UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 5

  • Patrimoine • À Martigues, par Charles Maurras

     

    Il faut être reconnaissants au site Maurras.net d'avoir remis à jour cet écrit de Charles Maurras, un petit article touristico-sociologique intitulé À Martigues et publié en 1926 par le magazine L’Illustration (numéro 4361 du 12 octobre.). Version agrémentée de six aquarelles de l’artiste avignonnais Louis Montagné.

    S’il refuse le pessimisme automatique des anciens, Maurras ne peut cacher ici une certaine inquiétude : l’âme de Martigues est liée depuis des siècles à l’activité des pêcheries, et, si celles-ci en viennent à péricliter, que restera-t-il de cette âme ?

    Amis lecteurs, imprimez-donc ce texte et prenez-le avec vous pour aller visiter Martigues ! Vos avis seront sans doute divers, mais vous ne pourrez contester que les vues dépeintes par les six aquarelles se retrouvent peu ou prou dans la réalité d’aujourd’hui, et sans doute penserez-vous comme nous que, moyennant l’achèvement de la restauration de la maison du Chemin de Paradis qui fut la propriété de Charles Maurras, et l’éradication de quelques horreurs datant des décennies de l’après-guerre, la « Venise provençale » possède tous les atouts pour charmer le visiteur et poursuivre sa longue histoire, quel que soit le nombre de ses pêcheurs, de grand comme de petit Art.

     

    2736404638.jpgLe clair pinceau et les couleurs brillantes de M. Louis Montagné 1 se rient de l'encre grise et du langage abstrait dont il faut bien qu'un simple écrivain se contente. N'essayant pas de rivaliser avec l'aquarelle, je lui laisse le soin de louer les beautés visibles de ma petite ville natale. L'invisible me reste. Je tenterai de l'indiquer.

    Cette église, cathédrale ou plutôt primatiale, vous plaît ? Vous êtes sensible aux lueurs changeantes de ce petit port ? Vous riez de plaisir devant ce quai oblique où les barques légères attendent tristement ? Le rythme de la lumière et de la vie vous a obscurément intéressé et même conquis ? Les plus minutieuses descriptions littéraires ne pourraient rien ajouter à ce sentiment. Mais peut-être la curiosité qui est née vous fait-elle songer à vous demander quel est le peuple qui travaille dans cet air doré et sous ce ciel en fleur, ce qu'il a dans le cœur, ce qu'il a dans la tête, d'où il vient, ce qu'il fait, en un mot comment ce petit monde a vécu depuis qu'il est là.

    Il est là depuis très longtemps. C'est un peuple pauvre de gloire, mais non d'ancienneté. Son origine a donné lieu à quelques disputes entre amateurs de chartes et producteurs de diplômes. Il paraît que les plus anciens certificats de vie de la ville de Martigues ne remontent guère au-delà du treizième siècle et d'un certain papier qui a été signé et scellé par un archevêque d'Arles entre 1200 et 1300. C'est possible. Ce n'est pas sûr. Et qu'est ce que cela prouve ? Tout ce qui est écrit a été, du moins grosso modo. Mais tout ce qui a été n'a pas été écrit.

    Par exemple, l'Ordre religieux et militaire des Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem fait remonter son origine à Gérard de Martigues 2, qui a été béatifié, s'il vous plaît. Ce bienheureux Gérard Tenque, né vers 1040 et que la première croisade a trouvé établi à Jérusalem, a-t-il eu l'originale fantaisie de placer son berceau dans une localité qui lui serait postérieure de deux bons siècles ? Naturellement la critique peut dire que Gérard, simple mythe solaire, n'a jamais existé ou qu'il ne s'appelait point Tenque, un chroniqueur disant Gerardus tunc, « Gérard alors » qui aura été traduit Gérard Tunc, ou Thunc, ou Tonc, ou Tenque, ce qui est bien dans l'ordre des choses mortelles 3.

    MARTIGUES02-953x1280-72ppp.jpg

    Mais, si le nom de son Gérard fut sujet de telles transformations, le nom de Martigues et de son étang, Marticum stagnum, reste tout de même l'un des plus vieux de notre Provence. Il se réfère au cycle de Marius. Quand ce général démagogue passa en Gaule pour y barrer la route à la première grande invasion germanique, cent quatre ans avant Jésus-Christ, il menait dans ses camps, au dire de Plutarque, une prophétesse syrienne du nom de Marthe, revêtue d'un manteau de pourpre et mitrée à l'orientale, qui inspira une confiance invincible à ses soldats et à leur chef. Le nom de Marius remplit la contrée. La montagne de sa Victoire, que les pêcheurs appellent Dalubre (delubrum, le Temple), est la reine de l'étang de Marthe (ou de Berre). Les collines qui bordent l'étang de Caronte (stagnum currens, l'étang qui court) abritent des vallons où les débris gréco-romains affleurent sans cesse. 4

    MARTIGUES03-1280x870-72ppp.jpg

    En août 1925, un jeune artiste voyageur, errant par l'île de Martigues, qui est notre quartier central, aperçut, au fond d'une remise où jouait le soleil, un chapiteau de marbre d'une rare beauté. Il supposa d'abord que cela provenait de quelque chapelle bâtie au dix-septième ou au dix-huitième siècle. En regardant mieux, il dut se rendre à l'évidence. Le chapiteau corinthien était un pur antique. On a eu la bonté de m'en faire présent. Peut-être, en le voyant de près, les critiques aboutiront-ils avec moi à cette conclusion, provisoirement énorme, qu'après tout c'est peut-être dans ces parages qu'abordèrent les premiers fugitifs phocéens.

    Évidemment, la première Marseille que nous imaginons riveraine du Coenus 5 et de l'étang de Marthe aura vite et souvent changé de place. Mais tout a changé de place ici, et il faut comprendre pourquoi.

    Le rivage méditerranéen est un territoire essentiellement envahi. Les premiers colonisateurs s'en doutèrent. Furent-ils Ligures ou Ibères, avant d'être Grecs ? En ce cas, ils craignaient les Phéniciens, qui craignirent les Grecs, qui craignirent les Carthaginois, qui craignirent les Romains, qui finirent par craindre les Goths, qui craignirent eux-mêmes les Normands, qui craignirent les Maures, que l'on n'a pas cessé de craindre jusque vers notre année 1830, date de la prise d'Alger par la flotte de Charles X. Mais l'Islam se réveille, et il n'est pas dit que ces craintes millénaires ne recommencent pas d'ici peu, sans avoir à changer d'objet. Dès lors, tout aussitôt, ce qui a été recommence. L'éternel exode reprend dans toutes les agglomérations où l'on ne se sent pas en nombre suffisant pour résister et pour tenir. Les habitants des petits bourgs quittent leurs maisons, ils se réfugient sur les collines où ils se fortifient et s'arrangent pour vivre tant que subsiste le péril. Dès qu'il s'éloigne, le pêcheur accourt repeupler les cabanes ou les bâtiments du rivage jugés les plus propices aux travaux de son industrie. Bref, les chartes du treizième ou quatorzième siècle, dont nos archivistes font si grand état, ne les induisent pas absolument en erreur, mais leur font appeler naissance une renaissance. Ils prennent pour la ville fondée ce qui n'est que la ville rebâtie et restituée.

    MARTIGUES04-928x1280-72ppp.jpg

    Où ? Au même endroit ? Peut-être bien, à cinq ou six cents mètres près. Il n'y avait d'ailleurs pas une ville, mais trois. Elles fusionnèrent par un acte d'union que dicta le roi Charles IX et que symbolisa une bannière tricolore, où le blanc de l'Île, le rouge de Jonquières et le bleu de Ferrières se retrouvaient par parties égales. Les quartiers réunis eurent du mal à vivre en paix, l'antagonisme antique ne s'est pas éteint : « Monsieur, disait au dix-neuvième siècle un marguillier 6 de l'Île, comme un étranger le félicitait de l'érection du clocher de Jonquières, j'aimerais mieux voir mon clocher de l'Île par terre que le clocher de Jonquières debout. »

    Telle est la stabilité de ces fureurs locales, dans le plus instable pays du monde et dont les aspects familiers n'ont cessé de changer à vue d'œil, bien avant que les « travaux » dont on se plaint tant aujourd'hui puissent être accusés de le déshonorer.

