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  • Rémi Brague : Le Pape ne peut pas renvoyer dos à dos islam et christianisme

     

    Par Rémi Brague    

    Le pape a déclaré que s' « il devait parler de violence islamique, alors il devait (aussi) parler de violence catholique ». Le philosophe Rémi Brague rappelle que les textes sacrés des deux religions ne justifient pas la violence de la même manière. FigaroVox a publié cette tribune de Rémi Brague le 24 mai dernier. Philosophe, professeur émérite à la Sorbonne, Rémi Brague était alors « perplexe » quand le pape relevait une similitude dans l'esprit de conquête de l'islam et du christianisme. Une perplexité qui se confirme après les propos tenus ce dimanche par le pape Français sur violence islamique et violence catholique. Figarovox a donc repris cette intéressante tribune le 3.08. On y décèle inquiétude et réprobation des récentes déclarations du Pape François sur Islam et Christianisme. On sait cette réprobation partagée par nombre d'intellectuels catholiques, spécialistes de l'Islam et / ou des Chrétiens d'Orient.  LFAR 

     

    Les déclarations publiques du pape François suscitent toujours l'intérêt. L'entretien accordé par le Souverain Pontife à deux journalistes de La Croix, publié dans ledit quotidien le 17 mai, contient ainsi une quantité de choses excellentes, et même réjouissantes. Par exemple, sa conception du rôle que le christianisme pourrait et devrait jouer envers les cultures, dont l'européenne, ou encore ses réflexions sur les causes de la crise migratoire et son traitement possible, enfin son amusante dénonciation du cléricalisme. Il y a là-dedans de quoi provoquer une réflexion approfondie, et l'on souhaite que nos décideurs en prennent de la graine.

    D'autres points sont affaire de goût, et le mien ne coïncide pas toujours avec celui du Pape. Ainsi, nommer sur le même plan Maurice Blondel et Jean Guitton, et plus encore les deux jésuites Henri de Lubac et Michel de Certeau, me fait personnellement un peu sourire. Mais rien ne prouve que ce soit mon goût qui soit le bon…

    En revanche, un passage suscite en moi une perplexité certaine, et c'est celui sur l'islam. Là aussi, il contient d'ailleurs de très bonnes choses, par exemple sur l'imprudence arrogante avec laquelle l'Occident a essayé d'imposer son régime politique à des régions mal préparées. Il est juste aussi de dire que la coexistence entre chrétiens et musulmans est possible, même si les exemples de l'Argentine, avec son 1,5% de musulmans, et surtout du Liban, doivent être pris avec prudence. Tant qu'il s'agit de faire vivre ensemble des personnes, qu'il est déjà maladroit de réduire à leur seule affiliation religieuse, on a le droit d'espérer et le devoir d'agir en ce sens.

    L'entreprise devient plus difficile là où l'on compare non plus des personnes, mais des systèmes religieux considérés dans leurs documents normatifs. De ce point de vue, un passage des propos du pape François attire l'œil : « L'idée de conquête est inhérente à l'âme de l'islam, il est vrai. Mais on pourrait interpréter avec la même idée de conquête la fin de l'Évangile de Matthieu, où Jésus envoie ses disciples dans toutes les nations ». Voici le passage évoqué : « Allez donc, faites des disciples (“mathèteuein”, en grec) de toutes les nations, baptisant les gens (…), leur enseignant (“didaskein”) à observer tout ce que je vous ai commandé (Matthieu, 28, 19) ».

    On peut appeler « conquête » la tâche de prêcher, d'enseigner et de baptiser. Il s'agit bien d'une mission universelle, proposant la foi à tout homme, à la différence de religions nationales comme le shintô. Le christianisme ressemble par là à l'islam, dont le prophète a été envoyé « aux rouges comme aux noirs ». Mais son but est la conversion des cœurs, par enseignement, non la prise du pouvoir. Les tentatives d'imposer la foi par la force, comme Charlemagne avec les Saxons, sont de monstrueuses perversions, moins interprétation que pur et simple contresens.

    Le Coran ne contient pas d'équivalent de l'envoi en mission des disciples. Il se peut que les exhortations à tuer qu'on y lit n'aient qu'une portée circonstancielle, et l'on ignore les causes de l'expansion arabe du VIIe siècle. Reste que le mot de conquête n'est plus alors une métaphore et prend un sens plus concret, carrément militaire. Les deux recueils les plus autorisés (sahīh) attribuent à Mahomet cette déclaration (hadith), constamment citée depuis : « J'ai reçu l'ordre de combattre (qātala) les gens (nās) jusqu'à ce qu'ils attestent “Il n'y a de dieu qu'Allah et Muhammad est l'envoyé d'Allah”, accomplissent la prière et versent l'aumône (zakāt). S'ils le font, leur sang et leurs biens sont à l'abri de moi, sauf selon le droit de l'islam (bi-haqqi 'l-islām), et leur compte revient à Allah (hisābu-hum ‘alā ‘Llah) (Bukhari, Foi, 17 (25) ; Muslim, Foi, 8, [124] 32-[129] 36) ». J'ai reproduit l'arabe de passages obscurs. Pour le dernier, la récente traduction de Harkat Ahmed explique : «Quant à leur for intérieur, leur compte n'incombera qu'à Dieu (p. 62) ».

    Indication précieuse : il s'agit d'obtenir la confession verbale, les gestes de la prière et le versement de l'impôt. Non pas une conversion des cœurs, mais une soumission, sens du mot « islam » dans bien des récits sur la vie de Mahomet. L'adhésion sincère pourra et devra venir, mais elle n'est pas première. Nul ne peut la forcer, car « il n'y a pas de contrainte en religion (Coran, II, 256) ». Elle viendra quand la loi islamique sera en vigueur. Il sera alors dans l'intérêt des conquis de passer à la religion des conquérants. On voit que le mot « conquête » a un tout autre sens que pour le verset de Matthieu.

    Pourquoi insister sur ces différences ? Un vaste examen de conscience est à l'œuvre chez bien des musulmans, en réaction aux horreurs de l'État islamique. Ce n'est pas en entretenant la confusion intellectuelle qu'on les aidera à se mettre au clair sur les sources textuelles et les origines historiques de leur religion. 

    Rémi Brague          

    Rémi Brague est un philosophe français, spécialiste de la philosophie médiévale arabe et juive. Membre de l'Institut de France, il est professeur émérite de l'Université Panthéon-Sorbonne. Auteur de nombreux ouvrages, notamment Europe, la voie romaine (éd. Criterion, 1992, rééd. NRF, 1999), il a dernièrement publié Le Règne de l'homme: Genèse et échec du projet moderne (éd. Gallimard, 2015) et Où va l'histoire? Entretiens avec Giulio Brotti (éd. Salvator, 2016).  

  • Oui le Système est en mode défensif !

     

    La note d'Amaury Grandgil, reprise de Causeur, que nous avons publiée hier, à propos des conditions d'évacuation de l'église Sainte Rita à Paris, n'avait pas pour objet, nous semble-t-il, d'entrer dans des querelles religieuses qui ne sont pas de notre ressort. Pas davantage d'envisager l'affaire Sainte Rita sous son angle judiciaire. Deux remarques cependant : comme à beaucoup, il nous semble en premier lieu que les forces de l'ordre devraient avoir aujourd'hui des impératifs quasi exclusifs d'une autre urgence et d'une autre importance que l'évacuation - très contestée - précipitée et violente, d'une église ou d'une chapelle catholique, quel que soit son statut. Deuxième remarque : de tous temps, l'AF, avec en son sein des croyants et des incroyants, a défendu l'héritage catholique lorsqu'il était menacé. Et ce, d'ailleurs, en évitant toute confessionnalisation. C'est sans-doute ce qu'ont voulu faire les étudiants d'A.F. qui ont pris part à la défense de l'église Sainte Rita.  

    A ce propos, nous avons reçu de Philippe Lallement [Papy, dans les commentaires de Lafautearousseau], les réflexions suivantes qui nous ont intéressés et qui, sans-doute, intéresseront aussi nos lecteurs. LFAR 

     

    Oui le Système est en mode défensif !

    Les remarques de Philippe Lallement 

    1. Une preuve de plus de la décomposition du Système. L'oligarchie chevauche un cheval mort !

    2. Clin d'oeil de l'histoire... comme les premiers étudiants d'AF en 1906 lors des Inventaires, la nouvelle génération remonte en ligne plus de 110 ans après.

    3. Oui contre le pire et contres les pires, il est temps pour les nouveaux maurrassiens de mettre à l'eau « l'arche franco-catholique »*. Les grandes manifestations de la Manif pour Tous ont montré la direction à prendre.

    J'espère qu'a l'occasion du camp MRDS** de cet été - à l'esprit très constructif - les jeunes cadres de la nouvelle génération de maurrassiens intégreront « l'arche franco-catholique » dans leur réflexion stratégique. Et si oui, alors je leur conseille de faire retour sur leurs maîtres, un peu délaissés, que furent Gustave Thibon et Pierre Debray.

