus de droits d’influence qu’au commun des mortels ? Deux des présidents de la Ve république ne l'ont pas cru et ont parfois été taxés d'antisémitisme : le général De Gaulle, après sa conférence de presse de 1965 et ses considérations à propos d'Israël ; mais aussi François Mitterrand refusant obstinément – et en quels termes ! - de céder aux pressions des organisations juives de France, qu’il trouvait tout à fait excessives, pour qu’il présente les excuses de la France à propos de la déportation des Juifs sous l'Occupation (7). Ce que feront ses successeurs …

    LE SOUTIEN A VICHY

    Dernier des grands reproches adressés à Maurras : son soutien à Vichy. Nous n'avons pas l'intention de traiter longuement de ce sujet. Est-il encore pertinent ? Vichy est sans postérité. Il ne laisse ni héritage ni héritiers et n'est qu'un épisode tragique de notre histoire, conséquence incise du plus grand désastre national que la France moderne ait connu et qui aurait pu la tuer.

    Il est absurde de définir Maurras comme « pétainiste ». Il était royaliste et contre-révolutionnaire. Qu'il ait pratiqué l'Union Sacrée en 1914-1918 ne le faisait pas républicain. Pas plus que son soutien au vieux maréchal ne fera de lui un pétainiste. Maurras ne fut pas davantage un « collabo » ; il détestait les Allemands qui le traitèrent en ennemi. Il refusa d’approuver la politique de collaboration. Il fut la cible des plus violentes attaques de la presse collaborationniste de Paris. 

    Entre la politique de Vichy - analogue à celle de la Prusse après Iéna ou de l'Allemagne de Weimar après l'autre guerre (finasser à la manière de Stresemann) - et la stratégie gaulliste de lutte contre l'occupant depuis l'étranger, l'on sait aujourd'hui laquelle des deux options l'a politiquement emporté. Ce n'était pas donné, c'était encore très incertain aux premiers jours de la Libération. Le grand historien Robert Aron, à propos de la politique de Vichy, pose cette question : « La Prusse après Iéna écrasée par un vainqueur intraitable n'a-t-elle pas su ruser elle aussi pour se relever et reprendre sa place parmi les États victorieux ? » (8). Une telle politique ne mérite ni opprobre ni infamie, fût-elle vaincue. C’est pourquoi François Mitterrand, comme nombre de ses pareils, devenu résistant, ne rompit jamais ses amitiés vichystes. Entre les deux mondes, il n’y eut de fossé infranchissable que pour les zélateurs intempérants d’après la bataille…

    Y eut-il des excès de la part de Maurras au cours de la période considérée ? Sans aucun doute. Les maurrassiens sérieux n'ont jamais prétendu qu'il fût infaillible. Excès de plume surtout en un temps de tensions extrêmes où se jouait l’avenir de la Patrie. Croit-on qu'il n'y ait pas eu d'excès dans le camp d'en face ? Sous l’occupation et plus encore à la Libération ? Passons !

    I00017021.jpgCar, pour en terminer, notre avis sur cette matière sensible, est que le président Pompidou fit une sage et bonne action lorsque, répondant aux critiques de ceux qui lui reprochaient la grâce qu'il avait accordée à l'ex-milicien Paul Touvier, il déclara ceci qui devrait servir de charte aux Français d’aujourd’hui : « Notre pays depuis un peu plus de 30 ans a été de drame national en drame national. Ce fut la guerre, la défaite et ses humiliations, l'Occupation et ses horreurs, la Libération, par contre-coup l'épuration, et ses excès, reconnaissons-le. Et puis la guerre d'Indochine. Et puis l'affreux conflit d'Algérie et ses horreurs, des deux côtés, et l'exode de millions de Français chassés de leurs foyers, et du coup l'OAS, et ses attentats et ses violences et par contre-coup la répression …  Alors je me sens en droit de dire : allons-nous éternellement maintenir saignantes les plaies de nos désaccords nationaux ? Le moment n'est-t-il pas venu de jeter le voile, d'oublier ces temps où les Français ne s’aimaient pas, s'entre-déchiraient et même s'entre-tuaient ? » (9)

    Reste alors Charles Maurras, grand penseur, écrivain, poète, félibre, académicien et patriote français qui appartient au patrimoine national.   

