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  • SOCIÉTÉ & PHILOSOPHIE POLITIQUE • ÉCOLOGIE INTÉGRALE ET IDENTITÉ

    De Axel Tisserand 

    Le directeur adjoint de la revue Limite a publié dans Marianne une tribune, dans laquelle il réfute que l’écologie intégrale soit liée à l’identité. Est-ce contradictoire avec le titre-même de Limite qui induit la notion de frontière ? Droit de réponse par Axel Tisserand dans L'Incorrect, le 16 mai 2019.

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     RÉPONSE À GAULTIER BÈS

    Comme Gaultier Bès de Berc [1], je n’aime guère, moi non plus, « la polémique, surtout à l’heure du numérique où la réaction précède et remplace bien souvent la réflexion ».

    Comme lui aussi, je pense que « le malentendu s’éclaircit aisément pourvu qu’on fasse un peu d’histoire des idées, de manière factuelle et non biaisée. » Gaultier Bès, directeur-adjoint de la revue Limite, est revenu dans Marianne sur le concept d’ « écologie intégrale », accusée récemment d’être une écologie identitaire, notamment dansLibération [2]. Pire : « L’accusation la plus grossière (et récurrente tant une certaine parodie du journalisme se réduit à un copié-collé hâtif) concerne notre filiation supposée à Charles Maurras. » Aussi, comprenons-nous que Gaultier outragé, Gaultier brisé, Gaultier martyrisé veuille enfin se libérer d’une accusation aussi diffamatoire !

    3970853321.10.jpgIl ne s’agit pas de reprocher à Gaultier Bès de refuser une filiation maurrassienne qui n’est sans doute pas la sienne, et c’est bien son droit !, mais, plutôt, et dans un copié-collé hâtif de tout ce qui traîne sur Maurras, de récuser cette filiation comme une souillure qui risque de devenir médiatiquement indélébile si elle n’est pas dénoncée aussitôt avec la plus extrême fermeté. Et de se placer, dans une autre filiation, celle de Maritain, qui, on le sait, après avoir été un compagnon de route de l’Action française, notamment au sein de laRevue universelle, en raison d’une « impardonnable légèreté », selon sa femme Raïssa, ce qui est tout de même une explication un peu courte, tourna casaque, en 1927, après la mise à l’index de l’Action française par le pape Pie XI à la toute fin de décembre 1926.

    « Quoi qu’il en soit, affirme Gaultier Bès, en 1926, lorsque l’Église catholique condamne l’Action française, Maritain n’hésite pas. Il publie Primauté du spirituel pour récuser le « politique d’abord » cher à Maurras. » « N’hésite pas ? » L’assertion est imprudente, d’autant qu’il avait publié, certainement avec une « impardonnable légèreté », quelques mois plus tôt, un autre opuscule, Une opinion sur Charles Maurras et le devoir des catholiques, dans lequel, devant l’amoncellement des nuages, il démontrait, saint Thomas à l’appui, qu’il n’était pas incompatible d’être catholique et camelot du Roi… Nul ne saurait lui reprocher, en 1927, d’avoir choisi l’obéissance absolue au saint Père, mais il convient de rappeler les faits.

    maritain_jacques.jpgDu reste, la mise à l’index, plus que la condamnation (puisque, contrairement à ce qui arriva au Sillon de Marc Sangnier, l’Action française ne fut jamais condamnée par une encyclique), fut levée en 1939 sans que le nationalisme intégral ni le politique d’abord aient dû être biffés de la doctrine — Maritain, [Photo] avait démontré dans son premier opuscule leur totale compatibilité avec le catholicisme. Aussi, si, dix ans après, « en 1936, le philosophe Jacques Maritain publie Humanisme intégral, essai de philosophie politique chrétienne, dans lequel il s’oppose frontalement au « nationalisme intégral » du théoricien de l’Action française » — nationalisme intégral qui est, chez Maurras, et Maritain le savait, le nom de la monarchie, et non celui d’un « nationalisme exagéré » comme disaient les papes —, c’est que la pensée de Maurras devait tout de même continuer de le tarauder. Maritain y dit d’ailleurs encore son admiration pour Maurras, qualifié de combattant pertinent des « faux dogmes libéraux » et salué pour avoir opéré les nécessaires « redressements intellectuels […] dans l’ordre de la pensée politique ».

    Comme le relève le maritanien Yves Floucat, Maritain n’affirmait-il pas lui-même « qu’il avait décidé de contribuer de manière décisive à la fondation de la Revue universelle “avant tout en mémoire de Pierre Villard [dont l’héritage servit à la création de la revue], et de la façon dont il a joint dans sa pensée l’œuvre et Maurras et la mienne” ? » (in Carnet de notes)

    Et Gaultier Bès de partir en vrille, ou plutôt en des antinomies auxquelles Kant n’aurait sûrement pas songé : « Pour le dire autrement, ce n’est pas d’abord la France que nous défendons, mais la biosphère. Pas la nation, mais la Création. Notre ennemi n’est pas ce qui est étranger, mais ce qui est démesuré. »

    Amusant, parce que s’il y a un philosophe de la limite, et du fini, c’est bien Maurras, qui en écrivit une apologie dans la préface d’Anthinéa. Amusant aussi, parce que, non seulement Maurras, mais les papes eux-mêmes, n’opposèrent jamais la création à la nation, l’un, l’agnostique, les autres, au nom de leur foi, faisant de celle-ci une médiété, entre l’homme charnel et l’humanité, et pour les seconds, du patriotisme, une vertu chrétienne, reposant, notamment, sur la lecture thomiste du 4e commandement — un saint Thomas qui, si on en croit Bès, aurait opposé Maurras à Maritain, alors que Maurras revendiqua toujours sa dette à Thomas. Et Bès, d’ajouter encore : «  Car si nous prônons une relocalisation générale, ce n’est pas au nom d’une identité sacralisée, mais au nom de ce qu’Ivan Illich appelait la convivialité ».

    Or l’identité ne fut jamais un concept maurrassien. On ne la trouve même pas dans le copieux Dictionnaire politique et critique, qui rassemble les notions clés de la doctrine maurrassienne. Quant à sa sacralisation, ou à celle de la nation, faut-il oublier qu’il salua dès 1914 Pie X de traiter les belligérants « avec l’égalité d’un père, comme ses propres et légitimes enfants » ou qu’il regretta en pleine bataille de Verdun la fin de cette unité humaine qu’esquissait la « République chrétienne » en Europe — un souci qu’il partageait avec Maritain ? « Nous sommes de ces nationalistes qui ne méprisent ni n’avons jamais méprisé dans les choses humaines l’humanité, l’universel ». En 1926, encore, il enseigne aux étudiants d’AF qu’ « au point de vue humain, la division de l’Europe en nations indépendantes […] n’est certainement pas un progrès. »

    Et pour en finir avec la sacralisation de l’identité ou de la nation, en 1937, il exulta devant la publication par Pie XI de l’Encyclique contre le nazisme, Mit brennender Sorge : « On sait maintenant ce qui est interdit, c’est l’hitlérisme, […] c’est la métaphysique religieuse du sol et du sang ». Pour l’ « identité sacralisée », Gaultier Bès repassera… 

    D’autant que, tout cela, il le sait. Lors de son intervention remarquée [3] au colloque de l’Action Française en 2017 sur le Bien commun, devant le prince Jean, tout en marquant ses différences, ce qui est bien normal, et même heureux, il se plaçait dans une approche plus constructive, moins manichéenne, sachant qu’il trouvait un écho favorable parmi le public dans sa définition de la famille comme microsociété primordiale, et son refus à la fois de l’individualisme et de l’étatisme : c’est au nom de la famille précisément que Maurras refuse à la fois le contractualisme roussien et le fascisme, dont il traite la doctrine de « folie » en raison de sa statolâtrie dès 1929. Ce qui n’est en rien contradictoire avec la nécessité de penser le bien commun à l’échelle de la biosphère, la nation étant un intermédiaire entre la personne et les microsociétés (les familles et associations), d’une part, et la terre, de l’autre.

    gaultier-bes_article_large.jpgD’ailleurs, comme l’ajoutait alors Gaultier Bès, « personne n’habite la terre, on habite tous un territoire » : tel est précisément le sens du nationalisme maurrassien. Bès ajoute alors : « Pour moi la nation est moins importante que la famille même si elles ne sont pas du tout dans mon esprit opposées. […] Je ne suis pas l’inventeur de l’expression “écologie intégrale”, pas plus d’ailleurs que le pape François, et Stéphane Blanchonnet, qui est en face de moi, l’a utilisée avant moi, et je crois que je ne te l’avais jamais dit, c’est l’occasion, je ne sais pas s’il est le premier, il le dira lui-même, mais Falk van Gaver l’avait utilisée aussi de son côté. J’ai repris une expression qui circulait déjà » — Stéphane Blanchonnet, qui est le président du comité directeur de l’AF, avait fait une conférence sur l’écologie intégrale en 2011 [4].

