Le changement, c’est maintenant
Les Français sortiront de la campagne présidentielle usés, fatigués, plus divisés que jamais. Tous les regroupements électoraux – et, en fait, électoralistes – qui s’effectueront au second tour seront faux, viciés.
Il n’y a pas de véritable principe de rassemblement. Ni à gauche, ni à droite. Les divisions s’accentueront. Le pays se ressentira d’une profonde insatisfaction. Des catégories entières s’estimeront lésées et, jusque dans les administrations, le malaise pourra provoquer d’étranges ruptures.
Le prochain président doit le savoir : on ne succède pas en vain à Nicolas Sarkozy et à François Hollande. Le système ne s’est pas amélioré ; il a empiré. La question est de savoir maintenant s’il est seulement améliorable. Non, car la mécanique sociale et politique que les Français sont censés avoir choisie et qui les broie régulièrement et maintenant continûment, est implacable et ne leur laissera aucun répit. Jusqu’au jour où…
Il en est un qui l’a parfaitement expliqué aux gens de gauche : c’est Jean-Claude Michéa. Dans son dernier livre Notre ennemi, le Capital (Climats), il reprend sa même critique pertinente de la gauche culturelle, celle qui domine singulièrement le Parti socialiste. Et, d’une manière générale, toute la gauche, celle des médias en particulier.
En maniant sans fin des concepts aussi sommaires que vides de sens – tel « le Progrès » indéfini – ces gens d’appareil, de pouvoir et d’argent, pensent soulever les masses populaires ; mais, en vérité, le peuple en lui-même se trouve dupé par des politiciens et des élites avides de carrières. Des discours, des mots, toujours des mots, qui concrètement jettent les pauvres gens dans la déréliction : le peuple y perd progressivement tout, patrie, nation, famille, travail, amis, solidarités. Au profit de qui ?
Et au service de quoi ? Selon la phraséologie ordinaire, « le parti de demain » ne doit-il pas toujours l’emporter sur « le parti d’hier » ? Mais cette rhétorique est celle même de la finance apatride et du capitalisme mondialisé ! N’est-ce pas sur les lois dites « sociétales » – on l’a constaté encore dernièrement – que la rencontre et la complicité des deux pôles du socialo-libéralisme est la plus évidente ?
Ce livre si éclairant, quoi qu’on pense par ailleurs au sujet des notions mêmes de capital et de capitalisme, semble comme destiné à Macron qui prétend sortir du monde politicien – ni gauche, ni droite – et qui en est, en fait, le dernier avatar ! Mais, tout aussi bien, il vise tous les autres, de gauche comme de droite. Un peu de lumière vraie dans tant de fausses dialectiques !
Reste que le monde est en train de bouger. Et « la bougite » chère à la culture de gauche et au capitalisme financier est prise en défaut. « Le changement, c’est maintenant », le slogan de campagne de François Hollande, si stupide par ailleurs, pourrait recouvrir une tout autre réalité. À l’image de ce qui se passe un peu partout. Quoi que fasse Donald Trump, les Américains ont décidé d’être américains « d’abord ». Et il est probable que ce sera aussi classique que surprenant. Pareillement l’Angleterre de Theresa May.
Et de même pour la Russie de Poutine. Quand Xi Jinping au Forum de Davos se fait le chantre du libre-échange, c’est qu’il défend la Chine éternelle. L’Europe n’échappera pas à ce mouvement. Et la France ? C’est le sens du dossier que présente en ce début d’année 2017 Politique magazine. La nation France n’est pas morte. À elle de se réveiller. Dans la ligne de son histoire. •
Kim Jong Un, le troisième représentant de la dynastie marxiste-léniniste de cette pauvre Corée du Nord, s'appelle - cela ne s'invente pas ! - « Nuage vertueux ». Il a succédé à son père Kim II (dit Kim Jong Il, ou « Cher dirigeant », ou « Dirigeant Bien Aimé), lequel succédait à son père, Kim 1er, fondateur de la dynastie : de son vrai nom Kim Il Sung, appelé rien moins que « Grand Leader », « Président éternel » ou encore - allons-y gaiment ! - « Professeur de l'humanité toute entière ». Rien que ça ! Modestes s'abstenir...
« Justice pour Théo ! » La banlieue brûle et le même slogan est diffusé sur toutes les ondes. La majorité des médias et une partie des politiques, relayant le discours des « associations », s'indignent, en chœur, des « violences policières » contre les « jeunes » des « quartiers ».
L’Europe occidentale se trouve aujourd’hui en état d’apesanteur. Tout ce qui a déterminé sa politique au cours des dernières années est en train de s’effondrer mais elle ne le sait pas encore.
Oui, vous avez bien lu, il a osé le dire :
Cédric Herrou se présente comme un paysan. Il lève le poing gauche, et parle pourtant plus comme un révolutionnaire bien formé, bien aguerri aux méthodes de l'agit-prop, que comme un céréalier, un maraîcher ou un éleveur ! Il est paysan comme la moindre personne dans la rue est Pape ou roi d'Espagne ! Quand on le voit à la télé, il est assez souvent vêtu « façon clown », bonnet de laine jaune vif, écharpe rouge vif aussi, pantalon d'une autre couleur encore. Mais ce clown, plutôt burlesque, a un je-ne-sais-quoi de trop sérieux ; voire même d'inquiétant dans le regard. Son vrai « métier » ? : prêter la main au passage de la frontière par des clandestins, et, donc, de fait, se faire l'un des maillons de la chaîne des « passeurs », en clair, des trafiquants de chair humaine, des négriers des temps modernes. Le beau paysan que voilà !


« Il y a quelque chose de particulièrement sinistre dans l'atmosphère qui nimbe les heures crépusculaires d'une fin de règne en régime démocratique. Au sentiment d'inachevé, que souligne l'impuissance à s'inscrire dans le temps long de l'histoire, se mêle la sourde aversion que suscite chez tout esprit épris d'unité la perspective d'être de nouveau confronté au fanatisme mou d'une campagne électorale, au mimodrame d'une guerre civile. Telle est ma fracture intime : avoir développé une expertise au sujet d'un processus dont la résultante collective ne me paraît pas toujours ordonnée au bien commun. Car si l'élection présidentielle est bien ce moment où l'on confronte les projets, c'est aussi le moment où s'accomplit un rituel de séparation qui dresse les Français d'abord en plusieurs factions rivales, puis en deux camps apparemment irréconciliables. Là est la malédiction du nombre abstrait, anonyme, informe, que Victor Hugo résuma en une formule fulgurante : « Je suis le Médiocre immense. [...] Je suis Tous, l'ennemi [...] de Tout. » Là est aussi la critique la plus aiguë de la démocratie : la multitude opposée à l'unité, la fragmentation à l'indivisibilité, le dénombrement contre le rassemblement. Le doute n'habite-t-il pas le système lui-même ? La célèbre sentence de Churchill qui fait de « la démocratie le pire régime à l'exclusion de tous les autres » ne semble-t-elle pas nous dire que, finalement, la démocratie n'est rien d'autre qu'un pis-aller, une forme de résignation, presque un expédient pour basse époque ? Dans le feu de l'action, le gérant démocratique ne se pose que rarement ce genre de question. Sauf à l'heure des comptes. Alors, il vacille, titube, se perd dans une interminable introspection traversée par un fort sentiment d'injustice dès lors qu'il en vient à envisager la défaite. » •
