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  • Une réflexion de la plus grande actualité

     

    « Encore un siècle de journalisme et tous les mots

    se mettront à puer »

    F. Nietzsche

    Cité par Raphaël Enthoven

  • Vichy ce samedi 5 mai, conférence de François Bert au Cercle Gustave Thibon. A ne pas manquer !

     

    Contact : CERCLEGUSTAVETHIBON@GMAIL.COM

  • 1er mai : Face à la gauche radicale, les syndicats ne font plus le poids

     

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    Ce qui s'est passé à Paris le 1er mai - un terrorisme en action en plein centre-ville - ne nous renseigne pas seulement sur la virulence de l'ultragauche mais aussi sur la déchéance syndicale.

    On se paye de mots, en effet, avec le syndicalisme français qui n'a de représentativité que celle qu'on lui reconnaît par habitude, facilité et lâcheté. (5% d'adhérents dans le secteur privé, 7% dans le secteur public !). 

    images.jpgLes troupes ont fondu, vieilli, les militants sont partis au Front National ou chez Mélenchon, les ex-gros bras de la CGT d'antan sont de vieux messieurs démotivés. Comme le PCF somme toute, qui n'a pour ainsi dire plus d'électeurs ni d'organisations militantes dignes de ce nom. Et encore moins de capacité révolutionnaire comme jadis. Tout cela ce sont des souvenirs. Ne restent plus que des bureaux, des apparatchiks à hauts salaires et des services comptables pour gérer les subventions et les aides diverses. Des coquilles vides. Le décompte des manifestants des grandes démonstrations de force se faisait jadis pour Paris et quelques grandes villes. Pour produire des chiffres de participation un peu moins ridicules, les syndicats, la police et les médias donnent désormais des résultats nationaux. 250 000 ? 140 000 ? Pour toute la France, cela ne fait plus grand chose. Le mythe révolutionnaire du Grand soir a fait long feu et le syndicalisme français, divisé, discrédité et exsangue, est une immense faillite, même s'il conserve, par le jeu de quelques minorités, un pouvoir de nuisance résiduel dont Emmanuel Macron fait en ce moment l'expérience. 

    Place donc dans la rue aux terroristes de la gauche radicale face à laquelle, désormais, les appareils syndicaux ne font plus le poids. Finis, en effet, les grands services d'ordre musclés de la C.G.T. ou du P.C.F. qui, il fut un temps pas si lointain, les auraient expulsés sans coup férir, ce premier mai.

    Nous n’avons plus affaire aujourd’hui à la révolution prolétarienne mais à la violence pure, aveugle et nihiliste.  

     

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    En deux mots, réflexion sur l'actualité

     

  • Quand la Monarchie familiale anglaise donne à réfléchir pour la France...

     

     Par Jean-Philippe Chauvin

     

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    La naissance d'un troisième enfant dans le foyer du prince William et de sa femme Kate a été largement médiatisée, et elle intervient dans un contexte favorable pour la Couronne d'Angleterre, juste avant le mariage du fils cadet du prince Charles et de Lady Diana avec une jeune femme, décrite comme « moderne » par les tabloïds anglo-saxons.

    Le vieux royaliste français que je suis constate, avec un brin d'amertume ou d'envie, qu'ainsi c'est la Monarchie anglaise qui, aujourd'hui, attire les regards et les sourires attendris, et qui semble susciter moins de ricanements que l'escapade et les embrassades américaines du président Macron. Sans doute, dira-t-on, les enjeux ne sont pas les mêmes, mais la présence d'un État au monde et sa crédibilité intérieure dépendent aussi beaucoup du « spectacle » de sa magistrature suprême, quelle qu'elle soit, ce que le républicain Régis Debray avait déjà souligné dans sa préface au livre d'Yves La Marck, « Monarchie et politique étrangère », préface qu'il faudrait toute entière retranscrire et commenter. 

    « La famille royale britannique n'est-elle pour rien dans les succès de longévité du Commonwealth, qui font réfléchir tant de partisans d'une Communauté francophone mondiale, cette famille d'orphelins épars, sans force car sans prestige ni représentation ? Le principe animal de l'hérédité, avec pedigrees et saillies sur contrat, comme fondement de légitimité, ne jette-t-il pas quelque noire lumière sur nos régimes d'opinion et les carences de stratégie internationale qui en dérivent ? » gettyimages-625288940.jpgEffectivement, ces questions méritent d'être posées et d'autant plus aujourd'hui lorsque l'on constate la grande difficulté de la diplomatie française à trouver des soutiens, non seulement fiables mais fidèles, dans un monde de plus en plus instable et « balkanisé » ou, plus exactement, en pleine recomposition mondiale et redistribution des puissances et alliances : si les efforts du président Macron sont bien réels (même si on peut ne pas être toujours d'accord avec leur orientation), ils apparaissent souvent vains dans une Union Européenne qui ne partage pas la vision, toute française, d'une « Europe puissance » capable d'exister par elle-même. Même si l'actuel locataire de l'Elysée a bien intégré les mécanismes du spectacle d’État, il lui manque cet enracinement dans un terreau historique et familial qui fait la force de la Monarchie au Royaume-Uni, et cette inscription dans le temps « qui polit au lieu d'épuiser ». 