    Puis, après avoir explicitement paraphrasé « une formule célèbre » (« Tout ce qui est national est nôtre », la formule du duc d’Orléans reprise par l’AF ) en : « Tout ce qui est local est nôtre », de conclure : « La nation est un lieu, donc déjà une forme de relocalisation, surtout à l’ère globale ». Propos que la salle ne manqua pas d’applaudir. Propos tout à fait maurrasso-compatible.

    Oui, « le malentendu s’éclaircit aisément pourvu qu’on fasse un peu d’histoire des idées, de manière factuelle et non biaisée ». Certes, il n’est pas facile, aujourd’hui, en ces temps de manichéisme, d’y échapper lorsqu’il s’agit de plaire. Mais le bushisme mental, qui consiste à identifier le camp du mal pour mieux le condamner et quémander une place dans le camp du bien est toujours une défaite de l’intelligence. C’est, en tout cas, une trahison de ladisputatio, si chère à saint Thomas.  

    [1] https://www.marianne.net/debattons/billets/l-ecologie-integrale-est-inclusive-ou-insensee
    [2]https://www.liberation.fr/debats/2019/05/05/les-droites-dures-s-enracinent-dans-l-ecologie-integrale_1725128
    [3] https://www.actionfrancaise.net/retrospective/colloque-refonder-bien-commun/
    [4] https://www.dailymotion.com/video/xhvkkm?retry ethttps://www.dailymotion.com/video/xhy9lk
     
    Axel Tisserand
    atisserand@lincorrect.org
    Essayiste, historien des idées
    Dernier livre paru, en avril 2019 : Actualité de Charles Maurras, introduction à une philosophie politique pour notre temps, préface d’Yves Floucat, éditions Téqui. La citation de Carnet de notes de Maritain est tirée de la préface.

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  • Livres & Actualité • 1984 ou l’Europe de Maastricht

     

    thUKZO41O8.jpgLECTURE - Michel Onfray a relu « La Ferme des animaux » et « 1984 », de George Orwell. Il en a tiré une Théorie de la dictature (Robert Laffont, 2019) qui n’est pas sans rappeler notre époque.[Le Figaro du 16.05]. Un article intéressant. Sur un livre à lire certainement.  LFAR 

    Par Alexandre Devecchio

    2192914029.jpgEn 2008, dans Orwell, anarchiste tory, le philosophe Jean-Claude Michéa analysait la pensée politique du grand écrivain britannique à travers une relecture incisive de ses essais.

    Onze ans plus tard, c’est un autre philosophe de la France périphérique, Michel Onfray, qui entreprend de se pencher sur l’œuvre de George Orwell. Il le fait, lui, par le biais de ses deux ouvrages les plus célèbres: La Ferme des animaux, allégorie grinçante de la révolution bolchevique et surtout 1984, roman d’anticipation plongeant le lecteur dans un avenir totalitaire. Publiés respectivement en 1945 et 1949, ces deux classiques de la littérature donnent à penser les totalitarismes national-socialiste et marxiste-léniniste. Après la chute du mur de Berlin, ces deux œuvres semblaient avoir perdu de leur actualité. Mais, dans Théorie de la dictature, Michel Onfray pose l’hypothèse qu’elles permettent au contraire de concevoir, au-delà des contingences historiques, une forme pure de totalitarisme. Et si 1984, c’était maintenant ?

    Selon Onfray, à travers ces deux romans, Orwell a imaginé une véritable théorie universelle de la dictature. Une théorie en 7 points que l’auteur de Décadence cherche à rapprocher de notre époque. Voici son raisonnement. 1er point: la liberté malmenée. Qui niera que nous n’avons jamais été aussi surveillés, fichés, archivés? Les GAFA ne dépassent-ils pas le Big Brother imaginé par Orwell? 2e point: la langue attaquée. Orwell avait inventé la novlangue.

    Nous avons l’écriture inclusive et la nouvelle sémantique inspirée du politiquement correct. 3e point: la vérité abolie. Foucault et Deleuze ont conceptualisé la «mort de la vérité». Trump, leur enfant, la post-vérité. 4e point : l’histoire instrumentalisée. Peut-on aujourd’hui travailler sereinement sur l’esclavage, les croisades, la France de Vichy, la colonisation, l’Algérie? 5e point: la nature est effacée. La théorie du genre tend à abolir la frontière entre le masculin et le féminin. Etre une fille ou un garçon n’est plus qu’un stéréotype à déconstruire. 6e point: la haine est encouragée. Qui a déjà observé le fonctionnement des réseaux sociaux sait que les «deux minutes de la haine quotidienne» de 1984 ne sont plus de la science-fiction. 7e point: aspirer à l’empire. Onfray rappelle, à juste titre, que les deux guerres mondiales furent moins des guerres entre nations qu’entre empires. Pour lui, le nouvel empire, c’est l’Etat maastrichtien, qui a voulu la fin des nations pour mieux affaiblir la démocratie et gouverner sans les peuples.

    La comparaison d’Onfray n’est pas sans outrance. Chaque point pourrait être nuancé, contredit parfois. Rappelons, en outre, cette évidence: l’Union soviétique a fait des millions de morts. L’Union européenne, aucun. Reste qu’il y a, dans les poussées totalitaires décrites par Onfray, une alerte à prendre au sérieux: celle, vieille comme l’antique, de la servitude volontaire. Souvenons-nous de ce que prophétisait un autre grand auteur d’anticipation britannique, Aldous Huxley, à la même période que George Orwell, dans Le Meilleur des mondes: «Un État totalitaire vraiment efficient serait celui dans lequel le tout-puissant comité exécutif des chefs politiques aurait la haute main sur une population d’esclaves qu’il serait inutile de contraindre, parce qu’ils auraient l’amour de leur servitude.»    

    1630167502.jpgXVM8d8b71a4-8f2b-11e7-b660-ef712dd9935a-150x200.jpgAlexandre Devecchio est journaliste au Figaro, en charge du FigaroVox. Il vient de publier Les Nouveaux enfants du siècle, enquête sur une génération fracturée (éd. du Cerf, 2016) et est coauteur de Bienvenue dans le pire des mondes (éd. Plon, 2016).

     

    Alexandre Devecchio

  • Royauté & Légitimité • Actualité du prince Charles-Philippe d’Orléans, duc d'Anjou

    Le prince Charles-Philippe d’Orléans a rencontré le Chef Raoni

    charles-philippe-et-chef-raoni.pngCe vendredi [17 mai], le prince Charles-Philippe d’Orléans, duc d’Anjou, était à Bruxelles pour rencontrer le chef indigène brésilien Raoni. Le chef  Raoni vient d’entamer une tournée de trois semaines en Europe pour alerter sur la déforestation de l’Amazonie et tenter de collecter un million d’euros pour la protection de la réserve de Xingu, foyer de plusieurs communautés autochtones du Brésil, face aux menaces que font peser sur elle les exploitations forestières et les industries agroalimentaires.