    Chacune de nos générations aime à dire que Martigues n'est plus Martigues, pour l'avoir ouï dire à ses anciens qui l'ont toujours dit, et leurs pères, et les pères de leurs pères, dans tous les siècles. La cité provençale, que l'on baptisait un peu ridiculeusement de Petite Venise, n'aura bientôt plus que deux îlots et trois ponts. J'ai connu trois îlots, quatre ponts. Ceux qui m'ont précédé parlaient de quatre ou cinq îlots et de je ne sais plus combien de ponts fixes et de ponts-levis. Ce qu'on appelle le pittoresque a donc perdu, mais l'essentiel a-t-il bougé ? Un certain jeu de l'eau et de la lumière, une certaine dégradation du soleil dans une atmosphère de subtiles vapeurs, la courbe des rivages, le profil des hauteurs, les mouvements du sol, son harmonieuse composition ne dépendent en rien de ce que le pic et la pelle de l'homme, sa drague même si l'on veut, peuvent déplacer de sable ou de boue, et les rapports qui règlent la beauté de la terre ne sont guère liés à ce que change la vertu de notre effort.

    Rassuré quant au paysage, faut-il l'être un peu moins sur la population ? Elle est sans doute composée d'alluvions très variés. Le territoire de Provence est ouvert du côté des montagnes, béant vers l'Italie et l'Espagne, l'Afrique et l'Orient. Il me souvient bien que, dans mon enfance, vers 1875, certaine famille dite des Mansourah, venue d'Égypte, paraît-il avec Bonaparte, n'était pas tout à fait assimilée. On n'en parle plus aujourd'hui. L'œuvre est faite ; les sangs sont réunis.

    Voici plus singulier : vers la même époque, dans une maison qui n'avait pas changé de propriétaire depuis 1550, mon quai natal portait certains débris très nets des bandes scandinaves de Robert Guiscard, que l'on eût beaucoup étonné en leur disant leurs origines, car ils parlaient provençal, sentaient français, jugeaient à la romaine ; néanmoins, les fortes carrures, le teint blond transparent, les yeux vert glauque en disaient long sur l'antécédent séculaire. Sur le quai voisin, l'apport punique et Tyrien se manifestait par d'autres silhouettes géantes de brachycéphales très bruns. À la génération suivante, ces derniers ont perdu de leur taille et leur teint s'est éclairci, tandis que les premiers ont bruni à fond. Dans tous ces cas et beaucoup d'autres, on voit les survivances d'invasions lointaines résorbées, pour un temps, par les forces unies d'un noyau plus ancien encore, dont les caractères changent très peu. Il semblait fait pour résister en proportion du nombre des assauts endurés. 7

    MARTIGUES05-1280x880-72ppp.jpg

    L'élément principal de ce fonds primitif, celui qui tient solidement au pays, est formé des pêcheurs. Ils sont là deux mille environ, actifs et paresseux, rieurs et graves, anarchistes et traditionnels, dépensiers et âpres gagneurs. Autrefois, leur corporation comprenait un grand Art et un petit Art. Le premier montait des tartanes pontées et allait travailler en Méditerranée. On raconte qu'il y a un quart de siècle environ, les pêcheurs du grand Art gagnèrent beaucoup d'argent. La mer avait été propice, le thon, le mulet et le loup avaient bien donné. Ils crurent que cela continuerait toujours. La confiance orgueilleuse les égara. Se pliant à la vieille passion séculaire qui leur fit inventer la martingale, les patrons de tartanes se mirent à jouer comme on n'avait jamais joué jusque là. En un hiver, ils eurent tout perdu et, comme on dit là-bas, ils furent « rôtis » (les Italiens, en pareil cas, ne sont que « frits »). Bateaux, agrès, tout fut perdu, vendu, bientôt dilapidé. Cet hiver vit la fin du grand Art de la pêche, qui n'est plus représenté à Martigues que par quelques couples de chalutiers appartenant à des Compagnies.

    Le petit Art subsiste. Ceux qui l'exercent sur des barques non pontées, appelées en général des bettes, ne laissent pas de constituer encore la plus importante de nos pêcheries sur ce front maritime, soit que l'on considère le produit du travail, le nombre des marins que la flotte enrôle annuellement, la connaissance du métier, les coutumes anciennes. Il serait difficile de sous-estimer ce trésor.

    Quelles belles prières étaient récitées avant de jeter les filets : Notre Père, donnez-nous du poisson, assez pour en donner, en manger, en vendre et nous en laisser dérober ! Le matin, lorsque le soleil se levait, le mousse enlevait son bonnet et disait gravement sur un rythme de psaume : Saint Soleil, bon lever ! Et nous autres bon jour, santé, liberté, longue vie ! Lorsque le soleil se couchait, le même mousse officiait : Bonsoir, patron et mariniers, toute la compagnie ! Que le bon Dieu conserve la barque et les gens ! Et celui qui ne dit pas « Ainsi soit-il », le cul de la bouteille lui échappe ! Dure malédiction ! Chacun, se hâtant de la détourner, criait : Amen ! Cette vieille population était donc religieuse, tous les témoignages concordent, et c'est ce qui explique son reliquat d'extrême bonhomie et tout ce qu'il comporte de loyauté, de générosité, d'amitié sociale profonde.

    L'ancien régime du mariage peut le faire comprendre. S'il a un peu évolué, il n'a pas disparu. Les fiançailles se célèbrent habituellement à l'époque dite de la seconde communion. Le fiancé a treize ans et la fiancée douze ; les accords ont lieu dans les familles avec une solennité qui rappelle un peu le distique d'Aubanel 8 :

    Alor, fier e sage, li paire,
    An pacheja coume de rei.

    Alors, fiers et sages, les pères
    Ont pactisé comme des rois.

    Le pacte dûment conclu, les enfants peuvent se parler. Ils se parlent longtemps. Cela tenait bien une douzaine d'années, car, vers dix-huit ans, le garçon partait pour le service, qui durait quelque quarante-quatre mois ; il avait donc vingt-deux ou vingt-trois ans à l'heure des justes noces !

    MARTIGUES06-880x1280-72ppp.jpg

    La ville pose sur les eaux, elle est née du produit des eaux, mais l'ancienne marine de commerce, disparue, ne renaîtra pas. Le canal de Marseille au Rhône ne peut pas la faire renaître. Ce point du trajet est trop proche de Marseille et de Saint-Louis du Rhône pour qu'un arrêt utile y soit indiqué. Les gens sensés dans le pays s'en sont bien aperçus ! Ils disent : Nous verrons passer des bateaux. Oui, tant qu'il y aura des yeux ouverts pour ce spectacle. Bientôt ces yeux se fermeront. Des cités ouvrières fondées de-ci, de-là, abriteront les fourmilières appelées par les nouvelles industries du rivage, mais auront leurs comptoirs, leurs économats, leurs coopératives, tout ce que l'industrie moderne veut et doit créer à son ombre. L'organisme original qui fit le centre de l'ancienne principauté de Martigues, sans lien vivant avec les nouvelles bourgades voisines, se desséchera et mourra.

    Il n'y aura plus de Martigues parce qu'on aura négligé d'y sauver, comme cela serait encore possible, une belle et antique corporation de travailleurs de la mer qui ne demandent qu'à perpétuer la force et la vie. 

    Source : Maurras.net

  • Théâtre & Politique • La résistible ascension de… Marine Le Pen ? Les « fils » de Brecht se trompent de cible

     

    Par Jean-Paul Brighelli

    Une critique théâtrale selon Brighelli [Bonnet d'âne, 8.02], ce n'est jamais tout à fait innocent de différentes remarques idéologiques, sociétales ou politiques. Avec son style, sa langue, sa lucidité, son esprit. Tout ce que l'on aime chez lui et qui a toujours grand sens. Même dans les cas où comme dirait Causeur, on n'est pas d'accord.  LFAR  

     

    2304514035.jpgJ’y suis allé pour Philippe Torreton, piètre analyste politique mais très grand comédien, et à la fin, j’ai applaudi tous les acteurs, tous remarquables, quelles que soient parfois les pitreries lourdingues que leur impose le metteur en scène, Dominique Pitoiset. La nécessité par exemple de faire jouer l’Acteur (Gilles Fisseau) à poil pendant 15 minutes ne m’est pas apparue clairement — sinon parce que depuis quatre ou cinq ans, depuis qu’Olivier Py a joué à ça avec un Roi Lear lamentable, tout scénographe qui se respecte doit dénuder au moins un personnage. Le dernier épisode, c’était un Mariage de Figaro pathétique, mis en scène par Rémi Barché à la Criée, le mois dernier, où le Comte exhibait sa chipolatas étique et Chérubin ses œufs sur le plat.