    Un autre intérêt de la Monarchie familiale, c'est sa capacité à rassembler et à rassurer, dans ces temps incertains : alors que se profile l'échéance d'un Brexit que ses partisans n'avaient pas sérieusement préparé (sans doute parce qu'ils n'y croyaient pas vraiment eux-mêmes) et que la classe politique britannique apparaît fort peu crédible pour assurer l'avenir, la Monarchie, par son calme et sa longévité, est bien le point de repère tout comme le trait d'union entre des citoyens si différents dans leurs choix et leurs identités communautaires. La Monarchie n'est pas la « fusion », elle est l'unité possible entre des particularités parfois mémoriellement antagonistes : le visage du nouveau bébé royal fait plus pour la paix civile que les grandes déclarations de principe des hommes politiques, qu'on le veuille ou non. Quand le socialiste Jean Jaurès évoquait « le charme séculaire de la Monarchie » (en était-il troublé ?), les images de la famille royale, celles de celui qui n'est, pour l'heure qu'un heureux père, deuxième dans l'ordre de succession et encore bien éloigné du moment de régner, démontrent à l'envi ce charme mystérieux et naturel au sens le plus fort de ses deux qualificatifs. 

    Le spectacle royal épargne à l’État britannique le discrédit total que pourrait lui valoir les errements de Mme May et les agitations europhobes comme « eurofolles ». Quand la politique parlementaire et ministérielle perd de son crédit, la Monarchie est la garantie de la pérennité de ce qui fonde la politique au-delà des calendriers électoraux et démocratiques : c'est dans les temps de difficulté pour le pays que la Monarchie est la plus importante et nécessaire sans participer elle-même aux débats ou aux divisions, comme le résumait un historien britannique qui expliquait qu'il n'y avait pas de Churchill possible sans un roi George VI... 

    1929471531.jpgLes diplomates français savent sans doute cela aussi, et M. Macron, qui connaît l'histoire, doit le ressentir un peu amèrement en constatant sa grande, sa douloureuse solitude de Chef d’État d'une République trop grasse et trop désabusée pour s'imaginer encore un destin. Au dîner d’État offert par Donald Trump aux époux Macron, une  fleur de lys ornait le menu officiel pour symboliser la France (Léon Daudet y aurait vu un heureux « intersigne ») : le jeune président français, qui connaît l'importance des symboles, a pu alors méditer, peut-être, sur « le malheur d'être en République quand on est la France »...  

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

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    Où Éric Zemmour médite sur « La leçon de la monarchie anglaise »

    Quoi de moins dans l’air du temps que ce royal baby ?

  • Mai 68 : Ce menaçant Monsieur Cassin [2]

    René Cassin devant le Haut Tribunal Rabbinique

     

     

    Face au nazisme, l’appel de Londres 

    L’avancée des troupes allemandes l’oblige à quitter la France. Le 23 juin 1940 il s’enfuit vers le Royaume-Uni où il reçoit « du consul de Grande-Bretagne à Paris un document lui donnant le statut d’agent officiel du gouvernement de Sa Majesté. »[1] Le 29 juin il rencontre de Gaulle qui la veille a été reconnu chef des Français libres par Churchill ; il est chargé de préparer un projet d’accord entre les deux hommes qui permettra « de donner un statut juridique aux troupes qui reconnaissent l’autorité du Général, tout en leur assurant un financement britannique. »[2] Ce gouvernement républicain en exil au Royaume-Uni prend le nom de Comité français de libération nationale (CFLN). Si Cassin est rapidement mis au placard par de Gaulle, qui le marginalise « en le cantonnant à son administration »[3], il devient en revanche « l’une des figures majeures du camp allié. »[4] 

    Ardent partisan du cosmopolitisme, l’exil à Londres est l’occasion pour René Cassin d’apporter une « contribution capitale (…) à la pensée des droits de l’homme »[5] et de dessiner les contours des futures Nations unies : « Avec d’autres exilés londoniens, il commença à examiner les buts de guerre alliés afin de faire sortir du conflit un ʽʽnouvel ordre internationalʼʼ démocratique. »[6]

    Les convictions politiques de Cassin s’avèrent en pleine adéquation avec celles de l’élite britannique. Notamment il « admirait l’institut royal pour les affaires internationales de Chatham House ; il appréciait la revue de presse étrangère qu’il lui fournissait. C’était […] un groupe d’experts indépendants investis dans des recherches et débats sur des questions qui intéressaient le Foreign Office. »[7] Ce think tank est la plus ancienne coterie mondialiste, l’ancêtre des plus connus Groupe Bilderberg, Council on Foreign Relations et Commission Trilatérale. 

    En plus de son poste de commissaire national à la justice et à l’instruction auprès du gouvernement en exil dirigé par de Gaulle, René Cassin devient président de l’Alliance israélite universelle (AIU), fondée au XIXe siècle par Isaac-Adolphe Crémieux. Il « se voit chargé par de Gaulle de reprendre les rênes d’une institution grâce à laquelle ʽʽtous les Juifs d’Orient parlent le français et ont adopté notre culture comme la leurʼʼ. »[8] Sa défense du judaïsme va de pair avec son combat pour les droits de l’homme : « Cassin était tout désigné pour […] parler au nom de la France libre sur les droits de lʼHomme. Depuis 1940, comme ferme défenseur de la SDN, il avait prôné de nouvelles initiatives sur ce projet, et après la création des Nations unies, le 1er janvier 1942, il avait appelé à fonder cette organisation sur une affirmation des droits de lʼHomme plus ferme et plus ample que celle sur laquelle avait reposé la SDN. »[9] 

    Alors que le 31 juillet 1945, Cassin est nommé vice-président du Conseil d’État, il est également chargé après-guerre de rédiger l’architecture philosophique de l’ONU. Cette mission aboutit à la présentation, le 10 décembre 1948 à Paris, de la DUDH devant l’assemblée générale de l’ONU. Pour Cassin l’enjeu est de « limiter la souveraineté de l’État et faire avancer le droit de recours des individus contre la violation de leurs droits, par les États où ils vivent »[10]. Il entend que soit inaugurée l’ère de la justice universelle. Cet idéal qui l’anime résulte de la congruence qui existe entre la pensée républicaine issue de 1789 et le judaïsme moderne. 

