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  • LIVRES • Un futur best-seller

     

    par Grégoire Arnould

    Les derniers jours de nos pères, son premier roman, fut un succès d’estime. Son deuxième, La vérité sur l’affaire Harry Quebert, est devenu un best-seller couronné par le Grand prix de l’Académie française…

    Le livre des Baltimore est la confirmation du talent du tout juste trentenaire Joël Dicker et la consécration d’un style dont l’efficacité redoutable ne gêne en rien de jolies trouvailles littéraires. Le narrateur Marcus Goldman est de nouveau de la partie. Il conte l’histoire de sa famille, scindée en deux : les Goldman de Montclair, petite ville middle-class qu’il habite avec ses parents, et ses cousins, les Goldman de Baltimore, habitants les quartiers aisés de la capitale du Maryland. Markie, comme il est surnommé, ne souhaite qu’une chose : devenir « un Baltimore ».

    Il passe donc ses week-ends et ses vacances, chez son oncle et sa tante avec lesquels il nourrit des relations filiales. Fasciné par le luxe et l’apparente facilité de leur vie, il ne voit pas le drame qui se joue quand deux personnages s’incruste dans cet univers à l’équilibre de façade… Plus ambitieux que le précédent roman de Dicker, Le livre des Baltimore est mieux qu’un bon polar.

    C’est la fresque d’une certaine Amérique, celle du déclassement social, aux conséquences désastreuses, d’une partie de sa population frappée par la crise économique. Pour ne rien gâcher, l’habileté narrative de Joël Dicker prend le lecteur en otage dès les premières pages… avec son consentement, comme un pur syndrome de Stockholm. A coup sûr, un nouveau best-seller. Vivement le prochain ! 

    Le livre des Baltimore, de Joël Dicker, éditions de Fallois, 480 p., 22 euros.

     

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

     

    le-trésor-athénien-reconstruit-delphes-grèce-42623605.jpgNous avons hésité à reprendre cette semaine notre formule Lafautearousseau week-end que nous avons instituée il y a plusieurs mois. Avec quelque recul par rapport à l'actualité politique que nous traitons tous les jours de semaine, il y est question de lectures, de voyages, de spectacles, d'expositions, d'art et de ces traditions qui forment notre culture, notre civilisation. Les vraies si possible. Pas cette sorte de déchaînement dit festif, mais surtout vulgaire, qu'exaltent en ce moment à satiété, comme un ersatz de Charlie, presse, radios et télévisions. Pas cette fête servile que Baudelaire fustigeait déjà autour de 1850. Parce qu'elle n'en est pas une et que nous en connaissons les fruits.  

    Mais justement, nous savons que nous allons devoir vivre longtemps avec le terrorisme, ses horreurs et ses morts. Après Paris, il s'en est pris hier vendredi, à Bamako, où, n'en doutons pas, c'était encore d'abord la France qui était visée. Et dans cette guerre sans-doute de longue durée que nous allons devoir mener, ce qui ressort de beaucoup de réflexions largement justes, lues dans la presse ou sur divers sites, c'est bien que nous aurons besoin de toutes les ressources de notre culture profonde, celles de notre littérature, de nos arts, de notre Histoire et de de nos traditions, souvent oubliées ou négligées, mais justement à redécouvrir ou à refonder, pour affronter avec chance de succès le défi barbare qui nous est opposé. Nous savons que la politique, au sens strict, n'y suffira pas. Il y faudra ce que Barrès appelait les puissances du sentiment, et celles de la culture, de la tradition et, pour nombre d'entre nous, de la spiritualité.

    Alors, nous maintenons notre formule weekend même si elle sera inévitablement marquée du reflet des événements que nous vivons. Il ne s'agit pas, en effet, d'opposer à la barbarie islamique une autre barbarie, celle où est tombée ce que nous appelons encore notre civilisation. Avec abus, s'il ne s'agissait pas de la retrouver dans son tréfonds et de la reconstruire.

     

  • LIVRES & ACTUALITE • Un regard inédit sur Hassan II

     

    Par Péroncel-Hugoz

     

    Peroncel-Hugoz a lu le tout nouvel ouvrage de l’ancien ministre français Philippe de Villiers, qui connut feu le roi Hassan II (1929-1999) et à qui il consacre tout un chapitre bien « pimenté ».

     

    peroncel-hugoz 2.jpgAyant renoncé à toute carrière politique, après avoir servi la France aussi bien sous le président Mitterrand que sous le président Chirac, l’ex-élu vendéen et européen, Philippe de Villiers, homme politique atypique, ne cachant pas ses fidélités capétienne* et chrétienne, se consacre maintenant à ses mémoires. Et aussi à gérer les grands spectacles historiques du Puy-du-Fou (Vendée), succès mondial que même les Etats-Uniens, d’habitude peu enclins à décerner des lauriers à des réussites françaises, ont plébiscité … la Russie de Vladimir Poutine également, et désormais Villiers est mandaté par le président russe pour installer deux grandes manifestations historiques pérennes sur la Terre des Romanoff, ce qui fait grimacer les hiérarques socialistes de Paris, spécialistes des coups bas contre le « nouveau tsar Poutine », même quand il est un bon client du savoir-faire français … 

    Mais ce qui nous intéresse aujourd’hui, ce sont les notations inédites de Villiers sur Hassan II, avec qui il entretint des rapports directs à partir du moment où l’élu franco-européen s’impliqua dans des projets de co-développement au Maroc. Extraits donc du chapitre XVI du nouveau livre de Villiers, chapitre intitulé « Hassan II le visionnaire ». Déjà tout un programme… 

    « 9 juin 1992, à Rabat, Alexandre de Marenches, ancien patron des Services secrets français [et proche d’Hassan II] me dit : Sa Majesté chérifienne vous attend … Pressez-vous ! 

    Le roi m’attend, debout dans la salle du trône et après quelques propos sur la formation de techniciens marocains pour la gestion des ressources en eau, il attaque un tout autre sujet : 

    - Pourquoi n’aimez-vous pas Lyautey ?

    - Sire, j’aime Lyautey !

    - Pas vous, mais les élites françaises …

    - C’est à cause du colonialisme …

    - Mais Lyautey, ce n’est pas le colonialisme ! C’est la colonisation ! Le maréchal fut un colonisateur tombé amoureux du colonisé. Nous, les Marocains, nous aimons Lyautey. Quand il mourut en 1934, mon père pleura et tint à aller à Thorey**, en Lorraine, s’incliner devant sa dépouille. Lyautey était l’ami de la dynastie alaouite. Il avait de la grandeur. Ce fut un seigneur. »

    REPENTANCE  FRANCAISE

    Lyautey.jpg- « Hassan II : Les Français ont perdu le fil de leur Histoire. Pour aimer un pays, il faut sentir qu’il a un passé. Ce n’est plus votre cas. Vous dépensez tant de temps à battre votre coulpe sur la poitrine de vos propres ancêtres.

    - Villiers : Cela inquiète Votre Majesté ?

    - Le roi : Oui, pour la marche du monde. Vous êtes tout à votre noirceur, vous apprenez à vos enfants à se détester. Vous avez quand même des motifs de fierté. Il faudrait que vos compatriotes apprennent à aimer la France comme nous, nous aimons le Maroc »

    NON A MAESTRICHT ! 

    - « Villiers : Sire, vous vous intéressez au traité de Maestricht ? Au référendum ?

    - Le roi : Oh que oui ! Je suis votre campagne pour le non avec Pasqua et Seguin***. Vous parlez juste.

    - Nous ne sommes qu’une poignée.

    - Vous serez plus nombreux si vous faites comprendre aux Français que ce traité va déclasser la France et perdre l’Europe. C’est une mauvaise action pour vous mais aussi pour le Maroc, car le centre de gravité de l’Europe va se déplacer vers le monde anglo-saxon, et finalement vers l’Amérique. La dérive nordique éloignera la France de son Histoire originelle, de sa parenté affective :  La Méditerranée … » 

     

    Sans commentaires, car à mon sens on ne saurait mieux dire, surtout au vu de ce qui s’est passé depuis cette rencontre Hassan II-Villiers. Le traité de Maestricht fut adopté le 20 septembre 1992, jour fatidique, avec une faible avance : 51%. Depuis lors la France n’a cessé de s’affaiblir et l’Europe de  Bruxelles, de plus en plus soumise aux intérêts anglo-américains, va de crise en crise : financière, industrielle, psychologique, identitaire, etc. Le roi visionnaire, le monarque aux cent barrages, le récupérateur pacifique du Sahara n’est plus là pour constater qu’hélas il ne s’était pas trompé …   

    *La dynastie capétienne a régné sur la France, à travers plusieurs branches, de l’an 987 à la Révolution de 1848, à l’exception des années républicaines ou impériales courant de 1792 à 1814. 

    ** Aujourd’hui officiellement appelé Thorey-Lyautey, et où l’ancienne résidence du maréchal abrite un musée-fondation. 

    *** Deux hommes politiques gaullistes hostiles au traité de Maestricht, comme Villiers, car ce texte laminait la souveraineté française. 

