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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • L'affaire du professeur agressé de Juvignac, suites... (2/2).

                Pour celles et ceux qui auraient raté le début...

                II : Le rappel et l'exposé des faits.

                Décembre 2008. Philippe J. (le nom a été changé, ndlr) vient de terminer son cours, dans l’amphithéâtre de la faculté de sociologie de Montpellier. L’enseignant va quitter la salle lorsqu’un étudiant s’approche de lui.– Vous pourriez pas valider les matières où j’ai eu de mauvaises notes ? lui demande-t-il.      

                Philippe J. le regarde, interloqué, sans pouvoir mettre un nom sur son visage. Le jeune homme, un petit brun trapu, a l’air d’avoir au moins 25 ans. Un de ces « vieux » étudiants qui redoublent leurs années de fac, sans qu’on sache très bien pourquoi ils s’acharnent à suivre des études pas faites pour eux.

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    Si vos notes sont médiocres, c’est impossible, répond le professeur.
    Mais l’autre, un certain Saïd Ouamalik, insiste. Il lui pose familièrement sa main dans le dos.
    Mon ami, on peut toujours trouver une solution, dit-il avec une désinvolture qui frise l’insolence.
    Gardant son calme face à ce qu’il faut bien appeler une tentative de corruption, Philippe J. réplique sèchement :
    Une solution ? Il y en a une. Il suffit de repasser vos examens.
    Et il lui tourne le dos, passe à autre chose sans savoir qu’ils vont se revoir...

    Lundi 19 octobre 2009. Les J. passent tranquillement la soirée chez eux, à Juvignac, près de Montpellier. Cela fait cinq ans qu’ils se sont installés dans le quartier résidentiel de Fontcaude, sur les hauteurs du bourg, d’où on a une vue superbe sur le lac et le golf. Ils y habitent une maison à la façade rose pâle, entourée d’un jardinet bien entretenu. Philippe J., comme tous les soirs, a fermé à clé la porte d’entrée. Il travaille à ses cours auprès de son épouse, Clélia, docteur en sociologie comme lui. Là s’arrête d’ailleurs leur ressemblance. Alors que Philippe, âgé de 45 ans, est grand et bien charpenté, Clélia, une jeune femme d’origine brésilienne, est toute menue. Leur fils Martin, un garçon de 11 ans, joue sur son ordinateur dans sa chambre, à l’étage.
    Il est environ 22 h 30 lorsque l’enseignant croit entendre grincer la poignée de la porte d’entrée. Inquiet, il va voir, déverrouille, s’avance sur le perron. A peine a-t-il remarqué que le portillon donnant sur la rue est ouvert qu’une ombre jaillit de l’obscuri té et bondit sur lui.
    Bouge pas ! ordonne une voix masculine.
    L’homme, cagoulé, braque un pistolet sur la tête de Philippe, et le repousse à l’intérieur de la maison. Sa femme, alertée par le bruit, s’est levée de son fauteuil.
    Couchez-vous sur le sol, face contre terre ! lance l’inconnu. Et écartez les jambes.
    « Il va la violer ! », pense Philippe J., atterré. Mais l’homme a une préoccupation plus urgente. Il veut savoir s’il y a d’autres personnes dans la maison. Philippe lui explique que son fils est à l’étage. L’individu hurle au garçon de descendre. Et le petit Hugo, terrorisé, est contraint de s’allonger à côté de ses parents.
    Vous avez de l’argent ?
    Seulement quelques bijoux et des ordinateurs.
    Un simple cambriolage ? Philippe se sent vaguement rassuré. Mais l’individu s’énerve. Se met à insulter Clélia alors qu’elle a légèrement bougé.
    Si ça se passe pas bien, je repars avec un organe ! menace-t-il.
    Fait-il allusion à une mutilation ? Le voilà en tout cas qui sort de son sac à dos une bouteille d’essence et qui asperge ses victimes.
    J’ai un briquet, si vous bougez, je vous brûle ! lance-t-il d’un ton menaçant.
    Et l’horreur s’abat sur les trois occupants de la maison.
    Hugo, de l’essence plein les yeux, ne peut s’empêcher de pleurer. Le cambrioleur plonge à nouveau la main dans son sac et il en sort un rouleau de cordelette. Cette fois, Philippe J. est paniqué. Couverts d’essence et attachés, ils seront complètement à la merci de ce fou furieux. Clélia a suivi le même raisonnement, c’ est la première à réagir. Elle tente de se relever, mais l’autre lui balance un violent coup de pied dans la tête. Alors, sans plus réfléchir, Philippe se rue sur l’inconnu et lui attrape le poignet qui tient le pistolet. Par chance, l’homme porte des gants de laine, et l’arme lui glisse de la main. Philippe le fait tomber et le maintient par terre, lui bloquant le thorax de ses deux bras.
    Clélia est déjà dehors.
    Il va les tuer ! hurle-t-elle dans la rue, tout en courant chez ses plus proches voisins.
    Ceux-ci appellent aussitôt les gendarmes. Hugo tente lui aussi de téléphoner aux secours. Mais son père lui ordonne de sortir tout de suite de la maison et d’aller se mettre en sécurité. Resté seul avec le cambrioleur, Philippe se demande avec angoisse combien de temps il va réussir à le retenir prisonnier. L’autre, qui pèse au moins 80 kilos, se défend comme un diable, et l’essence a rendu le sol glissant. « Si je le lâche, pense Philippe, il va faire un carnage. Il va me tuer, et il s’en prendra ensuite à ma femme et mon fils… » Et il tient bon, parvenant même à resserrer sa prise.
    Au bout de dix minutes – autant dire une éternité – l’enseignant entend enfin une voiture s’arrêter devant la maison, et il aperçoit des uniformes à la porte du salon. Pourtant, il n’est pas au bout de ses surprises. D’abord, les militaires, ne sachant qui est l’agressé et qui est l’agresseur, le plaquent sur le sol, face contre terre, et lui passent les menottes.
    Je suis le propriétaire, proteste-t-il en vain.
    Ensuite, il entend un gendarme, penché sur l’inconnu masqué, déclarer que « l’homme est mort ». Enfin, on lui annonce que le cambrioleur porte sur lui une carte d’étudiant en sociologie. Et ce n’est qu’au moment où un enquêteur lui arrache sa cagoule qu’il le reconnaît : il s’agit de l’étudiant qui lui avait demandé de « trouver une solution » à ses mauvaises notes…
    C’est bien Saïd Ouamalik qui gît sans vie dans le salon de la maison. Mort d’un arrêt cardiaque, dira l’autopsie. En fait, le cœur, compressé entre la cage thoracique et la colonne vertébrale, a lâché. Reste à savoir ce que le jeune homme de 26 ans faisait en pleine nuit, déguisé en cambrioleur, au domicile de son professeur.
    Saïd Ouamalik n’est pas un inconnu pour la justice. Son casier judiciaire mentionne une condamnation pour violences aggravées. Mais une rapide enquête va permettre aux gendarmes de dresser un portrait autrement inquiétant de l’étudiant en sociologie.
    Le premier incident remonte à 2004, alors que Saïd, dont la famille habite à Uzès dans le Gard, prépare un bac technique dans un lycée de Nîmes. Un jour, le garçon a une banale altercation avec un camarade de classe. Le soir même, il lui téléphone.
    Je viens chez toi, je vais te mettre le feu ! lui dit-il.
    Ce n’est pas une menace en l’air. Un peu plus tard, les gendarmes l’interpellent en flagrant délit, alors qu’il est en train de répandre de l’essence devant la maison des parents de son camarade. Durant sa garde à vue, le garçon est examiné par un psychiatre. « Schizophrène », diagnostique le médecin. Déclaré irresponsable, il est hospitalisé durant deux mois dans un service psychiatrique avant d’être relâché.
    Bachelier en 2005, Ouamalik s’inscrit en licence de sociologie. Il réussit sa première année, mais échoue l’année suivante. Au printemps 2008, il apprend qu’il doit redoubler. C’est à cette occasion, on l’a vu, qu’il tente de convaincre Philippe J. d’arranger ses notes. Et c’est le second incident. Quelques semaines plus tard, les bureaux des professeurs de sociologie de l’université Paul-Valéry brûlent. L’origine criminelle de l’incendie ne fait aucun doute : on a retrouvé sur place de l’essence, du retardant et des cordelettes. L’université porte plainte. Saïd, compte tenu de son passé, fait figure de suspect. Mais les policiers ne parviendront pas à le confondre…
    Tandis que Philippe J., placé en garde à vue, explique en détail les circonstances de l’agression, les gendarmes inspectent le sac à dos de l’étudiant. L’inventaire est éloquent : une paire de menottes, un rouleau de ruban adhésif, des cordelettes, deux bouteilles d’essence de 1,5 litre et même une tenue blanche en cellophane, de celles qu’utilisent habituellement les techniciens de l’identification criminelle. Bref, avec les gants, la cagoule et le pistolet, la parfaite panoplie du « saucissonneur ». Saïd n’avait donc pas seulement l’intention de cambrioler l’enseignant et sa famille. Il avait prévu, au moins, de les séquestrer. Et ensuite ? On n’ose pas imaginer les scénarios qu’il avait en tête au moment où il a vu les trois victimes à sa merci…
    Le mardi après-midi, le procureur adjoint de Montpellier, Georges Guttierez, annonce que Philippe J. a été remis en liberté. Pour le parquet, la thèse de la légitime défense ne semble faire aucun doute.
    On peut parler d’un instinct de survie, c’était une lutte à mort, explique le magistrat.
    Pourtant, il ajoute dans la foulée que l’enseignant a été mis en examen pour « homicide volontaire » par le juge d’instruction. Autrement dit pour « meurtre ». Bien sûr, Philippe J., dont la version des faits coïncide parfaitement avec les constatations des gendarmes, devrait bénéficier rapidement d’un non-lieu. Reste que cet homme qui n’a fait que protéger sa famille se retrouve avec cette étiquette infamante, alors qu’une simple mise en examen pour homicide involontaire aurait suffi.
    Seule la famille de Saïd conteste la thèse de la légitime défense. Certes, Boussa Ouamalik, le père du jeune homme, qui habite une petite cité à la périphérie d’Uzès, reconnaît que son fils « avait un différend avec son professeur ».
    Pour nous, Saïd est allé là-bas, à Juvignac, pour régler ses comptes, dit-il. Depuis l’année dernière, il nous parlait de ce prof…
    D’autant que le jeune homme, qui avait repassé ses examens en septembre, venait d’apprendre qu’il était recalé, ce qui l’aurait rendu fou de rage. Le père de Saïd admet également que « le feu, c’est son mode opératoire », confirmant implicitement que son fils aurait pu se venger de l’enseignant en le faisant périr au milieu des flammes. Et malgré tout, il réfute la thèse des enquêteurs.
    On se pose plein de question, renchérit un oncle du garçon. Soyez sûr que ce professeur était au courant de la venue de Saïd. Je me demande même s’il n’a pas préparé sa réception. En plus, il n’a pas pu le tuer tout seul.
    En clair : Saïd serait tombé ce soir-là dans un guet-apens tendu par un enseignant machiavélique. Et l’oncle de conclure :
    Je ne crois pas à cette histoire de légitime défense.
    L’avocat des Ouamalik, Me Jean-Charles Teissèdre, s’est constitué partie civile au nom de la famille. Lui aussi émet de sérieux doute concernant la version des enquêteurs. Il rappelle que dans ses premières déclarations, l’adjoint au procureur avait un peu vite annoncé que Saïd était mort par strangulation, alors que l’autopsie a révélé qu’il a été victime d’une compression du cœur.
    Comment fait-on pour tuer un homme à mains nues quand on n’est pas un spécialiste des sports de combats ? s’interroge-t-il. D’autre part, il sera important d’établir à quel moment cette mort a eu lieu, et si elle pouvait être évitée.
    En ce qui concerne cette dernière question, la réponse est évidente : oui, la mort de Saïd aurait pu être évitée. Il aurait suffi pour cela que le jeune homme reste chez lui ce soir-là, au lieu d’aller attaquer, un pistolet à la main, une honnête famille d’enseignants que, dans son délire, il rendait responsable de ses échecs.
    Pour Me Jean-Robert Phung, l’avocat de Philippe J., les arguments de la famille Ouamalik ne tiennent pas debout.
    Je suis certain que ce garçon qui avait trois litre d’essence sur lui n’est pas venu pour cambrioler, affirme-t-il. Le réflexe qu’a eu mon client, et qui s’est terminé par un drame, en a évité un autre, encore plus atroce : il a sauvé sa vie, celle de son épouse et de son fils. Mais avoir enlevé la vie à quelqu’un est une chose dont il ne se relèvera jamais.
    Comme il n’oubliera jamais ces minutes abominables durant lesquelles il a cru mourir, brûlé vif, avec toute sa famille. Il ne faut pas se tromper de procès. Si dans cette histoire, Saïd est mort, c’est bien Philippe J. la victime. Et l’enseignant attend aujourd’hui avec impatience le non-lieu qui lui rendra son honneur.


