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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • 50 nuances d’ordre public – Les infidélités de la Cour de Cassation, par Jean-Baptiste Colvert.

    Peut-on encourager à l’infidélité, chose condamnable et illégale ? Il semblerait que oui, au regard de l’esprit des temps, que la Cour sanctifie comme nouveau législateur.

    À la suite de Marlène Schiappa qui, se voulant rassurante, affirma à la radio que le législateur n’allait interdire « ni l’infidélité, ni les plans à trois », la 1re chambre civile de la Cour de Cassation a décidé d’apporter sa contribution à cette passionnante discussion.

    Nous discuterons donc la note sous jurisprudence C. Cass., 1re civ., 16/12/2020, n°19-19387.

    La société de Droit américain « Blackdivine Llc », éditrice d’une plate-forme de rencontres extra-conjugales sur internet (www.gledeen.com), lança en 2015 une campagne commerciale de promotion de son site internet dans toute la région parisienne procédant par affichage sur des équipements publics (transports en commun, abris-bus, etc.) ainsi que sur des supports médiatiques comme la presse écrite ou audiovisuelle.

    La Confédération Nationale des Associations de Familles Catholiques (CNAFC) assigna la dite société américaine par devant le Tribunal de Grande Instance de Paris « afin de faire juger nuls les contrats conclus entre celle-ci et les utilisateurs du site Gleeden.com, au motif qu’ils étaient fondés sur une cause illicite, interdire, sous astreinte, les publicités faisant référence à l’infidélité, ordonner à la société Blackdivine de diffuser ses conditions commerciales et ses conditions de protection des données, et la faire condamner au paiement de dommages-intérêts.» (cf. C. Cass., 1re civ., 16/12/2020, n° 19-19387, C.N.A.F.C. c./ Blackdivine Llc, §2).

    Dans son jugement en date du 9 février 2017, le TGI de Paris déboute la CNAFC de toutes ses demandes, jugeant les dites demandes soit irrecevables, soit infondées.

    En cause d’appel, la CNAFC abandonne ses prétentions fondées sur le caractère illicite de la cause du contrat passé entre Blackdivine Llc et ses utilisateurs, conservant seulement sa demande de cessation d’une campagne de promotion de l’infidélité, la dite promotion portant violation de l’article 212 du Code civil disposant que « Les époux se doivent mutuellement respect, fidélité, secours et assistance. ». La Cour d’Appel de Paris déboute à son tour la CNAFC de toutes ses demandes au nom de la liberté d’expression, consacrée par l’article 10 de la Convention Européenne de Sauvegarde des Droits de l’Homme (CESDH).

    Peut-on interdire une publicité pour un site de rencontres encourageant l’adultère ?

    Dès lors, la problématique posée à la juridiction suprême de l’ordre judiciaire portait tout à la fois sur la portée de l’article 212 du Code civil ainsi que sur celle de l’article 10 CESDH et, partant, sur l’articulation de ces deux règles de Droit. Concrètement, peut-on interdire une publicité pour un site de rencontres encourageant l’adultère ?

    À titre d’observation préliminaire, on se bornera à relever l’inégalité de ce (faux) conflit de normes, prenant vite des allures d’affrontement idéologique, nous y reviendrons : le principe de la hiérarchie des normes consacre la supériorité de la loi sur le règlement, du traité international sur la loi et enfin de la Constitution sur le traité international. À titre de rappel de Droit, cette supériorité du traité international sur la loi est consacrée dans la jurisprudence judiciaire depuis le fameux arrêt de la chambre mixte de la Cour de Cassation du 24 mai 1975, à savoir l’affaire Administration des douanes c./ Société « Cafés Jacques Vabre » (cf. Dalloz Jurisprudence, 1975, pp. 497 et s.).

    Dès lors, pourquoi parler de « (faux) conflit de normes » ? Parce que l’article 11 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 (DDHC) dispose que « la libre communication de pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme : Tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. ». Concrètement, on revient toujours à la conception française des droits et libertés fondamentaux qui s’exercent toujours dans le cadre déterminé par la loi, et bien entendu dans le respect de la loi. On comprend donc assez mal les moyens développés par le demandeur et le défendeur : En effet, la discussion ne porte pas sur la diffusion d’une opinion, à savoir si l’on est pour ou contre l’infidélité (pour ça, il est toujours loisible d’en débattre avec la ministre Schiappa) mais plutôt de déterminer si une forme d’exercice de la liberté d’entreprendre, elle aussi consacrée constitutionnellement (cf. C.C., décision n° 81-132 du 16 janvier 1982), en l’espèce faire commerce avec l’extra-conjugalité, est une chose illicite ou non au regard de l’article 212 du Code civil.

    Sur l’argumentation tiré de l’article 212 du Code civil : au risque de rappeler une évidence, la totalité de la jurisprudence concernant le devoir de fidélité découle de l’article 242 du même Code disposant que « Le divorce peut être demandé par l’un des époux lorsque les faits constitutifs d’une violation grave ou renouvelée des devoirs et obligations du mariage sont imputables à son conjoint et rendent intolérable le maintien de la vie commune. ». Par ailleurs, la CNAFC invoque devant la Cour un moyen dit d’ordre public quant à l’obligation de fidélité mutuelle. Avant toute chose, il est important de procéder à un rappel de jurisprudence : la Cour de Cassation, par un arrêt rendu en assemblée plénière le 29 octobre 2004, et conformément aux conclusions de l’Avocat Général, juge que n’est pas nulle comme ayant une cause contraire aux bonnes mœurs la libéralité consentie à l’occasion d’une relation adultère. L’une des conséquences directes de cette jurisprudence se trouve dans l’abandon pur et simple du caractère d’ordre public du devoir de fidélité.

    Le devoir de fidélité n’est plus d’ordre public

    De l’aveu même de M. Bizot, Conseiller Rapporteur dans cette affaire, l’adultère « s’est banalisé, est devenu quasiment une composante possible, sinon admise et tolérée, de l’histoire d’un couple marié, et en tous cas objet d’une très faible réprobation sociale à l’égard de celui qui le commet ; sa sanction relève désormais d’une décision individuelle du conjoint trompé, sans pour autant constituer un obstacle inévitable à la pérennité du mariage, voire à sa coexistence plus ou moins pacifiée avec le partenaire de l’époux infidèle. […] le devoir de fidélité n’est plus d’ordre public, et, s’il demeure entre époux une obligation pouvant être sanctionnée sous l’angle d’une simple faute civile, celle-ci est de force variable et relative, car dépendant désormais presqu’exclusivement des parcours individuels des conjoints et de leur morale personnelle. ».

    Dès lors, la disparition du caractère d’ordre public pourrait nous laisser entrevoir que par voie de conséquence directe, la CNAFC serait privée de toute forme d’intérêt à agir, les époux devenant les seuls débiteurs de cette obligation et les seuls à être potentiellement « sanctionnés », tout du moins concernés par l’invocation de la violation de cette obligation.

    Une déconstruction de la jurisprudence

    Toutefois, la première chambre civile de la Cour de Cassation opère une réponse des plus troublantes. Le communiqué de la juridiction est lapidaire : « Le devoir de fidélité est considéré comme étant d’ordre public, les époux ne pouvant s’en délier par un pacte ou une convention de liberté mutuelle. Ainsi, l’adultère constitue une faute civile, qui peut conduire au prononcé du divorce pour faute. Cependant, cette faute ne peut plus aujourd’hui être utilement invoquée que par un époux contre l’autre, à l’occasion d’une procédure de divorce. Dès lors, en l’absence de sanction civile de l’adultère en dehors de la sphère des relations entre époux, le devoir de fidélité ne peut justifier une interdiction légale de la publicité pour des rencontres extra-conjugales à des fins commerciales. ».

    En résumé, la Cour de Cassation admet qu’une obligation d’ordre public soit vidée de sa substance et de son efficacité, que l’exercice du dit moyen aille même à l’encontre de l’essence même d’un moyen dit d’ordre public.

    Le lecteur en sera surpris à juste raison. Cette contradiction flagrante dans la solution de la Cour combinée à la faiblesse des argumentations présentées par les parties s’explique d’abord par la lente mais certaine déconstruction dans la jurisprudence judiciaire du devoir de fidélité, que ce soit dans sa qualification d’obligation d’ordre public comme dans sa force normative, ainsi que l’analysait de façon très pertinente M. le Conseiller Bizot.

    In fine, ce cas d’espèce nous renvoie simplement aux fondamentaux de la théorie du Droit et de la légistique : sans efficacité, sans aucune sanction, une norme, une règle de Droit perd son essence et ne peut plus à terme être une norme. André-Jean ARNAUD considérait la « force normative » comme une pierre d’angle de l’intelligence juridique. On en viendrait presque à se questionner sur « l’avenir de l’intelligence » juridique…

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Les « beurs » et la Kalachnikov, par Philippe Germain.

    Aujourd’hui bien oublié, dans le second sep­ten­nat Mit­ter­rand, l’Iman Kho­mei­ny ten­ta une stra­té­gie de Dji­had – guerre sainte – pour la conquête du Magh­reb à par­tir de la France. Elle allait avoir des consé­quences dra­ma­tiques que nous payons encore et la déca­pi­ta­tion de Samuel Paty, pro­fes­seur d’histoire-géographie à Conflans ‚vient nous le rap­pe­ler.

    philippe germain.jpgPour com­prendre l’engrenage, il faut se sou­ve­nir de pour­quoi Kho­mei­ny vou­lait cette conquête du Magh­reb, com­ment il comp­tait s’y prendre et avec qui.

    Donc, Pour­quoi ?

    Nous l’avons vu dans la rubrique France, mai­son de la guerre, il est impé­ra­tif d’utiliser le bon voca­bu­laire si l’on veut com­prendre l’Islam qui a dési­gné la France comme son enne­mi. Nous avons vu qu’il ne fal­lait pas se lais­ser embrouiller par des ruses comme celle de la Mai­son de la trêve et c’est aus­si le cas pour le terme Dji­had. Tous les dro­gués au « pas­da­mal­game » nous expliquent que la « guerre sainte » des musul­mans est spi­ri­tuelle. Pauvres nigauds de démo­crates igno­rant que si le terme de Dji­had a pu avoir une conno­ta­tion spi­ri­tuelle, ce n’est qu’a par­tir du XI° siècle, une fois l’expansion isla­miste ache­vée. Les mys­tiques ont alors ajou­té au Dji­had une seconde signi­fi­ca­tion, non plus bel­li­queuse mais spi­ri­tuelle afin de se débar­ras­ser de « l’ennemi inté­rieur », en réfor­mant les mœurs. Puis des pen­seurs modernes (comme Sayyid Qutb, 1906 – 1966) trou­vèrent au dji­had une effi­ca­ci­té nou­velle ; spé­cia­le­ment dans les socié­tés musul­manes (la mai­son de la Paix) il pour­ra dési­gner la lutte à mener contre des diri­geants musul­mans agis­sant en contra­dic­tion avec la foi. Ces « apos­tats » méritent la mort. Le Dji­had contre les « rené­gats » est per­mis afin de pré­ser­ver le carac­tère musul­man de la socié­té. Voi­là POURQUOI les chiites vou­laient s’en prendre à l’Algérie, au Maroc et à la Tuni­sie avant de s’en prendre aux monar­chies du Golfe.

    Oui mais com­ment ?

    Il s’agissait pour les chiites de trans­for­mer la France – soit disant mai­son de la trêve – en base arrière ter­ro­riste. Le milieu de l’immigration musul­mane ser­vi­rait de vivier de moud­ja­hi­dine (com­bat­tants de la guerre sainte !) capables de se noyer dans les popu­la­tions fran­co­phones du Magh­reb. L’importance et la sou­plesse des moyens de com­mu­ni­ca­tions entre les deux rives de la Médi­ter­ra­née faci­li­taient les infil­tra­tions. Ne par­lons pas des doubles natio­na­li­tés ni des familles à che­val sur la France et le pays d’origine.

    Que d’atouts pour dupli­quer ce qui se fai­sait avec un suc­cès indé­niable en Afgha­nis­tan. La lutte au Magh­reb pren­drait la forme d’un ter­ro­risme nou­veau, dif­fé­rent de celui pra­ti­qué par les pales­ti­niens, les kami­kazes. Des jeunes fana­ti­sés se sacri­fie­ront dans des atten­tats spec­ta­cu­laires avec la cer­ti­tude d’accéder au para­dis. Les stra­té­gies les plus simples sont les meilleures !

    Oui, mais avec quels acteurs ?