    LIRE : Philippe de Villiers, « Le moment est venu de dire ce que j’ai vu », Albin Michel, Paris, 2015, 345p,  22 € 

    Peroncel-Hugoz - Le 360

     

  • SOCIETE • Terrorisme : prions pour Paris ?

     

    Thibaut Picard Destelan, dans Causeur : « Face à l’horreur, mieux vaut méditer que jouir sans entraves » - D'intéressantes réflexions dont on peut débattre ... 

    Quelle belle tirade que celle de Michel Hazanavicius dans Première ! « Baiser, rire, manger, baiser, boire, lire, baiser, discuter, manger, argumenter, peindre, baiser, lire, baiser, s’engueuler, dormir, regarder des films, mais surtout baiser, et éventuellement se taper une joyeuse petite branlette ». Voilà ce qui, selon le réalisateur définirait la belle spécificité du Français… ce qui est sensé lui apporter la victoire ! Certes on y reconnaît le style satirique de celui qui nous a fait rire de la franchouillardise dans OSS 117, mais le sourire (jaune) qu’arrache cette harangue est loin des esclaffements gaulois si chers à Hubert Bonnisseur de La Bath.

    Au fond, cette sortie est bien triste, car elle révèle à quel point nos libertés conquises sont devenues des plaisirs qui s’imposent sans désir ni doute : elles sont l’algorithme à entrer dans le robot « French 2.0.15 ». Juxtaposer la sexualité débridée et l’apéritif en terrasse, c’est admettre notre abrutissement face à nos instincts : manger, boire, jouir ! Pourquoi ne pas plutôt justifier d’un réel art de vivre qui s’exprime par la manière, toujours française, de rendre beau ce qui est nécessaire : de ne pas manger mais prendre un repas – de préférence cuisiné avec soin, de ne pas boire mais déguster un vin, de ne pas s’habiller mais faire de la mode ? Hazanavicius admet sans y penser que son divertissement n’est pas un but à poursuivre, ni une valeur à défendre mais la fuite inexorable des âmes perdues que Pascal expliquait ainsi : « Les hommes n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, se sont avisés pour se rendre heureux, de n’y point penser.»

    Aujourd’hui la mort et l’ignorance sont de retour, plus fortes que nos jeux insouciants. Alors quand certains défendent la France à coup de « sortez couverts » et « ce soir on picole », d’autres prennent le temps d’interroger notre « modèle de civilisation » – comme Madeleine de Jessey dans Figarovox. Selon la porte parole de Sens Commun « La culture du seul divertissement et de la consommation sans limites ne satisfait plus personne ». Ce bonheur au rabais que l’on traque et dont Pascal nous dit qu’il est ce que nous nous fuyons dans le divertissement est la cause de notre appauvrissement culturel ; aujourd’hui cristallisé dans notre incapacité à nous réunir sous des bannières plus grandes que les plaisirs individuels. De tout façon, nous avions déjà tété nos plaisirs jusqu’à lie, descendant dans une torpeur qui profitait à nos adversaires.

    Il conviendrait alors d’éveiller nos cœurs à quelque chose de plus grand ; mais avec la peur du terrorisme est venue un refus catégorique de l’idéal, le libertarisme sociétal n’admettant pas que l’homme se meuve pour plus grand que lui. Ainsi, le refus de l’islamisme se change en refus de la religion. D’un côté on dit « pas d’amalgame » entre musulman et islamiste. De l’autre on fait l’amalgame entre islamisme et religion… il faut savoir ! Luc Le Vaillant, dans Libération, se plaint du hashtag #prayforparis qu’il accuse de « faire le jeu du religieux et de ses guerres ». Cela prouve bien l’inculture du personnage. On n’est pas musulman ou chrétien comme on est Samsung ou Apple ! En tant que relation avec Dieu, la religion est un acte personnel : elle fait partie de l’identité du croyant et de la culture des peuples.

    C’est pourquoi la laïcité ne doit pas être une religion comme les autres ; sinon elle se fera marginaliser par l’islamisme, de la même manière qu’elle a marginalisé la chrétienté. Pour être plus forte, la France doit, au contraire, faire la paix avec son passé. Daech, lui ne l’a pas oublié puisqu’il n’a pas attaqué l’« incroyance festive » que défend Libération, mais « celle qui porte la bannière de la croix », « les croisés » (cf. communiqué EI du 14 novembre). Accepter #prayforparis c’est admettre l’existence indéniable d’un héritage religieux dans la culture occidentale, et opposer cette barrière aux assauts de Daech – qui prend d’ailleurs soin de détruire les œuvres d’art partout où il en rencontre, comme s’il ne pouvait supporter la bravade de la beauté.

    Nous devons retrouver notre histoire et nous nourrir de tout ce qu’elle contient de contradictoire avec l’islamisme : des trésors de notre culture tellement plus fort que ce que défend le libertaire individualiste ! La chevalerie, les cathédrales, la renaissance sont des pages de l’histoire certes moins médiatiques que la révolution où la résistance, mais elles portent aussi en elles un fragment de ce que sont les Français. Des protecteurs et non des brutes, des pèlerins et non des conquérants, des chercheurs ardents de la vérité dont l’histoire – à la beauté trop méconnue – chante les louanges aux oreilles sourdes et ivres du jouisseur parisien.

    Il ne s’agit pas de se bâtir une histoire de propagande mais de retrouver dans nos mémoires si tristement sélectives ce qu’il y reste de fierté. Il est par exemple de bon ton de qualifier le terroriste de moyenâgeuxnec plus ultra de l’insulte dans notre monde de progrès. Quelle offense faite à mille années de notre histoire ! Natacha Polony disait quelques jours avant les attentats : « Il s’est passé [en France] un moment de la conscience humaine ». Si l’on refuse de l’admettre, si l’on ne trouve rien d’autre à défendre que la clownerie moribonde de nos divertissements, alors nous avons déjà perdu.  

  • Bordeaux : Echos d'une conférence très suivie de Jean Sévillia

     

    Dans le cadre des Rencontres Amitiés Françaises, nous signalons que plus de trois-cents personnes ont assisté, mercredi dernier, à l'Athénée municipal de Bordeaux, à la conférence de Jean Sévilla : « Le catholicisme en France, quel avenir ? »

    Jean Sévilla y a également présenté son livre « La France catholique ». (Editions Michel Lafon).

    Lafautearousseau avait naturellement annoncé cette importante rencontre.

    Remerciements au site Action française à qui l'on doit l'illustration ci-dessus.

    Action française

  • Paris, c'est aujourd'hui : Colloque d’Action française « Immigration, stop ou encore ? »

     

    Le Centre Royaliste d’Action Française a convoqué ce colloque et en a donné l'important programme qui suit. Il intéresse les royalistes et les patriotes français. C'est pourquoi, à tous ceux qui le peuvent, nous conseillons de s'y rendre. LFAR

    L'arrivée massive d'immigrants en Europe est un phénomène exceptionnel. D'une part à cause de l'ampleur du phénomène et d'autre part à cause de la nature musulmane de cette immigration, dans un contexte de multiculturalisme qui interdit toute assimilation. Enfin, à cause de la crise économique persistante, qui a appauvri la plupart des citoyens. Dans cette conjoncture, la France a adopté une posture morale de générosité sans condition et d'ouverture sans limite. La France est en danger : comment accueillera-t-elle vraiment ces immigrants supplémentaires, alors que l'échec des précédentes politiques migratoires est déjà patent ? Et comment préservera-t-elle son identité alors que celle-ci est niée par ses élites et combattue par les nouveaux arrivants ?

    14H15 : Introduction par FRANÇOIS BEL-KER, Secrétaire Général d'Action Française

    14H30 : Table-ronde sur les constats, animée par OLIVIER FRANÇOIS, journaliste

    Au-delà du mensonge des mots, au-delà des statistiques ambigües, que peut-on réellement dire de l'immigration, en France, aujourd'hui ?

    RENAUD CAMUS, écrivain et président du Parti de l'Innocence

     JULIEN ROCHEDY, entrepreneur et ancien président du Front National Jeunes

     RAPHAËL LIOGIER, sociologue, philosophe et professeur à l'IEP d'Aix-en-Provence

     KARIM OUCHIKH, président du SIEL

    15H30 : Entretien : Idées reçues, mensonges et vérités sur l'immigration, animé par ALOYSIA BIESSY, journaliste

     5 questions à JEAN-PAUL GOURÉVITCH, auteur de L'immigration pour les nuls

    16H00 : Table-ronde sur l'enseignement de l'Histoire et sur la culture, animée par STÉPHANE BLANCHONNET, président du Comité Directeur d'Action Française

    Chaque personne a une identité, qui participe d'autres identités, d'autres cultures qui ne sont ni équivalentes, ni réductibles les unes aux autres, ni sans conséquences sur la capacité des individus à vivre ensemble.

