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André Bercoff : « Ma cabane au Panama...»

 

Par André Bercoff

HUMEUR - André Bercoff s'amuse de la réaction de François Hollande au scandale Panama Papers. « Est-il normal que le chef de l'Etat découvre le pot aux roses après sa divulgation ? », s'interroge-t-il [Figarovox, 5.04]. Il constate surtout « l'étendue illimitée des inégalités » au coeur d'un Système qui prétend pourtant les avoir abolies ... Il y a 227 ans déjà, une nuit d'août 1789. Bien-sûr, il n'en était rien. On n'abolit pas la nature humaine. On ne peut y substituer que des leurres. LFAR 

 

photo.jpgQue j'aime le son des boîtes de Pandore ouvertes au bout des clés USB. Ma cabane au Panama est désormais exposée à tous vents. En neuf mois, des centaines de journalistes regroupés dans une association financée notamment par Georges Soros et autres philanthropes, ont accouché d'une montagne de documents et de noms plus ou moins propres : optimisation ou fraude fiscale, telle n'est plus la question. Chefs d'Etats et hommes politiques, artistes et modèles, sportifs et bureaucrates, princes et émirs, dictateurs et démocrates, ils sont des milliers à avoir fui les législations de leurs pays respectifs pour les rivages ensoleillés des océans protecteurs et des îles miraculeuses, afin de garder la plus grosse part de leur magot. La démarche en forme d'évasion était connue depuis fort longtemps, mais en l'absence d'une gouvernance mondiale qui relève encore de l'utopie, force est de reconnaître que la nature humaine ayant horreur du vide, surtout financier, elle a inventé les paradis fiscaux, substituts sonnants et trébuchants quand on n'est pas sûr de sa propre survie dans l'au-delà du Paradis céleste. Ce qui est nouveau, c'est le coup de fouet du numérique et des hautes technologies, qui ont donné une sacrée accélération à la transparence dans tous les domaines. Julian Assange et Edward Snowden, parmi d'autres, ont déjà démontré qu'il suffisait de la bonne manipulation d'un simple employé, pour dévoiler des dizaines de milliers d'informations ultra confidentielles. Puissance et abîmes de l'Internet.

Mais l'un des bonheurs de cette nouvelle et massive exposition du blanchiment mondial, est, comme d'habitude, la réaction de François Hollande. Le président de la République n'a pas attendu longtemps pour signifier sa satisfaction quant à la publication de ces bonnes nouvelles. Cela va nous permettre, a-t-il dit en substance, de poursuivre et condamner les fraudeurs, et partant, faire rentrer de l'argent dans les caisses de l'Etat qui, comme chacun sait, en a bien besoin. Et de conclure l'exercice de satisfaction par un hommage appuyé à ceux qui ont soulevé le couvercle de la machine à laver: « Il faut protéger les lanceurs d'alertes ; ils font un travail utile et prennent des risques ».

L'intervention hollandaise appelle plusieurs remarques. La première, c'est qu'il est pour le moins étonnant qu'un chef d'Etat découvre le pot aux roses après la divulgation. N'a-t-on pas eu, aux cimes de l'Elysée, les moyens de savoir ce qui se passait, quelques jours au moins avant le scoop ? Deuxièmement: faut-il à chaque fois se précipiter pour faire un commentaire, quitte à mélanger une fois de plus les fonctions présidentielles et simplement chroniqueuses ? Enfin, comment l'exécutif se permet-il de donner des ordres au judiciaire, en annonçant que des poursuites sont d'ores et déjà engagées ? Nous qui croyions naïvement à la séparation des pouvoirs, en sommes, comme d'habitude, pour nos frais.

Porochenko l'Ukrainien et Salman le Saoudien, Cahuzac et Platini, des Syriens et des Russes, le Premier ministre islandais et un cadre du Front National, sans compter les centaines d'identités à venir : cet inventaire à la Prévert ne devrait tout de même pas être la forêt panaméenne qui cache l'arbre européen. A deux pas de chez nous, la Belgique et le Luxembourg demeurent des paradis tout à fait convenables. A l'intérieur de l'Hexagone, les avantages fiscaux prodigués à des corporations diverses et variées montrent encore l'étendue illimitée des inégalités. Avant de rejoindre le chœur des vierges de l'indignation à bons comptes secrets, balayons vigoureusement devant notre porte. 

André Bercoff           

André Bercoff est journaliste et écrivain. Son dernier livre Bernard Tapie, Marine Le Pen, la France et moi est paru en octobre 2014 chez First.

Commentaires

  • Un peu de technique
    La masse de documents qui a été «pompée» des ordinateurs de Mossack Fonseca signe une opération demandant de très gros moyens informatiques. Si d’origine privée, nécessairement financée, mais plus probablement décidée par les Services d’un état, ou peut être les deux en collaboration. Autre signature, l’informatique de Mossack Fonseca est ultra sécurisée, il faut donc des moyens d’attaque très sophistiqués, sachant que la protection chez ces «avocats» a été installée par des entreprises étrangères …

    Un peu de géographie
    Quand on va se promener à Panama, on est dans une colonie américaine. Un côté très émouvant pour des Français, le cimetière en bordure du canal où reposent nos compatriotes qui ont laissé leur vie dans le projet irréalisable de monsieur De Lesseps (construire un canal à niveau des deux océans).