    Les spectateurs en tout cas ont beaucoup applaudi. Reste à savoir quoi. J’ai peur qu’ils aient surtout apprécié le miroir de connivence que leur tendait la mise en scène — des bobos marseillais pratiquant abondamment l’entre-soi, fiers de ne pas appartenir à la majorité qui dans cette ville votera MLP, et d’autant plus confortés dans leurs convictions électorales (Hamon ? Mélenchon ? Le NPA peut-être…) qu’ils sont sûrs que leur candidat ne sera pas qualifié pour le second tour. C’est un vote snob sans conséquence. Il ferait beau voir qu’ils élussent quelqu’un qui menât une vraie politique de gauche… Derrière les Communards de luxe se cachent toujours des Versaillais repus.

    La pièce de Brecht est à l’origine (1941) une allégorie transposant dans le monde d’Al Capone l’ascension d’Hitler au pouvoir. Hervé Briaux, le Président, c’est Hindenburg ; Daniel Martin (Goebbel), c’est Goebbels, dont il affecte la claudication ; P.A. Chapuis (Rom), c’est Ernst Röhm, le chef des S.A. éliminé par les S.S. durant la Nuit les Longs Couteaux, qui conclut presque l’histoire. Dans la pièce originelle, un bateleur passe régulièrement le long du quatrième mur avec un panneau explicitant la correspondance entre la fable et l’Histoire. 

    Dominique Pitoiset s’est voulu plus malin que l’auteur et a déshistoricisé la pièce au maximum, « afin de mettre ses pas dans ceux de Brecht, dit le programme, et de s’attacher à distinguer non seulement Hitler derrière Ui, mais surtout, derrière Hitler, les mécanismes qui rendent possibles — y compris aujourd’hui — une telle prise de pouvoir ». Hello Trump, bonjour Marine. Ou quelque chose comme ça.

    Une Ascension pavée de bonnes intentions, donc, mais à laquelle manquent une giclée de bon sens historique et un doigt d’analyse pour que le cocktail soit digeste.

    En décontextualisant la pièce, on fait d’Hitler une figure ordinaire du tyran : c’est gommer un peu vite la spécificité de l’hitlérisme. Et le recours, au tout début, au « Va pensiero » de Nabucco (le chœur des Juifs en exil à Babylone) est bien tout ce qu’il reste du projet monstrueux du Führer. Le principe de la double historicité, explicité par Brecht dans la conclusion fameuse de la pièce (« Il est encore fécond, le ventre dont est sortie la bête immonde ») d’ailleurs supprimée pour une raison obscure, aurait suffi à un spectateur moyennement intelligent pour tisser des liens avec le présent, si nécessaire. À trop enfoncer le clou…

    Quant à affirmer (c’est le final bleu-blanc-rouge de la mise en scène) que MLP est une dérivation d’Arturo Ui (et Rom, c’est Philippot ?), c’est rater ce qui, en 2017, en plein néo-libéralisme mondialisé, est la vraie tentation fasciste. Non pas tel ou telle candidat(e) de l‘ordre et de la nation (deux gros mots, comme chacun sait), mais justement les représentants si lisses de la barbarie douce (version Le Goff) et de la dérégulation mondialisée. Et croire qu’il vaut mieux une pseudo-démocratie aux ordres du « Consortium » (ainsi a été traduit par Dominique Pitoiset le « trust du chou-fleur » originel de Brecht) plutôt qu’un(e) patriote est une conviction d’une naïveté renversante.

    La bande sonore, très étudiée dans son éclectisme, fournit une illustration éclatante de ce confusionnisme historique. La séquence Nabucco, projetée sur un écran, a été enregistrée le 12 mars 2011 à l’opéra de Rome, avec Riccardo Muti au pupitre profitant de l’occasion, en présence de Silvio Berlusconi, pour demander au public de résister — avec une pluie de tracts tombant du poulailler comme dans Senso. Puis alternent la Toccata et Fugue de Bach (c’est le côté allemand) ou les Carmina Burana de Orff (pour le côté teuton), et en fil conducteur le rock « métal industriel » du groupe Rammstein, vaguement suspect — à son corps défendant, autant que je sache — de sympathies néo-nazies. Avec une jolie séquence sur Bésame Mucho — que Consuelo Velazquez a composé en 1941, l’année même d’Arturo Ui. Clin d’œil qui ajoute à la confusion : la tyrannie n’est pas de toujours, elle n’est pas une tentation inhérente à l’homme, elle est le produit d’un contexte historique et économique. Hitler est sorti du traité de Versailles, Pol Pot de la guerre du Viet-nam, et Goldmann Sachs de la financiarisation mondialisée. Le fascisme actuel n’a pas le visage d’une blonde, mais celui d’un système. C’est d’ailleurs ce qui fait sa force, parce qu’il est plus simple de finir une pièce sur un Torreton éructant en silence que sur l’assimilation de la « bête immonde » à la mondialisation décomplexée qu’incarnent aujourd’hui certains.   

    Jean-Paul Brighelli
    Enseignant et essayiste, anime le blog Bonnet d'âne hébergé par Causeur

  • Culture • Loisirs • Traditions

  • Livres & Société • Adieu l’Argent-roi ! Place aux héros européens ! Critique de la civilisation de l’Argent - Apologie de l’héroïsme

     

    Par Michel Klen                                            

    Une recension qui parlera aux contre-révolutionnaires, traditionalistes, antimodernes que nous sommes - ou, comme on voudra, révolutionnaires de l'anarchie politique et sociale d'aujourd'hui. L'héroïsme consiste-t-il plutôt à vivre ou plutôt à mourir pour sa patrie, sa civilisation, ses idéaux, sa communauté ? On sait que Maurras privilégiait le premier des deux termes de l'alternative. Et qu'à son engagement personnel n'a pas manqué la part de l'héroïsme. Plus français qu'européen, il n'ignorait pas, cependant, cette dernière dimension de notre identité. Nous non plus, d'ailleurs [Revue Défense Nationale - 02.2017]. Lafautearousseau

     

    sans-titre.pngLe message de Marc Rousset est fort : nous vivons l’époque de la civilisation individualiste de l’argent, de la civilisation hédoniste matérialiste sans idéal, sans âme, sans courage, sans héroïsme. Le constat est sans appel : le règne de l’argent « transforme toute chose en son équivalent monétaire avec un prix ! ». « De nos jours, les gens connaissent le prix de tout, mais la valeur de rien », remarquait déjà Oscar Wilde. Nous vivons « le monothéisme de l’argent » sous le signe du dollar, « vrai Saint-Esprit plus précieux que du sang », a renchéri Céline.

    Le carriérisme et la consommation effrénée en guise de bonheur ont remplacé dans l’esprit de nos contemporains l’idéal, la vocation, le sens de la transcendance, du sacré, du courage, le goût de l’effort, du dépassement, du don de soi, de donner un sens plus élevé à son existence. Et c’est bien là que le bât blesse. Le cri de colère de l’auteur porte précisément sur la perte de ces valeurs qui constituent le socle de l’héroïsme. Sur cette thématique, Marc Rousset est formel : une société se juge sur ses héros. Or, l’idéologie dominante tend à rejeter toute notion d’héroïsme. Ce « signe d’immortalité pour les Grecs et les Romains » a été rayé de notre imaginaire collectif. Les jeunes Français connaissent mieux les vedettes de la téléréalité que les hommes illustres de l’histoire de France ! L’auteur s’en inquiète : mais où sont passés les grandes célébrités, les mythes et les légendes européennes qui ont peuplé l’imaginaire de nos pères sans interruption depuis l’Antiquité ? « Pris dans une formidable bourrasque qui déracine, nivelle et normalise, les Européens encore lucides assistent hébétés, à la mise à mort de leur culture et voient se creuser derrière eux un fossé qui cherche à les couper de leur passé, de leurs racines et de leur identité ».

