Erdogan posant dans son nouveau palais d'Ankara
Par Péroncel-Hugoz
Moins par esprit de contradiction que par goût de la logique, notre confrère risque un petit coup de dent contre les détracteurs systématiques du président Erdogan de Turquie. Cette position peut surprendre ou agacer, mais elle a sa logique. La détestation d'Erdogan par les Systèmes politico-médiatiques bien-pensants occidentaux ne tiendrait-elle pas simplement au fait que son régime est autoritaire, nationaliste et identitaire ? Après tout, sa politique intérieure est son affaire, pas la nôtre. L'analyser suffit à démontrer que la Turquie n'a pas sa place en Europe. Mais avons-nous à la morigéner parce qu'elle entend suivre sa voie propre souverainement ? LFAR
Outre Daech, ennemi bien réel, l’Occident s’est trouvé deux autres adversaires de taille, peu ou prou fantasmés, eux : le « tsar » Poutine et le « sultan » Erdogan. Laissons le premier, que nous avons déjà défendu ici et attardons-nous quelques instants sur le second particulièrement, criblé de balles médiatiques depuis la tentative de putsch turque de mi-juillet.
Nombre de mes confrères euro-américains croient insulter Erdogan en le traitant de « sultan » ou en l’accusant d’« ottomanisme », ce en quoi ils tombent à plat chaque fois car le Sultanat ottoman (XVIe-XXe siècles) a été et reste le plus grand moment de gloire, civilisation et rayonnement de l’Histoire turque. Et il est patent que l’immense majorité des Turcs, y compris les républicains, majoritaires depuis Ataturk (au pouvoir à Ankara de 1922 à 1938), sont fiers des siècles ottomans que les écoliers turcs ne sont pas incités à dénigrer, tout au contraire.
Quant à l’époque actuelle, le régime établi par le parti politique légal d’Erdogan, est régulier par rapport aux impératifs démocratiques. Oui, vous diront des tas d’Occidentaux, mais Erdogan est « autoritaire » … Oh ! le vilain mot ! Faudrait-il que la démocratie turque, que le président Erdogan, soient « mous » ou « faibles » pour plaire aux commentateurs de Bruxelles, Washington, Londres ou Paris ? …
Même l’opposant intellectuel Nedim Gürsel, dont les romans en français sont lus à travers la Francophonie, a volontiers reconnu sur France-Inter, au lendemain du récent putsch raté, que la grande majorité des Turcs soutenaient le président Erdogan, y compris son projet de rétablir éventuellement la peine capitale, abolie en 2004, par une décision souveraine d’Ankara. Et la patronne de la diplomatie bruxelloise, la signora Mogherini, a beau tempêter contre ce projet, la Turquie est pleinement souveraine et elle fera ce que décideront son président, son gouvernement et son parlement. Les 27 Etats-membres de l’Union européenne n’ont plus, eux, cette liberté depuis qu’ils ont abdiqué une bonne part de leurs droits souverains entre les mains de l’obscure, non-élue et toute-puissante « Commission européenne » …
Ajoutons à ce tableau que la Turquie en est à 6% de croissance annuelle, que ses exportations ne cessent d’augmenter, que son armée est une des meilleures du monde, etc, etc. J’y ajouterai encore l’aura dont jouit la Turquie erdoganienne à travers nombre de pays d’Islam. Chaque fois que je suis pris pour un Turc à Rabat ou Casa, dans un train, un taxi ou un café, avant même que j’ai eu le temps de démentir, je suis couvert d’éloges et de félicitations pour Erdogan et sa politique de dragée haute à l’endroit des Etats-Unis d’Amérique, d’Israël ou de l’Union européenne. Les nombreux Marocains visitant ces temps-ci la Turquie, qui ne leur demande pas de visa, reviennent en général éblouis par la civilisation ottomane, et aussi frappés par l’ambiance de travail, de sérieux, de dignité, de sérénité émanant du peuple turc. Tout cela ne date pas d’Erdogan bien sûr, mais cet homme d’Etat volontariste et nationaliste, a su s’appuyer sur ces qualités populaires pour installer son pouvoir. « Les chiens aboient, la caravane passe … » Ce proverbe est aussi turc. •
Péroncel-Hugoz
Repris du journal en ligne marocain le 360 du 29.07.2016
Commentaires
quand on postule à l'entrée dans l'UE et que sans y être on empoche les subsides (une paille de 4 milliards 8) que nous les européens payons le erdogan est quand même gonflé et mal poli de nous refuser la plus élémentaire des leçons de démocratie et de respect des lois établies par cette même Union Européenne ou alors on rend rubis sur l'ongle l'argent si on ne respecte le reste.La mère kell a décidé seule de les lui attribuer, elle nous engage ipso facto à payer malgré nos difficultés à joindre les 2 bouts. OU ALORS IL ENTERRE LA DECISION D Y ENTRER ET SE DEPECHE DE NOUS REMBOURSER
PH analyse tout a fait justement Erdogan ,l'adhésion largement majoritaire de son peuple,son réalisme,l'enthousiasme qu'il suscite dans les pays musulmans,les qualités des turcs. Tout cela est bien vu. C'EST CE QUI EST GRAVE !
