Le royalisme aujourd'hui : Le dossier de Politique magazine (suite)
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L'écrivain de science-fiction et essayiste Maurice G. Dantec, décédé le 25 juin à Montréal, se revendiquait royaliste
Par Louis DURTAL
TÉMOIGNAGES. Il y a différentes façons d'être ou de se sentir royaliste aujourd'hui en France. Rencontre avec quelques monarchistes qui, à travers leurs engagements particuliers, militent pour que leurs idées progressent au sein de la population.
« La monarchie est profondément organique, intrinsèque à la nature même de l'homme : le roi a l'obligation de laisser à ses enfants - à son successeur, à son peuple - la meilleure situation possible », déclarait un jour Thierry Ardisson sur Europe i. L'auteur de Louis XX-contre-enquête sur la monarchie, vendu à 100 000 exemplaires, déroulait ainsi, à une heure de grande écoute, les idées bien connues des royalistes sur le roi arbitre, facteur d'équilibre, la partialité des institutions républicaines, les monarchies européennes qui, par certains côtés, abritent les démocraties les plus modernes, etc. La théorie est séduisante et l'argumentation bien maîtrisée. Pour autant, malgré les sympathies royalistes affichées par certaines personnalités médiatiques à l'instar d'Ardisson, comme Stéphane Bern ou Lorànt Deutsch, militer pour le rétablissement de la monarchie n'est souvent pas très bien perçu.
« DES PROFILS TRÈS DIFFÉRENTS »
« C'est plus facile de se dire royaliste quand on s'appelle Ardisson et qu'on donne par ailleurs des gages en tapant sur l'AF Les militants sont trop facilement caricaturés en arriérés réacs ou en bas du front d'extrême droite », regrette Ingrid, 21 ans. L'ombre de Charles Maurras - qui donna par ailleurs ses meilleurs arguments, les plus rationnels, au royalisme - plane comme un soupçon permanent de pensées inavouables chez ceux qui se réclament des idées royales. « Le système ne fait pas de cadeau », dit la jeune femme qui rappelle que l'histoire est toujours écrite par les vainqueurs. Ingrid vient de terminer un BTS commercial et milite à l'Action française de Lyon après avoir cherché des solutions « à la survie de mon pays » du côté de la section jeunesse du Front national. Mais les réticences du parti au moment de la Manif pour tous la déçoivent. « Je suis passé du FN Marine à l'AF Marion », sourit-elle aujourd'hui, clin d'oeil à la venue de la benjamine de l'Assemblée nationale au dernier colloque du mouvement royaliste. De toute façon, « les militants d'AF ont des profils très différents les uns des autres et ce qui les intéresse avant tout, c'est l'avenir du pays », affirme-t-elle.
De fait, plus que la condamnation de Maurras à la Libération, le problème, explique Jean-Philippe Chauvin, blogueur et figure des milieux royalistes, vient de l'Éducation nationale et de l'image caricaturale qu'elle donne de la monarchie. « Je me bats tous les jours contre certains de mes collègues qui la décrivent comme un système tyrannique et dictatorial. Mais, en France, la République est un conditionnement idéologique, une religion dont le culte s'est construit en opposition à la monarchie », explique ce professeur d'histoire dans un lycée de la région parisienne. Comme si la France était née en 1789, dans une rupture radicale avec son passé, et comme si l'institution royale n'était pas vécue au quotidien par un certain nombre de nos voisins...
EFFICACITÉ POLITIQUE
Cependant, malgré le capital de sympathie dont elles bénéficient généralement, tous les royalistes, loin s'en faut, ne se reconnaissent pas dans les monarchies anglaise, belge ou espagnole où les rois ne gouvernent pas. C'est le cas de Kérygme, 24 ans, qui se dit royaliste, entre autres, pour une question d'efficacité politique. « Hollande a le pouvoir mais pas l'autorité. Il lui faudrait pour cela une légitimité qui lui vienne à la fois d'en bas et d'en haut ». Pour le jeune homme, qui vient de terminer un mémoire de philosophie sur Bergson, être royaliste c'est avoir « l'expérience et la connaissance historique de ce qui marche ou pas en politique ». Collaborateur occasionnel du site catholique Le Rouge § Le Noir, Kérygme fait partie de l'organisation des Veilleurs. Il croit au réinvestissement de la société par la culture et les idées. « Si beaucoup de jeunes royalistes ne votent pas, cela ne veut pas dire qu'ils se tiennent éloignés de la vie politique », explique-t-il. Au contraire. Mais ils se montrent méfiants avec les catégories traditionnelles de droite et de gauche. « Le système royal est bien plus social, moins diviseur, que le système républicain. D'abord parce que roi est l'affirmation de la primauté du bien commun sur les appartenances partisanes ». Un royaliste peut donc se reconnaître dans certaines valeurs plutôt défendues par la gauche, comme la justice sociale ou le refus de la loi du marché. Mais il peut en même temps se reconnaître dans des valeurs de droite, plus anthropologiques, comme celles qui se sont exprimées dans les manifestations contre le mariage homosexuel. Alors, élection, piège à cons ?
ROYALISTE ET CANDIDAT AUX ÉLECTIONS
Blandine Rossand, 53 ans, mère de trois enfants, a mené une liste sous l'étiquette Alliance royale, une formation politique fondée en 2001. Lors des municipales 2014, à Paris, dans le V' arrondissement, elle a obtenu o,6 %, 127 voix. Elle raconte : « j'ai toujours été intéressée par la vie publique. J'ai eu un engagement au RPR avant de faire le constat de l'interchangeabilité des idées des différents partis de droite ou de gauche. Par ailleurs, j'ai toujours pensé que les extrêmes n'étaient pas la solution. Et comme je ne trouve pas l'Action française très constructive, je me suis engagée dans ce tout petit parti, sans moyens, qu'est l'Alliance royale. J'en garde d'excellents souvenirs. Participer à des campagnes électorales agit comme un déclencheur de dialogue. Nous avons même été invités sur un plateau de BFM-TV Quel meilleur moyen de faire surgir la question des institutions dans le débat politique contemporain ? Sur les marchés, quand vous parlez aux gens de la monarchie, du roi, ils ne vous prennent pas du tout pour des zozos ! Au contraire, cela les intéresse, quels que soient leurs bords idéologiques. »
ACCORDS ET DÉSACCORDS
« Il n'y a pas plus rassembleur que l'idée royale », confirme Jean-Philippe Chauvin. Encore faut-il savoir la faire aimer à ceux qui s'y intéressent. Or, au-delà même des questions d'ego, les royalistes semblent parfois se complaire dans les désaccords théoriques et doctrinaux, ce qui n'est pas la meilleure façon de la promouvoir. Le dicton « Deux royalistes font une section, le troisième fait une scission », fait beaucoup rire dans les milieux autorisés... Cela commence par la question du prétendant qui empoisonne le royalisme français depuis les années 80. Alors que la question de la légitimité avait été réglée une fois pour toutes lors de la mort sans descendance du comte de Chambord, dernier héritier en ligne directe de Louis XV, deux branches se disputent aujourd'hui la « primogéniture » sur la couronne de France. La première, dite « légitimiste », est représentée par Louis-Alphonse de Bourbon, petit-cousin du roi d'Espagne Juan-Carlos. Pour ses partisans qui l'appellent « Louis XX », il est l'héritier naturel de la couronne en tant qu'aîné des Capétiens et descendant direct de Louis XIV. Mais l'intéressé, malgré les efforts de l'Institut de la Maison de Bourbon, peine à s'intéresser au pays de ses ancêtres. Banquier international, il vit entre l'Espagne et le Venezuela et n'a que peu de temps à consacrer aux affaires françaises.