    Le fil directeur de cet ouvrage très documenté repose sur une apologie de l’héroïsme. Les références historiques abondent. Il y a les héros du Moyen Âge et notamment la chanson de Roland, ce poème épique célébrant les vertus de la chevalerie, de l’honneur féodal et de la foi, une chanson de geste qui a transformé en légende un fait historique. Les exemples sur lesquels s’appuie Marc Rousset sont diversifiés. Il cite le grand compositeur Richard Wagner qui a montré dans ses œuvres « le pouvoir maléfique de l’argent tout en mettant en avant le mythe salvateur du héros ». Il mentionne aussi Saint- Exupéry qui a loué dans son roman Vol de nuit la bravoure des pilotes de l’aviation commerciale pour qui la mission d’acheminement du courrier avait un caractère sacré : « Ils doivent agir comme si quelque chose dépassait, en valeur, la vie humaine ». L’auteur accorde une place poignante dans ce chapitre sur les héros à l’historien et essayiste Dominique Venner, qui s’est suicidé dans la cathédrale Notre-Dame de Paris le 21 mai 2013. Pour Marc Rousset, Venner s’est donné la mort dans ce lieu hautement symbolique, non par désespoir, mais par espérance. Par ce geste, il a voulu faire comprendre que « la victoire ne peut s’obtenir, dans toute l’histoire des peuples, que si les combattants sont prêts à mourir pour leur cause ». Le code d’honneur japonais (Bushido) rentre également dans cette thématique. Cette règle de vie a emprunté au bouddhisme l’endurance stoïque, le respect du danger et de la mort, au shintoïsme le culte religieux de la patrie, au confucianisme une culture morale et artistique ainsi que la morale des relations au sein de la famille et dans la société. Or aujourd’hui, la gloire, l’héroïsme et les vertus militaires ne parlent plus aux générations actuelles. Le général Bigeard en était d’ailleurs parfaitement conscient : « Le regard que je porte sur notre pays et sur la plupart des gouvernants me montre bien que se battre pour les autres, pour la patrie et pour la gloire, de manière totalement désintéressée, est une notion qui semble dépassée, d’un autre siècle, d’une bonne partie de ce XXe siècle que j’ai vécu tambour battant ». 

    Au vu d’un tel recul des valeurs, Marc Rousset pose la question : est-ce la fin de l’honneur ? L’histoire est riche d’exemples de grands soldats qui n’ont pas failli à cette dignité morale. Le commandant Hélie de Saint-Marc, chef de corps du 1er REP (régiment étranger parachutiste), fer de lance de la révolte militaire au putsch d’Alger (22 avril 1961), a justifié, à l’occasion de son procès, son engagement par la notion sacrée qu’il avait de l’honneur : « On peut demander beaucoup à un soldat, en particulier de mourir, c’est son métier. On ne peut lui demander de tricher, de se dédire, de se contredire, de mentir, de se renier, de se parjurer ». C’est aussi au nom de l’honneur que le général François Meyer, à la fin de la guerre d’Algérie, a outrepassé les ordres pour sauver trois cent cinquante harkis. Alors que les directives officielles de Paris intimaient l’ordre aux officiers de laisser leurs soldats musulmans en Algérie, le jeune lieutenant de l’époque installa ses harkis en France, faisant le tour des chantiers et des usines pour placer ses compagnons d’armes délaissés. « L’honneur ce n’est pas une idée, c’est une pratique », souligne le général. Une pratique qui remonte au XVe siècle : « Il était de tradition, chez les amiraux de Castille, de choisir la mort plutôt que d’abandonner un seul de ses hommes » conclut cet officier courageux.

    Les carences de la société occidentale à donner un sens à la vie dans un monde livré au matérialisme ont fait le lit des islamistes qui ont exploité ce vide pour diffuser leur idéologie morbide. Certains s’étonnent que, dans un continent où on apprend depuis plusieurs décennies aux jeunes Européens de souche à détester leur propre histoire, de jeunes musulmans aillent chercher ailleurs « l’accomplissement d’une virilité et d’un héroïsme qu’on tourne désormais en ridicule sur la terre d’Europe ! ». Sur ce registre d’une actualité brûlante, Marc Rousset nous prévient dans une diatribe virulente : « Les fous de Dieu musulmans, incultes, déséquilibrés, drogués, manipulés, intéressés par le martyre de la Félicité divine et qui s’en prennent à des civils ne sont pas des héros ».

    « L’idéologie islamiste s’empare de paumés déculturés et en quête de réification* identitaire, des irrécupérables dès lors que la mort n’est rien pour eux ». Mourir en martyr « comme un petit crétin fanatisé ou diminué intellectuellement » pour accéder au paradis n’est pas une action héroïque. Les leçons des attentats du 13 novembre 2015 à Paris renforcent ce jugement : les terroristes ne sont ni des héros idéalistes, ni des musulmans pratiquants mais « des jeunes socialement ou ethniquement frustrés, sanguinaires, haineux, jaloux et inassimilables ».

    Marc Rousset parle avec ses tripes. Ce diplômé de HEC et de plusieurs universités américaines, docteur ès sciences économiques, n’utilise pas la langue de bois. Son livre, très érudit, est intéressant par la diversité des thèmes abordés, ses anecdotes et ses innombrables citations empruntées aux plus grands auteurs. Avec ses multiples références, ce document a demandé onze années de travail à son auteur. 

    rec3022017.jpg

    * Transformation d’un rapport social, d’une relation humaine en « chose. » Le concept est dû à Marx.

    Michel Klen                                            

  • Société • Ragots, buzz et petites phrases : la vie politique otage des « canards déchaînés »

     

    Par André Bercoff  

    On doit pouvoir penser sans trop de risque de se tromper que même le claviste, même le correcteur - s'il en est encore, ce dont on a de bonnes raisons de douter - prennent plaisir à la lecture des articles d'André Bercoff. Ici, plus de langue de bois, d'idéologie alambiquée, de poses façon bobos. Bercoff observe avec esprit, lucidité, humour, style, le spectacle politicien [Figarovox, 9.02]. Comme nous tous. Et avec du cœur, avec le sens de la France. A-t-il conscience que - par delà les hommes, leurs faiblesses et leurs vices qui sont de tous temps et de tous régimes - l'horrible situation que nous donnent à voir nos soi-disant élites, tient pour une large part - avec fonction aggravante - à ce que désormais tout le monde appelle le Système ? Et que ce système se nomme, en France, république et démocratie ? Question amicalement ouverte ...   LFAR         

     

    449832132.2.jpgIl était temps que le précis de décomposition française exhibe, eu égard à son acuité, des allures de Foire du Trône.

    La soi-disant montagne des primaires a accouché de drôles de petites souris qui courent affolées dans tous les sens, en se demandant d'où jailliront les prochains coups de griffes des chats déchaînés de la rumeur. Du jamais vu, à quelques semaines du plus important scrutin de la Vème République. Puisque personne, dans les tribus politiques, n'est désormais au-dessus de tout soupçon, les médias de la réacosphère, de la gauchosphère et de la conosphère s'en donnent à tweet joie. Désormais, ce n'est plus chaque jour, mais chaque heure qui amène son lot de vraies-fausses révélations, échos, buzz, paroles rapportées et aussitôt démenties, répétitions lancinantes et ininterrompues : de quelque côté qu'on tourne le regard, on ne perçoit que corruption qui poudroie et indignation qui verdoie. Résultat : un triomphe indivis de la stratégie perdant-perdant.

    Disparus la dette, le chômage, la sécurité, l'immigration, la précarité, la pollution, le trou de la Sécu, les retraites, la pauvreté et autres fariboles qui devraient pourtant constituer, à quelques encablures des élections, l'essentiel des débats et des affrontements. Plus question de tout cela, sinon, l'espace d'un instant, l'évocation d'une bavure policière ou des dernières foucades du président américain. Ce qui, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, constitue l'unique objet de notre ressentiment, c'est désormais Fillon et sa Pénélope : emplois fictifs, prébendes injustifiées, indignation de l'intéressé, sourire des uns et délectation des autres. Hier encore, on se gaussait des maîtresses du locataire de l'Elysée et de la manière dont l'une d'elles se vengeait. Aujourd'hui, c'est sur le vainqueur de la primaire de droite et du centre qu'il s'agit de concentrer le tir, afin de le faire disparaître une fois pour toutes. Les autres ne sont pas en reste ; la Toile bruisse de la présumée homosexualité de l'un, du fait que la femme d'un autre a un poste très important dans l'une des plus grandes multinationales du pays, qu'un troisième a pour le Qatar les yeux de Chimène, et que d'autres encore, estampillés de gauche, possèdent un patrimoine à faire rougir d'envie un bourgeois richissime.

