UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 3

  • Fondamentaux d'Action Française • Le nationalisme intégral

    Publié le 21 mars 2016 - Actualisé le 22 mai 2019

    Par Stéphane Blanchonnet

    3411685988.jpgLe « nationalisme intégral » n'a jamais désigné autre chose pour Maurras que la monarchie elle-même, en tant qu'elle répond « intégralement » aux attentes des nationalistes français. Toute autre interprétation, notamment celle qui en ferait l'expression d'un nationalisme exacerbé, est erronée ou malveillante.

    Le grand mérite de Maurras est d'avoir réussi, à l'aube du XXème siècle, à opérer la synthèse de la contre-révolution et du nationalisme. Le « nationalisme intégral » est à la fois le symbole et le résultat de cette synthèse. Le propre de l'Action française est ainsi de rappeler la formule traditionnelle, royale, d'un ordre spécifiquement français dans le contexte et avec le vocabulaire de la politique moderne.

    À la lumière de ce qui précède, l'erreur d'interprétation évoquée plus haut se révèle être un contresens radical. En effet, le « nationalisme intégral » est un nationalisme modéré, tempéré par la tradition, un nationalisme en quelque sorte vacciné contre les dérives du césarisme, du fascisme ou du totalitarisme. Ces formes de « nationalitarismes » (terme forgé par les maurrassiens pour s'en distinguer) répondent à des logiques (légitimité charismatique, divinisation du peuple et de la volonté générale) fondamentalement étrangères au modèle de la monarchie traditionnelle et décentralisée que nous défendons.   

    Repris de À rebours

  • Éric Zemmour : « Ces mythes qui font vibrer les dirigeants de l’Union européenne (mais pas leurs peuples) »

     

    thUKZO41O8.jpg « Une civilisation unique, exceptionnelle et menacée qu’il faut défendre » : Éric restitue à la question européenne sa véritable dimension. Et resitue l'élection du parlement européen à sa place qui est relative. Les enjeux sont bien supérieurs et la partie se jouera bien au-delà du 26 mai.  [Le Figaro du 17.05). Un bel article. À lire absolument.  LFAR 

    687294929.jpg

    « J’appelle européenne toute terre qui a été successivement romanisée, christianisée et soumise, quant à l’esprit, à la discipline des Grecs. »

    Paul Valery 

    Airbus, Erasmus, L’Auberge Espagnole... Les partisans de l’Union européenne ont inventé des slogans, des mantras. Mais la tragique réalité de l’Histoire ramène les Européens à ce qu’ils sont vraiment : une civilisation.

    Ils reviennent à chaque élection, à chaque débat, à chaque controverse. C’est ce qui reste quand les partisans de l’Union eupéenne ont tout essayé, tout tenté, tout oublié. Des mantras, des slogans qui parlent au cœur et réchauffent l’âme. Mais qui ne résistent guère à la raison. Des Airbus comme s’il en pleuvait. Des Airbus du rail, des Airbus des piles électriques, des Airbus de tout et de rien, l’important est de prononcer le mot magique. Le mot, mais pas la réalité. Car Airbus constitue tout ce qu’abhorre la Commission de Bruxelles: des accords entre deux gouvernements (la France et l’Allemagne), auxquels se joignent deux autres (l’Angleterre et l’Italie) ; des aides d’Etat comme s’il en pleuvait ; pas de concurrence et du protectionnisme à tout-va ; la France en leader technique et économique. Bref, l’horreur absolue. Qui serait quasi impossible aujourd’hui. Même chose pour Arianespace, d’ailleurs.

    Mais peu importe, l’Europe, c’est la paix. Et le nationalisme, c’est la guerre, ajoutent ceux qui se souviennent de l’ultime testament de François Mitterrand. Pourtant, la réalité historique dit autre chose. Comme le rappelle justement Hubert Védrine, l’ancien conseiller diplomatique de ce même Mitterrand, «l’Europe n’est pas la mère de la paix, mais sa fille». C’est la fin de la Seconde Guerre mondiale et la ruine des protagonistes européens - Allemagne, mais aussi Angleterre et France - qui les a obligés à se soumettre tous trois au protectorat américain. Ce sont les Etats-Unis, et plus particulièrement le secrétaire d’Etat de l’époque, John Foster Dulles, qui ont forgé la construction européenne. L’Europe et l’Otan sont deux organisations sœurs et ont la même mère: l’Amérique. Les trois Grands européens, «empires humiliés», comme dit Peter Sloterdijk, se sont terrés sous le parapluie nucléaire américain pour se protéger de la menace soviétique. La paix, c’est d’abord la peur de l’apocalypse nucléaire. L’Angleterre, la France et l’Allemagne achevaient ainsi trois siècles de lutte pour l’hégémonie européenne et mondiale, commencée sous le règne de Louis XIV, poursuivie avec la guerre de Sept Ans (1756-1763) et les guerres de la Révolution et de l’Empire, avant que l’Allemagne, unifiée en 1870, ne vienne prendre la place de la France en grand hégémon continental. Ce sont donc les tentatives réitérées de constituer un empire européen, et l’opiniâtreté britannique à l’empêcher, qui sont à l’origine de toutes les guerres européennes, et non l’existence de ces nations.

    Mais foin d’histoire, foin de guerres, foin de nations et de peuples ; l’important, ce sont les individus, le bonheur et l’amour. C’est le dernier message: celui de la jeunesse, d’Erasmus, de L’Auberge espagnole. Le plus médiocre argument et le plus facile. Celui qui incarne le mieux le désir de sortie de l’Histoire qui anime une partie du projet européen.

    640_gettyimages-105216388.jpgMais le retour des grandes nations, des énormes vagues migratoires, du djihadisme, ramène les Européens à la tragique réalité de l’Histoire et de ce qu’ils sont: une civilisation. « J’appelle européenne toute terre qui a été successivement romanisée, christianisée et soumise, quant à l’esprit, à la discipline des Grecs », disait Paul Valéry. Une civilisation unique, exceptionnelle et menacée qu’il faut défendre.     