L'autre branche, la branche nationale dite « orléaniste », a toujours été considérée comme légitime par la majorité des royalistes français. Elle a pour représentant Henri d'Orléans, comte de Paris, et son fils le « dauphin » Jean d'Orléans, duc de Vendôme. Ce dernier s'est affirmé comme l'héritier de la Maison de France, multipliant les déplacements en France et à l'étranger et publiant un livre d'entretiens, Un Prince français, vendu à des milliers d'exemplaires. Il est soutenu par les deux principaux mouvements royalistes que sont l'Action française et la Restauration nationale (lire l'entretien avec son secrétaire général, Bernard Pascaud).
Verra-t-on un jour le descendant de saint Louis prendre la tête de l'ensemble des mouvements et courants monarchistes ? « Ce n'est pas ce qu'ôn lui demande ! », s'exclame Jean-Philippe Chauvin qui regrette néanmoins l'actuelle discrétion des princes de la Maison de France. Un sentiment qui domine largement aujourd'hui dans les milieux royalistes : « Si les princes ne se montrent pas, l'idée royale ne peut pas prospérer alors que le terreau n'a jamais été aussi favorable. » Et le professeur d'histoire, qui a développé toute une réflexion sur l'écologie et la royauté, de rêver d'un prince se rendant en famille au Salon de l'agriculture. L'héritier des rois de France prenant le temps de sympathiser avec le « pays réel » tandis que défilent les politiques pressés, venus quémander quelques voix sous l'oeil goguenard des caméras... On imagine la portée du symbole. ■
Le Prince Jean d'Orléans, Duc de Vendôme, Dauphin de France, à Dreux
PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN-BAPTISTE D'ALBARET
ENTRETIEN. Plus la chose publique se délite et plus les Français se passionnent pour leur histoire, explique l'historien, journaliste et écrivain, Frank Ferrand*
Comment expliquez-vous la passion des Français pour l'histoire ?
La matière a toujours passionné un large public, au moins depuis le xixe siècle. De grands noms comme Aubry, Lenotre, Castelot, Decaux ont contribué à la rendre populaire et accessible au plus grand nombre. Il n'y a guère que chez les Britanniques que s'observe un même appétit pour l'histoire et, en particulier, pour l'histoire nationale. Nostalgie d'anciens empires coloniaux ? C'est probable. Angoisse sous-jacente, très contemporaine, d'une perte d'identité ? C'est possible. L'histoire est un réconfort, une possibilité de s'évader de la grisaille du quotidien. Pour ma part, je pense qu'elle peut aussi fournir matière à réflexion pour aider à savoir qui nous sommes et où nous allons. Malheureusement, je ne suis pas certain que nos dirigeants aient conscience que l'on construit une conscience collective sur des réussites et non sur des culpabilités.
Vous faites allusion au culte de la repentance pratiqué par un certain nombre de nos dirigeants... N'y a-t-il pas là un paradoxe alors que les Français éprouvent un réel engouement pour l'histoire ?
Ce paradoxe n'est qu'apparent. Une grande majorité des Français s'intéresse aux heures de gloire de notre pays, à sa grandeur, aux « rois qui ont fait la France », mais une petite élite, par prisme idéologique, pratique volontiers l'anachronisme et s'ingénie à dénigrer le passé national ou à moquer son génie propre. C'est dommage. je dirais même que c'est dangereux. Les références collectives nécessaires pour former une véritable communauté nationale ne peuvent se bâtir sur le ressassement de crimes commis dans le passé ! Par ailleurs, je regrette que l'école des Annales ait « ringardisé » la légende du roman national. Contrairement aux apparences, le fait d'apprendre « nos ancêtres les Gaulois » à tous les jeunes Français aurait du sens. Ce serait une façon de réunir tout le monde, quelle que soit son origine, dans une filiation commune et dans l'acceptation d'un destin commun.
Surtout à l'heure où l'enseignement de l'histoire à l'école est très défaillant...
Au-delà même du contenu, beaucoup d'élèves se plaignent de l'ennui qu'ils éprouvent à suivre des cours d'histoire théoriques, abstraits et conceptuels. Je reçois très régulièrement des messages d'adolescents qui me disent en substance qu'ils « n'aiment pas l'histoire » mais qu'ils « aiment mes émissions ». Il est bien évident que ce n'est pas la matière qu'ils rejettent mais la pédagogie en vigueur à l'école, la manière de transmettre. Les gens ont besoin de rêver en écoutant de belles histoires, divertissantes, rassurantes même, surtout dans la période de morosité ambiante. C'est ce qu'ont compris les patrons de l'audiovisuel et les éditeurs qui s'attachent à promouvoir une histoire chronique, narrative, incarnée - celle que certains appellent avec dédain « l'histoire-bataille». D'où l'actuelle recrudescence de l'intérêt des Français pour les émissions, les livres et les spectacles historiques. ■
* Franck Ferrand anime les émissions « Au coeur de l'histoire », du lundi au vendredi de 14h00 à 15h00 sur Europe 1 et « L'Ombre d'un doute », le lundi à 20h45 sur France 3. Son dernier livre s'intitule François Ier roi de chimères (Flammarion, 2014).
Qu'est-ce que la Restauration nationale ?
La Restauration nationale est un mouvement politique français né en 1955 dans la suite des Amis d'Aspects de la France, association qui soutenait le journal du même nom créé dans la lignée de l'Action française. C'est un « complot à ciel ouvert » qui tend à faire comprendre aux Français la nécessité d'un État qui soit le garant de l'unité et de la continuité. Le problème politique majeur reste celui des institutions qu'aucune république successive n'a correctement résolu. La V° République est, comme les précédentes, un régime des partis et l'État n'a cessé de se dégrader. Où trouve-t-on par exemple un symbole fort de notre unité ? Où également une vraie représentation nationale ? La France a toujours besoin d'un souverain, d'un fédérateur et d'un arbitre. C'est pourquoi nous sommes royalistes.
Quels sont ses buts ?
L'amour de la France nous conduits à vouloir rendre possible ce qui est nécessaire : la restauration monarchique. Car demander au système actuel ce qu'il ne peut pas donner, est insensé. Restaurer veut dire instituer, c'est-à-dire faire du neuf, en s'inspirant de ce qui a réussi, en l'adaptant aux exigences contemporaines et en le plaçant dans notre continuité historique. Ce but ultime n'exclut pas la défense quotidienne de l'intérêt français.
Comment est-elle organisée ?
De la façon la moins originale qui soit : un siège à Paris et des fédérations en province qui organisent nos activités. Conférences sur des sujets d'actualité avec des personnalités éminentes, organes de presse et sites Internet contribuent à faire connaître nos analyses et propositions. Un journal éponyme de notre mouvement maintient une liaison avec tous nos adhérents. Ces outils visent à aller à la rencontre de nos compatriotes de plus en plus inquiets de l'avenir de la France et qui souffrent de constater notre division et notre affaiblissement. Il y a dans notre pays un besoin d'espérance inassouvi. Nous leur disons qu'il est bien d'espérer mais qu'encore faut-il espérer juste. ■ PROPOS RECUEILLIS PAR J.B.A.
* Président de La Restauration Nationale
La sensibilité française, en 1789, était déjà formée depuis longtemps, et cent cinquante ans d’apparente réaction contre le passé ne suffisent pas à modifier profondément nos réactions morales, notre conception particulière du devoir, de l’amour, de l’honneur. De sorte que le rythme profond de notre vie intérieure n’est en rien différent de celui d’un contemporain de Louis XVI.
En ce sens on peut dire que tous les Français sont monarchistes comme moi. Ils le sont sans le savoir. Moi, je le sais.