    4. Remarque : oui le Système est en mode défensif; oui l'AF est en mode conquête. Très révélateur !

    5. Et encore bravo au site LFAR d'alimenter quotidiennement ces nouveaux militants en arguments intellectuels et culturels.

    *  Ces expressions sont de Charles Maurras, dans sa très célèbre lettre de 1951 à Pierre Boutang.

    ** Camp Maxime Real Del Sarte

  • Général Pinatel : contre l'islamisme, s'allier à la Russie et faire disparaître l'OTAN

     

    Par Alexis Feertchak

    Après le coup d'Etat manqué en Turquie, Erdogan se rapproche de Poutine tandis que Moscou et Washington semblent avoir trouvé un équilibre en Syrie. Le général Pinatel considère [Entretien sur Figarovox le 29.07] que les Etats européens devraient tenir compte de cette nouvelle donne et, contre l'islamisme, s'allier à la Russie et faire disparaître l'OTAN. Une politique qui devrait être, selon nous, celle de la France. Quant à être aussi celle des Européens, voire de l'Europe [?], comme s'il s'agissait d'un bloc unitaire, cela nous paraît être une autre histoire, beaucoup plus improbable et fort aléatoire.  LFAR 

     

    maxresdefault.jpgRecep Erdogan devrait rencontrer Vladimir Poutine en août dans la capitale russe. La Turquie est historiquement la base avancée du Sud de l'Alliance atlantique. Dans quelle mesure la nouvelle alliance entre Moscou et Ankara pourrait perturber l'OTAN ?

    L'OTAN est une organisation issue de la Guerre froide entre l'URSS et l'Occident démocratique. Son maintien et son extension aux anciens pays de la CEI procède de la volonté des Etats-Unis de conserver ouvert le fossé entre l'Europe et la Russie. En effet si l'Europe et la Russie étaient alliées, elles leur contesteraient la primauté mondiale qu'ils ont acquise en 1990 à l'effondrement de l'URSS et qu'ils veulent conserver à tout prix. Mais la menace islamique a changé la donne. Cette menace, présente en Russie depuis les années 1990, s'est étendue à l'Europe en juin 2014 avec la proclamation du Califat par l'irakien Al Bagghadi puis récemment en Turquie quand Erdogan a dû fermer sa frontière à Daech après les attentats commis en France et les pressions que les américains ont du faire sur Ankara pour ne pas perdre le soutien de l'opinion européenne.

    Dans ce contexte d'actes terroristes meurtriers, la déstabilisation du régime syrien et son remplacement par un régime plus favorable aux intérêts américains, européens, saoudiens et qataris passe au second plan face à l'urgence de maîtriser ce nouveau Califat qui menace la stabilité du Moyen-Orient et favorise la montée en puissance des partis nationalistes anti-atlantistes en Europe. Par ailleurs, l'intervention massive et victorieuse de la Russie en septembre 2015 pour soutenir son allié syrien contraste avec les hésitations ou le double jeu des Etats-Unis qui essaient de ménager tout le monde. Ils se condamnent ainsi à une faible efficacité opérationnelle qui, finalement, inquiète leurs alliés traditionnels et les poussent à ménager la Russie. Enfin les liens et les enjeux économiques entre la Russie et la Turquie sont très importants malgré une opposition géopolitique historique .

    Plus que le rapprochement entre Moscou et Ankara, ce qui fragilise cette organisation, ce sont ces récents événements. Ils font la démonstration éclatante aux yeux des Français et des Européens que l'OTAN ne sert à rien face à la menace islamique. En revanche, la guerre efficace que même la Russie contre l'Etat islamique fait penser à de plus en plus de Français et d'hommes politiques que la Russie est notre meilleur allié. Et cette évidence, acquise dans la douleur de nos 234 morts et de nos 671 blessés depuis 2012, devrait non seulement perturber l'Otan mais conduire à sa disparition ou à son européanisation complète car son maintien en l'état ne sert que des intérêts qui ne sont pas ceux de la France.

    Que se passe-t-il aujourd'hui en Syrie ? Russes et Américains semblent se rapprocher ou à tout le moins se coordonner davantage, notamment sur la question du Front Al-Nosra, très présent près d'Alep. Un nouvel équilibre dans la région est-il en train de se constituer ?

    Dès leur intervention en septembre 2015 sur le théâtre syrien, les Russes ont proposé aux Américains de coordonner leurs frappes contre Daech et Al Nostra. Mais les Américains ont refusé car au niveau politique, Obama voulait maintenir la fiction qu'il existait encore un potentiel de forces modérées sur le territoire syrien qui n'avaient pas été absorbées ou qui ne s'étaient pas alliées à Al-Nostra et qui ainsi pourraient prétendre, un jour, à être partie prenante à la table de négociation. C'est clairement une fiction contestée non seulement par la Russie, mais par d'autres voix y compris aux Etats-Unis. Ces experts affirment que les unités qui existent encore en Syrie servent d'interface avec Al Nostra à qui elles revendent les armes qu'elles reçoivent via la CIA. C'est le bombardement d'une de ces bases en Syrie par la Russie, qui a eu l'habileté de prévenir les américains à l'avance pour qu'ils puissent retirer en urgence les agents de la CIA présents, qui a permis ce rapprochement opérationnel. Il est clair qu'un nouvel équilibre est en voie de se constituer au Moyen-Orient. La Russie qui y a été historiquement présente est de retour en force. La Chine, et c'est une nouveauté, y pointe plus que son nez et la France qui y avait une position privilégiée de médiation, l'a perdue par suivisme des Etats-Unis.

    Quelle pourrait être la place de l'Europe dans les relations avec ces deux grands pays que sont la Russie et la Turquie ? Peut-on imaginer un nouvel équilibre sécuritaire aux marches de l'Europe ?

    C'est vrai, nos portes orientales sont verrouillées par la Russie et la Turquie.

    Avec la Russie nos intérêts économiques et stratégiques sont totalement complémentaires. La France a une longue histoire d'amitié avec la Russie que symbolise à Paris le pont Alexandre III et plus récemment l'épopée de l'escadrille Normandie Niemen que le Général de Gaulle avait tenu à envoyer en Russie pour matérialiser notre alliance contre le nazisme. Je rappelle aussi que c'est parce que l'armée allemande était épuisée par trois ans de guerre contre la Russie et la mort de 13 millions de soldats russes et de 5 millions d'allemands que le débarquement de juin 1944 a pu avoir lieu. Ce rappel ne veut en aucun cas minimiser le rôle des Etats-Unis et le sacrifice des 185 924 soldats américains morts sur le sol européen. Mais la volonté des Etats-Unis de restaurer un climat de Guerre froide en Europe qui se développe notamment au travers de l'OTAN ne sert que leurs intérêts et ceux des dirigeants européens qui sont soit des corrompus soit des incapables.

    Avec la Turquie, c'est l'Allemagne qui a des relations historiques comparables aux nôtres avec la Russie. La Turquie et l'Allemagne étaient des alliés au cours des deux guerres mondiales car les Allemands espéraient avec leur aide couper la route du pétrole aux alliés. Les Turcs de leur côté espéraient ainsi récupérer le contrôle du Moyen-Orient et notamment celui de l'Irak et de la Syrie.

    Ce rappel historique met en évidence l'importance du couple franco-allemand pour définir une politique européenne commune face à ces deux puissances et éviter de revenir à des jeux du passé comme a semblé le faire récemment Angela Merkel avec l'affaire des réfugiés en négociant directement avec Erdogan sans se concerter avec ses partenaires européens. 

    Le général (2S) Jean-Bernard Pinatel est expert en géostratégie et en intelligence économique. Il tient le blog Géopolitique - Géostratégie. Il est aussi l'auteur de nombreux ouvrages, dont Carnets de guerres et de crises aux Éditions Lavauzelle en 2014.

    Alexis Feertchak           

  • Sainte Rita : Évacuation efficace d’intégristes à Paris … mais il s’agit d’une église, pas d’une mosquée salafiste

     

    par Amaury Grandgil

    Un excellent billet qu'Amaury Grandgil a publié sur son blog mesterressaintes et sur Causeur [3.08]. La République ne change pas d'ennemi ! LFAR

     

    1123083056.jpgL’église sainte Rita est bien connue dans le XVème arrondissement de Paris. Elle abritait des chrétiens gallicans, plus ou moins proches des milieux catholiques traditionalistes, et était connue pour ses enterrements et son cimetière d’animaux de compagnie. L’« association des chapelles catholiques et apostoliques » gérant le lieu l’a vendu à un promoteur immobilier, Garibaldi, en vue d’une opération sans doute juteuse. C’est à sa demande que l’église a été évacuée  d’une cinquantaine de protestataires présents depuis 6h30 ce matin dont le prêtre en habits sacerdotaux traîné à terre sans plus de ménagements. On voit sur la vidéo les égards des forces de l’ordre envers les personnes présentes…

    Le tradi, voilà l’ennemi

    La préfecture de police de Paris a pourtant évoqué sans rire une opération sans incidents majeurs. Bien entendu, afin de justifier l’évacuation, les milieux autorisés ont tous évoqué la présence (pacifique) de sympathisants d’extrême droite, des intégristes catholiques ayant récupéré la problématique à leur unique profit. Je me demande toujours où commence le traditionalisme pour un catholique, si ce n’est pas quand il a le désir d’une spiritualité solide et d’une belle liturgie ? Un catholique de progrès, selon cette définition, n’est plus vraiment catholique.