    Éric Zemmour

  • Vincent Lambert • Le Comte de Paris : « Personne n’a à juger de la dignité de la vie d’un de nos concitoyens »

    Monseigneur le comte de Paris a publié hier le message suivant

    168205_419268338107770_1930754385_n.jpg« Vincent Lambert, personne lourdement handicapée, va être aujourd'hui abandonné par la société et le corps médical, par l'arrêt de son alimentation et de son hydratation. 

    Pensons aux autres personnes dans sa situation. Être privé de la capacité de marcher, de communiquer et de se nourrir seul ne peut être un motif de condamnation.

    Depuis l'abolition de la peine de mort, personne n'a à juger de la dignité de la vie d'un de nos concitoyens, quelle que soit son « utilité» présumée. C'est pourtant ce qui se passe aujourd'hui. 

    Soutenons les personnes qui, par la recherche, la médecine, l'accompagnement, ne laissent aucun des membres de notre société sur le bord de la route. Pour que l'État reste au service des plus faibles. » 

    Domaine Royal, le 20 mai 2019

    Le Prince a a joint à ce billet publié sur Facebook, le lien de cet article du Figaro

     
    LEFIGARO.FR
  • EUROPÉENNES 2019 : LE NOUVEAU CLIVAGE PERSISTE ET SIGNE

    Par Rémi Hugues

    Photo.png

    Alors que se termine la campagne des élections européennes cru 2019, le premier scrutin intermédiaire de dimension nationale de l’ère Macron (les élections dites partielles ayant d’ailleurs été très rares), un enseignement peut déjà être tiré. Il concerne la structuration du système politique français issue du « collapse » de 2017.           

    Les résultants des études d’opinion suggèrent que l’opposition nationale fait jeu égal avec la majorité présidentielle, chacune réunissant un cinquième des sondés ayant l’intention de se déplacer au bureau de vote le 26 mai prochain. La République en marche (L.R.E.M.) et le Rassemblement national (R.N.) en tête, au même niveau : il y a du suspense dans l’air, comme en 2014. Lors des dernières européennes, la droite et le Front national se tiraient la bourre avec un étiage similaire dans les sondages (la première devançant la seconde d’une très courte tête), avant que celle-ci creuse l’écart de façon nette le jour du vote, rassemblant le quart du corps électoral. Pour la première fois de son histoire le mouvement lepéniste pouvait se targuer d’être le premier parti de France. « Bis repetita ! » souhaitent de tout cœur les caciques du RN.

    Quelle que soit la formation qui arrivera en tête, le rapport de force qui se dessine confirme qu’un nouveau clivage s’est substitué au clivage gauche / droite, qui depuis les débuts de la Vème République opposait le socialo-communiste aux gaullistes et leurs alliés chrétiens-démocrates. La singularité commune au président Macron et à Marine Le Pen est d’avoir posé, dans notre époque caractérisée par la mondialisation et la crise économique, la fin de la pertinence de ce clivage gauche / droite, d’avoir diagnostiqué son obsolescence.

    6884814_mafg_1000x625.jpgAinsi a surgi le « et-en-même-temps-de-gauche-et-de-droite » du premier, face « au ni droite ni gauche, Français » de la seconde. Dès les lendemains de l’élection présidentielle de 2012, dans les colonnes de « Trop libre »[1], je mettais en évidence que ledit clivage était en train de devenir obsolète, dépassé, archaïque, et qu’à sa place émergeait le clivage libéral / souverainiste.

    Le 26 avril 2012, d’abord : « Ce double clivage territorial – est/ouest et centre/périphérie – peut être vu comme la matérialisation en termes géographique du nouveau clivage qui caractérise la France électorale du XXIème siècle, structuré autour des thèmes de la mondialisation, de la question européenne et du libéralisme culturel : celui qui oppose ʽʽlibérauxʼʼ et ʽʽsouverainistesʼʼ, par-delà la coupure traditionnelle droite/gauche. »[2] 

    Puis le 9 mai 2012 : « clivage, qui depuis le referendum de 2005 pourrait bien être le plus opérant dans la vie politique française : celui qui oppose ʽʽlibérauxʼʼ (...) et ʽʽsouverainistesʼʼ (...) sur les questions de la mondialisation, du libre-échange et de la construction européenne. »[3]           

    Il est à noter que dautres nomment différemment ce clivage né de la mondialisation et de la crise : « ouverts » contre « fermés », « progressistes » contre « populistes », « mondialistes » contre « patriotes »... en la matière il existe une grande variété de vocables !

    Mais au-delà de la question – décisive s’il en est – de la terminologie, ce qu’il importe c’est de constater que ce nouveau clivage ne cesse de s’affermir, laissant, d’une part, une gauche éparpillée façon puzzle entre plusieurs mouvements, qui, au mieux, frôlent les 10 %, et d’autre part, une droite réduite à incarner le « parti catholique » afin d’attirer les voix de la bourgeoisie traditionnelle de province vieillissante ; lesquelles forces de l’ « ancien monde » jouent en dernière instance le rôle de supplétifs de la majorité présidentielle au second tour, dont l’avènement est résulté de la synthèse des deux.

    XVM52b7d548-65b4-11e9-8e63-23165fe113f9.jpgDépouillés de leurs oripeaux antilibéraux, de leur mystique propre, une foi messianiste dans le peuple pour lune et un amour fou de la nation pour l’autre, il ne leur restait que l’idéal libéral de l’ordre en mouvement, du tout-marché, du tout-Europe, du tout-à-l’égo, du tout-pour-la-disparition-de-la-France, idéal incarné de manière chimiquement pure par le pouvoir macronien.