    Un chef de sa communauté 

    Les premières responsabilités qu’a eues Cassin dans l’engagement auprès de ses coreligionnaires étaient celles d’administrer lʼAIU : il « se rendit en Palestine où il resta du 15 janvier au 18 janvier 1942. Il s’y présenta lui-même comme le champion des liens entre Français et Britanniques au Moyen-Orient. Il vit aussi que les Arabes aussi bien que les juifs répondaient positivement à de Gaulle et à la France libre. Il fut particulièrement frappé, là comme au Liban, par le succès de lʼAIU qui faisait flotter le drapeau de la langue française et des valeurs républicaines. Il en serait le président l’année suivante (son engagement actif dans lʼAIU remontait à cette mission). »[11] 

    Chef de lʼAIU à partir de 1943, Cassin le restera trente années durant, devenant « l’une des premières personnalités juives »[12] du monde. L’« universaliste juif laïque »[13] qu’il est « joue le rôle d’une sorte de ministre des Affaires étrangères de la communauté juive francophone »[14]. Ce statut important, il lʼacquiert dans le contexte des affres de la Seconde Guerre mondiale : « Après 1943, il a une sorte de circonscription à représenter : un monde juif, et il sʼy emploie à Paris, à Casablanca, à New York et à Jérusalem. La guerre a quasiment fait de lui un homme dʼÉtat juif. »[15] Dès le milieu des années 1940 il devient ainsi un homme puissant, fort dʼun vaste réseau dont la dimension est internationale. Dans la famille Cassin, il nʼest pas le seul à occuper une fonction importante à lʼintérieur de sa communauté : « Son frère Fédia joua un rôle dirigeant dans la communauté juive de Marseille : il présidait le consistoire et le Bʼnai Bʼrith. »[16] 

    Lʼhorreur de cette guerre face au nazisme convainc Cassin de la pertinence de lʼidéologie sioniste : il « était une personnalité officielle française au sionisme, du moins après 1945. »[17] Pas au point, cependant, de faire son alyah en Israël après sa création, en mai 1948 : « Cassin était un sioniste de la diaspora, un homme convaincu que les Juifs qui souhaitaient vivre une vie collective en Palestine devaient être libres de le faire. »[18] En tant que président de lʼAIU, Cassin a fait pression pour accélérer la naissance de lʼÉtat hébreu et faciliter la migration des Juifs en Eretz Israël : « lʼAlliance faisait tout ce quʼelle pouvait pour promouvoir la partition de la Palestine et la création de lʼÉtat dʼIsraël. Le 9 juin 1947, Cassin lui-même signa et envoya au secrétaire général de lʼONU, Trygue Lie, un ʽʽMémorandum de lʼAIU sur le problème palestinienʼʼ, qui plaidait sans équivoque la cause de la création dʼun État. Après la Shoah, faciliter lʼimmigration juive en Palestine ʽʽest le premier devoir de la communauté internationaleʼʼ. »[19] 

    Sans conteste il « était un sioniste dévoué au sens où sa loyauté envers Israël était très profonde, et de plus en plus au fur et à mesure que passaient les années »[20]. Cet attachement sincère et fort explique pourquoi il « fit adhérer lʼAIU au Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), fondé en 1944 pour coordonner la restauration de la communauté juive »[21] vivant en France. Mais les convictions de Cassin se heurtèrent avec la politique menée par le général de Gaulle, qui, selon les termes de Pierre Bloch, « nʼétait ni antisémite, ni prosémite. Il ignorait le problème. Il nʼy avait pour lui que des Français. »[22]  (A suivre)  • 

    [1]  Antoine Prost, Jay Winter, op. cit., p. 140.

    [2]  Ibid., p. 148.

    [3]  Ibid., p. 146.

    [4]  Idem.

    [5]  Idem.

    [6]  Idem.

    [7]  Ibid., p. 202.

    [8]  Catherine Nicault, La France et le sionisme. 1897-1948. Une rencontre manquée ?, Paris, Calmann-Lévy, 1992, p. 203.

    [9]  Antoine Prost, Jay Winter, op. cit., p. 208.

    [10]  Ibid., p. 270.

    [11]  Ibid., p. 195.

    [12]  Ibid., p. 368.

    [13]  Ibid., p. 378.

    [14]  Idem.

    [15]  Ibid., p. 379.

    [16]  Ibid., p. 399.

    [17]  Ibid., p. 381.

    [18]  Ibid., p. 386.

    [19]  Ibid., p. 383.

    [20]  Ibid., p. 396.

    [21]  Ibid., p. 399.

    [22]  Cité par Daniel Amson, op. cit., p. 8

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    Dossier spécial Mai 68

  • Sous le régime de l'immigration et du gauchisme accepté, l'on ne coupera pas à la violence

     

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    Au lendemain du premier mai, la société française se découvre agitée, violente, éclatée, antagoniste, haineuse, et finalement terriblement dangereuse.

    Faut-il en plus qu'elle en soit surprise ? 

    Voyons les choses avec simplicité. Ne laissons pas les idées et les politiques responsables de cette situation exonérées des dénonciations, des sérieux et graves reproches qu'elles méritent ; ne laissons pas leurs auteurs faire les innocents, feindre l'étonnement et, par surcroît, déplorer le misérable état de fait qu'ils ont eux-mêmes créé.

