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  • Culture • Loisirs • Traditions

    Ce visuel est destiné à marquer l'unité des articles du samedi et du dimanche, publiés à la suite ; articles surtout culturels, historiques, littéraires ou de société. On dirait, aujourd'hui, métapolitiques. Ce qui ne signifie pas qu’ils aient une moindre importance.  LFAR

     

     

  • Livres & Actualité • Foutriquet II en marche... funèbre

     

    Par Rémi Hugues 

    Nos lecteurs seront heureux de retrouver ici Rémi Hugues qui, dans le cadre de la sortie de son ouvrage Mai 68 contre lui-même, nous a proposé, chaque jour du mois de mai dernier, une série d'articles qui ont fait date, formant un substantiel dossier Spécial Mai 68, rédigé pour Lafautearousseau, toujours consultable sur le blog ... Le temps a passé. Il s'agit ici des tribulations d'Emmanuel Macron, à travers une intéressante recension du dernier opus de Jean-Michel Vernochet.  LFAR

     

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    « Notre » président est en chute libre. Lâché par l’opinion publique, dont on mesure l’humeur par des sondages, desquels sortent depuis quelques semaines des résultats catastrophiques pour l’exécutif, Macron voit chaque jour que Dieu fait les défections se succéder. À la rentrée l’écolo businessman Nicolas Hulot a quitté le gouvernement. Puis ce fut le tour, Christian Estrosi, le puissant maire de Nice, d’exprimer sa décision de cesser de soutenir Macron, passant de « constructif » à opposant. Et maintenant, Gérard Collomb, en première ligne durant l’affaire Benalla, de s’évader du navire, faisant fi de l’injonction élyséenne qui l’intimait de rester aux avant-postes de la « Macronie ». 

    La grande affaire de l’été, ce scandale monté en neige par les médias, a gravement endommagé la start-up gouvernementale de Monsieur Macron. Elle résulte certainement de la rivalité mimétique qu’entretiennent ce dernier et Matthieu Pigasse, qui en tant que co-propriétaire du journal – Le Monde – déclencha l’hallali estival, par l’intermédiaire de la plume d’Ariane Chemin. Cette affaire, qui a fait d’un vulgaire chargé de la sécurité de Jupiter Ier une star nationale, aussi célèbre que MʼBappé et consorts... un homme, qui, a-t-on appris récemment, aime sortir son pistolet, non quand il entend le mot « culture », mais lorsqu’il pose pour un selfie ! 

    Alexandre Benalla est un immigré qui s’est choisi un prénom français – le vrai serait Hacène. Avec son prénom yncrétique l’homme semble tout droit sorti du roman d’anticipation Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley.

    Il s’agit, à cet égard, de s’intéresser au milieu d’origine de ce Huxley, frère de l’ardent supporter du darwinisme, pour savoir qui sont les véritables commanditaires du « Grand Remplacement », un concept forgé par Renaud Camus, plutôt que de s’imaginer la tenue d’une réunion de chefs du village africain imitant la scène des protocoles des sages de Sion, où la délibération consisterait à trouver la meilleure solution pour faire disparaître les Européens, fautifs d’avoir colonisé le continent noir. 

    À leur place, disent les tenants de cette théorie du « Grand Remplacement », doit émerger un homme nouveau, fruit d’un métissage, qui serait relié à ses semblables non par un lien social au sens fort où l’entendait Augustin d’Hippone, mais par le fétichisme de la marchandise, c’est-à-dire l’attraction qu’exercent piscines à débordement, smartphones dernier cri et berlines luxuriantes. 

    Il suffit de se promener dans le centre-ville de Marseille (bientôt la Canebière, au nom peu hallal, sera-t-elle rebaptisée Cane-thé-à-la-menthe ?) ou dans les transports en commun franciliens pour s’apercevoir ce qu’il nous est promis, à nous, descendants des Hyperboréens. 

    Le « Grand Remplacement » est précisément le premier sujet traité par l’iconoclaste essayiste traditionaliste Jean-Michel Vernochet dans L’imposture (chez l’éditeur Kontre-Kulture), ouvrage dans lequel il s’efforce de déterminer la nature réelle du projet que Macron dessine pour la France. Selon cet ancien journaliste au Figaro Magazine et à Radio Courtoisie, Macron ambitionne tout bonnement de parachever sa destruction. 

    1901356836.jpgLa feuille de route de l’énarque ex-fondé de pouvoir de la banque Rothschild n’est pas seulement de renforcer la soumission du pays réel (la France) au pays légal (la République) mais l’anéantissement pur et simple de ce vieux pays qui jadis s’enorgueillissait d’être la fille aînée de l’Eglise. d’où son tropisme cosmopolite et même sa « négrophilie » un tantinet lubrique signalée par l’humoriste Patrice Éboué dans une vidéo diffusée sur Twitter. Mais essaye-t-il seulement de la dissimuler au public ? 

    La crise migratoire actuelle parachève cette entreprise de démolition. L’État français voit ainsi, note Vernochet, les instruments de sa souveraineté lui être ôtés, notamment les services publics. Or la puissance publique ne disparaît pas pour autant, elle passe juste sous pavillon européen, onusien ou américain. Ce serait une erreur de penser que la « décomposition de l’État souverain » décrite par l’auteur coïnciderait avec l’accroissement des libertés publiques. Celui-ci avance que Macron est l’intendant d’un ordre qui entend « régenter le moindre détail de nos vies » (p. 58). 

    Les deux hommes, bien que l’un soit progressiste et l’autre réactionnaire, s’accorderaient néanmoins sur une chose : l’importance du pouvoir médiatique. Cette puissance qui contribua de manière décisive à l’élection de Macron, souvenez-vous des affaires Pénélope Fillon et Étienne Chatillon, ce même Macron la dénonça au moment de l’affaire Benalla. Vernochet soutient que le Quatrième pouvoir, la presse, est devenu le Premier. Lors de l’élection présidentielle de 2017 elle a « fait d’un presque inconnu un chef d’Etat en brûlant toutes les étapes d’un ordinaire cursus honorum. » (p. 103) Le vrai titulaire du pouvoir n’est pas Macron, il n’est que le polichinelle de Rothschild & Cie, le fidéicommis, pour reprendre un vocable cher à notre auteur, des bancocrates qui règnent par le truchement des médias qu’ils contrôlent. 