Georges BERNANOS
Nous autres Français (1939)
Par Mathieu Slama Publié le 09/08/2016 à 18h20
Vladimir Poutine et Recep Erdogan viennent de confirmer avec éclat le rapprochement de leurs deux pays. Mathieu Slama, explique ici en lisant Carl Schmitt comment ces deux figures autoritaires sont une réponse à la dépolitisation du monde libéral [Figarovox, 9.08]. Qu'on veuille bien lire cet entretien et l'on comprendra pourquoi nous avons écrit le 27 mai dernier, à propos de son premier livre : « Nous prévenons les lecteurs de Lafautearousseau ; ces réflexions sont importantes. Il faudra être attentifs désormais aux publications de Mathieu Slama ! ». Nous confirmons. LFAR
Il y a quelque chose de très peu surprenant, finalement, dans le rapprochement à l'œuvre entre le président russe Vladimir Poutine et le président turc Recep Erdogan. A y regarder de plus près, et en mettant de côté la relation historique entre la Turquie et les Etats-Unis, la Turquie d'Erdogan a infiniment plus de points communs avec la Russie de Poutine qu'avec l'Occident. Le rapport au sacré et à la tradition religieuse de leurs pays (orthodoxie pour Poutine, islam pour Erdogan), la dimension verticale (voire autoritaire) de l'exercice du pouvoir, le soutien massif (et visible) d'une population mobilisée: ces éléments rapprochent les deux hommes beaucoup plus qu'ils ne les séparent.
On le sait, Poutine a engagé depuis plusieurs années un combat quasi-métaphysique contre la vision du monde occidentale libérale et universaliste. Il estime, non sans quelques arguments valables, que cette vision du monde méconnaît voire méprise ce qui constitue le cœur du politique, c'est-à-dire l'existence de communautés particulières inscrites dans des trajectoires historiques qui leur sont propres.
Il y a dans ce discours, mais aussi plus généralement dans les attitudes de Poutine et Erdogan, des éléments qui font fortement écho aux thèses du grand juriste allemand Carl Schmitt (1888 - 1985), auteur d'un des livres de théorie politique les plus décisifs du XXème siècle, La notion de politique (1932 pour sa dernière version). Précisons, avant de poursuivre, que Schmitt s'est compromis de façon dramatique avec le nazisme, après avoir pourtant défendu la République de Weimar contre Hitler, et ce de façon incontestable au moins jusqu'en 1936.
Que dit Schmitt ? Que le monde libéral méconnaît ce qui est au cœur de l'existence politique : la distinction ami - ennemi, c'est-à-dire la potentialité d'un conflit qui met en jeu l'existence même d'un peuple et d'une communauté. Pour Schmitt, l'individualisme libéral tel qu'il s'est développé en Occident est une négation de la politique car il introduit une « praxis politique de défiance à l'égard de toutes les puissances politiques et tous les régimes imaginables », « une opposition polémique visant les restrictions de la liberté individuelle par l'Etat ». Schmitt en conclut qu'il n'y a pas de politique libérale, seulement une « critique libérale de la politique ». Le système libéral, poursuit Schmitt, exige « que l'individu demeure terminus a quo et terminus ad quem » ; « toute menace envers la liberté individuelle en principe illimitée, envers la propriété privée et la libre concurrence se nomme violence et est de ce fait un mal ». « Le peuple », dans la conception libérale, « sera d'une part un public avec ses besoins culturels et d'autre part tantôt un ensemble de travailleurs et d'employés, tantôt une masse de consommateurs ». Dans cette perspective, « la souveraineté et la puissance publique deviendront propagande et suggestion des foules », c'est-à-dire qu'elles seront décrédibilisées. Avec le libéralisme démarre ce que Schmitt appelle « l'ère des neutralisations et des dépolitisations ». Il n'est pas non plus inutile de rappeler la première phrase célèbre d'un autre ouvrage de Schmitt, Théologie politique (1922) : « Est souverain celui qui décide de la situation d'exception ». Une conception de la décision politique fort éloignée, il va sans dire, de la conception de l'Etat de droit issue des théories libérales européennes.
On comprend bien, à la lecture de cette critique très puissante du libéralisme, combien ces thèses résonnent fortement aujourd'hui. Le monde occidental s'est lentement mais sûrement dépolitisé, refusant de se confronter aux décisions fondamentales par peur de remettre en cause les libertés individuelles (il y a certes des raisons très profondes à cela, notamment les traumatismes liés aux expériences totalitaires du XXème siècle). La souveraineté politique, c'est-à-dire la capacité d'un peuple de décider de son destin historique et de s'opposer le cas échéant à d'autres peuples, a disparu pour laisser place à une conception universaliste du monde dans laquelle chaque individu appartient au genre humain avant d'appartenir à des communautés particulières. Mais, prévient Schmitt, « qui dit Humanité veut tromper ». « Le monde politique », ajoute-t-il, « n'est pas un universum mais un pluriversum » ; le cas contraire signifierait la disparition de l'Etat et du politique - et la domination d'une puissance sur toutes les autres. C'est là tout le cœur du problème de l'universalisme : l'Occident se prétend seul juge de ce qu'il faut faire et de ce qu'il ne faut pas faire, selon ses propres critères. Il suffit de constater la manière dont les Occidentaux réagissent à l'attitude d'Erdogan après le putsch raté - et la manière dont ils jugent, avec une constance métronomique, les penchants autoritaires de Poutine.
Notre propos ici n'est pas de défendre Poutine et Erdogan. Néanmoins, chacun à leur manière (et avec des excès évidents qu'il ne s'agit pas de nier), ils incarnent une vision encore politique de l'histoire humaine. Ils refusent le modèle libéral occidental et assument un certain décisionnisme qui peut entrer en contradiction avec la protection de certaines libertés individuelles. Ils défendent la souveraineté nationale face aux ambitions universalistes occidentales. Erdogan a eu ce mot très symbolique après le putsch raté qui le visait : « La souveraineté appartient à la nation ». Et Poutine avait rappelé il y a quelques années que la souveraineté nationale était une condition de vie ou de mort pour les Russes. Les deux hommes d'Etat construisent une mythologie nationale fondée sur la potentialité du conflit et sur l'irréductibilité des communautés humaines (même si Erdogan, notons-le, retourne habilement contre l'Occident ses propres valeurs démocratiques, comme cette semaine dans un entretien étonnant dans le journal Le Monde).
Schmitt avait cette formule frappante qu'il empruntait à un poète allemand : « L'ennemi est la figure de notre propre question ». Il n'est pas interdit, en effet, d'apercevoir dans Poutine ou Erdogan deux figures-miroirs qui nous confrontent à un immense et terrible renoncement : celui de la politique. •
Par Alexis Feertchak
Les réflexions de Pierre-Henri d'Argenson dans cet entretien pour FIGAROVOX [9.08] pourront être utilement rapprochées des analyses de François Lenglet que nous avons publiées hier. Elles vont dans le même sens. Ici, Pierre-Henri d'Argenson commente la décision de Theresa May de créer un comité gouvernemental chargé de la stratégie industrielle du Royaume-Uni. Il y voit une rupture politique considérable qui met fin aux dogmes libéraux de toute-puissance du marché. Mais qui condamnera aussi, à terme, les rigidités de l'Union européenne. Et plus encore, le dogme mondialiste de répartition planétaire du travail : production manufacturière au Sud, économie dite de la connaissance pour les pays dits occidentaux. Ainsi, le vent est peut-être en train de tourner sur le monde : le monde des idées; mais aussi celui des politiques, des économistes et l'univers entrepreunarial. On nous excusera d'y insister mais ce qui est souligné dans ces entretiens, ce sont des évolutions ou révolutions d'une grande importance - pour nous quasi stratégique - que notre Ecole de pensée active ne peut ni ne doit ignorer. Elles comportent leur dose d'incertitudes mais surtout d'espoir. Ce n'est pas si courant. Lafautearousseau
Après avoir tenu un discours aux couleurs sociales lors de sa nomination à Downing Street, Theresa May a annoncé le 2 août dernier que son gouvernement allait lancer un grand plan de relance et de stratégie industrielles. Que pensez-vous de cette déclaration ?
Theresa May n'a pas précisément annoncé de plan de relance, mais la création d'un comité gouvernemental chargé de mettre en œuvre une stratégie industrielle au service de l'emploi et de la réduction des inégalités (« an economy that works for everyone, with a strong industrial strategy at its heart »). Il ne s'agit donc ni de la traditionnelle relance budgétaire keynésienne ni d'un grand emprunt de soutien aux filières stratégiques, mais de la construction très colbertiste d'une politique économique, pilotée au plus haut niveau de l'Etat britannique, destinée non seulement à rebâtir les fondamentaux de son économie mais aussi à garantir que la richesse créée ne sera pas accaparée par les « privileged few », dixit Mme May.