    En négatif de cette synthèse s’inscrit celle de la France d’avant, qui s’accorde sur un certain nombre de points, que l’on pourrait agréger autour de la notion orwellienne de Common decency, de « décence commune », notion à laquelle pourrait adhérer autant un Étienne Chouard qu’un Patrick Buisson. Le pays réel en somme, qui estime que l’effort, le mérite, le travail, ne sont pas assez valorisés tout en défendant le dimanche chômé, le repos dominical. Qui s’émeut des onze vaccins obligatoires à trois ans et des cours d’éducation sexuelle prodigués dès l’école primaire. C’est cette France qui soutient le « mouvement des gilets jaunes », qui ne répugne pas par principe à payer l’impôt, mais qui a bien compris que ce qui nous est prélevé ne sert pas à assurer un fonctionnement optimal des services publics mais à alimenter le train de vie dispendieux d’une caste xénophile, soucieuse de servir les gnomes de la City et de Wall Street, ces « spéculateurs » dans le sens que donnait à ce terme Vilfredo Pareto dans son Traité de sociologie générale[4], qui parient à la baisse sur l’actif France, sponsorisant toute action publique ayant pour seuls bénéficiaires les sans-papiers (ou migrants), érigés en nouvelle classe messianique au détriment des catégories populaires et de la fraction paupérisée de la classe moyenne, qui usent du vote contestataire comme d’un défouloir, un moyen de faire la nique à l’élite établie.   

    macron_et_le_pen_jeudi_27.04-3025235.jpgS’il faut se risquer à un pronostic quant au vainqueur du 26 mai prochain – exercice ô combien périlleux ! –, je dirais que la liste conduite par Jordan Bardella est celle qui arrivera en tête. En mars 2018, L’humanité Dimanche mentionnait un sondage IFOP réalisé en décembre 2017 plaçant LREM en pole position avec 26 % des suffrages, suivi par le FN avec 17 %[5]. La dynamique, on le voit, par rapport à maintenant, est clairement du côté du parti rebaptisé depuis RN.

    Séparés alors par un écart de dix points, les deux partis sont aujourd’hui au coude-à-coude : pour l’observateur attentif, une telle évolution du rapport de force signifie que la liste de la ministre Loiseau sera battue. Si cela s’avère exact, le journaliste Benjamin Köning de l’hebdomadaire communiste avait vu juste en signant un article intitulé « Front national. Pourquoi il est loin d’être mort. » Réponse le 26 mai au soir...   

     

    [1]Un blog rattaché à une fondation financée indûment par nos impôts que pilotent deux fidéicommis de la maison Rothschild, Nicolas Bazire et Grégoire Chertok, administrateurs donc, outre leur activité professionnelle principale, de la chiraco-sarkozyste Fondapol.
    [2]http://www.trop-libre.fr/la-vague-rose-s%E2%80%99arrete-a-l%E2%80%99est/
    [3]http://www.trop-libre.fr/le-front-national-avant-garde-de-la-%C2%AB-nouvelle-classe-ouvriere-%C2%BB-2/
    [4]Les spéculateurs sont les « possesseurs d’actions de sociétés industrielles et commerciales […]. Il y aura aussi les propriétaires de bâtiments, dans les villes où l’on fait des spéculations immobilières; de même les propriétaires de terres, avec la condition semblable de l’existence de spéculations sur ces terres; les spéculateurs à la Bourse; les banquiers qui gagnent sur les emprunts d’Etat, sur les prêts aux industries et aux commerces. Ajoutons toutes les personnes qui dépendent de celles-là : les notaires, les avocats, les ingénieurs, les politiciens, les ouvriers et les employés qui retirent un avantage des opérations indiquées plus haut. En somme, nous mettons en- semble toutes les personnes qui, directement ou indirectement, tirent un profit de la spéculation, et qui par différents moyens contribuent à accroître leurs revenus, en tirant ingénieusement parti des circonstances. », Vilfredo Pareto, Traité de sociologie générale, vol. II, Lausanne / Paris, Payot & Cie, 1919, p. 1431. Dans cet ouvrage, le sociologue exprime avec un brin d’ironie son scepticisme vis-à-vis de la démocratie représentative, analyse que je partage entièrement : « Qui est ce dieu nouveau qu’on appelle ʽʽSuffrage universelʼʼ ? Il n’est pas mieux défini, pas moins mystérieux, pas moins en dehors de la réalité que tant d’autres divinités, et sa théologie ne manque pas plus qu’une autre de contradictions patentes. Les fidèles du ʽʽSuffrage universelʼʼ ne se laissent pas guider par leur dieu ; ce sont eux qui le guident, qui lui imposent les formes sous lesquelles il doit se manifester. Souvent, tandis qu’ils proclament la sainteté de la majorité, ils s’opposent par  ʽʽobstructionʼʼ à la majorité, même s’ils ne sont qu’une petite minorité ; et tout en encensant la déesse Raison, ils ne dédaignent nullement, en certains cas, le secours de la ruse, de la fraude, de la corruption. », ibid., p. 1396. Gustave Mirbeau était bien inspiré quand il en appelait à la « grève des électeurs ».
    [5]N° 599, 1-7 mars 2018.

    A lire de Rémi Hugues Mai 68 contre lui-même ...

    (Cliquer sur l'image)

    Couverture_livreM68.png

  • L’extrême centre, le populisme des élites

     

    296519203 - Copie.jpg C'est, selon son habitude, à une fine analyse que Roland Hureaux se livre ici [Causeur - 20.05]. Nous sommes familiers de sa pensée politique depuis qu'il fut l'un des participants du colloque d'Action française du 7 mai 2016, à Paris. On parle souvent des populismes, de droite ou de gauche, comme de menaces extrémistes ; moins de celle incarnée par l’idéologie libérale majoritaire. Roland Hureaux considère que la menace qu'incarne l’extrême centre s’avère pourtant plus dangereuse et mériterait d’être reconsidérée… Il nous paraît avoir bien raison.    LFAR

    Par Roland Hureaux

    229464004.jpg

    « Il se fait passer pour raisonnable mais présente les dangers de toutes les idéologies ».

    C’est une chose entendue chez les gens de bon ton, dans les classes dirigeantes occidentales : il faut se méfier des extrêmes, ils sont dangereux. L’extrême droite évoque le spectre du nazisme (à supposer que le « parti socialiste national des travailleurs allemands » d’Hitler ait été vraiment de droite), l’extrême gauche le spectre du stalinisme ou du maoïsme.

    Non seulement, ils sont dangereux, mais ils véhiculent, dit-on, des sentiments mauvais, « nauséabonds »: ils sont le parti de la haine.