    Et cette réalité existe depuis de nombreuses années : dans L’argent d’Émile Zola l’homme d’affaires Saccard achète un journal catholique en difficulté, « L’espérance », pour faire la promotion de sa Banque Universelle. Le romancier était naturaliste, la collusion entre la finance et les médias qu’il mit en lumière, n’était en rien le fruit de son imagination mais un fait réel qu’il avait découvert dans le cadre de ses recherches préalables à l’écriture de son livre. 

    Si le volume de Jean-Michel Vernochet manque d’un réel fil conducteur explicitement posé dans un exorde introductif – on pense d’après le titre que le livre est un portrait de Macron, puis le début se focalise sur le « Grand Remplacement » sans aucune mise en perspective entre les deux éléments –, ce qui lui donne un côté brouillon ; il est utile dans le sens où il présente des faits et des réflexions originales. 

    Il nous renseigne, en particulier, sur ces lois qui sont votées en toute discrétion, parce qu’elles revêtent une dimension totalitaire, ou carrément anti-nationale. Qui a entendu parler du décret n° 2017-1230 du 3 août 2017 relatif aux provocations, diffamations et injures non publiques présentant un caractère raciste ou discriminatoire, mentionnée page 52 ? Ou de la loi du 7 mars 2016 instituant un contrat d’intégration républicaine (C.I.R.), en lieu et place du contrat d’accueil et d’intégration (C.A.I.), évoqué page 94 ? 

    Il nous invite en outre à s’essayer toujours à penser au-delà de la doxa ; par exemple, l’obligation des 11 vaccins pour les écoliers n’est peut-être pas tant un complot contre l’intégrité physique de nos enfants fomenté par l’industrie pharmaceutique avec la complicité de la ministre stipendiée ès Santé Agnès Buzyn, qu’un moyen de prévenir les risques d’épidémies venues de l’étranger. Le choléra qui sévit actuellement en Algérie est là pour le souligner. Certaines écoles ont dû traiter cette très inquiétante problématique à la rentrée 2018.      

    Et Vernochet nous fait découvrir, enfin, en vertu de sa grande érudition, des pépites qu’il déterre du vaste terrain en friche de la connaissance universelle. L’idole de la sociologie française, Émile Durkheim, un misogyne ? Oui, il écrivit la chose suivante : « L’inégalité [entre les deux sexes] va également en s’accroissant avec la civilisation, en sorte qu’au point de vue de la masse du cerveau et, par suite, de l’intelligence, la femme tend à se différencier de plus en plus de l’homme. La différence qui existe par exemple entre la moyenne des crânes des Parisiens contemporains et celle des Parisiennes est presque double de celle observée entre les crânes masculins et féminins de l’ancienne Égypte. » (cité p. 14) N’y aurait-il pas lieu dès lors d’ôter le nom de ce descendant « d’une lignée de rabbins » des manuels de Sciences économiques et sociales (S.E.S.) ? Voilà un nouveau combat à mener, chères féministes ! 

    L’imposture prédit l’impopularité actuelle du chef de l’État, qui, paraît-il, est de plus en plus isolé. Si les Français n’ont pas attendu sa sortie pour réaliser que le président qu’ils ont choisi est un imposteur dont le profil est à mi-chemin entre Benjamin Braddock (Le Lauréat) et Jordan Belfort (Le loup de Wall Street), ceux qui voudront comprendre les ressorts de cette disgrâce spectaculaire auront à lire ce précieux nouvel opus de Jean-Michel Vernochet.  

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    L'imposture,
    de Jean-Michel Vernochet,
    107 p., éd. Kontre-Kulture, 2018, 13 €  

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    Affiche d’information de l’école primaire « National » (Marseille)

  • Société • Philippe Meirieu, la fabrique des victimes L'ayatollah de la pédagogie qui fera pleurer vos enfants

     

    Par Jean-Paul Brighelli

    Nouveau Microsoft Publisher Document.jpgOn se souviendra que nous aimons les textes de Jean-Paul Brighelli, son style, son expression directe et sans ambages, son érudition, son bon sens, son non-conformisme et jusqu'à la verdeur de son langage. Derrière ce talent, la subtile analyse de Brighelli, ici, va très loin. Nous ne pouvions pas ne pas la donner à lire aux lecteurs de Lafautearousseau. Il 'agit de l'avenir de la jeunesse française. Et, au point où en sont les choses, de notre culture, de notre civilisation.  LFAR 

     

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    Riposte à Meirieu !

    Le dernier opus de Philippe Meirieu, dont j’ai rendu compte par ailleurs, valait le coup que j’y revinsse. Bien sûr, il mérite tout le mal que j’ai déjà pu en dire. Mais en fait, il en mérite davantage.

    9782746747579.jpgD’autant qu’être insulté par Brighelli fait partie de ses attentes esthétiques. Non seulement parce que je suis sa Némésis, qu’il convoque avec gourmandise (« « On attend impatiemment que le polémiste Jean-Paul Brighelli, passé du Point à Valeurs actuelles, toujours en avance d’une insulte sur ses petits camarades, publie, après la Fabrique du crétin, un pamphlet au vitriol sur la Fabrique des ravis de la crèche »), mais surtout parce que la position de persécuté lui sied.

    Ne pas y voir une quelconque trace de masochisme personnel. Meirieu est un pervers polymorphe qui prend des poses de grand persécuté. Cela lui permet de s’identifier avec Rousseau, le grand ancêtre — une attitude dont j’avais retracé l’origine dans l’un des très rares articles que m’a jadis demandé le Monde. On voudra bien m’excuser de me citer :

    « Puis vint Rousseau, un protestant genevois, foncièrement hostile à la notion de progrès, qui théorisa la bonté intrinsèque de l’homme, perverti par la civilisation. À rebours de tous ceux, Voltaire en tête, qui pensaient, contre la religion, que la civilisation est un progrès en soi, et qu’il valait mieux vivre au XVIIIe qu’au(x) siècle(s) précédent(s). La religion, si présente — et sous sa forme calviniste — chez le plus célèbre Genevois, s’accordait merveilleusement avec ces billevesées. « Bon sauvage » cessait d’être un oxymore, et devenait un pléonasme.(…) « Emile, l’élève de Rousseau, n’en recevait pas moins une éducation religieuse sévère, teintée de protestantisme genevois. Rien d’étonnant à ce qu’il ait séduit des gens — Philippe Meirieu par exemple — qui venaient des Jeunesses Ouvrières chrétiennes, et des ministres (Jospin) qui étaient des trotskystes protestants, ou des socialistes protestants (Rocard) — ou l’inverse. « Rousseau voit donc l’enfant comme un être bon par principe, tant qu’on ne le gâche pas. Tout part de ce postulat, qui n’a d’autre évidence que d’aller à l’encontre du principe classique selon lequel le petit homme est un être de chaos, d’instincts et d’appétits (« Cet âge est sans pitié », dit La Fontaine) auxquels l’éducation justement donne forme en les bornant sévèrement. Deux idées de l’homme, deux pédagogies.(…) « Nos « pédagos » modernes sont lecteurs de Rousseau. Ils ont importé au XXe siècle des concepts du XVIIIe. »

    L’article faisait pendant à un article de Meirieu — c’est cela, la démocratie selon le Monde, équilibrer la vérité avec le mensonge, et les faits avec l’idéologie (qui est, selon Hannah Arendt que Meirieu n’arrête pas de citer, dans la Riposte, « ce qui n’a aucun point de contact avec le réel »). Mais le cher Philippe, qui l’a lu, n’en a pas tiré d’enseignement — c’est normal, c’est lui qui enseigne aux autres.