    Cette guerre des boutons revue et corrigée par les réseaux sociaux et les canards déchaînés, pourrait prêter à sourire si elle ne véhiculait une impression désastreuse, celle depuis longtemps connue, déjà entendue et de nouveau actée du « tous pourris ». Tout se passe comme si une France au cou coupé voletait en tous sens, noyant plus ou moins joyeusement ses représentants dans l'eau sale du marigot de ragots devenus vérités folles. Qui sonnera, pour empêcher qu'aux armes de la parole succède la parole des armes, la fin de cette médiocre récréation? 

    « Qui sonnera, pour empêcher qu'aux armes de la parole succède la parole des armes, la fin de cette médiocre récréation ? »

    André Bercoff   

    André Bercoff est journaliste et écrivain. Il vient de faire paraître Donald Trump, les raisons de la colère chez First.         

  • Histoire & Militantisme • Marseille : Le souvenir du 6 février rapporté à notre lamentable actualité ...

     

    968143949.jpgLa jeune Action française Provence a commémoré le 6 février 1934, lundi dernier, place Castellane à Marseille. Et elle a eu raison de rapporter les événements de cette époque à la situation présente. En janvier et février 1934, jusqu'à la soirée sanglante du 6 février, où le régime fit tirer sur - et tuer - des Français, place de la Concorde, face au Palais Bourbon, les patriotes parisiens avaient manifesté chaque soir au cri de « A bas les voleurs ! » contre les scandales qui secouaient l'Etat. Les scandales d'aujourd'hui ne sont pas moindres; ils sont de même nature et même pires car ils mettent directement en cause un ou plusieurs candidats à la présidence de la République elle-même; ils disqualifient les Institutions. C'est ce qu'explique en termes justes le communiqué publié le 6 février au soir par Action française Provence. En invitant, par surcroît, les Français - de plus en plus nombreux - que la République rend malades, à changer de régime ! [Illustration en titre]  Lafautearousseau

     

    16463762_1094707363972688_3909062254096428178_o.jpgMarseille, le 6 février 2017

    Communiqué de presse

    Fillon, Hamon, Macron, Mélenchon : pièges à cons

    Ce soir, les militants de Marseille se sont rassemblés place Castellane, afin de rendre hommage aux ligueurs d'Action française qui ont donné leur vie pour la France le 6 février 1934. Près de quatre-vingt ans après ces événements sanglants, la corruption républicaine n'en est que plus sensible et insupportable à tous les Français. Pire encore. à deux mois de l'élection présidentielle, les différents candidats semblent moins vouloir se départager sur leur programme que par le nombre de scandales dans lesquels ils sont impliqués. Les apories du régime des partis et de la compétition pour le pouvoir étaient connues : elles ont détourné de la politique et du suffrage un nombre certain de nos compatriotes.

    Mais c'est un fait inédit auquel les événements récents nous préparent : la fonction présidentielle a permis à La Ve République d'éviter les crises mortelles malgré les turpitudes d'un personnel politique plus préoccupé de son intérêt personnel que par le service du Bien Commun ; déconsidérée par le deux derniers quinquennats, la fonction présidentielle pourrait ne pas se relever de la possible élection de candidats délégitimés avant même le sacre des urnes OMM entraînant par là-même l'ensemble des institutions à leur perte.

    L'Action française appelle les Français à ne pas se laisser envoûter par la petite musique d'un certain nombre de personnalités qui prétendent incarner la nouveauté ou la pureté - quand elles ne rêvent que d'appliquer des idéologies périmées - et à s'engager dans un véritable combat pour le redressement de notre pays. Pour que vive la France, vive le Roi !

    Le service presse de l'Action française Provence 

    Contact : provence.presse@actionfrancaise.net

  • Musique • Un duo antidépresseur

     

    par Raphaël de Gislain
     

    La chanson est un art difficile et rares sont les artistes qui ne s’y ridiculisent pas. De Biolay à Vianney, on ne compte plus les sous-Gainsbourg et autres Adamo 2.0 qui recyclent des formules usées jusqu’à la corde. Loin des productions formatées, Lili Cros et Thierry Chazelle, unis à la ville comme à la scène, nous offrent avec Peau neuve un spectacle dont les chansons éblouissent comme un feu d’artifice.

    Entre la chanteuse au look d’Amélie Poulain vintage et son atypique guitariste, l’alchimie est totale et la magie contagieuse. La voix chaude et expressive de Lili Cros, aux accents tantôt lyriques, tantôt réalistes, se pose sans effort sur les dentelles de cordes de Thierry Chazelle, formé au conservatoire de Caen, qui passe avec une égale facilité de la guitare électrique à la mandoline, apprise pour l’occasion.

    Les styles se télescopent, offrant un dépaysant voyage au spectateur, de la chanson populaire à la Brassens à des boucles plus tribales, où Lili, qui s’accompagne à la basse, retrouve les rythmes de sa Côte d’Ivoire natale dans des moments de lâcher-prise et de chant pur.

    Les mélodies restent en tête et les textes sont d’une qualité rare, baignés de réalisme poétique, de fantaisie et d’émotion. On rit sur L’Homme de sa vie – l’histoire d’une fille qui fuit le grand amour à rebours des autres, comme l’on est touché par les lettres restées sans réponses, les soldats partis sans retour, les cieux brouillés du Havre ou le bonheur de vivre de Tout va bien.

    La mise en scène, avec ces jeux de lumières remarquablement inventifs, transporte le spectateur au cœur de l’univers de ce duo unique, donnant une identité artistique forte à la vingtaine de titres qu’ils interprètent, issus de leur trois albums déjà parus.

    En cette période de sinistrose, il serait dommage de se priver d’un tel spectacle, à la joie authentique et communicative. D’autant qu’après Paris, une grande tournée est prévue en province jusqu’à la fin de l’année ! 

    Peau neuve,
    de Lili Cros et Thierry Charelle, mise en scène de Fred Radix et François Pilon.

    Jusqu’au 28 février à Paris au Ciné 13 Théâtre, 1 avenue Junot, 75008.
    Dates et réservations à Paris et en province : http://liliplusthierry.com/

     

     

     
     
  • Les trente ans d'Erasmus : l'Europe comme on peut l'aimer... Mais, cardiaques cultivés s'abstenir !

     

    1903076588.10.jpgRécemment, nous avons salué le lancement - enfin ! -  du projet Galileo, représentant « l’Europe comme on l’aime ». On célèbre, en ce moment, les trente ans d'Erasmus, une autre réussite européenne à porter au crédit de cette « bonne » Europe, une Europe utile, qui sert aux échanges et au(x) progrès de l'ensemble de la population estudiantine du continent.

    A l'exact opposé de cette Europe bureau-technocratique, obèse et malfaisante du Parlement Européen et surtout de la Commission européenne, qui, elle, sans aucune légitimité, n'est rien d'autre qu'une entrave permanente et insupportable pour les nations historiques de la chère vieille Europe. 

    On sait peu que, justement, le projet Erasmus - qui, maintenant, n'est plus un projet, mais une belle réalité, en expansion constante - s'enracinait, en 1987, lorsqu'il fut lancé, dans l'histoire du continent, et dans ses racines intellectuelles et spirituelles. Et c'est pour cela que « ça a marché ».

    Il faut en effet remonter à 1303 et à la fondation de l'Université d'Avignon par le pape Boniface VIII pour trouver l'intuition première de ce qui ne devait se concrétiser que... sept siècles plus tard. Très peu de temps avant de mourir (des suites de son conflit avec Philippe le Bel et de « l’affaire d’Agnani ») le pape fonda l'Université d'Avignon, six ans à peine avant que son successeur, Clément V ne réinstalle la papauté à Rome.

    Boniface VIII voulait concurrencer la Sorbonne, jugée trop proche du pouvoir de son ennemi juré, le roi de France, Philippe le Bel. Les écoles qui existaient déjà (médecine, théologie, arts grammaticaux…) furent fédérées autour de quatre facultés et connurent très vite un grand développement, avec la présence des papes en Avignon : rivalisant avec les universités de Montpellier et Toulouse, l'Université toute récente accueillit 17.000 étudiants ! 