    Deux types de responsabilités souvent croisées, cumulées ou complices sont à incriminer.

    D'abord, l'idéologie et les politiques que l'on désigne aujourd’hui par différents néologismes d'ailleurs parfaitement corrélés : universalisme, droits-de-l’hommisme, immigrationnisme, multiculturalisme, antiracisme, discrimination positive diversitaire, prétendu antifascisme, etc. Consciemment ou non, c'est au nom de ces idéologies ou sous leur prétexte que l'on a ouvert le pays à tous les vents. A toutes les sortes de populations venues d’ailleurs en masse, et à toutes les violences.

    Ensuite, la politique immigrationniste à motivations économiques d'un certain capitalisme, que le MEDEF incarne. 

    Les masses immigrées attirées en France auront ainsi servi de main d'œuvre à bon marché tirant tous les salaires vers le bas, et aujourd'hui, pour plusieurs milliers d'individus, de troupes de choc aux organisations d'ultragauche, anarchistes et trotskistes. Ou encore de recrues pour le djihad et les attentats.

    La violence affecte plus ou moins toutes les sociétés. Elle ne cesse jamais d'être au cœur de l'homme. Mais, comme on le voit aux États-Unis, elle atteint des paroxysmes structurels, dans les peuples où doivent cohabiter des ethnies, des cultures, des religions, des civilisations, des races, des origines géographiques, fort différentes, et souvent opposées. La question raciale a installé depuis longtemps la violence au cœur de la société américaine. Il était prévisible qu'elle l'établirait aussi chez nous. Car si les races sont niées par les élites bienpensantes, elles ne le sont nullement chez les gens. Normaux ou ordinaires, comme on voudra.

    Ainsi l'on pourrait dire : « Si vous voulez la paix civile, ayez des populations homogènes. Si vous les voulez hétérogènes, vous ne couperez pas à la violence ». 

    Aujourd'hui, chez nous, elle est partout.  

     

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    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Mai 68 : Ce menaçant Monsieur Cassin [1]

    « Reçu à l’Elysée avec les membres du Conseil constitutionnel au début de l’année 1968, il aurait déclaré au Général de Gaulle : je considère que la position que vous avez prise, les propos que vous avez tenus au sujet du conflit israélo-arabe, ne sont pas acceptables de la part du Chef de l’État. Je vous le dis respectueusement mais fermement. […] Monsieur le Président, je suis inquiet, très inquiet pour l’avenir. En réalité, l’ancien " ami fidèleʼʼ, était devenu un opposant, qui écrivait après le discours prononcé par Charles de Gaulle à Montréal le 24 juillet 1967 : ʽʽIl n’appartient pas à des Français de peser sur les décisions d’une population qui a, sans notre concours, prouvé sa capacité de vivre et qui est très à même de savoir disposer de son sortʼʼ. » 

    Daniel Amson, De Gaulle et Israël, Paris, PUF, 1991, p. 53-54. 

     

    Cet épisode, où René Cassin avertit d’une façon véhémente le général de Gaulle qu’il est inquiet pour son avenir, est jusqu’ici passé inaperçu parmi ceux qui, historiens ou sociologues, se sont essayés à identifier les causes profondes de l’irruption de Mai 68. Cassin signale à de Gaulle qu’il a largement franchi la ligne rouge et qu’il va bien assez tôt en payer le prix, ce qui suggère que ce personnage a pu être l’un des instigateurs occultes du mouvement de mai-juin 1968.

    Dans la famille des élites globales mobiles, Cassin est le juriste. Expert ès droits de l’homme, spécialiste du droit international, il fut chargé par elles de rédiger la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (DUDH), proclamée le 10 décembre 1948 à Paris par la toute jeune Organisation des nations unies (ONU). 

    Les origines 

    René Cassin voit le jour à Nice le 5 octobre 1887. Il naît dans « une famille de classe moyenne juive prospère qui avait fait fortune au milieu du XIXe siècle »[1]. Sa famille est typique de ce qu’on appelait alors les « israélites français », ces juifs assimilés à culture républicaine. Cela faisait longtemps qu’elle vivait sur le sol hexagonal : « Les Cassin étaient venus à Nice entre 1840 et 1860, mais leurs ancêtres vivaient dans le sud de la France depuis des générations. »[2] Les Cassin sont au fond des juifs libéraux, soucieux de conserver leurs racines religieuses tout en se montrant résolus à se fondre dans le moule républicain. « Comme son père, René accomplit les rites juifs de passage à la responsabilité personnelle, la bar-mitzvah. Son oncle Honel Meiss lui apprit à lire les passages des prophètes et de la Torah »[3]. René, en outre « républicain et libre penseur comme son père, […] est assez détaché de la tradition pour faire sa vie avec une femme qui n’est pas juive. »[4]           

    Très bon élève, il obtient son baccalauréat à 17 ans. En 1904 il s’inscrit en droit et en histoire à la faculté d’Aix-en-Provence. C’est un étudiant brillant : en 1908 il « monte » à Paris pour achever ses études de droit qu’il finance en travaillant pour le Recueil des lois et décrets. En 1914 il termine ses études titulaire d’un doctorat de droit civil. Sa thèse porte sur la théorie des obligations. 