     GUILLAUME DE TANOUARN, prêtre et écrivain

    ALBERT ALI, écrivain

    ERIC LETTY, essayiste et journaliste

    17H00 : Table-ronde "Que faire ?" : les solutions politique possibles, animée par CHARLES DE MEYER, assistant parlementaire

    L'Union européenne tient le double discours de l'exigence morale et de la nécessité économique. La France met en avant les valeurs de la République et la nécessité d'être exemplaire. Pourtant, le véritable rôle des politiques n'est-il pas, d'abord, d'assurer le bonheur des populations existantes ?

     NICOLAS DHUICO, député,

     JEAN-FRÉDÉRIC POISSON, député

    FRÉDÉRIC ROUVILLOIS, constitutionnaliste, professeur de droit et écrivain.

    17H45 : Réinformation sur l'immigration et conclusion 

     

    RENSEIGNEMENTS ET RÉSERVATIONS

    contact@actionfrancaise.net

    Eespace Cléry -17 rue de Cléry - 75002 Paris - Métro Bourse, Grands Boulevards

    PAF : 10€ (tarif normal) 5€ (tarif lycées, étudiants et chômeurs)

    Après-colloque

    les participants sont cordialement invités à un buffet dînatoire dans les locaux de l’Action française, en présence des cadres et des militants du mouvement. 

    Rendez-vous dès 19h30 au 10 rue Croix des Petits Champs, dans le 1er arrondissement, métro Palais Royal - Musée du Louvre. PAF : 6 euros en cas de réservation avant le 16 novembre à contact@actionfrancaise.net ; 10 euros sur place.

    Lafautearousseau conseille à ses lecteurs de réserver leur après-midi du samedi 21 novembre, de participer, de partager l'information autour de soi ! 

     

  • MAL DÉFENDUS !

     

    par François Marcilhac

     

    500021990.jpgBeyrouth-sur-Seine : avec leur générosité imbécile pour toute la misère du monde, leur géopolitique du Bien et du Mal et leur fausse diplomatie des droits de l’homme, leur « Padamalgam » pour toute morale pratique, leur « France ouverte » et leur multiculturalisme comme horizon indépassable de l’humanité, leur « république de la diversité », leurs « chances pour la France », leur société inclusive, ils sont comblés. Faire France, comme ils disaient ! Engagez-vous, rengagez-vous dans le camp de la mondialisation heureuse. La France est devenue un village festif. 

    Le chagrin, bien sûr. 130 morts, à l’heure où nous écrivons. Le chagrin mais aussi la colère. Non pas devant le caractère inéluctablement tragique de l’histoire qui s’est rappelé à nous, brutalement, ce vendredi 13 novembre, mais devant son oubli par nos gouvernants, depuis tant de mois, d’années, de décennies, devant ce déni de réalité dont le massacre de la semaine dernière n’est que le fruit sanglant. Malheureusement, ces 130 morts ne leur ont pas plus servi de leçon que les premiers massacres de janvier ou la décapitation de juin : le semble-exécutif refuse toujours de nommer l’adversaire. Vendredi soir, Hollande n’a parlé que de « terroristes », alors qu’il savait déjà ; lundi matin, son ministre de l’intérieur Cazeneuve, martelant avec un air martial que « les terroristes ne détruiront jamais la République, c’est la République qui les détruira », n’évoque que du bout des lèvres des « imams prêcheurs de haine » pour mieux ne pas qualifier cette haine, qui est islamiste. Récidivant à Versailles devant le Congrès, le président de la république n’a évoqué le « terrorisme djihadiste » que pour mieux taire l’islamisme radical, s’enferrant dans une condamnation de « Daech ». Il ne faut pas déplaire à nos amis séoudiens ou qataris, financiers de ce même islamisme. Or ce n’est pas la « France ouverte », contrairement à ce que croit Hollande, qu’ont visé les agents de l’Etat islamique — parlons français ! —, mais en dépit ou à travers des valeurs républicaines dont ils se fichent éperdument, la France toujours considérée, à tort ou à raison, comme terre de Chrétienté. Ce sont des « croisés » qu’ils ont massacrés, indépendamment de la confession des victimes. C’est à l’identité profonde de la France qu’en dépit de nous-mêmes les assassins nous ont ramenés.

    D’où l’absence scandaleuse, samedi dernier, à la messe célébrée à Notre-Dame de Paris par Mgr Vingt-Trois pour les victimes des attentats, des membres du Gouvernement, du président de la République et de Nicolas Sarkozy, lui-même ancien président. Les présidents des deux assemblées étaient là, jusqu’au maire de Paris, des ambassadeurs, aussi, c’est-à-dire les représentants d’Etats étrangers, mais aucun de notre exécutif laïque et obligatoire. Pas même le ministre des cultes qui, il est vrai, considère que parler des racines chrétiennes de la France c’est « faire une relecture frelatée » de l’histoire de France, tandis que « prôner le djihad n’est pas un délit ».

    Alors que la France est en guerre, nous aimerions nous ranger, plus qu’à une union nationale, valable en temps de paix, à une Union sacrée, puisque c’est l’ultime qui est en jeu quand la brèche a permis à l’ennemi de franchir le rempart et d’envahir le pré carré. Mais l’union sacrée avec qui, quand le pays légal a totalement failli ? Oui, l’ouverture des frontières a permis à la mafia salafiste franco-belge d’agir en toute impunité ; oui, parmi les prétendus réfugiés se cachent des terroristes de l’Etat islamique : deux des assassins sont venus de Syrie par la Grèce à la faveur de la générosité lacrymale de l’Europe ; oui, la politique étrangère conduite depuis tant d’années par Sarkozy (Libye, Syrie) puis Hollande, poursuivant de sa vindicte davantage Assad et la Russie, que les islamistes (Fabius : « Al Nostra fait du bon boulot »), se révèle plus qu’un crime : un imbécillité sans nom ; oui, notre république immigrationniste a enfanté un ennemi intérieur, qui n’attend, avec l’aide de quelques convertis, que l’ordre d’agir, après avoir trouvé ses justifications tant dans les métastases d’une repentance nationale généralisée diffusée par les élites, que dans le mépris des racines chrétiennes et de l’identité charnelle de la France devenu dogme de la République

    Nous ne souhaitons pourtant qu’une chose : que le pays légal réagisse enfin. Aussi comment ne pas être effaré d’entendre Valls réitérer sur RTL, ce lundi 16 novembre, ses propos de janvier : la France va « vivre longtemps » avec le terrorisme, justifiant ainsi son inaction depuis Charlie, sa passivité d’aujourd’hui, ses échecs probables de demain ? « Il faut, je l’ai rappelé depuis des mois [...] expulser tous les étrangers qui tiennent des propos insupportables, radicalisés contre nos valeurs, contre la République. Il faut fermer les mosquées, les associations, qui aujourd’hui s’en prennent aux valeurs de la République »... Pourquoi ne l’a-t-il pas fait ? N’est-il pas le premier ministre ? L’Esprit du 11-janvier, avec lequel nous le croyions en communication permanente, ne lui a-t-il pas inspiré des mesures efficaces ? Pourquoi les frontières sont-elles restées béantes depuis janvier ? Pourquoi les imams des mosquées salafistes prêchent-ils toujours librement la haine des croisés alors qu’ils devraient avoir été expulsés ou mis en camp de rétention ? Pourquoi ces mosquées sont-elles toujours en activité ? Pourquoi les mis en examen pour terrorisme ne sont-ils pas tous en prison ? Pourquoi, alors que tous les terroristes qui sont passés à l’action sont connus de nos services, puisque fichés S, ont-ils été laissés libres d’agir ? Pourquoi ce manque d’échanges entre services de renseignements belges et français ? Pourquoi a-t-il fallu attendre ces attentats pour effectuer toutes ces perquisitions manifestement efficaces ? Oui, pourquoi avoir attendu 130 morts pour commencer à agir ? Du reste, Valls y est-il vraiment décidé ? Le fait qu’il juge, toujours sur RTL, en contradiction avec Hollande soi-même, que « fermer les frontières ne changera rien » n’est pas fait pour nous rassurer. Manifestement les deux têtes de l’exécutif ne sont pas sur la même longueur d’ondes, ce qui est gravissime en temps de guerre. Quant à l’assignation à résidence des fichés S, Hollande s’en remet courageusement au Conseil d’Etat, c’est-à-dire à la Cour européenne des droits de l’homme.

    Les mesures annoncées en catastrophe par Hollande à Versailles témoignent de l’impréparation de la République à affronter les fruits de son incohérence politique. Maurras évoquait à la veille de la guerre de 1914 ces jeunes Français « couchés froids et sanglants sur leur terre mal défendue ». Rembaucher les policiers, douaniers ou gardiens de prison congédiés par Sarkozy, geler la baisse des effectifs des armées entamée par Sarkozy et Hollande, prolonger l’état d’urgence d’une réforme constitutionnelle permettant d’agir en situation exceptionnelle, tout cela peut être bel et bon. Le mieux est de l’avoir préparé en amont. Gouverner, c’est prévoir. La comble de l’incohérence ? Envisager, tout en sachant qu’on ne le fera pas — le Conseil constitutionnel, sous la coupe de Strasbourg et de Bruxelles, le refusera —, la déchéance de nationalité de binationaux même nés français. Quel aveu des contradictions insolubles dans lesquelles nous plongent la notion même de binationalité et le droit du sol pratiqué dans cette « France ouverte » si chère à Hollande.