    Le prince a commenté cette rencontre en ces termes :

    « Mon ancêtre, Dom Pedro II le Magnanime, était le dernier monarque de l’empire du Brésil, régnant depuis plus de 58 ans. Il était un grand protecteur de la forêt amazonienne. Aujourd’hui, j’ai eu le grand plaisir de rencontrer et de dialoguer avec le chef Raoni, symbole vivant de la lutte pour la préservation de la forêt amazonienne et de sa culture autochtone. »

    Le duc d’Anjou, est aujourd’hui un prince très engagé dans la lutte contre le réchauffement climatique et toutes les questions environnementales. Depuis 2017, Il est très actif dans ce domaine, notamment  dans le cadre de la Fondation Prince-Albert-II-de-Monaco.

    Source La Couronne

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpgA propos du titre de duc d'Anjou

    Le titre de duc d'Anjou est porté par le prince Charles Philippe d'Orléans, cousin du prince Jean, comte de Paris.

    Ce titre, si éminemment français, ne peut revenir qu'à un prince de la Famille de France. La décision de l'attribuer est du seul ressort du Chef de la Maison de France.

    Il ne peut être porté par un prince appartenant à une branche étrangère ou devenue étrangère du fait de l'Histoire. 

    C'est donc à tort qu'on l'attribue parfois au prince Louis-Alphonse de Bourbon, de la branche des Bourbons d'Espagne qui ont cessé tout naturellement de porter des titres français à partir de leur accession au trône d'Espagne, il y a trois siècles.

    Ceux qui attribuent le titre de duc d'Anjou à Louis-Alphonse de Bourbon ou relaient cette attribution ne sont simplement pas des nôtres.

    Au moment où le nouveau comte de Paris inaugure brillamment la charge de Chef de la Maison de France qui vient de lui échoir, notre engagement dynastique envers les Princes de France demeure sans détour ni ambiguïté. lafautearousseau 

  • Cinéma • Nous finirons ensemble

    Par Guilhem de Tarlé     

    A l’affiche : Nous finirons ensemble, un film de Guillaume Canet, avec François Cluzet, Marion Cotillard, Gilles Lellouche, Laurent Lafitte, Benoît Magimel, Valérie Bonneton, José Garcia et Jean Dujardin.

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    Nous finirons ensemble… Espérons en tout cas que c’est la fin des Petits mouchoirs… Je me rappelais que ce premier film finissait de façon grotesque, à la « embrassons-nous Folleville », et je viens de retrouver dans mes notes que je ne le conseillais pas…

    Pourtant, au vu de la bande-annonce avec François Cluzet, nous nous sommes laissés tenter par ces « petites mouchoirs – le retour » ou « huit ans après »… 

    Malheureusement, si François Cluzet est incontestablement un bon acteur, je ne suis en revanche pas du tout convaincu par le réalisateur Guillaume Canet…

    31958008-29941363.jpgJ’ai peu de souvenir de son Blood Ties, mais son Rock’n Roll de 2017 et ce Nous finirons ensemble peuvent, selon moi, effectivement finir ensemble… au cimetière des navets, pour ne pas dire à la poubelle, avec notamment sa banalisation des couples de même sexe… 

    Dommage, il y a quelques bonnes scènes tristement réalistes comme ces adolescents rivés sur leurs Smartphones… et l’idée aurait pu être amusante de ce sexagénaire qui ne veut pas qu’on lui souhaite son anniversaire… En tout cas j’en suis sûr, si Dieu par bonheur me prête encore vie, je n’irai quand même pas fêter ses 70 ans.     

    VIDEO-Nous-finirons-ensemble-Guillaume-Canet-devoile-la-bande-d-annonce-de-la-suite-des-Petits-mouchoirs.jpg 

    PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et plusieurs dizaines d’autres sur mon blog Je ciné mate.

  • Argent-Roi : Quand Napoléon parle comme Maurras...

    Il est toujours intéressant et instructif de rapprocher des textes apparemment éloignés : les étudiants en Lettres connaissent cela sous le nom de "littérature comparée".

    Un lecteur ami m'a envoyé ce visuel de Napoléon 1er parlant de "l'argent" : cela m'a tout de suite rappelé un article que j'avais écrit ici-même, en 2009 (très exactement le 21 août, c'est-à-dire presque deux ans et demi après que j'aie fondé lafautearousseau...).

    Je vous livre l'un et l'autre, sans commentaire et sans y rien changer : pour une fois que Maurras et Napoléon se rencontrent, le mieux est de s'effacer et de le  laisser en tête à tête, non ?

    Lire la suite

  • Le divorce franco-allemand ce n'est pas une nouvelle, ce qui l'est c'est que maintenant on l'affiche ...

     

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    Le langage diplomatique qui s'impose entre grandes nations voisines a mille façons et mille moyens de manifester une montée de leur antagonisme.

    Hier, l'Allemagne demandait à la France de céder à l'Union Européenne son siège au Conseil de Sécurité de l'ONU. Aujourd'hui, elle conteste que le Parlement européen doive continuer de siéger à Strasbourg, en alternance avec Bruxelles. C'est une politique de dessaisissement de la France d'un certain nombre de ses prérogatives issues de l'Histoire récente.    

    Le divorce progressif franco-allemand résulte pourtant de raisons plus profondes qui tiennent à des réalités objectives, démographiques, financières, industrielles, de plus en plus divergentes voire antagonistes entre les deux nations. La montée en puissance de l'Allemagne et symétriquement le décrochage de la France dans ces différents domaines creusent un fossé qui, pour l'instant ne cesse de s'élargir, tandis que l'Allemagne prend conscience des menaces intérieures et extérieures qui pèsent à plus long terme sur son avenir économique et, en tant que peuple, sur son identité.

    Les termes varient. Et se graduent. Macron parle de « confrontation féconde ». Plus franchement, Merkel fait part de ses « relations conflictuelles » avec Emmanuel Macron. Le Figaro de mercredi titrait sur « la brouille franco-allemande ».   

    S'agit-il seulement d'une « brouille » ? D'une mauvaise entente entre personnes ? Entre dirigeants ? Nous avons dit que La France et l'Allemagne nous paraissent s'éloigner aujourd'hui l'une de l'autre pour des raisons structurelles bien plus que conjoncturelles. Il est bien possible, tout simplement, qu'un cycle remontant à l'après-guerre soit en train de s'achever. Et qu'il ait entamé son déclin du jour de la réunification allemande. Ainsi, il se pourrait bien que le temps de l'amitié radieuse franco-allemande soit révolu. Sans-doute faut-il commencer à s'y résoudre. Et même à s'y habituer.  lafautearousseau

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  • Pourquoi parler d’Europe ?

    Par Jean-Philippe Chauvin

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    « Cette confrontation, qui ressemble plutôt à un dialogue de sourds, se fait sans joie ni émoi particulier. »

    Les élections européennes se dérouleront dans moins d’une quinzaine de jours et le moins que l’on puisse dire, c’est que la campagne ne passionne guère les foules, et ce qui est vrai en France l’est aussi chez nos voisins membres de l’Union Européenne, fût-ce pour quelques semaines seulement encore…

    Le Royaume-Uni enverra, si l’on en croit les sondages, une majorité de députés favorables au Brexit, ce qui relativise fortement les discours évoquant une « foucade » référendaire en juin 2016. En France, en revanche, les élections confirmeront sans doute la complexité du paysage politique malgré la tentative présidentielle de ramener le débat à une simple confrontation entre « nationalistes » et « progressistes », des termes dont il serait pourtant bien utile de rappeler et de préciser les définitions, les contours et les ambiguïtés. Mais cette confrontation, qui ressemble plutôt à un dialogue de sourds, se fait sans joie ni émoi particulier : l’abstention dominera sans n’avoir aucune influence concrète, comme c’est le cas depuis une trentaine d’années pour ce scrutin. « Les absents ont toujours tort », dit le proverbe, mais les suffrages exprimés sont-ils plus écoutés au-delà des commentaires du soir et du lendemain ?