    Il m’a semblé pourtant qu’il y avait là surtout des élus « Les Républicains » n’étant pas, il me semble, des séides de Marine le Pen, ainsi que des paroissiens et paroissiennes, ou encore des gens du quartier émus par la destruction de ce lieu de mémoire collective. Il y a au moins un motif de réjouissance. Ceux qui taxaient la justice et les forces de police de laxisme ou de lenteur dans le traitement des dossiers religieux en sont pour leurs frais, ils ont ici fait preuve d’une grande célérité véritablement admirable.

     

    C’est à se demander pour quelle raison on tarde autant à vider de la même manière les mosquées salafistes. Serait-ce par absence de réelle volonté politique ? Et puis les chrétiens, fussent-ils d’affreux intégristes, fussent-ils gallicans comme à sainte Rita, ont quand même un avantage. Ils sont censés tendre la joue droite, ainsi que le répètent comme un mantra les « bouffeurs de curé » qui aiment donner des leçons de foi aux croyants pour justifier leurs injures aux catholiques, telle madame Le Goïc. Et avec eux, aucun risque qu’une kalachnikov traîne dans le coin et soit utilisée. Ils sont aussi beaucoup moins coriaces que les « zadistes » de Notre-Dame des Landes.

    Il faut dire que, contrairement aux jeunes gens enthousiastes et romanesques qui occupent le bocage nantais, les zadistes de sainte Rita ce ne sont pas des électeurs PS potentiels pour 2017. Dans les médias, même après les tragiques événements de Saint-Étienne-du-Rouvray, les bonnes habitudes de dénigrement des catholiques ont la peau dure. Quand leurs curés ne sont pas pédophiles, ils sont forcément intégristes, comparables à Daech. Et ce ne sont pas les dénégations affolées des bons apôtres ecclésiastiques ou laïcs, ou la vidéo du père Franck Legros dansant sur des rythmes « mucho caliente » avec son aréopage de jeunes paroissiens circulant actuellement sur le net, qui changeront quoi que ce soit à ces idées reçues. 

    Amaury Grandgil
    anime le blog mesterressaintes.hautetfort.com

     

    A rapprocher du communiqué de l'Action française ci-après

    Dans la nuit du 2 au 3 août 2016, plus d’une vingtaine d’étudiants d’Action française a défendu l’église Sainte Rita. En effet, l’église est vouée à destruction devant la pression de promoteurs immobiliers voraces. La mobilisation des riverains, des élus et des catholiques parisiens, tous horrifiés par ce projet avait permis d’obtenir un sursis. L’abbé de Tanouärn a pu redonner vie à cette église, la rendant à sa fonction première en y célébrant des messes quotidiennes, ainsi qu’en y organisant des concerts et des conférences. 

    Aujourd’hui, alors que l’Etat islamique égorge des prêtres sur notre propre sol, la république se présente de fait comme son allié en œuvrant à la destruction de nos églises. En cela, elle continue l’entreprise de la Révolution et révèle sa vraie nature qui n’a rien à envier au pire des terroristes.

    Le lendemain des obsèques du Père Hamel, Cazeneuve envoie ses sbires persécuter les catholiques à défaut d’envoyer sa démission. Les forces du désordre ont détruit l’église et violenté de nombreux militants, un des deux prêtres a été frappé et traîné au sol, des élus municipaux et des députés ont été molestés.

    LE CATHOLICISME : UNE "RELIGION DE MERDE" ? Le commissaire de police, en profanant illégalement la messe, a fièrement lancé "religion de merde".

    L’abbé de Tanouärn appelle les fidèles à se joindre à la messe qu’il célébrera dimanche 7 août à 11h à Ste Rita, ou dans la rue.

    L’Action française est fière d’avoir été présente dans la défense vigoureuse de notre patrimoine culturel et spirituel et le sera toujours pour concourir au bien commun.

    Action Française

  • Prince Jean de France : La succession dans la Maison de France obéit à des règles bien précises

     

    Communiqué  du 1er août 2016

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    La succession dans la Maison de France obéit à des règles bien précises. Leur objet est de pouvoir renouer un jour, si les Français le veulent, le pacte national.

    Ces règles ont été formalisées par mon grand-père, le Comte de Paris. L'acte enregistré en 1981, dont je joins copie, sur la non successibilité de mon frère aîné François, règle la question.

    J'assumerai, après mon père, la responsabilité de chef de la Maison de France à laquelle je suis appelé, au service de la France et des Français. 

     

    Trébons-sur-la-Grasse, le I« août 2016

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    Postscriptum

    La mise en place d'une Régence et / ou d'un Conseil de régence est sans valeur. Etant devant la loi le tuteur de mon frère, je ferai tout pour qu'on le laisse en paix et qu'on ne l'utilise pas.

    François reste mon aîné, et je continuerai à m'occuper de lui comme je l'ai toujours fait. Il a été à mes côtés autant que cela était possible et le restera autant que Dieu nous prête vie.

     

    Copie de l'acte du 25 septembre 1981 

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    SITUATION DYNASTIQUE DE SON ALTESSE ROYALE

    LE PRINCE FRANCOIS D'ORLEANS, FILS DE FRANCE

     

    ACTE 

    thRMPHHY1W.jpgPar suite de son handicap profond et sans espérance de guérison, et tel qu'il est médicalement et judiciairement établi, mon petit-fils aine le Prince François de France ne peut et ne pourra exercer aucune responsabilité. En conséquence, ses droits dynastiques et les devoirs et obligations qui en découlent se trouvent, suivant le droit dynastique français, transférés à son frère venant après lui par ordre de primogéniture, c'est-à-dire, à mon petit-fils le Prince Jean de France et à sa postérité mâle et, à défaut de celle-ci ensuite à mon petit-fils le Prince Eudes de France et à sa postérité mâle.

    Par suite de cette situation il ne sera attribué aucun titre particulier au Prince François de France et celui-ci sera appelé : "Son Altesse Royale le Prince François d'Orléans, Fils de France".

    Si, après mon décès, il était procédé autrement toute décision tendant à modifier ce qui précède serait nulle et sans effet.

    Henri,

    Comte de Paris 

    Chantilly, le 25 septembre 1981

     

    Source : Prince Jean de France, Site officiel

  • Yvan Blot : « Les terroristes potentiels sont très nombreux »

     

    par Ludovic Greiling

     

    1067266642.jpgRécent retraité de l’Inspection générale au ministère de l’Intérieur, Ivan Blot se consacre aujourd’hui à l’écriture. Dans Le terrorisme islamiste, une menace révolutionnaire *, il développe une analyse originale de ce phénomène, tirée de son expérience.

    Dans votre dernier livre, vous définissez le terrorisme islamiste comme un nouveau mouvement révolutionnaire, à l’instar du bolchévisme ou de la Terreur de 1793. Le jihad guerrier n’est-il pas consubstantiel à l’islam ?

    Je pense que n’importe quelle idéologie peut subir une mutation et devenir révolutionnaire. Regardez le socialisme : à la base, ce n’est pas un mouvement meurtrier. Le racialisme également était très développé au XIXe siècle et il ne donnait pas lieu à des violences. C’est la forme révolutionnaire de ces idéologies qui est meurtrière. Si l’islam contient des germes de violence que l’on retrouve aisément dans ses textes, c’est sa mue révolutionnaire intervenue dans les années 50 qui explique le terrorisme actuel. Quand je travaillais au ministère de l’Intérieur, j’ai été amené à m’intéresser à deux intellectuels musulmans qui étaient souvent cités par des personnages comme Oussama Ben Laden. L’un, le Pakistanais Al Mawdudi, mort en 1979, est le premier islamiste du XIXe siècle à prôner le retour au jihad pour réaliser une révolution islamique intégrale ; il utilise le terme « révolutionnaire » dans ses écrits. L’autre, l’égyptien Sayyid Qutb, membre de la confrérie des Frères musulmans qui a eu une influence énorme, interprète également tout le Coran dans un sens violent et totalitaire.

    Nous venons de subir deux massacres en plein Paris. Vous affirmez pourtant dans votre livre que les services français travaillent efficacement contre la menace islamiste…

    Il faut comprendre que, depuis près de dix ans, nous arrêtons en moyenne une fois par mois des préparatifs d’attaques majeures comme celle du Bataclan. Ces opérations ont été démantelées par nos services et ont valu à leurs auteurs d’être condamnés par la justice. Cependant, mis à part le projet d’attentat à la cathédrale de Strasbourg qui a été médiatisé, le reste est en général caché par nos gouvernants. En outre, il faut ajouter toutes les mesures de prévention – fouilles dans les aéroport, plan Vigipirate, etc. – qui ont découragé bien des velléités.