    En 1608, une jeune fille, venue de Barcelone, Juliana Morell y fut reçue Docteur en Lois, devenant ainsi la première femme docteur d'Europe.

    L'idée novatrice du Pape était que, pour obtenir ses diplômes, un étudiant devait avoir fréquenté sinon toutes, du moins les principales Universités européennes d'alors (Bologne, La Sorbonne, Oxford, Salamanque...).

    C'est cette intuition qui sera, en quelque sorte, à la base du projet d'échanges intereuropéen d'étudiants qui verra le jour, à la fin du XXe siècle, sous le nom de Projet Erasmus...

    Un projet, et une réussite, qui, soit dit en passant, confirment la fameuse phrase apocryphe prêtée à Jean Monnet, au sujet de l'Europe : » Si c’était à refaire, je commencerais par la culture «. 

    Pour terminer ce rapide coup de chapeau à l'une des belles réussites de l'Europe des peuples, des nations, des patries, un petit sourire - en ces temps si moroses, cela ne se refuse pas ! : Gilles Bouleau, dans son JT du 9 janvier (TF1-20heures), n'a pas craint d'appeler Erasme « philosophe des Lumières ». Il vaut mieux entendre cela que d'être sourd, non ? 

    Peu de temps auparavant, un journaliste de France info avait déclaré, non moins imperturbable, que « les Antilles faisaient partie de la République française depuis le XVIe siècle » : la Faculté de Médecine devra peut-être songer à interdire radio et télévision aux cardiaques cultivés !  

  • Le mystère de l’élection

     

    par Ph. Delelis

     

    REGIME DES PARIS - HUMOUR  Une élection très importante a eu lieu le week-end dernier, en prélude à d’autres qui se succèderont cette année. C’est l’occasion de s’arrêter un instant sur ce phénomène assez singulier qui consiste, pour un ensemble d’êtres conscients, à désigner l’un d’entre eux pour l’investir d’une mission particulière, quelquefois surhumaine.

    Le sacre démocratique de l’élection n’est pas moins mystérieux que l’investiture divine des anciens monarques. Qu’est-ce qui fait que tel ou tel candidat se distingue ? Qu’est-ce qui fait qu’il est « choisi », au sens premier du terme (electio : le choix) ? Il y a bien sûr ce qu’il dit, mais les plus grands orateurs ne sont pas nécessairement élus.

    Il y a ce qu’il pense, mais les philosophes les plus lucides sont souvent éliminés. Il y a surtout ce qu’il est : le charisme – ou même, au-delà du charisme, un certain pouvoir de séduction – peuvent être déterminants. Les candidats charismatiques peuvent compenser leurs possibles défauts par leur rayonnement personnel, leur capacité à faire se lever les foules, à provoquer une adhésion spontanée et enthousiaste…

    Mais ce phénomène est aussi celui qui se produit dans les stades où des milliers de personnes – plus ou moins imbibées, ce qui les distinguent peut-être des électeurs – peuvent avoir la même réaction, non pas à l’annonce d’un programme ou d’une pensée profonde sur l’avenir du monde, mais à un simple ballon entrant à bonne vitesse dans un filet. Conscients de ce risque de l’irrationnel, les révolutionnaires de 1789 se méfiaient de l’élection et considéraient le tirage au sort comme bien plus démocratique.

    Hélas ! Ils l’instaurèrent trop tard… Si, plutôt que Maximilien Robespierre, élu député du Tiers Etat, on avait tiré au sort son voisin de la rue de la Gouvernance à Arras, Marcel Pinard, cabaretier de son état, la révolution eut sans doute été moins sanglante voire franchement plus festive. Les communistes se méfient également de l’élection et lui préfèrent le parti unique dont les vertus ont été célébrées par moult intellectuels français (dont, à ce jour, peu de repentis et aucun jugé pour complicité de crimes contre l’humanité).

    Si on ajoute les autres dictatures, les organisations étatiques tribales ou familiales, les théocraties, etc., on s’aperçoit que l’élection n’est pas le mode de désignation des responsables le plus répandu au monde : le mystère de l’élection continue à susciter une certaine réticence. Il faut donc se réjouir lorsque le processus électif se déroule normalement et aboutit de surcroît à un résultat remarquable. C’était le cas le weekend dernier : Iris Mittenaere a été élue Miss Univers.  

    Politique magazine - Consulter ... S'abonner ...

  • Un chef d’État, un vrai !

     

    par Hilaire de Crémiers

    C’est ce qu’attend la France. Pas un candidat qui réussit, mais un chef. Et qui sera en mesure de prendre toutes les décisions qui s‘imposent pour le salut de la France.

     

    2771589182.jpgSerait-il possible que la France ait un jour un chef de l’État ? D’une légitimité telle qu’elle soit incontestable ? Qu’il puisse être cette personne dont la constitution de la Ve République définit la fonction en son titre II, de l’article 5 à l’article 19 ? Mais voilà : son mode de désignation est aujourd’hui tel qu’il empêche l’exercice correct de cette magistrature parce qu’il porte atteinte à l’esprit même de l’institution.

    La France sans chef

    De l’effroyable chaos partisan que crée, maintenant de manière durable, l’élection présidentielle, avant, pendant et après, peut-il émerger une personnalité capable « d’assurer, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l’État », « d’être le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire, du respect des traités », « de nommer » souverainement « le Premier ministre », « de soumettre au référendum » un projet de loi, « de signer les ordonnances et les décrets » délibérés en Conseil des ministres, sans provoquer immédiatement l’effervescence des factions opposées ; et que dire s’il s’avisait de prendre des mesures extraordinaires qui seraient exigées par des circonstances exceptionnelles ?

    À trois mois de la prochaine élection présidentielle qui mettra fin au calamiteux quinquennat de François Hollande et qui est censée ouvrir une ère nouvelle, n’y a-t-il donc personne pour énoncer avec simplicité cette évidente contradiction qui est au coeur de notre système politique et qui en altère profondément le fonctionnement ? Chacun des candidats, actuels ou futurs – et ils sont déjà nombreux ! – est trop persuadé que son tour viendra une prochaine fois pour vouloir mettre en cause des procédés institutionnellement aussi nocifs.

    Et les partis qui vivent politiquement et financièrement de ce désordre permanent ne se risqueront pas à en interrompre le cours, la France dût-elle en périr. En France – et parce qu’elle est la France et que son histoire est une leçon en elle-même –, cette situation est plus grave qu’elle ne le serait en aucun autre pays civilisé. Cette chienlit perpétuelle lui est funeste. Pas un Français qui ait le cœur un peu haut placé, pour ne pas le ressentir !

    L’avilissement de la fonction

    Les primaires de la gauche comme celles de la droite ont illustré la vanité et la vacuité de la politique politicienne en France. Quel avilissement ! Ravaler la dignité du chef de l’État à cette comparution devant des jurys de journalistes ! Quel misérable spectacle que celui d’une nation réduite dans son expression à une salle de classe ! Des petits « profs » qui font les savants et qui harcèlent de questions péremptoires de minables élèves qui doivent répliquer à la moindre injonction. Mais la direction de la France ne relève pas d’un concours !

    D’où l’absurdité de tant de paroles et d’engagements : à droite, des palanquées de chiffres soupesées aux balances d’improbables budgets ; à gauche, des palanquées de promesses, de droits à « qui qu’en veut », selon la chanson, de faire naître des enfants ou de les tuer à volonté et gratuitement, de mourir, de jouir, de ne plus travailler, jusqu’au revenu universel financé sur le miracle de recettes introuvables.

    Voilà un futur chef de l’État qui doit dire ce qu’est l’école « républicaine », comment il faut y enseigner, à quel âge l’enfant doit être orienté, mais tout aussi bien comment l’hôpital devrait fonctionner, quel est le périmètre de la Sécurité sociale, ou encore combien de gendarmes, de policiers, de juges, de médecins il convient de déployer sur le territoire. Et chacun de rajouter des précisions, des projets dans son programme, sans jamais s’arrêter sur les vraies causes de tant de gabegies, de pagailles, d’incuries, de désorganisation généralisée.

    Où est le chef de l’État ?

    Qui aura le courage de dire : « Et la France ? » Le vrai chef de l’État s’occupe de la France et de la France seule, ce qui ne veut pas dire isolée. C’est sa mission essentielle. Il assure la politique générale du pays ; il lui donne sa place dans le monde ; il garantit l’ordre intérieur qui permet la prospérité et conforte les libertés réelles.

