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  • Livres • Réarmer la France

     

    par Nicolas Julhiet

     

    Rioufol-385x600.jpgIvan Rioufol, plume bien connue des colonnes du Figaro, revient avec un nouvel essai après De l’urgence d’être réactionnaire en 2012. Le titre, La guerre civile qui vient, est aussi provocateur que le précédent. Là encore, pour l’auteur, il y a urgence : la France – comme l’Europe – est face à un péril comme elle n’en a plus connu depuis longtemps : celui de l’islam radical, le « totalitarisme du XXIe siècle ». Les récents attentats ayant rythmé l’actualité, en France, depuis l’affaire Merah en 2012 jusqu’à ceux de novembre 2015, n’en sont, pourtant, que la sanglante partie émergée.

    Toute la face immergée est sondée et analysée par l’essayiste. Il faut voir la longue série des causes : l’abandon de toute politique sérieuse d’immigration au niveau national, qui devrait passer par un contrôle renforcé des arrivants ; la démission des élites face au péril islamiste : « la classe politique, seule ne fera rien. Elle ne croit plus en la France », prévient Ivan Rioufol ; la percée des islamistes radicaux et des islamologues complaisants, partout en Europe ; le travail de désinformation réalisé par les progressistes aveuglés par leur idéologie.

    Ce sont des dizaines d’exemples que l’auteur utilise pour appuyer sa démonstration ; les prodromes sont déjà là de cette « guerre civile qui vient ». Tous les ferments sont, pour lui, réunis. Est-ce, dans ces conditions, un énième essai apocalyptique, destiné à prendre la poussière comme tant d’autres ?

    Eh bien, non ! Ivan Rioufol cherche à trouver des parades, à entretenir l’espoir que cette « guerre civile » peut être évitée, que l’heure appartient aux « insoumis », comme il les nomme, qui doivent se lever : « Le temps est venu pour eux de tenir tête aux démolisseurs de la nation, aux nouveaux conquérants et à leurs porteurs d’eau. » Mais le salut ne viendra, pour lui, ni de l’État, ni de la classe politique, encore moins d’un homme providentiel. « C’est à la société civile elle-même, forte de ses expériences, de ses expertises et de ses indignations » que revient cette lourde charge.

    Notre pays ne peut plus s’offrir le luxe du temps et du choix : « la France, blessée, meurtrie, est à un moment charnière de son destin », avertit Ivan Rioufol. Il invite donc les Français à se réarmer et à se préparer à l’affrontement qui pourrait survenir. Ce sursaut d’optimisme ne prétend pourtant pas échapper à la réalité. La guerre est déjà là et elle ne fait que commencer. 

    La guerre civile qui vient, d’Ivan Rioufol, éditions Pierre-Guillaume de Roux, 198p., 19 euros. 

  • Cinéma • Les Visiteurs 3 ou le vrai visage de la Terreur, vus par Jean-Christophe Buisson

     

    Jean-Christophe Buisson a vu Les Visiteurs 3 - La Révolution. Il estime que Jean-Marie Poiré et Christian Clavier ont pris le parti inédit et courageux de se saisir à bras-le-corps de cette page sombre de l'histoire de France. Sans complexe ni manichéisme [Figarovox - 7.04]. Jean-Christophe Buisson est homme de goût et de jugement. Il n'affiche pas grande inclination pour la période révolutionnaire. Pas plus que nous qui lirons son avis avec attention et ... sympathie.  LFAR 

     

    PHOace7ebf0-cac5-11e3-ae1d-fb39e4002cc5-300x200.jpgDepuis 1870 et l'instauration de la République en France, la Révolution a plutôt bonne presse. Le mot lui-même est synonyme universel de progrès, de nécessité, d'avancée, qu'il concerne un nouveau médicament, la mécanisation des outils agricoles ou les régimes alimentaires. Politiquement, il sonne comme une promesse d'avenir radieux : même le maréchal Pétain, instituant pourtant un régime aux accents résolument contre-révolutionnaires, se sentit obligé de reprendre le terme, invitant la France à se lancer dans une « Révolution nationale ». Et nous ne parlons pas d'Hitler et de sa « révolution nationale-socialiste »… Quant à l'événement lui-même, bien que Lénine, Trotski, Mao, Pol Pot et quelques autres dictateurs sanguinaires s'en fussent réclamés à corps et à cris (surtout ceux de leurs millions de victimes), il n'en garde pas moins, dans les livres d'Histoire comme dans la classe politique ou médiatique dominante, auréolé d'un prestige certain. 1789, c'est neuf, donc c'est bien.

    Bien sûr, une école de pensée contre-révolutionnaire qui va de Louis de Bonald à Charles Maurras s'est attelée, depuis deux siècles, à insister sur ses noirs aspects et ses fâcheuses conséquences. Mais la somme de ses réussites (droit de vote, Droits de l'Homme, abolition de l'esclavage, établissement d'une Constitution, création d'une Assemblée nationale, émancipation des Juifs, liberté de la presse, etc.) est jugée supérieure à celle de ses désagréments (guerre civile en Vendée, guerre contre la moitié de l'Europe, destruction des communautés traditionnelles, confiscation ou destruction des biens du clergé, loi Le Chapelier interdisant les regroupements professionnels et la grève, etc.). Cette vision globalement positive de la Révolution a conduit les cinéastes à la représenter, à de rares exceptions près (le sublime Le Duc et l'Anglaise, d'Eric Rohmer) de manière globalement positive. La Bastille vidée plutôt que les prisons remplies. La joie illuminant le visage des paysans libérés du servage plutôt que la grimace des propriétaires et des prêtres sur le point d'être raccourcis. Des foules qui réclament du pain plutôt que des têtes. La terrine plutôt que la Terreur.

    Dans Les Visiteurs - La Révolution, Jean-Marie Poiré et Christian Clavier, coauteurs du scénario, ont pris le parti inédit et courageux de se saisir à bras-le-corps de cette page sombre de l'histoire de France. Sans manichéisme, sans faux-fuyants, sans complexe. Leur film est un divertissement qui s'appuie sur une tragédie - c'est souvent une excellente recette (voir La grande vadrouille, La Vache et le prisonnier, Monsieur Batignole, etc.). Il débute en janvier 1793 et court jusqu'à la Grande Terreur. On y voit (furtivement mais réellement) des prêtres et des nobles de tous âges emprisonnés, puis conduits à l'échafaud comme des bêtes à l'abattoir. On y voit des hommes et des femmes dont la seule ambition révolutionnaire est de s'emparer du bien des anciens possédants pour en profiter à leur tour, quitte à substituer une inégalité sociale à une autre. On y voit des bourgeois confisquer le processus révolutionnaire pour chiper la place des aristocrates. On y voit un Robespierre glaçant, sinistre, terrifiant (remarquablement interprété par Nicolas Vaude) décider, en compagnie de ses amis du Comité de Salut public réunis autour d'un bon dîner au champagne, qui, demain, méritera la mort (« exterminer les ennemis », disait l'un de ses zélés membres, Couthon, annonçant par là quelques génocides futurs…). On y voit, en face, un preux chevalier du XIIe siècle pétri de valeurs qui ont pour noms courage, honneur, noblesse d'âme (Godefroy Amaury de Malefète, comte de Montmirail, d'Apremont et de Papincourt, dit le Hardi et alias Jean Reno) refuser la fatalité et préférer risquer sa vie que salir son nom en cédant, comme d'autres, à une mode égalitariste et progressiste qui est la négation de son éducation et de son statut de fidèle vassal de Louis VI le Gros. On le voit, à l'annonce de la mort de Louis XVI, se jeter à genoux et réciter le Pater Noster après avoir crié « Le Roi est mort, vive le Roi! ». Pui s'échapper de prison en assommant ses gardes pour gagner Paris afin de libérer Louis XVII de sa prison du Temple et « remettre le Dauphin sur le trône ». Puis s'étonner sincèrement de se retrouver face-à-face à un Noir habillé aux couleurs de la Révolution (« Les Sarrasins sont parmi nous ! »). Et enfin, écrasé par la puissance ennemie, décider de revenir dans son château pour le reprendre, les armes à la main, à ses nouveaux propriétaires car « si tu perds ta terre, tu perds ton âme ».