Cette annonce révèle donc en réalité trois ruptures profondes : la rupture avec le mythe de « l'économie de la connaissance », qui était au cœur de la « stratégie de Lisbonne » des années 2000, et qui pensait illusoirement fonder la croissance de l'Europe sur les seuls biens et services « à haute valeur ajoutée » et transférer sans dommages son industrie aux pays émergents. La rupture avec le dogme libéral attribuant au marché la capacité d'obtenir forcément de meilleurs résultats économiques que la planification étatique. Enfin la rupture avec le darwinisme social anglo-saxon, qui considérait comme légitime que le laisser-faire économique permette aux riches de devenir encore plus riches tandis que les laissés-pour-compte des friches industrielles s'installaient dans le chômage et la pauvreté.
Le Brexit est-il synonyme pour les Britanniques d'un retour en force du volontarisme étatique, en rupture avec l'idée d'un monde politique en retrait en matière économique ?
Concrètement, Theresa May vient de ressusciter le Commissariat général au Plan, ce qui ne manque pas de sel, s'agissant d'un gouvernement conservateur britannique supposément « libéral »… Nous n'y avons pas prêté attention, mais cela fait déjà quelques années que les excès du libre-marché mondialisé sont dénoncés par des intellectuels et des économistes au Royaume-Uni, ainsi qu'aux Etats-Unis, comme en témoignent les succès de Donald Trump et de Bernie Sanders. En 2014, le journaliste James Meek a publié un livre passé inaperçu en France, intitulé Private Island: why Britain now belongs to someone else où il dévoile comment les grands services publics britanniques (poste, réseaux ferrés, eau, logement social, électricité, santé) ont été privatisés au profit d'entités étrangères, avec des résultats globalement désastreux, faisant par-là le procès de vingt années de thatchérisme et de néolibéralisme. Le Brexit n'est donc pas seulement le fruit d'une manipulation populiste tombée sur son jour de chance, mais procède d'un mouvement profond de remise en cause des dogmes économiques sur lesquels les gouvernements libéraux, de droite comme de gauche, avaient assis leurs certitudes. Sans conteste, nous assistons là à une révolution économique et politique.
Les patrons britanniques qui avaient été majoritairement hostiles au Brexit soutiennent ce plan de relance industrielle. C'est notamment le cas de l'Association britannique des fabricants (EEF), la principale fédération patronale de l'industrie britannique. On est loin de l'apocalypse annoncée avant le référendum. Que cela vous inspire-t-il ?
Les patrons britanniques ont évidemment de bonnes raisons de se réjouir, pas seulement pour l'argent public qui sera à un moment ou un autre injecté dans leurs usines, mais surtout parce que cet argent pourra prendre la forme d'aides d'Etat jusque-là interdites par les traités européens. L'objectif affiché par Theresa May est parfaitement clair : redonner à l'économie britannique des avantages compétitifs décisifs dans la mondialisation, y compris, et même surtout, vis-à-vis de ses voisins du continent. En fait, le Brexit ne pose pas tant problème aux Britanniques qu'à l'Union européenne, qui craint dès à présent le jour où le Royaume-Uni, après avoir négocié un accord de libre accès au marché européen, fera en même temps jouer des mécanismes d'attractivité fiscale ou sociale qui ne manqueront pas d'exacerber d'autres velléités de sortie de l'UE.
Le Brexit a immédiatement et symboliquement ébranlé les institutions européennes. Ne peut-il pas y avoir une seconde onde de choc si cette stratégie industrielle volontariste se transforme en succès économique et politique pour le Royaume-Uni ?
Le Royaume-Uni va être observé à la loupe dans les années qui viennent, car ce sera un laboratoire de la renationalisation économique, de la réindustrialisation et des relations commerciales bilatérales. Si le succès est au rendez-vous, le Brexit sonnera le glas du postulat selon lequel la construction européenne ne peut s'accomplir que par l'homogénéisation totale des économies européennes sous la coupe de l'administration bruxelloise (les Etats américains ont, dans de nombreux domaines, des législations distinctes, cela n'empêche pas les Etats-Unis d'être la première puissance économique mondiale). Sur le plan extérieur, le Royaume-Uni va s'engager dans un cycle de négociations commerciales bilatérales où il tentera de préserver au mieux ses intérêts, secteur par secteur. C'est typiquement ce que nous ne pouvons plus faire, dès lors que la Commission impose à tous les Etats-membres des règles de concurrence et des accords de libre-échange qui ne sont pas forcément adaptés à chaque économie. D'une façon ou d'une autre, si la stratégie économique britannique finit par porter ses fruits, le cadre ultra-rigide de l'Union européenne apparaîtra comme intenable à de nombreux pays, à commencer par la France, en particulier si les Britanniques arrivent en sus à rééquilibrer le partage des richesses entre le monde ouvrier et les métiers surrémunérés du digital et de la finance.
Au-delà de la question européenne, n'est-ce pas aussi la fin d'un monde, celui de l'ère ultra-libérale symbolisée par Margaret Thatcher et d'une mondialisation où les pays du Sud sont l'usine du pays et ceux du Nord les gardiens des savoirs et des technologies ?
Oui, nous n'avons que trop tardé à prendre conscience de l'impossibilité de fonder une croissance économique durable sur cette répartition entre la haute technologie au Nord et les usines au Sud. Il y a deux raisons à cela : la première, c'est qu'elle suppose d'accepter, et donc de financer le chômage de masse de tous les gens qui ne trouvent pas leur place dans cette « économie de la connaissance », tout simplement parce que cette dernière nécessite peu de main d'œuvre (et encore moins à l'avenir, avec la robotisation-numérisation annoncée de nombreux métiers). La seconde, c'est que l'avantage technologique durable ne se conquiert qu'à la faveur d'investissements massifs dans la recherche fondamentale, non rentable pour le secteur privé (ce que font les Etats-Unis, entre autres, avec la DARPA). Pour financer ces investissements, vous avez besoin d'un secteur économique traditionnel qui fonctionne bien. Autrement dit, un pays dépourvu de base industrielle ne peut pas maintenir un avantage technologique de haut niveau, même dans les secteurs totalement numérisés. La force des pays émergents est précisément de pouvoir aujourd'hui concurrencer l'Occident sur presque toute sa gamme de produits à haute valeur ajoutée, après avoir aspiré son industrie manufacturière. Nous disposons certes encore d'avantages comparatifs, à commencer par un système éducatif de qualité, associé à une culture entrepreneuriale et créative, mais nous continuons en revanche d'être pénalisés par des schémas idéologiques périmés. •
Pierre-Henri d'Argenson est haut-fonctionnaire, ancien maître de conférences en questions internationales à Sciences Po.
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François Lenglet : Avec Trump et le Brexit, c'est la mondialisation du protectionnisme !
Chers amis,
Un bon nombre d'entre vous ont inscrit leur(s) enfant(s) au camp Maxime Real del Sarte ces dernières années. Je les en remercie.
Certains sont déjà inscrits pour cette année qui promet à son tour, à l'image des précédentes éditions, d'être un succès.
Parmi vous certains me demandent s'il peuvent venir tout le camp ou simplement quelques jours, c'est, bien entendu possible ! Vous êtes les bienvenus, ainsi que vos enfants, vos filleuls, vos neveux et vos nièces, vos amis et les enfants de vos amis... Le Camp Maxime reste un lieu de réflexion politique où un temps de vacances reste toujours agréable à vivre !
Vous trouverez plus loin le programme du camp...