    Le peuple et son contraire

    Le populisme, qui ambitionne d’exprimer le sentiment populaire, porte généralement des idées jugées extrémistes en particulier quand il remet en cause l’ordre libéral international ou encore la construction européenne ou l’euro : il sent mauvais. Pour tout dire, comme son nom l’indique, il sent le peuple. Il faut s’en méfier comme de la peste. Dans notre géographie idéologique, les personnes convenables ne sauraient se mêler à lui.

    Face aux extrêmes, les centristes de toute nature sont, eux, des gens bien élevés : ils s’inscrivent dans le « cercle de la raison » tracé par Alain Minc. Ils ne rejettent ni l’euro ni l’Europe de Bruxelles, pas même l’Otan ou le libre-échange, encore moins la mondialisation, nécessairement heureuse. Pour parler comme Karl Popper, ils sont partisans de la  société ouverte et non de la  société fermée. La société, c’est comme le visage qu’il vaut mieux  avoir ouvert que fermé.

    L’illusion de la modération

    Les hommes du centre représentent une idéologie libérale très convenable. Dangereuse illusion.

    D’abord parce que le rattachement des idées de la droite ou de la gauche fortes aux totalitarismes du passé, que généralement ces courants récusent, est hasardeuse. Une personnalité aujourd’hui aussi peu contestée que le général De Gaulle fut, tout au long de sa carrière, suspectée, voire accusée de menées fascistes ; nous mesurons aujourd’hui l’absurdité de ce procès.

    Ensuite et surtout parce que le libéralisme auxquels se réfèrent les gens convenables a, lui aussi, pris au fil des ans le caractère d’une idéologie ; c’est cette idéologie que nous appelons l’extrême centre.

    L’extrême centre, une idéologie comme les autres

    Une démarche idéologique se reconnait à plusieurs caractères : des idées trop simples, comme par exemple la suppression de la propriété privée ou le libre-échange universel, avec souvent des effets collatéraux désastreux : l’oppression totalitaire ou la régression économique dans le cas du libéralisme européen. Au bout, le rejet des peuples : hier les dissidents, aujourd’hui les gilets jaunes.

    Mais il est un caractère de l’idéologie qui, plus que les autres, ne trompe pas, c’est l’intolérance, le refus de conférer quelque respectabilité que ce soit aux positions adverses. Car toute idéologie est un projet messianique : l’ambition de transformer radicalement  la condition humaine, par la suppression de tel ou tel fondamental anthropologique : la propriété, la nation, ou l’instauration de la démocratie libérale. L’opposition aux idéologies n’est pas une opinion parmi d’autres ; elle est tenue par ses partisans pour un obstacle à une ambition  mirifique. Les ennemis du communisme  étaient des « vipères lubriques ». Ceux du libéralisme, assimilé à tort ou à raison aux constructions supranationales sur lesquelles repose l’Occident : Otan, Union européenne, etc. sont relégués dans les ténèbres extérieures où ont sombré  les gens infréquentables. Infréquentables, c’est-à-dire qu’aucun débat n’est permis avec elles. Dix prix Nobel d’économie ont contesté la pertinence de l’euro ; il n’est néanmoins pas permis d’en débattre ; sur l’euro, l’intimidation des opposants est telle que le Parti communiste  et le nouveau Front national (Rassemblement national) n’osent plus le remettre en cause.

    La menace fantôme

    Cette véhémence contre les opposants a son volet national. L’idéologue a besoin d’adversaires diaboliques. Porteur d’une vision eschatologique qui doit faire passer des ténèbres à la lumière, il ne supporte pas d’être mis en échec. La moitié néo-conservatrice (ou ultralibérale) de l’opinion américaine, qui a  soutenu Hillary Clinton, n’a toujours pas digéré la victoire de Trump, voué aux gémonies : l’idéologie amène la grande démocratie américaine au bord de la partition. La même véhémence a aussi un volet  international : porteuse d’un projet universel, l’idéologie ne supporte pas non plus les résistances extérieures à son projet universel. A intervalles réguliers, l’idéologie dominante occidentale désigne un bouc émissaire tenu pour l’ennemi de l’humanité et lui fait la guerre ; elle a besoin de produire des monstres pour se justifier : de Bachar el Assad à Vladimir Poutine, pour ne prendre que de récents exemples. Ceux qui, aux Etats-Unis et en Europe occidentale sont les plus agressifs vis-à-vis de la Russie sont, sur le plan intérieur,  des centristes.

    Le bilan des guerres des vingt dernières années est accablant : elles ont fait des centaines de milliers de morts. Aucune pourtant n’a été déclarée par des extrémistes, presque toutes par des idéologues du « mainstream ». En tous les cas, en Europe au moins, elles ont reçu le soutien de courants centristes et le désaveu de ceux que l’on taxe d’extrémisme.

    On dira que Bush fils et son âme damnée Dick Cheney, responsables de la  guerre d’Irak (2003) étaient des extrémistes – peut-être mais les Clinton, Obama et leurs émules  européens  qui  ont soutenu leurs entreprises : Blair, Hollande, Macron, Merkel, Juncker étaient tenus à des degrés divers pour des modérés.

    Les moins démocrates d’entre tous ?

    A l’inverse, les présidents américains qui sont passés pour des hommes de la droite dure, Nixon, Reagan et jusqu’ici Trump n’ont, à la différence des précédents,  déclenché aucune guerre mais, au contraire, en ont terminé plusieurs.

    Quand la secrétaire d’Etat américaine Madeleine Albright dit en 1996 que le renversement de Saddam Hussein méritait qu’on lui sacrifie la vie de plus de 500 000 enfants irakiens, elle exprime l’opinion d’une centriste.