    Combien de personnes ont été condamnées en France pour avoir participé à de tels projets ?

    Plusieurs milliers… La loi antiterroriste de 1986, qui a été amendée depuis, permet d’arrêter avant un attentat les personnes ayant un lien avec une activité présumée terroriste, sans qu’elles aient encore commis la moindre action. Ces personnes font de la prison, certaines en ressortent, on les suit un peu puis c’est terminé. C’est pourquoi nous avons parfois de mauvaises surprises, comme l’assassinat récent d’un couple de policiers par un islamiste.

    Le premier ministre Manuel Valls et le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve préviennent désormais que d’autres attentats sont possibles. Cela paraît contre-productif sur le plan électoral. Comment l’expliquez-vous ?

    Je suppose que leurs services doivent leur dire qu’ils ne peuvent plus suivre tout le monde. Ils sont prévenus et ils ne veulent pas paraître stupides s’il y a de nouvelles attaques. La situation est grave. Les terroristes potentiels deviennent très nombreux. Et ils sont soutenus activement ou passivement par une large partie des populations immigrées. Je vous donne un exemple : la police commande aussi des sondages à des instituts spécialisés afin de tâter le pouls de la population. Les résultats ne sont pas rendus publics, mais ils sont parfois épouvantables. Par exemple, un nombre important des musulmans de France approuvent le terrorisme islamiste. Cela ne veut pas dire qu’ils vont devenir terroristes eux-mêmes, mais cela signifie qu’il existe une vaste complicité passive ou active.

    Ces chiffres sont impressionnants. Ils mettent en exergue l’inaction de nos gouvernements face aux flux migratoires. Ils sont pourtant prévenus des conséquences potentielles. Comment expliquer un tel laisser-faire ?

    Je pense qu’il existe une peur des décisions de la Cour européenne des droits de l’homme, qui a déjà condamné la France. On peut aussi mettre en avant le respect de certains traités internationaux que nous avons signés, mais aussi la crainte d’être traité de raciste. Quand le scandale de l’embauche d’islamistes dans une centrale nucléaire belge avait été révélé, on m’avait expliqué la raison : c’était la crainte d’être pointé du doigt pour discrimination qui avait guidé les décisions des recruteurs. Et puis il existe un état d’esprit général qui terrifie nos hommes politiques. Pour tarir les flux, il faudrait parfois faire l’usage de la force ; nos responsables sont très loin de l’envisager.

    Faisant valoir le principe de précaution, un nombre croissant d’observateurs affirment qu’il faudrait remigrer dans leurs pays d’origine une partie des populations musulmanes présentes en Europe. Qu’en pensez-vous ?

    Des politiques de remigration auraient pour effet de réduire la menace. Il est bien évident que s’il n’existe pas de terrorisme islamiste en Pologne ou au Japon, c’est en raison de l’absence des populations à risque. On peut ajouter que c’est en premier lieu auprès de ces populations à risque que nos services secrets travaillent pour contrer la menace terroriste.

    Pour contrer le terrorisme islamiste, vous évoquez également des mesures dites positives. Pouvez-vous les décrire ?

    La répression est nécessaire. Mais il faut aussi supprimer les terrains favorables à l’émergence de l’islamisme. Je vois pour cela quatre volets aux conséquences différentes. Le premier, c’est une éducation patriotique et l’enseignement solide de l’histoire de France. Je prends pour exemple ce qui se fait en Russie, avec succès, malgré l’importance des minorités musulmanes qui y vivent. Le second volet, c’est le rétablissement du service militaire, avec l’éducation et l’éthique dont il est porteur. La troisième proposition concerne le rétablissement d’une garde nationale, fondée sous les rois de France et supprimée en 1871 ; cette dernière serait triée sur le volet et permettrait aux citoyens de participer à la défense des frontières et de l’ordre public. Enfin, le dernier volet est diplomatique : il est temps de se mettre d’accord sur une politique antiterroriste au niveau international. Visiblement, l’OTAN et les états-Unis ne le veulent pas. L’organisation militaire vient ainsi de désigner la Russie comme son ennemi n°1, plutôt que l’état islamique ! 

    etiquette-blot-terrorisme.pngLe terrorisme islamiste, une menace révolutionnaire, d'Yvan Blot, Apopsix, 246 pages, 18 €

    A propos de l'auteur :

    Ivan BLOT, docteur ès sciences économiques, ancien élève de l'ENA, ancien député et inspecteur général honoraire au Ministère de l'Intérieur. Il est membre du Comité des experts du Centre d'analyse Rethinking Russia à Moscou et du Club de Discussion de Valdaï.  

    Repris du numéro de juillet - Août de Politique magazine > Commander ici !

  • Déni d'islamisme : le réarmement moral passe par un retour au réel

     

    Par Mathieu Bock-Côté          

    Masqué sous des justifications psychiatriques ou sociales, le déni d'islamisme continue de frapper, constate Mathieu Bock-Côté, pour qui, à force de dépolitiser les attentats, les Occidentaux savent pleurer, mais plus se battre. Nous sommes une fois de plus d'accord. Pourquoi reprenons-nous souvent les tribunes, les analyses, de Mathieu Bock-Côté ? Simplement, parce qu'elles vont au fond des choses, à l'essentiel, aux racines même du Système dominant : racines idéologiques,  mais aussi comportements et méthodes du totalitarisme révolutionnaire, ancien ou nouveau. Ce sont des analyses qu'un contre-révolutionnaire, par exemple maurrassien, eût faites à peu près de la même façon. Et que beaucoup d'autres font aujourd'hui, en dehors de nos cercles, en particulier parmi les jeunes intellectuels. Ce courant de réflexion est, pour nous, d'un intérêt - disons stratégique - tout à fait évident.  LFAR    

     

    3222752275.jpgOn commence à s'y habituer : à chaque attentat terroriste, une bonne partie du système médiatique active le logiciel du déni d'islamisme. Cela a aussi été le cas après l'attentat de Nice. Une chose semble plus importante encore que de pleurer les victimes et d'encombrer les lieux du crime de fleurs et de bougies: c'est de dépolitiser l'attentat. Dans la mesure du possible, on multipliera les hypothèses qui nous éloignent d'un constat pourtant enregistré depuis longtemps dans la conscience populaire : la paix perpétuelle à laquelle nous aspirions dans la dernière décennie du vingtième siècle a été fracassée une fois pour toutes. L'islamisme nous a déclaré la guerre. Il ne nous est plus possible de croire que la guerre appartient à la préhistoire de l'humanité occidentale et qu'il suffirait d'étendre à travers le monde la logique des droits de l'homme pour l'éradiquer une fois pour toutes. Mais le système médiatique travaille fort à nier cette réalité.

    Il y a d'abord la piste psychiatrique. Le terroriste serait un déséquilibré, un fou furieux, un maniaque, un psychopathe, mais pas un islamiste. En un mot, il n'y aurait aucune signification politique à un tel attentat : on devrait le considérer comme une forme de catastrophe naturelle - mais la nature qui se déchaînerait ici sur les sociétés serait la nature humaine et ses failles hantées par de sombres fantasmes de destruction. On ne saurait inscrire le crime dans une trame plus vaste et d'aucune manière, on ne devrait l'expliquer idéologiquement. Le crime n'est plus vraiment un crime : c'est un malheur, une malédiction, un rappel de la part incompréhensible de la condition humaine. C'est ainsi que plusieurs, comme le premier ministre canadien Justin Trudeau, ont parlé d'un acte « insensé » plutôt que de reconnaître dans l'attentat de Nice un épisode dans la guerre de l'islamisme contre l'Occident. Faut-il comprendre, dès lors, que les seuls terroristes qu'on prendra au sérieux sont ceux qui paient leurs impôts à temps, mangent de manière équilibrée et qui ont une connaissance fine du Coran ?

    Il y a aussi la piste de l'exclusion sociale : l'homme qui se rendrait coupable d'un attentat serait en fait une victime de la société où il vit. Seule la désespérance sociale le rendrait sensible aux sirènes islamistes. Plus encore : l'exclusion qu'il subirait le pousserait à cette forme de résistance condamnable mais compréhensible que serait le terrorisme islamiste. Il y a plusieurs années, on avait déjà expliqué ainsi les assassinats de Mohamed Merah. Dans nos sociétés qui marginaliseraient les populations issues de l'immigration, la petite criminalité et la grande devraient être considérées comme des actes de résistance. En un mot, l'islamophobie serait à l'origine de l'islamisme. Peut-être est-ce une manière de garder mentalement le contrôle des événements : se dire coupable, c'est demeurer responsable des événements, c'est conserver une emprise sur eux. Si la civilisation occidentale s'amende suffisamment, la guerre cessera et la paix reviendra. Il faudrait s'ouvrir toujours davantage à la diversité pour contenir et refouler l'islamisme.