Au plaisir de vous retrouver,
Belle Vie ! Amitiés,
François Bel-Ker
Par Alexandre Devecchio
Le libre-échange tous azimuts est le vestige d'un ancien monde, explique ici François Lenglet [Figarovox, 29.07]. Dans les économies d'après la crise de 2008, le protectionnisme soutenu par les « populistes » l'emporte, selon lui, partout, notamment dans le monde anglo-saxon. Nous étions très critiqués jusqu'à récemment - sans-doute le serons-nous encore - lorsque nous disions que le libre-échange, favorable à certains pays, à certaines époques, défavorable à d'autres ou aux mêmes en d'autres époques, ne pouvait être ni considéré ni imposé comme idéologie ou religion ayant valeur universelle. C'est ce que François Lenglet déclare et démontre dans ce très remarquable entretien. Comme il nous est déjà arrivé, nous le dédions à ceux qui croient que les choses vont toujours dans le même sens. Nous en aurons d'ailleurs de nouveau l'occasion dès demain à propos d'un semblable entretien sur la nouvelle politique de réindustrialisation du Royaume-Uni que Theresa May vient d'annoncer ... On nous excusera d'y insister mais ce qui est souligné dans ces entretiens, ce sont des évolutions ou révolutions d'une grande importance que notre Ecole de pensée active ne peut ni ne doit ignorer. Elles comportent leur dose d'incertitudes mais surtout d'espoir. Ce n'est pas si courant. Lafautearousseau
Donald Trump multiplie les prises de position protectionnistes, que cela vous inspire t-il ?
Il témoigne bien de l'esprit des temps qui est à l'oeuvre. Derrière l'outrance et la caricature, c'est une puissante montée du protectionnisme qui est à l'oeuvre. Je note qu'Hillary Clinton elle-même a pris ses distances avec le libre-échange et la négociation de grands accords commerciaux. Quant à Theresa May, le nouveau Premier ministre britannique, elle pointe elle aussi la nécessité de protéger l'industrie nationale, alors que c'est une conservatrice en principe héritière de Thatcher! C'est une révolution idéologique considérable qui se produit dans le monde anglo-saxon, un changement de logiciel qui rompt avec le libéralisme et le libre-échange. Trump, c'est l'anti-Reagan, et May semble devoir être l'anti-Thatcher. Le besoin de protection s'est substitué au désir de liberté, et encore une fois, le monde anglo-saxon est à la pointe de la mode idéologique. Exactement comme le libéralisme dans les années 1980, le protectionnisme est en train de se mondialiser.
Qu'est-ce qui explique ce retournement ?
La crise financière, qui a donné le sentiment que les règles de l'économie mondialisée n'étaient pas les mêmes pour les petits et les gros. Le besoin de frontières, après une longue période de forte mondialisation, qui a exacerbé les particularismes, qui a accru les inégalités entre ceux qui profitent de l'ouverture, les plus qualifiés et les plus mobiles, et les autres, qui en ont subi les conséquences en terme de revenu et d'emploi; la critique des élites et de tout ce à quoi ils croient. Et enfin un tout bête effet de balancier, qui fait qu'on brûle les valeurs de l'ancien monde, celle de l'ancienne génération, les baby-boomers, au profit de nouvelle valeurs, celle de la génération montante.
Ce sont alors les populistes qui vont profiter de cette révolution idéologique ?
Ce sont toujours les populistes qui repèrent les premiers ces changements dans la demande politique, avant les partis traditionnels. C'était le cas dans les années 1930, et dans les années qui ont suivi le krach de 1873, dans la période dite de «Grande stagnation», consécutive elle aussi à un long cycle libéral, et elle aussi marquée par la réapparition des frontières. Mais en général, les partis traditionnels finissent par comprendre le messages des électeurs, et ils se réapproprient le thème de la protection, avec leurs valeurs humanistes. C'est exactement ce qui se passe au Royaume-Uni, avec la nouvelle orientation des Conservateurs, depuis le Brexit. Ce n'est pas encore le cas en Europe continentale, où la droite et les sociaux-démocrates restent sur leurs options libérales et hostiles aux frontières. C'est pour cela que le populisme continue à marquer des points dans nos pays. Et ce n'est pas fini, en Allemagne particulièrement, où il a une forte marge de progression après les attentats récents.
Les différents traités de libre-échange comme le TAFTA, qui sont en cours de négociation, ont-ils une chance d'aboutir ?
Absolument aucune. Tout cela est mort, ce sont les vestiges de l'ancien monde, comme une ville engloutie. A supposer même que le traité soit signé, il faudrait le faire ratifier dans tous les pays concernés, c'est impensable. L'OMC ne parvient plus à conclure ses grands cycles, et même les accords régionaux sont devenus problématiques: l'âge d'or du commerce mondial est derrière nous. J'observe que la part des échanges dans le PIB mondial n'augmente plus, elle diminue même légèrement. Et la Chine, qui était une machine à mondialiser, va être contrainte de recentrer son économie. Cet âge d'or reviendra sans aucun doute un jour, dans 20 ou 30 ans. Il réapparaît à intervalles réguliers depuis la première mondialisation, lors des Grandes Découvertes du 15ème siècle. Et à chaque fois il est éclipsé, à cause des inégalités et des désordres qu'il provoque.
Sur le fond, le libre-échange est-il meilleur pour l'économie que le protectionnisme ?
C'est très difficile à dire, chaque situation est particulière, tout comme chaque époque l'est. Lorsque les Britanniques abolissent les Corn Laws, en 1846, qui protégeaient le secteur agricole ce n'est ni par philanthropie ni par amour du libéralisme, c'est par pur intérêt: ils choisissent le libre-échange parce qu'il maximise leurs profits, et ils ont raison. A l'inverse, la Chine moderne s'est développée dans un cadre protectionniste à l'extrême, protégeant son marché intérieur. Elle aussi a choisi le système qui maximisait son avantage, qui était très différent de celui des Britanniques au même stade de développement, parce que le monde n'était pas le même qu'au 19ème. En économie, pour parodier une formule britannique célèbre, il n'y a pas de loi éternelle, mais rien que des intérêts éternels. Et des rapports de forces entre les groupes sociaux et lobbys, plus ou moins bien arbitrés par le politique. Chaque option, protectionnisme ou libre échange, a ses victimes et ses rentiers, aucun n'obtient de victoire définitive. •
François Lenglet est éditorialiste économique. Le 1er septembre 2016, il publiera Tant pis, nos enfants paieront ! chez Albin Michel.
Entretien par Alexandre Devecchio
Journaliste au Figaro et responsable du FigaroVox. Twitter : @AlexDevecchio
Par Louis-Joseph Delanglade
Publié le 11.04.2016 - Réactualisé le 10.08.2016
Alors qu'Erdogan menace les Européens de rompre les accords passés sur le traitement des migrants par la Turquie et que la pression migratoire redevient intense en Grèce, en Italie, et, tout particulièrement, à la frontière franco-italienne ...
Le 4 avril, début de mise en oeuvre de l’accord passé entre l’Union Européenne et la Turquie : retour en Asie pour deux cents migrants illégaux tandis que quarante-trois Syriens débarquent « légalement » à Hanovre. Indignation des pancartes droit-de-l’hommistes (« no border, no nation, stop deportation »), indignation qui a le mérite de souligner les enjeux, en faisant de l’Europe un territoire commun où chacun serait, de plein droit, chez soi.
Trois jours après, M. Erdogan menace de ne plus appliquer l’accord si l’Union ne tient pas les engagements pris en mars : reprise des négociations d’adhésion, six milliards d’euros d’ici 2018 et, surtout suppression dès juin 2016 (dans deux mois !) du visa imposé aux ressortissants turcs pour entrer en Europe. Voilà le prix à payer pour obtenir tout simplement que le gouvernement d’Ankara se conforme à ses obligations internationales en contrôlant son propre territoire.