    L’idée ori­gi­nale fut de s’appuyer en France sur les « beurs » comme on le fai­sait avec les tali­bans en Afgha­nis­tan. La chose était pos­sible car les « beurs » (mot mis à la mode à l’époque par la gauche bobo), ces immi­grés de la seconde géné­ra­tion, nés en France, n’avaient plus d’identité. Cou­pés de la com­mu­nau­té isla­mique par leur mode de vie et par l’ersatz de culture dis­pen­sé par l’élite média­tique du pays légal, les beurs ne par­viennent pas à s’intégrer à la com­mu­nau­té fran­çaise. Même s’ils se sentent par­fois assez proche de notre mode de vie, ils sont inca­pables de le rejoindre et finissent par le haïr. Flot­tant entre deux mondes, les beurs se recons­truisent une iden­ti­té à la façon des « black mus­lins » amé­ri­cains, (orga­ni­sa­tion fon­dée en 1930 et à laquelle Mal­com X appar­tint). Ils sont inca­pables de rejoindre l’Islam tra­di­tion­nel de leurs parents ayant consti­tué « l’immigration de tra­vail » d’origine. D’ailleurs ils méprisent leur Islam tra­di­tion­nel, inté­rio­ri­sé par la cou­tume dans une Algé­rie fran­ci­sée, et c’est pour­quoi les petits beurs se fabriquent un Islam révo­lu­tion­naire.

    En revanche le fon­da­men­ta­lisme de Kho­mei­ny répon­dait psy­cho­lo­gi­que­ment à leur angoisse iden­ti­taire. Moins authen­ti­que­ment musul­mans que leurs parents, les beurs se don­ne­ront l’impression d’être plus fidèles qu’eux à l’Islam en éva­cuant le conte­nu spi­ri­tuel du Dji­had. Com­ment ? D’abord par une révolte contre le maté­ria­lisme et la reli­gion laïque, ensuite en s’opposant à l’Islam tra­di­tion­nel de leurs parents qu’ils accusent de pas­si­vi­té. Voi­là pour­quoi les beurs se lais­sèrent si faci­le­ment endoc­tri­ner, enré­gi­men­tés par les pré­di­ca­teurs ira­niens venus en France. Sachons que les chiites sont esti­més à un nombre se situant entre 150 à 250.000 sur le ter­ri­toire fran­çais… Les jeunes beurs pas­sés à l’apprentissage de la Kalach­ni­kov et au prin­cipe du ter­ro­risme isla­mique allaient donc pou­voir s’en prendre aux gou­ver­ne­ments du Magh­reb et étendre l’influence Chiite sur les ter­ri­toires sun­nites. Voi­là pour­quoi la stra­té­gie de l’Iman Kho­mei­ny était non seule­ment cré­dible mais en passe de réus­sir.

    Les chiites dérou­lèrent leur stra­té­gie. Les démo­crates fran­çais eux, n’y virent que du feu et conti­nuèrent de s’emmêler les pieds dans le tapis d’une inté­gra­tion répu­bli­caine de type « Touche pas à mon pote ». En revanche ce fut la panique dans la mai­son de la paix sun­nite ! On le com­prend… Les pays du Magh­reb seraient les pre­miers tou­chés et vien­draient ensuite les pays du Golf. Ils devaient réagir. Ils réagirent, et la France com­men­ça d’en payer le prix…

    Ger­main Phi­lippe (à suivre)

    Pour lire les pré­cé­dentes rubriques de la série « L’Islam enne­mi n° 1 bis », cli­quer sur les liens.

    1. France, mai­son de la guerre
    2. Mai­son de la trêve et ter­ri­toires per­dus de la Répu­blique
    3. Impact sur la France de la révo­lu­tion isla­miste de 1979

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Une défaite qui coûtera cher, par Hilaire de Crémiers.

    Les Joe Biden, comme les Macron, qui se croient élus pour diriger le monde, porteront la responsabilité de leur politique. Ils n’en paieront jamais le prix. Comme leurs prédécesseurs. C’est la loi de la démocratie.

    hilaire de crémiers.jpgLe monde occidental vient encore de subir une défaite. En Afghanistan, après vingt ans de présence militaire, une fois de plus, rien n’a été mené à terme convenablement, aucune politique, aucune stratégie, rien, malgré des efforts considérables militaires et financiers. Sans que jamais rien, non plus, puisse servir de leçon, la sottise des politiques contrecarrant systématiquement le haut commandement de l’Armée quand des stratèges un peu plus avisés cherchaient à faire prévaloir des solutions de bon sens. En France, ce sont là des schémas archi-connus. Les quelques parlementaires qui s’intéressent aux questions de défense, en savent quelque chose. Et nos généraux aussi.

    Un désastre prévisible

    Le désastre final était, en fait, politiquement entériné, et depuis longtemps, dans l’aveuglement, le déni ou le cynisme criminel de toutes les autorités concernées. Jusqu’aux médailles à distribuer sur les cercueils pour consoler les familles et remonter le moral de la nation. Avec discours et trompettes.

    Il y a là une responsabilité effrayante qui devrait intimider tout candidat aux magistratures suprêmes dans des nations qui ont été tellement démoralisées par leurs élites dirigeantes qu’elles ne savent même plus porter le poids de l’histoire.

    En l’occurrence, cette responsabilité se pèse par rapport aux nations engagées sous prétexte d’alliance, ce qui est déjà grave, par rapport aux soldats sacrifiés, par rapport aux populations jetées dans le désarroi d’une guerre perdue et qui, elles, paient les pots cassés. Qui pense réellement aux Afghans, au-delà même des personnes que l’Occident a compromises et qu’il cherche à tirer d’affaire ?

    Il était fatal, étant donné les plans et les opinions à l’origine de ce genre d’expéditions, que le départ tournât à la débandade honteuse et sanglante. Tout était prévisible et, pour ainsi dire, prévu. Et ce n’est pas fini ! S’imaginer que les Talibans vont agir et réagir comme un État coordonné et responsable n’a pas de sens et, encore moins, se rassurer en misant sur les querelles et les violentes agitations qui secouent les organisations islamiques et divisent leurs diverses obédiences. Ces calculs lénifiants de politiciens qui se croient malins, évitent d’appréhender la situation dans sa gravité et sa cruauté.

    Le président Joe Biden qui a revendiqué son rôle de Commandant en chef des Armées des États-Unis, est, de jour en jour, de plus en plus pitoyable. Dans son attitude et ses discours. Jusque dans son élocution chevrotante. Il n’est pas à la hauteur du rôle qu’il prétend assumer. Et comment pourrait-il en être autrement, vu les circonstances et, surtout, vu les décisions qui ont été prises, plus absurdes et contradictoires les unes que les autres ? Quand on livre à l’adversaire, soi-même et à l’avance, la date de son échec ! Comme jadis, chez nous, Mendès-France et De Gaulle. L’ennemi en armes n’a plus qu’à accourir pour acter sa victoire, en criant à la libération et en s’excitant à l’épuration. Et d’autant plus intransigeant qu’il sait que tout est lâché d’avance et par principe. Pas moyen de faire autrement, dit-on pour se conforter dans son imbécillité.

    Et, en effet, l’impression est donnée au monde entier, en Asie comme en Afrique, que tel est le lot obligé de l’Occident de perdre la partie, de manière répétitive. Le comble étant qu’il déploie à cette occasion des moyens de puissance technologique ahurissants. C’est qu’il doit lui manquer par ailleurs un élément essentiel au niveau du jugement et de l’intelligence politique. Qui ne le comprend ?

    Le déshonneur qui le frappe en contrecoup ne modifiera pas le comportement des politiciens, insensibles par nature à ce genre de considération et de plus en plus inaptes à tous les niveaux à quelque direction que ce soit, guerre ou paix. Dans les nations dirigeantes d’Occident, pas un chef politique digne de ce nom, malgré leur prétention à tous. Aucune vision cohérente. Aucune dignité vraie. Des discours pour faire semblant de garder la main. Et jouer à l’imperator. Comme Biden ! Comme Macron aussi, que ce soit dans la crise sanitaire en France, ou dans le Sahel où il maîtrise de moins en moins la situation, ou, pas plus tard qu’hier, à Bagdad où il engage la France en faisant croire qu’il en a les moyens quand il ne contrôle plus ses banlieues ni son propre territoire. Politique de communication qui s’étale dans les médias et dont la visée est d’abord électorale. Assurément, il doit y avoir un défaut dans la sélection démocratique des chefs pour aboutir à de tels mécomptes.

    Conséquences incalculables

    Le drame qui ne va cesser de s’amplifier, non seulement en Afghanistan mais dans tous les pays soumis à la pression islamique, ne changera en rien les conceptions qui dominent dans la classe dirigeante occidentale, ni ne corrigera l’opinion publique – ou ce qu’on appelle telle – fabriquée sur les mêmes schémas en vue de soutenir les mêmes processus dérisoires de décisions calamiteuses. Uniformisation du même abêtissement politique par le même ressassement indéfini des mêmes faux principes dans tous les grands pôles de décision où l’illusion est donnée aux apprentis sorciers du mondialisme heureux de gouverner, de diriger, de mener le monde : politique intérieure, politique extérieure, mœurs publiques, santé, éducation, conventions sociales, religion même, tout doit afficher officiellement les mêmes doctrines et les mêmes pratiques, avalisées par les organismes inter et supranationaux, et imposées comme normes universelles au monde occidental, à défaut du monde entier qui, quant à lui, n’a rien à en faire. En Europe, en particulier, gare aux récalcitrants qui veulent garder leur libre jugement. Pourquoi s’étonner de ce qui s’ensuit inéluctablement ? La sottise politique coupable se situe au plus haut niveau !

    Il y a de quoi s’inquiéter pour la France. La macronie dans ses éléments constitutifs est de cet acabit et, d’ailleurs, malgré la prétendue volonté de rupture, conforme à la succession des prédécesseurs. Les grands discours de Macron illustrent parfaitement les mêmes illusions fantasmagoriques qui, sous prétexte de visions élevées, ne cessent de couvrir nos déboires et nos effondrements. Ce ne sont que propos grandiloquents et, « en même temps », reculades effectives quand il s’agit de l’honneur français, de l’intérêt national, du simple bon sens.

    Les Français qui ont gardé encore un peu de sens critique, sont bien placés pour savoir que jamais l’idéologie au pouvoir sous les allures hypocrites d’un libéralisme douceâtre et inclusif, selon le jargon actuel, n’a été plus contraignante et, en réalité, plus exclusive. Il est à craindre qu’elle ne le devienne encore davantage, pandémie et insécurité aidant, dans les mois qui viennent. Tout a été dit sur le sujet par les meilleurs esprits sans qu’il y ait jamais eu la moindre répercussion dans le cadre des institutions existantes – en France en tous cas –, ce qui constitue tout le problème, au vrai notre seul problème politique, et qui devrait susciter la réflexion de ceux qui souhaitent changer le cours des choses. Pourquoi et comment se fait-il qu’aucune réaction ne soit envisageable ? Au point que tout est joué d’avance. Cette incapacité à réagir intelligemment et efficacement aux difficultés de l’heure accroît les risques encourus quand l’environnement géostratégique aggrave les menaces. Or, ce sinistre pronostic est pour demain ; il est même pour tout de suite.

    Pourquoi et comment se fait-il qu’aucune réaction ne soit envisageable ?

    La débâcle afghane qui s’ajoute à tous les autres désastres en ne comptant pourtant que les plus récents, somalien, irakien, syrien, libyen, sahélien, comporte, comme à chaque fois, un triste bilan humanitaire, comme il est dit par euphémisme pour éviter de parler de conséquences d’une atroce inhumanité : le monde occidental est incapable de garantir sa protection ni même sa propre parole à quelque peuple que ce soit.

    Plus tragiquement encore, cette succession d’événements, jamais anticipée dans leurs suites épouvantables, laisse pendante une lourde question intellectuelle, morale, pour ainsi dire civilisationnelle. Car il s’agit de la conception même de la vie.

    En effet, une telle catastrophe qui sera ressentie au contraire comme une victoire dans toutes les populations hostiles au monde occidental jusqu’au fond de l’Asie et de l’Afrique, aura de funestes répercussions tant dans le monde musulman – ce qui est plus que prévisible, et pour la France singulièrement dans le Sahel – qu’au sein même des nations qui sont censées constituer ce qu’on appelle le monde libre et démocratique. L’état politique, social, spirituel de ces nations, déjà fortement dégradé et miné de l’intérieur, ne pourra qu’empirer, malade de tant de fausses idées qui pourrissent les esprits, et victime « en même temps » d’attaques de toutes sortes qui viseront de plus en plus à faire exploser le corps social. La France est concernée au tout premier chef. Elle n’échappera pas à son sort. Les discours rassurants de Macron, de Darmanin, de Dupond-Moretti, de Le Maire qui, quant à lui, est chargé d’expliquer que jamais la France ne s’est mieux portée économiquement et socialement, ne sauraient apporter une réponse suffisante et adéquate à une crise qui atteint le cœur même des institutions françaises et pèse sur leur avenir immédiat. L’élection présidentielle de 2022, présentée à cet égard comme un tout ou rien, ne résoudra précisément rien.

    La situation politique se durcira, mettant en cause la légitimité des résultats dans une atmosphère de quasi-guerre civile. La politique en est réduite, au milieu d’urgences de toutes sortes, sécuritaires, sanitaires, bientôt sociales et politiques, à n’être plus qu’un jeu d’ambitions personnelles où les malheurs mêmes du pays servent d’argumentaires électoraux. À vous donner la nausée ! Inutile de revenir sur cet enchaînement de causes et d’effets qu’il devient fastidieux d’analyser, tant le mal est invétéré. Sans que jamais rien de sérieux ne soit opéré pour un véritable redressement.