                En attendant, le professeur et son épouse se disent « paniqués à l'idée de retourner chez [eux] », dans un entretien paru mercredi 28 octobre dans le Midi Libre. « Quand je suis dans un endroit peuplé d'inconnus, sans une personne familière à mes côtés, je me sens très vulnérable et en permanence sur le qui-vive.... Sur le plan professionnel, je n'envisage pas pour le moment de donner à nouveau des cours, a fortiori dans des amphis où l'on se retrouve parfois face à 300 étudiants. Pour moi, je crois que les amphis, c'est terminé, alors que j'adorais ça », a déclaré l'enseignant au quotidien régional. Son épouse ajoute : « Je porte encore les stigmates de cette agression. Pour moi, c'est le masque de l'horreur.Je veux mettre de la distance entre moi et ce visage qui porte encore les traces de la maltraitance. Ce visage, ce n'est pas moi, je ne le reconnais pas », faisant référence aux graves blessures que lui a infligées l'agresseur en la frappant à la tête.

  • POUR UNE REFLEXION DE FOND SUR LE ”MARIAGE POUR TOUS” (2) - Chantal Delsol : ”Une minuscule coterie mène en bateau tout

    1036153108.jpgAu lendemain de la grande manifestation du 13 janvier et de son indéniable succès par delà la ridicule guerre des chiffres à laquelle il est vain de trop s'attarder, nous écrivions ceci : "Reste la question de fond. Elle dépasse largement la seule affaire du mal nommé mariage pour tous. Nous aurions tort de nous y enfermer. Car, très en amont, c’est la famille dite traditionnelle elle-même, qui est, depuis bien longtemps déjà, en crise (cf. l’inexorable montée des divorces : aujourd’hui plus de 50% des ménages sont concernés !). C’est donc une réflexion de fond sur la famille, minée par l’individualisme, par l’égoïsme contemporains et, en un sens, c’est une contre-idéologie qu’il faut opposer à l'idéologie radicalisée qui sous-tend le projet de loi gouvernemental. C'est ce qu'il faut lancer, ce qu'il faut être capable d'entreprendre maintenant. Car c'est à cette condition que la grande campagne en cours trouvera un prolongement, durera, s'amplifiera et aura, en définitive, été efficace."