Contrat léonin, donc, et peu glorieux si l’on mesure bien qu’il s’agit d’une sorte d’agenouillement devant des exigences turques fondées sur la seule faiblesse de l’Union. Celle-ci, incapable de prendre la moindre décision politique - et pour cause - préfère sous-traiter au prix fort sa sécurité à une puissance étrangère. Il eût été plus cohérent et plus efficace de signifier, armada navale à l’appui, qu’aucune embarcation chargée de migrants en provenance de Turquie ne serait admise dans les eaux territoriales d’un pays européen, quitte à employer la force et/ou à créer un incident diplomatique
Maintenant, même contesté par certains en Europe et d’une certaine façon pris en otage par la Turquie, l’accord existe. Au moins pourrait-il s’agir d’une sorte de pis-aller, un mauvais accord qui garantit au moins quelque chose valant mieux qu’un statu quo synonyme d’invasion incontrôlée; ou d’un répit honteux qui permettrait de mettre en place des solutions pérennes empêchant effectivement toute forme d’invasion migratoire via la Turquie. Rien ne permet de le penser, l’instigatrice de tout cela étant Mme Merkel : c’est bien elle qui a négocié en secret avec M. Davutoglu, Premier ministre turc, les bases de l’accord final. Essentiellement motivée par les soucis démographiques de l’Allemagne et habitée par sa foi protestante, son objectif est bien de faire venir des centaines de milliers de « réfugiés » proche-orientaux.
De toute façon, fermer la porte turque ne suffirait pas à juguler le flux migratoire. Payer et se soumettre aux conditions d’Ankara reste une manoeuvre purement dilatoire : les Pakistanais, Erythréens ou… Maghrébins auront vite fait, telles des fourmis, de contourner l’obstacle. La Libye leur tend les bras, d’autres pays plus à l’Ouest finiront par suivre. Ce que ne veulent pas comprendre militants « humanitaires » et gouvernements « humanistes » - ou qu’ils comprennent trop bien -, c’est que la vague nomade générée par le tiers-monde afro-asiatique continuera de déferler jusqu’à nous submerger.
Que la solution passe, en partie, par des mesures concernant directement les pays misérables d’où provient le flux migratoire, c’est le bon sens. Encore faudrait-il que nous survivions, ce qui passe par la défense des frontières, les armes à la main puisqu’il le faut. Mais, à moins d’un cataclysme qui dessillerait les yeux de tous, la chose paraît peu probable dans l'immédiat : des imbéciles, soutenus par des « élites » pourries, pourront continuer à brandir leurs pancartes culpabilisant une Europe à laquelle il faut donner mauvaise conscience. Ne plus croire assez en nous-mêmes pour avoir envie de nous défendre : voilà notre culpabilité. ♦
A la frontière franco-italienne le 7 août dernier. La banderole indique: « le problème, c'est la frontière ». - Photo : JEAN CHRISTOPHE MAGNENET/AFP
Le point - édifiant - publié par le Figaro, le 8 août [Extraits]
Après Calais, c'est à la frontière avec l'Italie que ces militants de l'ultra-gauche défendent la liberté de circulation. Des manifestations ont eu lieu ce week-end, certaines émaillées d'incidents.
Les No Borders se sont une nouvelle fois fait remarquer. Cette fois-ci ce n'est pas dans le nord de la France mais à la frontière avec l'Italie, à Menton et Vintimille. Vendredi, ces militants qui prônent l'abolition des frontières avaient encadré une action de migrants qui sont parvenus à entrer de force en France avant d'être arrêtés et renvoyés en Italie. La préfecture a indiqué que 4 militants avaient été interpellés, dont l'un a été placé en garde à vue et un autre reconduit à la frontière.
Samedi, ces mêmes militants ont participé à une manifestation de protestation à Vintimille où des échauffourées ont éclaté. Les militants assurent avoir été reçus par des tirs de gaz lacrymogènes puis pris en chasse par la police. Un policier italien a succombé à un infarctus en marge de ces heurts. « Nous avons appris le décès, de mort naturelle, de ce policier, par les médias. On n'a pas participé à ça », a indiqué dimanche un militant.
Le climat étant monté d'un cran, une manifestation prévue dimanche à Vintimille a été annulée. « Dans le climat de répression et d'instrumentalisation actuels, faire une manifestation aurait été un suicide », a déclaré à l'AFP un des militants No Borders. « Nous ne voulons pas tomber dans le piège, et pour cela nous avons (...) opté pour un sit-in en défense des personnes ‘en voyage' qui sont enfermées » à Vintimille, ont ajouté les militants.
Dimanche, plusieurs groupes de Français ont rejoint les militants italiens.
À Vintimille, les No Borders veulent défendre la liberté de circulation et dénoncer un « système d'apartheid » dans la mesure où selon eux les voyageurs blancs franchissent la frontière sans encombre alors que les migrants, tous originaires d'Afrique sub-saharienne, sont bloqués.(...)
Refus de la hiérarchie
Ce groupuscule est apparu en Allemagne dans les années 90. Depuis 2009, il apporte un soutien inconditionnel aux migrants de Calais qui souhaitent rejoindre la Grande-Bretagne. Les activistes aident ainsi les migrants à s'installer, à entreprendre des démarches administratives et ouvrent parfois des squats pour les accueillir. D'après le ministère de l'Intérieur, qui surveille le mouvement, ces anarchistes sont d'origine française, allemande et hollandaise. La presse outre-Manche évoque également la présence de nombreux militants britanniques dans leurs rangs.
A priori, No Border ne fait mention d'aucun organigramme et refuse le principe même d'une hiérarchie.Il s'agit davantage d'un réseau transnational d'activistes que d'un groupe véritablement organisé. Le Monde rappelait qu'il est « difficile de décrire cette mouvance dont les membres fuient la presse ». Comme l'indique leur nom, ils se battent principalement pour l'éradication des frontières et la distinction entre « citoyen et non citoyen ».
Leur présence à Calais ? : « Un ensemble d'activités variées qui a pour but de construire la résistance face aux agressions policières, d'éveiller les consciences sur la situation calaisienne, de montrer notre solidarité avec les migrants, et tout simplement d'essayer de rendre la vie des gens un peu plus facile », lit-on sur leur blog.
Rue 89 rapportait que les militants filmaient depuis 2009 les interventions policières, « pour avoir des preuves en cas de bavures mais surtout pour témoigner du harcèlement policier dont sont victimes les migrants et les militants ». Une compilation d'images qui ont permis à l'organisation de saisir en 2011, le Défenseur des droits, qui a enquêté sur le sujet et publié, en 2012, un rapport dénonçant des violations des droits des migrants.
« Ils essaient d'endoctriner les migrants »
Il n'empêche, ces activistes sont mal vus des associations locales, notamment dans le Calaisis. « Les No Borders sont une nuisance. Ils essaient d'endoctriner les migrants. (...) Pour Emmanuel Agius, premier adjoint au maire de Calais, ces « gens de bonne famille qui connaissent le droit sur le bout des ongles pour mieux contourner la loi », utilisent les migrants « pour servir leur cause ».
Début novembre 2015, après une série de heurts avec les forces de l'ordre, le mouvement avait été critiqué par le gouvernement. « Il y a des militants No Borders qui ont été identifiés (...) qui profitent du désarroi, de la détresse de ces migrants, qui instrumentalisent cette détresse, et les poussent à faire n'importe quoi», avait indiqué sur France Info le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Pierre Henry Brandet. Pour ce dernier, ces militants « poussent les migrants à l'émeute, à des violences envers les policiers, à essayer coûte que coûte d'arrêter des camions sur la rocade pour pouvoir passer en Angleterre ». •
Le centre aquatique des Pennes-Mirabeau renonce à accueillir l'association qui s'adressait aux femmes en tenues islamiques. Le maire appelle à la vigilance face à la multiplication de ce type d'événements.
D'un commun accord, le sénateur maire de la commune des Pennes-Mirabeau, dans les Bouches-du-Rhône, Michel Amiel, et le responsable du parc aquatique SpeedWater Park, sont convenus de ne plus louer le centre à l'association Smile 13. La journée prévue par ce groupe de femmes le 10 septembre avait suscité une virulente polémique politique.