    Au-delà

    Face à cette impasse, il convient de voir plus haut et plus large. Le mal n’est pas seulement politique ; il est fondamentalement religieux. Il n’est pas question ici de l’islam ; et, pourtant, il pose une question majeure à notre société qui n’a à proposer que son inconsistance spirituelle et le vide de sa laïcité dont la philosophie négative empêche toute réponse positive. Les dirigeants politiques en France en sont à calculer que les populations musulmanes se laisseront entraîner, elles aussi, dans le consumérisme universel et la vanité du débat démocratique. Mauvais calcul assurément !

    Cependant le mal aujourd’hui se situe à un plus haut niveau. Il faut que ce soit un Michel Onfray qui rappelle au pape que l’Occident ne peut se passer de sa vraie religion, celle qui l’a constitué dans sa foi et sa destinée, et qui ne se réduit pas à un salmigondis démocratico-onusien offert au monde en forme d’unique doctrine du seul salut ! Rien d’autre que le chiffre de la Bête dont tous les fronts doivent être marqués ! Et voilà que Rome dans son discours politique officiel s’apprête à « rallier » cette République universelle, « la grande Prostituée », qui devient la vision de son eschatologie et la cité radieuse de son apocalypse.

    Newman et Soloviev avaient tout anticipé sur l’Antéchrist sans imaginer une telle conclusion. La question qui se pose est telle qu’elle dépasse toute considération humaine et toute solution naturelle. Commence, comme dit le prophète, « les visions de la Nuit ».

     

    Illustration : L’homme fort d’une Amérique forte.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • D'Atatürk à Erdogan, par Annie Laurent

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    LA RÉALITÉ DE LA « LAÏCITÉ » TURQUE

    Si Atatürk a bien fondé une république « laïque » sur les ruines de l’Empire ottoman, il s’agit d’une « laïcité » en réalité bien différente de la conception que nous en avons en France.

    En 2005, au moment où s’ouvraient les négociations officielles en vue de l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne (UE), de nombreuses voix autorisées justifiaient ce projet par la « laïcité »de la République fondée par Moustafa Kemal, passé à l’histoire sous le nom d’Atatürk (« Père des Turcs »). Ainsi, disait-on, la nouvelle Turquie était prédisposée à adopter les valeurs démocratiques du Vieux Continent. Mais cela revenait à négliger la particularité de cette laïcité sui generis, qui ignore le principe de neutralité publique en matière religieuse. Loin de proclamer la séparation entre les domaines temporel et spirituel, le kémalisme a placé la religion sous la tutelle de l’État, avec les implications importantes qui en résultent dans de nombreux domaines tels que le droit et l’organisation des cultes. En outre, seul l’islam sunnite, religion de la majorité des Turcs, était concerné par ce programme (1).

    Annie_Laurent.jpgTout s’est décidé en un jour, le 3 mars 1924. Dans la foulée de l’abolition du Califat, le Parlement vota la création d’une Direction des Affaires religieuses, laDiyanet. Placé sous l’autorité directe du Premier ministre, structuré de façon hiérarchique, avec une administration centrale et des ramifications en province et à l’étranger où résident de nombreux émigrés, cet organisme assure la gestion des institutions cultuelles : mosquées et écoles religieuses, nomination et rétribution des imams. Elle emploie aujourd’hui plus de 120 000 fonctionnaires.

    Cette double réforme reposait sur une vision bien particulière d’Atatürk, acquise par sa proximité avec le Comité Union et Progrès, mouvement nationaliste fondé par lesJeunes-Turcs opposants au sultan et imprégnés des idées de la Révolution française qui avaient commencé à se propager dans l’Empire ottoman dès 1895. Lui-même agnostique, bien qu’élevé dans l’islam, Atatürk méprisait cette « théologie absurde d’un Bédouin [Mahomet] immoral, cadavre putréfié qui empoisonne nos vies » (2). Il rêvait donc d’ancrer la Turquie dans la civilisation occidentale dont il admirait le rationalisme. Mais, connaissant l’identification de la majorité des Turcs avec l’islam sunnite, il savait ne pas pouvoir les détacher d’un coup de leur religion. Lui-même reconnaissait en 1932 qu’« une nation sans religion est vouée à disparaître » (3).

    La solution consistait d’abord à entretenir une confusion entre identité turque et sunnisme, ce qui, outre les chrétiens (4), marginalise ou exclut deux groupes, les Kurdes et les alévis. Quoique majoritairement sunnites et pouvant siéger au Parlement, les Kurdes sont privés de certaines libertés en raison de leurs particularités ethniques et culturelles ainsi que de leurs revendications autonomistes. À plusieurs reprises, leurs intellectuels ont été visés par la répression. Ce n’est que depuis l’ouverture des négociations avec l’UE qu’ils ont le droit d’enseigner leur langue dans des écoles privées.

    La situation des alévis, moins médiatisée que celle des Kurdes, n’en est pas moins aussi injuste. Dissidence du chiisme et religieusement proche de l’alaouitisme en Syrie voisine, l’alévisme se caractérise par son syncrétisme (avec des emprunts à des traditions asiatiques telles que la réincarnation), son ésotérisme, ses rites initiatiques et sa liberté par rapport au Coran (5). A cause de leurs croyances déviantes de l’islam orthodoxe, les alévis, d’ethnie turque ou kurde, sont traités de manière péjorative dans les livres scolaires. Malgré leur importance numérique (environ 20 millions d’adeptes), ils ne jouissent d’aucune reconnaissance et n’ont aucun représentant à la Diyanet.

    Au fond, ce qui est reproché aux Kurdes et aux alévis c’est de ne pas être de sang et de culture turcs pour les premiers, de confession sunnite pour les seconds.

    L’autre volet du plan d’Atatürk consistait à asseoir le contrôle de l’État sur la religion. Les autorités religieuses n’étaient plus consultées sur la conformité des lois avec la charia (loi islamique), laquelle ne constituait d’ailleurs plus la source du droit. S’ensuivit une réforme de tout le système juridique avec la suppression des tribunaux religieux et l’adoption de nouveaux codes calqués sur le modèle suisse, les plus marquants concernant la disparition des normes islamiques en matière de droit matrimonial. 

    Parallèlement, d’autres lois favorisèrent la sécularisation: dissolution des confréries, celles-ci étant considérées comme superstitieuses ; suppression de tout vêtement ou insigne religieux en dehors des lieux de culte, y compris pour les chrétiens ; adoption du dimanche comme jour chômé ; transformation en muséesde Sainte-Sophie (ancienne basilique byzantine devenue mosquée en 1453) et de Saint-Sauveur in Chora ; interdiction de fonder des associations à caractère religieux ; remplacement obligatoire du salut musulman, le salam, par la poignée de main ; prohibition du fez, le couvre-chef masculin traditionnel ; suppression progressive du foulard islamique (türbanen turc). Atatürk attendit cependant 1928 pour faire abroger, par une révision constitutionnelle, la mention de l’islam comme « religion d’État », et 1937 pour ériger la laïcité en principe fondamental.

    En s’appuyant sur l’armée et malgré l’impopularité de ces mesures dans les provinces éloignées des métropoles, le Réis(Président) veilla à l’application stricte de son système jusqu’à sa mort en 1938. L’amorce d’une lente érosion de la laïcité est ensuite apparue et elle n’a cessé de gagner du terrain. Le multipartisme, autorisé en 1946 par le successeur d’Atatürk, Ismet Inönü, afin de satisfaire à une condition imposée à la Turquie pour prix de son adhésion à l’ONU, favorisa l’émergence de l’islam politique qui œuvre depuis lors à la réislamisation de l’État et de la société.

    Suite à diverses dissolutions des partis se réclamant de l’islamisme, cette idéologie s’est cristallisée à partir de 1969 autour du Milli Görüs (la « Vision nationale »). Dans sa jeunesse, Recep-Tayyip Erdogan avait milité dans ce mouvement qui lui servira de tremplin pour créer le Parti de la Justice et du Développement (AKP) en 2001. Il s’en est démarqué peu après, notamment à cause de l’opposition de Milli Görüs à l’adhésion à l’UE, option à laquelle lui-même se dit attaché.

    Ce qui n’empêche pas son gouvernement de promouvoir une forte méfiance envers toute influence occidentale. En témoigne la campagne contre les symboles de Noël et les festivités du Nouvel An menée en décembre 2016. Le sermon du dernier vendredi de ce mois-là, rédigé comme chaque semaine par la Dyanet et imposé à tous les imams du pays, a condamné avec virulence ces « fêtes païennes ». Pour le président turc, « on ne peut être à la fois laïque et musulman, parce qu’Allah, le créateur du musulman, dispose du pouvoir absolu » (6).

    Depuis son élection comme président de la République en 2014, débarrassé du contrôle de l’armée qu’il a évincée à la suite de la tentative de coup d’Etat qui le visait en 2016, Erdogan met tout en œuvre pour enterrer l’héritage d’Atatürk, dont les statues disparaissent peu à peu du paysage. Utiliser sa légitimité démocratique pour parvenir à ses fins, telle est sa stratégie. Ainsi, il a pris des mesures pour limiter les permis relatifs au commerce d’alcool, introduire des cours obligatoires de religion (sunnite) dans les programmes scolaires, autoriser le port du türban à l’école pour les filles à partir de 10 ans, et pour les femmes dans les institutions publiques, imposer la censure pour des motifs moraux, etc.

    Avec lui, l’islam s’impose visiblement. En témoignent la nouvelle mosquée – la plus haute du monde ! –édifiée place Taksim à Istamboul et la reconversion de Sainte-Sophie en mosquée. Pour la spécialiste libanaise Jana Jabbour, cette décision « est perçue par une large majorité d’ultraconservateurs turcs comme le signe de la victoire de l’Islam sur la Chrétienté et le triomphe de l’identité islamique de la Turquie sur son identité occidentalisée, laïque et pluraliste » (7). Erdogan s’emploie aussi à accroître sa mainmise idéologique sur les Turcs établis en Europe. Il dispose pour cela des Unions turco-islamiques des affaires religieuses (Ditib) qui dépendent de la Dyanet. Sous la surveillance de « conseillers religieux » en poste dans les ambassades, les imams détachés veillent à maintenir la diaspora dans une identité turqueet traquent les opposants au régime (8).

    La laïcité à la turque présente donc une contradiction qu’analyse ainsi le professeur turc Emre Oktem : « Le politique a pénétré dans le religieux pour mieux le contrôler, mais le religieux en a profité pour s’introduire dans l’appareil étatique. La Dyanet avait été conçue comme un instrument de contrôle étatique. Elle assuma bien son rôle mais elle servit également, et avec beaucoup de succès, à propager la religion islamique, selon la confession sunnite, si bien que l’Anatolie a subi une vague d’islamisation orthodoxe qu’elle n’avait guère connue à l’époque ottomane, où les moyens de communication étaient si précaires et l’Etat si peu présent » (9).

     

                                                                           Annie Laurent

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    • A. Laurent, L’Europe malade de la Turquie, éd. François-Xavier de Guibert, 2005.
    • Benoît-Méchin, Mustapha Kémal ou la mort d’un empire, Albin Michel, 1954, p. 323.
    • Thierry Zarcone, La Turquie moderne et l’islam, Flammarion, 2004, p. 136.
    • p.
    • Sur les alévis, cf. Zarcone, ibid., p. 297-303.
    • Cité par Ahmet Insel, La nouvelle Turquie d’Erdogan, du rêve démocratique à ladérive autoritaire, Ed. La Découverte, 2015, p. 84.
    • « Erdogan se prend-il pour Mehmet II ?», L’Orient-Le Jour, 25 juillet 2020.
    • « Comment Erdogan tisse sa toile », Valeurs actuelles, 10 août 2017 ; cf. aussi Jean-Frédéric Poisson, La macronie et l’islamisme, Éd. de Paris, 2022.
    • Cité par A. Laurent, cit., p. 91.
    •  

     Article paru dans La Nef n° 348 – Juin 2022

  • GRANDS TEXTES (13) : Discours du pape Benoît XVI au collège des Bernardins.

    Juste après la publication de l'Ephéméride du 11 Août, consacré à une évocation du Mont Saint Michel, il nous a semblé pertinent de prolonger les réflexions que pouvaient faire naître un si haut lieu, et la spiritualité qui s'y rattache et qu'il rayonne, depuis treize siècles maintenant.

    Nous nous sommes souvenus de la question que posait Benoït XVI dans son fameux Discours des Bernardins: ces moines, que cherchaient-ils ?... 

    Et il nous a paru utile de publier maintenant, à la suite donc de cette méditation sur le Mont, l'enseignement si riche que constitue, précisément, ce Discours magistral de Benoît XVI, qui trouve tout naturellement sa place dans notre Catégorie "Grands Textes".