    Du coup, le voici qui en remet une couche dans la victimitude, comme dirait Ségolène :

    « Depuis que Rousseau a ouvert la voie, le pédagogue est fasciné par la figure du persécuté. Jean-Jacques, il est vrai, avait quelques raisons de se considérer et de se comporter comme tel : banni, expulsé, pourchassé, caillassé, accablé de sarcasmes et d’attaques, courant de refuge précaire en asile éphémère, l’auteur du Contrat social et de l’Emile ne trouvera guère qu’un fugace repos quelques mois avant sa mort à Ermenonville. »

    Je dois compter parmi les caillasseurs de pédagogues — moi qui suis la tendresse même, la qualité première du pédagogue, selon Saint Philippe :

    « Comme Gepetto, le pédagogue essuie parfois une larme : c’est un sentimental et c’est là à la fois sa fragilité et sa force. Sa fragilité car, tout comme Rousseau face à l’humour ravageur d’un Voltaire, il apparaît vulnérable, quand ce n’est pas pleurnicheur. Sa force, car il suscite l’empathie de tous ceux et de toutes celles qui ont, un jour, eu un enfant dans les bras… avant de l’avoir très vite sur les bras. »

    C’est beau — c’est une synthèse étrange de Sacha Guitry et d’Yves Duteil. Ecrasons une larme.

    Juché sur son piédestal rousseauiste, exhibant ses stigmates et ses cicatrices, Meirieu dès lors peut attaquer de face. Il a la sympathie du lecteur, surtout si le lecteur est au SGEN :

    « On aimerait aussi que Jacques Julliard ou Natacha Polony, qui se sont fait une spécialité de dénoncer les errances du pédagogisme, s’attaquent enfin à cette « pédagogie horticole » de l’épanouissement spontané de l’enfant — dernier avatar de l’individualisme lénifiant qui s’étale dans toute la littérature du développement personnel… »

    Et de flinguer les émules de Montessori (il crucifie Céline Alvarez et il a bien raison) et tous les « hyper-pédagogues » qui l’ont dépassé sur sa droite, enfants adultérins de Freinet, A.S. Neill, l’admirable Janusz Korczack, et tous les gourous des « écoles alternatives ». Steiner, Decroly, Montessori, Hattemer, toutes mises dans le même sac des pédagogies centrées sur la construction personnelle, où les petits princes sont faits petits rois, sont donc des repères d’hyperpédagos. J’en connais à qui ça va faire plaisir !

    D’autant que notre pédagogue en chef fait du choix scolaire un symptôme de classe : « On se doutait bien que les parents qui mettaient leurs enfants dans une « école alternative » étaient plutôt socialement favorisés et de bon niveau culturel (…) Ainsi, à regarder les choses de près, on s’aperçoit que le discours hyperpédago est profondément lié à ce qu’on pourrait nommer le courant éducatif familialiste. » Et c’est là que la référence à Rousseau prend tout son sens.

    Meirieu et moi ne nous aimons pas. Mais il ne me viendrait jamais à l’idée de le prendre pour un imbécile, ni pour un inculte. Il sait très bien ce qu’il fait, et ce qu’il dit. Et ses références font sens. 

    L’Emile, si vanté par tant de pédagogues imbéciles (pas Meirieu, comprenons-nous bien) qui croient que Rousseau est partisan du laisser-faire et de la bride flottant sur le cou de l’élève (que l’on n’élève plus mais que l’on regarderait s’élever) est en fait le pendant du Contrat social. Et du Contrat social est sortie la Terreur.

    Le laxisme prôné par tant de pédagos est aux antipodes de la Pensée Meirieu. Ce n’est pas pour rien que notre ayatollah de la pédagogie note le « caractère très ambigu des pratiques de groupe non régulées… » : il est pour une régulation de chaque instant, une réflexion permanente sur la pratique (ce qu’un marxiste appellerait une auto-critique permanente), aux antipodes du laisser-faire enseigné dans les ESPE aujourd’hui et magnifié par tant de (dé)formateurs et d’inspecteurs ravis du « papotis » qui dans les classes, selon eux, témoigne de la belle créativité des élèves. Meirieu, revenu dans les années 2000 devant des élèves, a constaté la difficulté de se faire entendre — et ça ne l’amuse pas du tout.

    La pédagogie selon lui consiste à codifier toute pratique, à l’exécuter comme on exécute une partition ou un condamné, et à en tirer une expérience qui enrichira la pratique du lendemain. Issu de courants libertaires, il est l’anti-anar par excellence. D’ailleurs, un protestant, ça ne plaisante guère. Son horreur évidente de l’élitisme (républicain ou autre) vient de son goût pour les manœuvres militaires où chacun avance du même pas de l’oie. Le pédagogisme, loin d’être permissif, est un carcan rigoureux.

    Le droit à la parole, inscrit dans la loi Jospin à l’époque où Meirieu conseillait de près le ministre, n’est pas du tout ce que vous pensez. Elle est liberté au sens rousseauiste du terme, c’est-à-dire répression de la licence. On se rappelle la haine que Rousseau éprouvait envers les libertins, je me demande parfois si celle que Cher Philippe éprouve pour moi ne vient pas de ce qu’il a flairé de libertinage en moi. « La spontanéité, dit-il, n’est, le plus souvent, que la reproduction à l’économie des clichés les plus éculés. » Une sentence que je contresignerais volontiers.