    Si le chef de l’État remplit bien sa fonction, les affaires de la France se porteront d’autant mieux ; tout le monde en tirera profit. Comment ces vérités élémentaires ne sont-elle jamais rappelées ?

    Le chef de l’État n’a pas à répondre à toutes les envies du moindre hurluberlu qui se prend pour un citoyen supérieur, aux réclamations des éternels agités, aux hurlements des groupuscules qui s’imaginent être la conscience avancée du monde et qui ne sont généralement que des instruments de puissances obscures et financièrement vicieuses.

    Et il n’est pas chargé de répartir les richesses, de juger des bons et des mauvais élèves, de promouvoir l’égalité partout, de changer les mœurs, d’endoctriner le peuple, d’accueillir l’étranger au mépris des intérêts les plus certains du Français, de légaliser à tour de bras les dispositifs qui aboutissent à la destruction des familles, des traditions, des patrimoines, des consciences, de la vie. L’État a usurpé toutes ces fonctions qui justifient le politicien dans ses prétentions ; il se comporte exactement comme une contre-Église, mais totalitaire, ce qu’il est devenu de fait et de droit et ce qui est voulu. Les dernières lois en sont l’illustration.

    Aucun homme politique n’est vraiment libre par rapport à cette sourde et continuelle pression qui est une oppression. Il ne peut pas parler de la France et à la France ; il est contraint à un langage convenu, ce qu’on appelle des éléments de langage. Pour plaire à qui ?

    C’est une fin de régime

    L’élu de la primaire de la gauche sera confronté, d’une part, à Jean-Luc Mélenchon et, d’autre part, à Emmanuel Macron. Il n’a évidemment aucune chance et il devra se désister, ce qui sera une fin ridicule. Cela a déjà été prévu dans ces colonnes. Aujourd’hui Macron rallie les suffrages ; il se montre plus candidat que tous les autres candidats. Est-ce la marque d’un futur chef de l’État ? Il dit tout et le contraire de tout, autrement dit rien. Ça plaît ! Sauf qu’il se croit et ce n’est jamais bon de trop se croire.

    Fillon, lui, sera attaqué de toutes parts – et ça ne fait que commencer ! – de l’extérieur et de l’intérieur de son parti et, à chaque fois qu’il cédera à quelque chantage, il fragilisera sa position. Il oscillera, au milieu de factions et d’ambitions qui se déchirent, entre la crainte d’être soupçonné de quelques velléités réactionnaires à cause de son électorat premier et la peur de perdre le soutien des puissants à qui il sera forcément redevable.

    Marine Le Pen joue sa partie. Elle a l’avantage d’une position patriotique nette qui plaira de plus en plus à des Français dépouillés de leur nationalité, de leur civilisation, de leur travail, de leur milieu de vie. Mais, à force de réduire son programme, sous l’influence de son entourage, à la seule économie dirigée et assistée, sans tenir compte des aspirations d’une France qui veut revivre spirituellement, elle risque de perdre son souffle dans une guerre impitoyable où, malgré toutes ses protestations, elle sera considérée comme l’Ennemi du genre humain.

    Le plus probable et même le certain, c’est que l’élu de la présidentielle – quel qu’il soit – se trouvera dans une situation de déliquescence politique telle que, même avec une majorité à la chambre, il sera bien en peine de gouverner malgré les rodomontades des campagnes électorales et qu’il suffira de quelques difficultés majeures, dès aujourd’hui prévisibles, sécuritaires, économiques, sociales et surtout financières pour que la question du pouvoir se repose dans toute son acuité.
    À quand la recherche d’une vraie légitimité ? 

    Politique magazine - Consulter ... S'abonner ...

  • Inadmissibles violences d'Aulnay-sous-Bois : les journaleux ont choisi leur camp, « l’évangile selon saint Théo » 

     

    Mur-bleu gds.jpg« Qu’est-ce qui a motivé cette interpellation ? » Voilà la bonne question, celle par quoi il faut commencer, la seule qui vaille d'être posée : elle l'est ce matin du mercredi 8 février, sur France info, par un syndicaliste policier ; presque une semaine après !

    Il n'y a pas encore de faits absolument et intégralement établis dans ce que l'on peut appeler « l’affaire d’Aulnay », car tout bouge tout le temps et France info nous apprend même qu'une personne chargée de l'enquête n'a pas encore visionné la totalité des vidéos ! On ne peut donc pas - pas encore... - prendre une position définitive et adopter la réaction qu'elle induit, puisqu'on ne sait pas encore avec certitude qui a tort, qui a raison ; qui dit la vérité, qui ment ; qui a fait quoi, et pourquoi.

    Mais la cléricature médiatique n'en a cure : elle a déjà tout fait : le procès, la condamnation (des policiers, évidemment), et la béatification-canonisation de « Théo », adopté par l'ensemble des journaleux et appelé uniquement ainsi, affectueusement « Théo », alors que, normalement, toute personne possède un nom et un prénom, non ?

    Dans l'état actuel des choses, il semble seulement avéré que, au cœur de « la cité des 3.000 » d'Aulnay, connue pour du trafic de stupéfiants, quatre policiers patrouillent, le jeudi 2 février, quand une dizaine d'individus poussent le cri bien connu : « ça pue », qui avertit les guetteurs de l'arrivée des forces de l'ordre.

    Les quatre agents parviennent à contrôler une dizaine de personnes sur les lieux. L'une refuse et rapproche son visage d'un des policiers en geste de défi. Le policier repousse l'individu fermement, et c'est à ce moment précis que le « jeune » - finalement interpellé - aurait attrapé l'un des policiers par le col, puis lui aurait tenu, en criant, des propos injurieux ; il lui aurait donné un coup de poing sur la pommette gauche. Les quatre agents décident alors de le prendre à part pour l'interpeller. L'un d'entre eux le ceinture mais le jeune homme se débat « très violemment ». C'est à ce moment-là qu'un des agents aurait sorti sa matraque télescopique « pour frapper Théo aux jambes », « pour l'empêcher de donner des coups de pieds ».

    Après, il est clair qu'il s'est passé quelque chose. Il est non moins clair qu'il faut attendre que Justice et Police établissent définitivement la matérialité des faits avant de réagir. 

    Cependant, on peut d'ores et déjà affirmer deux choses.

    1. La réaction tribale des « jeunes » des cités est absolument inadmissible, et montre une fois de plus à quel degré de décadence nous en sommes arrivés. Les nuits de destruction systématique de mobilier urbain (que nous payons par nos impôts), d'incendie de véhicules particuliers (appartenant à des gens qui n'ont rien à voir avec « l’affaire ») le font comprendre aux plus obtus, aux plus aveugles, aux plus sourds : il y a chez nous, dans ce qui est encore notre « douce France », des centaines, des milliers de « zones de non-droit » où la racaille fait ce qu'elle veut, quand elle veut, comme elle veut... Et, bien sûr, cela n'est pas normal. Quel que soit l'évènement auquel on se réfère, aucune bande - ici, ethnique - ne devrait pouvoir mettre un morceau de France à feu et à sang. A Sevran, Villepinte, Clichy (communes voisines d'Aulnay) des chariots de supermarchés remplis de bouteilles pleines d'essence sont jetées n'importe où sur n'importe quoi. Bravo les « jeunes » ! Les réparations, après, c'est nous qu'on paye...

    Le Système, qui mène depuis 1975 la suicidaire politique d'immigration-invasion que l'on sait ne fait que récolter ce qu'il a semé... mais dont il nous impose les conséquences désastreuses. 

    2. La réaction des journaleux est révélatrice : alors que les déclarations du « jeune » interpellé ont varié à plusieurs reprises (des « déclarations évolutives » !) les journaleux ont adopté le jeune « Théo » et ne parlent plus de lui que de cette façon, amicale, chaleureuse, affectueuse : « Théo ». On dirait un membre de la famille, un petit frère ! Deux paysans français se suicident chaque jour, mais, là, les journaleux n'en parlent pas. Et, a fortiori, ne les appellent pas par leur prénom. Pourquoi cette hâte, alors que « l’affaire » n'est pas encore totalement élucidée, à prendre parti pour « Théo », cet amour pour « Théo », « Théo » par ci, « Théo » par-là : franchement, cette affection soudaine est louche, quand on connaît les opinions des journaleux, qui confondent si volontiers carte de presse et carte de parti (de gauche, et immigrationniste, évidemment). Rien que cela suffirait à rendre le « jeune » interpellé suspect...