    Et pourtant ! Je me souviens de l’engouement qu’avaient suscité les premières élections de l’assemblée européenne au suffrage universel. Les grandes affiches du dessinateur Folon présentant une Europe prenant son envol comme un grand oiseau côtoyaient celles valorisant la statue de la victoire de Samothrace tandis que l’enthousiasme saisissait les partis qui semblaient trouver dans l’idéal européen un nouveau souffle. C’était une « première fois » pleine de promesses et d’illusions : la réalité étouffera vite l’espoir, et les maux de la démocratie représentative, déjà présents au niveau des nations européennes, se reproduiront à l’échelle de ce que l’on n’appellera l’Union Européenne qu’à partir de 1993. Le rejet du traité constitutionnel européen en 2005 par les électeurs français et néerlandais (pour des raisons d’ailleurs fort différentes), puis son contournement par les gouvernements et les parlements des pays européens, finiront de discréditer la démocratie européenne aux yeux des électeurs, et éloigneront un peu plus les Français des urnes, en un divorce marquant entre le pays réel et le pays électoral, ce « pays légal » dont la base se rétrécit sans qu’il s’en inquiète, préservé par le système lui-même dont « l’inertie » assure la survie quelles que soient les alternances ou les surprises politiciennes… L’arrivée d’un président « inattendu » à la tête de la République française en mai 2017 n’a fondamentalement rien changé au système en place, et « le nouveau monde » ressemble furieusement à « l’ancien », en ce domaine, avec quelques vagues nuances.

    athena-guerre.jpgLes élections du 26 mai prochain verront en tout cas s’affronter trente-quatre listes de toutes les tendances possibles, y compris royaliste, sans que l’on sache vraiment si les débats les plus nécessaires seront abordés, et si les idées évoquées, bonnes ou mauvaises, dépasseront le petit cercle des commentateurs politiques et celui, moins restreint, des militants des listes en lice. Peut-on se satisfaire de ce constat ? Je ne crois pas, et il me semble, qu’une fois de plus, il faudra emprunter des chemins de traverse pour retrouver la voie de la passion politique, celle qui bouscule et qui fonde, celle qui peut ouvrir des perspectives, non pour le mandat court d’un député européen, mais pour les générations qui sont, qui viennent et qui viendront. Il est des enjeux que l’on ne peut méconnaître : autour du souci environnemental et de ses diverses déclinaisons ; autour de la grande question de la guerre et de la paix (les deux ne pouvant être disjointes) ; autour de la pérennité et de la transmission renouvelée d’une civilisation française qui ne peut être figée sous peine de disparaître, et du dialogue incessant avec les civilisations voisines ; autour de la place et du rôle des hommes dans le processus économique et de leurs implications sociales ; etc. Autant d’enjeux qui, aujourd’hui, ne sont qu’effleurés (dans le meilleur des cas) quand ils devraient irriguer les réflexions et les projets des listes et des candidats au Parlement européen, même s’il faut bien reconnaître que celui-ci n’a guère d’autre pouvoir que de discuter des textes préparés ailleurs et par d’autres, et de les voter ou de les refuser… Mais qu’importe ? Le débat électoral n’est-il pas là, justement, pour dépasser les seules contingences électorales et évoquer d’autres fondations possibles ?

    Les royalistes sont gens de longue mémoire, et, s’ils peuvent paraître encore loin de peser sur les débats en cours, il ne leur est pas interdit de réfléchir et de proposer, autant lors de la joute électorale que dans ses prolongements et ses éloignements. L’Europe, ou ce que l’on appelle ainsi, mérite, au-delà des polémiques, un vrai engagement politique, non pour seulement la défaire ou la défendre, mais pour en concevoir, sans a priori les formes les meilleures pour relever les défis de l’actualité comme de « l’avenir que tout esprit bien né souhaite à sa patrie » et aux générations qui y vivent et la poursuivent par leurs actions et combats. Elle ne peut négliger ce qui fonde aujourd’hui l’enracinement des familles et des personnes, et que l’on nomme « les nations » qui, disons-le sans peur, peuvent se conjuguer sans se confondre.    

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    Visuel La Couronne 

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Éric Zemmour : « Cette loi des deux ans qui contraint Macron à faire comme tous ses prédécesseurs »

     

    thUKZO41O8.jpgEt l’Allemagne dans tout ça ? En paix comme en guerre, sous l'angle politique et militaire, comme sous l'angle économique, si évidemment toujours corrélés, cette question est au centre de notre passé comme de notre présent. Au centre de l'oeuvre de Jacques Bainville dont à bien des égards Zemmour est un continuateur lucide. Emmanuel Macron en fait le redoutable apprentissage et c'est ce dont Zemmour traite ici. [Le Figaro du 10.05). Un article intéressant. À lire absolument.  LFAR 

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    « Au bout de deux ans, Macron a enfin compris que les Allemands défendent exclusivement les intérêts allemands »

    Ses anciens collaborateurs confient que le président Mitterrand n’achevait jamais un échange avec eux, sur n’importe quel sujet, sans une question devenue rituelle : et l’Allemagne dans tout ça ?

    C’est pour ne pas se couper de l’Allemagne qu’en 1983, acculé par une crise monétaire et financière, Mitterrand a mis à la poubelle le socialisme qu’il avait promis pendant sa campagne de 1981. C’est pour « clouer la main de l’Allemagne sur la table de l’euro », (il craignait que l’Allemagne réunifiée ne s’éloignât vers l’Est) qu’il a signé le traité de Maastricht et abandonné la souveraineté monétaire de la France.

    On peut estimer que Macron fut d’abord le meilleur élève de Mitterrand. Toute sa campagne présidentielle reposait sur la séduction de l’Allemagne. Toutes ses réformes étaient des (pâles) imitations des réformes mises en œuvre par Gerard Schröder au début des années 2000. Il fallait, pensait Macron, « germaniser » la France pour que l’Allemagne, mise en confiance, accepte de « franciser » l’Europe, c’est-à-dire accepte les réformes de l’Europe proposées depuis des années par les Français.

    Deux ans après, Macron est obligé d’admettre, en tout cas par-devers lui, qu’il a échoué. Angela Merkel a refusé à peu près tout (sauf des bagatelles sur les travailleurs détachés ou le budget de la zone euro) ce que Macron demandait au nom de « la souveraineté européenne ». Elle a vite compris que la solidarité et l’efficacité réclamées dans la zone euro obligeraient les Allemands à puiser dans leurs énormes excédents d’épargne pour financer une Europe du Sud exsangue ou encore la pharaonique « Europe de la Défense ». L’Allemagne paiera, le slogan était déjà celui de l’après-1918, et n’avait pas davantage fonctionné !

    Trouver une alternative

    Cet échec est concomitant de l’explosion des « gilets jaunes ». Étonnante concomitance puisque la marginalisation de cette population périphérique est en partie la conséquence des choix économiques faits en 1983, justement, pour rester arrimés à l’économie allemande.

    Cet échec de Macron explique qu’il ait à son tour cédé au « virage des deux ans », comme tous ses prédécesseurs depuis Giscard, alors qu’il avait juré de ne pas y succomber. Cet échec explique qu’il ait renoncé à la réduction des déficits budgétaires et du nombre de fonctionnaires. Mais cet échec explique aussi qu’à Bruxelles, la France n’ait désormais plus peur de s’opposer à l’Allemagne, que ce soit au sujet du Brexit, des relations commerciales avec les États-Unis ou de la taxe sur les Gafa.

    Au bout de deux ans, Macron a enfin compris que les Allemands défendent exclusivement les intérêts allemands. Et qu’il serait temps pour les Français d’en faire autant. Mais il n’est pas facile de changer de stratégie et d’allié privilégié, surtout quand c’était la stratégie des élites françaises, de droite comme de gauche, depuis Giscard. Pas facile de trouver une alternative, au-delà de l’utilisation des mots de l’adversaire nationaliste qu’on vouait aux gémonies il y a peu. Le roi Macron est nu et, contrairement au célèbre conte, il est le premier à le savoir.    

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    « Cet échec est concomitant de l’explosion des « gilets jaunes ».