     

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    Les Bernardins
     
     

    Vendredi 12 septembre 2008

    Rencontre avec le monde de la culture

    Discours du pape Benoît XVI au collège des Bernardins

     

     

     

    Monsieur le Cardinal,
    Madame le Ministre de la Culture,
    Monsieur le Maire,
    Monsieur le Chancelier de l'Institut,
    Chers amis,

    Les cardinaux sont les premiers collaborateurs du pape

    Merci, Monsieur le Cardinal, pour vos aimables paroles. Nous nous trouvons dans un lieu historique, lieu édifié par les fils de saint Bernard de Clairvaux et que votre prédécesseur, le regretté Cardinal Jean-Marie Lustiger, a voulu comme un centre de dialogue de la Sagesse chrétienne avec les courants culturels intellectuels et artistiques de votre société. Je salue particulièrement Madame le Ministre de la Culture qui représente le gouvernement, ainsi que Messieurs Giscard d'Estaing et Chirac. J'adresse également mes salutations aux ministres présents, aux représentants de l'UNESCO, à Monsieur le Maire de Paris et à toutes les autorités. Je ne veux pas oublier mes collègues de l'Institut de France qui savent ma considération et je désire remercier le Prince de Broglie de ses paroles cordiales. Nous nous reverrons demain matin. Je remercie les délégués de la communauté musulmane française d'avoir accepté de participer à cette rencontre ; je leur adresse mes vœux les meilleurs en ce temps du ramadan. Mes salutations chaleureuses vont maintenant tout naturellement vers l'ensemble du monde multiforme de la culture que vous représentez si dignement, chers invités.

    J'aimerais vous parler ce soir des origines de la théologie occidentale et des racines de la culture européenne. J'ai mentionné en ouverture que le lieu où nous nous trouvons était emblématique. Il est lié à la culture monastique. De jeunes moines ont ici vécu pour s'initier profondément à leur vocation et pour bien vivre leur mission. Ce lieu, évoque-t-il pour nous encore quelque chose ou n'y rencontrons-nous qu'un monde désormais révolu ? Pour pouvoir répondre, nous devons réfléchir un instant sur la nature même du monachisme occidental. De quoi s'agissait-il alors ? En considérant les fruits historiques du monachisme, nous pouvons dire qu'au cours de la grande fracture culturelle, provoquée par la migration des peuples et par la formation des nouveaux ordres étatiques, les monastères furent des espaces où survécurent les trésors de l'antique culture et où, en puisant à ces derniers, se forma petit à petit une culture nouvelle. Comment cela s'est-il passé ? Quelle était la motivation des personnes qui se réunissaient en ces lieux ? Quelles étaient leurs désirs ? Comment ont-elles vécu ?

     

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    Quelle était la motivation des personnes qui se réunissaient en ces lieux ?...

    Avant toute chose, il faut reconnaître avec beaucoup de réalisme que leur volonté n'était pas de créer une culture nouvelle ni de conserver une culture du passé. Leur motivation était beaucoup plus simple. Leur objectif était de chercher Dieu, quaerere Deum. Au milieu de la confusion de ces temps où rien ne semblait résister, les moines désiraient la chose la plus importante : s'appliquer à trouver ce qui a de la valeur et demeure toujours, trouver la Vie elle-même. Ils étaient à la recherche de Dieu. Des choses secondaires, ils voulaient passer aux réalités essentielles, à ce qui, seul, est vraiment important et sûr. On dit que leur être était tendu vers l'« eschatologie ». Mais cela ne doit pas être compris au sens chronologique du terme - comme s'ils vivaient les yeux tournés vers la fin du monde ou vers leur propre mort - mais au sens existentiel : derrière le provisoire, ils cherchaient le définitif. Quaerere Deum : comme ils étaient chrétiens, il ne s'agissait pas d'une aventure dans un désert sans chemin, d'une recherche dans l'obscurité absolue. Dieu lui-même a placé des bornes milliaires, mieux, il a aplani la voie, et leur tâche consistait à la trouver et à la suivre. Cette voie était sa Parole qui, dans les livres des Saintes Écritures, était offerte aux hommes. La recherche de Dieu requiert donc, intrinsèquement, une culture de la parole, ou, comme le disait Dom Jean Leclercq : eschatologie et grammaire sont dans le monachisme occidental indissociables l'une de l'autre (cf. L'amour des lettres et le désir de Dieu, p.14). Le désir de Dieu comprend l'amour des lettres, l'amour de la parole, son exploration dans toutes ses dimensions. Puisque dans la parole biblique Dieu est en chemin vers nous et nous vers Lui, ils devaient apprendre à pénétrer le secret de la langue, à la comprendre dans sa structure et dans ses usages. Ainsi, en raison même de la recherche de Dieu, les sciences profanes, qui nous indiquent les chemins vers la langue, devenaient importantes. La bibliothèque faisait, à ce titre, partie intégrante du monastère tout comme l'école. Ces deux lieux ouvraient concrètement un chemin vers la parole. Saint Benoît appelle le monastère une dominici servitii schola, une école du service du Seigneur. L'école et la bibliothèque assuraient la formation de la raison et l'eruditio, sur la base de laquelle l'homme apprend à percevoir au milieu des paroles, la Parole.

     

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    L'école et la bibliothèque assuraient la formation de la raison et l'eruditio, sur la base de laquelle l'homme apprend à percevoir au milieu des paroles, la Parole.

    Image extraite du film ' RELIEF DE FRANCE LES MONASTERES '
    Les Chartreux à visage découverts, film de JC Guerguy
    (plus d'infos sur le site www.cine-art-loisir.com)


     

     

    Pour avoir une vision d'ensemble de cette culture de la parole liée à la recherche de Dieu, nous devons faire un pas supplémentaire. La Parole qui ouvre le chemin de la recherche de Dieu et qui est elle-même ce chemin, est une Parole qui donne naissance à une communauté. Elle remue certes jusqu'au fond d'elle-même chaque personne en particulier (cf. Ac 2, 37). Grégoire le Grand décrit cela comme une douleur forte et inattendue qui secoue notre âme somnolente et nous réveille pour nous rendre attentifs à Dieu (cf. Leclercq, ibid., p. 35). Mais elle nous rend aussi attentifs les uns aux autres. La Parole ne conduit pas uniquement sur la voie d'une mystique individuelle, mais elle nous introduit dans la communauté de tous ceux qui cheminent dans la foi. C'est pourquoi il faut non seulement réfléchir sur la Parole, mais également la lire de façon juste. Tout comme à l'école rabbinique, chez les moines, la lecture accomplie par l'un d'eux est également un acte corporel. « Le plus souvent, quand legere et lectio sont employés sans spécification, ils désignent une activité qui, comme le chant et l'écriture, occupe tout le corps et tout l'esprit », dit à ce propos Dom Leclercq (ibid., p. 21).

    Il y a encore un autre pas à faire. La Parole de Dieu elle-même nous introduit dans un dialogue avec Lui. Le Dieu qui parle dans la Bible nous enseigne comment nous pouvons Lui parler. En particulier, dans le Livre des Psaumes, il nous donne les mots avec lesquelles nous pouvons nous adresser à Lui. Dans ce dialogue, nous Lui présentons notre vie, avec ses hauts et ses bas, et nous la transformons en un mouvement vers Lui. Les Psaumes contiennent en plusieurs endroits des instructions sur la façon dont ils doivent être chantés et accompagnés par des instruments musicaux. Pour prier sur la base de la Parole de Dieu, la seule labialisation ne suffit pas, la musique est nécessaire. Deux chants de la liturgie chrétienne dérivent de textes bibliques qui les placent sur les lèvres des Anges : le Gloria qui est chanté une première fois par les Anges à la naissance de Jésus, et le Sanctus qui, selon Isaïe 6, est l'acclamation des Séraphins qui se tiennent dans la proximité immédiate de Dieu. Sous ce jour, la Liturgie chrétienne est une invitation à chanter avec les anges et à donner à la parole sa plus haute fonction. À ce sujet, écoutons encore une fois Jean Leclercq : « Les moines devaient trouver des accents qui traduisent le consentement de l'homme racheté aux mystères qu'il célèbre : les quelques chapiteaux de Cluny qui nous aient été conservés montrent les symboles christologiques des divers tons du chant » (cf. ibid., p. 229).

    Détruite à la révolution, il ne reste quasiment rien de l'immense abbaye de Cluny, qui fut le plus grand édifice religieux du monde, avant la construction de Saint Pierre de Rome. Le septième chapiteau du choeur de Cluny illustre les quatre premiers tons :

     

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    Jeune homme jouant du luth
     
     
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    Femme jouant de la cymbale
     
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    Jeune homme jouant du psaltérion
     
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    Jeune homme jouant du Tintinabulum, sonnant le glas funéraire
     

               

     

    Pour saint Benoît, la règle déterminante de la prière et du chant des moines est la parole du Psaume : Coram angelis psallam Tibi, Domine - en présence des anges, je veux te chanter, Seigneur (cf. 138, 1). Se trouve ici exprimée la conscience de chanter, dans la prière communautaire, en présence de toute la cour céleste, et donc d'être soumis à la mesure suprême : prier et chanter pour s'unir à la musique des esprits sublimes qui étaient considérés comme les auteurs de l'harmonie du cosmos, de la musique des sphères. À partir de là, on peut comprendre la sévérité d'une méditation de saint Bernard de Clairvaux qui utilise une expression de la tradition platonicienne, transmise par saint Augustin, pour juger le mauvais chant des moines qui, à ses yeux, n'était en rien un incident secondaire. Il qualifie la cacophonie d'un chant mal exécuté comme une chute dans la regio dissimilitudinis, dans la 'région de la dissimilitude'. Saint Augustin avait tiré cette expression de la philosophie platonicienne pour caractériser l'état de son âme avant sa conversion (cf. Confessions, VII, 10.16) : l'homme qui est créé à l'image de Dieu tombe, en conséquence de son abandon de Dieu, dans la 'région de la dissimilitude', dans un éloignement de Dieu où il ne Le reflète plus et où il devient ainsi non seulement dissemblable à Dieu, mais aussi à sa véritable nature d'homme. Saint Bernard se montre ici évidemment sévère en recourant à cette expression, qui indique la chute de l'homme loin de lui-même, pour qualifier les chants mal exécutés par les moines, mais il montre à quel point il prend la chose au sérieux. Il indique ici que la culture du chant est une culture de l'être et que les moines, par leurs prières et leurs chants, doivent correspondre à la grandeur de la Parole qui leur est confiée, à son impératif de réelle beauté. De cette exigence capitale de parler avec Dieu et de Le chanter avec les mots qu'Il a Lui-même donnés, est née la grande musique occidentale. Ce n'était pas là l'œuvre d'une « créativité » personnelle où l'individu, prenant comme critère essentiel la représentation de son propre moi, s'érige un monument à lui-même. Il s'agissait plutôt de reconnaître attentivement avec les « oreilles du cœur » les lois constitutives de l'harmonie musicale de la création, les formes essentielles de la musique émise par le Créateur dans le monde et en l'homme, et d'inventer une musique digne de Dieu qui soit, en même temps, authentiquement digne de l'homme et qui proclame hautement cette dignité.

     

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    De cette exigence capitale de parler avec Dieu et de Le chanter avec les mots qu'Il a Lui-même donnés, est née la grande musique occidentale...

     

     

     

    Enfin, pour s'efforcer de saisir cette culture monastique occidentale de la parole, qui s'est développée à partir de la quête intérieure de Dieu, il faut au moins faire une brève allusion à la particularité du Livre ou des Livres par lesquels cette Parole est parvenue jusqu'aux moines. Vue sous un aspect purement historique ou littéraire, la Bible n'est pas un simple livre, mais un recueil de textes littéraires dont la rédaction s'étend sur plus d'un millénaire et dont les différents livres ne sont pas facilement repérables comme constituant un corpus unifié. Au contraire, des tensions visibles existent entre eux. C'est déjà le cas dans la Bible d'Israël, que nous, chrétiens, appelons l'Ancien Testament. Ça l'est plus encore quand nous, chrétiens, lions le Nouveau Testament et ses écrits à la Bible d'Israël en l'interprétant comme chemin vers le Christ. Avec raison, dans le Nouveau Testament, la Bible n'est pas de façon habituelle appelée « l'Écriture » mais « les Écritures » qui, cependant, seront ensuite considérées dans leur ensemble comme l'unique Parole de Dieu qui nous est adressée. Ce pluriel souligne déjà clairement que la Parole de Dieu nous parvient seulement à travers la parole humaine, à travers des paroles humaines, c'est-à-dire que Dieu nous parle seulement dans l'humanité des hommes, et à travers leurs paroles et leur histoire. Cela signifie, ensuite, que l'aspect divin de la Parole et des paroles n'est pas immédiatement perceptible. Pour le dire de façon moderne : l'unité des livres b

  • Dans votre quotidien cette semaine...

    LAFAUTEAROUSSEAU sans inscription.jpg= 33 "commentaires" : record battu pour le dernier Louis-Joseph Delanglade, De l'Atlantique à l'Oural ?. Rien de tel, donc, demain, pour bien démarrer la semaine, qu'un nouveau "L-J D", suivi de son inséparable Grain de sel de Scipion...