    Avant même de faire des guerres, certains centristes s’avèrent des gens dangereux : le chercheur américain David Adler n’a-t-il pas montré que l’électeur du centre, aux États-Unis, était le moins attaché à la défense de la démocratie ? Ce qui est assez logique s’agissant d’un idéologue certain d’avoir raison et donc intolérant à toute opposition. 

    brit-soldier-irak.jpg

    Roland Hureaux
    est essayiste
  • Affaire Vincent Lambert • Après un dernier coup de théâtre

     

    Si l'on met à part les motivations voire les passions religieuses ou antireligieuses, la science médicale elle-même, ou encore le débat juridique, reste, peut-être, en dernière analyse, la liberté des familles de décider pour la vie ou la mort de leurs proches dans des circonstances extrêmes ou ultimes. Il est possible de penser, sous ce simple point de vue, que personne d'autre n'a à en décider. Nous n'allons pas au-delà de cette perspective.  LFAR    

  • Faut-il vraiment voter ?

    par Louis-Joseph Delanglade

    sinistra-italiana_una-nuova-proposta-il-documento_sfondo-rosso-170204 - Copie.jpg

    « La meilleure raison d’aller voter dimanche, c’est de pouvoir voter pour toute liste franchement hostile à la nature même de l’Union européenne ».  

    À une semaine des élections européennes s’impose d’abord l’évidence d’un énième scrutin caricatural.

    D’abord, le résultat ne représentera en aucun cas « les Français » : si M. Macron a été élu en 2017 avec un peu plus de 40% des inscrits, loin donc de la majorité arithmétique tant vantée en démocratie, les projections les plus crédibles pour ce 26 mai sont de 40% de participation et de 20% à 25% pour les deux listes de tête réunies. Face au silence du peuple, quel crédit accorder décidément à un tel système ? Autre évidence, le caractère très politicien de l’événement : même s’il n’y a aucune « connivence » de fond entre RN et LaREM, l’accaparation de fait du débat par le duo suscite de la part de ses concurrents les mêmes critiques que suscitaient naguère les vrais-faux duels de l’UMPS. Et l’entrée en lice de M. Macron, Jupiter au petit pied pour le coup, soutenu par une coalition hétéroclite de chevaux de retour (entre autres, les Cohn-Bendit, Juppé, Raffarin, Guigou et sans doute Royal), est la preuve que le vieux monde est plutôt du côté du pouvoir et du système. 

    Par ailleurs, l’appel au « vote utile » lancé par certaines têtes de liste a eu pour conséquence d’interdire tout débat de fond - qu’on eût pourtant apprécié. Mais comment débattre, de toute façon, quand le beau nom d’Europe, galvaudé, n’est plus que le paravent de toutes les incongruités et inconséquences ? On imagine ce qu’aurait pu être une joute intellectuelle entre un Glucksmann dont l’amour pour la France n’a rien d’évident (« Quand je vais à New-York ou à Berlin, je me sens plus chez moi culturellement, que quand je me rends en Picardie » - Arte, 22 octobre 2018) et un Bellamy qui a eu « le coeur intelligent » de voir dans l’Iliade et l’Odyssée le symbole de la haute idée qu’il se fait de l’Europe (France 2, 4 avril). Le meilleur et le pire. Inutile d’épiloguer sur M. Glucksmann, tout le monde ne peut pas être Finkielkraut. Quant à M. Bellamy, certainement digne d’estime, son parti a été celui de toutes les trahisons et de tous les échecs, notamment avec MM. Chirac et Sarkozy. De plus, et cela devrait rassurer M. Legrand, l’éditorialiste bobo-gaucho de France Inter (16 mai), on peut penser que les vieux crabes qui grouillent et magouillent encore chez Les Républicains ne le laisseront pas longtemps défendre « les racines chrétiennes de l’Europe ». 

    ue.jpgEn se fondant sur les intentions de vote (30% pour « le bloc souverainiste » contre 14% pour « la droite traditionnelle »), notre ami en politique, Eric Zemmour, prédit pour la France un « renversement exceptionnel » (RTL, 17 mai). Battre LaREM et enfoncer les Républicains, voilà qui peut paraître, pour certains, une motivation suffisante. Cependant, puisqu’il est quand même question d’Europe, précisons que la meilleure raison d’aller voter dimanche, c’est de pouvoir voter pour toute liste franchement hostile à la nature même de l’Union européenne et susceptible d’avoir des élus. Mme Keller, sénatrice ex-LR, ralliée à M. Macron, candidate LaREM avance (France Inter, 19 mai) comme on brandit un chiffon rouge le chiffre de 30% de députés européens relevant de la « mouvance » identitaire, nationaliste, populiste, souverainiste, illibérale, etc. C’est sans doute exagéré mais ce qui est probable, c’est une forte présence. Sans qu’il y ait lieu d’accorder à ces élus un quelconque autre crédit, leur « pouvoir de nuisance » (lié à leur nombre)  à l’encontre de la technostructure européiste sera le bienvenu, tant il est vrai qu’une Europe pleinement assumée, dans son propre passé et sa propre diversité, passe par la fin de l’Union dans sa version actuelle. 

    cover-r4x3w1000-5ab520554ac5c-macron-pose-ses-conditions-pour-le-prochain-budget.jpg

  • Mathieu Bock-Côté : Le néoféminisme policier

    Par Mathieu Bock-Côté 

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpg

    Cette chronique de Mathieu Bock-Côté - de celles que nous reprenons souvent pour leur pertinence - est parue dans le Journal de Montréal du 15 mai. Qu'on le lise ! Tout simplement. LFAR  

    tile00x02.jpg

    « Il incarnait un homme ne doutant pas d’être un homme »  

    Alain Delon est une figure majeure du cinéma français des dernières décennies. Il a tourné avec les plus grands réalisateurs et porté les plus grands rôles.

    Il incarnait par ailleurs une forme de virilité mythique, magnétique, animale. Il faut regarder à ce sujet son éloge il y a quelques semaines par l’animatrice française Sonia Mabrouk sur la chaîne CNews — on le trouvera sur YouTube.

    Delon

    Alain Delon est ce qu’on appelle un monstre sacré. Et le Festival de Cannes a décidé de lui remettre cette année la palme d’honneur. C’est une manière de couronner sa carrière. Le tout aurait dû se passer dans la joie et l’allégresse.