    Dans cet ordre d'idées, nous ouvrons un dossier des contributions au débat, de différentes personnalités et intellectuels. Nous avons déjà mis en ligne (14.01.2013) un important article donné par Jean-François Mattéi au Figaro, sous le titre "Mariage pour tous et homoparentalité". Et nous publions, aujourd'hui, l'intégralité de l'entretien de Jean Sévillia avec Chantal Delsol, autre philosophe à donner son analyse. 

    D'autres contributions suivront et constitueront notre dossier, désormais à la disposition de tous : "POUR UNE REFLEXION DE FOND SUR LE "MARIAGE POUR TOUS".

    Le Figaro Magazine - 12.01.2013

    Mariage homosexuel, droit à l'adoption pour les couples de même sexe, extension de la PMA aux lesbiennes, transformation de la parentalité et de la filiation. Quelles conséquences anthropologiques et culturelles pour toute notre société ? Réponse d'une philosope*

    Propos recueilllis par Jean Sévillia 

    Le Figaro Magazine - En premier lieu, pouvez-vous nous rappeler le sens et le but du mariage civil...

    Chantal Delsol - Le mariage est une institution faite pour garantir et protéger ces manifestations de l'existence humaine que sont la procréation, l'accueil de l'enfant et l'éducation/transmission. Le but essentiel du mariage est la protection du faible, c'est-à-dire de l'enfant. Celui-ci a besoin pour grandir d'un milieu stable, d'où l'institution. Le mariage est un contrat tissé par les deux futurs parents autour de ce projet.

    L'expression « mariage pour tous » a été abandonnée dans le projet de loi, mais elle a été initialement utilisée par les promoteurs du mariage gay. En quoi est-elle contradictoire avec l'idée du mariage ?

    C'est contradictoire en raison de la définition même du mariage. Celui-ci n'est pas fait pour tous, mais pour ceux qui souhaitent fonder une famille. L'expression « mariage pour tous » est une divagation. Au départ elle signifie que les couples hétérosexuels ne sont pas les seuls à pouvoir se marier. Elle détourne le mariage de son but : on ne se marie plus pour protéger les futurs enfants du couple, mais parce que l'on s'aime. Tous ceux qui s'aiment pourraient donc se marier. Dans ce cas, on pourrait assister à toutes sortes de mariages étranges, dont ne voudraient pas même les partisans du texte : entre un père et sa fille, entre deux enfants, voire entre un humain et son animal de compagnie. Ce n'est pas sérieux.

    Que vaut le concept d'« égalité » brandi par les partisans du mariage homosexuel ?

    Nous voyons bien là que la passion de l'égalité engendre des âneries. Tout ne peut pas être donné à tous. Il y a des destinations aux choses, aux institutions, des projets spécifiques auxquels tous ne peuvent pas prétendre, simplement parce que nous sommes différents les uns des autres. Aujourd'hui la différence est devenue une discrimination, ce qui signifie que toute différence serait injuste : il suffit de voir le crétinisme profond qui s'exprime dans la Halde (Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité). Or l'homme est un être de relation, et il n'y a pas de relation du même au même : on n'entretient de complicité qu'avec la différence. Vouloir effacer toutes les aspérités, les bigarrures, les contrastes, c'est vouloir nous réduire à l'état d'éponges.

    Ouvrir le droit à l'adoption pour les couples homosexuels, ce serait un bouleversement anthropologique...

    D'une manière générale, je crains toujours d'abuser de l'idée de « nature ». On a prononcé tant d'exagérations à ce sujet que ce n'est plus guère crédible. Chaque fois qu'un changement social se produit, certains arguent que l'on va contre la « nature ». Certains textes du début du XXe siècle disaient que laisser les filles faire des études supérieures produirait des catastrophes, parce qu'elles ne sont pas faites pour cela. Comme la nature a bon dos ! Ne nous précipitons pas sur cet argument. Pourtant, dans le cas présent, la question est légitime. Où est la « nature », dira-t-on ? Regardons les deux projets de loi actuellement en route : celui sur l'euthanasie et celui sur le mariage gay. L'euthanasie a toujours existé partout, sauf dans les sociétés chrétiennes : partout on laissait mourir les enfants contrefaits et les vieillards trop fatigués ; là où l'infanticide a été interdit, comme sous Mao en Chine, c'était pour être « moderne », c'est-à-dire pour ressembler à l'Occident... Ce qui signifie que le projet de loi sur l'euthanasie n'est pas une rupture anthropologique, mais une rupture culturelle : un retour aux civilisations préchrétiennes. Tandis que pour le mariage gay, c'est autre chose. Aucune société n'a jamais mis en place une affaire pareille ! Nous ne trouvons des idées de ce genre - je dis bien des idées, jamais des réalisations - que chez certains esprits révoltés contre la société, à des périodes rares. Je citerais Diogène le Cynique, qui réclamait que l'on couche avec sa mère et que l'on mange son père, ou bien Sade et Shelley qui, après la saison révolutionnaire, exaltaient tout ce que l'époque considérait comme des perversions. Ces beaux esprits pouvaient amuser certains salons, mais aucune société n'aurait voulu légitimer ces comportements par des lois ! Car les sociétés savaient bien qu'il s'agissait là de subversion anthropologique, ou de nihilisme. Pour le mariage gay, il s'agit bien de cela ; mais pour la première fois, il y a tentative de réaliser ces délires.

    Les députés socialistes veulent aller plus loin que le projet présidentiel en imposant la PMA (procréation médicalement assistée) pour les couples de femmes. Quelles en seraient les conséquences ?

    C'est clairement une rupture anthropologique et une expression du nihilisme, au sens où l'on tord le cou à la filiation et à la transmission. On va faire croire à l'enfant qu'il a deux mères, alors qu'il est bien né, même grâce à la médecine, d'un père et d'une mère ! L'enfant sait quand on lui ment. Il a besoin de la vérité, et le souci de ses origines est primordial pour lui. Pourquoi a-t-on si peur de fabriquer des OGM et ne craint-on pas de fabriquer des enfants fous ? Les enfants me paraissent plus importants que les maïs... C'est ici qu'on n'a plus du tout envie de rire, mais de se mettre en colère : on ne joue pas avec les enfants ! Un enfant, ce n'est pas juste le fruit de mon envie, de mon désir, le jouet, qu'on fabrique comme ça et à qui on va raconter n'importe quoi. Un enfant, c'est sérieux, c'est une personne et à ce titre un seigneur, un roi, qui a droit à notre respect infini, et qui doit grandir alors que l'existence est truffée de difficultés. L'enfant n'est pas le produit de notre caprice, mais il n'est pas non plus le produit de notre révolte sociale : on ne le met pas au monde pour emmerder les hétéros ! Ça ne marche pas ainsi, la transmission de la vie et plus tard la transmission de la culture : c'est une oeuvre, un travail d'humilité et non de revanche ni de puissance... Je dois dire que la communauté homosexuelle ne manifeste pas l'esprit de sérieux requis. Dès qu'elle se montre, c'est dans l'esprit des bacchanales ! Je n'ai rien contre les bacchanales, mais que l'on ne mette pas d'enfants au milieu ! Tout le monde comprend cela.

    Si le droit de la PMA est modifié, une deuxième étape pourrait être la légalisation de la gestation pour autrui (les mères porteuses). C'est alors tout l'édifice de la filiation qui serait ébranlé...

    La gestation pour autrui n'est que la suite. Mais naturellement, c'est encore plus indigne parce qu'en plus on loue des ventres, ce qui n'est pas admissible. Qui gagnera ici : les homosexuels masculins qui exigeront de satisfaire leurs désirs, ou les homosexuelles qui s'indignent qu'on loue des ventres ?

    Toutes les religions représentées en France se sont prononcées contre le mariage homosexuel. L'expression de ce refus constitue-t-elle un viol de la laïcité ?