    Mais alors, si Meirieu le pédagogue n’est pas responsable de la gabegie actuelle, saluée malgré tout par les épigones de Saint Philippe, d’où vient-elle ? Et la réponse fuse — une réponse qui ne plaira ni à l’actuel ministre, ni à Gérard Collomb, qui autrefois offrit Lyon à Meirieu, qui y dirigeait l’IUFM, avant de l’en chasser lors des élections de 2012 — avec des procédés de truand, dois-je dire. « On ne rappellera jamais assez, explique notre didacticien en chef, que l’enfant-tyran n’est pas un produit de Mai 68, encore moins de l’Education nouvelle et des « pédagogies actives », mais bien celui du capitalisme pulsionnel promu par le néo-libéralisme triomphant. »

    Et c’est là que l’analyse demande un peu de subtilité.

    Ce que Meirieu refuse de voir — et je le comprends, parce qu’il n’y survivrait pas — c’est que les crétins qu’il a recrutés, mis en place, installés aux commandes du système (et qui après lui avoir léché les bottes ne doivent même plus savoir qu’il existe) n’ont aucunement la capacité de mettre en place l’enseignement rigoureux et coercitif dont il rêvait — tout comme les suivants de Montessori, Freinet, Neill et autres très grands pédagogues ne leur arrivèrent jamais à la cheville, tant leur réussite dépendait de l’identification quasi freudienne de l’enfant à son enseignant. La nature suivant la pente au lieu de la remonter, ils ont fait du laxisme leur modus operandi, et c’est la combinaison de ce laxisme (libertaire, pour le coup) et des enjeux libéraux (transformer le citoyen en consommateur ravi) qui a fabriqué l’enfant-roi, celui qui crache à la gueule de ses parents et de ses profs, qui n’apporte pas une feuille ni un stylo en classe, pense que le rap est la forme la plus achevée de la poésie (et combien de pédagogues médiocres l’ont conforté dans cette croyance !), arrive en cours avec une attitude strictement consumériste et s’insurge si l’on insinue qu’il pourrait envisager peut-être de se mettre au travail…

    c3a9cole-de-merde.jpgAlors bien sûr que ce n’est pas avec des neuro-sciences et du numérique généralisé que nous remonterons la pente, et je partage entièrement sur ce point l’extrême méfiance de Meirieu envers ces gadgets qui au mieux enfoncent des portes ouvertes et au pire programment un transhumanisme entre Orwell et Zamiatine. Notre primat des Gaules tente de se placer au-dessus des partis et lance : « Entre les pédagogues jacobins de l’école unique et les pédagogues girondins des écoles alternatives, je refuse de choisir. »

    Mais il va bien falloir choisir ! Parce que les enfants décérébrés par les disciples de Meirieu, quand ils en ont marre de jouer avec des objets frappés d’obsolescence dans leur conception même, ou de se crétiniser devant Cyril Hanouna, privés de transcendance, choisissent la voie des armes. Nous n’avons encore rien vu, dans ce domaine. Demain, les chiens.

    Interdire les portables en classe est un gadget pédagogique. Restaurer un grand service public d’éducation est une urgence — et là, franchement, je ne compte pas sur des Marcheurs hantés de mondialisation pour réaliser cet objectif. L’opposition entre école jacobine et école girondine est évidente — évidente aussi la tendance centrifuge qui, via l’autonomie et les projets d’établissement, via la marchandisation et la ludification de savoirs remplacés par des « compétences », démantèle toute ambition collective.

    C’est étrange : on ne cesse de me reprocher mon élitisme, et je crois fermement qu’il y a dans ma pédagogie parfois brutale plus de tendresse réelle, d’altruisme et de sens de la collectivité que dans toutes les pleurnicheries compatissantes et narcissiques des pédagogues. On peut trouver le sergent Hartmann caricatural, mais il travaille à former une unité, un groupe, afin de donner à chacun des membres de ce groupe des chances réelles de survie. La pédagogie des enfants de Meirieu, sous prétexte de respecter la personnalité de chacun, fabrique des victimes. Il faut dire que, entraînés comme ils sont à pleurnicher, les pédagogues sauront les plaindre — avant de les oublier.   ■ 

    Jean-Paul Brighelli
    Enseignant et essayiste, anime le blog Bonnet d'âne hébergé par Causeur
  • Cinéma • Mademoiselle de Joncquières

     

    Par Guilhem de Tarlé

    A l’affiche, Mademoiselle de Joncquières, un film d’Emmanuel Mouret, avec Cécile de France (Mme de La Pommeraye), Edouard Baer (le marquis des Arcis), Alice Isaaz (Mademoiselle de Joncquières), adapté de Jacques le Fataliste, de Diderot.


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    Vengeance, VENGEANCE, VENGEANCE… j’ai déjà eu l’occasion de rappeler cette fureur du Capitaine Haddock dans Le crabe aux pinces d’or.

    La vengeance dit-on est un plat qui se mange froid, et Mme de la Pommeraye s’en délecte avec l’élégance du 18ème siècle dans le conte du « mariage saugrenu » que l’hôtesse nous rapporte au hasard d’un gite où Jacques et son maître avaient la nuit à passer.

    68ba53e_4QcayNVxbGf9VHSGQcFbCfYl.jpgA vrai dire, je partage le sentiment du valet sur cette « diable de femme ! Lucifer n’est pas pire » qui, sous le couvert très actuel du « Balance ton porc », assouvit en réalité un orgueil bafoué (« Cette merveilleuse Madame de La Pommeraye s’est donc faite comme une d’entre nous… ») et sa jalousie de n’être pas autant aimée que Mademoiselle de Joncquières, pour laquelle elle éprouve le plus grand mépris : « Qui êtes-vous ?  Que vous dois-je ? A quoi tient-il que je ne vous renvoie à votre tripot ?  Si ce que l’on vous offre est trop pour vous, c’est trop peu pour moi ».

    582375.jpgC’est ce « mariage singulier » qu’Emmanuel Mouret nous restitue en images magnifiques et avec  les dialogues mêmes de Diderot… à voir absolument, et à faire voir aux collégiens et lycéens qui ont « le siècle des Lumières » au programme…

    Une seule question : d’où vient ce nom de Joncquières que je n’ai pas retrouvé dans le roman où l’on lit pourtant bien ceux de La Pommeraye et du marquis des Arcis, tandis que la mère et la fille s’appelaient Duquênoi, qui tenaient leur commerce sous le nom de Mme et Mlle d’Aisnon ?    

    PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et plusieurs dizaines d’autres sur mon blog Je ciné mate.

  • Un météore dans le ciel politique français ?

     

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    Emmanuel Macron ne sera-t-il qu'un météore inattendu, très vite apparu et très vite disparu dans le ciel politique français ?