    Autant de scènes et de formules qui, bien sûr, font hurler les si prévisibles thuriféraires habituels de Robespierre et de la Terreur. Ils trouvent bien entendu ce film « réactionnaire ». Quitte à oublier la somme considérable de saynètes du film ridiculisant (donc dénonçant) aussi les familles d'Ancien Régime engoncés dans leurs rites et leurs mentalités parfois détestables. Mais pour ces gens-là, sur ce sujet-là, il ne saurait être question d'objectivité, de neutralité, d'honnêteté intellectuelle, d'équilibre, de mesure. Leurs slogans n'ont pas changé depuis deux siècles : pas de liberté pour les ennemis de la liberté, la vérité est révolutionnaire, etc. Montrer la Révolution sous son jour sanglant aussi, c'est forcément être suspect d'antirépublicanisme, d'antipatriotisme, de révisionnisme. Même s'il s'agit de cinéma. Même s'il s'agit de la réalité historique. Mais ils n'aiment pas la réalité. Ni celle d'hier ni celle d'aujourd'hui. C'est à cela qu'on les reconnaît. 

    Jean-Christophe Buisson

    Jean-Christophe Buisson est journaliste et écrivain. Il dirige les pages culture et art de vivre du Figaro Magazine. Il est notamment l'auteur d'Assassinés (Perrin, 2013).

  • Des flots ininterrompus

     

    par Jean-Baptiste d’Albaret

     

    A l’heure où nous bouclons ce numéro, les terroristes ont encore frappé. Trois jours après l’arrestation du dernier responsable en vie de la tuerie du 13 novembre à Paris, Salah Abdeslam, l’aéroport et le métro de Bruxelles ont été visés par des attaques meurtrières. C’est-à-dire que les terroristes, en dépit d’une présence policière massive, ont frappé, dans une sorte de riposte, le cœur du quartier européen de la capitale belge. Ainsi est l’ennemi islamiste : tapi au sein des populations, trouvant refuge dans des quartiers où il est protégé, il peut frapper n’importe où, n’importe quand, avec une rapidité d’exécution sans faille. L’idéologie dominante qui, il y a peu encore, osait parler d’« actes isolés », de « loups solitaires », voire même de simples « déséquilibrés », vole en éclat de façon dramatique. La vérité, c’est que le djihadisme, structuré et organisé, possède des réseaux et des relais partout en Europe. Nos élites dirigeantes ont laissé prospérer un communautarisme islamique en se voilant la face pour ne rien voir. Pour ces bonnes âmes, l’islam n’est-il pas la religion des réprouvés ? Leur responsabilité est aujourd’hui écrasante. Du renversement de Kadhafi, au moment même où le monde arabe implosait sous le coup de « printemps » prétendument « démocratiques » mais qui bénéficièrent d’abord aux islamistes de toutes obédiences, à la gestion de la crise syrienne, aboutissant au financement et à l’armement de groupes islamistes radicaux à seule fin de faire tomber Bachar al-Assad, le même humanitarisme manichéen a prévalu pour aboutir à ce désastre. Désastre consommé avec la décision abracadabrante et unilatérale d’Angela Merkel d’inviter tout le monde en Europe, provoquant un exode massif vers le Continent.

    Plus encore que la menace d’un Brexit, la crise migratoire pourrait porter le coup de grâce à une Europe qui ressemble de plus en plus à une citadelle assiégée, hérissée de barbelés. On le lira dans les pages de ce numéro de Politique magazine. Après 1,25 million de migrants en 2015, 250 000 sont déjà arrivés en Europe depuis le début de l’année, dont 150 000 en Grèce selon l’Organisation internationale pour les migrations. L’Allemagne d’Angela Merkel prévoit ainsi d’accueillir jusqu’à 3,6 millions de personnes d’ici à 2020 ! Loin de se tarir, le flot migratoire continue de jaillir sans interruption.

    Ce n’est pas l’accord signé le 18 mars entre Ankara et l’Union européenne qui résoudra le problème tant il paraît d’ores et déjà voué à l’échec. Pays en faillite et à l’état déficient, la Grèce n’a évidemment pas les moyens de fermer la « route de la mer Egée » ni de contrôler efficacement ses frontières. Organiser le renvoi systématique des arrivants vers la Turquie, même avec l’aide de l’Union européenne, est tout simplement pour elle une « tâche herculéenne », comme l’a dit, dans un trait d’humour involontaire, le président de la Commission, Jean-Claude Juncker. Et c’est Erdogan qui se frotte les mains ! Une fois de plus, le régime turc, passé maître dans l’art du double-jeu, roule les Européens dans la farine.   

    Au terme de cet accord – concocté en toute opacité, selon son habitude, par Angela Merkel –, la Turquie empoche 6,6 milliards d’euros, en principe destinés à financer l’accueil des quelques 2,7 millions de réfugiés qu’elle abrite déjà sur son sol. Mais elle repart aussi avec la promesse d’une libéralisation des visas pour ses compatriotes et d’une prochaine réouverture des négociations d’adhésion à l’Union européenne. Pendant ce temps, ses forces armées continuent de massacrer les Kurdes qui sont nos alliés dans la lutte contre l’état islamique. état islamique qui vient de revendiquer les attentats de Bruxelles. Comprenne qui pourra… 

    Rédacteur en chef de Politique magazine

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    Avril 2016 - Editorial

  • « La bien-pensance ou l'aveuglement démocratique » vus par Les Echos

    « Combien d'attentats, combien de tragédies faudra-t-il encore avant que l'on ouvre les yeux ? » C'est la question que pose le philosophe dans le livre « Contre la bienveillance ». - Photo Shutterstock
     

    Les Echos, où règne naturellement l'idéologie libérale, ont publié le 1er avril, signé de son rédacteur-en-chef, Daniel Fortin, l'article inhabituel qu'on va lire. Il traite du dernier ouvrage d'Yves Michaud, Contre la bienveillance, où se trouvent vigoureusement remis en cause quelques uns des dogmes fondateurs de la doxa régnante. Nous ne les énumérons pas : on les retrouvera au fil de l'article. Certes, il ne s'agit pas  d'autre chose que de « revenir aux conditions strictes de l'appartenance républicaine », ou encore au « contrat social des Lumières », mais on verra comment, en matière de diplomatie, de lutte contre l'islamisme, de dénonciation des bons sentiments, y compris droits-de-l'hommistes, le philosophe et son commentateur brisent les tabous et finissent par pointer, à travers nos élites défaillantes, droite et gauche confondues, la perversion de nos démocraties. Daniel Fortin explique ainsi la démarche du philosophe : « A sa manière, il est le produit d'une autre radicalisation en marche. Celle de la sphère intellectuelle française. » De cette évolution de la sphère intellectuelle française, nous traitons, ici, depuis de longs mois. A travers de fort nombreux ouvrages, articles, ou déclarations de toutes sortes. Les lecteurs de L'Avenir de l'intelligence reconnaîtront que se met ainsi en place l'une des conditions essentielles de toute éventuelle renaissance française. Acceptons-en l'augure.  Lafautearousseau.   

     

    h15_logo_echoshome.jpgPour le philosophe Yves Michaud, notre modèle démocratique, pétri d'une vision morale du monde, n'a plus les moyens d'affronter les menaces actuelles. 