    On oublie une part essentielle de ce qu'on pourrait appeler la théorie de la guerre révolutionnaire, qui consiste justement à exciter les marges, les éléments sociaux instables et fragiles, pour faire naître chez eux une vocation au Djihad. Il s'agit justement d'exciter les pulsions morbides et de les convertir en un désir terroriste. Les vidéos relayés par l'État islamique où on voyait ses soldats et militants se transformer en égorgeurs avaient justement cette vocation. Pour le dire autrement, il s'agit de mobiliser les marginaux et les déclassés en les retournant contre l'ordre établi. C'est ainsi qu'un homme qui n'était pas fiché par les services de renseignement peut rapidement prendre un étendard et se retourner contre ses concitoyens qu'il ne voit pas comme des compatriotes. Celui qui se laisse convertir peut ainsi espérer une forme de gloire morbide qui transfigurera son existence en devenant un martyr glorieux d'une guerre sainte contre un Occident malfaisant.

    Cela ne date pas d'hier. Les théoriciens révolutionnaires ont toujours su qu'ils ne pouvaient pas se fier à leurs seuls moyens et qu'ils devaient travailler les contradictions sociales inscrites au cœur des sociétés qu'ils veulent bouleverser. Et le fait est que l'appel au Djihad trouve un écho dans les banlieues islamisées issues de l'immigration qui sont la cible d'une propagande antioccidentale permanente, par ailleurs relayée par un système médiatique qui les entretient dans ce sentiment victimaire. L'islamisme y trouve un bon terreau et pousse ainsi à la guerre civile entre les nations européennes et les communautés issues de l'immigration musulmane. On pourrait pousser plus loin la réflexion : qu'on le reconnaisse ou non, la perméabilité absolue des frontières contribue à ce climat anxiogène. Quoi qu'en disent les théoriciens de la diversité, une communauté politique exagérément hétérogène est appelée à vivre des contradictions culturelles de moins en moins soutenables.

    Le système médiatique semble vouloir préserver à tout prix le fantasme de la diversité heureuse, quitte à se couper du commun des mortels et à s'installer dans un univers parallèle. Il y a quelque chose de navrant à constater la puissance médiatique de ce logiciel contribuant à déréaliser l'agression subie depuis quelques années par la nation française, en la dispersant en milliers de faits divers dépolitisés, auxquels on refusera toute perspective d'ensemble. L'Occident sait pleurer mais ne sait plus vraiment combattre - il ne veut pas accepter qu'en guerre, on ne fonctionne plus comme en paix. Évidemment, ceux qui exigent une politique toute faite à la manière d'une douzaine de mesures bien identifiées contre l'islamisme s'illusionnent : bien évidemment, on peut et doit mener une guerre contre l'islamisme intérieur et extérieur mais elle ne sera pas gagnée en quelques mois. Mais ceux qui parlent du nécessaire réarmement moral des nations occidentales visent juste.

    On se demande encore comment certains ont pu s'opposer à la déchéance de nationalité pour les binationaux coupables de trahison ou de terrorisme. Ne permettait-elle pas de redonner au moins symboliquement une certaine force à l'idée de citoyenneté ? De la même manière, on comprend l'irresponsabilité criminelle de ceux qui consentent à une immigration massive qui crée les conditions d'une fragmentation massive des pays de la vieille Europe. Qui croit encore qu'il faille s'ouvrir à toutes les différences, sans distinguer entre celles qui sont compatibles avec le monde occidental et celles qui ne le sont pas ? Autre question : jusqu'où les sociétés occidentales accepteront-elles de voir la logique des droits de l'homme retournée contre elles, comme si elles devaient s'immoler sur l'autel d'un universalisme si radical qu'il les empêche de se défendre lorsqu'on les agresse ? 

    Le réarmement moral passe d'abord par un retour au réel. 

    Mathieu Bock-Côté         

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d' Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007). Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politique, vient de paraître aux éditions du Cerf.   

  • La Semaine de MAGISTRO, une tribune d'information civique et politique

     

    La Semaine de MAGISTRO - Adossée à des fondamentaux politiques avérés, Magistro, une tribune critique de bon sens, raisonnée et libre, d'information civique et politique. 

    A tout un chacun

     François-Xavier BELLAMY  Professeur de philosophie en classes préparatoires  La vertu de prudence

     Annie LAURENT  Journaliste, essayiste, conférencière, spécialiste du Proche-Orient, de l'Islam et des chrétiens d'Orient  Les messages du "voile"

      Jean-Paul BOLUFER  Préfet honoraire  Pour que renaisse la France, il faut un peuple de droite rassemblé

    Du côté des élites

    • Jacques BICHOT  Economiste, démographe, Professeur émérite à l'Université Lyon 3 - Ancien président de Familles de France  Retraites : des projets … vraiment primaires

    • Malika SOREL SUTTER  Ancien membre du collège du Haut Conseil à l'Intégration      "Le terrorisme islamiste n’est pas soluble dans le bien-être matériel"    

    • Maxime TANDONNET   Haut fonctionnaire, ancien conseiller pour les affaires intérieures et l’immigration au cabinet du Président de la République    Les primaires portent le narcissisme de la vie politique à son comble  

    En France

    • François JOURDIER  Officier, amiral (2S)   Revoir notre politique en Syrie

    • Jean SALVAN   Officier, général de corps d'armée (2S)   Aux origines du terrorisme actuel

    • Renaud GIRARD     Journaliste, reporter de guerre et géopoliticien français   Le combat essentiel contre le djihadisme ne se livre pas en Syrie, mais en France

    Avec l'Europe

    • Charles GAVE   Economiste, financier   Crise Européenne : prochain arrêt, l’Italie

    • Ivan RIOUFOL   Journaliste politique     Le Brexit, promoteur du (bon) libéralisme  

    • Arnaud TEYSSIER   Haut fonctionnaire, historien    Après le choc du Brexit, la tentation de ne rien changer   

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  • « Si le père Hamel n'est pas martyr, alors qui l'est ? »

     

    Par Guyonne de Montjou    

    Jean-François Colosimo, écrivain, théologien et éditeur, décrypte pour Figarovox [28.07] l'attentat, inédit sur le sol français, qui a notamment coûté la vie à un prêtre octogénaire dans son église. Un dialogue d'un grand intérêt où, comme d'ordinaire, Jean-François Colosimo va au fond des choses, à l'essentiel.  LFAR

     

    XVM395dab50-54b8-11e6-91e4-fb78b463148e.jpgCet attentat dans une église, visant des fidèles, était-il selon vous inévitable?

    Oui. Daech mène aussi une guerre de religions. Dans un conflit, il est essentiel de savoir désigner l'ennemi. Il n'est pas moins indispensable de connaître la manière dont l'ennemi vous définit. Dans la représentation de Daech, il n'est pas tant question de l'Occident, des Américains ou des Européens, que du « camp des juifs et des croisés»  ou du « royaume de la croix ». Qu'un prêtre soit égorgé dans son église nous paraît inouï, c'est pourtant ce qui se produit, dans l'indifférence, au Proche-Orient depuis une décennie. D'un coup, la mondialisation, qui est un univers de flux financiers, numériques, migratoires, abolit les distances et les différences. L'effet retard de notre prise de conscience explique notre sidération. Le déni la nourrit également: voyez le temps qu'ont mis les autorités françaises à reconnaître que les 21 Egyptiens décapités sur une plage en Libye en février 2015 l'avaient été parce qu'ils étaient chrétiens, précisément coptes.

    Comment analysez-vous cette sorte de cécité ?

    Nous sommes pris dans une logique historique inversée: le projet européen est une uchronie hors du passé, du présent, tendue vers un pur avenir de paix, de fraternité et… de consommation. Il s'agit de constituer l'empire du bien, neutre, capable d'accueillir toutes les altérités et de désarmer toutes les hostilités. Mais pour réaliser cette abstraction, il faut se couper de ses racines et se conjuguer éternellement au futur. L'Europe, dans sa Constitution même, nous ordonne d'être anhistoriques.

    Et pourtant les terroristes, en attaquant cette église mardi matin, ont voulu frapper un symbole…

    C'est là le paradoxe. Pour le califat réinventé par Daech, l'histoire détermine le présent: nous sommes les héritiers du christianisme. Les djihadistes nous assignent à notre identité religieuse, même si nous nous échinons à affirmer qu'elle ne nous concerne plus.

    Cet attentat marque-t-il, selon vous, un tournant ?

    Oui. D'une part, parce que la notion même de sanctuaire que représentent diversement le temple, la vieillesse, la périphérie, l'anonymat, s'en trouve annulée. D'autre part, parce que le fait chrétien, sans lequel la France est inconcevable, longtemps minoré, ne peut plus être ignoré. Là encore les pouvoirs politiques et médiatiques ont leur part de responsabilité: on s'émeut régulièrement et à raison des actions de vandalisme contre les cimetières juifs et musulmans tandis que les mêmes actions contre les cimetières chrétiens sont largement passées sous silence.

    Pensez-vous que la réponse de l'Eglise qui consiste à tendre l'autre joue, à s'aimer les uns les autres, puisse être interprétée comme un aveu de faiblesse ?