    Éric Zemmour

  • Le comte de Paris donne sa position sur la question européenne dans Marianne

    Visuel La Couronne

    Le chef de la Maison de France s'est exprimé une nouvelle fois dans la presse nationale. A la veille des élections européennes, il vient de publier dans Marianne une tribune intitulée Nos enjeux européens.[13.05] Il convient de lire son analyse avec attention de façon à en discerner les lignes de force. Parmi ces dernières, nous relevons que l'Europe ne peut consister qu'en « des relations de coordination entre nations souveraines  et non des rapports de subordination » et qu'elle ne peut exister sans l'assentiment populaire. « Les problèmes structurels de l’Union européenne se sont aggravés » constate le Prince parce qu'elle a ignoré ces deux conditions. Une réflexion riche de sages enseignements. Dans la tradition capétienne.  LFAR   

    portrait-2.jpg« Je tiens à faire part aux Français, engagés ou non dans cette campagne, des réflexions que m’inspire la tradition millénaire que j’incarne. »

    La campagne en vue des élections au Parlement de Strasbourg mêle les considérations sur l’avenir de l’Union européenne et les affrontements entre les formations politiques de notre pays. Ma vocation à l’arbitrage dans le souci primordial du bien commun et de l’unité du pays me place au-delà des affrontements partisans. Je n’en méprise pas l’importance pour la vitalité de notre système politique mais je tiens à faire part aux Français, engagés ou non dans cette campagne, des réflexions que m’inspire la tradition millénaire que j’incarne.

    Français de toutes religions, classes et origines, nous appartenons à la même nation souveraine. Nous n’avons pas à revendiquer cette souveraineté, qui est une réalité historique et juridique. Depuis le roi de France se proclamant "empereur en son royaume" jusqu’au Préambule de notre Constitution réaffirmant que "le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation", la France n’a cessé de défendre son indépendance - dont nous avons si souvent et si durement payé le prix.

    Quand nous étions un royaume et depuis que nous sommes devenus une nation, dans les tourmentes de l’histoire mais toujours avec l’État sous la forme de la monarchie royale, du régime d’Assemblée puis de la monarchie élective, nous n’avons jamais conçu notre souveraineté dans l’isolement. Hormis la parenthèse napoléonienne, la France s’est toujours pensée et voulue comme partie prenante du concert des nations ; par ses alliances et à défaut par la guerre, la France a toujours cherché à préserver ou à rétablir l’équilibre européen face aux volontés de puissances hégémoniques.

    Tandis que notre pays renforçait son État selon une conception rigoureuse de la souveraineté au sortir des guerres de Religion, Henri IV et Sully imaginaient le premier projet de confédération européenne fondé sur l’égalité des États qui en seraient membres. Aujourd’hui, l’Union européenne se définit comme un ensemble de nations également liées par des traités qui ne sauraient établir que des relations de coordination, à repenser sans cesse, et non des rapports de subordination. Au sein de cette Union, des intérêts communs sont poursuivis mais les États-membres ne cessent néanmoins d’y défendre, avec plus ou moins d’intensité et toujours sous forme de compromis, leurs légitimes intérêts nationaux.

    Comme ses partenaires, la France a souverainement consenti des délégations de compétences, notamment dans les domaines de l’agriculture, du commerce et de la monnaie. Nos gouvernements successifs espéraient pouvoir contrôler ces délégations tout en entretenant la fiction d’un "Parlement" pourtant dépourvu de pouvoir législatif, et tout en acceptant, au mépris de la séparation des pouvoirs, une Commission qui est un organe exécutif disposant de l’initiative législative. Depuis 2007, les problèmes structurels de l’Union européenne se sont aggravés :

    Le traité de Lisbonne est la copie conforme, à quelques détails près, du "Traité constitutionnel" rejeté par les peuples français et hollandais. Le "déficit démocratique" que mon grand-père déplorait après le traité de Maastricht s’en est trouvé considérablement accru.

    La zone euro, en vérité un système rigide de taux de changes fixes, s’est instituée de manière autonome au sein de l’Union. Elle fonctionne la plupart du temps selon les injonctions du gouvernement allemand, selon les choix d’une Banque centrale totalement indépendante des Etats, et selon les décisions de l’Eurogroupe, structure dont le caractère "informel" a été reconnu par traité en 2009. Cela signifie que ces trois organes de décisions sont hors de contrôle des États-membres qui se retrouvent tous peu ou prou intégrés dans des mécanismes régis par des groupes d’experts.

    Les politiques menées au nom de l’Union ne produisant pas les effets annoncés ou correspondant de moins en moins à la volonté des peuples, il n’est pas surprenant que la plupart d’entre eux, en réponse aux multiples crises qu’ils doivent affronter, souhaitent s’en affranchir et reprendre le plein exercice de leur souveraineté nationale.

    Le référendum aboutissant au Brexit est l’exemple le plus frappant et l’Allemagne n’a quant à elle jamais hésité à faire prévaloir les règles qui lui conviennent dans l’ordre économique et monétaire par le biais du nouveau traité signé en 2012 et par son influence politique, tandis que les gouvernements français, de droite comme de gauche, continuent à œuvrer en faveur d’une "construction européenne" prétendument supérieure aux nations.

    Je vois dans la confusion bruxelloise des pouvoirs et dans cette "gouvernance" bureaucratique indifférente à l’affaiblissement économique et industriel de nombreux pays et aux souffrances sociales endurées par de nombreux peuples, les causes immédiates de la grande colère qui porte au rejet d’une "Europe" d’ailleurs fort réduite par rapport au continent européen.

    Malgré les invocations rituelles à Jérusalem, à Athènes, à la Rome ancienne et à la Rome chrétienne, aux Lumières et à l’universalisme, l’Union n’a pas la politique de justice que devrait lui inspirer la pensée européenne. Elle organise la compétition entre les peuples, elle favorise le morcellement des nations, elle prive les États des moyens leur permettant de conduire des politiques publiques qui pourraient porter remède à nos multiples fractures sociales et territoriales. Elle néglige la culture européenne, conservant aux moindres coûts un patrimoine monumental dont elle a perdu le sens. Comment pourrait-elle se faire aimer ? 

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  • L’injonction de Jeanne après la victoire de Patay, en route pour Reims : « maintenant partons » !

    Statue de Jeanne d'Arc, place des Pyramides - Paris

    Par Henri BEC

    Discours prononcé devant la statue de Jeanne d'Arc place des Pyramides à Paris, dimanche 12 mai, à l'issue du Cortège Traditionnel de Jeanne d'Arc. Henri Bec est président de la Restauration Nationale Action française.

     

    3627674999.jpg1429 – 2019 : Il y a 590 ans la petite bergère de Domrémy, écoutant Sainte Catherine, Sainte Marguerite et l’archange Saint Michel écrivait aux Anglais : « je suis envoyée par Dieu, le Roi du ciel, pour vous bouter hors de toute la France ».

    Oui, la France était alors à la merci de l’ennemi héréditaire aidé par la fourberie des chefs bourguignons, parce que l’étranger a toujours été prêt à s’approprier le royaume des lys avec le renfort des ennemis de l’intérieur. La situation du dauphin Charles était désespérée, entouré de quelques fidèles ou de conseillers qui ne manquaient pas de se quereller. La France était sur le point de sombrer.

    Contournant tous les obstacles, religieux, politiques et militaires mis sur sa route, Jeanne se rend d’abord à Bourges reconnaître le futur roi, prend la tête de son armée, délivre Orléans, et conduit le dauphin au sacre de Reims.

    Et la belle dynastie capétienne allait régner encore 360 ans, faisant de ce pays un modèle d’équilibre, de sagesse et de paix, sous la même constitution établie au cours des siècles avec patience et intelligence. L’autorité indépendante du haut avait permis l’exercice de toutes les vraies libertés en bas et l’explosion du génie français, synthèse unique de la sagesse grecque, de la rigueur romaine et de la beauté catholique.

    Qu’est devenu ce beau royaume de France ? Après cinq républiques, vingt-deux textes constitutionnels plus savants et inefficaces les uns que les autres, de présidents de droite en présidents de gauche, en passant comme aujourd’hui par un président déconnecté des réalités, englué et piégé dans les nuées abstraites de ses illusions européennes et mondialistes, le pays s’enfonce, comme au XVe siècle, dans un déclin qu’une classe politique lâche et pleutre se plait à ignorer.