    La République ne nous décevra jamais. 

    L’Action Française 2000

  • Alexandra Lavastine : mon jour d'après le 13 novembre dans un quartier sensible de Seine-Saint-Denis

     

    Passionnant récit d'Alexandra Laignel-Lavastine

    La journaliste et philosophe Alexandra Laignel-Lavastine, qui habite en Seine-Saint-Denis, a interrogé les jeunes de son quartier dès le matin du 14 novembre. Si leurs propos ne reflètent pas l'opinion majoritaire dans ce département, ils traduisent une réalité dérangeante.   

    Alors qu'en ce lugubre matin du samedi 14 novembre, la France était en état de choc et le monde glacé d'effroi, comment les jeunes de mon quartier, dans le 93, avaient-ils vécu, eux, les carnages de la nuit? Un vague espoir m'avait saisi: et si les tueurs islamistes venaient, par ce bain de sang, de s'aliéner un peu leurs admirateurs de banlieue, généralement fascinés par leurs «exploits guerriers»? Dans cet univers clos et à la dérive, où la fêlure morale est souvent vertigineuse, le principe qui prédomine est en effet celui de la valeur contraire. Les décapitations en ligne, les prières de rue et le voile intégral horrifient ou dérangent? Ils «kiffent» puisqu'ils «niquent la France». Mais cette fois? Se pouvait-il que les images atroces des tueries les laissent de marbre et ne suscitent pas l'ombre d'un écœurement ou d'une identification aux victimes? En s'en prenant au public jeune et festif d'un concert de rock ; pis, en ciblant les spectateurs d'un match de foot, leur passion, de surcroît au Stade de France, situé à quelques encablures de là et où ils auraient tous pu se trouver, les tueurs de Daech n'avaient-ils pas commis une erreur d'appréciation? J'avoue que je m'attendais au moins à un vague: «Là quand même, ils abusent!». Je descends au bistrot du coin vers 10 heures.

    Première surprise: rien n'y laisse deviner qu'une tragédie vient de frapper le pays. La télé est pourtant allumée au-dessus du comptoir, le film des événements passe et repasse en boucle. La clientèle, exclusivement masculine, regarde du coin de l'œil, mais personne ne semble concerné. J'interroge le patron, les yeux rougis par l'absence de sommeil, un sympathique arabe chrétien qui se définit comme «assyro-babylonien»: «J'y crois pas», me dit-il à voix basse. Depuis que j'ai ouvert à 8 heures, les gens parlent de tout et de rien, mais surtout pas de ce qui vient de se passer. C'est biz as usual: circulez, y'a rien à voir. Je m'attable avec Malik* en train de boire son café, le visage fermé. Je lui dit qu'il a une mine fatiguée et qu'il y a de quoi après les massacres horribles des dernières heures. «Pourquoi horribles?», me lance-t-il d'un air hostile, «tu crois quand même pas ce qu'ils nous racontent!». Ma crédulité lui fait même «pitié»: «Réfléchis trois secondes: un musulman, ça tue pas. Tuer, chez nous, c'est haram. C'est marqué dans le Coran». Je tente la carte bobo nunuche bien-pensante: l'islam est certes une religion-de-tolérance-et-de-paix, mais il peut y avoir de mauvais musulmans, des fanatiques qui le déforment et s'en servent à de vilaines fins politiques. «C'est quoi ces conneries?», poursuit-il. «Un communiqué, ça se fabrique, c'est comme les images: tout est bidon». Et comme un musulman ne peut donc être un meurtrier, il faut bien que «y'ai un truc derrière tout ça». Le raisonnement est implacable. Aussi brillant que celui d'Emmanuel Todd et d'une bonne partie de la doxa de gauche politiquement correcte, pour qui il ne s'agissait déjà plus, quatre mois après «Charlie», de combattre l'islamisme, mais le «laïcisme radical» porté par les néo-réactionnaires, très vite tenus, en toute indécence, pour les coupables indirects des crimes de janvier.

    Entre temps, les copains de Malik sont arrivés et ils se mêlent à la conversation. Nidal, passablement agressif, renchérit: «La vérité, de toute façon, on l'a connaît: c'est un complot contre nous et contre l'islam, comme avec Merah et le reste». Le reste? Un autre m'éclaire de façon assez prévisible en m'expliquant que les chambres à gaz seraient une «invention sioniste», le 11-Septembre un complot du Mossad et le massacre de Charlie-Hebdo un coup monté de la DCRI. «Tu vois, les Kouachi. J'ai un copain qui les connaissait bien. Il m'a dit que le deuxième frère était mort en 2009. C'est pas une preuve, ça? Le but, c'est de salir les musulmans». Avant, m'expliquent-ils, ils ne disposaient que de la version officielle que leur servaient «les médias». Désormais, ils possèdent un savoir inaccessible au profane: «On peut plus nous enfumer». À ce propos, je leur demande quels sont leurs sites préférés: Dieudonné, Soral, Médiapart, oumma.com, les Indigènes de la République? Ils ne comprennent pas le sens de ma question: «Internet, quoi, YouTube. Tu connais YouTube?». Je n'insiste pas, voyant que la notion même de source leur échappe. Je me résigne aussi assez vite à laisser de côté la question de la vraisemblance dudit complot — la paranoïa conspirationniste étant par définition immunisée contre tout démenti en provenance des faits —, pour m'intéresser aux chefs d'orchestres cachés: un complot, mais orchestré par qui? «Justement, on le saura jamais», dit Kevin d'un air grave et dubitatif. «Tu déconnes!», s'énerve Réda qui prend à son tour la parole avec véhémence: «T'sé quoi Madame, avec tout mon respect: les gros salauds, les barbares, les criminels qu'faudrait régler à la kalach, c'est les Juifs! Mais ça, tu pourras pas l'écrire dans ton journal vu qu'ils contrôlent tout». Vraiment tout? «Nan, en fait, seulement 80 %», estime Kamel, plus raisonnable et qui dispose de chiffres plus… exacts. Son voisin, un peu gêné devant moi, tient lui aussi à… nuancer: «Les Juifs, enfin les sionistes plutôt. C'est eux les grands caïds. Même l'Etat français est une marionnette entre leurs mains». Tous acquiescent avec vigueur et considèrent, pour de mystérieuses raisons, que seul Poutine, «un mec génial», pourrait nous «sauver».

    Les trois mots magiques — «Juif», «sioniste» et «complot» — étant lâchés, ces vocables ont aussitôt pour effet d'échauffer le groupe, toujours aussi peu disposé, autour de midi, à verser une larme de compassion, même une toute petite, envers les morts et les blessés de la nuit. Une insensibilité et une indifférence absolues. Tandis que je songe à la réflexion d'Hannah Arendt sur le fait que c'est aussi dans le vide de la pensée et l'incapacité d'être ému que la barbarie se déploie, voilà que Toufik infléchit avec succès la discussion sur les francs-maçons, «les alliés du grand caïd» qui, manifestement, les passionnent. Et d'ajouter: «De toute façon, en France, c'est simple: si tu fais pas partie d'une loge, t'as pas de boulot». Son pote le coupe: «Faut pas oublier non plus Sarko et sa bande qui, après avoir vendu cinq tonnes d'or aux Américains pour une bouchée de pain, se sont tous tirés à Tel-Aviv». Son voisin complète: «Même les Français en ont marre, ils sont plus chez eux avec ces Juifs pourris. Or on a quand même le droit de se sentir chez soi, c'est normal!». J'ose faire remarquer que Nicolas Sarkozy a pourtant l'air de se trouver physiquement à Paris. «Ben c'est normal, vu que c'est Rockefeller qui dirige BFM et iTélé». J'admet que je n'y avais pas pensé… De toute façon, «ils sont tous islamophobes, faut arrêter de nous stigmatiser», conclut un autre.

    Là, il me sidère: ces jeunes esprits déstructurés, abreuvés aux discours de haine et aux fantasmes complotistes, ont en même temps très bien capté le prêt-à-penser du jour et l'intérêt qu'ils pouvaient en retirer, entre chantage à l'islamophobie, vulgate du padamalgame (les procès en dérive «néo-réac», ils ne connaissent pas encore) et complaisance victimaire. Il est vrai que l'axiome de Malik — «Un musulman, ça tue pas» — rejoint le principe intangible de la bien-pensance contemporaine, à savoir que le Mal ne saurait en aucun cas surgir du camp du Bien, celui des anciens «damnés de la terre». D'où l'exploit d'Edwy Plenel qui, en 2013, osait encore parler d'un «terrorisme dit islamiste».