    1. Anatole France, poème dédicatoire pour Le Chemin de Paradis de Charles Maurras 
    2. Zone, Alcools, 1913 
    3. Emmanuel Macron, Le 1 Hebdo, 8 juillet 2015 
    4. Kiel et Tanger, 1910 (913, 1921 …) 
    5. Eric Zemmour, Figaro Magazine du 2.02.2018 
    6. Jean Guitton, Un siècle une vie, Robert Laffont, 1988, 361 pages 
    7. Jean-Pierre Elkabbach « François Mitterrand, conversation avec un Président » (1994) 
    8. Robert Aron, Histoire de Vichy, Fayard 1954, 766 pages 
    9. Conférence de presse du 21 septembre 1972.  
  • Livres • Cicero redivivus

     

    Par Hilaire de Crémiers

     

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    Jacques Trémolet de Villers a la plume aussi agile et plaisante que la parole. Et, comme sa parole, sa plume sait se faire aussi sérieuse qu’agréable.

    Dramatiquement claire aussi quand il le faut ! Ainsi de son Procès de Jeanne d’Arc, publié en 2016 aux Belles Lettres, où l’avocat n’intervenait dans la défense de son héroïne que pour mieux la comprendre, l’aimer et l’admirer.

    Marcus Tullius Cicero

    De même aujourd’hui, encore aux Belles Lettres, évoque-t-il, dans tous les sens du terme – une évocation, ce n’est pas rien ! – juridique aussi bien que magique et psychologique, la personne, l’âme vivante de Cicéron. Elle apparaît et s’exprime grâce aux charmes enchanteurs du subtil avocat qui se met à l’école de son prestigieux prédécesseur. L’homme s’explique devant le tribunal de l’histoire, celui des hommes et des dieux ; mais, au-dessus de tout, devant le Jupiter supremus, ce Deus optimus maximus, dont la présence – lumière et puissance selon l’étymologie – surplombe la philosophie et le drame antiques – même la comédie, cher Plaute ! Cicéron vient nous redire ainsi la haute raison qui guidait sa vie et, tout simplement, avec ses propres mots, il vient se dire lui-même.

    Son talent avait dominé les siècles ; la latinité chrétienne en était imprégnée. Jérôme le savant et l’ascète se confessait en gémissant plus cicéronien que chrétien et Macrobe en faisait une sorte de chrétien avant l’heure. Le XVIe siècle y puisait son phrasé ; le XVIIe se coulait dans son rythme ; nos grands-pères y cueillaient leurs humanités et savaient leur Pro Milone par cœur. Et puis ce fut une mode de le décrier ! Taisons les noms de ses contempteurs qui nous sont si familiers et qui lui reprochaient ce qu’on pourrait appeler son tempérament conservateur dont, certes, il n’était pas dupe – sa correspondance en témoigne. Par détestation des aventures personnelles – c’est de tous les temps – qui usurpent et ensanglantent la légitimité politique, celle qu’auraient dû incarner les optimates, il se refusa à envisager, à discerner, à voir – bien malgré lui – l’heureuse issue possible du principat, cette monarchie si nécessaire, si salutaire pour sortir Rome des maux de la République qui n’était plus qu’une guerre civile permanente dont d’ailleurs, il périt, fort noblement pour lui, fort ignoblement pour ses assassins.

    Pierre Grimal avec justice rétablit l’homme qui fut l’un des plus cultivés de son temps et qui rassembla dans son esprit tout l’héritage hélleno-romain, dans son statut de Romain, de plus romain des Romains.