    La maîtrise des pouvoirs régaliens fondamentaux, justice, diplomatie, sécurité, monnaie a été honteusement abandonnée à de puissantes et maléfiques forces apatrides. Les prosélytes du vivre ensemble, de la démocratie universelle et autres « valeurs de la République » ne se livrent à rien d’autre qu’à la liquidation de nos forces vives entre les mains de la fortune anonyme et vagabonde et de dangereux envahisseurs que seule une cécité volontaire empêche de voir,  collaborateurs félons et parjures d’ennemis pourtant parfaitement identifiés.

    L’ennemi est en effet à nos portes, pire il est déjà dans nos murs. « L’islam, cette religion monstrueuse, disait déjà le grand Bossuet, a pour toute raison ou ignorance, pour toute persuasion que la violence et sa tyrannie, pour tout miracle ses armes, qui font trembler le monde et rétablissent par force l’empire de Satan dans tout l’univers ».

    L’histoire nous apprend que les migrations de masse ont toujours été plus dangereuses que les conquêtes militaires. Cette occupation progressive que nous subissons dans le plus grand et mortifère silence, est même présentée comme « une chance pour la France ». C’est là comme ailleurs la subversion généralisée de la réalité, des jugements de simple bon sens et des saines notions de politique naturelle. Le mal est devenu le bien, le laid a remplacé le beau, l’erreur s’est substituée au vrai.

    La nation protectrice se dissout dans un mondialisme mercantile et dans une Europe sous direction allemande. Notre colloque d’hier en a apporté une nouvelle et claire démonstration.

    Et ce n’est pas aujourd’hui dans l’Église, dont le pasteur se livre à de dangereuses déclarations et à de regrettables manœuvres, que nous pouvons trouver un réconfort à nos angoisses. Espérons, de ce côté là aussi, des jours meilleurs.

    Alors reprenons encore et toujours la leçon de Jeanne, dont Maurras disait qu’elle était « le chef d’œuvre de l’intelligence limpide ».

    Beaucoup ont voulu et veulent toujours se l’approprier en oubliant, volontairement ou pas, sa leçon essentielle. Génie militaire certes mais aussi et peut-être avant tout, génie politique. Après avoir délivré Orléans, pressée par ses compagnons de partir conquérir la Normandie et la flotte anglaise, Jeanne refusa. Écoutant la consigne des anges, elle avait compris qu’il était d’abord nécessaire de rétablir l’ordre politique, de retrouver l’institution naturelle et légitime avant de se lancer dans d’aléatoires aventures militaires : d’abord le roi. La marque essentielle de son œuvre politique fut de reconnaître, affirmer, annoncer et consacrer le Roi légitime.

    Jeanne d’Arc illustre la grande leçon que notre maître n’a cessé de professer : politique d’abord. Qui le dit à part nous ?

    À ce peuple de France, à ce pays réel image des multiples fractures de la société qui erre sur nos ronds-points depuis des mois, sans savoir d’où il vient sans savoir où il va, abandonné par une oligarchie apatride et maléfique, sans projet politique ordonné, nous lui disons que nous avons et l’explication et la solution. La représentation de nos instances élues n’est plus crédible, l’autorité du sommet de l’État est désormais une pure illusion. La France n’est plus ni gouvernée ni administrée. La question politique est plus que jamais posée.

    Et c’est pourquoi, tout naturellement à ce stade de mon propos je me permets en notre nom à tous d’adresser un message d’amitié au prince Jean mais surtout un message d’espoir à celui qu’il est désormais, Mgr le comte de Paris, héritier de notre dynastie nationale, lui redisant que les royalistes de l’Action française restent toujours à son service pour l’accompagner dans la mission de salut public dont il est investi. « Le solide honneur de la France, disait Maurras, est de se prévaloir de la plus belle des races de rois. »

    Notre Action française, la plus ancienne école politique du pays parce qu’elle ne règle pas son existence et son action sur des compétiteurs de circonstances, sur des voyous de passage pour reprendre l’expression de Léon Daudet, est désormais en ordre de marche. Notre magnifique défilé d’aujourd’hui, nos bannières, nos chants sont la marque de notre dynamisme et de notre résolution, notre unité retrouvée le signe de notre détermination.

    Mes chers amis, faisons nôtre l’injonction que Jeanne adressait à ses compagnons après la victoire de Patay, en route pour Reims : « maintenant partons ».

    Oui, partons nous aussi vers Reims, accompagnés par la cohorte de nos prestigieux prédécesseurs, vous les plus anciens qui êtes toujours là parce que l’espoir politique ne vous a jamais abandonné et vous, les nouvelles générations qui allez prendre la relève, vous à qui plus spécialement je veux rappeler en ce jour de mémoire la leçon de Maurras :

    « Jeune Français vive la France, mais pour que vive la France, jeune Français, vive le roi ». 

  • Lu sur Boulevard Voltaire : J’ai passé une journée avec des royalistes

     

    296519203 - Copie.jpgCette chronique, ce sont des choses vues. Vues samedi 11 de ce mois au colloque sur l'Europe organisé par l'Action française. L'auteur est bienveillant, sympathique mais peut-être a-t-il vu surtout ce que l'on a envie de voir quand on est étudiant et jeune : la jeunesse militante, les camelots du roi, les risques d'agression, etc. Il a entrevu Buisson, et les trois jeunes intervenants à la table-ronde où il était prévu que des jeunes s'expriment. C'est tout. Ce n'est évidemment pas la réalité de ce colloque. Mais qu'importe. Peut-être Jean Bexon a-t-il tout de même vu l'essentiel lorsqu'il conclut : « Au fond, ces ennemis de la République d’aujourd’hui paraissent être, finalement, les véritables révolutionnaires de demain. » C'est être perspicace, n'est-ce pas ?  LFAR

    b57f8f400d17cf568379a46674482027.jpegPar Jean Bexon, étudiant

    On dépeint souvent les royalistes, quand ils ne sont pas décrits comme de vieux ringards passéistes, comme des militants « d’extrêêêême droaate » (prendre l’intonation lancinante des journalistes d’« Envoyé spécial »).

    Au-delà des clichés, qui sont vraiment ceux qui luttent pour le retour du roi ?

    Pour vous donner une idée, je me suis rendu à un colloque organisé par l’Action Française à Paris, un des principaux mouvements qui défendent et promeuvent le retour du roi.

    Mon périple au pays de la fleur de lys commence par un long trajet en métro, ligne 8, direction l’espace Charenton. Trouver un repère de royalistes est facile : à quelques rues adjacentes du lieu, il y a toujours des « chouffeurs » (si vous n’avez pas fait la guerre d’Algérie, ce terme désigne ceux qui surveillent les environs pour prévenir d’un danger). Des guetteurs au look de racailles vintage, style blouson noir, m’indiquent que je suis bien arrivé. Ils font partie de ce qu’on appelle « les Camelots ». On désigne par ce mot un militant royaliste ; ce surnom vient de l’époque où il vendait à la criée les journaux du mouvement. Des camelots célèbres, il y en a eu, comme Daniel Cordier, résistant de la première heure.

    Le colloque a lieu dans une salle sombre et, le temps que mes pupilles se dilatent, je reconnais sur scène Patrick Buisson.

    Je suis surpris par la jeunesse du public (la plupart affichent la vingtaine) et la diversité des profils : juristes, étudiants, paysagistes, professeurs d’histoire, soudeurs, analystes, toutes les corporations de métiers sont représentées !

    Soudain, on perçoit un remue-ménage vers la sortie, le public se dégarnit très rapidement. Il semble se passer quelque chose à l’extérieur. Des camelots enfilent leurs gants, on crache dans les postes radio. « Une attaque de nervi d’extrême gauche », suppose un participant. Finalement, une fausse alerte, s’empresse de rassurer un membre organisateur, « Retournez dans la salle, le public est à moitié vide ». La spécificité des conférences organisées par l’Action française, c’est que la grande partie du public fait partie du service d’ordre.

    Un militant clermontois me raconte, avec nostalgie, qu’une fois, presque tout l’auditoire qui assistait à une conférence de l’africaniste Bernard Lugan s’était rué à l’extérieur. Ils avaient mené une charge épique contre une espèce en voie de disparition mais très agressive, des anarcho-maoïstes venus chercher querelle. En tête de cette bataille digne d’une chanson de geste du Moyen Âge, le maître de conférence et ancien camelot, bâton de professeur en main lança l’assaut. Les malandrins n’eurent plus qu’une option face à cette marche impérieuse : la fuite.