    Selon la définition française de la laïcité, oui ! Car la tradition française a tendance à penser que la laïcité, c'est la vie dans la neutralité absolue - c'est bien ce que dit notre ministre de l'Education quand il prépare pour l'école des cours de morale universelle, c'est-à-dire complètement exempte des particularités culturelles... Cela n'existe pas ! Les principes qui nous font vivre, et surtout les principes qui nous structurent et que nous n'inventons pas, sont tous ancrés dans des particularités : des morales religieuses ou non, des sagesses, des traditions locales ou nationales, des mythes civilisateurs, etc. Vouloir vivre dans le neutre ou l'universel, c'est se prendre pour des esprits désincarnés. En réalité, les principes des sociétés occidentales sont nourris aux racines du judéo-christianisme, et il est bien cohérent que ce soient les religions qui les rappellent, ces principes, puisqu'elles en sont pour ainsi dire les tabernacles.

    Mais il y a aussi des non-croyants, des citoyens votant à gauche et des homosexuels qui sont hostiles au projet gouvernemental...

    Naturellement ! Enormément de gens ! Et beaucoup d'homosexuels ! Pourquoi ? Mais parce que le nihilisme n'est pas un projet de société : il ne convient qu'à quelques bobos qui amusent la galerie cinq minutes, mais dont il est criminel de réaliser les projets (Diogène était le premier bobo de notre histoire, et les Athéniens disaient déjà, en regardant ses vêtements de SDF branché, qu'on « lui voyait la vanité par les trous », mais la société dans laquelle il vivait n'a jamais essayé de mettre en place ses élucubrations, elle n'était pas folle). En réalité, nous nous trouvons en face d'une minuscule coterie qui mène en bateau tout un pays : une gauche qui a peur de son ombre dès qu'on lui parle d'une inégalité, une droite qui a encore trop souvent peur de la gauche, et un Président falot. Cette minuscule coterie parvient à se faire entendre en se faisant plaindre (« nous sommes les seuls à n'avoir pas droit au mariage »), et dans une société où le héros, c'est la victime. Alors ça marche. Cependant, la plupart d'entre nous ne sont pas dupes de cette arnaque, et je suis sûre que beaucoup d'homosexuels ont honte : ils sont assez lucides pour comprendre que la très grande majorité de leurs collègues archiminoritaires n'ont aucune envie de se marier, que s'ils le font, ce sera par provocation, et que leur essentielle motivation est de subvertir des institutions qu'ils maudissent (si le mariage est partout, il n'est nulle part). Ce qui est bien clair dans l'un des slogans utilisé par des militants du « mariage pour tous » dans une manifestation : « Un(e) hétéro, une balle ; une famille, une rafale. » Non désavoué par les organisateurs, ce slogan traduit bien le nihilisme dont nous parlons. Le débat, ici, n'est pas entre croyants et non-croyants, entre gauche et droite, entre hétéros et homos, mais entre humanistes et nihilistes.

    « C'est une réforme de société et on peut même dire une réforme de civilisation », a affirmé Christiane Taubira. Cette réforme ne serait-elle pas plutôt une révolution ?

    Ce n'est pas une réforme de société, puisqu'elle vise à défaire cette société (par le bouleversement de la filiation) et non pas à la réformer. Ce n'est pas une réforme de civilisation, puisque aucune civilisation nouvelle ne peut sortir de là - cela n'a jamais existé nulle part. Je n'utiliserais pas le mot révolution, parce qu'une révolution vise au retour à un état précédent, soit historique (la révolution américaine), soit mythique (la révolution russe). Ici, aucune idéologie ne soutient ce projet. C'est juste une pantalonnade d'anarchistes pédants et tapageurs, et d'autant plus pédants et tapageurs qu'on a pris l'habitude de les prendre au sérieux.

    Si la manifestation des opposants au projet, le 13 janvier, est un énorme succès, quelle issue politique y aura-t-il pour François Hollande ? Le recours au référendum ?

    Dans ce cas, François Hollande pourrait faire voter la loi en précisant bien qu'il ne sera jamais question de PMA (ce qui signifie qu'il en sera question dans quelque chose comme deux ans). A priori, on n'imagine pas qu'il puisse retirer sa loi : il est trouillard ! Toutefois, il faut se souvenir de 1984 : personne n'espérait que François Mitterrand allait retirer sa loi, et pourtant... On peut donc espérer. De toute façon, nous ne pouvons pas laisser passer une monstruosité pareille sans nous exprimer clairement : nos descendants nous jugeront là-dessus, comme nous avons jugé nos anciens à leur attitude devant les totalitarismes. Aujourd'hui, la barbarie, c'est ça.

    Propos recueilllis par Jean Sévillia

    * Professeur de philosophie à l'université de Marne-la-Vallée, où elle dirige l'Institut Hannah Arendt, Chantal Delsol est membre de l'Institut. Dernier livre paru :

    L'Age du renoncement

    (Cerf).

  • Quelques réflexions sur le terme : extrême-droite, par Jean Mon­ne­ret.

    Un terme ou une expres­sion peuvent être uti­li­sés dans leur sens usuel, consa­cré par une longue his­toire et réper­to­rié dans les dic­tion­naires. Ils peuvent aus­si être uti­li­sés de façon arti­fi­cieuse, fourbe, spé­cieuse. On est alors en face d’une opé­ra­tion de dés­in­for­ma­tion. Dans ce cas, un mot ou une expres­sion d’apparence claire cachent, en fait, une réa­li­té floue, obs­cure, équi­voque. Ain­si en va-t-il du terme extrême-droite.

    1.jpgC’est sans doute une des expres­sions les plus usi­tées dans la vie poli­tique fran­çaise. Très péjo­ra­tive, elle désigne des gens déplo­rables, indignes de toute consi­dé­ra­tion morale. Ils sont ce qu’il y a de pire dans l’univers poli­ti­co-média­tique : des êtres dan­ge­reux, immo­raux, infré­quen­tables. Ils sont les parias de la Répu­blique, qui s’affirme démo­cra­tique, sans pou­voir se pas­ser de boucs-émis­saires.

    ​L’utilisation de ce terme agit comme un répul­sif. Gare au poli­ti­cien, à l’écrivain ou au jour­na­liste qui en est affu­blé. Il sera stig­ma­ti­sé. Comme les lépreux du Moyen-Age, il devra évi­ter les contacts. Il n’est pas acci­den­tel que M. Macron ait, un jour, dénon­cé la lèpre du popu­lisme (syno­nyme pour lui d’extrême-droite). Autre méta­pho­reà suc­cès, l’extrême-droite est « nau­séa­bonde ». Elle tient d’ailleurs des pro­pos­con­formes. Bref, elle est à fuir. On par­le­ra même de dres­ser, contre elle, un cor­don sani­taire.

    Mais une ques­tion se pose d’emblée : qu’est-ce au juste que l’extrême-droite ? Là, que de com­pli­ca­tions ! Ques­tion­nez votre entou­rage. Pas une défi­ni­tion ne cor­res­pon­dra à une autre. Comme disent les Anglais : sous chaque bon­net une opi­nion dif­fé­rente.

    ​Faut-il s’en éton­ner ? Non, car, ce que l’on désigne par extrême-droite est une nébu­leuse : elle peut dési­gner des nazillons, des monar­chistes, des cathos tra­dis, des conser­va­teurs, des patriotes, des anti-immi­gra­tion­nistes, des nos­tal­giques du gaul­lisme, des laïques anti-isla­mistes, des éco­los atta­chés au ter­roir. La liste n’est pas exhaus­tive.