    L’amitié romaine

    XVM825c3e2e-7609-11e8-9988-c6152e0685ac.jpgEt voici que Jacques Trémolet de Villers (photo) en refait un modèle. Pour aujourd’hui. Et c’est pourquoi il l’évoque et Marcus Tullius Cicero se rend à cette évocation avec cette bonté et cette magnanimité qui le caractérisent. L’orateur répond à l’orateur comme dans le De oratore ; la disputatio se met en forme comme dans le De Republica et le De officiis. Sommes-nous à Tusculum, dans la villa du maître ou dans celle de son ami Crassus, l’avocat, l’autre grand orateur du temps, quand ils discutaient des pensées et des paroles des hommes – à l’époque, c’est tout un : penser, parler, agir – pour en mieux cerner le divin secret ? Eh bien non, nous sommes à Vivario, dans les montagnes corses, à l’heure des soirées estivales quand le ciel favorise toutes les poésies de la terre, majoresque cadunt altis de montibus umbrae.

    Cicéron se rend au rendez-vous que lui fixe chez lui Jacques Trémolet de Villers ! Quelques grandes ombres le suivent. Scipion en est, évidemment, pour redire son songe.

    Les habitants de Vivario sont autour des tables où se boit l’apéritif ; ils ajoutent leurs remarques. Le bon sens d’un village corse rejoint la plus belle latinité.

    L’homme est fait pour l’amitié, c’est la leçon des siècles ; et, en dépit de tout, malgré les folies furieuses qui ravagent les sociétés humaines, c’est l’amitié qui constitue le fondement de toutes les unions, les plus sacrées comme les plus utiles, car l’amitié est faite pour le Bien, même si le bien est difficile à réaliser ; lui seul donne du sens à la vie, ut virtus ad beate vivendum sit se ipsa contenta – la vertu se suffit à elle-même pour réaliser la vie heureuse – ; et nous voici grâce à cette réflexion philosophique chez les Grecs, dans ce platonisme fortement teinté de stoïcisme romain, mais très humain, où se complaisaient Cicéron et les meilleurs de son temps. Cette quête du Bien conjoint heureusement les finalités de l’homme et de la cité, l’homme – et surtout l’homme politique – œuvrant pour la chose commune, cette « république » qui se doit d’être conforme à toutes les règles de la sagesse divine et humaine, au point que la cité terrestre ne saurait être – pour qui pense justement – que le palier d’une cité céleste qui en espérance ne peut manquer d’exister.

    Jacques Trémolet de Villers en faisant parler Cicéron a su exprimer la naturelle harmonie de cette raison si humaine qu’elle en est plus qu’humaine et qui est en surnaturelle attente d’immortalité et d’éternité, dans ce demi-siècle qui précéda la venue sur terre, en une incarnation charnelle et temporelle, du Logos divin, Maître de toute sagesse.

    Nous le savions : « Les pas des légions avaient marché pour lui. »

    Cicéron, aussi et à sa manière, avait parlé pour Lui !  ■   

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    En terrasse avec Cicéron, Jacques Trémolet de Villers, Les Belles Lettres, 160 p, 15,90 € 

    Hilaire de Crémiers

  • Cinéma • My Lady

     

    Par Guilhem de Tarlé

    My lady, un film anglais de Richard Eyre, avec Emma Thompson (le juge Fiona Maye), Stanley Tucci (son mari Jack) et Fionn Whitehead (Adam, le jeune leucémique), d’après le roman L’intérêt de l’enfant de Ian McEwan.

     

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    Je n’ai pas lu le livre, mais j’imagine que Richard Eyre en détourne l’histoire.

    Evacuons évidemment la fausse piste évoquée par Jack, du couple vieillissant qui vit comme « frère et sœur », pour justifier sa décision d’aller voir ailleurs.

    L’intérêt de l’enfant pose plus certainement la question du pouvoir souverain du juge, qui décide de la vie ou de la mort de l’enfant handicapé, ou malade, face à ses parents et aux autorités médicales. On pense bien évidemment à Vincent Lambert…

    My Lady, comme ce choix de titre l’indique, porte son projecteur sur la femme et s’intéresse différemment à l’enfant… Celui-ci est, probablement, seulement le fils qu’elle n’a pas eu, trop absorbée par son activité professionnelle.