     

    Imaginons un instant l'accueil que l'on aurait réservé à ce livre il y a seulement quelques mois. Représentons-nous l'effet qu'auraient produit des phrases comme : « L'islam ne pourra être accepté sans réserve que le jour où il reconnaîtra explicitement et inconditionnellement démocratie, pluralisme, liberté d'expression… » ; ou encore : « Le fait du fondamentalisme nous force à prendre conscience que l'accès automatique, somnolent et passif à la communauté politique ne peut plus avoir cours et doit faire place à un serment civique… » Que n'aurait-on glosé alors sur des propos réactionnaires, stigmatisants, droitiers, indignes de notre démocratie ouverte et tolérante ? Aujourd'hui, rien de tout cela. Yves Michaud, l'auteur de ces phrases, peut désormais cogner à son aise sur notre naïveté « droits-de-l'hommiste », sur notre démocratie des « bons sentiments », sans que ça lui vaille le moindre procès en sorcellerie.

    A sa manière, il est le produit d'une autre radicalisation en marche. Celle de la sphère intellectuelle française face à la répétition de l'innommable sur notre sol ou chez nos proches voisins : « Charlie », Bataclan, Bruxelles, d'autres encore. Combien d'attentats, combien de tragédies faudra-t-il encore avant que l'on ouvre les yeux ? C'est la question que pose le philosophe dans le livre « Contre la bienveillance », à mettre entre les mains de tout candidat à la future élection présidentielle.

    Yves Michaud est l'un des fondateurs de l'Université de tous les savoirs en 1998. Plutôt de gauche tendance chevènementiste, même s'il juge désormais périmés les traditionnels clivages politiques. Sa conviction, dit-il, il l'a forgée bien avant la nouvelle vague terroriste qui a frappé notre pays. Mais celle-ci l'a plus que confortée. Selon Yves Michaud, notre modèle démocratique, imbibé d'une vision morale du monde, pétri de bienveillance, animé par l'émotion, n'a plus les moyens d'affronter les menaces d'aujourd'hui : la montée du fondamentalisme religieux, celle du populisme et le désordre des nations. « Nous avons affaire à une situation fondamentalement nouvelle, en complet basculement, qui rend caduques nos manières anciennes de penser. La crise d'une situation est toujours aussi une crise des concepts pour l'appréhender. »

    Nommer les choses

    Dans son collimateur, un Parti socialiste aseptisé, à court d'idées, bêtement bien-pensant, asséché par ses années de hollandisme sans vision. Pas de pitié non plus pour Bernard-Henri Lévy et Bernard Kouchner, responsables d'une vision trop « humanitaire » d'un monde où seuls les rapports de force doivent fonder les politiques. Requiem, aussi, pour une droite déboussolée par la montée du populisme d'extrême droite, qu'elle tente de trianguler en le suivant sur des terrains aussi spongieux que l' « identité nationale » chère à Nicolas Sarkozy alors à l'Elysée.

    Yves Michaud, lui, a pris le parti de mettre les mots sur les choses, de les nommer, quitte à choquer. Les attentats en France ? Arrêtons de parler de « loups solitaires », écrit-il. « L'islam sunnite, en attendant le moment où il deviendrait tolérant et s'ouvrirait à la critique, est aujourd'hui une religion obscurantiste, intolérante et antidémocratique. » Le populisme ? Le fruit de multiples fractures (jeunes/vieux, français de souche/immigrés, riches/pauvres, personnel à statut/travailleurs précaires, jeunes éduqués/jeunes délaissés) qu'on a laissé prospérer faute de vouloir regarder la réalité telle qu'elle est.

    La conséquence est double : le vote extrême progresse et, surtout, il touche toutes les catégories sociales selon les fractures auxquelles il répond. Ce qui rend d'autant plus datée une réponse « de gauche » ou « de droite » aux problèmes. Le chaos géopolitique ? Il creuse la tombe d'une politique étrangère romantique qui veut, par exemple, que la France soit la seule nation européenne à engager des troupes sur les théâtres militaires étrangers alors que nos voisins se contentent de missions humanitaires.

    A bien des égards, Yves Michaud flirte avec les lignes. A force d'en découdre avec notre aveuglement démocratique, à force de désigner les ennemis de notre société, à force de s'en prendre aux élites, on finit par s'interroger : n'est-il pas lui-même atteint par ce mal populiste dont il dresse le constat ? Et, au fond, où veut-il vraiment en venir ?

    L'auteur, heureusement, ne se contente pas d'un énième pamphlet sur la perversion de nos démocraties. Sa proposition est toute simple : il faut en revenir aux conditions strictes de l'appartenance républicaine, réaffirmer que l'état de citoyen confère des droits mais aussi des devoirs. Bref, ressusciter le contrat social des Lumières, qui n'était nullement un blanc-seing, mais un engagement autour de valeurs communes. Ce livre dérange, car il nous met en face d'une culpabilité que l'on commence seulement à exprimer. Il contient à coup sûr quelques ingrédients sur lesquels pourront être à nouveau réunies les conditions d'un vivre-ensemble, pour parler comme la gauche morale. 

    Daniel Fortin
  • Retour sur André Bercoff et « ma cabane au Panama...»

     

    Par Jean-Louis Faure

    Repris des commentaires [7.04] à propos de l'article d'André Bercoff, publié dans Lafautearousseau, hier, jeudi, 7 avril.

     

    Un peu de technique

    La masse de documents qui a été « pompée » des ordinateurs de Mossack Fonseca signe une opération demandant de très gros moyens informatiques. Si d’origine privée, nécessairement financée, mais plus probablement décidée par les Services d’un Etat, ou peut être les deux en collaboration. Autre signature, l’informatique de Mossack Fonseca est ultra sécurisée, il faut donc des moyens d’attaque très sophistiqués, sachant que la protection chez ces « avocats » a été installée par des entreprises étrangères …

    Un peu de géographie

    Quand on va se promener à Panama, on est dans une colonie américaine. Un côté très émouvant pour des Français : le cimetière en bordure du canal où reposent nos compatriotes qui ont laissé leur vie dans le projet irréalisable de monsieur de Lesseps (construire un canal à niveau des deux océans).

    Un peu de politique

    Quand on traite des affaires à Panama, on découvre très vite que la finance et le courant d’affaires sont entre les mains de la communauté de monsieur Soros …

    Un peu de bon sens

    La maison Mossack Fonseca est très connue de tous les services juridiques et financiers des grandes entreprises de par le monde, il n’y a donc aucun scoop. Contrairement aux vociférations organisées par l’immonde, ils offrent avant tout un service de domiciliation visant à masquer les opérateurs réels dans des négociations où ils ne veulent pas apparaître. La fuite fiscale est assez secondaire.

    Un peu d’histoire

    Rien d’illicite. Avec des adresses aux iles Tortola pour être encore plus étanche. Très utilisé par tous les Services spéciaux du monde, assurant une coupure nette entre un pays commanditaire et un coup tordu. Que faisait le trésorier de la campagne de Hollande, Jean Jacques AUGIER, aux iles Caïmans ?

    Des écrans off-shore furent la technique de voyous utilisée par le Crédit Lyonnais pour flouer Tapie dans la vente d’Adidas (voir un excellent résumé dans Wikipédia : Bernard Tapie charge le Crédit lyonnais de vendre Adidas ; la banque se livre à une expertise minutieuse de l'affaire, et réalise que sa valeur est certainement bien supérieure au prix minimum demandé par Bernard Tapie dans son mandat (plus de deux milliards de francs). L'état-major de la banque conçoit donc un plan : se porter acquéreur d'Adidas, au prix minimum demandé par Bernard Tapie, et revendre la société au prix fort et à son seul profit par la suite, via des sociétés offshore (iles Caïmans) pour préserver l’anonymat des opérations.

    Si l’enquête sur les affaires de Cahuzac n’avait pas été bâclée (le même couple Van Ruymbeke – Jean Veil qui a œuvré contre Kerviel), on aurait trouvé que l’ami Jérôme a corrompu toute l’administration de la Santé au profit des plus grands labos français.