    Parcours politique et professionnel 

    Politiquement, René Cassin se situe à gauche. Il fut d’ailleurs l’ « un des rares notables de gauche à rallier de Gaulle »[5]. À la manière d’un Pierre Mendès-France ou d’un Romain Gary, il n’a « jamais adhéré au gaullisme partisan »[6]. Son meilleur ami est Paul Ramadier, qui est un militant socialiste et un journaliste à LʼHumanité. Lui penche pour le radicalisme. Mais son engagement politique est plutôt tardif. En 1931 il s’inscrit à la section du Ve arrondissement de Paris du parti radical. « Cassin ne fit pas seulement acte de loyauté envers le parti radical-socialiste, mais aussi envers son président, Édouard Herriot, qui l’avait nommé huit ans plus tôt à la délégation française à la SDN. »[7], c’est-à-dire la Société des nations, ancêtre de l’ONU. 

    C’est d’abord son parcours de juriste qui prime, notamment tout ce qui touche au droit international, qu’il voit comme le meilleur outil pour œuvrer à la paix. Incontestablement, l’épreuve de la Grande guerre a compté dans son soutien en faveur d’une instance internationale de délibération et de règlement des litiges. Mobilisé le 1er août 1914, il est blessé suffisamment tôt pour ne connaître « ni Verdun, ni la Somme, ni les gaz, ni le pilonnage des tranchées. »[8] Réformé, sa carrière de professeur de droit peut commencer. De 1916 à 1919 il est chargé de cours de droit civil et pénal à l’université d’Aix. Il est reçu en 1920 à l’agrégation de droit privé et de droit criminel. Il est d’abord affecté à la faculté de Lille, jusqu’en 1929, puis celle de Paris. 

    L’entre-deux-guerres et la SDN 

    L’expérience vécue par René Cassin durant la Première Guerre mondiale l’amène à prendre à bras le corps la cause des anciens combattants et des mutilés de guerre. Dans les années 1920 il lance un mouvement international des anciens combattants dont le siège se trouve à Genève. À partir de 1924 il devient également membre de la délégation française à la SDN, jusqu’aux accords de Munich (1938) qui signent l’échec du projet. Au sein de la SDN, Cassin intègre « un groupe d’hommes qui développaient des perspectives internationalistes, de formation juridique pour la plupart »[9] et formaient ainsi une coterie d’élites globales mobiles favorables à une gouvernance mondiale guidée par les principes humanistes de la république universelle, ou éthique des droits de l’homme. 

    « Dès le début, Cassin est un partisan de la Société des Nations. […] [I]l avait l’inébranlable conviction que la seule façon d’empêcher le retour de la guerre était de forger un ordre international qui proscrirait le recours aux armes quand grandiraient les tensions internationales. Il partageait le point de vue de lord Grey, ministre britannique des Affaires étrangères, qui répétait que si seulement il y avait eu, dans l’été 1914, un lieu, une institution où les grandes puissances auraient pu exposer leurs griefs, la guerre n’aurait jamais éclaté. C’est cette même conviction qui fait que, après 1918, Cassin et beaucoup d’autres anciens combattants se tournent vers Genève et la jeune SDN. »[10] Mais la SDN disparaît vite et l’ascension d’Hitler menace la paix. Pour René Cassin, quand la Seconde Guerre mondiale éclate, les Alliés sont engagés dans une « croisade des droits de lʼHomme »[11], suggérant implicitement que ce conflit avait une nature religieuse. (A suivre).   

    [1]  Antoine Prost, Jay Winter, René Cassin et les droits de lʼhomme : le projet dʼune génération, Fayard, Paris, 2011, p. 25.

    [2]  Ibid., p. 26.

    [3]  Ibid., p. 33.

    [4]  Ibid., p. 41.

    [5]  Serge Berstein, Pierre Birnbaum (dir.), De Gaulle et les élites, Paris, La Découverte, 2008, p. 39.

    [6]  Ibid., p. 68.

    [7]  Antoine Prost, Jay Winter, op. cit., p. 108.

    [8]  Ibid., p. 43.

    [9]  Ibid., p. 94.

    [10]  Ibid., p. 81-82.

    [11]  Ibid., p. 137.

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    Dossier spécial Mai 68

  • Marseille (hier soir) & Aix-en-Provence (ce soir) : Deux conférences auxquelles il est important d'assister

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    MARSEILLE, MERCREDI 2 MAI 20 H 

    Le compromis nationaliste 

     

    Contact : provence@actionfrancaise.net  &  06 09 53 52 59 

     

    AIX-EN-PROVENCE, JEUDI 3 MAI,

    CAFE ACTUALITE DE 18 H 45 A 20 H 30

    « Les droits de l'homme, origines et postérités »

    Le Festival, 1 cours Mirabeau 

    18 h 45 : accueil. Entrée libre. 19 h : conférence et débat. 

    20 h 30 : fin de la réunion.

    Participation sous forme de consommation.

    Consommations à commander et régler au bar en arrivant. Merci !

    Inscriptions et renseignements : 06 16 69 74 85 

    Docteur en droit, conférencier, sociologue et historien, Pierre de Meuse collabore à de nombreuses revues et a écrit divers ouvrages dont une histoire des hérésies et un livre sur l'identité française.