    Le véritable sujet du film est donc sans doute là, celui de l’épouse qui s’investit dans son métier jusqu’à délaisser sa vocation d’épouse et de mère.

    Finalement, ces deux ou trois questions sont suffisamment importantes et intéressantes pour mériter des long-métrages distincts, mais leur juxtaposition dans un seul scénario n’a pas véritablement permis de les traiter.

    Dommage ! d’autant que la réalisation est prenante, avec une Emma Thompson qui interprète excellemment une Fiona Maye certes peu sympathique mais séduisante.

    Mon épouse garde d’ailleurs un très bon souvenir de cette actrice dans Les Vestiges du jour (1993).  ■  

    PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et plusieurs dizaines d’autres sur mon blog Je ciné mate.

  • Mathieu Bock-Côté : « L'occupation touristique planétaire est une dépossession »

    Le Mont Saint-Michel rongé par les masses de touristes

     

    soleil.jpgMathieu Bock-Côté s'alarme des méfaits du tourisme de masse qui produit une véritable dénaturation tant du voyage lui-même que des villes et des pays visités, en réalité à la manière d'un flot invasif. [Le Figaro, 10.08]. Peut-on « espérer que le tourisme se civilise après s'être démocratisé. » Force est de constater que nous n'en prenons pas le chemin. Il faudrait, nous semble-t-il, que l'ensemble de l'édifice social se recivilise après s'être démocratisé...  LFAR

     

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    D'une année à l'autre, la belle saison confirme le statut de la France comme première destination touristique mondiale. On a d'abord tendance à s'en réjouir: n'est-ce pas le plus beau compliment que le monde puisse lui adresser ? On se rue vers elle pour admirer l'incroyable travail des siècles sur un territoire modelé par l'homme, qui a su à la fois fonder villes et villages, élever des cathédrales et dessiner des paysages. Si l'Amérique fascine spontanément qui veut contempler la nature sauvage et les grands espaces, l'Europe attire ceux qui s'émeuvent à bon droit de l'empreinte humaine sur la planète. S'ajoutent à cela des considérations prosaïques élémentaires : le tourisme est une industrie extrêmement lucrative. Qui serait assez bête pour se désoler de son expansion et des milliards qui l'accompagnent ?

    Mais on se désenvoûte assez rapidement de ce beau récit pour peu qu'on pense le tourisme de masse non plus seulement comme une opportunité économique mais 9782081365452.jpgcomme un phénomène politique. D'ailleurs, dans La Carte et le territoire, Michel Houellebecq s'était déjà inquiété de ce qu'on pourrait appeler le devenir touristique de l'Europe, soit celui d'une civilisation s'offrant à l'humanité comme parc d'attractions, comme si elle n'avait plus que des vestiges monumentaux mais vidés de toute sève à présenter au monde. En se réinventant par sa promotion du tourisme de masse, elle consentirait à sa muséification définitive. Elle ne serait plus qu'un décor déshabité, témoignant d'une gloire passée qu'il ne viendrait à personne l'idée de restaurer. La gloire témoigne de temps tragiques et nous souhaitons plus que tout habiter une époque aseptisée.

    La logique du circuit touristique planétaire est facile à reconstruire. Lorsque le système du tourisme mondialisé happe un lieu, celui-ci est progressivement vidé de sa population, comme s'il fallait effacer une présence humaine résiduelle, datant de l'époque où la ville était d'abord habitée avant d'être visitée. Les derniers résidents sont de trop, sauf s'ils savent se plier à la nouvelle vocation du lieu.

    Globalement, les habitants seront remplacés par des employés convertis à la logique du capital mondialisé qui sont souvent d'ailleurs habitués à tourner dans son circuit. La population locale en vient même à reconnaître implicitement un statut d'extraterritorialité symbolique aux lieux sous occupation touristique. Elle devient elle-même touriste en son propre pays lorsqu'elle fréquente ces lieux.