    Nous rejoignons André Bercoff sur la consternante niaiserie au sommet de notre pauvre pays.

    Sur ce sujet comme sur tellement d’autres, la communauté journalistique est absolument au dessous de tout.

  • La Semaine de MAGISTRO, une tribune d'information civique et politique

     

    MAGISTRO Adossée à des fondamentaux politiques avérés, Magistro, une tribune critique de bon sens, raisonnée et libre, d'information civique et politique. 

    A tout un chacun

    Philippe BILGER Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole  La douleur et la peine sont perpétuelles !

    Du côté des élites

    Paul RIGNAC  Essayiste, écrivain  L’inversion des valeurs

    Jacques BICHOT Economiste, démographe, Professeur émérite à l'Université Lyon 3 - Ancien président de Familles de France   La loi n’est pas un bon instrument de gouvernement

    Ivan RIOUFOL  Journaliste politique  Les vrais responsables du malheur belge

    Maxime TANDONNET  Haut fonctionnaire, ancien conseiller pour les affaires intérieures et l’immigration au cabinet du Président de la République  Le déni d'un massacre antichrétien

    En France

    Roland HUREAUX  Essayiste   Hollande dans l'engrenage de la guerre

    Avec l'Europe

    Gérard-François DUMONT   Recteur, démographe, Professeur à la Sorbonne  Migrations, géopolitique

    Antoine ASSAF  Ecrivain philosophe franco-libanais  Quel avenir pour l'Europe avec l'islam radical ?

    De par le monde

    Jean SALVAN   Officier, général de corps d'armée (2S)  Terrorisme et finances

    Françoise THIBAUT Professur des universités  De Bogor à Auckland

    Jean-Luc BASLE    Economiste, ancien directeur de Citigroup New York    Stagnation séculaire et attentats islamistes

    Transmettez, Faites suivre, partagez ... 

  • Syrie : une lettre-témoignage du prince Jean de France

    Messe d'accueil au patriarcat grec-melkite catholique de Damas

     

    Le Prince Jean fait part dans la lettre ci-après de son récent voyage en Syrie où il vient de passer la semaine de Pâques. Le Duc de Vendôme, déjà engagé pour les chrétiens d’Orient, a accepté l’invitation de Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, initiateur de ce voyage.

     

    david-niviere5.jpgLe chemin de Damas


    « Aidez nous à rester chez nous ». C'est par ces mots que les chrétiens de Syrie accueillent la délégation d'une quarantaine de personnes menée par monseigneur Rey en Syrie et dont je fais partie. Cinq jours de rencontres qui resteront profondément gravés dans mon âme.

    Cette semaine pascale nous mène de Damas à Homs en passant par un certain nombre de villages chrétiens le long de la frontière libanaise. C'est une zone stratégique plutôt stable que l'armée et ses affiliés, dont le Hezbollah, ont reprise au printemps 2014, après trois ans de combats qui ont laissé des traces, même si ici ou là subsistent quelques poches islamistes.

    Commencer par Damas où Saint Paul a été baptisé n'est pas anodin, la Syrie est le berceau des communautés chrétiennes. C'est le patriarche grec-melkite catholique Grégoire III Laham, un homme de 84 ans, mais portant la joie et la determination sur son visage, dans ses gestes et ses paroles, que nous rencontrons le premier jour. Tous les évêques et les prètres avec lesquels nous parlons ensuite sont taillés dans le même roc joyeux, pasteurs de leurs brebis dans les difficultés et les moments d'espérance.

    Yabrud, Qusayr, Rableh, Maaloula, Sednaya, des villages chrétiens - araméens, grecs, arméniens, syriaques, ... - catholiques ou orthodoxes, tous détruits, où les familles ont onnu le martyre. C'est le cas d'Antoine, à Maaloula, exécuté pour sa foi sur le perron de sa maison, devant sa femme Antoinette. Je lui ai promis que notre petite Antoinette prierait pour elle et sa famille. Elle a commencé hier.

    « Aidez nous à rester chez nous, pour repartir à nouveau, reconstruire nos lieux de vie. dans un pays stabilisé ». Après trois ans de guerre, depuis le printemps 2014, les familles se réinstallent. C'est d'abord le prêtre ou l'évêque qui revient et ensuite autour de lui les familles chrétiennes et les quelques familles musulmanes qui ont vécu en paix avec les chrétiens. Les églises sont reconstruites, les maisons et les écoles aussi. Que des beaux visages joyeux, pleins de vie et d'espérance, celle du Christ ressuscité.

    Si je peux terminer ainsi ce court témoignage, je souhaite remercier monseigneur Rey pour son invitation, SOS Chrétiens d'Orient pour l'organisation de ces rencontres et les personnes de la délégation pour les échanges que nous avons eus, en particulier toute cette jeunesse engagée, qui m'ont permis de vivre intensément cette semaine pascale auprès de nos frères syriens. 

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    Domaine Royal de Dreux, le 4 avril 2016

     

    Photos reprises du site Prince Jean de France

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    Le patriarche Grégoire III Laham et Monseigneur Rey

     

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    Village détruit de Qusayr

     

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    Maaloula, village où Antoine est mort pour sa foi chrétienne

     

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    Chantier de reconstruction de la cathédrale Notre Dame de la Paix à Homs

     

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    Une famille chrétienne qui s'est réinstallée à Qusayr

     

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    Le Duc de Vendôme dans une rue désertée de Homs

     

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    Vue de la Vallée des Chrétiens au pieds du Krak des Chevaliers

     

    PRINCE JEAN DE FRANCE

  • André Bercoff : « Ma cabane au Panama...»

     

    Par André Bercoff

    HUMEUR - André Bercoff s'amuse de la réaction de François Hollande au scandale Panama Papers. « Est-il normal que le chef de l'Etat découvre le pot aux roses après sa divulgation ? », s'interroge-t-il [Figarovox, 5.04]. Il constate surtout « l'étendue illimitée des inégalités » au coeur d'un Système qui prétend pourtant les avoir abolies ... Il y a 227 ans déjà, une nuit d'août 1789. Bien-sûr, il n'en était rien. On n'abolit pas la nature humaine. On ne peut y substituer que des leurres. LFAR 

     

    photo.jpgQue j'aime le son des boîtes de Pandore ouvertes au bout des clés USB. Ma cabane au Panama est désormais exposée à tous vents. En neuf mois, des centaines de journalistes regroupés dans une association financée notamment par Georges Soros et autres philanthropes, ont accouché d'une montagne de documents et de noms plus ou moins propres : optimisation ou fraude fiscale, telle n'est plus la question. Chefs d'Etats et hommes politiques, artistes et modèles, sportifs et bureaucrates, princes et émirs, dictateurs et démocrates, ils sont des milliers à avoir fui les législations de leurs pays respectifs pour les rivages ensoleillés des océans protecteurs et des îles miraculeuses, afin de garder la plus grosse part de leur magot. La démarche en forme d'évasion était connue depuis fort longtemps, mais en l'absence d'une gouvernance mondiale qui relève encore de l'utopie, force est de reconnaître que la nature humaine ayant horreur du vide, surtout financier, elle a inventé les paradis fiscaux, substituts sonnants et trébuchants quand on n'est pas sûr de sa propre survie dans l'au-delà du Paradis céleste. Ce qui est nouveau, c'est le coup de fouet du numérique et des hautes technologies, qui ont donné une sacrée accélération à la transparence dans tous les domaines. Julian Assange et Edward Snowden, parmi d'autres, ont déjà démontré qu'il suffisait de la bonne manipulation d'un simple employé, pour dévoiler des dizaines de milliers d'informations ultra confidentielles. Puissance et abîmes de l'Internet.