  • Le nouveau régime libre-échangiste

     

    Par  Mathieu Bock-Côté 

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgCe que Mathieu Bock-Côté écrit ici dans son blogue du Journal de Montréal [ 26.04] nous paraît de première importance, plus, peut-être, que jamais. Il s'agit d'une recension d'un ouvrage de Simon-Pierre Savard-Tremblay qui s'intitule Despotisme sans frontières, qui vient de paraître et dont le titre dit presque tout. Mathieu Bock-Côté en fait une remarquable synthèse, juste, forte et savamment équilibrée. Nous n'y ajouterons presque rien. Il faut la lire. Nous aussi avons écrit que le libre-échange des biens, des hommes et des idées, qui date de la nuit des temps, doit se régler selon les circonstances, les époques et les lieux. En fonction des biens-communs particuliers des peuples et des Etats. Mais il devient despotique et destructeur lorsqu'il se mue en idéologie ou prétend s'imposer comme dogme universel. Il nous semble que c'est ce que démontre ici brillamment Mathieu Bock-Côté. Et cela est important parce qu'il s'agit de notre destin et même de notre survie.   LFAR   

     

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    Il est courant, aujourd’hui d’affirmer que la mondialisation est en crise et que son système s’est profondément déréglé. L’heure est à la révolte contre la mondialisation, et elle s’exprime de nombreuses manières, comme on l’a vu avec le référendum grec contre l’austérité, la résistance wallonne contre le CETA, la victoire du Brexit ou l’élection de Donald Trump. Cette révolte est à la fois portée par la gauche et par la droite, si ces catégories veulent encore dire quelque chose dans les circonstances. Mais contre quoi se révolte-t-on, exactement? Contre un mouvement historique irrépressible, condamnant cette révolte à n’être qu’un baroud d’honneur? Ou contre un régime politique qui ne dit pas son nom mais qui s’est mis en place sur une cinquantaine d’années et qui a transformé radicalement notre rapport au monde ?

    C’est à cette question que Simon-Pierre Savard-Tremblay a cherché à répondre dans Despotisme sans frontières, un très intéressant opuscule qu’il vient de faire paraître chez VLB. Et sa réponse est claire: la mondialisation telle que nous la connaissons est un régime qu’il faut nommer comme tel et combattre comme tel. C’est-à-dire que la mondialisation s’est installée au fil des décennies à coup d’accords internationaux de plus en plus secrets et de plus en plus contraignants, généralement au nom de l’idéal d’un libre-échange globalisé, qui serait l’expression naturelle et bienheureuse de l’humanité enfin délivrée du politique, des frontières et des souverainetés, qui diviserait l’humanité contre elle-même et la soumettrait au règne de l’arbitraire. Elle représenterait une mutation du cosmopolitisme le plus radical, prenant le relais, à sa manière, de l’internationalisme prolétarien. Le nouveau régime du libre-échange domestique les États, qui n’ont désormais plus qu’une mission centrale: aménager leur pays de manière à le rendre le plus compatible possible avec les exigences de la mondialisation. En fait, c’est la démocratie qui est domestiquée, puis neutralisée, car condamnée à l’insignifiance. L’État ne gouverne plus: il n’est que gestionnaire.

    Mais SPST insiste : le libre-échange tel qu’on le pratique aujourd’hui n’est pas le libre-échange en soi, qui ne saurait se laisser enfermer dans une définition aussi idéologiquement contraignante. Il y a une différence fondamentale entre favoriser le commerce entre les nations et créer un environnement juridique supranational favorable au règne des corporations, qui consacre en fait l’hégémonie de ces dernières, au point même de leur permettre de poursuivre les États devant les tribunaux lorsqu’ils jugent qu’une politique ou un règlement les empêche de tirer un profit optimal de leurs investissements. Et on ne saurait assimiler au protectionnisme la remise en question du moindre accord de libre-échange, quel qu’il soit. Notre monde ne doit pas choisir entre l’ouverture et la fermeture, comme le prétendent les idéologues mondialistes que notre auteur ne cesse de remettre en question. Les hommes politiques auraient tout avantage à se délivrer de cette propagande qui étouffe la réflexion dans une fausse alternative entre le bien et le mal. On ne saurait assimiler le bien politique à la perspective glaçante du sans-frontiérisme.

    0bc2a567-fd9a-48ea-9b53-fa426d1c1cb9_ORIGINAL.jpgSPST insiste: il ne s’oppose pas au libre-échange en soi mais à une forme de radicalisation du libre-échange qui vise à homogénéiser juridiquement et socialement la planète en programmant la dissolution des États et des nations. «Le «nouveau libre-échange» vise à ce que les pays du monde aient des législations quasi identiques pour que le capital puisse circuler d’un territoire à l’autre en ayant droit au traitement princier» (p.13). Mais à la différence des critiques habituels de la mondialisation, qui basculent tôt ou tard dans une forme de fantasme socialisant, SPST demeure sur terre et pose un objectif politique réaliste: le retour graduel, mais résolu, à l’État-nation, au nom d’un projet qu’il nomme à la suite de plusieurs la démondialisation. Il cherche à nous montrer de quelle manière on pourrait s’y engager et nous rappelle qu’il n’est en rien contraire à une grande coopération entre les peuples. SPST contribue ainsi, notons-le en passant, à une redéfinition nécessaire du souverainisme québécois, pour lui permettre d’entrer dans une nouvelle époque. Les souverainistes ne gagneront rien à toujours vouloir se plier à la définition médiatique de la modernité.

    Cet ouvrage est une belle réussite. La matière en elle-même est extrêmement complexe et SPST parvient à la rendre intelligible en la ramenant vers ce qu’on pourrait appeler les fondamentaux de la science politique: il pose la question du régime, il se demande qui commande, il cherche à identifier les intérêts sociaux qui tirent avantage des institutions, et ceux qui sont laissés dans les marges. En d’autres mots, l’objet de son livre est moins économique que politique, et c’est ce qui fait sa force. Personne ne croit qu’on sortira demain de la mondialisation, et qu’il faille la rejeter en bloc. Mais il s’agit, pour chaque nation, de reconstruire sa souveraineté, de lui redonner de la substance, car elle-seule est garante de la possibilité d’une expérience démocratique authentique. En fait, SPST veut nous convaincre que le nouveau régime du libre-échange s’accompagne d’une civilisation dégradée, qui abime notre humanité, nous déracine et nous condamne à la sécheresse existentielle: celle du consommateur absolu. Il s’agit, pour emprunter ses mots, «de recréer un mode de vie sain qui nous reconnecte à notre humanité» (p.126). Il veut nous convaincre, et nous convainc.  •   

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).