    Par ailleurs, si vous pensez que, dans un colloque de monarchistes, on aborde des sujets comme les dorures du château de Versailles, les tenues de Marie-Antoinette ou les arbres généalogiques aristos façon Stéphane Bern, vous avez tort.

    Roch, Camelot du roi, dresse un exposé des avancées de l’innovation spatiale de la France et établit quelques pistes stratégiques pour la souveraineté de la France dans cette quatrième dimension. « La prise de conscience de l’aspect stratégique et vital de l’espace est la condition pour élaborer une politique », lance-t-il de son pupitre.

    Romain aborde le thème de l’écologie et du nécessaire réenracinement. Il est devenu paysan par choix après une formation en maraîchage. « Vouloir le retour du roi, c’est d’abord aimer la France ; aimer la France, c’est aimer la terre ; de fait, le réenracinement s’est imposé comme la continuité de mon militantisme », explique-t-il.

    Au fond, ces ennemis de la République d’aujourd’hui paraissent être, finalement, les véritables révolutionnaires de demain. 

    Jean Bexon
    Boulevard Voltaire le 14.05.2019
  • Lafautearousseau c'est une équipe, un ensemble d'auteurs ... Il est bon de le faire savoir !

     On voudra bien nous signaler les éventuels oublis ... Toujours possibles.

  • Votez utile, votez souverainistes !

     

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpglafautearousseau n'a jamais donné de consignes de vote s'il s'agit de désigner un parti politique quelconque. Nous ne le ferons pas davantage pour les prochaines européennes. Nous ne nous privons pas, toutefois, d'indiquer dans quel sens conforme à l'intérêt national il nous paraît utile de voter. C'est ce que fait l'appel ci-dessous lancé par l'Action Française en la circonstance. Voter pour une liste souverainiste dont le programme consiste à refonder un projet européen sur la base d'une alliance de nations souveraines, nous paraît être, en effet, la ligne politique qui s'impose. LFAR    

    58379093_2254421444612478_3202810224192782336_n.pngÉlections européennes : un appel de l'Action française

    Le 26 mai prochain, pour l’élection des députés français au Parlement européen, pas moins de trente-trois listes se présenteront aux suffrages de nos compatriotes. Même s’il ne faut pas fonder d’espoir exagéré dans une possible percée des listes souverainistes en Europe, et encore moins dans une possible union des patriotes au plan européen, la division des seuls patriotes français – 4 listes ! – étant suffisamment éloquente, toutefois, ne méprisons pas le choc que serait, en France, la victoire des listes souverainistes sur celles du renoncement national.

    C’est pourquoi l’Action française appelle les Français à voter, le 26 mai prochain, pour la liste souverainiste de leur choix, tout en privilégiant le vote utile. N’oublions pas, en effet, que les listes obtenant moins de 5 % n’enverront aucun député à Strasbourg.

    Ces élections seront l’occasion pour les Français de montrer à Macron qu’ils ne veulent plus de sa politique d’abandon de notre souveraineté au profit de l’oligarchie internationale, dont il est le pion. Il est de l’intérêt pressant des Français que Macron sorte le plus affaibli possible de ces élections. 

  • André Bercoff : « Nos gouvernants font face au retour des peuples »

    André Bercoff et Jean Gugliotta : conférence débat pour lafautearousseau et l'Union Royaliste Provençale, le 21 janvier 2019 

    thUKZO41O8.jpgEn introduction à cet intéressant entretien, Le Figaro écrit : André Bercoff vient de publier « Le retour des peuples » (Hugo Doc, 2019) dans lequel il dresse le bilan des décennies de politiques ayant conduit aux Gilets jaunes. Il y décrit nos gouvernants comme aveugles à la crise politique qui est advenue. (Figaro Vox 10.05). On y retrouve la pensée libre et lucide de Bercoff qui fut notre invité à Marseille le 21 janvier dernier.   LFAR 

     

    bercoff_site.jpg« Depuis deux ans, tout se passe comme si Macron venait d’atterrir en France, comme un nouveau PDG qui découvre son bureau. »

    Dans votre livre «  Le retour des peuples», vous revenez sur les origines du mouvement des Gilets jaunes. Quelles sont-elles, en résumé?

    Elles sont évidemment multiples. Paupérisation d’une partie de la classe moyenne ; abandon en rase campagne de ce que le géographe Christophe Guilluy a appelé La France périphérique ; précarisation de millions de Français (petits commerçants, ouvriers, agriculteurs, chômeurs, employés à durée de plus en plus en déterminée)… Depuis 1975, les Quarante Pâteuses ont succédé aux Trente Glorieuses. Tout à la joie d’entrer dans le Disneyland de la mondialisation, des élites pourtant brillantes ont cessé de regarder ceux que l’économie-monde avait laissés au bord de la route. Ceux-là en effet restent pris en tenaille entre les rutilants nomades des fuseaux horaires et les miséreux nomades de l’immigration massive. S’en suivirent, dans ce dernier cas, des passions grégaires, des communautarismes exacerbés et des transferts de population à l’intérieur même du pays. La juxtaposition, consciente ou cachée, de la diminution du gâteau économique et des troubles de l’être identitaire, devait produire, à un moment donné, le retour d’un refoulé adoptant, cette fois-ci, la couleur jaune. Ne restait plus que le moment où une goutte de fuel allait déborder le vase: ce fut un certain mois de novembre..

    Avons-nous dépassé le clivage droite-gauche ?

    Depuis longtemps. La gauche est morte fin 1982, quand elle embrassa avec zèle et ferveur l’économie de marché tout en conservant pieusement ses oripeaux étatistes et bureaucratiques. Résultat : la main invisible d’Adam Smith dans le slip de la fonctionnarisation généralisée. Quant à la droite, elle se fit sociétale avec Giscard, belle au bois dormant avec Chirac, agitée avec Sarkozy: au-delà des postures et des remaniements, aucun travail, aucune réflexion de fond. Presidential baby pouvait jaillir, fils naturel des noces rêvées de la Finance et de Hollande.

    Qu’est-ce que les réseaux sociaux ont changé ?

    Ils ont détruit, pour le meilleur et le moins bon, le monopole de la vérité révélée d’en haut et répercutée, avec plus ou moins de conviction, vers le bas peuple. Attribuer d’ailleurs la naissance des fake news à l’apparition des réseaux sociaux est d’une incongruité monumentale. L’intox, la désinformation et la propagande existaient au moins depuis l’Antiquité. Et la venue de Gutenberg n’a rien arrangé. Aujourd’hui, Facebook, Twitter et autres Instagram permettent certes les appels à la haine, que l’on peut et doit combattre et juguler, mais aussi, des faits, des images, des mots, que l’on ne voit pas toujours apparaître dans les médias mainstream. Et l’on a bien vu, ces temps-ci, que les principaux scandales d’État ou d’affaires, avaient été repérés d’abord sur la toile. Que chacun puisse s’exprimer malgré les excès, est en tous les cas, une preuve évidente de démocratie. Même si les propos de comptoir le disputent souvent aux analyses de fond. Sans les réseaux sociaux, la liberté d’expression, hélas, de plus en plus policée, n’aurait plus du tout le même sens.

    Que dit pour vous l’actuel succès de Donald Trump ?

    Le cardinal de Retz affirmait que l’on ne peut sortir de l’ambiguïté qu’à son propre détriment. Donald Trump, aujourd’hui, prouve d’éclatante façon, le contraire. On ricanait sur les politiciens qui ne tenaient jamais leurs promesses de campagne ; en voici un qui a dit ce qu’il allait faire, et qui fait ce qu’il a dit. En matière de croissance, de baisse du chômage, d’augmentation des bas salaires, les résultats sont là, incontestables. La comparaison serait assez cruelle pour certains. Quand on prétend diriger, une bonne colonne vertébrale et une clarté dans la formulation du cap, ne messied pas.

    Quel lien faites-vous entre le mouvement des Gilets jaunes et la colère identitaire de l’époque ?