    La question est récurrente ces jours-ci à l'heure des mauvais sondages, des doutes et des départs plus ou moins fracassants, en tout cas indignes, parmi les plus proches du chef de l'État ; à l'heure des « affaires », qu'elles aient eu ou non l'importance que l'agitation des médias, des partis et des assemblées leur a conférée ; à l'heure des impasses - surtout l'obstination européiste qui ne conduit nulle part parce que personne ne veut vraiment du fédéralisme de Macron en 42854247_1714857268624358_8101024579067052032_n.jpgEurope ;  enfin, à l'heure de la rupture avec les Français sur quelques sujets qui touchent à leur être profond : l'immigration, le multiculturalisme, la repentance, le dénigrement de ce qui est français, les fréquentations douteuses, les photos inacceptables en fort mauvaise compagnie ; sans compter le chômage et la pauvreté ; en bref, à l'heure des déceptions qui font qu'entre Emmanuel Macron et les Français, en tout cas la plus grande partie d'entre eux, le courant ne passe pas ou plus.  

    On a fait quelque crédit au départ à cet homme jeune, brillant et audacieux, comme les Français les ont toujours aimés. Qui 54627661.jpgrecevait Poutine à Versailles et Trump sur les Champs-Elysées pour admirer et applaudir l'armée française. Qui fêtait ses quarante ans à Chambord... Dans l'ombre du roi-chevalier. Un vrai roi, celui-là, pas une apparence ... 

    Ce capital crédit - en attente de voir - consenti au jeune Macron d'il y a un an est donc largement entamé. Mais est-ce qu'il se trouve quelqu'un en position de le recueillir ? Les Français qui, sans savoir du tout qui il était, ont applaudi il y a un an au « dégagisme » opéré par Emmanuel Macron, comme un de ces coups d’Etat légaux dont notre République est coutumière, verraient-ils d'un bon œil le retour des politiques exécrés, évincés hier ? C'est plus que douteux. Les Français ne sont pas si sots. Une majorité considère que ces politiciens faillis ne feraient pas mieux qu'Emmanuel Macron. Ont-ils tort ? Reporteraient-ils alors leur attachement, leurs espoirs et même une certaine adhésion sur les partis dits populistes, en nombre suffisant pour les porter au pouvoir ? Cela aussi, pour l'heure, nous paraît douteux. 

    Alors quid ? Nous nous sommes de fait habitués à être gouvernés par des hommes qui sont en place par défaut. Sans réel consentement, sans adhésion, sans lien affectif quelconque. Nous sommes devenus une drôle de démocratie, si tant est que nous n’en ayons jamais été une. 

    En fait, avec Macron, les Français ont peu ou prou cru ou espéré en une sorte de changement de régime. En tout cas en un « autre chose », fût-il mal défini. Macron s’est gardé de les détromper. Au contraire. 

    Au bout d'un peu plus d'un an, ils constatent que presque rien n'a changé. Ils se disent comme jadis : « Non vraiment c'était pas la peine, non pas la peine assurément de changer de gouvernement ». Et ils retombent dans leur scepticisme, leur indifférence, leur morosité ou, s'ils sont lucides, leur inquiétude et leur colère. Les esprits simplistes se réjouiront ou se lamenteront, selon leur camp, qu'Emmanuel Macron « dévisse » comme il est dit dans les médias. C'est ne pas voir plus loin que le bout de son nez ... Le problème politique français passe largement le cas Macron, X ou Y. 

    laic.jpgLa question du régime n'a jamais cessé de se poser à la France depuis la Révolution, comme en témoignent les dix-huit régimes qu’elle a connus, dont cinq républiques. Cela, Emmanuel Macron lui-même l'a compris. Il l'a dit en termes explicites, inattendus et spectaculaires. Les premiers mois de son quinquennat ne sont, en creux, que l'illustration de ce manque de roi qu'il a en même temps diagnostiqué et tenté de combler dans la forme sinon dans le fond tant il est vain de chercher à concilier un principe et son contraire. Et, l'autre jour, Zemmour avouait considérer que le message républicain est désormais désuet. Macron est la preuve qu'un régime désuet peut s'inventer un renouvellement pour, quoique épuisé, durer encore un peu. Il semble bien que ce ne peut être pour très longtemps, ni pour de bien grandes choses ... Il finit d’ailleurs par arriver un jour ou même les petites deviennent difficiles.   

    Retrouvez l'ensemble des chroniques En deux mots (99 à ce jour) en cliquant sur le lien suivant ... 

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Les deux parenthèses molles

    par Claude Wallaert 

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    Jupiter ou voyou ? 

    C’était par un bel après-midi d’été, dans la mairie d’un bourg du centre de la France. Une petite assemblée se tenait dans la salle des mariages : onze adultes et quatorze enfants. Tous étaient joyeux, propres et pimpants : il s’agissait pour le maire, ceint de son écharpe tricolore, de remettre à une jeune femme la médaille de la famille française ; cette décoration a été créée en 1920 pour honorer les mères de quatre enfants et plus, de nationalité française. La maman du jour avait un mari, neuf enfants, et visiblement attendait le dixième … Le maire lut un hommage chaleureux qui montrait qu’il aimait bien ces administrés un peu atypiques. La maman remercia en quelques mots, avec un beau sourire, sans oublier personne, et en terminant par son mari, qui se tenait à ses côtés, aussi ému qu’il l’avait été quelque vingt ans auparavant, devant un autre maire, dans un autre village. Ensuite, on déboucha quelques bouteilles, on servit chouquettes et gougères, à la grande joie des enfants qui se mirent à courir partout…

    Dominant la scène, accroché au mur dans son cadre officiel, le président Macron, le sourcil conquérant, affichait son sourire de premier de la classe, les poings accrochés au bureau élyséen, campé entre les molles parenthèses de ses bras.

    C’était au moment où, dans cette paisible campagne, résonnaient encore, quoique un peu assourdis, les échos du tintamarre Benalla. Ce jeune homme de 26 ans a provoqué, en effet, un beau chahut à retardement, puisque les faits reprochés remontent au premier mai dernier, ce qui a mis au jour, comme l’on sait, des « curiosités » relatives à son salaire, à ses privilèges, ses ambitions présumées, et bien d’autres choses encore, attestées ou non, qui font les délices des journalistes qui ne savent pas comment vendre leur papier d’été. Il ne s’agit pas d’un criminel, non, mais à coup sûr de ce qu’on appelle un trublion, un intrigant, dont l’ambition un brin tapageuse et exhibitionniste a eu l’heur de plaire au personnage tout fier dans son cadre présidentiel ; notre jeune président serait-il tiraillé entre la majesté jupitérienne, et un certain tropisme décadent, voire quelque peu canaille ?