  • Livraisons de S300 russes à Damas ou la subtile diplomatie de Poutine

    Missiles russes sol-air S300  

    Par Antoine de Lacoste

     

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    La Russie a annoncé il y a quelques jours la livraison de missiles sol-air S300 à l’armée syrienne.

    Au premier abord cette nouvelle est logique : face à la dernière agression américano-franco-anglaise contre la Syrie, le Kremlin décide de renforcer la défense aérienne de son allié afin de décourager toute nouvelle tentation belliqueuse.

    La défense anti-aérienne de la Syrie n’est certes pas catastrophique comme l’a prouvé la destruction en vol de plus de 70 des missiles américains lancés vers Damas et Homs. De plus, chacun a encore en mémoire la destruction d’un F16 israélien en février dernier à la suite d’un énième raid en Syrie de l’aviation de l’Etat hébreu. C’était la première fois depuis trente ans qu’Israël perdait un avion.

    Depuis, celle-ci ne s’y est d’ailleurs plus risquée et la dernière attaque contre une base syrienne s’est faite depuis le Liban, l’aviation israélienne se gardant bien de s’aventurer à nouveau dans le ciel syrien. On notera à ce propos que ces violations répétées de l’espace aérien de ses voisins par Israël n’émeuvent pas beaucoup les pays occidentaux : il semble aujourd’hui acquis qu’Israël se situe au-dessus du droit international…

    La livraison de ces S300 est en fait une vieille histoire. Voilà plusieurs années que Damas les espère et qu’Israël les redoute. C’est d’ailleurs à la demande de l’Etat hébreu que Poutine a accepté à plusieurs reprises d’en différer la livraison. La diplomatie de Poutine est très différente de celle du monde occidental qui ferait bien parfois de s’en inspirer : pas de leçons de morale et les dirigeants ne sont pas classés en bons et en méchants ; il y a des alliés que l’on ne lâche pas, mais on parle avec tout le monde, même à ceux qui attaquent son allié. Nous sommes loin des postures idéologiques des Américains et des Européens.

    Mais aujourd’hui la donne a changé et cette annonce est une réponse envoyée à la coalition. Que les Occidentaux continuent à prendre pour argent comptant toute provocation d’attaque chimique en Syrie doit engendrer une parade. Il serait d’ailleurs intéressant de savoir qui finance ces fameux casques blancs, toujours présents dans les grands moments de manipulation et parfaitement relayés par les medias occidentaux.

    Cela étant, ce n’est pas Poutine lui-même qui annoncé cette livraison, ce qui signifie qu’un différé est encore envisageable.

    Un autre élément important est à noter : les bases russes de Tartous et Hmeimim sont dotées de missiles S400, extrêmement performants. Il n’a jamais été question que les bases syriennes en soient dotées : les Israéliens en feraient un casus belli et donc les Américains aussi. Avec les S300, nous sommes à la lisière.

    Poutine sait jouer aux échecs mais ne veut mettre personne mat, hormis les islamistes bien sûr.

    C’est grâce à cette subtile diplomatie qu’il est aujourd’hui le seul chef d’Etat qui peut parler avec tous les acteurs du dossier syrien. 

    Retrouvez l'ensemble des chroniques syriennes d'Antoine de Lacoste dans notre catégorie Actualité Monde.

  • Mai 68 : Présentation

    Si, lorsquʼil sʼagit de donner un sens à cet événement, Mai 68 est lʼobjet dʼune controverse féroce – tant à propos de la cause de lʼirruption de la crise que de lʼimpact quʼelle a produit sur la société française –, ses laudateurs et ses contempteurs sʼaccordent pour en souligner lʼimportance décisive. Tous partagent le point de vue selon lequel ce moment de « communication explosive »[1] fut un « événement matriciel »[2], cʼest-à-dire fondateur, initiateur de quelque chose de nouveau, une rupture en somme. Pour Régis Debray, cʼest le « renaissance » de la « République bourgeoise »[3], quand Jean-Claude Michéa la qualifie de « Grande Révolution libérale-libertaire »[4]. Ces deux figures de la gauche intellectuelle rejoignent ainsi le camp de ceux qui, issus de la droite, font le procès de Mai 68. 

    En janvier dernier, dans un éditorial au ton très polémique, le directeur de Libération, Laurent Joffrin, sʼattaquait à une certaine gauche, coupable selon lui dʼêtre à lʼorigine dʼun « réquisitoire oblique qui impute à 68, sous des oripeaux révolutionnaires, le triomphe du marché, lʼouverture des frontières au libre-échange, qui aurait livré le pays aux grands vents de la mondialisation américanisée, sapé la souveraineté nationale pour le compte des multinationales. »[5] Or comme eux il considère que Mai 68 était une « fausse révolution, […] une révolte contre les traditions qui contestaient la liberté individuelle »[6]. Dans un autre périodique typiquement bobo, lʼhebdomadaire Télérama, Olivier Pascal-Mousselard et Vincent Rémy insistent sur le rôle joué par « une jeunesse en plein boom » qui provoqua un « séisme » sans précédent, faisant entre la France dans une « pétillante modernité »[7]. Dans leur texte ces deux derniers comparent, comme le premier dans son éditorial, Mai 68 à 1789. 