    C'est pourtant la seule bonne réponse! Les évêques sont des guides, chargé du peuple des fidèles. Ils doivent empêcher que l'on réponde à la haine par la haine. Mais ils font aussi œuvre publique. Daech espère que des représailles antimusulmanes finiront par survenir en Europe et que s'ensuivra une guerre civile généralisée. C'est un piège qu'il revient à l'Eglise de prévenir. Ce n'est en rien une position naïve: c'est le catholicisme qui, avec saint Augustin et saint Thomas, a fait en sorte que la guerre soit encadrée par le droit afin qu'elle ne tourne pas à la pure barbarie.

    Diriez-vous que le dialogue avec l'Islam est possible ?

    Le christianisme est engagé dans un effort permanent de dialogue avec l'Islam. C'est une entreprise souvent décevante, toujours difficile, mais nécessaire. Comme le disait l'orthodoxe Olivier Clément (1921-2009), les musulmans méritent notre «respect têtu», c'est-à-dire que nous menions avec eux un dialogue persévérant parce qu'exigeant, autant fondé sur la vérité que sur l'humanité.

    Comment distinguer islam et islamisme dès lors que les ferments de violence se trouvent dans les textes sacrés de cette religion ?

    Toute religion porte en elle une tentation fondamentaliste qui lui est propre. Néanmoins, l'islam présente une porosité singulière à ses dérives exacerbées. Contrairement à l'idée répandue, les causes de la crise ne sont ni politiques, ni économiques. La réforme doit d'abord être d'ordre théologique, philosophique, exégétique. Le monde musulman rêve de retrouver son Age d'or. Il le fera non pas en renouant avec l'imagerie de la conquête, mais avec l'impératif de l'interprétation.

    Si les djihadistes nous lançaient un défi, quel serait-il ?

    Le défi est là, et démonisé. Les voilà qui nous disent: «Je suis prêt à mourir parce que je veux l'au-delà. Et toi, pour quoi es-tu prêt à mourir?» C'est là qu'apparaissent le gouffre et la béance de notre société horizontale qui ne connaît plus de verticalité. Tant que nous ne retrouverons pas l'évidence qu'il nous faut articuler notre communauté de destin à une forme ou à une idée de la transcendance, nous serons condamnés, désolés, à compter nos morts.

    Et l'idée de progrès ou celle d'Europe ne suffisent-elles pas à nous transcender ?

    Ce sont des idées mortes! C'est fini le progrès, l'utopie, Prométhée. Ces idées ont été le cœur noir des Lumières, soldé par le goulag, la Shoah et Hiroshima. L'homme européen a proclamé la mort de Dieu et c'est la mort de l'homme qui est advenue et qui se poursuit.

    Croyez-vous que les djihadistes sont des êtres archaïques, fonctionnant avec les codes du Moyen Age ?

    Pas du tout. Les djihadistes sont le parachèvement de la modernité. Leur crime allie le goût de la barbarie et l'exaltation de la technique. C'est la combinaison du sacrifice sanglant et de l'application Periscope (qui permet de diffuser une vidéo en direct via son smartphone, ndlr). Si on ne comprend pas cela, on continuera à dire des âneries! Non les islamistes ne sont pas en transition historique, ils ne viennent pas du Moyen Age, ils sont l'acmé du nihilisme.

    Vous semblez imputer ces attentats à la modernité…

    Je crois qu'il faut bien comprendre que la globalisation consiste en deux mouvements: le premier, centrifuge, qui veut produire un individu cloné à l'échelle planétaire selon un même axe et sur un mode identique ; le second, centripète, qui voit éclater les identitarismes reconstruits, tribaux et claniques à la bordure. La mondialisation, ce n'est pas l'un ou l'autre, mais les deux en même temps. La stérilisation et la virulence simultanément.

    Quelle solution ?

    Ce n'est pas pour rien que les djihadistes assaillent les églises en Orient et désormais en Occident. Ils les attaquent car là, précisément, est la réponse. Celle-ci ne se trouve pas dans les universités, les think tanks ou les ministères. Les djihadistes divinisent la mort. Le carnage est leur prière. La réponse consiste en la démonstration que non seulement Dieu est vivant, mais qu'il est «le Vivant». La réponse est résolument spirituelle.

    Jacques Hamel, ce prêtre octogénaire assassiné, est-il au sens strict un martyr ?

    Qui d'autre le serait, sinon ? Au moment de mourir, il célébrait la messe. Il se trouvait à confesser sa foi. Il a été égorgé comme l'agneau sur l'autel. Si lui n'est pas martyr, alors qui l'est? Les dieux de toutes les religions sont des dieux gagnants. Seul le Dieu des chrétiens consent à apparaître perdant en s'incarnant, en subissant le supplice, en mourant sur la croix. Pour mieux renverser la malédiction qui amertume l'histoire des hommes. 

    Jean-François Colosimo est essayiste et directeur général des Editions du Cerf. Il a récemment signé Les Hommes en trop. La malédiction des chrétiens d'Orient, chez Fayard. - Crédits photo : Jean-Christophe MARMARA

    Guyonne de Montjou           

  • Tant d’amour et de paix, ça laisse muet… Mon antiprofession de foi

     

    Par Jean-Paul Brighelli

    Le talent de Brighelli, sa plume, son esprit, son sens des formules et son intelligence lui font souvent rédiger de petits chefs d'œuvres. Nous ne partageons pas toutes ses idées, mais nous aimons ses chroniques. En voici une avec laquelle nous sommes d'accord; sur un sujet grave, traité avec humour. LFAR 

     

    2918084506.jpgJe ne parlerai pas des martyrs de Charlie. Car je risquerais de parler de l’islam, et l’islam est une religion de paix et d’amour.

    Je ne disserterai pas sur les massacres du Bataclan et d’ailleurs. Car je risquerais de parler de l’islam, et l’islam est une religion de paix et d’amour.

    Je n’évoquerai pas les tueries de Boko Haram, de l’AQMI, d’Al-Qaïda, d’Al-Nosra et d’une foule d’autres groupes d’assassins organisés, en Syrie et ailleurs, au nom du Prophète, sur lui la paix et la lumière. Car je risquerais de parler de l’islam, et l’islam est une religion de paix et d’amour.

    Je ne dirai rien des près de 300 morts tués dans un attentat à Bagdad le 3 juillet, ni des 15 autres tués dans la même ville le 25, ni… Car je risquerais de parler de l’islam, et l’islam est une religion de paix et d’amour.

    Et j’ai eu tort de parler ici-même des infidèles tués au musée du Bardo l’année dernière. Car j’ai pris le risque de parler de l’islam, et l’islam est une religion de paix et d’amour.

    Je ne rappellerai pas, pas même pour mémoire, les centaines de viols perpétrés à Cologne, entre autres, au dernier jour de l’An — bonne année ! Car je risquerais de parler de l’islam, et l’islam est une religion de paix et d’amour.

    Je ne gloserai pas sur les attentats commis en Arabie saoudite, au Yemen, en Syrie, en Irak, en Turquie. Car je risquerais de parler de l’islam, et l’islam est une religion de paix et d’amour.

    Ni même ne comptabiliserai-je les 80 morts de Kaboul de samedi dernier — les derniers dans une très longue liste. Car je risquerais de parler de l’islam, et l’islam est une religion de paix et d’amour.

     

    Ne comptez pas sur moi pour condamner les attentats à la hache, à la machette, et autres procédés ingénieux perpétrés en Allemagne ces derniers jours. Car je risquerais de parler de l’islam, et l’islam est une religion de paix et d’amour.

    De même ne commenterai-je pas l’utilisation d’acide au Pakistan pour défigurer les jeunes filles « impudiques » — la dernière a été étranglée par son frère. Car je risquerais de parler de l’islam, et l’islam est une religion de paix et d’amour.

    Je ne dirai rien, oh non, sur le prêtre octogénaire égorgé ce mardi 26 juillet dans une église normande pendant la messe par deux courageux « soldats » de Daech — tout comme d’autres valeureux combattants de Daech avaient fixé au sommet d’une colonne romaine le corps décapité du conservateur octogénaire de Palmyre — ce sont des hommes qui aiment les vieillards, et ils ont prouvé à Nice qu’ils aiment aussi les enfants. Car je risquerais de parler de l’islam, et l’islam est une religion de paix et d’amour.

    (Parenthèse. Si un vieil imam avait été tué dans une mosquée par deux connards — ce qui serait difficile vu que les mosquées sont le plus souvent protégées, comme les synagogues, le président de la République et le Premier ministre, si prompts à condamner et à combattre le terrorisme, appelleraient déjà à une manifestation monstre contre la montée des périls d’extrême droite, et envisageraient peut-être de dissoudre tel ou tel groupuscule. Et sans doute auraient-ils raison. Mais ils n’envisagent pas, semble-t-il, de dissoudre l’islam, ni de prendre de vraies mesures contre les milliers de terroristes islamistes potentiels français — ou qui se sont invités en France. Car l’islam est une religion de paix et d’amour. Fin de parenthèse)

    Et je ne citerai pas les sourates qui appellent au meurtre des infidèles, par le fer et par le feu. Car l’islam est une religion de paix et d’amour, et seules de méchantes langues propagent ce genre d’information.