    Puis on parlera de la maigreur des résultats concrets du voyage de Hollande aux USA, comparée à l'éclat formel qui lui a été donné (justement, pour masquer cette insignifiance ?...); quant aux cinq petites heures passées à la Silicon Valley, si Hollande pense que c'est "çà" qui va faire revenir les expatriés ! Alors qu'on sait que la réforme des impôts locaux va aboutir à un nouveau coup de massue pour les classes moyennes ("on va faire payer les riches", disait-il !...); alors qu'on sait que 77 milliards d'euros de bénéfices ont été engrangés en 2013 par nos voisins, suite aux investissements étrangers, qui, chez nous, ont reculé de 77% !; alors qu'on sait que la France vient de disparaître de la liste des vingt pays les plus attractifs du monde...; alors qu'on sait que la France continue "d'exporter des Bac + 6 pour importer des Bac - 6" (Guillaume Roquette)... 

    On parlera aussi de certaines réflexions de Claude Lévi Strauss, des ravages du cannabis (pourtant "louangé" par Vincent Peillon et Cécile Dufflot, membres du gouvernement), du reportage de France info sur ces naturalisés français (!) qui partent faire le djihad en Syrie, et qu'il faudrait déchoir de leur nouvelle nationalité, comme cela se fait en Grande-Bretagne... et de bien d'autres choses encore !

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    CATONEO 1.jpg= Mardi, on aura la cinquième "Patte à Catoneo" : Bouvines 14.

    Cela a été dit maintes fois, et Catoneo le souligne ici à son tour : il est clair que la date de cette bataille manifeste au monde entier l'existence de la Nation France, déjà mise au monde depuis un certain temps par "l'honorable famille capétienne" - comme disait Jacques Bainville... -  mais dont la date officielle de naissance pourrait bien être ce 27 juillet 1214;

    Un 27 juillet qui, soit dit en passant, nous "ferait" une bien plus belle Fête nationale que ce très ambigu 14 juillet, au cours duquel chacun fête ce qui lui plaît : la loi dit bien que c'est le jour de la Fête de la Fédération (14 juillet 1790), chère à Marc Bloch, mais chez Mélenchon, Besancenot et compagnie, ce que l'on célèbre ce sont bien les têtes au bout des piques de ce sinistre 14 juillet 89, dont François Furet a bien montré qu'il inaugure le spectacle de sang et de Terreur qui va suivre...

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    gender.jpg= Mercredi, on donnera la parole à l'un de nos "très fidèles lecteurs" - comme il se définit lui-même, qui a eu la très bonne idée de réaliser un travail fort utile sur la théorie du genre : cela a du, parfois, être fastidieux, voire ingrat, mais il a collationné et, surtout, vérifié, plus de 25 déclarations (certaines ahurissantes) émanant de 19 personnalités différentes, éliminant ce qui traîne de faux ou d'inexact sur la toile, et ne gardant que les déclarations authentiques (avec la date et le lieu où elles ont été prononcées, ou bien l'ouvrage dont elles sont tirées...).

    On lira donc des propos de Pierre Bergé, François Hollande, Najat Vallaud-Belkacem, Erwann Binet, Marie-Gerorges Buffet, Laurence Rossignol, Vincent Peillon et autres, ce qui constituera un précieux outil pour dénoncer et critiquer les tenants de cette absurdité dangereuse. "LL2B" - c'est ainsi qu'il a voulu signer - a intitulé" ce travail encore une fois fort utile La théorie du Genre - Le totalitarisme condescendant des sociologues - Morceaux choisis et …vérifiés.

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    djihadiste.jpg= Légalement, ils sont français : "français de plastique", c'est-à-dire qu'ils sont en possession d'un petit rectangle plastifié. Mais, pour reprendre l'image du Père de Foucauld, ils ne sont français ni de coeur ni d'esprit; ils ne s'inscrivent pas dans la dynamique d'une aventure collective, venue de l'Histoire, qu'ils désireraient prolonger dans le futur : non. Leur rêve obsessionnel, c'est l'Islam et la Charia.
    L'Islam est-il soluble dans nos sociétés européennnes ? La réponse est "non" : la preuve, par Abou Shaheed : tel sera le titre de notre note de jeudi, bâtie à partir d'un très instructif reportage de France info. On y entend le sieur Abou Shaeed - "français" de plastique par la grâce d'un Pays légal contraire aux intérêts nationaux - menacer explicitement François Hollande lui-même et expliquer tranquillement que ce sera "soit l'Islam soit ce sera (sic) la guerre"
    La guerre de libération nationale, pour débarrasser la France des gens comme lui ?.....
     
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    POLE EMPLOI.jpg= Enfin, vendredi, ce sera la continuation de la Suite économique de François Reloujac, qui  prend pour sujet, cette fois-ci, Chômage, l'erreur du Président... :

    "...lorsque le président de la République a présenté ses vœux pour ce début d’année 2014, il a dit vouloir « accélérer » la lutte contre le chômage, ce fléau qui gangrène la société depuis plusieurs décennies. Pour cela, il a paru répondre à une demande incessante des entreprises en annonçant une baisse des charges liées au travail, baisse censée procurer plus de compétitivité. Et il a choisi comme point d’application de cette baisse les cotisations familiales. D’où la question : veut-il vraiment lutter contre le chômage ou porter un nouveau coup à la famille ?..."

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    = Et, bien sûr, on réagira "en temps réel" à l'actualité immédiate, et on parlera de tout ce dont on ne sait pas encore que l'actualité nous amènera à évoquer... Et toutes les notes précédentes seront accompagnées de notes plus courtes, plus ramassées, permettant de réagir et de donner notre sentiment face à tel propos, tel fait, tel article qui feront la "une" de la semaine à venir... 

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    capture d'ecran blog.jpg= On aura aussi, comme d'habitude le samedi, notre note en deux parties :

    1. D'abord, une revue des Blogs, de Facebook, des magazines  et d'ailleurs;

    2. Et, ensuite, on donnera les liens que des lecteurs ont envoyés :

    N'hésitez pas à nous faire parvenir des liens sur des sujets qui vous ont paru importants...   

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  • Un quinquennat, c'est trop court...

            Peut-on sortir d'un jugement essentiellement épidermique et  surtout chargé d'affect, sur Nicolas SARKOZY, au risque d'en oublier la responsabilité du Système lui-même, qui est pourtant la plus fondametale ? Peut-on, à son endroit, faire montre tout simplement d'objectivité, d'esprit politique ? 

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            C'est, en tout cas, ce que Jean-Philippe CHAUVIN vient de faire dans son blog et nous trouvons sa réflexion assez pertinente pour la soumettre à nos lecteurs..... 

    La grande réunion sarkoziste de Villepinte a-t-elle relancé la campagne du président-candidat ? Les analystes ont besoin d'un peu de temps pour le dire mais est-ce, en fait, le plus important ? Dans ce combat des chefs qu'est une élection présidentielle au suffrage universel direct, ce qui m'intéresse, en définitive, ce sont les idées, les propositions, les projets et ce qu'ils peuvent entraîner, que cela soit en positif ou en négatif.

     Ainsi, les propos de M. Sarkozy sur l'Europe et la gestion de l'immigration ont-ils retenu toute mon attention, et suscité mon scepticisme, et j’en reparlerai dans une prochaine note. Contrairement à ce que je pourrais être tenté de faire si j'étais moi-même candidat et adversaire du président sortant, je ne m'attarderai pas sur le fait, indéniable, que M. Sarkozy n'a pas, en cinq ans de présidence, tenu une grande part de ses promesses de 2007 ni sur celui qu'il propose aujourd'hui ce qu'il a eu cinq ans à l'Elysée pour faire et qu'il n'a pas fait. Simplement parce que je suis persuadé que le temps du quinquennat est beaucoup trop court pour engager des politiques à long terme, surtout si elles doivent être impopulaires dans le court terme des 5 ans de la présidence, quel qu'en soit le représentant du moment. D'autre part, l'on sait que les 100 premiers jours d'un nouveau président sont déterminants et il faut bien avouer que ces 100 premiers du Sarkozy 2007 ont été brouillés dès le départ par des erreurs, voire des fautes, symboliques, entre le Fouquet's et le yacht Bolloré : plus rude ensuite fut le chemin d'un président qui passait pour le président des riches, et qui confondait « être populaire » et « être vulgaire », au risque de dégrader la figure présidentielle...


    En 2007, M. Sarkozy rêvait d'être le "bras droit" du président des Etats-Unis...

    En 2012, c'est avec Angela qu'il convole...


    De plus, M. Sarkozy a eu à affronter une crise qui, en fait, couvait depuis longtemps et qui n'est que l'accélération de la « grande transition » entre pays de la Triade (et donc de la zone euro) et puissances émergentes (en fait, déjà émergées depuis quelques années), et globalisation de la domination des grandes féodalités financières mondiales au détriment des Etats politiques anciens.

     Pas facile alors de mettre en place tout ce que l'on a annoncé ou promis, me semble-t-il, et ceux qui attaquent M. Sarkozy sur son seul bilan commettent une erreur dont ils pourraient avoir, eux aussi, à se repentir s'ils arrivent au pouvoir dans les mois prochains !

     Je vous rassure, je ne suis pas devenu sarkoziste ! Mais je ne trouve pas heureux de faire de la démagogie, y compris contre l'actuel locataire en bail précaire de l'Elysée : ni heureux ni constructif ! De plus, faire porter à M. Sarkozy toutes les insuffisances, errements et malheurs de son propre quinquennat c'est laver la République de tout soupçon quand, justement, c'est son principe même d'un « temps politique raccourci » qui empêche toute politique du long terme pourtant nécessaire ! L'écueil sur lequel la présidence Sarkozy est en train de s'échouer est le même que celui qui risque, demain, de déchirer la coque d'une éventuelle (et déjà annoncée sans beaucoup de précautions) présidence Hollande...

     Si l’on veut redonner sa juste place au temps dans la pratique politique de l’Etat, à l’inscription des politiques fondamentales dans la durée, encore faut-il penser à enraciner la magistrature suprême de l’Etat dans le long terme et dans la suite naturelle des générations… N’accusons pas M. Sarkozy de tous les maux : il en a sa part et elle est importante, bien sûr, mais la République quinquennale fait aussi son propre malheur et celui des Français. D’ailleurs, certains évoquent désormais de plus en plus ouvertement l’erreur qui fût faite de raccourcir le mandat présidentiel en 2000, erreur que les royalistes avaient signalée avec force arguments : ces derniers, dont j’étais et suis toujours, proposaient plutôt l’allongement du mandat du Chef de l’Etat, jusqu’à la « perpétuité » !


    La question sociale et les banlieues : des dossiers qui souffrent de la discontinuité des politiques présidentielles... La monarchie pourrait bien être le meilleur moyen de résoudre cette difficulté institutionnelle !


    S’il est des règnes qui ont duré moins de temps qu’un quinquennat, la continuité dynastique a cet immense mérite de ne pas remettre en cause à chaque changement de souverain les « grandes politiques engagées » ou, plus sûrement, la pérennité de l’Etat et de sa représentation, ce qui est déjà beaucoup et plus rassurant que ces « inachèvements » présidentiels dont la France n’a pas eu, dans l’histoire politique, à se réjouir

     (Lundi, 12 Mars 2012 22:01)

  • Ces monarchies que l'on instaure.... (2/2) : le Tsar Loukachenko, et le tsarévitch de cinq ans, son petit-fils.....

     

    Le président Biélorusse et son fils Nikolay, Minsk, septembre 2008 

    Le président Biélorusse et son fils Nikolay, Minsk, septembre 2008.

    Depuis un an, le président Loukachenko s’affiche en public avec un petit garçon aujourd’hui âgé de 5 ans. Récemment, il a révélé qu’il s’agissait de son propre fils… et qu’il le préparait à sa succession.

                A partir du printemps 2008, il y a tout juste un an, le président de la Biélorussie a commencé à se montrer en public en compagnie d’un petit garçon. Cela n’a pas manqué de choquer l’opinion biélorusse, très conservatrice, dont le trouble s’est accru avec le scandaleux aveu du président : le garçonnet était bien son benjamin. Depuis, tout le pays est suspendu aux faits et gestes du tsar et du tsarévitch.

                Alexandre Loukachenko n’a jamais été un époux ni un père modèle. Après son triomphe à la présidentielle de 1994, il n’a jamais installé dans la capitale sa femme légitime, Galina Rodionovna, une personne douce et éduquée. A cette époque, on pouvait encore la joindre au téléphone, mais, peu à peu, un mur infranchissable l’a soustraite aux regards indiscrets. Elle habite aujourd’hui le village de Ryjkovitchi, dans une maison cachée derrière une haute clôture, gardée par la police et le KGB. Quinze an­nées durant, les seuls compagnons d’Alexandre Loukachenko lors des événements officiels, semi-officiels ou ­privés ont été ses gardes du corps. Pendant longtemps, personne n’a pu voir les deux fils issus de son premier mariage, et ce n’est que lorsque l’aîné, Victor, était déjà à l’université que son père l’a emmené avec lui à un défilé militaire. Ce fut tout. Même actuellement, alors que ce jeune homme est devenu conseiller du président pour la sécurité nationale, les journaux mentionnent à peine son existence. Quant à son frère cadet [Dmitri, Dima], qui dirige le Club sportif présidentiel, il est totalement ignoré.