    Un peu de politique
    Quand on traite des affaires à Panama, on découvre très vite que la finance et le courant d’affaires sont entre les mains de la communauté de monsieur Soros …

    Un peu de bon sens
    La maison Mossack Fonseca est très connue de tous les services juridiques et financiers des grandes entreprises de par le monde, il n’y a donc aucun scoop. Contrairement aux vociférations organisées par l’immonde, ils offrent avant tout un service de domiciliation visant à masquer les opérateurs réels dans des négociations où ils ne veulent pas apparaître. La fuite fiscale est assez secondaire.

    Un peu d’histoire
    Rien d’illicite. Avec des adresses aux iles Tortola pour être encore plus étanche. Très utilisé par tous les Services spéciaux du monde, assurant une coupure nette entre un pays commanditaire et un coup tordu. Que faisait le trésorier de la campagne de Hollande, Jean Jacques AUGIER, aux iles Caimans ?
    Des écrans off-shore furent la technique de voyous utilisée par le Crédit Lyonnais pour flouer Tapie dans la vente d’Addidas (voir excellent résumé dans wikipedia : Bernard Tapie charge le Crédit lyonnais de vendre Adidas ; la banque se livre à une expertise minutieuse de l'affaire, et réalise que sa valeur est certainement bien supérieure au prix minimum demandé par Bernard Tapie dans son mandat (plus de deux milliards de francs). L'état-major de la banque conçoit donc un plan : se porter acquéreur d'Adidas, au prix minimum demandé par Bernard Tapie, et revendre la société au prix fort et à son seul profit par la suite, via des sociétés offshore (iles Caïmans) pour préserver l’anonymat des opérations.
    Si l’enquête sur les affaires de Cahuzac n’avait pas été bâclée (le même couple Van Ruymbeke – Jean Veil qui a œuvré contre Kerviel), on aurait trouvé que l’ami Jérôme a corrompu toute l’administration de la Santé au profit des plus grands labos français.

    Nous rejoignons André Bercoff sur la consternante niaiserie au sommet de notre pauvre pays.
    Sur ce sujet comme sur tellement d’autres, la communauté journalistique est absolument au dessous de tout.

  • Et sur cette liste de personnalités scandaleuses, dont, comme par hasard des "proches du Front national" pour la France et des "proches de Poutine" pour la Russie. il est surprenant qu'on ne nous ait annoncé (pour l'instant?) aucune célébrité politique ou médiatique américaine. En plus de Soros, dont on connait l'action si vertueuse en Europe, qui tire donc les ficelles de ce grand remue-ménage, à la fois pour déverrouiller des systèmes de sécurité hypersophistiqués et pour déstabiliser quelques cibles bien choisies ?...

  • Je vous suggere d'aller sur "Réinformation TV" lire l'article de Pauline Mille qui complete parfaitement les textes de Bercoff et de JLF.
    CE que l'on peut remarquer,en outre,c'est l'exploitation médiatique française assez habile : on tire sur un certains nombre d'ambulances,celles de Cahuzac ,de Guerini,de Balkany,de Platini et du nouveau president de la FIFA,on ajoute Messi pour faire le poids,on cite brievement DSK (pas genant : il circule aussi en ambulance...et est hors du jeu politique) Mais pas une seule personnalité politique "encore vierge"de l'UMPS ou apparenté.....
    Mais on cite le FN tout entier pour un seul de ses membres (L'est-il ,d'ailleurs?)qui semble "avoir tondu du pré la longueur de sa langue ",mais c'est bien le FN qui est "le pelé,le galeux"
    le "padamalgam "c'est seulement pour nos gentils immigrés.....
    On sent bien qu'on est dans la derniere ligne droite vers la presidentielle. On savait que l' Ennemi Public numéro un allait etre la cible des médias : le bal est ouvert.......

  • Pour moi qui ai vécu au Panama tout ce ramdam n'est que la vieille soupe servie dans de vieilles gamelles.Mais, tout cela n'est pas fortuit ni tombé du ciel. Derrière tout cela, il y a des règlements de compte entre qui ? Mystère et boule gomme. J'ai eu une crise de fou-rire en voyant la tête de ce benêt de Sapin, lequel se croit très malin, en pointant le doigt sur les méchants Panaméens et en les menaçant, non du fouet, mais de les remettre sur la liste noire. Suite à quoi, le gouvernement de Panama a brandi la menace de rétorsions commerciales.Après la Russie voici à présent le Panama. Dans toute cette affaire éculée que fait mousser la presse pour se remplumer vu les baisses de tirage et la langue de bois, ce sont encore nos exportations qui vont en prendre un coup. Comme chacun devrait le savoir le déséquilibre de la balance commerciale de la France est dramatique.Si cette baisse de nos exportations continue, la France va finir par rejoindre le peloton de queue avec la République Centre-Africaine, le Zimbabwe et la Gambie.

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