    1901356836.jpgOn peut le penser : qu’on se souvienne en effet de la fête de la musique, qui a vu Monsieur et Madame Macron recevant publiquement à l’Élysée, et avec la plus grande familiarité, un groupe de danseurs LGBT, dont l’un portait sur son ticheurte l’inscription « Fils de migrants, noir et pédé ». Quel contraste surprenant entre la véhémence grandiose des célébrations républicaines au Louvre et à Versailles, et les gesticulations adolescentes du jeune Emmanuel et, encore dernièrement, ses effusions dans les bras de la pulpeuse présidente de la Croatie, dont la valeureuse équipe venait pourtant de perdre la coupe du monde de football !

    photo_originale.jpgTout cela, en réalité, est à l’image de notre France : il y a encore des cloches qui sonnent dans le ciel de villages paisibles, des parents généreux, des enfants aimés et joyeux, des entrepreneurs intrépides, un superbe savoir-faire français, bref un patrimoine ancré et porteur d’avenir. Il y a aussi les caïds féodaux de la drogue, les zélateurs médiatiques d’un futur frelaté, la tourbe bourdonnante des partis politiques promoteurs d’ambitions dévoyées, et le pays en voie de désertification spirituelle, donc en danger de mort…

    Et dans son cadre officiel, sourcil conquérant, sourire ambigu, campé devant une fenêtre de l’ancien hôtel d’Évreux, Macron regarde ces deux France sur lesquelles il n’a aucune prise ; ses bras sont deux parenthèses molles… 

  • Communiqué de L'Union Royaliste Provençale, représentant unique de l'Action française en Provence

    Rassemblement Royaliste des Baux de Provence, le prince Jean de France, Marcel Jullian (2002)

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    À l'attention du service politique  

    Communiqué de Presse

    L'Union Royaliste Provençale, représentant unique de l'Action française en Provence 

    L'Action française en Provence est représentée par l'Union Royaliste Provençale.

    Créée en 1937 à l'initiative du commandant Dromard avec l'assentiment et l'appui de Charles Maurras, elle mène le combat royaliste d'Action française en Provence notamment par des conférences et des colloques. Elle a organisé les grands rassemblements royalistes de Montmajour et des Baux, et édité le mensuel Je suis Français.

    Elle anime également quotidiennement le blog lafautearousseau, qui figure parmi les blogs politiques ayant la plus grande audience, ainsi que les pages Facebook et Twitter de l'AF Provence.

    L'Union Royaliste Provençale est la fédération régionale du CRAF (Centre Royaliste d'Action Française) dont le siège se situe au 10, rue Croix-des-Petits-Champs à Paris, et dont le Secrétaire Général est François Bel-Ker.

    Aucune autre organisation en Provence n'est légitimée à se prévaloir de l'Action française.

    Marseille, le 25 septembre 2018 

    Jean-Eugène Gugliotta
    Président de l'Union Royaliste Provençale 

    Contact Presse
    presse@actionfrancaise.net
    www.actionfrancaise.net
  • Sommes-nous dans les années trente ?

    Edouard Daladier et André François-Poncet, ambassadeur à Berlin (années trente)
     
    Par Jean-Philippe Chauvin
     

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    Les vives polémiques sur les propos et les attitudes de l'actuel président, conjuguées avec les débats non moins vifs sur ce que l'on a le droit ou pas de dire, et qui a le droit, ou non, de s'exprimer, sont la manifestation de cette « dissociété » qui a pris l'avantage sur la communauté nationale (que certains voudraient résumer à un « vivre-ensemble » qui n'existe pas, ou plus) et sur l'agora intellectuelle que d'autres nommaient jadis « la république des lettres ».

    L'hystérisation contemporaine, qui se répand plus vite que du temps de l'imprimé grâce aux réseaux sociaux numériques, est parfois désespérante et elle nuit à la véritable discussion qui nécessite du temps et de la réflexion, ainsi qu'elle autorise la possibilité de se tromper ou d'être convaincu par d'autres arguments que les siens propres. Aujourd'hui, les délateurs, jadis félicités sur les assignats républicains des années 1790, sont les maîtres de jeux de plus en plus sombres et violents. 

    une-plaque-de-nom-de-rue-en-francais-pour-rue-de-la-republique-byb67h.jpgQuand, dans la lignée des inquiétudes « de gauche » médiatisées, quelques historiens et « Insoumis » évoquent les « funestes années trente », je pense pouvoir leur rétorquer quelques choses simples, et ouvrir, au sens noble du terme, la discussion sans préjugé : 

    1. Ces fameuses années furent d'abord, avant de sombrer dans la tragédie, des temps de recherche et de débats intellectuels dont les revues de l'époque, qu'elles se nomment RéactionEsprit,L'Ordre Nouveau ou La Revue du XXe siècle restent les preuves imprimées : les nouvelles pistes de la pensée antilibérale ; la critique de l'Argent et, pour certains, de la Technique ; la réflexion permanente sur les institutions et, au-delà, sur l'esprit du politique ; etc. Tout cela mérite le détour, et les partisans actuels de la décroissance y trouvent certaines de leurs références utiles à la compréhension du monde contemporain, de Georges Bernanos à Jacques Ellul, entre autres. 

    2. La liberté d'expression y était, en France, plus reconnue que dans nombre de pays limitrophes, même si cela s'accompagnait d'une violence de ton et, parfois, d'action, et que la République n'aimait pas toujours la contradiction, au point de faire assassiner, en son nom propre ou par d'autres qu'elle, quelques opposants trop virulents, comme au soir d'émeute du 6 février 1934... 

    3. Si les extrêmes ne sont guère recommandables, il n'y a néanmoins pas de « fascisme français » malgré les pâles copies de l'Italie mussolinienne chez les partisans du « Faisceau » (disparu dès 1927) de Georges Valois ou les « francistes » de Marcel Bucard, plus groupusculaires et mythomanes que vraiment actifs. Sans doute le traditionalisme moderne de Maurras, si critiqué et parfois fort critiquable par ailleurs, a-t-il empêché, et c'est tant mieux, l'éclosion d'un jacobinisme fasciste ou d'un totalitarisme hexagonal. 

    maulnier songeur.jpg4. Les problèmes contemporains, et le contexte général, sont-ils semblables à ceux d'hier ? C'est sans doute là qu'il y a, effectivement, le plus de similitudes avec les années trente : une ambiance délétère sur la scène internationale et une montée des exaspérations populaires dans nombre de pays, y compris en France, avec la rupture entre élites mondialisées et classes populaires et moyennes, entre les métropoles et les périphéries, en particulier rurales ; le retour de la question sociale, très souvent couplée à la nationale ; les « questions sociétales » qui ne sont que l'autre formulation de la crise de civilisation évoquée jadis par Thierry Maulnier (photo), Emmanuel Mounier et Jean de Fabrègues, entre autres. Mais les réponses d'aujourd'hui sont-elles forcément celles d'hier ? 