     

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    "Du passé, faisons table rase !", ça, c'est pour les gogos; ou pour les révolutionnaires français, qui - eux - y croient encore... Mais, en Biélorussie, tout est bon pour "placer" - come on dirait en Bourse - du Loukachenko : l'Histoire et les traditions nationales, par exemple.....

     

                La première fois que le petit Kolia a été vu en public avec son père, c’était à l’occasion du samedi national de travail volontaire [survivance d’un usage soviétique] d’avril 2008. Cela ressemblait à une campagne de communication impliquant un pionnier anonyme : un président énorme et un frêle garçonnet unissant leurs forces pour bâtir la Biélorussie nouvelle. Mais on ne tarda pas à retrouver le même petit garçon assis dans les tribunes à côté du président pour un match de hockey de l’équipe présidentielle. Une semaine plus tard, Alexandre Loukachenko était en déplacement dans la région de Gomel, toujours accompagné du petit, pour une visite des régions touchées par la catastrophe de Tchernobyl. Au détour d’une conversation avec des paysans locaux, le président évoqua sa succession : “Je l’ai déjà dit, mon plus jeune fils deviendra président.” Cela laissa les experts interloqués, car tous pensèrent qu’il s’agissait de Dima. C’était une période où des conseillers en image venus de Grande-Bretagne avaient entrepris de redorer le blason de Loukachenko ; la présence du petit garçon avait donc été perçue comme faisant partie d’une tactique subtile.

                Toutefois, le secret pesait au président et irritait les citoyens. Dans une interview au tabloïd russe Komsomolskaïa Pravda, il finit par reconnaître qu’il avait présenté son benjamin à Vladimir Poutine. “Rien de plus banal, mon fils est mon prolongement, pour ainsi dire. Bien sûr, c’est une charge, parce que je suis le seul à pouvoir l’habiller ou lui donner à manger. Je suis allé voir Vladimir Poutine, avec mon fils, et il m’a dit : ‘Oh, Alexandre Grigorievitch, c’est un cadeau de Dieu !’ Il paraît que les enfants sont sacrés. C’est d’autant plus vrai en ce qui me concerne.” Avec cette déclaration d’amour paternel, le président biélorusse a brisé le carcan des comportements publics communément admis.

    La mère de Kolia était le médecin de Loukachenko

                A l’automne 2008, à l’issue d’exercices militaires, les généraux ne faisaient plus leurs rapports au seul président, ils s’adressaient aussi au petit Kolia, qui avait été, pour l’occasion, équipé d’un uniforme à sa taille. Il fait désormais partie de la plupart des voyages officiels de son père et même de certaines rencontres. Ainsi, il était présent lors de la récente visite à Minsk du président de l’Arménie. Et il a achevé de conquérir les cœurs au moment de sa rencontre avec le pape.

                Pour Svetlana Kalinkina, rédactrice en chef du journal d’opposition Narodnaïa Volia, “dans l’entourage de Loukachenko personne ne peut lui dire que ce genre de chose ne se fait pas. Le problème n’est même pas que Kolia soit un enfant illégitime. Mais qu’un gamin comme lui devrait aller à la maternelle et côtoyer des enfants de son âge, au lieu de jouer à la politique d’Etat avec de vieux messieurs aux cheveux gris.” Les médias d’opposition échafaudent ouvertement des scénarios sur les secrets intimes du président. On sait que Kolia est né en 2004 et qu’il est probablement le fils d’Irina Abelskaïa, qui a longtemps été le médecin personnel du président. En 2001, elle a pris la tête du principal établissement médical du pays, l’Hôpital national de l’administration présidentielle. Selon certaines rumeurs, Irina aurait tenté de faire inscrire sur le certificat de naissance de son fils que le père était Alexandre Loukachenko, et cela lui aurait été refusé.

                Il n’est pas exclu que l’amour paternel de ce dernier se soit éveillé doucement, mais sûrement, au point que la mère n’a quasiment plus eu de place auprès de l’enfant. Irina Abelskaïa a été limogée de la “clinique présidentielle” en avril 2007. Aujourd’hui, elle est simple médecin au Centre de diagnostic de Minsk. Selon une information du site Bielorousski Partizan, elle pourrait devenir médecin chef de la maison de repos Biélarous, qui appartient à l’administration présidentielle, à Iourmala (au bord de la Baltique). Manifestement, Loukachenko ne souhaite pas qu’elle interfère dans l’éducation de son unique héritier. En somme, voilà une captivante saga biélorusse… 

    P.S. : pour ceux qui veulent en savoir plus, l'article de Marc Epstein dans l'Express, Loukachenko, le Staline biélorusse :  Médias aux ordres.pdf

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    Même chose avec l'Armée : il n'y a qu'ici que les révolutionnaires sont anti militaristes ! Là-bas, cela fait belle lurette qu'ils ne sont plus ni l'un, ni l'autre : ni révolutionnaires, ni anti militaristes ! Pauvre Olivier !.....

  • Effondrements et résurgences.... (2 ).

              Ce que les évènements économiques de ces derniers jours nous rappellent - et assez rudement - de plus simple et de plus clair, c’est que les idéologies ne pèsent plus grand-chose dès lors que des réalités impérieuses viennent soudain les contrecarrer. En pareil cas, les théories les mieux établies s’effondrent comme si elles n’avaient jamais existé. Et c’est toujours une grande leçon que cette revanche des faits sur les abstractions.

              Ainsi, dans la crise financière qui secoue le monde, la logique du libéralisme eût été sans nul doute que les établissements de crédit qui ont prêté inconsidérément, au-delà de toute mesure et de toute prudence, des sommes considérables à des masses tout aussi considérables d’emprunteurs incapables de rembourser, soient immédiatement mis en faillite et liquidés, comme toute entreprise en pareil cas. Il s’en serait suivi un effondrement mondial du système de crédit, le blocage de ce que l’on se met à appeler « l’économie réelle », la ruine des actionnaires qui se comptent par millions et la spoliation des déposants.

               L’ampleur des pertes ne permettant pas le sauvetage des établissements tombés, ainsi, en situation de faillite virtuelle, par l’autorégulation du système lui-même, c'est-à-dire par l’intervention de sociétés concurrentes, les réalités ont imposé que la société économique, en la circonstance, se tourne vers plus puissant, plus stable qu’elle et il est soudainement apparu que les nations elles-mêmes, les Etats étaient bien les seuls à disposer d’une telle assise, d’une telle puissance. Il a fallu, tout simplement, nationaliser, ou si l’on veut, mutualiser les pertes, les risques, les garanties … En quelque sorte, il a fallu que l’ensemble des actifs publics vienne sauver d’une faillite ruineuse pour tous, les établissements privés défaillants. Il a fallu, encore plus simplement, que le capital et l’épargne accumulés garantissent des dettes…

               Il n’y a pas grand monde, aujourd’hui, pour remettre en cause l’économie de marché, le capitalisme, parce qu’ils sont bien les seuls à produire des richesses et à les transmettre. Mais il est clair que le libéralisme économique en tant qu’idéologie, délié de toutes règles et limites, surplombant dédaigneusement les nations et les Etats, est en train de subir un sérieux et douloureux démenti. C’est là, sans-doute, et probablement pour longtemps, la fin de bien des illusions et de beaucoup de pratiques douteuses.

               Au nombre des idéologies victimes des réalités, il faut ajouter l’européisme, car, si les Etats se sont « concertés », mais tout le monde s’est « concerté », en l’occurrence, c’est le « chacun pour soi » qui a finalement prévalu en Europe. C’est ainsi que l’on a vu, après les Américains, les très libéraux Britanniques, Belges, Néerlandais et même, en définitive, les Allemands, sauver, chacun pour soi, les fleurons de leur système bancaire par une intervention massive de leurs Etats.

               Quant à la démocratie, dans l’urgence, elle n’a guère eu le temps de fonctionner. A-t-on demandé aux peuples leur avis ? Est-on sûr que les citoyens qui travaillent et épargnent sont et seront longtemps d’accord pour, en quelque sorte, cautionner les Etats, les sociétés, les foyers qui vivent sur des montagnes de dettes ?  Ce sont des politiques, des économistes, les dirigeants des principales banques, qui se sont réunis pour prendre les décisions qui s’imposaient et qui engagent à la fois les Etats et les citoyens.  

               Après la tempête et l’affolement, il faudra bien que le système économique redémarre, que les affaires reprennent. Ce sera le moment de comptabiliser les pertes et les gains et de dénombrer les morts, restés sur le terrain mouvant des aventures financières, mais aussi politiques et sociales, des dernières années.

               Il y a une dernière idée qui meurt en ce moment, ce qu’André Glucksmann a signalé dans un article récent du Figaro, une idée génératrice de bien des erreurs, y compris économiques. C’est, dit-il, « la promesse d’un monde apaisé » qui « diffuse urbi et orbi, l’annonce d’une histoire sans défi, sans conflit, sans tragique » et « autorise tout et n’importe quoi ». Sans-doute, en effet, s’apercevra-t-on, un jour ou l’autre, que de toutes les « bulles » dont nos sociétés ont vécu depuis des décennies, ce n’était pas la « bulle économique » qui était la plus pernicieuse ni la plus déterminante.  

  • Le regard honnête de Michel del Castillo sur Franco et son temps .

              Michel del Castillo vient de publier Le temps de Franco (1), "biographie éblouissante" du Caudillo, nous dit Jérôme Béglé, qui lui consacre un très intéressant article dans Paris Match du 13 novembre, sous le titre assez choc Franco, nouveau héros.

              Il faut dire que le fond de l'ouvrage est assez en décalage par rapport à la vérité officielle -qui n'est qu'un grossier mensonge- pour qu'on s'y arrête et qu'on salue le courage de son auteur. Exilé pendant le règne du Caudillo, on aurait pu penser que dans son nouvel ouvrage il se serait laissé aller sinon à régler des comptes, du moins à se couler dans le moule du si douillet conformisme qui prévaut aujourd'hui.

              Eh bien, pas du tout : toutes proportions gardées, son ouvrage est une petite bombe, bienvenue. Un livre historiquement incorrect, c'est-à-dire donc très correct ! Par exemple, il "tord le cou aux clichés qui en font l'égal de Hitler et de Mussolini".

              Voici la présentation qu'en fait Jérome Béglé.....

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                 Alors qu'il avait à peine trois ans, Michel del Castillo a vu sa mère se faire emprisonner par les nationalistes, au début de la guerre civile. Plus tard, il sera lui-même enfermé dans un camp de réfugiés politiques, s'en évadera et connaîtra mille vicissitudes avant de rejoindre la France en 1953. Il eut donc à souffrir des brimades du régime franquiste. Aussi, quand il signe une biographie de Franco, s'attend-on à ce qu'il entonne le refrain du dictateur sanguinaire, inculte, poltron et responsable de la ruine de son pays. Pourtant, il est aux antipodes de ces clichés.

                 Officier de l'armée espagnole envoyé pour "maintenir l'ordre" au Maroc, le Caudillo fit preuve d'un grand courage et maintint le possessions nationales alors que ses prédécesseurs ne faisaient que reculer devant les combattants du Rif. C'est là qu'il conquit ses galons et une réputation qui tinta jusqu'aux oreilles du roi Alphonse XIII. Falot et dépassé par les évènements, ce dernier ne pouvait compter que sur l'armée pour maintenir son pouvoir. Il fit vite la connaissance de Francisco Franco Bahamonde dont la notoriété se propageait dans toute la Péninsule.

                Sur la guerre civile qui déchira l'Espagne de 1936 à 1939, del Castillo a des phrases définitives : "Continuer d'affirmer, comme on le fait encore, que le général Franco s'est soulevé contre la République ou, plus fantastique, contre la démocratie, me paraît une double aberration... Il en va de même pour la paresseuse affirmation que la légalité républicaine est morte étranglée par des militaires factieux..... Je constate que les gouvernements républicains n'ont cessé de bafouer la Constitution, de piétiner la légalité et que, dès 1934 - l'insurrection de la Catalogne et des Asturies- l'extrême gauche poignardait la république, rendant le soulèvement inévitable". C'est dit. Les pages dans lesquelles l'auteur raconte les manoeuvres de la camarilla pour convaincre Franco de ne pas accorder sa succession à Juan Carlos et de laisser le pouvoir à un autre prince à qui l'on avait fait épouser la petite-fille préférée du chef d'Etat sont sidérantes. Mais, jusqu'au bout, le vieil homme se comporta en militaire, respectueux d'une loi qu'il avait lui-même instituée et qu'il ne voulait pas contourner, même s'il pouvait en retirer des avantages.

                Michel del Castillo passe par le fil de l'épée les biographies fantaisistes ou celles d'intellectuels méprisant, par principe, le smilitaires. Il démontre que le décollage économique de l'Espagne est l'oeuvre de Franco même si celui-ci a très mal accompagné son pays sur le chemin de la démocratie.