    C'est ainsi que sans ces territoires occupés de la pensée progressiste, toute à son déni idéologique du réel, Les Territoires perdus de la République*, un livre qui réunissait dès 2002 les témoignages alarmés de professeurs du secondaire, aurait pu permettre de faire — à temps? — le bon diagnostic. La gauche, dont la lâcheté fut affligeante, a préféré le bouder et le considérer comme raciste: comment osait-on constater une offensive salafiste dans certains quartiers? Scandaleux. Résultat: la France enregistre quinze ans de retard à l'allumage face à la menace représentée par un islam qui se radicalise. À se demander où réside le plus horrifiant. Dans cette perte absolue de repères parmi une jeunesse pourtant née et éduquée en France? Ou dans le manque de courage de nos élites somnambules qui, de renoncements en capitulations, ont contribué à accuser cette fracture qu'il était jusqu'à présent de mauvais goût de vouloir voir et sur laquelle il était donc de bon ton de ne rien savoir. Tragique. Au début des années 2000, mes interlocuteurs étaient encore enfants. Nos milliers de djihadistes de fabrication locale — dont les massacreurs du 13 novembre —, l'étaient aussi. 

    * 220 pages, 18 €.

    * Les prénoms ont été changés

    XVMbffe1f82-8e20-11e5-99b8-4bd51d8f92b3-100x150.jpgAlexandra Laignel-Lavastine a fait ses études à l'Université Paris Sorbonne-Paris IV puis au Centre de formation des journalistes (CFJ), avant de se consacrer à une carrière d'essayiste, d'universitaire et d'éditeur, collaborant aussi, depuis 1987, à de nombreux médias écrits et audiovisuels, dont Le Monde (près de 250 articles, portraits et chroniques de 1998 à 2009, accessibles via le site du quotidien), Libération, Le Monde des débats, Philosophie Magazine... Elle est l'auteur d' un livre de combat sur les enjeux de l'après Charlie, intitulé La Pensée égarée (Grasset, Prix de la Licra, mai 2015)* et sous titré «Islamisme, populisme, antisémitisme: essai sur les penchants suicidaires de l'Europe». La chronique d'une catastrophe annoncée en même temps qu'une invitation à décréter l'état d'urgence intellectuel.

    Alexandra Laignel-Lavastine  - FigaroVox          

             

  • La dernière « couv » de Valeurs actuelles : D'accord, mais ...

     

    ... On ne réarmera pas la France

    - c'est à dire d'abord au plan

    mental et politique - à

    l'intérieur du Système !

  • Pire que nos ennemis terroristes : cet ennemi intérieur, le reniement de soi

     

    Notre pays vient de vivre des heures tragiques dont il sait qu'elles ne sont pas terminées, dont il sait qu'elles se reproduiront et que la menace de leur renouvellement, leur renouvellement même, se prolongeront longtemps encore. Probablement des années. Peut-être une décennie. Peut-être davantage.

    Les Français ont pris conscience de cette situation de guerre. Et donc de l'existence d'un ennemi. On n'a pas pu leur refaire cette fois-ci  le coup de Charlie ... Mais les mêmes (politiques et médias) tentent déjà de leur inoculer que ce que nous devrions défendre ce serait la société du divertissement, du brassage festif des cultures et des populations, la société du caprice et du plaisir... Au sens vulgaire.   

    Les trois articles que nous publions plus loin, signés Denis Tillinac (Valeurs actuelles), Madeleine Bazin de Jessey (Le Figaro) et Jean-Paul Brighelli (Causeur), chacun selon son registre, appellent au contraire les Français à une sorte de retour sur eux-mêmes en rupture avec l'idéologie que nous venons de nommer.

    Denis Tillinac en donne le sens : « Il y a pire que nos ennemis terroristes : cet ennemi tapi dans l'ombre de nos consciences, le reniement de soi.»

    Le souci de Madeleine de Jessey, ce sont les jeunes français, y compris ceux qui sont issus de l'immigration : « Ils avaient besoin d'histoire et de modèles identificatoires, nous leur avons appris à haïr notre passé à travers des séances d'auto-flagellation permanentes qui les ont entretenus, pour les uns, dans une culpabilité étouffante, et pour les autres, dans une victimisation haineuse.» 

    Jean-Paul Brighelli s'insurge que l'on puisse appeler kamikaze les tueurs aveugles du 13 novembre. Alors que le Japon contemporain remet à l'honneur les valeurs de sa tradition : « Ce mouvement de balancier a permis l’exaltation de ces jeunes gens prêts à mourir pour l’empereur. Et le suicide de Mishima par seppuku en 1970 n’est jamais que l’ultime démonstration des valeurs traditionnelles du Japon en résistance à l’ère du base-ball et de la vulgarité américaine. (...) Aucun rapport en tout cas avec ce qui vient de se passer : à Paris, ce n’étaient pas des « vrais croyants » affrontant des « croisés », comme ils aiment le dire. C’étaient juste des connards sanguinaires.»

    La détermination, le courage, le professionnalisme, la rigueur, la technique impeccable des hommes du RAID est indéniable. Eux aussi risquent leur vie. Comme nos pilotes qui bombardent Raqa jusqu'où ils volent avec sans-doute le meilleur avion du monde. Ce sont de légitimes motifs de fierté.

    C'est de leur régime politique que les Français n'ont pas de raisons d'être fiers. Et de l'idéologie qui le sous-tend. Une constante de ce régime à travers l'histoire est que la France y est  toujours mal défendue. Ce n'est pas ici notre sujet que d'analyser les errements, les retards, l'incohérence de notre politique sécuritaire, de notre politique de l'immigration, de notre politique étrangère. Que d'erreurs ! Que de temps perdu ! Sous ce malheureux quinquennat, tandis que la crise économique sévissait, que le monde devenait infiniment plus dangereux, que montaient en France même les risques liés à l'immigration et au terrorisme, que de temps a été passé, d'importance donnée, aux réformes sociétales imposées par le gouvernement et les lobbies ! Il s'agissait de déconstruire les bases de la société française...

    Tous comptes faits, l'Action française de jadis - et celle d'aujourd'hui - avait raison d'affirmer que la France se défait sans roi. C'est bien à quoi nous assistons et c'est aussi assez exactement ce qu'a déclaré Emmanuel Macron, au mois de juin dernier. C'est ce qu'écrivait, hier mercredi, ici même, Hilaire de Crémiers : « Il vient un temps où les sociétés pour survivre doivent se donner des institutions adaptées. La vraie réforme est à faire à ce niveau. » 

     

  • Denis Tillinac : « Affronter l'histoire »

     

    Denis Tillinac : « ... Nous n'aurions plus peur et serions invincibles »

     

     2594939590.jpgIl y a pire que nos ennemis terroristes : le reniement de soi. C’est en sachant pourquoi nous nous battons que vous vaincrons les barbares.

    L'Histoire se venge. Dans le temple privilégié de notre société du spectacle, la France et l'Allemagne ont mimé sur un carré d'herbe nos guerres d’antan. On n’imagine pas Lloris et Schweinsteiger, les capitaines des deux équipes, se ceindre d'explosifs pour se sacrifier au nom du Dieu de leurs pères ou de la terre sacrée de leurs ancêtres. Ils gagnent de l'argent en jouant au ballon, et n'incitent leurs supporters qu'à acheter des maillots à leur nom : divinités parmi d’autres d’une post-histoire occidentale en voie avancée de déchristianisation, dont les chefs politiques se polarisent sur leur com et  nous parlent exclusivement d'économie. Certes nos soldats  font la guerre en Syrie.

    Mais ce faux remake des Croisades, écrit à la hâte par le fantôme de Shakespeare avec Obama et Poutine dans des rôles de rois fous, reste pour les citoyens de la vieille Europe une succession de spots télévisuels. Qui est l'allié de qui dans ce maelström sanglant où les conflits de tribus décrits par Monfreid et Kessel se surajoutent à la haine millénaire des Sunnites pour les Chiites, à la pêche en eaux troubles des pétro monarques du Golfe, aux songes brumeux des héritiers de Darius et de Soliman, à l'interminable feuilleton des zizanies israélo-palestiniennes, à l'irrédentisme des Kurdes ? Une seule certitude : les chrétiens de là-bas ont été, sont et seront les victimes expiatoires. Ceux de chez nous ne les pleurent que d'un œil, l'autre regarde la télé. Or, voilà que derrière le petit écran, l'Histoire fait son retour, tous siècles confondus : des fous d’Allah tuent pour de vrai, en plein Paris, et se suicident pour hâter leur admission au paradis.  « Guerre asymétrique », disent les experts.