    Mais l'un des bonheurs de cette nouvelle et massive exposition du blanchiment mondial, est, comme d'habitude, la réaction de François Hollande. Le président de la République n'a pas attendu longtemps pour signifier sa satisfaction quant à la publication de ces bonnes nouvelles. Cela va nous permettre, a-t-il dit en substance, de poursuivre et condamner les fraudeurs, et partant, faire rentrer de l'argent dans les caisses de l'Etat qui, comme chacun sait, en a bien besoin. Et de conclure l'exercice de satisfaction par un hommage appuyé à ceux qui ont soulevé le couvercle de la machine à laver: « Il faut protéger les lanceurs d'alertes ; ils font un travail utile et prennent des risques ».

    L'intervention hollandaise appelle plusieurs remarques. La première, c'est qu'il est pour le moins étonnant qu'un chef d'Etat découvre le pot aux roses après la divulgation. N'a-t-on pas eu, aux cimes de l'Elysée, les moyens de savoir ce qui se passait, quelques jours au moins avant le scoop ? Deuxièmement: faut-il à chaque fois se précipiter pour faire un commentaire, quitte à mélanger une fois de plus les fonctions présidentielles et simplement chroniqueuses ? Enfin, comment l'exécutif se permet-il de donner des ordres au judiciaire, en annonçant que des poursuites sont d'ores et déjà engagées ? Nous qui croyions naïvement à la séparation des pouvoirs, en sommes, comme d'habitude, pour nos frais.

    Porochenko l'Ukrainien et Salman le Saoudien, Cahuzac et Platini, des Syriens et des Russes, le Premier ministre islandais et un cadre du Front National, sans compter les centaines d'identités à venir : cet inventaire à la Prévert ne devrait tout de même pas être la forêt panaméenne qui cache l'arbre européen. A deux pas de chez nous, la Belgique et le Luxembourg demeurent des paradis tout à fait convenables. A l'intérieur de l'Hexagone, les avantages fiscaux prodigués à des corporations diverses et variées montrent encore l'étendue illimitée des inégalités. Avant de rejoindre le chœur des vierges de l'indignation à bons comptes secrets, balayons vigoureusement devant notre porte. 

    André Bercoff           

    André Bercoff est journaliste et écrivain. Son dernier livre Bernard Tapie, Marine Le Pen, la France et moi est paru en octobre 2014 chez First.

  • Marseille : conférence du Cercle Algérianiste jeudi 7 avril ... C'est ce soir !

     

    Hubert Ripoll.pngHubert Ripoll est né à Philippeville et est arrivé à Toulon, en 1962, à l’âge de quinze ans. Psychologue et professeur d’université, il étudie la psychologie de personnes exceptionnelles : sportifs, artistes, inventeurs, créateurs… « Puis un jour cela m’a pris, contre toute attente, alors que, depuis toujours, mes recherches m’avaient emporté ailleurs. Il m’a fallu refaire le chemin et pour cela comprendre. Seul, face à moi-même, la route était trop ardue, semée d’embûches. Il m’a fallu passer par d’autres, exilés comme moi. Trois générations : Celle de mon père, la mienne et celle de mes enfants. » Mémoire de là-bas a permis à un grand nombre de lecteurs de retrouver leur trace et de mettre leurs pas dans ceux des anciens. Le livre a été Lauréat du Prix politique de l’année 2012 de la fondation Edgar Faure et Prix Jean Pomier 2015 du cercle algérianiste.

    Hubert RIPOLL présentera Mémoire de là-bas Il nous entrainera au cœur de la mémoire de trois générations de pieds-noirs afin de comprendre comment s’est transmise notre histoire. Une unique occasion d’établir un dialogue, rarement abordé, entre les anciens et leur descendance.

    Plus de cinquante ans après notre exode, « Mémoire de là-bas » donne enfin les clés qui permettent de comprendre l’exil d’un pays qui n’existe plus et la transmission de la mémoire entre les générations.

    Hubert Ripoll dédicacera son livre à la suite de la conférence. 

    Information : La journée festive du Cercle algérianiste de Marseille se déroulera le Jeudi 19 Mai à BERRE l’ETANG dans une grande propriété privée avec MECHOUI au repas. Prix : 22€/personne – Rendez-vous sur place avec possibilité de co-voiturage.

  • Syrie : Un voyage spirituel hautement symbolique conduit par Mgr Rey ... Le prince Jean dans les pas de Saint-Louis

    « Divine liturgie » à Damas © Charlotte d'Ornellas

    par Annie Laurent  

    Pour Lafautearousseau, Annie Laurent a bien voulu rédiger ses impressions de voyage. Un voyage, on va le voir, « en tous points exceptionnel », selon l'expression de notre confrère Péroncel-Hugoz. Et d'une indéniable portée symbolique s'agissant de l'amitié franco-syrienne, soulignée par la participation du prince Jean de France. Un grand merci à Annie Laurent !  LFAR 

     

    2444184188.jpgLe 28 mars dernier, lundi de Pâques, le prince Jean s’est envolé pour la Syrie en compagnie d’un groupe conduit par Mgr Dominique Rey, l’évêque de Fréjus-Toulon, qui avait d’ailleurs célébré son mariage en 2009. Ce court voyage, auquel Jean-Baptiste d’Albaret, rédacteur en chef de Politique Magazine, a également participé, et que j’ai eu le privilège d’accompagner, s’est achevé dans la nuit du 2 au 3 avril. L’organisation logistique avait été confiée à la jeune association SOS Chrétiens d’Orient, fondée en 2013 et très active sur le terrain. Grâce à elle, nous avons obtenu des autorités toutes les facilités pour circuler sans problèmes, étant entendu que nous sommes restés dans des régions dont l’armée a repris le contrôle, ce qui n’est pas le cas, par exemple, de certaines banlieues de Damas.

    Ce voyage avait un but précis : il s’inscrivait dans le cadre du jumelage conclu entre le diocèse varois et l’éparchie grecque-catholique de Homs, dont le titulaire est Mgr Abdo Arbach. Il s’agissait donc d’un pèlerinage et c’est pourquoi il ne comportait aucune rencontre avec des dirigeants politiques syriens. Notre groupe, composé de 45 personnes, parmi lesquelles un bon nombre de jeunes professionnels et étudiants, s’est rendu sur les pas de saint Paul à Damas ainsi qu’en divers sanctuaires de Homs et de sa région. Le séjour fut aussi, bien entendu, ponctué de rencontres avec plusieurs ecclésiastiques et des fidèles chrétiens appartenant à diverses Eglises orientales mais également à l’Eglise latine.

    A Damas, après une visite très recueillie à la maison d’Ananie, l’évêque qui eut l’honneur de baptiser Saul, le futur « apôtre des nations », la délégation a été accueillie par Sa Béatitude Grégoire III Laham, patriarche d’Antioche et de tout l’Orient des grecs-melkites-catholiques, de Jérusalem et d’Alexandrie, dont le siège se trouve dans la capitale syrienne. Invité à s’exprimer, le prince Jean s’est présenté en évoquant son lointain ancêtre Saint Louis ainsi que l’attention particulière que ce dernier portait aux chrétiens d’Orient et en se situant lui-même dans cette noble tradition de protection dont la France actuelle se doit d’être la digne héritière. Dans la soirée, après une messe célébrée en rite byzantin dans l’église patriarcale, Grégoire III a invité toute la délégation à un dîner officiel auquel il avait aussi convié le nonce apostolique en Syrie, Mgr Mario Zenari, et des évêques de divers rites, tous déjà présents lors de la « divine liturgie ». L’ambiance, très festive, ponctuée de chants français entonnés joyeusement par les prélats, suffisait à montrer la reconnaissance de nos hôtes syriens, touchés par notre visite alors que Paris a rompu toutes relations avec ce malheureux pays. Durant tout notre séjour, nous n’avons d’ailleurs croisé aucun autre Français.