    Et si jamais demain je me fais égorger par un illuminé, mes amis, ne mettez pas en cause l’islam. Car l’islam est une religion de paix et d’amour. 

    Jean-Paul Brighelli
    anime le blog Bonnet d'âne hébergé par Causeur.

  • De la double nationalité

     

    Par Louis-Joseph Delanglade

    Publié le 25.01.2016 - Actualisé le 2.08.2016

     

    Si l’on en croit Le Monde, les « Français » seraient plus de cinq millions à posséder une autre nationalité. C’est quand même beaucoup quand on mesure tous les conflits d’intérêts que peut générer un jour ou l’autre une telle situation, la France ne reconnaissant pas juridiquement ce qu’elle considère comme un simple état de fait. Cela dit, hormis état de guerre avec un pays dont de nombreux Français seraient aussi les « nationaux », les risques sont forcément limités à des cas individuels et des situations particulières. Cependant, la double nationalité (et parfois la multinationalité) constitue aussi une anomalie, voire une contradiction flagrante, pour une république qui fait de l’égalité la pierre angulaire de sa raison d’être : si certains « Français » ont des comptes en Suisse, d’autres bénéficient d’une immatriculation auprès de consulats étrangers. Cela rend d’ailleurs possible un véritable détournement : ainsi, aujourd’hui, les trois pays du Maghreb francophone constituent souvent, pour des délinquants ou des terroristes, une base de repli commode. 

    Il se trouve que les plus nombreux, et de loin, des binationaux, sont justement originaires du Maghreb (deux tiers de « bi(s) » dans une « communauté » elle-même largement majoritaire dans l’ensemble de la population d’origine immigrée). Si la mesure de déchéance prônée par l’exécutif est d’abord voulue comme un symbole, provoquant des cris d’orfraie dans la quasi totalité de l’intelligentsia de gauche, c’est bien parce qu’en fait elle concernerait justement ce type de « population ». Pour mettre tout le monde d’accord et être efficace, on pourrait tout simplement, au lieu de la déchéance, appliquer les lois de la guerre : tout Français qui prend les armes contre son pays doit être condamné au pire. 

    Reste la question de fond. Pour M. Legrand (France Inter, 5 janvier), la déchéance proposée « [rompt] la tradition républicaine selon laquelle on ne divise pas la citoyenneté ». Il n’a pas tort, dans la mesure où en France nationalité et citoyenneté se confondent. Dans la réalité, de nombreux Français se reconnaissent aussi dans une autre filiation, en fait culturelle : c’est, bien entendu, le cas de beaucoup de « provinciaux », Français issus des provinces de France et qui cultivent légitimement leur double héritage (on peut prendre comme exemple la « nacioun gardiano » des Camarguais). Toutefois, on l’a dit, cela peut poser problème, un jour ou l’autre, à des étrangers devenus Français et conservant, durant une ou plusieurs générations au moins le souvenir d’autre chose où le culturel côtoie le national : dans certains cas, il faut bien choisir. Une sorte de prévalence doit donc exister. « La nationalité            française est d'abord une allégeance » affirme avec raison M. Zemmour (RTL, 12 janvier). Or, une double allégeance est inadmissible : en ce sens certaines des conventions bilatérales signées par la France sont inacceptables (par exemple que des « jeunes » prétendument « français » puissent accomplir un service militaire en Algérie ou en Israël).  

    Quand les choses ne sont pas simples, c’est au politique de trancher, et s’il le faut dans le vif. Sinon, ce sont les circonstances qui imposeront leur logique. 

  • Et revoilà la guerre froide !

     

    par Gilles Varange

    Les Américains viennent de terminer la construction d’une première base à Deveslu, en Roumanie, la seconde devant être achevée en Pologne d’ici à 2018 : le climat de tension avec la Russie entretenu par Washington place les Européens en première ligne.

     

    2867209962.jpgLes 2 et 3 décembre 1989, trois semaines après la chute du mur de Berlin, les présidents George Herbert Bush (le père) et Mikhaïl Gorbatchev, accompagnés de leurs ministres des Affaires étrangères, se rencontraient au large de l’île de Malte, à bord du croiseur soviétique Maxim Gorki. Durant ces deux journées historiques, les dirigeants des deux superpuissances de l’époque allaient s’efforcer d’éviter que le profond ébranlement subi par le bloc soviétique ne se transforme en une situation incontrôlable susceptible de déboucher sur un conflit planétaire. Le chef du Kremlin, hanté par la menace d’un naufrage économique et déjà résigné à la perte de son glacis est-européen, n’avait plus que deux objectifs en tête : sauver ce qu’il restait de l’Empire et arracher la promesse d’une aide financière massive des pays occidentaux.

    Aussi fit-il d’emblée une concession que son homologue américain n’avait peut-être jamais espérée : il se dit disposé à rapatrier les centaines de milliers d’hommes de l’Armée rouge stationnés chez les satellites européens de l’URSS, quelles qu’en fussent les conséquences politiques, à une unique mais impérative condition. Il exigea du président américain la promesse solennelle que les états-Unis ne mettraient à aucun moment ce retrait à profit pour avancer leurs propres troupes en direction des frontières soviétiques ou pour accepter l’entrée d’anciens pays membres du pacte de Varsovie dans l’OTAN.

    Le secrétaire d’Etat américain et homme de confiance de Bush, James Baker, se serait exclamé alors sur le ton de la plus parfaite sincérité : « Soyez-en certain, nous n’avancerons jamais d’un pouce. Pas d’un pouce ! » De l’aide financière attendue, le pauvre Gorbatchev ne vit jamais un seul dollar. Mais les concessions faites sur le Maxim Gorki, rapidement connues des organes de sécurité soviétiques, lui valurent la défection immédiate des derniers éléments de l’armée et du KGB qui lui étaient restés fidèles. C’est à ce moment-là que le dernier président de l’Union Soviétique signa son arrêt de mort politique.

    Agitation militaire

    Un demi-siècle plus tard, tous les anciens pays membres du Pacte de Varsovie ont adhéré à l’OTAN et – choix hautement symbolique ! – c’est dans cette dernière capitale que Barak Obama a décidé de rassembler l’ensemble de ses féaux européens à l’occasion du sommet annuel de l’Alliance atlantique qui s’ouvrira le 8 juillet. Objectif principal de cette réunion selon le chef de la diplomatie polonaise, Witold Waszczykowski : convaincre les principaux partenaires des états-Unis de la nécessité d’augmenter sensiblement leurs budgets de la Défense de manière à faire face « à la menace croissante d’une invasion russe ». Rien n’a d’ailleurs été négligé, depuis quelques mois, pour accréditer la thèse d’une offensive russe imminente : exercice Cold Response en Norvège du 19 février au 22 mars, avec la participation de 15 000 soldats et d’un énorme matériel.

    Manœuvres communes des armées américaine et finlandaise en mars. Enfin, au début de juin, sur les territoires de la Pologne et des trois états baltes, ex-Républiques soviétiques, organisation des manœuvres dites Anaconda, les plus spectaculaires menées par l’Otan depuis 1989 : 30 000 hommes des unités d’élite de 18 pays, 3000 véhicules, 105 avions et 15 navires patrouillant dans les eaux de la Baltique. Tout ce remue-ménage pour être en mesure de déclarer « opérationnelle », à l’ouverture du sommet de Varsovie, la nouvelle force Fer de Lance à haute réactivité, tournée exclusivement vers l’Est, dont la création avait été annoncée en 2014, au plus fort de la crise ukrainienne.

    Barak Obama avait donné le ton, dès sa rencontre du 25 avril dernier à Hanovre avec les principaux dirigeants européens, en appelant Angela Merkel – traitée tout au long de l’entrevue avec la considération due au chef naturel de l’Europe – à déployer une partie de l’armée allemande en Pologne et dans les pays Baltes ! Il se murmure d’ailleurs que François Hollande a été profondément humilié lors de ces entretiens par l’attitude condescendante affichée à son endroit par le chef de la Maison-Blanche dont il s’est pourtant employé à satisfaire toutes les exigences depuis son accession à l’Elysée.

    Dans une quasi-clandestinité, n’est-il pas allé jusqu’à faire adopter par le Conseil des ministres du 4 janvier 2016, puis par les quelques députés présents dans l’hémicycle du Palais-Bourbon, le 7 avril suivant, un projet de loi permettant la ré-adhésion de la France au protocole de 1952 fixant « le cadre juridique du stationnement des quartiers généraux de l’OTAN et de leurs personnels » ? En fait, ce texte rend à nouveau possible à l’avenir la réinstallation de bases américaines sur le territoire français.