    Oui, asymétrique, et pas seulement sur le plan du contraste entre forces armées plus ou moins étatiques et combattants invisibles d’une guérilla sans frontières. Cette guerre-là, nos bombes peuvent peut-être la gagner, encore que les GI’S ont payé cher au Vietnam l'illusion d'une supériorité assise seulement sur le fric et la technique. Nos soldats tueront des djihadistes, mais aussi beaucoup d'innocents, et le ressentiment suscitera en retour des vocations de djihadistes, on ne voit pas la fin de cette logique infernale. La « dissymétrie » la plus terrifiante, c'est le contraste entre des activistes ayant par avance accepté la mort, et des populations enclines à se mobiliser… pour préserver leurs « droits acquis », et pour rien d'autre. C'est la simultanéité  d'une foi belliqueuse et du nihilisme  « moderne » inhérent à notre société de consommation. C'est aussi, par voie de conséquence la perspective en France d'une guerre civile larvée mais au long cours. L'immense majorité des français musulmans n'a d’autre désir que de faire son trou et sa pelote. Mais dans le nombre, fatalement, surgiront des fous d'Allah que le marasme des cités aura rendus ivres de rancœur. Ceux qui ont ricané mondainement quand Estrosi a évoqué la menace d'une « cinquième colonne » seraient bien inspirés d'y réfléchir.

    Et ceux qui nous gouvernent, de prendre des dispositions pour protéger les Français ordinaires au lieu d'adopter des postures à la fois larmoyantes et bravaches. On ne nous refera pas le coup des manifs du 11 janvier, avec en guise d'exutoire des cours de « laïcité » à l'école, et de « valeurs républicaines » dans les prisons. Les anathèmes d'usage contre l'Islam sont tout aussi inopérants. Personne ne risquera sa peau pour défendre une « laïcité » touillée dans les marmites d’un scepticisme démoralisant. Mieux vaudrait inciter le peuple français à renouer avec ses vraies racines, et lui en inculquer la noblesse. Ces racines judéo-chrétiennes, et gréco-latines, ont enfanté une  civilisation dont les valeurs, fécondées dans le giron du catholicisme, devraient être remises à l’honneur.

    Si tel était le cas, nous n'aurions plus peur et serions invincibles. On peut même imaginer que les islamistes nous respecteraient ; ils ne connaissent que la force, et la vraie force résulte de la volonté de défendre coûte que coûte un héritage spirituel. Trêve de baratins lénifiants ou alarmistes : redevenons ce que nous sommes et affrontons l'Histoire droit dans les yeux, puisqu’aussi bien elle revient nous défier. Il y a pire que nos ennemis terroristes : cet ennemi tapi dans l'ombre de nos consciences, le reniement de soi. Celui-là, il faut lui régler son compte en toute priorité. Sinon nous sommes condamnés. 

    Denis Tillinac  (Valeurs actuelles)

  • Jeunes de France : Donnez-leur un idéal !

     

    La juste analyse de Madeleine Bazin de Jessey            

    Pour Madeleine de Jessey la pertinence d'une civilisation se mesure à l'aune de sa vigueur culturelle : c'est parce que nous avons laissé notre culture s'effondrer que la barbarie est réapparue. Et parce que « le mal est en nous. »

    Frappes en Syrie, fermetures des mosquées salafistes, perquisitions et arrestations… Ces opérations s'imposaient, elles ont été prises immédiatement et nous ferons tous bloc derrière le gouvernement pour qu'il les mène à bien, jusqu'au bout.

    Il serait illusoire, cependant, de penser que ces mesures d'urgence suffiront. Qu'on se le dise: l'élimination de l'Etat islamique en Syrie ne nous mettra pas hors de danger, car le mal est en nous. Et la neutralisation des individus dangereux en France s'avèrera temporairement efficace, certes, mais d'autres s'empresseront de reprendre le flambeau, sous des formes toujours nouvelles et toujours plus barbares. Pourquoi? Tout simplement parce que notre modèle de civilisation est aujourd'hui incapable de retenir ces jeunes assoiffés de radicalité et d'absolu. Si Daech a pu planter dans le crâne de ces Français son sinistre drapeau noir, c'est parce que nous y avions nous-mêmes semé la culture du vide.

    Ces jeunes avaient besoin de repères, nous leur avons donné une société sans racines, sans projet commun et sans limites.

    Ils avaient besoin de cadres, nous leur avons appris à renier toute forme d'autorité, à tuer ancêtres, père et mère pour qu'ils grandissent comme des herbes folles dans le mythe fallacieux de l'homme auto-fondé.

    Ils avaient besoin d'histoire et de modèles identificatoires, nous leur avons appris à haïr notre passé à travers des séances d'auto-flagellation permanentes qui les ont entretenus, pour les uns, dans une culpabilité étouffante, et pour les autres, dans une victimisation haineuse.

    Ils avaient besoin d'action, de dévouement et de sacrifice, nous avons remplacé le service militaire par des écrans, des jeux vidéo et quelques terrains de sport, en pensant que ces succédanés d'action suffiraient à calmer leur bougeotte.

    Ils avaient besoin d'amour, nous leur avons appris à jouir en toute sécurité en exhibant dans nos kiosques, à la vue de tous, les stars du X qui leur montrent la voie de la «performance».

    Ils avaient besoin de cette beauté qui élève l'âme, nous les avons entourés de fer et de béton ; nous avons remplacé l'étude des plus beaux extraits de notre littérature par des cours techniques, insipides et jargonnants, sans chercher à développer de lien charnel entre eux et les plus grandes réalisations de notre patrimoine.

    Ils avaient besoin de spiritualité, nous avons fait d'une laïcité creuse une valeur absolue et érigé la consommation comme seul voie d'accomplissement, en leur accordant au passage l'ouverture des centre commerciaux le dimanche pour qu'ils trouver un sens à leur vie en contemplant des objets qu'ils ne pourront sans doute jamais se procurer.

    Bref, ils avaient besoin de ferveur, ils étaient prêts au dépassement d'eux-mêmes, et nous leur avons appris à zapper et à se divertir.

    Comme le disait très justement Natacha Polony trois jours avant les attentats du 13 novembre: «Nous avons réduit la société occidentale à ce qu'elle a de plus faible: le bien-être et le droit des peuples à disposer d'un écran.» Comment s'étonner, dès-lors, que cette culture du rien soit aujourd'hui concurrencée par le nihilisme de Daech?

    L'humanité d'une civilisation se mesure à l'aune de sa vigueur culturelle. C'est parce que nous avons laissé notre culture s'effondrer que la barbarie est réapparue. Nous avons cru que l'affirmation de ce que nous sommes agresserait les nouveaux venus en France, alors que c'était au contraire la condition même de leur intégration parmi nous et, partant, de leur épanouissement. C'est parce que nous avons renié notre héritage et nos racines que nous voyons aujourd'hui resurgir parmi nos fils et nos filles une violence qu'on croyait à tout jamais bannie de notre territoire.

    Notre réponse à l'Islam radical sera vaine si elle se limite à des réactions sécuritaires, militaires ou politiques ; sur le long-terme, nous ne gagnerons la guerre qu'à la condition d'aimer et de faire aimer un héritage culturel commun. Notre société devra réaffirmer l'amour de sa culture et de ses grands penseurs, la fierté de toute son histoire, des Gaulois à notre République, et l'attachement aux racines judéo-chrétiennes qui lui donnent sa stabilité et ses ressources spirituelles. La culture du seul divertissement et de la consommation sans limites ne satisfait plus personne. Nos enfants ne résisteront aux sirènes de l'islamisme qu'à la condition d'être intégrés à une civilisation qui réponde à l'exigence de leurs aspirations. Il est temps de leur donner un idéal.  •

    Madeleine de Jessey est agrégée de Lettres classiques. Porte-parole de Sens Commun, elle est déléguée nationale des Républicains en charge des programmes de formation.

    Madeleine Bazin de Jessey     

     

  • Attentats de Paris : vous avez dit kamikazes ?

     

    Jean-Paul Brighelli : Les Japonais ne sont pour rien dans les attentats de Paris

     

    985859-1169345.jpg« Attentats à Paris : l’un des kamikazes tenait un “coffee shop” à Bruxelles » (20 minutes). « Ismaël Omar Mostefaï, l’un des kamikazes français du Bataclan » (le Monde). « Attentats de Paris : un des kamikazes venait de louer un appartement à Bobigny » (le Parisien). « Attentats de Paris : qui sont les kamikazes identifiés ? » (RFI). « Le mystère du comportement des kamikazes au Stade de France » (Huffington Post). « Attaques de Paris : qui sont les kamikazes, quels complices éventuels ? » (Le Point).

    Kamikazes par-ci, kamikazes par-là : on va finir par croire que ce sont des Japonais qui ont semé la mort à Paris vendredi 13.

    L’amateur de culture japonaise que je suis s’insurge !

    Kamikaze (pour bien faire, il faudrait accentuer le « e » muet final, kamikazé). Le mot signifie « vent divin », en référence aux typhons légendaires qui engloutirent par deux fois, en 1274 et 1281, la flotte mongole de Kubilai Khan prête à envahir le Japon.