De son côté, l'association Smile 13 a publié un communiqué de presse, samedi 6 août, sur sa page Facebook : « Nous sommes tristes et inquiètes d'assister au déferlement de haine raciste, de grossièretés et de menaces dont nous sommes la cible »
Ce qui devrait arriver ? Tout simplement, la multiplication de ce genre d'événements, la montée en puissance de la provocation.
Il y a dix ans que Lafautearousseau prévoit et annonce la libanisation de la société française.
Nous y sommes. Allons-nous vers la soumission ou la résistance ?
Lafautearousseau •
par François Marcilhac
Il y a « une ligne infranchissable : l’Etat de droit » : les Français peuvent être rassurés. Notre Premier matamore, dans un entretien au Monde, a défini, le 29 juillet dernier, la frontière qu’il ne saurait être question de franchir en Hollandie pour lutter contre le terrorisme islamique. C’était trois jours seulement après l’égorgement rituel d’un prêtre célébrant la messe, dans la banlieue de Rouen ; quinze jours après le massacre de Nice, qui avait fait quatre-vingt-quatre morts.
Certes, l’immense écho rencontré dans la société française par l’assassinat d’un prêtre en pleine messe a révélé combien celle-ci est encore marquée par le catholicisme, ce qui, au milieu de la douleur et par-delà la légitime colère, est un signe d’espérance. Car si toutes les victimes de l’islamisme ont, en tant que telles, un droit égal au respect, le fait que, symboliquement parlant — et nous employons cet adverbe à dessein —, l’assassinat d’un prêtre soit ressenti dans sa dimension spécifique et ait même contraint, ne serait-ce que pour des raisons politiques, François Hollande à se rendre à Notre-Dame de Paris, montre combien notre pays est toujours marqué, dans son essence même, et en dépit de tout, par le baptême qui fut à l’origine de sa naissance.
On peut évidemment penser à Paul Reynaud faisant la même démarche en pleine débâcle, le 19 mai 1940, à la tête du gouvernement. Et s’il est vrai que nous n’avons à opposer que ces mantras que sont la « démocratie » et l’ « Etat de droit » comme armes de destruction massive aux cinquièmes colonnes de l’Etat islamique tapies dans « nos quartiers » et prêtes à intervenir sur simple injonction, alors c’est aussi la figure du général Gamelin qui nous vient à l’esprit. Car comment lutter, en se contentant d’invoquer une telle ligne Maginot intellectuelle et morale, contre cet ennemi intérieur que quatre décennies de folle politique migratoire a introduit chez nous, et qu’une politique extérieure erratique a conduit à se révéler comme tel ? D’autant que c’est au nom de ces mêmes principes que la droite puis la gauche ont déstabilisé la Libye et aidé à la déstabilisation du Proche-Orient, libérant un monstre islamiste qui ne demandait pas mieux pour surgir de ténèbres... fort peu épaisses.
Qu’on ne s’y trompe pas ! Nous ne réclamons pas la disparition de nos libertés fondamentales, même si nous envisageons comme intellectuellement possible une restriction temporaire de l’exercice de certaines d’entre elles, comme cela s’est toujours pratiqué en temps de guerre. Encore faut-il avoir un État à la fois capable de prendre ces mesures et de le faire dans le seul souci du Bien commun. Comme le rappelait Jacques Sapir dans nos colonnes, fin juin, la dictature, à Rome, était une magistrature peut-être exceptionnelle, mais, comme telle, conforme à l’ « Etat de droit » — il en est ainsi, sous la Ve république, de l’article 16, de la loi martiale,... et de l’état d’urgence.
Du reste, si celui-ci est devenu une mascarade dans la lutte contre les islamistes, puisque tous les terroristes qui sont passés à l’acte étaient connus de nos services de renseignement, il n’est pas impossible que l’exécutif ne finisse par s’en servir dans son propre intérêt, c’est-à-dire contre les patriotes, surtout si, à la faveur de nouveaux massacres, il le prolonge en 2017, année électorale. Dans Le Figaro des 30 et 31 juillet, Natacha Polony n’hésite pas à demander : « n’est-ce pas ce que certains espèrent : l’action folle d’un militant d’extrême droite, ou d’un simple citoyen indigné perdant son sang-froid, qui permettrait de brandir le spectre du racisme et de réduire au silence aussi bien les candidats à la primaire de la droite [...] que les intellectuels courageux » — au rang desquels elle se place — « qui appellent à la résistance par la laïcité, l’intégration et la transmission » ? On a tout lieu de le craindre lorsqu’on entend Manuel Valls ou tel autre hiérarque socialiste reprocher à la droite parlementaire d’être en voie de « trumpisation » quand elle propose pour lutter contre le terrorisme islamiste des mesures « démagogiques » qui s’affranchirait du sacro-saint « État de droit ». La ficelle est un peu grosse, mais que ne peut-on pas faire avaler à un peuple que de nouveaux attentats traumatiseraient gravement ? La majorité légale socialiste sait pratiquer l’amalgame lorsqu’il s’agit d’invoquer l’unité nationale pour mieux diviser les Français et diaboliser tous ceux qui proposent une autre politique de lutte contre l’ennemi intérieur.
Ou font mine de proposer. Car ne nous y trompons pas : les mesures préconisées par la droite parlementaire sont de l’esbroufe, puisque cette dernière a montré, lorsqu’elle dirigeait l’Etat, combien elle était soumise aux diktats de la Cour européenne des droits de l’homme qui, aussi bien pour elle que pour Manuel Valls, définissent précisément ce qu’il faut entendre par « Etat de droit » et « démocratie ». Imagine-t-on que, retournant aux affaires, cette droite molle et lâche, dont les promesses d’autorité n’ont jamais engagé que les nigauds d’électeurs qui croient toujours en elle, romprait avec un catéchisme qui fait le fonds de commerce et du Conseil de l’Europe et de l’Union européenne, deux instances supranationales avec lesquelles l’actuel pays légal ne veut pas rompre, surtout en matière d’immigration ou de droits fondamentaux ...des criminels ?
Si nous quittons, en ce début du mois d’août, ces zones pestilentielles de la démagogie politicienne, sans savoir toutefois, avant que nous ne reprenions la plume début septembre, combien de nouveaux morts nous devrons compter, force est de reconnaître que les lignes bougent en profondeur. Et que des réponses commencent à être apportées aux interrogations sur l’état du pays. C’est le cardinal Vingt-Trois dénonçant le 27 juillet, dans son homélie à Notre-Dame sur le martyre du père Hamel, le prêtre assassiné, le « silence des élites devant les déviances des mœurs et la législation de ces déviances . [...] C’est sur cette inquiétude latente que l’horreur des attentats aveugles vient ajouter ses menaces. » C’est Jacques Juillard qui, suivant les traces de Renan, regrette que la France ne soit « devenue intellectuellement et moralement le maillon faible de l’Europe. » Elle « ne sortira du marasme actuel, fait d’angoisse et d’incertitude, que par un renouveau intellectuel et moral. » Et ce républicain de gauche d’ajouter : « Jeanne devant le Dauphin, Clemenceau devant le Parlement, de Gaulle au micro de Radio Londres n’ont qu’un seul et même message : oui le royaume de France existe ; oui la République existe. Oui, la France existe. » [1]
Il nous appartient à nous aussi d’assumer l’histoire de France dans sa totalité, tout en sachant que la tradition est critique. Peu s’aperçoivent, sous les tabous qui demeurent encore, de la révolution intellectuelle et spirituelle aujourd’hui engagée. Nous y participons au plan politique : tel est le sens, chaque année, de notre université d’été, où nous définirons, fin août, dix axes de salut national, pour retrouver les vrais fondements de l’amitié française. Comme le déclare Mgr le comte de Paris, dans l’important entretien qu’Il a bien voulu nous accorder : « Le multiculturalisme est un leurre dangereux, dont le résultat serait une “bouillabaisse” sans espoir et l’éradication des racines de notre civilisation. » Nous en subissons aujourd’hui les conséquences sanglantes. Mais le renouveau sera au bout de l’épreuve, si, du moins, nous savons espérer et lutter.