    C’était sans compter les vigilantes les plus motivées du néoféminisme policier à l’américaine. Pour protester contre l’honneur fait à Alain Delon, Women and Hollywood, une association militante, a lancé une pétition qui a vite rassemblé plusieurs dizaines de milliers de noms.

    On reproche à Alain Delon des prises de position politiques au fil du temps — la plupart sont décontextualisées. Je résume en un mot : on lui reproche de ne pas être de gauche et de ne pas avoir les opinions recommandées sur les questions politiques qui aujourd’hui dominent l’agenda.

    On aurait envie de dire : qu’importe ! Qu’importe que ce grand acteur soit de gauche, de droite, de centre ou d’ailleurs ? Qu’importe qu’il ait aussi dit d’authentiques conneries ? On célèbre ici un acteur et son art, pas un militant politique et son engagement ! Les honneurs et les hommages doivent-ils être réservés aux hommes et aux femmes qui sont du bon côté de l’époque ? Est-ce qu’un artiste devient d’un coup indigne de notre admiration s’il ne va pas dans le sens du progrès ? Aurons-nous encore demain le droit de lire Balzac, Flaubert, Muray ou Houellebecq ?

    On peut être certain que l’immense majorité des signataires qui dénoncent Delon ne connaissent pas grand-chose à son œuvre. D’ailleurs, les Américains s’intéressent rarement à autre chose qu’eux-mêmes et lorsqu’ils le font, c’est pour reprocher au monde de ne pas se soumettre à leurs codes culturels.

    Mais les signataires cèdent au réflexe pétitionnaire débile qui consiste à vouloir lyncher médiatiquement tous ceux qui s’écartent du politiquement correct. C’est au nom de la tolérance que se déchaîne aujourd’hui la tentation de l’intolérance.

    Heureusement, les autorités du Festival de Cannes se tiennent debout et ne reculent pas. Elles dénoncent la police politique à l’américaine. Elles clament le droit pour un homme de penser ce qu’il veut, elles rappellent que les propos scandaleux d’aujourd’hui ne l’étaient pas hier, elles ajoutent que célébrer un artiste ne consiste pas à proclamer qu’il est un saint.

    France

    En gros, poliment, mais fermement, elles rappellent que la France n’est pas l’Amérique et n’a pas l’intention de se soumettre au puritanisme qui domine aujourd’hui l’empire de notre temps.

    Vive la France qui sait dire non aux censeurs !

    Si la controverse s’était passée au Québec, on peut être assuré que nos élites se seraient couchées devant la meute et excusées d’avoir eu l’idée de penser autrement qu’elle.   ■

     

    Le-nouveau-regime.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Ses derniers livres : Le multiculturalisme comme religion politiqueaux éditions du Cerf [2016] et le Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).   
  • Les Bourses mondiales prises au piège dans un champ de mines

    Par Marc Rousset    

    3890715347.jpg

    « La réalité, c’est que la guerre commerciale et technologique, avec comme enjeu la domination du monde, a été déclarée par Trump et que rien ne pourra plus l’arrêter. »

    Les Bourses mondiales jouent au yo-yo depuis deux semaines, au gré des rebonds de la guerre commerciale sino-américaine, des inquiétudes sur la croissance, avec en toile de fond de nombreux fondamentaux économiques qui sont toujours aussi catastrophiques.

    En fait, les marchés financiers sont périodiquement rattrapés par les réalités et la peur gagne du terrain. Le VIX (Volatility Index), appelé aussi indice de la peur, qui mesure la volatilité à Wall Street a progressé de plus de 25 %, ces derniers jours.

    Après l’échec des pourparlers sino-américains et les hausses de droits de douane, la Chine n’a pas hésité, à son tour, à taxer 60 milliards de dollars d’importations américaines. Le ton devient de plus en plus belliqueux et la Chine se dit prête à mener cette guerre. Un accord est toujours possible d’ici quelques mois entre Trump, qui est en position de force, suite au déséquilibre commercial USA/Chine de 383 milliards de dollars en 2018, et Xi Jinping, mais ce ne sera qu’un accord de façade.

    La réalité, c’est que la guerre commerciale et technologique, avec comme enjeu la domination du monde, a été déclarée par Trump et que rien ne pourra plus l’arrêter. Trump vient de surenchérir en tentant de neutraliser la société Huawei, acteur incontournable des réseaux mobiles et de la 5G. Trump souhaite priver l’équipementier chinois de la technologie américaine afin de l’asphyxier.

    La Chine dispose, cependant, de l’arme atomique pour faire plier Trump, en vendant son énorme portefeuille de bons du Trésor américain qui s’élève à 1.130 milliards de dollars, soit 17,7 % de la dette publique américaine, ce qui entraînerait l’effondrement du dollar, mais en même temps la revalorisation du yuan, ce qu’a toujours voulu éviter Pékin, en maintenant un taux de change bas du yuan afin de favoriser ses exportations. Il faudrait aussi que la Chine ait préalablement réduit sa dépendance au marché américain. De plus, Pékin se tirerait une balle dans le pied, suite à la perte de valeur de ses obligations en dollars toujours détenues. La vente en masse d’obligations américaines par la Chine correspondrait à une guerre économique totale et à la mise à mort de Wall Street.

    Au cours des quatre premiers mois de l’année 2019, selon l’agence Bloomberg, les entreprises chinoises ont fait défaut sur leurs obligations nationales pour un montant de 5,2 milliards d’euros, soit un chiffre trois fois supérieur à celui de 2018. Un krach obligataire n’est donc pas exclu en Chine, même si l’État chinois fera tout pour l’éviter.

    En Italie, les taux d’emprunt de l’État sont repartis à la hausse après les déclarations suicidaires de Salvini sur le déficit : « Dépasser la limite de 3 % ? Il est de mon devoir de nous affranchir de quelques contraintes européennes qui affament des millions d’Italiens. Non seulement de la limite du déficit à 3 % du PIB, mais aussi des 130-140 % de la dette publique. Ce n’est pas un droit, c’est un devoir. » Salvini a déjà menacé, il y a quelques mois, de prendre le contrôle des réserves d’or du pays. Le résultat a été immédiat : la différence entre les taux d’emprunt à dix ans de l’État italien avec ceux du Bund allemand est monté à 2,92 %, son plus haut niveau depuis décembre 2018, lors du bras de fer avec Bruxelles.