    Sans surprise, ce sont les plus beaux quartiers qui sont ainsi arrachés de la ville où ils ont été construits pour accueillir les touristes qu'on peut se représenter comme l'armée de la mondialisation, qui partout, impose ses codes. C'est peut-être une figure nouvelle du colonialisme. Paradoxe : d'un côté, la ville vidée de son peuple est invitée à conserver ce qui la caractérise, à la manière d'un folklore pour ceux qui sont en quête d'authenticité, mais de l'autre, elle doit offrir les mêmes facilités et les mêmes enseignes qu'on trouve partout sur la planète, du magasin de luxe au Starbucks. Il ne faudrait surtout pas que le touriste se sente trop loin de chez lui. S'il égrène fièrement les destinations où il est passé, il ne cherche la plupart du temps qu'un dépaysement soft. S'il était vraiment ailleurs, ce serait probablement pour lui l'enfer. Le moderne vante les mérites de l'autre mais ne le voit jamais qu'à la manière d'une copie du même.

    C'est bien une dynamique de dépossession qui caractérise le tourisme de masse. Et ses ravages sont indéniables. Des masses humaines se jettent à un pas rythmé par les chansons mondialisées à la mode sur des destinations choisies et en viennent à les défigurer complètement. Elles n'ont souvent qu'un objectif: « immortaliser » leur passage avec un selfie destiné aux réseaux sociaux, au point même où la première chose qu'on croise aujourd'hui en voyage, ce sont d'exaspérants badauds qui se prennent en photo. Devant cette sauvagerie molle et souriante, certains en appellent à une résistance politique. On apprenait ainsi récemment que Venise, Barcelone, Dubrovnik ou Santorin cherchent activement des mesures pour contenir le flot humain qui les engloutira. Une chose est certaine : si le monde entier devient une destination touristique, plus personne ne sera chez lui et tout le monde sera chassé de chez soi.

    On voit là comment le système de la mondialisation s'empare du monde. On a beaucoup parlé ces dernières années du concept de France périphérique, formulé par Christophe Guilluy, qui sert à désigner les populations laissées de côté par la mondialisation. On pourrait en élargir la signification en parlant plus simplement des populations qui sont refoulées non seulement territorialement mais symboliquement à l'extérieur du système de la performance mondialisée parce qu'elles ne sont pas suffisamment adaptables, mobiles et interchangeables. On les juge mal préparées aux règles du nouveau monde de la mobilité maximale. Ce sont des populations retardataires, attachées à un lieu, une langue et peut-être même une tradition. Un tel enracinement ne se pardonne pas. On ne saurait jamais, sous aucun prétexte, être en décalage avec les exigences de ce qui passe pour la modernité.

    Ici et là, la critique du tourisme de masse se fait heureusement entendre, même si elle peut aussi devenir agaçante. On brandit facilement, en prenant la pose dandy, une éthique du voyageur qui saurait se glisser subtilement dans la ville, en laissant entendre que le voyage devrait être le privilège exclusif du petit nombre. Mais ce réflexe aristocratique porte une leçon intéressante. Le génie du voyageur authentique tient moins dans la consommation des destinations recherchées où il vivra des expériences préformatées que dans sa capacité à habiter plus d'un endroit dans le monde, en y développant ses habitudes, ce qui implique de prendre le temps de se familiariser avec les mœurs locales. Il n'est pas interdit d'espérer que le tourisme se civilise après s'être démocratisé et que les hommes se rappellent que le monde n'a pas pour vocation à se plier aux désirs de ceux qui fardent leur pulsion de conquête en sophistication cosmopolite.   ■

    Mathieu Bock-Côté        

    XVM7713ddbc-9f4e-11e6-abb9-e8c5dc8d0059-120x186.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politique, est paru aux éditions du Cerf [2016].

     

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