    Dernière chose : dite par l'interpellé plusieurs jours plus tard, les accusations d'insultes racistes (« bamboula » et autres) n'ont plus été reprises par lui, ensuite. Il y a fort à parier que SOS Racisme ou le Cran, dès le début de l'affaire, le 2 février, auraient hurlé à la mort si ces insultes avaient bien été proférées. Là c'est silence radio, qui équivaut à un aveu : l'interpellé a menti. Curieusement, depuis, il ne cesse même d'appeler au calme.

    Bizarre, bizarre... Vous avez dit bizarre ? 

  • La Droite française ... qui n'a su lire ni Gramsci ni Michéa

     

    3578948983.jpgLa Droite ou ce qui en tient lieu ne s'est jamais réellement souciée de libérer l'Ecole, partant la jeunesse de France, de la tutelle jalouse, autoritaire, monopolistique, de la Gauche, voire de l'extrême-gauche, de l'idéologie qu'elle y impose et des désastreux pédagogistes.

    Ces puissances tutélaires extrêmement autoritaires, à la bolchevique, gouvernent l'Education nationale en quelque sorte de droit sous toutes nos républiques, y compris la Ve ; De Gaulle ne s'est pas intéressé à cette question, pas plus que ses successeurs se réclamant de son héritage.  L'on eut mai 68 et le long et inexorable déclin de l'Ecole française, jusqu'au désastre actuel.

    N'accusons pas la gauche d'y avoir jeté toutes ses forces : elle est là pour ça ;  elle met en pratique son idéologie qui n'est pas secrète. La Droite, à l'inverse, porte une terrible responsabilité dans cette affaire : elle a laissé faire ; elle a souvent poursuivi, repris à son compte la politique de la gauche la plus idéologique, elle y a prêté, de fait, son concours. Mauriac, en son temps, ce qui veut dire il y a bien longtemps, avait fait à De Gaulle, le reproche d'abandonner la jeunesse française à son triste sort, de la laisser en des mains destructrices.

    La Droite française - économiste plus que tout - s'est moquée des domaines de la culture : de l'Ecole, de l'Université, des artistes, des journalistes et des écrivains,  de l'idéologie. Elle n'a su lire ni Gramsci ni Michéa. Elle a tout abandonné à ses adversaires qui sont aussi, souvent ceux de la France.  Elle en récolte aujourd'hui les fruits amers, autant que ceux produits par sa propre inconduite.

    L'importance de ce sujet nous a amenés à en faire l'axe de nos publications d'aujourd'hui. Lafautearousseau   

  • Nouvelle offensive du totalitarisme à l’école

     

    par Yves Morel

    L’année 2016 aura vu, entre autres, une nouvelle offensive socialiste contre l’enseignement libre. Sur la suggestion de Mme Vallaud-Belkacem, le gouvernement a pris deux mesures dirigées contre ces établissements… 

    invoquant l’article 14 déciès de sa liberticide loi Egalité et Citoyenneté, adoptée en décembre dernier, il a obtenu du Parlement l’autorisation de préparer dans les six mois une ordonnance instituant un régime d’autorisation remplaçant la simple déclaration actuelle ;

    par le décret n° 2016-1452 du 28 octobre 2016, relatif au contrôle de l’enseignement dans les établissements libres ou dans les familles, il fait du « socle commun » de connaissances le critère majeur de ladite autorisation. Ainsi, les établissements libres devront aligner leurs programmes et méthodes sur ceux de la « grande maison ».

    Ces mesures ont été adoptées au mépris de l’opposition des établissements privés, de leurs personnels, de la Fédération nationale de l’Enseignement privé, de l’association des parents d’élèves des établissements hors contrat (FPEEI), de l’Association des Maires de France et des parlementaires d’opposition. De plus, afin de s’épargner toute joute parlementaire et d’empêcher le débat de s’installer dans le pays, avec le risque de se trouver acculé au retrait de son projet, comme en 1984, le pouvoir s’apprête à légiférer par ordonnances.

    Belle leçon de démocratie de la part de gens qui n’ont que ce mot à la bouche ! Mme Vallaud-Belkacem inscrit son projet dans le cadre de la lutte contre la radicalisation de la jeunesse.

    Ne feignons pas de ne pas comprendre le dessein réel du pouvoir socialiste. Il ne s’agit pas de lutter contre la radicalisation des jeunes, mais d’assurer l’alignement idéologique, moral et politique de l’enseignement libre sur l’Éducation nationale. Un propos d’une collaboratrice du ministre en dit long : Mme Caroline Beyer affirme que « la liberté de l’enseignement ne connaît qu’une limite : le respect des valeurs de la République ».

    C’est clair : non le respect de la morale et du droit, mais celui des « valeurs de la République », c’est-à-dire du conformisme de gauche, du politiquement correct qui imbibe toute notre société et enserre les âmes et les cœurs. La radicalisation musulmane importe peu aux socialistes ; ce dont ils se défient, c’est de la morale chrétienne des écoles catholiques hors contrat, de leurs programmes originaux, de leurs pratiques pédagogiques différentes, si loin de l’idéologie universaliste et égalitaire « républicaine ».

    L’actuel ministère aura-t-il le temps de légiférer avant l’élection du printemps prochain ? Et, dans l’affirmative, François Fillon défera-t-il ce qui aura été fait, s’il est élu ? On ne sait, mais assurément la liberté de l’enseignement (quoique inscrite dans la Constitution) ne va vraiment pas de soi dans ce pays. 

    Politique magazine - Consulter ... S'abonner ...

  • Enseignement : Le « prédicat » ? Ce sera le désastre de la « lecture globale » appliqué à la grammaire

     

    Mur-bleu gds.jpg« Il faut en finir avec ce carnaval. », disait Maurras, en parlant de l'Ecole.

    Oui, il faut en finir avec les niaiseries, absurdités et ravages des pédagogistes à la Meirieu, qui fabriquent à la chaîne des petits français « dys » en tout : on a commencé par la dyslexie, maintenant on ne compte plus les enfants (puis, évidemment, les adultes...) atteint de dysorthographie, dyscalculie, dyspraxie, dysphasie et autre dysgraphie. 

    Et tout cela pourquoi ? Parce que, en maternelle, au lieu de s'en tenir aux saines méthodes qui avaient très largement fait leurs preuves, les pédagogistes ont inventé des trucs abracadabrantesques, bien à eux, qui ont fait et font encore, et feront, des milliers, des dizaines de milliers de victimes. A vie...

    Or, non seulement, ces assassins de l'intelligence et des jeunes cerveaux n'en démordent pas, mais, pire, ils étendent leurs cingleries à d'autres domaines. Par exemple, les voilà maintenant qui s'en prennent au Complément d'objet direct, qu'ils remplacent par « le prédicat » !

    Confusion assurée pour les jeunes esprits, car, pour bien manier la notion de « prédicat » (le mot remonte à Aristote !), un enfant doit d'abord « être au clair » avec la construction et la compréhension d'une phrase correctement construite. Or, si l'on veut bien commencer les choses, c'est par le commencement qu'il faut... commencer ! : une phrase, c'est un sujet, un verbe et un complément. Sans oublier, bien sûr, l'indispensable point, qui marque comme la respiration de la pensée. Ces compléments, dit Jeanne Larghero (professeur de philosophie), nous apprennent « qui fait quoi, où, comment et à quelle heure. » Etudier la grammaire nous enseigne donc à bien construire nos phrases et nos propos, qui exprimeront ainsi notre pensée de la façon la plus fidèle possible.  

    Quand l'enfant aura bien assimilé tout cela, et si l'on y tient absolument (mais est-ce bien nécessaire ? N'y a-t-il pas d'autres priorités ?) on pourra alourdir son programme, déjà chargé, avec « le prédicat » et autres subtilités qu'on ne peut manier que lorsqu'on a d'abord acquis les bases fondamentales de l'expression.

    Aujourd'hui, avec nos pédagogistes destructeurs, on veut à tout prix faire du Secondaire dans le Primaire et du Supérieur dans le Secondaire ; ce qui aboutira, immanquablement, à devoir faire faire du Primaire... dans le Supérieur !