    ​Essayons d’y voir clair. Jadis, droite et gauche cor­res­pon­daient à une posi­tion dans l’hémicycle par­le­men­taire. Ulté­rieu­re­ment, l’habitude s’est enra­ci­née de consi­dé­rer la gauche comme plus sou­cieuse de jus­tice sociale et la droite comme plu­spor­tée au conser­va­tisme. Avec, bien enten­du, tout ce que ce cli­vage a d’irréel et de trom­peur. Ajou­tons qu’au fil du temps, sont appa­rues des gauches et des droites.

    ​Or, s’il est admis que la gauche fran­çaise est rami­fiée et scin­dée en fac­tions ; elle se féli­cite de sa diver­si­té. Un Jos­pin a ain­si pu se dire « fier » d’avoir des com­mu­nistes dans son gou­ver­ne­ment.

    ​Plai­gnons ce mal­heu­reux !

    ​En revanche, la droite offi­cielle dite clas­sique, répu­bli­caine ou modé­rée se veut ramas­sée et homo­gène. Elle a très peur d’être conta­mi­née par « l’extrême-droite ». Elle s’en méfie, s’en tient éloi­gnée et, pour tout dire, ne recule devant aucune mesure pro­phy­lac­tique pour évi­ter la conta­gion.

    ​La droite s’impose de n’être que légè­re­ment tein­tée de conser­va­tisme. Elle se doit d’être, ô oxy­more, « fer­me­ment cen­triste » ou « modé­rée ». Trop de tra­di­tio­na­lisme ou de fier­té patrio­tique sont mal vus de cette droite-là, car ils mènent à l’étiquette infâ­mante : « extrême-droite ».

    ​La droite offi­cielle n’est ferme que sur un point : elle est atta­chée aux valeurs répu­bli­caines. Qu’est-ce au juste ? N’essayez pas de savoir : là encore, sous chaque bon­net un avis diverge. Néan­moins, il y a une grande césure : les valeurs répu­bli­caines, c’est le Bien emblé­ma­tique, l’extrême-droite, c’est le mal abso­lu, l’antithèse même de ce qui est res­pec­table. Cette consi­dé­ra­tion, un peu floue, n’empêcha pas M. Gau­din de Mar­seille d’appeler à voter, loca­le­ment, pour un com­mu­niste contre un « extrême-droite ».

     Plai­gnons aus­si ce mal­heu­reux.

    ​Long­temps, le cri­tère de l’appartenance à « l’extrême-droite » fut l’antisémitisme. Celui-ci a bien recu­lé en France, depuis la seconde guerre mon­diale, jusqu’à une époque très récente où il a resur­gi, por­té cette fois par le dji­ha­disme. Alors, pata­tras ! Il a fal­lu redis­tri­buer les cartes, car, lier anti­sé­mi­tisme et dji­ha­dis­me­ris­quait de stig­ma­ti­ser la com­mu­nau­té musul­mane. Donc, l’on s’est conten­té de lier anti­sé­mi­tisme et anti­sio­nisme. Le pré­sident de la Répu­blique l’a fait offi­ciel­le­ment.

    ​L’extrême-droite a été, de ce fait, reje­tée dans les pho­bies : homo­pho­bie, isla­mo­pho­bie, xéno­pho­bie, euro­pho­bie. En somme, tou­jours le voca­bu­laire médi­cal. Mais le racisme est dif­fi­cile à défi­nir. Cer­tains le dis­tinguent mal de la simple fier­té natio­nale, et tendent à le dénon­cer dans toute mani­fes­ta­tion d’opposition à la poli­tique (cer­tains diront la non-poli­tique) d’accueil des immi­grés légaux ou illé­gaux. Bref, le cri­tère per­met­tant d’identifier cette déplo­rable extrême-droite est très flou.

    ​Tou­te­fois, l’accusation de racisme n’est pas tou­jours bran­die à tout va. Sou­vent, les media domi­nants qui sont, certes, mas­si­ve­ment favo­rables à l’immigration, se contentent d’euphémismes ou d’allusions. Vous êtes oppo­sé à l’accueil des étran­gers, alors vous n’êtes pas « ouvert à l’autre ». Vous êtes pour le réta­blis­se­ment des fron­tières, alors vous êtes pour une France « fri­leuse ». Atten­tion aux rhumes ! Cou­rez à votre Acti­fed !

    ​Mais l’accusation de rele­ver de l’extrême-droite est bien plus infâ­mante que ces petites accu­sa­tions euphé­miques pour­raient le lais­ser croire. Quelles que soient vos convic­tions réelles, seriez-vous un simple éco­lo, un simple laïque, un simple dis­ciple de De Gaulle, un brave fran­çais de base râleur ou une vic­time d’agression n’ayant jamais fait de mal à per­sonne, vous serez immé­dia­te­ment assi­mi­lé à ce que le sigle extrême-droite couvre de plus igno­mi­nieux : le nazisme. Vous serez vu, au moins par ceux qui bran­dissent le sigle à tout va, comme un natio­nal-socia­liste. Et alors, ceci mar­che­ra, le réflexe pav­lo­vien de méfiance s’installera, car, en France, cette mani­pu­la­tion fonc­tionne.

    ​Quelques décla­ra­tions absurdes, intem­pes­tives, de quelques nazillons eux-mêmes mani­pu­lés, ou de quelques per­son­nages éga­rés ou ineptes, par­achè­ve­ront la manœuvre. Pour reprendre une expres­sion amu­sante : vous serez « adol­phi­sé ».

    ​Dans les milieux de gauche dits « pro­gres­sistes », le réflexe pav­lo­vien est bien en place. L’extrême-droite a beau être une nébu­leuse touf­fue, trouble, le terme a beau être fumeux, filan­dreux, vaseux à sou­hait, ou pré­ci­sé­ment à cause de cela, il fonc­tionne. L’expression désigne un empi­le­ment de gens n’ayant rien en com­mun, cha­cun, jus­te­ment, croit savoir de quoi l’on parle. On amal­game sans état d’âme. Cette dés­in­for­ma­tion est loin d’être inef­fi­cace. Por­tée par les media confor­mistes domi­nants, elle influence bien des milieux et bien au-delà de la gauche. Sur­tout en période élec­to­rale, ça marche et ça fait mar­cher. Sui­vez mon regard.

    ​En résu­mé, si vous n’êtes ni com­mu­niste, ni socia­liste, ni répu­bli­cain modé­ré, ni conser­va­teur cen­triste paten­té, pre­nez garde : vous ris­quez la flé­tris­sure. Vous vous retrou­ve­rez lépreux, conta­gieux, nau­séa­bond et de plus mora­le­ment indigne. Car, la morale, il faut s’en per­sua­der est à gauche, et un tout petit peu au centre sans plus. Le reste appar­tient aux démons.

    ​La dés­in­for­ma­tion est là. A qui pro­fite-t-elle ?

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Anniversaire de Georges Steiner : le surprenant ”oubli” (?) d'Evène...

                Le 23 avril, c'était l'anniversaire de Georges Steiner, 80 ans, né à Paris en 1929. Le fait est mentionné par l'éphémeride d'Evene, que Le Figaro met en bonne place sur la page d'accueil de son édition électronique.

                Un petit texte, intéressant, accompagne ce rappel, suivi d'une bibliographie, intéressante elle aussi. Pourtant, on est très vite surpris, et déçu. C'est curieux : quand on connaît l'estime réciproque que se portaient les deux hommes, et quand on sait ce que Steiner pense et dit de Boutang, Pierre Boutang n’existe pas pour Evène. Il a disparu des écrans radars. Néantisé ...

    STEINER 1.jpg

                On se perd donc en conjectures sur la cause de cet "oubli". Oubli, tout simplement ? Mais ce serait très surprenant... Épuration d'un autre âge, et censure, dûe au politiquement correct ? Mais ce serait assez inattendu en ce qui concerne Steiner, qui n'a pas craint d'écrire un ouvrage avec Pierre Boutang, et qui pense, et qui dit, que Boutang est tout simplement le plus grand philosophe, depuis Platon ! Excusez du peu ! Et de plus, dans cette biographie, on parle de Gustave Thibon, qui aurait dû, à ce compte-là, être épuré lui aussi...