    Dangereuse stratégie

    Cette soumission des Européens à la stratégie de la tension avec la Russie voulue par Washington sera illustrée de manière encore plus éclatante, lors du sommet de Varsovie, par l’annonce du passage sous responsabilité de l’OTAN du « bouclier antimissile » dont les Américains viennent de terminer la construction de la première base à Deveslu, en Roumanie, la seconde devant être achevée en Pologne d’ici à 2018. Le Wall Street Journal a révélé, il y a quelques semaines, combien le transfert des états-Unis à l’OTAN de ce prétendu système antimissile – en lequel Vladimir Poutine voit une menace directe pour la sécurité de son pays – provoquait l’inquiétude de nombreux hauts fonctionnaires français de la Défense qui ont multiplié les avertissements en direction de l’élysée. Pour ces derniers, il ne fait aucun doute que le contrôle effectif de ce « bouclier » de l’OTAN restera exclusivement entre les mains des hommes du Pentagone.

    Les états-Unis œuvrent-ils alors sciemment au déclenchement d’une guerre avec la Russie sur le continent européen que, selon la quasi-totalité des experts, les forces de l’OTAN seraient assurées de perdre en moins de quarante-huit heures ? L’hypothèse apparaît tellement folle que chacun cherche des motifs cachés aux propos bellicistes de Washington : volonté de ressusciter l’ancienne menace soviétique pour restaurer la cohésion d’une Alliance atlantique n’ayant plus vraiment de raisons d’être ?

    Désir de s’assurer le maintien de la servilité des principaux dirigeants européens ? Ou piège tendu au Kremlin pour l’amener à se lancer dans une nouvelle course aux armements au détriment d’une économie russe déjà gravement touchée par les sanctions occidentales et par la chute des prix du pétrole ? En attendant, force est de constater les ravages provoqués par une politique américaine aveugle et sourde aux réalités du monde : tandis qu’un climat de guerre froide se répand à nouveau en Europe, Moscou et Pékin se rapprochent de plus en plus étroitement dans une alliance de fait contre Washington. On a connu des diplomaties plus habiles… 

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  • Défense d'Erdogan

    Erdogan posant dans son nouveau palais d'Ankara

     

    Par Péroncel-Hugoz

    Moins par esprit de contradiction que par goût de la logique, notre confrère risque un petit coup de dent contre les détracteurs systématiques du président Erdogan de Turquie. Cette position peut surprendre ou agacer, mais elle a sa logique. La détestation d'Erdogan par les Systèmes politico-médiatiques bien-pensants occidentaux ne tiendrait-elle pas simplement au fait que son régime est autoritaire, nationaliste et identitaire ? Après tout, sa politique intérieure est son affaire, pas la nôtre. L'analyser suffit à démontrer que la Turquie n'a pas sa place en Europe. Mais avons-nous à la morigéner parce qu'elle entend suivre sa voie propre souverainement ? LFAR     

     

    peroncel-hugoz 2.jpgOutre Daech, ennemi bien réel, l’Occident s’est trouvé deux autres adversaires de taille, peu ou prou fantasmés, eux : le « tsar » Poutine et le « sultan » Erdogan. Laissons le premier, que nous avons déjà défendu ici et attardons-nous quelques instants sur le second particulièrement, criblé de balles médiatiques depuis la tentative de putsch turque de mi-juillet. 
     
    Nombre de mes confrères euro-américains croient insulter Erdogan en le traitant de « sultan » ou en l’accusant d’« ottomanisme », ce en quoi ils tombent à plat chaque fois car le Sultanat ottoman (XVIe-XXe siècles) a été et reste le plus grand moment de gloire, civilisation et rayonnement de l’Histoire turque. Et il est patent que l’immense majorité des Turcs, y compris les républicains, majoritaires depuis Ataturk (au pouvoir à Ankara de 1922 à 1938), sont fiers des siècles ottomans que les écoliers turcs ne sont pas incités à dénigrer, tout au contraire. 
     
    Quant à l’époque actuelle, le régime établi par le parti politique légal d’Erdogan, est régulier par rapport aux impératifs démocratiques. Oui, vous diront des tas d’Occidentaux, mais Erdogan est « autoritaire » … Oh ! le vilain mot ! Faudrait-il que la démocratie turque, que le président Erdogan, soient « mous » ou « faibles » pour plaire aux commentateurs de Bruxelles, Washington, Londres ou Paris ? …  
     
    Même l’opposant intellectuel Nedim Gürsel, dont les romans en français sont lus à travers la Francophonie, a volontiers reconnu sur France-Inter, au lendemain du récent putsch raté, que la grande majorité des Turcs soutenaient  le président Erdogan, y compris son projet de rétablir éventuellement la peine capitale, abolie en 2004, par une décision souveraine d’Ankara. Et la patronne de la diplomatie bruxelloise, la signora Mogherini, a beau tempêter contre ce projet, la Turquie est pleinement souveraine et elle fera ce que décideront son président, son gouvernement et son parlement.  Les 27 Etats-membres de l’Union européenne n’ont plus, eux, cette liberté depuis qu’ils ont abdiqué une bonne part de leurs droits souverains entre les mains de l’obscure, non-élue et toute-puissante « Commission européenne » … 
     
    Ajoutons à ce tableau que la Turquie en est à 6% de croissance annuelle, que ses exportations ne cessent d’augmenter, que son armée est une des meilleures du monde, etc, etc. J’y ajouterai encore l’aura dont jouit la Turquie erdoganienne à travers nombre de pays d’Islam. Chaque fois que je suis pris pour un Turc à Rabat ou Casa, dans un train, un taxi ou un café, avant même que j’ai eu le temps de démentir, je suis couvert d’éloges et de félicitations pour Erdogan et sa politique de dragée haute à l’endroit des Etats-Unis d’Amérique, d’Israël ou de l’Union européenne. Les nombreux Marocains visitant ces temps-ci la Turquie, qui ne leur demande pas de visa, reviennent en général éblouis par la civilisation ottomane, et aussi frappés par l’ambiance de travail, de sérieux, de dignité, de sérénité émanant du peuple turc. Tout cela ne date pas d’Erdogan bien sûr, mais cet homme d’Etat volontariste et nationaliste, a su s’appuyer sur ces qualités populaires pour installer son pouvoir. « Les chiens aboient, la caravane passe … » Ce proverbe est aussi turc. 

    Péroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le 360 du 29.07.2016

  • Le FLNC et les islamistes en Corse : quand l'Etat ne terrorise pas les terroristes...

     

    Non, nous ne soutenons pas l'indépendantisme corse, ni le FLNC. Face au terrorisme, il y a pourtant des choses qui, en certaines circonstances, sont bonnes à dire, qui avertissent les tueurs, qui leur signifient la détermination d'un peuple à se défendre, à répliquer aux agressions. Après tout, peut-être la mise en garde des Corses, dont on sait qu'elle doit être prise au sérieux, évitera-t-elle les drames que nous avons connus, sur le continent. Ou quelques-uns d'entre eux. Cela sera sans-doute plus efficace que les larmes, les fleurs, les bougies et les hommages dont les médias organisent systématiquement et continûment le concert, pour empêcher toute réaction populaire digne de ce nom.  LFAR  •

     

    Ce que le FLNC a dit aux islamistes ...

    « Votre philosophie moyenâgeuse ne nous effraie pas. L'amalgame n'existe que dans l'esprit des faibles et le peuple corse est fort (...) Sachez que toute attaque contre notre peuple connaîtrait de notre part une réponse déterminée sans aucun état d'âme »

  • Politique magazine : c'est aussi un site à lire, consulter régulièrement, faire connaître ...

     

    Couverture du numéro de juillet-août de Politique magazine

     

    Une présence sur le net : le site quotidiennement actualisé  de Politique magazine.

    Ce site - qui correspond parfaitement à ce que doit être la version numérique d'un mensuel de la qualité de Politique magazine - vit, se développe et se renouvelle rapidement. Il s'agit là de toute évidence,  de la réalisation d'une véritable équipe, large, jeune, intelligente et dynamique qui donne à réfléchir sur la politique, l'économie, les idées, l'art et la culture, les faits de civilisation. Bref, il en résulte un site que l'on trouve plaisir et intérêt à consulter régulièrement. Nous lui empruntons souvent ses articles qui nous ont le plus retenus.   

    Politique magazine l'a présenté dans les termes reproduits ci-dessous. 

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    www.politiquemagazine.fr

    Découvrez le site de Politique magazine, mensuel de référence de l’actualité politique depuis plus de 10 ans.

    Fier du succès de son site actuel, Politique magazine entend donner un élan plus puissant à la diffusion de ses idées. Son objectif est clair : faire entendre une voix discordante dans le paysage médiatique monocorde d’aujourd’hui. Au cœur de sa réflexion, la question de la légitimité républicaine. Elle se pose, gravement, face à la succession des échecs des différents gouvernements.

    Pensé pour la commodité et l’agrément de ses lecteurs, vous retrouverez sur ce nouveau site :

    Une information régulièrement mise à jour, autour de trois axes principaux :  

    « Le meilleur des mondes », où figurent des articles sans concession centrés sur l’actualité politique, sociale et économique ;

    « Idées » où sont rassemblés les textes les plus représentatifs de Politique magazine, qui pense que la politique, au sens vrai du terme, fait la sagesse des gouvernements ;

    « Civilisation » où se retrouvent des critiques et commentaires de l’actualité culturelle. 

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