    Sans doute peut-on constater que les « non-conformistes » des années trente (dont Maulnier et Fabrègues furent « les lys sauvages ») ont échoué à imposer leurs idées à la tête de l’État avant 1958, même si de Gaulle, en bon lecteur des « néo-41U3SlEZAbL._SX235_BO1,204,203,200_.jpgmaurrassiens » (sans en être lui-même, malgré une légende tenace véhiculée par les hommes de Monnet, et reprise par Mauriac), en reprendra ensuite les grandes lignes dans sa Constitution de la Cinquième République et dans sa tentative (avortée) de résolution de la question sociale : l'inachèvement du règne gaullien et ses limites bien réelles, en renvoyant les principales idées des revues « hors-système » aux catacombes, ont enterré presque (ce « presque »qui laisse encore un espoir, n'est-ce pas ?) définitivement les espérances de ceux qui les animaient. Si les royalistes peuvent en concevoir quelque amertume, cela ne doit pas être une excuse pour déserter le combat intellectuel et politique et, au-delà, civilisationnel... « L'espérance, c'est le désespoir surmonté », clamait Bernanos. 

    Alors, que les royalistes de bonne volonté s'engagent, pour que ces nouvelles ou fantasmées « années trente » d'aujourd'hui ne débouchent pas sur le pire comme en 40, mais sur le Roi, « possibilité du Bien commun effectif », tout simplement ! Ce serait bien, tout compte fait, « la revanche de Maulnier », ou celle d'un autre « M » célèbre et controversé...   

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Prochain « Secrets d’Histoire » sur « Louis-Philippe et Marie-Amélie, notre dernier couple royal »

     

    C'est le blog La Couronne qui nous l'apprend en ces termes :

    Monsieur Stéphane Bern vient d’annoncer que le prochain numéro de son émission « Secrets d’Histoire », diffusé sur France 2, le mardi 30 octobre à 21h, sera consacré à « Louis-Philippe et Marie-Amélie, notre dernier couple royal ». 

    photo-blog3.pngEn janvier dernier, Son Altesse royal le Duc de Vendôme avait  reçu au Domaine Royal de la chapelle de Dreux, Stéphane Bern et son équipe pour le tournage de plusieurs séquences de cette émission avec notamment une interview du Prince Jean qui connaît parfaitement l’histoire du Domaine Royal puisqu’il y réside à l’année avec sa famille.

    Après le tournage avec le Dauphin de France à Dreux, Stéphane Bern avait poursuivi son périple au château d’Eu afin de narrer aux téléspectateurs la vie et les tribulations du Roi Louis-Philippe et de la Reine Marie-Amélie. Le dernier couple royal français appréciait vraiment cette demeure de campagne normande où régnait une vie familiale harmonieuse au milieu des collections de tableaux de la Grande Mademoiselle. 

    Une belle émission historique avec en bonus la présence du Dauphin de France… Bref une belle émission à ne rater sous aucun prétexte.    

  • Famille de France • Le prince Jean s'exprime après la mort de Charles Aznavour

     

    168205_419268338107770_1930754385_n.jpgLe Dauphin de France via son compte Facebook officiel :

    « C’est un monument, un poète, un défenseur de notre belle langue française qui vient de nous quitter. J’adresse, ainsi que mon épouse, toutes mes condoléances à la famille de Charles Aznavour, un extraordinaire chanteur qui laisse en héritage pour les générations actuelles et futures, ce qu’il avait de plus précieux en lui : l’amour de la France. 

    Prince Jean de France »   

    Le prince Jean de France
    (Page facebook)
  • Le coup d’État judiciaire

     

    Par Philippe Mesnard
     

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     Les juges prennent le pouvoir

    En juillet 2018, le Conseil constitutionnel a considéré qu’il ne pouvait y avoir de délit de solidarité au nom du principe de fraternité, donnant à cette valeur républicaine plus de substance qu’elle n’en avait jamais eu jusque là – et, incidemment, pourrait-on dire, rendant obsolète une partie des lois en vigueur dans le pays ; et le même mois, le Conseil d’État a considéré que l’extension de la PMA aux couples de femmes homosexuelles et aux femmes seules ne posait aucun souci, donnant ainsi blanc-seing aux parlementaires pour modifier la loi et, incidemment, intervenant de façon très prématurée dans le débat sur la bioéthique. Enfin, toujours en juillet, une pétition de professeurs de droit mettait en garde contre la volonté expresse de la Cour de cassation de se consacrer davantage à la « création normative » – autrement dit d’imaginer des lois en lieu et place du législateur. En effet, selon le propre exposé des motifs de la Commission de réforme, « la haute juridiction doit, à l’instar de l’évolution suivie par la plupart des grandes cours suprêmes d’Europe (Allemagne, Espagne, Suisse, Autriche,…), être mise en mesure de consacrer davantage d’énergie, de moyens, de temps, à sa fonction de direction et d’unification de la jurisprudence, créatrice de droit, au regard de celle, plus traditionnelle, de nature « disciplinaire » ou juridictionnelle, de contrôle de la légalité ».

    Un peuple mauvais et ignorant, des juges sages et savants

    Ces trois faits sont symptomatiques d’une dérive constante consistant à enlever au peuple le pouvoir de faire des lois et même à prévenir, par une évolution constante des lois, la possibilité pour le peuple d’exprimer son opposition à une évolution ou, a contrario, son désir d’évolution.

    Le fait que le pouvoir judiciaire tende à s’affranchir n’est pas neuf et, des rois de France jusqu’à Balladur, on a vu se tenir des lits de justice qui n’avaient pour fonction que de rappeler aux juges qu’ils sont là pour faire appliquer intelligemment la loi, pas pour la discuter. La nouveauté de ces dernières années est que si le pouvoir judiciaire veut s’affranchir du législatif, c’est de plus en plus souvent avec l’assentiment de ce dernier, ou en tout cas avec l’assentiment des gouvernants. Le peuple, en effet, est désormais disqualifié : il pense mal, il vote mal, il ne sait pas, il ne devrait pas être autorisé à déléguer une souveraineté qu’il est incapable d’exercer, et ses représentants, encore tout crottés de la glèbe dont ils sont issus, n’ont eux-mêmes rien à dire, surtout si la matière en jeu est réputée fondamentale par ceux qui savent, les experts, les juges – ou l’Union européenne, avec la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Bref, ceux qui ne sont pas élus.