    Puis ce fut un militaire lancé dans les opérations désespérées, décidées par le haut commandement nippon à partir de novembre 1944, quand il fut clair que la guerre était perdue, mais pas l’honneur. Que cette manœuvre fût militairement peu efficace face à l’armada américaine, et humainement et sociologiquement désastreuse, en sacrifiant des milliers de jeunes cadets sortis du système universitaire, est une autre histoire. Dans tous les cas, il s’agissait de soldats partant affronter d’autres soldats. Pas d’assassins — un mot persan (désignant la secte des Nizarites) confondu avec un mot arabe (fumeurs de haschisch), tiens — voués à massacrer des populations civiles indistinctement. Ça, ça s’appelle des criminels, et un criminel islamiste (le mot que François Hollande ne prononce pas) est juste un criminel. Un chien enragé. Même pas un homme.

    Je viens de voir en DVD — avec deux ans de retard — un magnifique (j’insiste) film de Takashi Yamazaki, Kamikaze en français, l’Eternel Zéro (du nom des avions sur lesquels embarquaient les kamikazes) en japonais et en anglais. Un très beau film, très émouvant, sur la mémoire — les deux petits-enfants d’un kamikaze enquêtent aujourd’hui auprès des (rares) survivants sur celui qui fut leur grand-père et qui disparut dans les derniers combats — salué par le Premier ministre Shinzo Abe, et critiqué comme il se doit par les pacifistes : le Japon apparemment a son lot d’associations culpabilisantes. 

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    Un film-enquête (mais ponctué de très belles scènes d’aviation et de combat) qui montre bien justement l’aspect humain de ces soldats voués à mourir. Après tout, le kamikaze se suicidait aux commandes de son avion, tout comme les samouraïs se faisaient seppuku.

    Comme je ne répugne jamais à faire l’éducation des foules, je rappellerai que les samouraïs avaient été tout simplement interdits sous l’ère Meiji (1868-1912), que le droit même de porter une épée leur avait été retiré sous peine de mort, mais que leur mythe avait été opportunément réhabilité sous l’éphémère ère Taisho (1912-1926) et surtout sous l’ère Showa (1926-1989 — de l’invasion de la Mandchourie au Japon moderne en passant par la Seconde guerre mondiale, le long règne d’Hirohito), avant d’être récupéré par les yakuzas, le folklore cinématographique de la reconstruction — pas un hasard — et, d’une certaine manière, par les cadres supérieurs japonais modernes. Ce mouvement de balancier a permis l’exaltation de ces jeunes gens prêts à mourir pour l’empereur. Et le suicide de Mishima par seppuku en 1970 n’est jamais que l’ultime démonstration des valeurs traditionnelles du Japon en résistance à l’ère du base-ball et de la vulgarité américaine.

    Si nous étions plus rigoureux nous-mêmes, les gastronomes ici devraient arroser les McDo de leur sang.

    Aucun rapport en tout cas avec ce qui vient de se passer : à Paris, ce n’étaient pas des « vrais croyants » affrontant des « croisés », comme ils aiment le dire — savent-ils seulement que les Croisades sont terminées depuis 800 ans ? C’étaient juste des connards sanguinaires. 

    Jean-Paul Brighelli
    anime le blog "Bonnet d'âne" hébergé par Causeur.

  • La guerre est là. Que faire ?

     

    Hilaire de Crémiers, directeur de Politique magazine, donne son analyse sur les évènements dramatiques que la France vient de subir.

     

    hilaire-de-cremiers-510x327.jpgLa guerre est là, devant nous. Politique magazine l’a déjà écrit à plusieurs reprises. Cette guerre nous est faite sans déclaration préalable et par tous les moyens dont le terrorisme n’est qu’un des multiples aspects. Les attentats de Paris sont des actes de guerre, a constaté le chef de l’État qui est aussi le chef des Armées. François Hollande a décrété l’état d’urgence et en a demandé la prolongation sur trois mois. Il a réuni l’ensemble de la représentation nationale en congrès à cet effet, pour souligner la gravité de l’heure, appeler au rassemblement de la nation et définir les impératifs de la sécurité de la France en précisant les mesures qui s’imposent. Le Premier ministre, de son côté, parle maintenant avec une extrême fermeté de l’éradication du terrorisme et, en conséquence, de la répression de l’islamisme radical qui l’alimente. Il invoque, lui aussi, l’union nationale nécessaire dans des circonstances aussi dramatiques.

    Situation alarmante

    La situation, en effet, est alarmante. La France est engagée à l’extérieur sur plusieurs fronts, en Afrique, au Moyen-Orient. Elle se trouve aussi partie prenante dans le dispositif en Méditerranée pour faire face à l’intarissable flux migratoire et elle s’est engagée dans l’accueil des migrants innombrables qui arrivent sans discontinuer de Syrie, de Turquie et, d’une manière générale, du sud-est de l’Europe.

    Et voilà que s’ouvre un front intérieur que les responsables politiques commencent seulement à entrevoir. Les mises en garde des services spécialisés et des autorités militaires n’avaient pas manqué ni de nombreuses alertes au cours de ces dernières années.

    Ce front intérieur face à un ennemi de l’intérieur constitué en ce qui s’appelle communément « une cinquième colonne », exigera, à cause de son indétermination fondamentale, beaucoup d’hommes, beaucoup de moyens et d’efforts, beaucoup de dépenses aussi, sans garantie aucune, en raison du pourrissement prévisible de la situation et surtout en raison du mode opératoire du terrorisme islamique. Ce qui n’était qu’actes individuels devient actes collectifs dont la logique suppose la répétition et la coordination. Leur fréquence et leur violence ne cesseront d’augmenter.

    Que faire contre l’horreur terrifiante d’attentats frappant les citoyens au hasard et, pourtant, en tant qu’actes, méticuleusement voulus, programmés, préparés, conceptualisés, réalisés par des hommes fanatisés et déterminés ? L’atrocité y est conçue comme une perfection de l’acte ! Il faut donc comprendre que le terrorisme répond à une stratégie, constitue en lui-même un but de guerre ; il se relie à une vision militaire de l’islamisme ; l’armée djihadiste, les armées même puisqu’elles sont nombreuses et souvent s’entretuent, mènent leur combat sous toutes les formes, sur tous les fronts, par tous les moyens, en territoires qui relèvent de l’islam, comme en territoires extérieurs à conquérir. La conception est globale, religieuse, politique, militaire ; cette conception même se prétend un État – mais quel État ? – un califat qui a vocation à dominer le monde et à y imposer sa loi.

    Nul ne sait au juste ce que c’est que cet État, ni qui se cache sous ce nom, ni ce qu’il représente, ni de quoi il vit et comment il vit. Très peu de nos responsables politiques ont compris cet aspect des choses. Ils se croyaient couverts par leur laïcité qui ne fut jamais en son temps et encore maintenant qu’une machine de guerre contre le catholicisme français et qui n’est qu’un vide, une prétendue neutralité gentille, face à l’islam, c’est-à-dire une absence totale de réponse.

    Des mesures insuffisantes

    Autre inquiétude : c’est qu’il apparaît clairement que ce genre d’ennemis est maintenant chez nous partout. Ils surgissent de territoires dont il est vain d’affirmer qu’ils sont contrôlés, les fameux « territoires perdus » de la République. Là aussi les responsables politiques feignaient de les ignorer.

    Des banlieues entières, aujourd’hui des quartiers de villes échappent pratiquement à l’autorité de l’État, en France, en Belgique et, en fait, pratiquement dans toute l’Union européenne. Les armes s’y entassent ; les gens s’y radicalisent ; le banditisme y fait la loi : tous ces symptômes de gangrène sociale sont liés ; les prisons sont des lieux de radicalisation. L’Europe de Schengen a créé un espace où les brigands et les terroristes armés peuvent circuler pratiquement en toute impunité et de là partir en Syrie ou ailleurs pour en revenir en choisissant les moyens de leur départ et de leur rentrée.

    Les mesures dictées par François Hollande sont toutes dans le quantitatif, certes, sans doute, nécessaires, mais insuffisantes devant la menace multiforme. Plus de gendarmes, plus de policiers, plus de juges et des militaires encore plus présents ne sont que des ripostes mais ne constituent pas une réponse de fond à la question. Pas plus que la multiplication des bombardements par l’aviation française.

    Nous ne sommes qu’au début d’un processus qui n’ira qu’en s’amplifiant et d’autant plus que les réponses qui seront apportées seront d’abord en discours, en attitudes prises sous le coup de l’émotion et avec des visées politiciennes et des arrière-pensées inavouables. Le politicien joue de tout, y compris de la peur. Chacun fera son affaire des événements, à sa manière et pour son compte ; le soupçon parfaitement compréhensible en pèsera sur les autorités en place. Affreux à dire, mais, hélas, terriblement réaliste.

    Manque de compréhension

    Ceux qui se souviennent encore de la guerre d’Algérie – il y a beaucoup de ressemblances – comprennent parfaitement cette logique de guerre civile qui s’enclenchent inéluctablement. A l’époque de l’Algérie française, l’État français par la voix de ses ministres – dont François Mitterrand – avait assuré, répété que jamais, au grand jamais, la République ne céderait au terrorisme. Or, non seulement elle a cédé, mais elle s’est déshonorée puisqu’elle a livré les musulmans fidèles à la France à leurs adversaires et tortionnaires, ce qui fut un crime contre l’humanité.