    Avec 0,1 % de croissance en 2019, dans un pays où les banques sont très fragiles et où le PIB par habitant stagne depuis dix-huit ans, le déficit italien pourrait atteindre 2,5 % en 2019 et 3,5 % en 2020. Suite aux tensions entre la Ligue et le M5S, l’Italie pourrait se diriger tout droit vers la chute du gouvernement en juin et un retour aux urnes le 29 septembre au plus tard. À noter que la crise italienne n’est que la partie visible de l’iceberg européen. Des menaces pèsent aussi sur le Portugal, la Grèce, l’Espagne et la France. En Grèce, on n’a fait que reporter les dettes de dix ans.

    La BCE, elle, ruine les épargnants avec des taux d’intérêt ridicules, paie les banques avec des taux d’intérêt négatifs pour qu’elles prêtent à une économie atone, masque l’insolvabilité des États déficitaires qui, comme la France de Macron ne contrôle plus les dépenses publiques, préserve de la faillite un grand nombre d’entreprises non rentables et prépare l’opinion à une fuite en avant vers la création monétaire, ce qui conduira à l’hyperinflation et à l’écroulement final. ■ 

    18203353lpw-18203708-article-guerre-commerciale-jpg_6033226_660x281.jpg

     41LRKbfMFHL._SL300_.jpg

    Économiste
    Ancien haut dirigeant d'entreprise
  • Culture • Loisirs • Traditions

    Ce visuel a pour seul objet de marquer l'unité des articles du samedi et du dimanche, publiés à la suite ; articles surtout culturels, historiques, littéraires ou de société. On dirait, aujourd'hui, métapolitiques. Ce qui ne signifie pas qu’ils aient une moindre importance.  LFAR

  • Politique & Société • Patrick Buisson : « Pour la première fois depuis très longtemps se pose, en France, la question de la légitimité du pouvoir »

    Patrick Buisson au colloque de l'Action française du 11 mai à Paris

    Le 11 mai, à Paris, devant la jeunesse royaliste militante et de nombreux cadres et anciens du Mouvement d'Action Française, qui organisait un colloque de la plus grande actualité, Patrick Buisson a prononcé un discours de haute volée qui a captivé et enthousiasmé les participants.

    De son côté, Boulevard Voltaire a eu l'heureuse initiative  de tendre son micro à Patrick Buisson. Celui-ci s’exprime à brûle-pourpoint sur la notion d’autorité et de légitimité du pouvoir, en particulier dans le contexte de la crise des gilets jaunes, donnant de précieuses clés d’analyse de la situation française actuelle. Pour lui, « le service du bien commun doit être conçu comme un sacrifice »… Ci-après, vidéo et texte. Évidemment, de la plus haute importance.  LFAR 

     

     

    Pour la première fois depuis très longtemps se pose, en France, la question de la légitimité du pouvoir. Le pouvoir n’est pas simplement la potestas, l’exercice du pouvoir, c’est aussi l’auctoritas, quelque chose qui transcende et légitime ce pouvoir.

    Or, la dissociation entre les deux n’est jamais apparue aussi évidente. Je parle en termes de politologie. Les Français ont ressenti un problème de légitimité. Macron l’a aussi ressenti, il a essayé de resacraliser le corps physique du roi, du chef de l’État en essayant de lui donner une dignité qu’il semblait avoir perdue avec ses prédécesseurs.

    Cela ne suffit pas dans la mesure où l’auctoritas n’est pas simplement ce qui grandit, mais ce qui civilise l’usage du pouvoir. L’idée fondamentale est que l’exercice du pouvoir doit passer par une ascèse. Le service du bien commun doit être conçu comme un sacrifice.

    Les Français n’ont pas le sentiment de percevoir ce service à travers les trois ou quatre derniers présidents de la République qui se sont succédé. On ne peut pas rétablir l’autorité comme fonctionnalité si on ne la rétablit pas comme transcendance et si on ne donne pas au peuple les raisons d’estimer leurs dirigeants.

    C’est le point central de la légitimité, à savoir l’estime qu’on peut avoir du service rendu au bien commun. Cette estime-là est dissoute. Elle a disparu, n’existe plus et pose la question fondamentale de la légitimité du pouvoir. Il n’est pas étonnant que ceux qui ne sont pas prisonniers de nos vieux débats et de nos vieilles querelles se tournent, aujourd’hui, vers une réflexion où les a priori et les postulats qui avaient prévalu jusqu’ici n’ont plus la même force.

    Pensez-vous que le mouvement des gilets jaunes est un symptôme de ce que vous venez de décrire ?

    Oui, parfaitement. Il est rare de voir un mouvement social s’accompagner d’une demande de refondation du politique. Le référendum d’initiative populaire ou citoyenne est la volonté de se réinstituer en tant que sujet politique. C’est être maître et acteur de son propre destin. C’est la volonté du peuple d’être gouverné selon ses intérêts propres et non pas selon les intérêts privés. Cela fait partie de la singularité du mouvement et de son originalité. Aucun mouvement social ne s’était risqué jusqu’à présent sur ce terrain. 

    logo180.jpg

  • Société & Nation • Un moment de communion nationale

    par Gérard Leclerc

    arton22534-b73f0.jpg

    « Saisissons au moins la grâce de ces instants exceptionnels où nous honorons ce qu’il y a de meilleur chez nous. »

    En évoquant hier les multiples violences qui nous assaillent, aussi bien à l’extérieur de notre pays qu’à l’intérieur, sans oublier les causes morales qui peuvent nous diviser profondément, on pouvait s’interroger sur la possibilité d’une paix durable entre citoyens. À l’horizon, nous sommes menacés par d’autres nuages noirs, annonciateurs de nouveaux orages. Je mentionnais rapidement, trop rapidement, la question de l’euthanasie, dont l’affaire Vincent Lambert constitue une illustration. La lecture de l’essai de Natalia Trouiller, intitulé Sortir ! [1] m’a personnellement beaucoup frappé par son insistance sur le sujet. Les chrétiens doivent s’emparer au plus vite de la fin de vie, car le tournant de civilisation qui s’annonce, déjà anticipé dans plusieurs pays d’Europe, implique un déni anthropologique radical, en ce qui concerne notre corps et notre rapport à la mort. Nous serons obligés de revenir très vite sur ces enjeux de fond.