                Restent les années noires de la guerre civile. L'auteur, prix Renaudot en 1981, ne transforme pas "Guernica" en un tableau naïf, mais rappelle que nationalistes et républicains ont commis autant de massacres et de tortures. Comme souvent, les perdants ont endossé le costume de la victime tandis que, par bêtise ou orgueil, Franco donnait une publicité excessive à ses victoires quels qu'en soient les moyens pour y parvenir. Ses troupes ont fait preuve de bravoure et de cruauté, tandis que ses généraux et lui-même ont souvent outrepassé leur fonction, se livrant à des exécutions inutiles et condamnables.

                Les idées reçues tombent les unes après les autres dans ce récit rondement mené et, qui plus est, merveilleusement écrit. On n'a pas affaire à la thèse d'un universitaire, à la revanche d'un intellectuel engagé ou au morceau de bravoure d'un homme politique. Le temps de Franco est l'oeuvre d'un écrivain aux phrases parfaites, au rythme impeccable et au propos qui ne veut convaincre qu'un seul juge : l'Histoire".      

                  Il nous semble juste de dire que, si le livre n'est pas mal, l'article n'est pas mal non plus. Et si Michel del Castillo mérité des éloges pour son honnêteté intellectuelle (il en faut pour braver la fausse vérité établie...), Jérôme Béglé en mérite lui aussi, pour ce compte-rendu intelligent et, lui aussi, décapant.         

     (1) : Le temps de Franco, de Michel Castillo, Editions Fayard, 391 pages, 22 euros.

  • Quand Charasse flingue le PS...

              Sous le titre accrocheur: "Charasse: Le PS ne dit plus la vérité aux français", Le Figaro du mercredi 4 mai publie un entretien décapant avec le bouillant sénateur du Puy de Dôme.

              Celui-ci, tout juste exclu du parti, vient d'adhérer au groupe RDSE ((Rassemblement démocratique social et européen).

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             On se souvient du retentissant article de Jacques Julliard dans Le Nouvel Observateur, dont nous avions largement rendu compte (1), et qui n'a toujours rien perdu aujourd'hui de son actualité et de sa pertinence. C'est au tour de Michel Charasse maintenant de montrer, en quelque sorte, que "le roi est nu".

             Certes il le fait à sa propre façon, fort différente de celle de Julliard. Avec plus de recul historique, et plus d'ampleur quasi philosophique si l'on peut dire, Julliard embrassait toute la Gauche, et toute son Histoire, et laissait se dégager une question, qui s'imposait d'elle-même à la lecture de son article-fleuve: "pourquoi l'un des plus beaux rêves de l'humanité s'est(-il) transformé en un immense cauchemar ?....."

              Charasse ne va pas aussi loin, ni aussi haut: il n'a d'ailleurs jamais prétendu au rôle que tient un Julliard. Il s'en tient à des positions pratiques et tactiques, de terrain pourrait-on dire. Mais qui révèlent elles aussi le même malaise et la même imposture morale que dénonçait et condamnait Julliard: "Il y a longtemps que le PS a cessé de penser et de croire ce qu'il raconte."

              Et l'on entend comme en écho, à la lecture de chacun de ces deux articles, la même lancinante question: "Socialistes, croyez-vous encore à vos mythes ?....."

              Extraits.....

              ".....Pour moi comme pour beaucoup de Français, il y a un certain temps que le niveau du PS ne dépasse pas celui des trottoirs municipaux, sujet sur lequel il faut reconnaître que les socialistes sont très bons!.....

              ......Nous ne parlons plus aux Français pour leur dire la vérité, mais pour distraire les médias sur des sujets secondaires, des questions de société qui n'intéressent le plus souvent que les minorités.

              Que disons-nous par exemple aux Français, depuis des années, sur l'avenir des retraites? Aujourd'hui comme en 2003, au moment de la loi Fillon, nous n'avançons aucune proposition courageuse. Le gouvernement réforme tout seul, et nous ne savons que dire non. Avec, parfois, des propositions d'une démagogie effrénée: il se trouve encore des élus PS pour faire croire à des pauvres gens que nous reviendrons à 37,5 ans de cotisation!..... Au fond d'elle-même, la direction du PS est ravie que la droite se tape le sale boulot......

              ......Je suis frappé aussi par le silence du PS sur la situation et sur l'avenir des finances publiques, sécurité sociale et budget de l'État. Le traité de Maastricht de 1992 nous impose de réduire nos déficits de 80 à 100 milliards d'euros d'ici à 2012. Il a été négocié par un président et un gouvernement socialistes, soutenu par une majorité socialiste et approuvé par référendum par les Français, appelés par le PS à voter oui! Le gouvernement actuel s'attaque au problème dans la douleur et sous les lazzis des socialistes, mais que proposent-ils à la France pour appliquer «leur» traité et pour que notre pays reste écouté et respecté en Europe?

              Le Figaro: Pourtant, le PS parle sans cesse des déficits…
              Oui, tous les jours, sans doute pour faire sérieux et responsable. Mais quant aux solutions, c'est autre chose. Faut-il des impôts et/ou des cotisations sociales supplémentaires? Silence! Des économies budgétaires et sur les dépenses sociales? Motus! Et quand on les pousse dans leurs retranchements, ils brandissent le paquet fiscal, qu'ils proposent d'abroger, ce qu'ils ne feront pas, notamment sur les heures supplémentaires et les droits de succession. En ajoutant aussitôt qu'ils redistribueront les 15 milliards ainsi récupérés en pouvoir d'achat. 2012 attendra! En même temps, ils refusent bec et ongles la moindre participation des patrimoines au financement de la dépendance. Autrement dit, ils trouvent tout à fait normal qu'un pauvre type, qui n'aura jamais de maison ni d'appartement, paie des impôts pour permettre à un propriétaire de transmettre son bien à ses héritiers qui, peut-être, ne se sont jamais occupés de lui. C'est peut-être de la justice socialiste, mais ce n'est pas de la justice sociale!..........

    (1): Voir les quatre notes de la Catégorie "Gauche: la fin d'un cycle ?....."

  • Nous sommes tous des Ch'tis...

              Nous n'avons pas vu le film, mais l'éditorial que lui a consacré Jacques Duquesne dans "Ouest-France", le 7 mars, suffit à nous le rendre sympathique. Ne serait-ce que pour la tonalité générale, et les dernières lignes de conclusion de cet édito, on pourrait déjà se réjouir qu'un tel film, s'il nous vaut un tel article, ait été produit....

              Et tant pis pour ceux qui, comme Michel Wievorka, ne l'ont pas aimé: "...pas de sexe à tout va, pas de vulgarité, pas de sang, pas de repentance. Il est donc tout à fait normal que, dans l'émission "Cdans l’air" du 5 mars, le sociologue Michel Wievorka ait voulu l'écraser sous l'accusation la plus grave: il est trop franchouillard et ne s'ouvre pas au multiculturalisme !.....(1). Voici le texte de l'édito de Jacques Duquesne.
             

              Réjouissons-nous, tous, que nous soyons Bretons, Normands, Provençaux, Alsaciens ou Périgourdins. Réjouissons-nous parce que le succès d'un film vient de mettre en valeur les qualités d'une région. Et que les autres Français, loin de faire la fine bouche, loin de s'en détourner sous prétexte qu'ils n'en comprennent pas toutes les paroles, apprécient cette comédie populaire, lui font plus qu'un succès : un triomphe. Qui en dit long sur nous tous.

              Je veux parler, bien sûr, de Bienvenue chez les Ch'tis,tourné et interprété par Dany Boon. Il ne restera pas dans l'histoire du cinéma comme un chef-d'oeuvre inégalable. Mais il a deux vertus.

              Tout d'abord, il fait rire. Les Français en ont grand besoin, en ces temps où il est dur de boucler les fins de mois, où le pouvoir ne fait pas rêver à des lendemains qui chantent ni même à des réformes difficiles permettant une vie meilleure après-demain. Et c'est un rire dont personne n'a secrètement honte, parce que ses auteurs et ses interprètes ne tombent pas dans la vulgarité, les plaisanteries graveleuses, les sous-entendus obscènes.

              Il fait rire et il met en valeur le courage. Les gens du Nord-Pas-de-Calais en ont beaucoup vu, beaucoup subi. Les grandes batailles des deux guerres mondiales, la Première surtout, se sont déroulées chez eux. En 1945, à la fin de la Seconde, un Nordiste de 35 ans pouvait dire qu'il avait vécu huit ans sous l'Occupation allemande : presque une année sur quatre sous la contrainte, les sévices, dans le dénuement et les ruines.

              Ils se sont remis au travail. Et puis le travail leur a manqué. Le charbon n'est pas comme le blé ou les légumes : il ne repousse pas, il s'épuise. L'autre grande richesse - le textile - a été concurrencée, perdue, au profit des pays à bas salaires.

              Ils auraient pu pleurer, implorer qu'on leur vienne en aide ou poser des bombes, comme l'ont fait, comme le font encore, ailleurs, quelques fous. Ils pourraient aussi accuser les météos de la télévision qui appellent Nord tout ce qui est au nord de la Loire et qui ignorent, par exemple, que les heures d'ensoleillement sont plus nombreuses à Dunkerque, pays de la bière, qu'à Bordeaux, pays du vin.

              Ils pourraient aussi se disputer entre eux, car ils ne sont pas tous « Ch'tis », c'est-à-dire d'origine picarde. Il existe ainsi, depuis toujours, une importante minorité flamande. Le siècle dernier a vu débarquer un fort contingent de travailleurs polonais accompagnés de leurs familles. Et, dès avant 1914, les mines de Courrières (Pas-de-Calais) employaient déjà des Kabyles par milliers.

              Or, tous ces gens ont appris à vivre ensemble, à s'accueillir. Non sans difficultés parfois. Mais ils l'ont fait. Parce que cela fait partie de leurs habitudes : ouvrir les bras, accueillir. Cela ne veut pas dire que le chômage, l'insécurité, la pluie et le vent sont inconnus. Loin de là. Mais la fête est toujours présente sur les places, dans les rues et dans les coeurs. Et si les Français, tous les Français, de Marseille à Strasbourg ou à Brest, font un tel succès à ce film, c'est qu'ils se reconnaissent dans ces hommes et ces femmes, c'est qu'ils se sentent meilleurs qu'on ne le dit, meilleurs qu'ils ne le croient eux-mêmes bien souvent et capables de faire mieux. Fiers d'être Français en somme. Avec le sourire.

    (1):  Voirn dans le blog de la FRP (http://federationroyalisteprovencale.hautetfort.com/) la note "Fiers d'être français", du O8/03/2008 (Récemment nommé par Sarkozy pour une "mission d’études sur la diversité dans l’enseignement",  Wieviorka est l’auteur de nombreux ouvrages sur le racisme, dont “La France raciste” et Président du conseil "scientifique" du CRAN (”Conseil des associations noires”)....

  • Dans votre quotidien, cette semaine...

    LAFAUTEAROUSSEAU sans inscription.jpg       "François contre François" : on s'arrêtera cette semaine sur le second ( ou le deuxième ?) épisode de "la guerre des deux François" : après la repentance "pour le Vel d'Hiv" et la reconnaissance de la "faute" (!) de l'Etat français, à laquelle tous les présidents s'étaient refusés jsuq'à lui, y compris Mitterand, François normal 1er vient de laisser passer la date du 19 mars, à laquelle son auguste prédécesseur s'était toujours opposé : quand le PS nous dira-t-il lequel des deux François parle en son nom ?... 

            On aura, bien sûr, la vidéo du troisième épisode de notre Enquête sur la République, avec l'intervention de Laurent Wetzel sur "Ils ont tué l'Histoire-Geo. Qui et pourquoi ?"

            Champsaur traitera de L'eau, des origines  de l'humanité aux tensions et conflits d 'aujourd'hui, d'Israël à la Chine, et plus encore...  

               On lira l'analyse politique d'Hilaire de Crémiers (Echéances à l'horizon...), le tout accompagné des grains de sel de Scipion, de l'appel de plusieurs évêques à participer à "La Manif pour tous du 13 janvier", de La Provence qui a trouvé un certain Ahmed, qui, avec ses conseils "expéditifs", ferait un très efficace ministre de l'Intérieur, de la remise du Prix de la Carpette anglaise.... 

            On gardera le samedi, comme on en a pris l'habitude maintenant, pour une sorte de revue des Blogs, de Facebook et d'ailleurs : cette semaine, un site de "résistance kabyle" en Algérie; La fin du christianisme de gauche ? par Gérard Leclerc (dans Royaliste, n° 1024); On vient de juger l'affaire Mahé...", à lire sur le Blog de Henri Hude; Quand Gilbert Collard remet Cécile Duflot (de cannabis) à sa place...; Patrimoine : Combien d'Eglises en France ? (sur Patrimoine en Blog); La Dizaine de Magistro...