     

                La vérité oblige à dire que nous ne savons rien du pourquoi du comment de tout ceci, et que l'on ne peut que le constater, tout simplement. Inutile de se perdre trop longtemps dans de vaines suppositions...

     

                Contentons-nous donc de réparer un oubli et de combler simplement une lacune -on l'appellera ainsi, faute d'élèments d'information suffisants, en se gardant de noircir trop les choses...-. Et réunissons juste les deux amis, les deux complices, qu'une biographie - par ailleurs intéressante - a curieusement séparés.

            

           

     

     

     

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    Voici, pour mémoire, la malgré tout sympathique page consacrée par Evène à Steiner :

     

    Biographie de George Steiner

    Après onze années passées à Paris, George Steiner et ses parents, d'origine juive viennoise, arrivent aux États-Unis en 1940 pour échapper à la Seconde Guerre mondiale. Très tôt, George Steiner reçoit une éducation polyglotte et son père lui fait apprendre le grec ancien à 6 ans en lui faisant croire que "L' Iliade" n'est pas traduit en allemand. Le jeune homme fréquente ensuite les universités d'Oxford et de Cambridge. Il sort diplômé en mathématiques, en sciences physiques et en lettres en 1949. Dès 1950, l'étudiant brillant est engagé comme journaliste au sein de The Economist et se fait remarquer grâce à un cours sur Shakespeare qu'il donne à l'université de Genève où il enseigne la littérature. Nommé professeur émérite à sa retraite, il continue d'enseigner au St Anne's College à Oxford. Parmi la vingtaine d'ouvrages à son actif, citons 'Tolstoï ou Dostoïeviski' en 1958 et 'Après Babel' en 1975. Il publie de nombreux ouvrages notamment 'Les Livres que je n'ai pas écrits' dans lequel l'auteur fait état de sept projets, sept absences, sept échecs supposés. Depuis 1966, George Steiner est critique littéraire au New Yorker. Son activité littéraire traverse les années et il publie notamment 'Langage et silence' en 1969, 'Martin Heidegger' en 1981, 'Le Sens du sens' en 1988, 'La Mort de la tragédie en 1993, 'Grammaires de la création' en 2001, 'Logocrates' en 2003 ou encore 'Une certaine idée de l'Europe' en 2005. Ayant beaucoup réfléchi sur les rapports entre l'art et la transcendance, George Steiner fonde sa philosophie sur le langage, le mal, la transcendance et le rapport entre la culture et la barbarie.

     

     

    PORTRAIT DE GEORGE STEINER

    La pensée symphonique

    Au lendemain d'un Salon du livre controversé mettant à l'honneur Israël et l'écriture en hébreu à l'exclusion de toute autre langue, comme l'anglais ou l'arabe, revenons sur la pensée du plus érudit des juifs, du plus polyglotte aussi. George Steiner, qui publiait en janvier chez Gallimard son dernier essai, 'Les Livres que je n'ai pas écrits', nous montre une nouvelle fois que c'est par et pour les textes qu'il appréhende les savoirs.

    D'autres célébrités liées à Steiner :
    Jean-Paul Curnier, François Jullien, Jean-Luc Marion, Michel Henry, Maurice Blanchot, Jean-François Revel, Albert Camus, Jean-Louis Schefer, Gustave Thibon, Daniel Bensaïd, Pascal Bruckner, Simone de Beauvoir, André Tubeuf, Alain Finkielkraut, Alain Renaut, John Rawls, Jürgen Habermas, Jean-François Lyotard, Alain Badiou, Luc Ferry.

    Et, sur une autre page, Evène cite :

    Chantal Delsol, Alain Badiou, Michel Foucault, Jacques Derrida, Simone Weil, Emil Michel, Cioran, André Tubeuf, Léo Strauss, Bruno Bettelheim, Luc Ferry, Gilles Deleuze, Paul Ricoeur, Emmanuel Mounier, Noam Chomsky, Jürgen Habermas, Benny Lévy, Marcel Gauchet, Claude Lévy-Strauss, Betty Friedan, Hannah Arendt.

     

    Bibliographie

    Ceux qui brûlent les livres

    de George Steiner

    [Littérature étrangère XXIe]

    Dans cet essai, Steiner expose son rapport aux livres et ce qu'il doit aux religions du livre.

     Plus sur "Ceux qui brûlent les livres"

    A cinq heures de l’après-midi

    de George Steiner

    [Littérature étrangère XXIe]

    Ville dangereuse, M. comptabilise des dizaines d'homicides par jour. Des cadavres piégés sont laissés, abandonnés ou ramassés à la tombée du jour ; seule l'odeur du sang rappelle ce qui s'est passé.

     Plus sur "A cinq heures de l’après-midi"

    Maîtres et disciples

    de George Steiner

    [Spiritualité et Religion]

    Qu'est-ce qui habilite un homme ou une femme à "enseigner" à un autre être humain, où réside la source de l'autorité ? L'enseignement authentique est le dévoilement d'un Logos révélé, diront les uns : c'est le modèle du maître qui enseigne [...]

     Plus sur "Maîtres et disciples"

    Une certaine idée de l’Europe

    de George Steiner

    [Histoire et Actualité]

    C'est avec le talent d'un imagier que George Steiner aborde son sujet de manière inattendue : "Les cafés font l'Europe, écrit-il. Ils vont de l'établissement préféré de Pessoa à Lisbonne aux cafés d'Odessa, hantés par les gangsters d'Isaac [...]

     Plus sur "Une certaine idée de l’Europe"

     

    Dix raisons (possibles) à la tristesse de la pensée

    de George Steiner

    [Philosophie]

    "Si nos processus de pensée étaient moins pressants, moins crus, moins hypnotiques, nos déceptions constantes, la masse grise de la nausée nichée au coeur de l'être, nous désempareraient moins. Les effondrements mentaux, les fuites pathologiques [...]

     Plus sur "Dix raisons (possibles) à la tristesse de la pensée"

    Tolstoï ou Dostoïevski

    de George Steiner

    [Littérature étrangère XXe]

    On a pu dire qu'en demandant à un homme - ou à une femme - s'il préfère Tolstoï ou Dostoïevski, on peut "connaître le secret de son coeur". Avec son érudition et sa verve coutumières, George Steiner explore ici les différences qui opposent [...]

     Plus sur "Tolstoï ou Dostoïevski"

    Nostalgie de l’absolu

    de George Steiner

    [Philosophie]

    La fin du christianisme et le retour du religieux sont décidément des thèmes à la mode. Sur le sujet, mieux vaut lire les ouvrages de George Steiner ou de Marcel Gauchet qui, s'ils sont très différents, ont le mérite commun de formuler les [...]

     Plus sur "Nostalgie de l’absolu"

    Grammaire de la création

    de George Steiner

    [Philosophie]

    Ce tournant de siècle est marqué par une lassitude foncière. Ontologique, dirait-on : la chronométrie intime, les contrats avec le temps qui déterminent si largement notre conscience indiquent la fin d'après-midi. Nous sommes des tard venus. [...]

     Plus sur "Grammaire de la création"

    Le Sens du sens

    de George Steiner

    [Philosophie]

    Dans ce livre, qu'il a voulu intituler 'Le Sens du sens', on trouvera le texte d'une conférence fondamentale, donnée dans les trois langues qui déterminent sa vie et son espace culturel. George Steiner considère aussi sa conférence comme [...]