[1] Le Figaro des 30 et 31 juillet 2016
L’Action Française 2000 [Editorial]
Un commentaire de Jean-Louis FAURE
Reçu le 7.08. Un de ceux qui méritent d'être repris pour être lus de tous. Il y est question de notre publication d'un article de Gérard Leclerc : « Le courant pour une “écologie humaine” a désormais son manifeste » LFAR
Belle recension de Gérard Leclerc qui incite à se jeter sur cet ouvrage. Celles et ceux qui lisent régulièrement Tugdual Derville dans France Catho savent la croisade qu’il conduit contre ce que Gérard Leclerc a ramené avec juste raison au nihilisme.
J’ajouterai simplement que l’écologie politique telle qu’elle s’est épanouie en France est à base de trotskisme révolutionnaire, usant de toutes les techniques de l’agitprop. Les attaques contre la Vie ne sont pas les plus voyantes, mais les plus sournoises certainement. Le sujet a été rapidement phagocyté par les puissances financières, celles là même que les écolos prétendent combattre.
Une information récente a pris très peu de place, sans rapport avec ses énormes conséquences : la famille Rockefeller a officiellement annoncé qu’ils se désengageaient du pétrole pour investir massivement dans la transition énergétique. Quand on a observé les moyens de propagande considérables mis en œuvre pour organiser la COP 21 à titre d’exemple (opération de pur showbiz) on pouvait se douter que des investissements financiers étaient à l’œuvre, fut ce pour promouvoir des options réellement farfelues.
Nous avons déjà écrit plusieurs fois pourquoi il est insensé d’incriminer l’action humaine dans le changement de climat. En rappelant qu’une échelle géologique est de l’ordre de 20.000 ans, qu’à la fin de la dernière glaciation, il y a 20.000 ans le niveau de la Méditerranée était de 147 m au dessous du niveau actuel comme l’a prouvé la découverte de la grotte Cosquer, le différentiel de masse d’eau étant dans les glaces. Les mêmes groupes de propagande, le GIEC et ses relais en particulier n’hésitant pas à une présentation fausses de résultats de mesures.
Mais il convient d’isoler les conséquences économiques d’un délire électoraliste (la bille reviendra à sa place …), des atteintes mortifères portées à la Vie. Il faudra beaucoup plus de temps pour en évaluer les dégâts. Sans doute deux générations de vingt ans. En plusieurs occasions autour de ce triste spectacle, le professeur Rémi Brague nous a livré de belles dissertations sur l’imposture et le contresens entretenu sur le mot « progrès » ; c’est la clé de voute de ce scientisme suicidaire. •
A lire dans Lafautearousseau ...
Gérard Leclerc : « Le courant pour une “écologie humaine” a désormais son manifeste »
par François DAVIN
Une réaction sur laquelle on pourra débattre
En 1973, Raspail avait prophétisé, avec Le camp des saints, cette invasion massive, par la mer, de grappes humaines que les nouveaux collabos appellent des migrants (!), dans leur aveuglement insensé et criminel, produit de leur idéologie universaliste, alliée aux intérêts bassement marchands, misérablement mercantiles, du grand capital....
En 2015, c'est Houellebecq qui fit une autre prophétie, dans Soumission : par fatalisme, acceptation ou lassitude, ou parce qu'ils n'ont décidément rien à lui opposer, toute une partie de la nation accepte l'élection d'un président musulman, et la France s'islamise... Les forces en action dans le pays pour détruire notre civilisation vieillissante ont fissuré le système politique jusqu'à provoquer son effondrement, mais cette implosion se produit sans réels soubresauts, sans vraie révolution, se développe comme un mauvais rêve.
On en est là avec la décision hautement significative de Martine Aubry : elle capitule en rase campagne, alors que nous sommes en guerre, nous dit-on, et que l'on ne peut pas faire un pas dans la rue sans croiser deux bérets rouges, trois bérets verts, quatre chasseurs alpins, et j'en passe... Alors que nous vivons - ce qui est ridicule car contradictoire - un état d'urgence « habituel » et alors que nos forces de l'ordre sont épuisées par le maintien d'un ordre qu'elles ont, justement, de plus en plus de mal à maintenir, face à l'ennemi, dont la cinquième colonne est chez nous, bien implantée, grâce à la trahison des « élites » (!) depuis les mortifères décrets Chirac de 1975 sur le regroupement familial. Suivra l'action ininterrompue du parti immigrationniste dont je parlais plus haut...
Martine Aubry envoie un signal fort à l'ennemi, le Califat terroriste islamique : vous avez gagné, parce que nous avons peur. Et, comme nous avons peur, nous mettons un genou en terre. Cette décision significativement défaitiste de Martine Aubry est à la fois une trahison et une stupidité : trahison, je viens de le dire; stupidité, car elle encourage les terroristes à commettre d'autres attentats, puisque « ça marche » !
Les Corses - dont nous avons dit ce qu'il fallait, à savoir que nous ne soutenions ni le terrorisme du FLNC ni le désir d'indépendance d'une poignée d'agités - n'ont pas eu cette réaction de peur : ils ont, au contraire défié les terroristes. Ils les ont même avertis ... Les Basques ont maintenu leurs superbes Fêtes de Bayonne, et les Bretons leurs merveilleuses Nauticales de Brest et leur non moins merveilleux Festival interceltique de Lorient. Pour ne pas sombrer dans la vulgarité, mais pour être tout à fait clair et compris du grand nombre, je me contenterai de dire - à la place de ce qui me vient spontanément à l'esprit : voilà des Français « qui en ont » - Martine Aubry n'a pas eu ce courage-là, et, dans sa capitulation trouillarde et collabo, elle embarque toute la Province des Flandres avec elle, qui, certes, mérite mieux.
Bien sûr, je sais qu'il est difficile, pour les responsables, de maintenir de telles manifestations; et facile pour un quidam de dire qu'il faut les maintenir. Qu'il se passe dans la Braderie maintenue ce qui s'est passé à Nice, et on me traitera d'inconscient. Mais l'argument est faux, : d'abord, rien ne s'est passé à Bayonne ni en Bretagne, pour les manifestations dont j'ai parlé; mais surtout, depuis la déclaration de guerre des musulmans terroristes, nous sommes tous, individuellement et collectivement, en danger de mort. Où que nous allions, quoi que nous fassions, et même si nous restons chez nous, sans rien faire. Je suis en danger de mort permanent quand - sans rien changer de mes habitudes de vie car ce serait faire gagner les terroristes - je continue à aller à la messe, à faire mes courses, à aller voir mes amis ou les recevoir chez moi, ou partir avec eux en balade, à aller à la plage : bref, à vivre, tout simplement, en disant « merde à Daech » (comme Ferré chantait « Merde à Vauban » ...).
Donc, le choix est simple : ou bien on arrête de vivre libres, avec les risques que l'ennemi nous fait courir à tout moment, individuellement et collectivement; et on fait ce qu'a prophétisé Houellebecq : on se soumet à l'Islam terroriste. C'est le choix lâche et honteux de Martine Aubry : elle avait déjà donné un coup de couteau dans le dos à notre économie avec ses folles 35 heures obligatoires; elle vient maintenant de donner un coup de couteau dans le dos à tout « le Nord » : coup de couteau économique, d'abord, mais aussi et surtout, moral et mental...
Soit on résiste. En acceptant, le cas échéant, puisque guerre il y a, de mourir; mais, au moins, ce sera « cara al sol », « face au soleil », comme le chantaient les libérateurs de l'Espagne en 1936, dont nous avons parlé récemment, à l'occasion du 18 juillet, date anniversaire de leur soulèvement salvateur... Et non après une lâche capitulation, en rase campagne, à la Martine Aubry.
Il faut choisir : être résistant ou collabo. J'espère que notre choix est fait... •