               "L'Album Daudet" avance : 126 photos pour l'instant, dont 123 terminées de rédiger; nous en commencerons bientôt la publication, en feuilleton, comme nous l'avons fait cet été pour "L'aventure France racontée par les cartes", car cette façon de faire a plu, semble-t-il, et elle permettra de "démarrer", sans attendre encore trop longtemps...

    france grotte chauvet.JPG        On aura, évidemment, les Ephémérides, car c'est "tout cela, tous ceux-là, aussi, la France" : de la Grotte Chauvet à la découverte du radium, en passant par les naissances de Racine, Charles Cressent, la "veuve Clicquot", Camille Guérin...; les morts de Théodulphe, Marguerite de Provence, Sully, Carrier, Parmentier...; et aussi, la réception de Charles Quint à Chambord, la création de l'Ordre des Trinitaires, la création par Louis XV de l'Académie royale de Chirurgie et, par Louis XVIII, de l'Académie royale de Médecine, la vente par Napoléon de la Louisiane aux États-Unis...  En plus de la Table des Matières (pour les 366 jours de l'année, les Ephémérides proposent, en permanence L'Album des Ephémérides : L'aventure France racontée par les Cartes (200 photos)... et aussi... de la MUSIQUE DANS LES EPHEMERIDES.pdf

            Notre rubrique Activités partout en France (mise à jour quotidiennement) propose en permanence une trentaine d'activités diverses et va publier, dès le 20, le tableau des manifestations prévues pour le 21 janvier 2013. Faites-nous parvenir les annonces le plus tôt possible: la dernière fois, nous avons reçu la dernière annonce le jour même du 21 janvier, à 10h12, pour une messe le soir !... : "sitôt reçu, sitôt publié", elle est à votre disposition pour annoncer et répercuter tout ce qui se fait chez vous, "sans nostalgie ni folklore", pour un royalisme intelligent. Lafautearousseau se veut la "maison commune" de toutes les bonnes volontés royalistes, fidèles à la Maison de France.

    lafautearoiusseau page facebook.jpg        Bienvenue à nos nouveaux "Amis", cette semaine, sur notre Page Facebook Lafautearousseau Royaliste : elle a accueilli son 1.710ème "ami", et nous nous sommes fixés comme objectif, pour commencer, d'avoir 5.000 "amis": il nous faut annoncer, rendre compte, expliquer... à toujours plus de gens, et cette Page est l'un des moyens d'y arriver. Aidez-nous donc à la développer, en vous inscrivant vous-mêmes, en lui suscitant des "amis", en la faisant connaître autour de vous.

              Et, bien sûr, on réagira "en temps réel" (comme on dit dans le jargon) à l'actualité immédiate, et on parlera de tout ce dont on ne sait pas encore que l'actualité nous amènera à évoquer.   

  • Livres • Pourquoi les Français plébiscitent Michel Houellebecq

     

    Sébastien Lapaque pose cette question [Le Figaro, 18.02.2016] : « Pourquoi les Français plébiscitent Michel Houellebecq » et il y répond du point de vue de la littérature et des écrivains. Sous l'angle politique - et / ou civilisationnel - son anticipation, en forme de roman, d'une situation politique qui pourrait devenir celle de la France, peut aussi être considérée comme une sorte de satire, de mise en garde ou d'alarme. Ce roman nous paraît avoir aussi joué ce rôle. LFAR

    Soumission est le roman qui s'est le mieux vendu en France en 2015. L'écrivain ne laisse personne indifférent et ses œuvres sont traduites dans de nombreuses langues.

     

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    Enfin une bonne nouvelle. D'après les statistiques de quelques spécialistes du marché de l'édition, penchés sur les livres comme d'autres le sont sur les canassons, Soumission, de Michel Houellebecq, est le roman qui s'est le mieux vendu en France en 2015. 590.000 exemplaires, nous jure-t-on. Sans compter les ventes en Belgique et en Suisse… Qu'en dit-on à Bruxelles et Genève ? Michel Houellebecq devant Fred Vargas, Guillaume Musso et Marc Lévy. Un écrivain devant les écrivants.

    L'année 2015 avait pourtant mal commencé, avec une tuerie islamiste à Charlie Hebdo qui arracha à notre affection l'économiste dissident Bernard Maris et quelques dessinateurs insignes. Aucune origine n'est belle, jurait un écrivain provençal. Grâce à Dieu, la fin de l'an 2015 a été consolatrice, avec une statistique admirable : Houellebecq seul en tête. Cet honneur et cet avantage ne sont pas fortuits. Dans Soumission, bon livre qui n'est pas son meilleur roman selon notre cœur (notre faveur va à Extension du domaine de la lutte et à La Carte et le Territoire), l'auteur de Rester vivant ne raconte pas l'histoire de la marquise qui sortit à cinq heures mais celle de la prise du pouvoir en France d'un parti musulman au terme de l'élection présidentielle de 2022. Avec l'aide de François Bayrou, de surcroît : je ne critique pas le côté farce, mais pour le fair-play, il y aurait quand même à dire… Chacun est libre de recevoir à sa guise les prédictions de l'écrivain. Quelque chose nous laisse penser qu'il faut se méfier des dons divinatoires des imaginatifs. Attention aux yeux, ça brûle !… Il y a toujours quelque chose de révélateur dans l'improbable augure d'un romancier qui voit ce que l'homme a cru voir. C'est un prophète, du grec prophanai: celui qui rend visible la parole.

    « Un sismographe hyperémotif »

    À lire Demain est écrit, de Pierre Bayard (Minuit, 2005), personne ne jurerait que c'est un concours de circonstances qui a fait coïncider la parution de Soumission et l'attaque terroriste de Charlie Hebdo - avec la mort de Bernard Maris, qui venait de publier Houellebecq économiste (Flammarion, 2014). Cet événement est l'essence même de la littérature. Et c'est ainsi que Michel Houellebecq est grand. « On peut en effet supposer que les textes littéraires entretiennent une relation de proximité particulière avec le fantasme et qu'ils sont ainsi porteurs de ses lignes de faîte, avant même qu'il vienne s'incarner dans la réalité », écrit Pierre Bayard. Michel Houellebecq est l'exemple le plus frappant d'un écrivain ayant trouvé son inspiration la plus authentique dans un événement qui allait lui succéder. Aucune surprise pour ceux qui le lisent depuis toujours. Avec Marcel Proust, il donne tort à ceux qui pensent qu'un grand romancier ne doit pas être intelligent. Au contraire. Trop sensible, trop intelligent : de cette rencontre surgissent des merveilles. L'auteur de La Poursuite du bonheur (La Différence 1991) est un sismographe hyperémotif capable de voir venir les tremblements de terre avec deux siècles d'avance.

    Au-delà de nos frontières

    Clown blanc d'un genre très particulier, Houellebecq est un écrivain qu'il faut savoir bien lire pour bien l'entendre. Comme Georges Bernanos, il émeut d'amitié ou de colère, mais ne laisse personne indifférent. On l'aime ou on le hait. Avouons ici notre point de vue. Nous l'aimons. Parce que Houellebecq, c'est beaucoup plus que Houellebecq. Pour ceux qui voyagent un peu dans le monde, à Berlin, à Milan, à New York, à São Paulo, à Mexico, à Pékin ou à Sidney, il est celui qui a remis en marche le compteur arrêté à Sartre et Camus. Pardon pour Le Clezio et Modiano, mais, au-delà de nos frontières, l'écrivain français d'aujourd'hui, dans toutes les langues du monde, c'est Houellebecq ; pardon pour Manuel Valls, qui a cru pouvoir (un mot qu'il adore) dissuader les Français de lire Soumission en s'improvisant critique littéraire, prouvant qu'il n'avait aucun point commun avec son supposé maître Georges Clemenceau, ami de l'art et des artistes. « La France, ça n'est pas Michel Houellebecq, ça n'est pas l'intolérance, la haine, la peur. » Et ta sœur ?

    Promenez-vous dans le monde, entretenez-vous avec les écrivains, les artistes et les individus qui sont la grâce et l'âme de leur pays. La France, c'est Houellebecq. 

    Sébastien Lapaque           

  • PS, date de péremption dépassée

     

    par Olivier Pichon

     

    thU42DGU00.jpgLa primaire du PS pourrait constituer l’annonce de la fin du parti socialiste, si ce n’est du socialisme. Ne nous réjouissons pas prématurément ; en 1993 il fut balayé à l’assemblée nationale, en 2002, absent au second tour des présidentielles. Il a su se redresser depuis, en partie sous la houlette de son secrétaire général, un certain François Hollande. Aujourd’hui le cadavre bouge encore, mais son fossoyeur pourrait bien en être Benoît Hamon, électoralement parlant du moins. Il en a d’ailleurs la tête…

    Valls et Hollande sanctionnés, la paresse plébiscitée

    Sans préjuger des résultats du second tour et a fortiori de la présidentielle, les militants (peu nombreux) ont voté non pour un présidentiable mais pour un candidat qui conserverait les valeurs du socialisme. Examinons de près ces valeurs en question. Parmi celles-ci, les tendeurs de sébile ont voté massivement pour le revenu universel de Benoît Hamon. Ils attendent encore de l’Etat qu’il distribue, sans comprendre que ce sera un grain de mil dans la bouche d’un âne et qu’il y a belle lurette que l’on distribue en creusant la dette, sur le dos des générations à venir. Un vote égoïste, ignorant et archaïque.

    Il y a « 11 millions de pauvres » en France, nous apprend la presse, chiffre en augmentation, et l’on continue à redistribuer ! En bonne logique, ce chiffre devrait baisser. Hamon a-t-il pensé avec son revenu universel, au gendre de Marx (l’époux de Laura, Paul Lafargue, qui était mal vu par son Beau-père), qui fit l’éloge de la l’inactivité dans un livre : « Le droit à la paresse » 1883 (l’année de la mort de Marx). Il défendait l’idée que les ouvriers ne devaient pas réclamer le droit au travail – c’est une erreur masochiste selon Paul Lafargue.
    La sécurité sociale contre la sécurité nationale.

    Plus de 750 milliards d’euros, c’est le budget social de la France. Contre 35 milliards pour le budget militaire ! En cette période troublée voilà qui ne laisse pas d’inquiéter. Mais Benoît Hamon ne nous a guère parlé de souveraineté et d’indépendance nationale, voire de sécurité publique. Il a reçu le soutien de Martine Aubry et d’une vingtaine de dinosaures échappés de Jurassic Park.

    Dans ces conditions on serait tenté presque de défendre Valls qui a quelques lumières sur le fait que le socialisme remonte à deux siècles et qu’il est une vieille lune promise à l’oubli de l’histoire. Il semble entrevoir qu’à côté de l’Etat providence, il existe un Etat régalien étouffé par le premier. La réduction du temps de travail et les loisirs, voire l’oisiveté rentière sont beaucoup plus le résultat de la productivité, de l’investissement, du marché et du capital que de la loi.

    Mais où est donc Macron ?

    Nous avons donc en matière d’offre politique les socialistes sans le socialisme, Valls par exemple, les socialistes « socialistes » avec Mélenchon, Hamon, Montebourg, les socialistes sans le dire avec Philippot mais le cas le plus complexe est incontestablement Macron. Il est de gauche mais pas socialiste. Pour simplifier, il est sur la ligne Valls mais en plus charmeur, et en amputant son discours de la souveraineté, de l’identité et de l’autorité, sur lequel Valls a eu la témérité d’aller – ce qu’il vient de payer cher.

    Macron sera donc de gauche sans le socialisme ou de gauche avec le sociétal. Mais ses positions sur la sécurité sociale, sur le temps de travail, sont des positions partagées à gauche, surtout n’y rien changer ! Là où il fait preuve d’un peu plus de hardiesse, c’est sur l’apprentissage et le statut des autoentrepreneurs. Il veut être le candidat du travail, (pas d’accord avec Paul Lafargue!) : baisse des charges, maintien du CICE. Simplifier le code du travail ? Du bon sens tout simplement.

    Tout cela ne justifie pas enthousiasmes et ralliements, il demeure assez largement étatiste lorsqu’il transfère les cotisations salariales sur la CSG et augmente la taxation du capital, alors même que celui-ci est déjà fortement taxé et constitue la première cause du refus de prise de risque, qu’il préconise par ailleurs. Quant aux retraités, s’il s’en trouve qui votent Macron… c’est par ignorance ou masochisme. Ils sont dans le collimateur du gentil gendre idéal. Des mots que tout cela, beaucoup de flou et de contradictions. Macron, pour capter les centristes, affirme aimer l’Europe. Mais de quelle Europe s’agit-il, celle de Jean-Claude Junker ou celle des patries ?

    Sur le plan électoral, si Hamon l’emporte au second tour, il peut tailler des croupières à Mélenchon. Mais pour Macron, décidément favorisé par le sort, Hamon peut jouer le rôle de repoussoir et lui permettre d’engranger les voix qui se seraient portées sur Valls. L’heure de vérité devrait sonner pour l’enfant chéri des dieux de la gauche et du système. Sa présence au second tour n’est pas improbable, de même que son élection à la présidence, tout dépendra de l’adversaire qu’il aura face à lui. On peut deviner déjà celui ou celle qui le ferait élire. La France aura alors un président socialiste et tout rentrera dans l’ordre !   

    Politique magazine - 01.2017