     Plus sur "Le Sens du sens"

    Langage et silence

    de George Steiner

    [Philosophie]

    On a pu dire de l'oeuvre considérable de George Steiner qu'elle tourne tout entière autour du langage, de son sens et de ses conséquences morales et religieuses. On s'en convaincra aisément en lisant cet ouvrage écrit voici trente ans, par [...]

     Plus sur "Langage et silence"

    Réelles présences

    de George Steiner

    [Philosophie]

    Où peut-on trouver le sens des arts ou de la littérature lorsque les oeuvres authentiques s'effacent au profit de l'ère des commentaires journalistico-universitaires ? L'art contemporain, comme l'humanisme moderne, ont échoué car ils manquaient [...]

  • Alain de Benoist : « Post-vérité » - En suspendant le jugement, l’émotion permet la manipulation…

     

    Alain de Benoist a donné cet entretien à Boulevard Voltaire le 22.03. L'indifférence à la vérité est-elle un stade ultime de la révolution ? Jusqu'à nier le fond anthropologique ou ontologique qui nous constitue en tant que personnes, mais aussi socialement, politiquement ? Alain de Benoist apporte ici une réponse nuancée : la vérité n'est pas simplement adequatio rei et intellectus, selon la définition classique, puisqu'elle dépend aussi de la perception que nous avons du réel et en quelque sorte de nos structures mentales. Ces dernières dépendent aussi de la communauté, de la civilisation auxquelles nous appartenons par naissance et héritage. Mais si ceux-là aussi sont niés au profit du caprice individuel ? Nous touchons là au cœur de la révolution qui nous détruit. D'où l'intérêt en quelque sorte vital de cet entretien.  LFAR  

     

    1791516973.jpgUn nouveau concept politico-linguistique fait actuellement beaucoup parler de lui : la « post-vérité ». Il y aurait donc une « anté-vérité » ? Qu’est-ce que tout cela veut dire ?

    La « post-vérité » (post-truth) a, en effet, été choisie en 2016 comme « mot de l’année » par le Dictionnaire d’Oxford. Le terme est apparu aux États-Unis dans le sillage de la « French Theory » au début des années 1990, lorsque des auteurs comme Michel Foucault ou Jacques Derrida ont commencé à discréditer la notion de vérité comme un « grand récit » auquel on ne pouvait plus croire. Dans la foulée, un certain nombre de journalistes ont cru possible de s’affranchir de leur devoir de neutralité face aux événements. Le mot a, ensuite, été popularisé en 2004 avec le livre de Ralph Keyes, The Post-Truth Era.

    La « post-vérité » n’est pas le mensonge mais l’indifférence à la distinction entre mensonge et vérité. L’ère « post-vérité » (ou « post-factuelle ») désigne une période dans laquelle les faits objectifs comptent moins que l’émotion pour modeler l’opinion publique. Dans cette optique, le rôle des victimes devient essentiel. L’image partout diffusée du petit Aylan, noyé sur les rives de la Méditerranée, qu’on a immédiatement utilisée comme un argument en faveur de l’accueil des migrants, en est un exemple typique. En suspendant le jugement, l’émotion permet la manipulation.

    On sait bien qu’il est difficile de hiérarchiser les informations quand on est bombardé de nouvelles, de commentaires et d’images qui se succèdent à une vitesse folle. C’est le problème de l’« infobésité ». Cela n’a rien de nouveau, mais le phénomène s’est, de toute évidence, accéléré à l’époque postmoderne. La transformation de la vie politique en spectacle, c’est-à-dire en concours d’apparences, la déferlante des images, les pratiques commerciales frauduleuses, la publicité mensongère, l’avènement de la blogosphère et des réseaux sociaux, le règne de la télé-réalité et de l’« infotainement » (mêlant information et divertissement), le rôle joué par des « spindoctors » spécialistes dans l’art de raconter des histoires (« storytelling »), le recours aux algorithmes et aux « bulles de filtrage », voire la montée du narcissisme (tout individu peut devenir source d’information ou de désinformation), ont fortement contribué à effacer la frontière entre vérité et non-vérité, donnant naissance à ce que certains ont appelé la « démocratie des crédules ». L’avènement du numérique décourage, à lui seul, le sens critique et le raisonnement logique, en même temps qu’il provoque un manque chronique d’attention. Hannah Arendt distinguait les vérités de fait et les vérités de raison. La « post-vérité » révèle la vulnérabilité des premières.

    On parle aussi beaucoup des « fake news ». Mais ces « fausses vérités » ne sont-elles pas aussi l’ordinaire du monde de l’information, officielle ou non ?

    C’est l’autre volet de la question.

    Le journalisme professionnel a longtemps été censé recueillir la vérité publique, mais ce n’est plus le cas. Toutes les enquêtes d’opinion révèlent une défiance croissante vis-à-vis des grands médias : presse papier, radios, télévisions. Les gens réalisent que ce qu’on leur dit ne correspond pas à ce qu’ils voient. Depuis que les propriétaires des journaux ne sont plus des journalistes mais des milliardaires, ils sont devenus conscients des connivences incestueuses qui lient les médias aux élites financières et politiques, toutes issues du même milieu sociologique, toutes également discréditées. Mais au lieu de s’interroger sur les causes de cette défiance dont ils font l’objet, les grands médias préfèrent dénoncer les sources d’information alternatives comme fondées sur la rumeur et le mensonge. Après avoir exercé une cléricature riche en anathèmes, en mises à l’index et en excommunications, ils se posent en gardiens des faits et prétendent dire ce qu’il faut croire. La création de mystifications du genre « Decodex » ou « FactCheck » n’a pas d’autre origine. C’est dans ce contexte qu’ils s’en prennent à la « post-vérité ». 

    Ce n’est pas un hasard si l’on n’a jamais tant manié la notion de « fake news » (« informations contrefaites ») que depuis le Brexit et l’élection de Donald Trump. Le peuple adhérerait spontanément à la « post-vérité », parce qu’il se composerait essentiellement de ploucs incultes et mal éduqués. À travers la dénonciation de la « post-vérité », c’est à une mise en accusation du populisme, dont les leaders orienteraient systématiquement le peuple vers ses bas instincts en faisant un usage stratégique des rumeurs et en usant d’« éléments de langage » n’ayant plus aucun rapport avec les faits, que l’on assiste. Or, les médias qui sont sur la défensive face aux « fake news » ont toujours été les premiers à en publier (on se souvient du « charnier » de Timișoara, des couveuses du Koweït, des « armes de destruction massive » de Saddam Hussein, etc.). Il y a longtemps que la grande presse s’est mise au service de l’idéologie dominante, devenant du même coup la principale fabrique du consentement (Noam Chomsky).

    Un retour à l’objectivité est-il possible ?

    L’objectivité absolue est impossible car personne ne parle à partir de nulle part, mais on peut au moins tendre à l’honnêteté. La notion de vérité fait, depuis des siècles, l’objet d’un vaste débat philosophique. On la définit souvent, à tort à mon avis, comme synonyme de la conformité aux faits : il y aurait d’un côté les faits, de l’autre les jugements de valeur. C’est oublier que notre cerveau ne perçoit jamais des faits bruts, mais des faits associés à des interprétations qui, seules, peuvent leur donner un sens. Nos structures cognitives ne nous portent pas à rechercher des faits mais à rechercher du sens, et donc à faire un tri spontané entre les informations en fonction de ce que nous pensons déjà, et plus généralement des exigences de notre écosystème mental. C’est la raison pour laquelle la « post-vérité » a encore de beaux jours devant elle. 