    Elle est manifeste partout. Des États-Unis à l’Ukraine, de l’Italie à la Pologne, du Brésil à l’Autriche, des millions de personnes n’ont plus vraiment envie que leur nation soit vendue à la découpe, et que leurs frontières se transforment en passoire. Les laissés-pour-compte du village global ne savent plus où ils habitent, ce qui les fait vivre ensemble, ce qui fonde désormais la décence commune et les valeurs collectives. D’où le retour identitaire.

    Qu’appelez-vous l’« effet Sieyès » ?

    Dans mon livre «Le retour des peuples», je consacre un chapitre à l’étonnant ouvrage de l’Abbé Sieyes rédigé en janvier 1789, pour la tenue des États Généraux. Mutatis mutandis, j’ai été stupéfait par les rapprochements entre les mots de l’Abbé et la situation d’aujourd’hui, la manière dont le clergé et la noblesse de l’époque traitaient le Tiers État, la question centrale de l’impôt, la revendication d’une dignité et d’une reconnaissance considérées comme essentielles. Le clergé politico-médiatique et la noblesse financiaro-administrative feraient bien de lire Sieyes et accessoirement « Le retour des peuples »...

    Vous rappelez la dimension visionnaire du discours de Philipe Séguin…

    Philippe Séguin, l’un des politiques les plus intéressants et les plus lucides de la Ve République, qui n’a pas eu le rôle qu’il méritait, n’a eu de cesse de rappeler qu’une Europe sans âme, sans culture, où l’on a mis d’emblée la charrue économico-bureaucratique avant les bœufs du savoir et de la connaissance, allait certes exister, voire prospérer, mais se heurterait un jour, faute d’union véritable - celle des cerveaux et des cœurs - à la toute-puissance d’une Amérique encore impériale et à l’émergence spectaculaire des nouvelles puissances asiatiques.

    Vous comparez Macron à un stagiaire…

    François Hollande fut, pendant cinq ans, le commentateur de sa propre inaction. Emmanuel Macron fut un excellent candidat, vorace vainqueur des coriaces effilochés de la politique as usual. Mais depuis deux ans, tout se passe comme s’il venait d’atterrir en France, comme un nouveau PDG qui découvre son bureau. La manière dont il a géré jusqu’ici le mouvement social en cours, montre à l’envi qu’il y a encore une dose excessive d’amateurisme chez les princes qui nous gouvernent. Macron devrait se rappeler, et au plus tôt, les mots de Chirac: un chef, c’est fait pour cheffer.   ■   

    Entretien par 

  • Détruire, dit-il

    La grande croix intacte de l’autel, le coq qui surmontait la flèche retrouvé dans les décombres, la couronne d’épine sauvée : symboles d’une permanence, d’une continuité que Macron ne veut pas voir.

    Par Philippe Mesnard 

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    Notre-Dame, si longtemps négligée, comme tout le patrimoine religieux parisien, affronte désormais son plus grand danger : devenir le signe que les temps ont changé et exhiber un corps mutilé pour en être le dégoûtant emblème.

    Emmanuel Macron a donc décidé qu’il fallait que Notre-Dame soit reconstruite en cinq ans, et qui plus est « plus belle » qu’avant. Rien ni personne ne l’obligeait à adopter ce vocabulaire et ce calendrier. Tout, au contraire, aurait dû l’obliger à adopter un autre discours. Un discours où cet apôtre du vertical aurait d’abord expliqué que Notre-Dame de Paris est une cathédrale catholique, n’en déplaise à M. Castaner ; mais « catholique » lui aurait écorché les lèvres et, comme Mgr Aupetit l’a souligné, dès le lendemain du sinistre, le président de la République reprenait vite ses habitudes de laïc militant, qui explique aux évêques français qu’ils doivent chercher pendant que lui a déjà trouvé et qui exclut toute référence à la religion des bâtisseurs et des occupants de Notre-Dame. Un discours où cet apôtre du travail aurait d’abord commencé par souligner tout le travail qui n’a pas été fait par les services de l’État : un bâtiment mal entretenu, auquel était affecté trop peu d’argent, des chantiers mal conçus et mal conduits. Un discours où cet apôtre de l’expertise aurait d’abord affirmé qu’il ne fallait que laisser parler les experts. Bernique.

    Mais les experts parlent. Ils ont parlé, dès entendus les propos surprenants du chef de l’État et la déclaration grotesque du Premier ministre, considérant que « les enjeux de l’époque » devaient coiffer Notre-Dame. Ils ont fait valoir plusieurs choses : que la loi existait, à défaut du bon sens ; que personne ne songeait à améliorer le Mont Saint-Michel pour le magnifier grâce aux enjeuxdelépoque®, mirifique enduit, ni la Tour Eiffel, ni la grotte de Lascaux, ni Notre-Dame-du-Haut de Ronchamp ; que l’édifice était fragile (désormais sans toit, les vents de 90 km/h peuvent l’ébranler) ; qu’une cathédrale gothique est un ensemble dynamique qu’on ne modifie pas si facilement ; que tous les grands chantiers de reconstruction prennent beaucoup de temps. Que n’ont-ils dit ? Que cet empressement à parler de reconstruire et non pas de restaurer cachait mal la volonté de dissimuler les responsabilités de l’État dans sa manière scandaleuse de gérer le patrimoine ; que Viollet-le-Duc avait moins exalté les enjeux de l’époque qu’il n’avait servi l’édifice, et que parler de contemporanéité lorsqu’un architecte tout entier dédié à la restauration du patrimoine décide de construire une flèche néo-gothique sur un édifice gothique est sans doute se payer de mots ; que les malins qui “savent” que Notre-Dame empile les styles et les époques sont incapables de distinguer une ogive du XIIIe et une du XVe ; que l’État si prompt à faire appel à la générosité publique devrait bien plutôt surveiller la manière folle dont il dépense ses deniers dans d’autres chantiers hasardeux, comme la “restitution à l’identique” d’un mur dans la cour de Versailles ou la dorure des lanternons de Chambord.

    Rapidité ou précipitation ?

    Ils ont fait valoir que la France avait les savoir-faire pour reconstruire à l’identique, et que ce chantier, si long puisse-t-il paraître à un homme pressé d’apposer sa marque, quitte à ce qu’elle ne soit qu’une souillure, était une magnifique occasion de revivifier ces métiers d’arts, ce patrimoine vivant, que l’État, là encore, laisse mourir à bas bruit. Ils ont expliqué que la France avait les chênes nécessaires – et qu’on savait désormais les faire vite sécher, si tant est qu’on soit vraiment pressé. Que la France avait les pierres, et qu’on savait encore les tailler. Ils ont dit que la seule loi qui aurait été nécessaire, la seule dérogation, concernait l’usage du plomb pour la toiture. Ils ont dit que restaurer Notre-Dame à l’identique était une merveilleuse folie, bien propre à entraîner le pays tout entier et bien plus admirable que d’expédier à grande vitesse. Ils ont dit que créer un établissement spécial était une insulte à ceux qui existaient déjà et qui conduisent de gigantesques chantiers, et que ne pas écouter tous ceux qui œuvrent à préserver le patrimoine, au sein de l’État, était nier que ce qu’ils font ait un sens.

    Ils ont dit que Notre-Dame méritait qu’on dépense pour elle, et un prêtre qui héberge des sans-papiers a expliqué que les pauvres ont besoin de beau et d’esprit, qu’il faisait visiter Notre-Dame à ces gens qui ont une âme même s’ils n’ont pas su traverser la rue et si seule la pluie a ruisselé sur eux, et que ceux-ci pleuraient de joie sans souci des enjeux de l’époque – eux qui devraient être un enjeu de l’époque, eux dont Macron avait fait un enjeu, eux que Macron a oubliés. Voilà tout ce que les experts ont dit, et les gens de bon sens, et ceux qui savent que l’homme ne se nourrit pas seulement de pain.

    Macron saura-t-il les écouter ? Ou tient-il à exhiber une cathédrale défigurée pour bien montrer qu’il est le maître des horloges et que son temps est celui de la destruction irrévocable de ce qui n’est pas progrès ?    

    Philippe Mesnard

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