    La République idéale : plus de peuple !

    Non seulement la France et ses institutions se sont rangées avec servilité sous les institutions européennes mais en plus les élites disent désormais clairement que toute consultation populaire – comme la dernière en date, lors des États généraux de la bioéthique – n’a aucune valeur : le peuple doit politiquement disparaître. Tout montre un mouvement politique d’ensemble, avec sa composante judiciaire, qui consiste à imposer aux Français un nouveau droit, au mépris des lois existantes et du processus d’élaboration législatif. La future réforme constitutionnelle ne fera sans doute qu’accentuer les choses, et les coups de semonce de juillet 2018 ne sont qu’un avant-goût d’une rationalisation du parlementarisme qui pourrait transformer radicalement la Ve République : la – mystérieuse – volonté générale n’aura plus besoin de s’exprimer et même on niera qu’elle existe, en tout cas qu’elle soit pertinente. Mais peut-être est-ce au cœur des origines du régime qu’il faut chercher les raisons et les possibilités de ces dérives judiciaires ? Les valeurs républicaines, Liberté, Égalité, Fraternité, sont-elles objectives ou vagues ? Ce qui arrache au peuple les conditions de maîtrise de son destin, les lois étant supposées régler la vie en commun, n’est-ce pas précisément le mythe originel de la Constitution, qui ne parle vraiment ni de la France ni des Français mais du régime idéal, et donc désincarné, auquel doit tendre la France, qui est plus un projet qu’une réalité ? Le coup d’état judiciaire n’est qu’un avatar de plus dans l’opposition entre pays réel et pays légal.  

    Philippe Mesnard
    Politique magazine
  • Honte à l’Union européenne, qui n’a pas le courage de commercer en euros avec l’Iran !

     

    Par Marc Rousset   

     

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    L’Union européenne, protectorat de l’Amérique, a fait le bon diagnostic sur le scandale des sanctions américaines à l’égard de l’Iran, mais elle n’a pas la volonté politique d’une Europe puissance des nations pour commercer en euros avec l’Iran et le monde entier. « Il est absurde que l’Europe paie 80 % de sa facture énergétique de 300 milliards d’euros par an au total, en dollars alors que 2 % seulement de notre énergie provient des États-Unis », a déploré M. Juncker, jugeant également « ridicule » que les entreprises européennes achètent des avions européens en dollars plutôt qu’en euros.

    La majorité des hommes politiques européens qui parlent du problème du règlement international en euros ne comprennent pas ce qui se passe et les raisons exactes ne sont jamais expliquées d’une façon claire, technique et précise dans les médias. L’une des raisons est qu’en fait, l’euro, monnaie unique, contrairement à ce que l’on nous raconte, n’existe pas !

    L’euro est monnaie unique en apparence seulement car les euros italiens ne peuvent pas dévaluer vis-à-vis des euros français ou allemands mais, en fait, les banques centrales des pays européens sont toujours techniquement indépendantes les unes des autres et présentent toutes les symptômes d’une monnaie propre à chaque pays avec leurs propres réserves physiques en or. Elles pourraient reprendre immédiatement, chacune, leur indépendance vis-à-vis des autres banques centrales. La BCE n’est, en fait, que la consolidation comptable des bilans des différentes banques centrales européennes. La zone euro peut se défaire techniquement en une nuit, si elle explose !

    La preuve en est le « système Target 2 » de règlement entre les banques centrales qui fait qu’aujourd’hui, dans la zone euro, la Bundesbank détient 1.000 milliards d’euros de créances bancaires sur les autres banques centrales alors que la Banque centrale d’Italie est débitrice de 460 milliards d’euros, principalement vis-à-vis de l’Allemagne.

    Et comme il n’y a pas, techniquement, une véritable zone euro, la BCE et l’Union européenne ont été incapables, jusqu’à ce jour, de mettre en place un système européen interbancaire européen indépendant du système international SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication) sous l’emprise de Washington, de la Fed, des banques américaines et du roi dollar. La volonté de mise en place de ce système est en paroles seulement. « Nous devons augmenter l’autonomie et la souveraineté de l’Europe en matière économique, commerciale et financière », a déclaré le ministre des Affaires étrangères allemand Heiko Maas, le mois dernier, à Berlin. Un système interbancaire de paiement européen indépendant, conforme au droit européen, avec l’euro comme moyen de paiement international pour commercer avec le monde entier est urgent.

    L’Europe impuissante face aux sanctions américaines contre l’Iran souhaite mettre en place seulement un système de troc sophistiqué à partir de la vente de pétrole iranien. L’Union européenne sera amenée à créer, comme du temps du rouble dans les pays satellites de l’ancienne URSS, une chambre de compensation sans transactions financières dans la zone euro. Si l’Iran vend du pétrole à l’Espagne, ces euros serviront à régler pour un même montant directement l’exportateur allemand des machines-outils à l’Iran en évitant les transactions en dollars qui pourraient exposer les acheteurs et les vendeurs européens à des sanctions américaines.

    L’impérialisme américain est odieux, scandaleux, inacceptable. Les grands groupes tels que Total, Peugeot, Renault, Airbus, Siemens, suite aux menaces de représailles sur le marché intérieur américain, ont déjà tous renoncé. Mais la malheureuse chambre européenne « croupion » de compensation s’attire, cependant, les foudres du conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche John Bolton. Il a osé déclarer :

    « Les États-Unis seront “agressifs et inflexibles” dans l’application des sanctions […] L’Union européenne est forte dans sa rhétorique, mais faible pour l’appliquer. Nous allons surveiller le développement de cette structure qui n’existe pas encore et pour laquelle aucune date de création n’a été fixée. Nous n’avons pas l’intention de permettre à l’Europe ou quiconque d’éviter nos sanctions. »

    Debout, l’Europe puissance des nations anti-Macron à construire !   

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    Économiste
    Ancien haut dirigeant d'entreprise
  • A Toulon, ce soir, mercredi 3 octobre, ouverture du cycle de conférences du Cercle Pierre Debray...

     

  • Aznavour, l'art d'être Français

    « Je suis devenu Français d'abord, dans ma tête, dans mon cœur, dans ma manière d'être, dans ma langue… J'ai abandonné une grande partie de mon arménité pour être Français… Il faut le faire. Ou alors il faut partir. »

    Charles Aznavour