    La parole de la République n’est plus fiable et, les premiers à le savoir, ce sont malheureusement les Français musulmans. N’oublions pas que le gouvernement républicain de l’époque avait envoyé l’armée dans ces territoires qui relevaient de la souveraineté française, qu’il avait mobilisé le contingent ; c’était des socialistes qui étaient au pouvoir ; ils décrétaient l’état d’urgence. Comme aujourd’hui. Aujourd’hui, c’est en métropole ! François Hollande envisagerait de rappeler des réservistes en forme de garde nationale. Ce fut fait en Algérie avec les unités territoriales. Rien de nouveau.

    Les responsables politiques ont la chance d’avoir encore des services relevant des fonctions régaliennes de l’État qui fonctionnent bien et, pour certains, excellemment, avec des moyens pourtant trop limités. Ces services font leur travail. Mais déjà tout ce que l’on sait des enquêtes révèle des défaillances internes à l’État : sous prétexte de justice, de lois, de considérations humanistes, voire de politique pénale, les bandits, les assassins, les terroristes échappent à la répression nécessaire, tandis que les honnêtes citoyens sont harcelés de contrôles. Les impératifs de l’ordre et, aujourd’hui, de la guerre sont occultés, systématiquement bafoués. A tel point que les forces de l’ordre en son dégoûtés.

    Il ne s’agit pas de revenir sur l’état de droit, ni même d’en rajouter dans les mesures d’exception. Une réforme constitutionnelle supplémentaire telle que l’a proposée François Hollande n’apportera rien. Ce qui existe aujourd’hui suffit amplement. Il s’agit de savoir ce que l’on veut. Et la seule vraie question est de savoir si le régime sait lui-même ce qu’il veut. Sur le moment, de beaux discours sont prononcés, des postures martiales sont affichées, des décisions sont prises ; mais aucune politique de fond, aucune stratégie proprement française ne se dégage.

    Il est évident que la politique intérieure et la politique extérieure doivent être coordonnées intelligemment et s’aligner sur les mêmes nécessités. Il a fallu une tuerie pour que l’Exécutif s’en rende compte ! Poutine combat les mêmes ennemis que nous. Il se dit de plus en plus que Laurent Fabius fut le plus calamiteux des ministres des Affaires étrangères. Il est temps de s’en apercevoir.

    De terribles contradictions

    Mais que dire de nos politiques pénales, de nos politiques migratoires, de l’ordre intérieur constamment remis en cause, de l’Éducation dite nationale, de nos politiques familiales ? Le souci premier de nos gouvernants ne fut que de détruire tout ce qui constituait la France, son histoire, ses frontières, ses familles, ses entreprises. Le chef de l’État semble aujourd’hui prendre conscience que les frontières sont utiles et même nécessaires. Espérons que dans son esprit cette conscience ne soit pas que temporaire.

    Que penser de nos manières d’envisager d’intéresser à la France toute une jeunesse abandonnée, quand, partout et toujours, l’État lui-même ne lui apprend qu’à la mépriser. Croit-on qu’on les attachera à la République en leur enseignant le rejet de l’histoire de France, en culpabilisant la France et les Français à longueur de temps ? La République n’est-elle pas née du sang jailli d’une tête coupée, de milliers de têtes coupées et d’une terreur organisée jusqu’au génocide ? N’est-ce pas là qu’elle prétend puiser sa légitimité ? Le monde entier le sait. Les Pol Pot, les Ho Chi Minh, les chefs du FLN avaient appris leur leçon chez nous ! Lénine et Staline y ont vu leur archétype, les terroristes du monde entier un exemple. Où est l’esprit national, la volonté de défense, l’intelligence de l’avenir ?

    Il ne faudrait pas que la réponse du moment ne soit faite que pour l’électeur, justement terrifié. Et comment ne pas penser que le politicien, habitué à jouer de tout, ne jouera pas aussi de la peur ? Mais la peur n’est pas bonne conseillère. Les élections vont venir où tous les responsables politiques sont impliqués avec leurs petites tactiques à courtes vues. Il est impossible de construire une politique française sur de telles bases. Tout sera sujet non seulement à discussions, mais à controverses et à oppositions systématiques. Dans un climat délétère, les luttes partisanes peuvent allumer des incendies et déboucher, dans le pays, sur les pires violences. Les organisations terroristes auront beau jeu. Surtout si la France, ce qui est probable, retraverse une crise financière et budgétaire aggravant encore la crise économique et politique.

    La vérité est que personne en France ne maîtrise la situation. Parler d’unité nationale, c’est bien, mais où est l’unité de pensée, de vision, de décision, de contrôle ? Nos élections présidentielles seront un capharnaüm sans nom. Le pays en sortira divisé plus que jamais et vraisemblablement ingouvernable. Or l’ennemi connaît cette faiblesse essentielle et il n’est pas douteux qu’il en usera.

    Il vient un temps où les sociétés pour survivre doivent se donner des institutions adaptées. La vraie réforme est à faire à ce niveau. 

  • Une femme face à Daech

     

    Par Péroncel-Hugoz

     

    peroncel-hugoz 2.jpgOn ne se bouscule pas au portillon, tant en Occident qu’à travers la Oumma, pour formuler des critiques charpentées à l’encontre du ravageur « Califat de Raqqa ». Pourtant, des femmes arabes ont relevé le gant sans se faire trop prier. Projecteur sur l’une d’entre elles.

    Je ne m’en suis jamais caché, je ne suis pas très enthousiaste pour le « féminisme », surtout quand il est défiguré par des pitreries indécentes façon Femens, qui m’ont remis en mémoire ce mot de Napoléon 1er (1769-1821) : « Rien n’est pire qu’une femme sans pudeur ! ». Cependant, quand il s’agit d’une affaire capitale comme Daech, je guette sans relâche les critiques visant ces bourreaux des confins syro-irakiens, d’où qu’elles viennent. 

    C’est ainsi qu’à la fin de l’été 2015, j’ai noté que les phrases les plus sensées, les plus réalistes à ce sujet venaient de deux femmes arabes en vue, l’eurodéputée Rachida Dati et la reine Rania de Jordanie. Toutes deux, séparément, ont estimé dans des termes quasi similaires que « les musulmans devaient régler entre eux les graves problèmes qui les assaillent  !» L’épouse d'Abdallah II a ajouté, pour sa part : « Les musulmans modérés, à travers le monde, ne font pas assez pour gagner la lutte idéologique qui est au cœur de cette bataille. Si nous échouons face à ces extrémistes, la région proche-orientale sera dévastée avec des répercussions mondiales.». 

    Depuis lors, en cet automne, une troisième femme arabe, moins connue sauf dans les milieux universitaires, est venue apporter sa contribution à cette « lutte idéologique » : Lina Murr-Nehmé, professeur d’histoire à l’Université libanaise et riche d’une vingtaine d’ouvrages en plusieurs langues sur les civilisations d’hier et d’aujourd’hui; elle a publié récemment : « Fatwas et caricatures. La stratégie de l’islamisme », un ouvrage d’accès facile mais extraordinairement bien documenté, sans compter les photos tragiques qui appuient les textes. 

    Mme Murr-Nehmé, parfaite arabophone, a épluché à la loupe fatwas, sermons, livres, tracts, films, journaux en ligne, etc., mettant à nu les motivations d’Al-Qaïda, Daech, Boko-Haram et autres engeances de cet acabit. Elle a non seulement décortiqué, expliqué, mis à la portée du lecteur non spécialiste les justifications des tueurs de Montauban, Bruxelles, Paris, Casablanca, Madrid et ailleurs, mais elle a mis en lumière l’enseignement-propagande mortifère dispensé à de jeunes musulmans à la barbe (si j’ose dire !) des autorités nationales en France, Allemagne, Belgique, Amérique du Nord, etc. 

    Bien renseignée sur ce qui se passe au sein du « Califat » pour les gens ordinaires, ou dans des pays où les forces islamistes, sans être au pouvoir, gouvernent en fait la population, tout ou en partie (en Algérie, par exemple, ou au Nigeria), l’historienne du temps récent, nous fait pénétrer dans des mondes interdits. 

    Des preuves, des arguments, des faits ou des fatwas occultés jaillissent également au fil du travail de la prof libanaise, à la satisfaction de ceux qui cherchent des arguments en faveur de l’éradication morale et physique du jihadisme daechiste. Edité à Paris, pour sa version francophone, « Fatwas et caricatures » a suscité quelques remous au Liban mais il a finalement pu être diffusé et débattu au tout récent Salon « Libres Livres » de Beyrouth. Attendons maintenant les réactions lors de la parution en arabe de ce véritable manuel anti-Daech. Que Lalla Lina renforce alors sa sécurité ! … 

    * Lina Murr-Nehmé, « Fatwas et caricatures. La stratégie de l’islamisme ». Ed. Salvator, Paris - www.editions-salvator.com - 212 pages illustrées noir et blanc et couleurs. 22 €

    Péroncel-Hugoz