    Mais alors sommes-nous condamnés à nous opposer interminablement dans des combats entamant toute possibilité d’unité dans l’accord des esprits et des cœurs ? N’est-ce pas la règle cruelle de l’histoire ? Les générations qui nous ont précédés ont sans doute connu pire que nous. Dans mon enfance, j’ai entendu les récits d’anciens de la Première Guerre mondiale. C’était effroyable. Pourtant, c’étaient de véritable héros, qui se retrouvaient devant nos monuments aux morts. Des héros qui n’avaient eu d’autres tâches que de tuer l’ennemi avant que l’ennemi prenne les devants pour les tuer.

    Pourtant, il existe des moments de communion nationale, car la nation constitue un espace de solidarité large, au-delà de nos querelles. Je pense à l’émotion unanime qui a soulevé le pays le soir de l’incendie de Notre-Dame. Quelque chose alors a jailli comme une reconnaissance d’appartenance commune. Y avait-il un sentiment de cet ordre hier, au moment où l’on accueillait dans la cour des Invalides les cercueils de nos deux héros nationaux, Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello, morts pour délivrer des otages aux mains de l’ennemi djihadiste ? Toute la France était là représentée et communiait dans la reconnaissance de ces vies offertes. Cela avait déjà été le cas avec le colonel Beltrame. Saisissons au moins la grâce de ces instants exceptionnels où nous honorons ce qu’il y a de meilleur chez nous.  ■ 

    [1Natalia Trouiller, Sortir ! Manifeste à l’usage des premiers chrétiens, Éditions Première Partie, 192 p., 17 €.

    Gérard Leclerc
    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 15 mai 2019

    Archives • Lire dans lafautrearousseau ...

    VIVRE POUR VAINCRE

  • Patrimoine cinématographique • Indochine

     

    Par Pierre Builly  

    Indochine de Régis Wargnier (1992)

    20525593_1529036520490493_4184281983923317414_n.jpg

    Vers l'Orient compliqué  

    C'est très curieux, cette carrière de Régis Wargnier, dont le troisième film, précisément Indochine, en 1992, fut un grand succès public et critique (Oscar du meilleur film étranger, cinq Césars), qui réalisa ensuite, en 1999, un très intéressant Est-Ouest, avec Sandrine Bonnaire et Oleg Menchikov, à nouveau renommé pour l'Oscar, mais qui, depuis lors, n'a plus tourné grand chose... ou, en tout cas plus avec la même réussite.

    Indochine, qui réunit une très belle distribution et de gros moyens est un livre d'images un peu trop décoratif pour être pleinement convaincant et on a même souvent l'impression que Wargnier, grisé par la largesse de la production, se fait plaisir, dans la sorte de concours d'élégance qu'il présente.

    1.jpgPour les actrices (Catherine Deneuve semble constamment sortie d'une revue de mode 1935 et Dominique Blanc ne lui cède presque en rien là-dessus ; et les actrices vietnamiennes de l'aristocratie sont également sublimement vêtues), mais aussi pour les acteurs : les marins semblent continuellement porter leur tenue de parade et les civils sont habillés d'alpaga et de lin des meilleurs faiseurs. Je veux bien que la vie aux colonies ait amené, dans les grandes villes, à singer de façon presque caricaturale les habitudes et comportements parisiens, mais tout de même...

    film-indochine-vietnam.jpgLe récit, d'un manichéisme un peu primaire (les Vietnamiens sont animés de nobles sentiments, les Français sont d'affreux exploiteurs), est d'un romantisme échevelé. Comme il s'étend sur 2h40, il n'est pas dénué de poncifs sentimentaux et de ces improbables hasards qui sont le ressort éternel des mélodrames (le bel officier intransigeant Jean-Baptiste/Vincent Pérez aimé à la fois par Éliane/Catherine Deneuve et sa fille adoptive Camille/Linh Dan Pham ; et, d'ailleurs, le hasard - sanglant - qui,  met en présence Jean-Baptiste et Camille) ; c'est plutôt bien fait et, grâce à la magnificence des décors, on se laisse sans difficulté porter par l'histoire, mais les personnages n'ont pas assez de substance, ni d'épaisseur pour attacher vraiment.

    88_image1_big.jpgÀ l'exception notable, très notable de Jean Yanne qui interprète le rôle de Guy Asselin, directeur subtil de la sûreté coloniale et amoureux perpétuel sans espérance de la riche propriétaire Éliane/Deneuve. Brutal, cynique, autoritaire, il est le seul, dirait-on à se rendre compte de ce qui se passe et à essayer de retarder l'inéluctable, c'est-à-dire la fin de l'influence française dans ces terres incertaines et étranges de l'autre côté du monde. Mais a-t-on déjà vu Jean Yanne médiocre, même lorsqu'il interprétait des rôles moins denses ?

    Que dire d'autre ? Que la baie d'Along est extrêmement photogénique et que la pluie chaude et la touffeur du brouillard, la fumée des bâtonnets d'encens et les boules d'opium qui grésillent sur les pipes des fumeries sont des avantages esthétiques certains. Mais insuffisants. ?   ■

    indochine-blu-ray-de-regis-wargnier-1084506378_L.jpg

    DVD autour de 13 €     

    Retrouvez l'ensemble des chroniques hebdomadaires de Pierre Builly publiées en principe le dimanche, dans notre catégorie Patrimoine cinématographique.
  • Culture • Loisirs • Traditions

    Ce visuel a pour seul objet de marquer l'unité des articles du samedi et du dimanche, publiés à la suite ; articles surtout culturels, historiques, littéraires ou de société. On dirait, aujourd'hui, métapolitiques. Ce qui ne signifie pas qu’ils aient une moindre importance.  LFAR