    Tel est donc le postulat de départ de ce dossier : comme lʼaffirment aussi Henri Mendras et Patrick Buisson, Mai 68 est peu ou prou assimilable à une seconde révolution française, qui transforma profondément les structures anthropologiques, culturelles, morales, économiques et politiques de la France contemporaine. Une nouvelle phase, au fond, du « Grand remplacement », le vrai : la substitution du culte ancestral – catholique, apostolique et romain – par celui des droits de lʼhomme, la laïcité.   

    [1]  Maurice Bantigny, La Communauté inavouable, Paris, Éd. du Minuit, 1983, p. 135.

    [2]  Ludivine Bantigny, « Assignés à hériter : quelques mouvements étudiants en miroir (1968-2006), in Ludivine Bantigny et Arnaud Baubérot (dir.), Hériter en politique : filiations, générations et transmissions politiques (Allemagne, France et Italie, XIXe – XXIe siècle), Paris, PUF, 2011, p. 296.

    [3]  Modeste contribution aux discours et cérémonies officielles du dixième anniversaire, Maspero, Paris, 1978, p. 10.

    [4]  LʼEnseignement de lʼignorance et ses conditions modernes, Castelnau-le-Lez, Climats, 1999, p. 46.

    [5]  Libération, 20-21 janvier 2018.

    [6]  Idem.

    [7]  Télérama, 23 décembre 2017-5 janvier 2018.

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    Dossier spécial Mai 68

  • Où Éric Zemmour médite sur « La leçon de la monarchie anglaise »

     

    2293089609.14.jpgCe qu'explique ici Éric Zemmour [Figaro magazine de vendredi dernier] c'est comment la famille royale britannique a choisi de renouer avec ses valeurs traditionnelles. Depuis, elle n'a jamais été aussi populaire. Y compris en République française. Zemmour n'a pas l'habitude de traiter de sujets people. Ou de parler pour ne rien dire. C'est par une méditation politique qu'il aborde ce sujet. Et elle a son intérêt, y compris pour nous qui ne sommes pas Anglais mais Français, qui ne rêvons pas d'une monarchie à l'anglaise mais à la française - ce qui n'est que naturel - mais qui savons que le principe dynastique porte en lui-même des effets politiques implicites qui ont valeur partout. Ce sont ceux que Zemmour constate dans cette chronique qui, en ce sens, nous concerne. LFAR   

     

    687294929.jpgIl est né le divin enfant ! Le troisième ! Et un garçon, encore ! La passion médiatique et populaire que suscite la naissance des enfants royaux d'Angleterre est un mystère à élucider. A une époque où les rois sont considérés comme des pantins inutiles et ridicules, traces d'un passé révolu, pourquoi s'intéresser à une monarchie millénaire ? A une époque où toute marque de hiérarchie et de verticalité est systématiquement couverte de sarcasmes ou d'insultes, comment peut-on exalter une supériorité qui ne doit rien au mérite et tout à la naissance ? A une époque où les femmes sont louées pour ce qu'elles font et méprisées pour ce qu'elles sont, comment peut-on passer en boucle le sourire au demeurant charmant d'une princesse dont le seul exploit est d'avoir donné des héritiers au trône ?

    La France est particulièrement touchée par ce mystère d'une passion incoercible pour ce qu'elle est censée abhorrer. La France républicaine qui ne se remet pas - et ne se pardonne pas ? - d'avoir coupé la tête de son roi. La France républicaine à vocation monarchique face à la monarchie anglaise à vocation républicaine. Il manque un roi à la République, avait dit de Gaulle, qui a remplacé l'huile sainte du sacre par le suffrage universel. Il manque un roi, a constaté Macron quand Hollande était président, et qui, depuis, surjoue, en acteur consommé, le rôle de monarque. La monarchie anglaise a depuis longtemps renoncé à la réalité du pouvoir pour sauvegarder son trône. Charles X, déjà, disait : « Si être roi, c'est faire comme mon cousin d'Angleterre, je préfère couper du bois. » Mais le « cousin » a su, à ce prix, incarner les traditions séculaires et l'unité de la nation. Ce n'est pas rien.

    Il y a quelques décennies, on a pensé la monarchie britannique condamnée. Non pas à cause des menées des opposants républicains qui n'ont jamais compté que pour du beurre, mais minée de l'intérieur. La génération des Beatles et des Rolling Stones avait fait des émules au sein même de la famille royale. Ils multipliaient les adultères (tradition monarchique), mais aussi les ruptures et divorces (shocking !). De la princesse Anne à Diana, jusqu'au prince Charles, l'individu roi et la religion de l'amour étaient sur le point de subvertir et de détruire la monarchie anglaise et la religion anglicane.

    Et puis, après que la tempête Diana fut sur le point de tout emporter, le miracle a eu lieu : non pas grâce au caractère admirable de la reine mère, mais grâce à une nouvelle génération, enfants des baby-boomers, soucieux de remettre en ordre ce que leurs parents avaient dévasté. Une nouvelle génération qui se complaît - avec un rare goût de la mise en scène médiatique et des affaires - dans les valeurs traditionnelles de la famille et de la patrie. Le rétablissement passa par une alliance de la monarchie avec les classes moyennes et populaires - incarnées parfaitement par les sœurs Middleton - qui, contrairement aux classes supérieures, n'avaient pas renoncé à la nation britannique et aux traditions. Une belle leçon de conservatisme donnée par les plus jeunes à leurs aînés.  

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    Quoi de moins dans l’air du temps que ce royal baby ?