    Dans la capitale toujours, sous la conduite de l’archevêque maronite, Mgr Samir Nassar, qui nous a fait visiter sa modeste cathédrale, nous avons aussi pu prier devant la tombe des trois bienheureux frères Massabki, martyrisés avec un groupe de franciscains lors des massacres de masse commis en 1860 contre les chrétiens du Mont-Liban et de Damas, ce qui avait préludé à l’expédition de troupes françaises à l’initiative de l’empereur Napoléon III.

    1459494701-887ba8a80b67b1aaeefec541655445ad.jpgLa deuxième partie du séjour s’est déroulée à Homs, ville terriblement sinistrée, où nous avons pu déambuler à pieds sur plusieurs centaines de mètres, sous la protection bienveillante des soldats syriens, très souriants comme tous ceux que nous rencontrions. Les deux cathédrales que nous avons visitées, la grecque-catholique et la syriaque-catholique, sont dans un état pitoyable : coupoles et toitures perforés par les obus, iconostase et autels brûlés, icônes aux yeux perforés par les balles des djihadistes. SOS Chrétiens d’Orient participe à la reconstruction de la première. Partout alentour, ce n’est qu’amoncellement d’immeubles détruits. Nous avons aussi prié sur la tombe du Père Frans van der Lugt, jésuite hollandais, qui avait tenu à demeurer sur place malgré les dangers, pour secourir les chrétiens qui n’avaient pas pu quitter la ville. Assassiné le 7 avril 2014, il est enterré dans le jardin de son couvent. Comme Homs, les deux autres villes de la région que nous avons visitées, Qussaïr et Yabroud, ont été pendant des mois le théâtre d’affrontements entre les djihadistes de diverses obédiences, y compris Daech, et l’armée nationale qui a finalement pu reprendre possession des lieux (en mai 2014 pour Homs), avec parfois l’appui du Hezbollah libanais. De notre autocar, nous pouvions alors contempler les sommets enneigés du pays du Cèdre.

    Les dernières étapes nous ont conduits dans la « Vallée des chrétiens », également très proche du Liban, avec notamment une visite captivante du célèbre Krak des Chevaliers édifié au XIIIème siècle sur un sommet stratégique. Une brigade de Daech a aussi séjourné dans ses murs avant d’en être délogée. Les dégâts ne sont heureusement pas irrémédiables et la restauration de l’imposant édifice est sur le point de commencer. Puis, nous sommes allés à Maaloula, l’un des trois villages syriens où les habitants parlent l’araméen, la langue du Christ. Cet endroit a beaucoup souffert. En 2013, lors de l’attaque des djihadistes, trois jeunes gens ont été abattus devant chez eux après avoir refusé de se faire musulmans et six autres ont été enlevés. On est sans nouvelles d’eux. La localité compte deux monastères, l’un dédié à sainte Thècle, cette disciple de saint Paul, venue d’Asie mineure, qui échoua ici sous une protection divine qui la fit échapper à la persécution. Les moniales qui y vivaient et qui ont pu quitter les lieux ne peuvent pour l’heure envisager d’y revenir car le bâtiment a été entièrement détruit par les rebelles. L’autre monastère, dédié aux saints Serge et Bacchus, est quant à lui beaucoup moins endommagé, mais il est encore vide de toute présence de religieux. Depuis la libération de Maaloula, la sécurité est en partie assurée par une brigade locale, affiliée à une « garde nationale » qui reçoit ses armes et ses munitions du gouvernement, ses membres conjuguant la surveillance avec leurs activités professionnelles.

    Enfin, nous sommes allés au sanctuaire grec-orthodoxe de Sednaya, situé à une heure de route au nord de Damas. 36 moniales résident en ce lieu qui abrite une célèbre icône représentant la Vierge Marie, dont la réalisation est attribuée à saint Luc. L’icône ne sort jamais de sa niche toujours fermée où elle est soigneusement gardée. Lors de notre passage, il y avait une foule de pèlerins, l’église était pleine de fidèles en prière.

    Partout, nos interlocuteurs ont montré une force d’âme, un courage et une vitalité vraiment étonnants et sans doute inattendus pour beaucoup d’entre nous. Comment oublier, par exemple, cette classe de l’école patriarcale grecque-catholique de Damas où les jeunes élèves, tous en uniforme, ont interprété pour nous des chants en français ayant pour thème le désir de paix ? Après ce voyage, on se dit que la France a vraiment trahi son histoire et ses responsabilités et que l’un des moyens de racheter cette faute majeure est de se rendre dans ce beau pays de Syrie, berceau du christianisme comme ont tenu à nous le rappeler tous nos interlocuteurs. 

     

  • Toujours plus de pauvres en France !

     Affiche Action française Provence 

    par Anthony Alberti

    Le site L'Or et l'Argent a publié l'étude suivante, intéressante à lire. « Tout ça pour ça ? » avons-nous souvent répété depuis la création de ce site. La situation ici décrite n'est en effet à l'honneur ni de la République, ni de ses supposées valeurs, ni du capitalisme moderne. « Liberté, égalité, fraternité » avez-vous dit ? Ce n'étaient que des mots, des slogans et, aujourd'hui, de la moraline. D'où le désenchantement du politique, le mépris dans lequel les Français tiennent très majoritairement le Système. Et Changer de paradigme deviendra au bout du compte un besoin impératif.  En attendant, la nouvelle génération d'Action française nous paraît avoir raison de penser aux pauvres de France [illustration en titre]. « Aidons la nation, pas l'immigration » : ainsi se reforment - au moins - les solidarités naturelles. C'est à dire historiques. LFAR

     

    Header1.jpgEn dépit de l’optimisme (discret) des pouvoirs publics relayés par l’Insee, et après des décennies de baisse régulière, le nombre de pauvres en France ne cesse de progresser depuis une dizaine d’années. Ainsi, la France compte désormais 8,6 millions de pauvres, principalement sous l’effet de la progression du chômage, dont 2 millions vivent avec moins de 667 euros par mois. Cependant, les demandeurs d’emploi ne sont pas les seuls concernés, loin de là, et de plus en plus de personnes vivent sous le seuil de pauvreté en étant pourtant salariés, retraités… voire chefs d’entreprise !

    Comment mesure-t-on la pauvreté ?

    D’après l’Insee, un individu (ou un ménage) est considéré comme pauvre lorsque ses revenus sont inférieur au seuil de pauvreté. Dans l’Union Européenne, on estime que ce seuil correspond à 60% du salaire médian (salaire théorique tel que 50% de la population gagne moins et 50% gagne plus). En France, il est donc d’environ 1000 euros par mois et par personne.

    En 2005, les Français dont les revenus se situaient en-dessous du seuil de pauvreté représentaient 12% de la population. Depuis, ce pourcentage n’a cessé d’augmenter pour atteindre 14.3% en 2014. Et aujourd’hui, la pauvreté touche un grand nombre de catégories sociales, avec ou sans emploi.

    Les exclus du monde du travail

    Avec plus de 14 mois d’indemnisation en moyenne (418 jours) selon les derniers chiffres Insee publiés au début de l’année, les chômeurs de longue durée formeront bientôt la majorité des demandeurs d’emploi (ils sont aujourd’hui près de 45%). Or on le sait, au-delà d’une certaine durée de chômage, l’employabilité des individus diminue et, bien souvent, les demandeurs d’emploi qui ne trouvent pas de travail au bout de quelques mois multiplie leurs risques d’épuiser tous leurs droits à indemnisation avant de sortir du système classique. Pour la plupart d’entre eux, ils deviennent alors éligibles au revenu de solidarité active (RSA) qui correspond à un peu moins de 500 euros par mois pour une personne seule. Aujourd’hui, la France compte 2 millions de bénéficiaires du RSA.

    Davantage de retraités pauvres

    En 2015, le nombre de retraités pauvres a franchi le seuil du million de personnes, en progression de près de 4% par rapport à l’année précédente. Elle semble loin l’époque où les seniors étaient la génération dorée, cible de tous les marketeurs, car aujourd’hui de plus en plus de retraités perçoivent les minimas sociaux. Quant aux autres, le système de retraite par répartition ayant atteint ses limites, les pensions ont de plus en plus souvent tendance à être gelées tout en se voyant désormais ponctionnées de prélèvements sociaux qui les épargnaient jusqu’alors.