Car Erdogan est notre ennemi! Plus notre ennemi est fort et plus nous devons etre inquiets ,non? Notre ennemi?
Face a l'hallucinante mollesse volontaire,assumée,des dirigeants européens face a l'Islam ,Merkel et Hollande en tete ,il tranche par son volontarisme. Rappelons-nous qu'il est venu en Europe,a Strasbourg notamment,si ma mémoire est bonne,et qu'il a tenu a des masses de Turcs enthousiastes des discours d'encouragement a conserver et conforter leur identité,turque et musulmane ,pointant au passage les faiblesses des européens ,ce que les medias "officiels" ont soigneusement occulté,comme toujours.....
Rappelons aussi que quand la Turquie entrera dans l'Europe , (car elle y entrera ,malgré les gémissements "droitdel'hommesques" des européistes ,dont le destin,emportant hélas le notre,est d'accepter de se faire violer......) par la grace de la constitution turque qui fait un "citoyen turc" de tous les turcophones de la ceinture sud de la Russie ce sont 28O millions de "Turcs" qui seront des "européens" bruxellois
Rappelons enfin la réaction d'Erdogan a qui on parlait "d'Islam modéré" : Cessez de me fatiguer avec ça : il n'y a qu'un seul Islam" . Il pointait bien ainsi que "l'islamisme" et au passage sa version "radicale" sont des fictions commodes inventées par nos dirigeants,intellectuels et médias dans le cadre du "padamalgam".
Erdogan parle et agit droit ,en bon musulman: "becif" ,par l'épée est sa devise ,celle de l'Islam depuis l'origine.
Je suis entièrement d'accord avec l'analyse de M. Péroncel-Hugoz. Au lieu de se préoccuper de leurs intérêts, la France (ou ses média et ses penseurs politiques bien pensants) et la Commission Européenne ne se préoccupent que de dénigrer M. Erdogan pour son autoritarisme et sa façon d'affirmer son leadership en Turquie dont il a, semble-t-il, une vision claire de ce qu'il considère comme étant ses intérêts. Le souci des droits de l'homme, c'est bien mais cela ne dispense pas de se préoccuper des vrais intérêts de la France et de L'Europe (ou ce qu'il reste de l'esprit européen dans la grisaille de l'après Brexit).
En revanche, comme beaucoup d'autres, je ne pense pas que l'intérêt de la France et de l'Europe soit d'intégrer la Turquie dans l'Union Européenne. La Turquie mérite le respect car elle est une grande nation avec une économie dynamique, elle mérite d'avoir accès au marché européen des biens et services mais elle n'a pas sa place dans l'organisation politique européenne dont la force symbolique est très forte. La France et l'Europe subissent une influence musulmane beaucoup trop proéminente depuis une quarantaine d'année. La barrière de notre laïcité française se révèle finalement bien faible pour endiguer ce flot religieux, idéologique, culturel et civilisationnel qui nous submerge. Je crains que le Général de Gaule qui toute sa vie s'était fait "une certaine idée de la France" ne reconnaîtrait pas son idée en voyant la France d'aujourd'hui. La France d'aujourd'hui ne résulte pas d'une politique réfléchie, voulue, consensuelle et assumée dans tous ses effets depuis quarante ans mais d'abandons successifs, les yeux bandés ou fermés.
http://tass.ru/en/politics/893262
L'agressivité qui semble règner - ici et là - contre la Turquie et son Président me semblent tout à fait hors de la réalité du monde actuel. Le fait que Russie et Turquie se rapprochent aujourd'hui, comme Israël et Turquie récemment, et Russie et Israël depuis longtemps, montre que des pays aussi exigeants quant à leur souveraineté que rigoureux en terme de lutte contre le terrorisme ont parfaitement compris qu'il était temps de passer à une autre phase de l'action.