    Un nombre croissant de travailleurs pauvres

    L’Observatoire des inégalités est formel : avoir un emploi ne protège plus de la pauvreté et les travailleurs dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté sont plus nombreux chaque année. En 2015, près de 2 millions de personnes exerçant un emploi disposaient ainsi d’un revenu net inférieur au seuil de pauvreté.

    Même les entrepreneurs peuvent être pauvres

    Dans l’inconscient collectif, un chef d’entreprise ne peut pas être pauvre. Et pourtant, sur les 3 millions de TPE et de microentreprises comptabilisées par l’Insee, une majorité est constituée d’entreprises dont l’effectif se limite au seul responsable et un grand nombre d’entre eux ne parviennent pas à vivre de leur activité. Ainsi, sur 1 million d’auto-entrepreneurs, plus de 80% gagnent entre 0 et 1000 euros par mois. Certes, beaucoup exercent à titre secondaire tout en ayant un emploi principal par ailleurs, mais pour tous ceux qui travaillent à temps plein dans leur micro-entreprise, les fins de mois sont particulièrement difficiles. Quant aux autres TPE (EURL, SASU, professions libérales…) plus de la moitié n’ont pas la possibilité de financer l’équivalent d’un salaire à temps plein à leur responsable, même au SMIC, et 20% des travailleurs indépendants sont désormais sous le seuil de pauvreté. Voire n’ont pas de revenu du tout.

    Au début du mois de mars 2016, l’Insee annonçait que la pauvreté avait légèrement reculé en France, passant de 14.3 à 14% de la population. Néanmoins, il reste toujours 3,8 millions de mal-logés et 3,9 millions de bénéficiaires de l’aide alimentaire...

    Anthony Alberti

  • La Semaine de MAGISTRO, une tribune d'information civique et politique

     

    MAGISTROAdossée à des fondamentaux politiques avérés, Magistro, une tribune critique de bon sens, raisonnée et libre, d'information civique et politique.

    A tout un chacun

    Chantal DELSOL  Membre de l'Institut La victoire de l’ordinateur AlphaGo

    Du côté des élites

    Hubert de GEVIGNEY  Officier amiral (2S) Encore un petit effort ! (Syrie)

    Eric ZEMMOUR  Journaliste politique  Le grand remplacement, fantasme ou réalité ?
    Voir aussi sur le même sujet : Malika SOREL-SUTTER  Essayiste, ancien membre du collège du Haut Conseil à l'Intégration et de sa mission Laïcité  Pourquoi la loi El Khomri est communautariste

    Ivan RIOUFOL  Journaliste politique  Pédophilie : Mgr Barbarin, cible politique

    Mezri HADDAD  Philosophe, ancien ambassadeur  Laurent Fabius a tout le temps de devenir un sage

    En France

    Michel ROUSSEAU  Président de la Fondation Concorde  2017 : dernière chance de sauver notre industrie

    Avec l'Europe

    Malika SOREL-SUTTER  Essayiste, ancien membre du Collège du Haut Conseil à l'Intégration  Sortir de l'égoïsme des bons sentiments - "sur l’autel de la bien-pensance"

    De par le monde

    Alain CORVEZ  Conseiller en stratégie internationale  Retour d’Iran

    Devant l'histoire

    Hélène de CHAMPCHESNEL  Maître de conférences à Sciences-Po Paris  L’invention de la Syrie   

    Transmettez, Faites suivre, partagez ... 

     

  • Donald Trump ou l’Amérique en crise

     

    par Gilles Varange

    Menacés par la montée du milliardaire iconoclaste, les appareils de deux partis se sont ligués pour lui barrer la route coûte que coûte.

     

    Gilles Varange.jpgLe discrédit des classes dirigeantes est devenu tel qu’il n’est plus un seul pays où le jeu habituel de l’alternance suffit à contenir la colère explosive des populations. Partout, même là où le bipartisme est ancré dans les traditions nationales, la domination des formations politiques classiques est remise en cause, parfois même de l’intérieur. Signe des temps : les états-Unis eux-mêmes n’échappent plus à cette tornade comme en témoigne la tournure prise par le processus des « primaires » organisées par les deux grands partis pour départager en leur sein les candidats à l’élection présidentielle de novembre prochain.

    Dans ce contexte, l’ascension du milliardaire « populiste » Donald Trump chez les Républicains concentre l’attention et la vindicte de la quasi-totalité des médias occidentaux, conscients de la menace que constituerait son succès pour le maintien de leur emprise sur le public. Mais ce serait une erreur de mésestimer le phénomène représenté, certes dans une moindre mesure, par la montée parallèle du « socialiste » Bernie Sanders chez les Démocrates face à une Hillary Clinton, adoubée par les financiers de Wall Street et les idéologues néo-conservateurs du complexe militaro-industriel. Les deux hommes se disputent de façon paradoxale les mêmes catégories sociales en révolte : jeunes à la recherche désespérée d’un premier emploi, anciens ouvriers qualifiés condamnés à l’enfer des bas salaires et du travail à temps partiel, chômeurs et leurs familles vivant dans la crainte de l’expulsion.

    Autant de représentants d’une classe moyenne en voie de prolétarisation rapide, très majoritairement blanche, victime des délocalisations et de la concurrence de l’immigration de masse. Ainsi s’est constitué un immense réservoir d’électeurs potentiels méprisés par l’établissement démocrate de Washington n’ayant d’yeux que pour les « minorités » visibles et invisibles mais ignorés aussi par la majorité républicaine du Congrès dont la doctrine peut se résumer en une formule : moins d’état, moins d’impôts et plus de mondialisation.

    Une stratégie de rupture

    Devenu l’un des principaux contributeurs de Mitt Romney, lors de la campagne présidentielle de 2012, Donald Trump s’était déjà efforcé à l’époque de convaincre celui-ci que son unique chance de victoire face à Obama résidait dans sa capacité à ramener aux urnes cet énorme bloc d’abstentionnistes en lui tenant le langage de la brutale vérité et en modifiant sensiblement les thèmes ressassés de la doctrine conservatrice et ultra-libérale du Grand Old Party. Pour avoir refusé de l’écouter, le candidat républicain avait subi une humiliante défaite, tout comme son prédécesseur John McCain quatre ans plus tôt. Aussi, cette stratégie de rupture, Trump la met-il à présent en œuvre pour son propre compte, quitte à accepter le rôle de grand transgresseur de la doxa républicaine. Il ne faut donc pas s’étonner si ses propositions ont pour effet de dresser contre lui une large majorité des élus et des cadres du parti ainsi que l’ensemble des organisations, clubs de pensée et médias qui lui sont liés.

    En plus des mesures-choc préconisées pour stopper et renverser les flux migratoires, le redoutable iconoclaste ne promet-il pas de lancer une politique de remise en état des infrastructures en déshérence, de supprimer les niches fiscales dont profitent les fonds d’investissement, de s’attaquer aux plus-values financières, d’instaurer des mesures protectionnistes à l’encontre de la Chine, de s’opposer aux traités de libre échange transpacifique et transatlantique ? Et ces multiples entorses au dogme du libre-échange ne suffisant pas, notre trublion n’hésite pas non plus à prôner le retour à un prudent isolationnisme en politique étrangère symbolisé par la restauration de relations confiantes avec Vladimir Poutine et un désengagement diplomatique et militaire en Europe et au Moyen-Orient.

    L’opposition des membres de l’appareil du parti républicain s’avère d’autant plus haineuse et violente que les discours enflammés et souvent provocateurs de Trump, les manifestations organisées par ses opposants pour perturber ou empêcher la tenue de ses réunions, les campagnes négatives et souvent diffamatoires diffusées par les médias (y compris par la grande chaîne conservatrice Fox News) n’ont contribué pour le moment qu’à renforcer sa popularité et à lui offrir des auditoires de plus en plus nombreux et enthousiastes. C’est par dizaines de milliers que les Américains se pressent à chacun de ses meetings pour l’entendre dénoncer la pusillanimité des cuckservatives (contraction de cocus et de conservateurs). Il est un autre signe qui inquiète fort les détracteurs du milliardaire : alors que la participation est restée la même qu’il y a quatre ans aux élections primaires démocrates, celles du parti républicain sont marquées par une affluence record. Un exemple : dans le Missouri, là où 250 000 sympathisants s’étaient déplacés pour voter en 2012, ils ont été cette fois 780 000 à le faire ! Ce sont-là des chiffres qui contribuent à terrifier les élus républicains. Si la vague continue à enfler, ne risque-t-elle pas de les balayer au profit de candidats nouveaux et tout dévoués à Donald Trump lors des élections pour le renouvellement du Congrès en novembre ?

    Un symptôme plus qu’un remède

    Même s’il finit par obtenir l’investiture du parti, il faut donc tenir pour certain que le milliardaire verra se multiplier, dans ses propres rangs, les trahisons et les coups bas destinés à lui barrer coûte que coûte l’accès à la Maison Blanche. Sa défaite est la seule garantie de survie d’un appareil républicain qui, comme la plupart des directions des partis dits « de droite » dans les autres démocraties occidentales, s’est depuis longtemps rallié à la vision de la société imposée par ses adversaires pour se polariser sur la seule défense du libéralisme économique. Et quand bien même il parviendrait à surmonter ces obstacles, il ne fait aucun doute qu’un Donald Trump élu par miracle à la présidence se heurterait très vite à un mur infranchissable de connivences. Quelle que soit la sincérité – douteuse – de ses convictions, l’homme n’aurait pas d’autre choix que de finir par renoncer à toutes les mesures de son programme menaçant les intérêts vitaux des cercles au sein desquels se concentre la réalité du pouvoir.

    On n’a jamais vu le suffrage universel vaincre le pouvoir de l’argent. Aussi, le « phénomène Trump » doit-il être interprété surtout comme un nouveau symptôme révélateur de la maladie sénile qui n’épargne plus aucune des démocraties libérales. Partout, les peuples, durement atteints dans leur niveau de vie et menacés jusque dans leur identité par une immigration programmée, découvrent dans la douleur que la réussite apparente des régimes démocratiques durant un court demi-siècle n’aura été que le fruit d’un faisceau de conditions favorables mais fortuites qui ont toutes disparu. Chacun prend conscience que le « modèle » est épuisé mais que son agonie et son remplacement inévitable n’iront pas sans d’éprouvantes convulsions. 

  • Julliard : « Le vivre-ensemble est une blague, une blague sanglante »

     

    Jacques Julliard médite ici brillamment sur la violence des sociétés multiculturelles [Le Figaro 4.04, extrait]. Le diagnostic qu'il pose, avec force, lucidité et réalisme n'est guère contestable. Ce n'est pas que « la juxtaposition sur un même territoire de communautés différentes » doit toujours être redoutée, toujours être créatrice de violences, c'est que l'on se trouve en un tel cas lorsque les communautés en présence se rattachent à des civilisations, des mondes trop différents, trop radicalement antagonistes même, pour ne pas créer une explosion en forme de tragédies plutôt qu'une harmonie. Et tel est en effet le résultat d'un multiculturalisme où le présence de l'Islam est massive et a, parmi nous, ses défenseurs conscients ou non. Accord donc, avec Julliard, sur ce premier point. Sa conclusion, en revanche, est déroutante. Est-ce vraiment d'universalisme - fût-il chrétien - dont la France d'aujourd'hui a besoin ? A fortiori s'il s'agit de l'universalisme des Lumières ou de la Révolution française qui a ensanglanté le monde. D'universalisme - il est vrai de basse inspiration - la France nous paraît gorgée, saturée, profondément anémiée. Claude Lévy Strauss nous conseillerait plutôt de cultiver notre identité et Jean-François Mattei, avec Platon, de retrouver le chemin qui conduit chez nous. Telle nous paraît être l'urgence.  Lafautearousseau 

      

    Le communautarisme est une immense faillite

    Les attentats de Bruxelles ont-ils sonné le glas du communautarisme? Ce serait trop beau. Certes, la preuve par Molenbeek et Schaerbeek a été apportée qu'à laisser se constituer des ghettos ethniques au cœur des cités, on joue notre liberté et notre sécurité à la roulette russe, ou plutôt islamiste. Mais la culture de l'excuse a encore de beaux jours devant elle. Quand on ne trouve à l'action des terroristes que des mobiles légitimes, tels que la frustration, le refus de la discrimination et des fractures sociales, le désir de «socialisation» (sic), sans parler du « contexte international », on n'est pas très loin de leur donner raison (ainsi Corinne Torrekens, directrice de DiverCity, un groupe de conseil en sciences sociales et politiques lié à l'Université libre de Bruxelles, Libération, 24-03-2016). Il faudra encore beaucoup de crimes et de souffrances pour que l'on admette que le « vivre ensemble », cette expression inepte, indécente, derrière laquelle on camoufle l'apartheid des cultures, n'est qu'une blague, une blague sanglante.Nos sociétés sont multiculturelles et sont vouées à le devenir un peu plus chaque jour. La rapidité, le bon marché des transports, les énormes écarts de prospérité entre les nations font que les pays riches d'Europe et d'Amérique sont en train de devenir des mosaïques ethniques, tandis que les pays pauvres conservent pour l'essentiel leur identité. Pour les pays d'accueil, le communautarisme est une solution de facilité et une marque de candeur extrême. Pour permettre au migrant de « conserver ses racines », on somme le pays d'accueil de renoncer aux siennes, ce que les populations locales n'acceptent pas ; elles ont l'impression d'être déracinées sur leur propre sol.
     
    Ajoutez à cela un phénomène nouveau, qui est la marque propre de l'islamisme, et qui contraste avec l'immigration du passé : la détestation du pays hôte. Le résultat, c'est ce cocktail détonant qui est en train de gagner toute l'Europe et que l'on appelle sommairement le populisme. Le communautarisme, c'est-à-dire la juxtaposition sur un même territoire de communautés différentes par l'origine géographique, la langue, la religion, l'histoire, la culture, la philosophie, est une immense faillite. L'Europe, si le phénomène devait persister, ne lui survivrait pas. L'Allemagne, les Pays-Bas, les pays scandinaves l'ont reconnu depuis peu. La Belgique, le Royaume-Uni ne tarderont pas à le faire. Nos nations multiculturelles sont donc devant une alternative brutale, sans échappatoire: intégration ou guerre civile. Seule la version universelle de l'humanisme, héritée de la chrétienté, des Lumières et de la Révolution française, nous permettra d'échapper à ce désastre. 
     
     
    [LE CARNET DE JACQUES JULLIARD]           
  • Paris, ce soir • Conférence de Jean-Marie Le Méné : « Le grand marché de l’eugénisme »

    Les mardis de Politique magazine

    Conférence mardi 5 avril 2016

    Le grand marché de l’eugénisme

    par Jean-Marie Le Méné
    président de la Fondation Jérôme-Lejeune, auteur de Les premières victimes du transhumanisme (Pierre-Guillaume de Roux)

    Rendez-vous à partir de 19h00 - Conférence à 19h30 précises
    Participation aux frais : 10 euros -  Etudiants et chômeurs : 5 euros

    Salle Messiaen
    3, rue de la Trinité  75009 Paris  Métro: La Trinité, Saint-Lazare

    Renseignements : Politique magazine, 1 rue de Courcelles 75008 Paris - Tél. 01 42 57 43 22