    Intellectuel, philosophe et politologue
     
    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier
  • POUTINE ET ERDOGAN A SAINT-PETERSBOURG ou la revanche de Carl Schmitt

     

    Par Mathieu Slama Publié le 09/08/2016 à 18h20

    Vladimir Poutine et Recep Erdogan viennent de confirmer avec éclat le rapprochement de leurs deux pays. Mathieu Slama, explique ici en lisant Carl Schmitt comment ces deux figures autoritaires sont une réponse à la dépolitisation du monde libéral [Figarovox, 9.08]. Qu'on veuille bien lire cet entretien et l'on comprendra pourquoi nous avons écrit le 27 mai dernier, à propos de son premier livre : « Nous prévenons les lecteurs de Lafautearousseau ; ces réflexions sont importantes. Il faudra être attentifs désormais aux publications de Mathieu Slama ! ». Nous confirmons. LFAR 

     

    205055832.jpgIl y a quelque chose de très peu surprenant, finalement, dans le rapprochement à l'œuvre entre le président russe Vladimir Poutine et le président turc Recep Erdogan. A y regarder de plus près, et en mettant de côté la relation historique entre la Turquie et les Etats-Unis, la Turquie d'Erdogan a infiniment plus de points communs avec la Russie de Poutine qu'avec l'Occident. Le rapport au sacré et à la tradition religieuse de leurs pays (orthodoxie pour Poutine, islam pour Erdogan), la dimension verticale (voire autoritaire) de l'exercice du pouvoir, le soutien massif (et visible) d'une population mobilisée: ces éléments rapprochent les deux hommes beaucoup plus qu'ils ne les séparent.

    On le sait, Poutine a engagé depuis plusieurs années un combat quasi-métaphysique contre la vision du monde occidentale libérale et universaliste. Il estime, non sans quelques arguments valables, que cette vision du monde méconnaît voire méprise ce qui constitue le cœur du politique, c'est-à-dire l'existence de communautés particulières inscrites dans des trajectoires historiques qui leur sont propres.

    Il y a dans ce discours, mais aussi plus généralement dans les attitudes de Poutine et Erdogan, des éléments qui font fortement écho aux thèses du grand juriste allemand Carl Schmitt (1888 - 1985), auteur d'un des livres de théorie politique les plus décisifs du XXème siècle, La notion de politique (1932 pour sa dernière version). Précisons, avant de poursuivre, que Schmitt s'est compromis de façon dramatique avec le nazisme, après avoir pourtant défendu la République de Weimar contre Hitler, et ce de façon incontestable au moins jusqu'en 1936.

    Que dit Schmitt ? Que le monde libéral méconnaît ce qui est au cœur de l'existence politique : la distinction ami - ennemi, c'est-à-dire la potentialité d'un conflit qui met en jeu l'existence même d'un peuple et d'une communauté. Pour Schmitt, l'individualisme libéral tel qu'il s'est développé en Occident est une négation de la politique car il introduit une « praxis politique de défiance à l'égard de toutes les puissances politiques et tous les régimes imaginables », « une opposition polémique visant les restrictions de la liberté individuelle par l'Etat ». Schmitt en conclut qu'il n'y a pas de politique libérale, seulement une « critique libérale de la politique ». Le système libéral, poursuit Schmitt, exige « que l'individu demeure terminus a quo et terminus ad quem » ; « toute menace envers la liberté individuelle en principe illimitée, envers la propriété privée et la libre concurrence se nomme violence et est de ce fait un mal ». « Le peuple », dans la conception libérale, « sera d'une part un public avec ses besoins culturels et d'autre part tantôt un ensemble de travailleurs et d'employés, tantôt une masse de consommateurs ». Dans cette perspective, « la souveraineté et la puissance publique deviendront propagande et suggestion des foules », c'est-à-dire qu'elles seront décrédibilisées. Avec le libéralisme démarre ce que Schmitt appelle « l'ère des neutralisations et des dépolitisations ». Il n'est pas non plus inutile de rappeler la première phrase célèbre d'un autre ouvrage de Schmitt, Théologie politique (1922) : « Est souverain celui qui décide de la situation d'exception ». Une conception de la décision politique fort éloignée, il va sans dire, de la conception de l'Etat de droit issue des théories libérales européennes.

    On comprend bien, à la lecture de cette critique très puissante du libéralisme, combien ces thèses résonnent fortement aujourd'hui. Le monde occidental s'est lentement mais sûrement dépolitisé, refusant de se confronter aux décisions fondamentales par peur de remettre en cause les libertés individuelles (il y a certes des raisons très profondes à cela, notamment les traumatismes liés aux expériences totalitaires du XXème siècle). La souveraineté politique, c'est-à-dire la capacité d'un peuple de décider de son destin historique et de s'opposer le cas échéant à d'autres peuples, a disparu pour laisser place à une conception universaliste du monde dans laquelle chaque individu appartient au genre humain avant d'appartenir à des communautés particulières. Mais, prévient Schmitt, « qui dit Humanité veut tromper ». « Le monde politique », ajoute-t-il, « n'est pas un universum mais un pluriversum » ; le cas contraire signifierait la disparition de l'Etat et du politique - et la domination d'une puissance sur toutes les autres. C'est là tout le cœur du problème de l'universalisme : l'Occident se prétend seul juge de ce qu'il faut faire et de ce qu'il ne faut pas faire, selon ses propres critères. Il suffit de constater la manière dont les Occidentaux réagissent à l'attitude d'Erdogan après le putsch raté - et la manière dont ils jugent, avec une constance métronomique, les penchants autoritaires de Poutine.

    Notre propos ici n'est pas de défendre Poutine et Erdogan. Néanmoins, chacun à leur manière (et avec des excès évidents qu'il ne s'agit pas de nier), ils incarnent une vision encore politique de l'histoire humaine. Ils refusent le modèle libéral occidental et assument un certain décisionnisme qui peut entrer en contradiction avec la protection de certaines libertés individuelles. Ils défendent la souveraineté nationale face aux ambitions universalistes occidentales. Erdogan a eu ce mot très symbolique après le putsch raté qui le visait : « La souveraineté appartient à la nation ». Et Poutine avait rappelé il y a quelques années que la souveraineté nationale était une condition de vie ou de mort pour les Russes. Les deux hommes d'Etat construisent une mythologie nationale fondée sur la potentialité du conflit et sur l'irréductibilité des communautés humaines (même si Erdogan, notons-le, retourne habilement contre l'Occident ses propres valeurs démocratiques, comme cette semaine dans un entretien étonnant dans le journal Le Monde).

    Schmitt avait cette formule frappante qu'il empruntait à un poète allemand : « L'ennemi est la figure de notre propre question ». Il n'est pas interdit, en effet, d'apercevoir dans Poutine ou Erdogan deux figures-miroirs qui nous confrontent à un immense et terrible renoncement : celui de la politique. 

    Mathieu Slama

    Essayiste
     
    Né en 1986, Mathieu Slama intervient de façon régulière dans les médias, notamment dans le FigaroVox sur les questions de politique internationale. Un des premiers en France à avoir décrypté la propagande de l'Etat islamique, il a publié plusieurs articles sur la stratégie de Poutine vis-à-vis de l'Europe et de l'Occident. Son premier livre, La guerre des mondes, réflexion sur la croisade de Poutine contre l'Ocident vient de sortir aux éditions de Fallois.
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  • Mathieu Bock-Côté : de Nice à Berlin, scènes du terrorisme ordinaire

     

    Par Mathieu Bock-Côté           

    « L'Etat islamique a revendiqué l'attaque terroriste contre le marché de Noël à Berlin. Le sociologue Mathieu Bock-Côté décrit cette scène d'attentat qui " avait quelque chose d'atroce et, en même temps, de terriblement banal". » [Figarovox, 21.12]. Mais les lecteurs de Lafautearousseau connaissent bien, désormais, Mathieu Bock-Côté, ils savent que ses analyses vont au fond des choses, à l'essentiel, et que sa pensée ne craint pas de transgresser la doxa dite de la modernité ou postmodernité. Il renvoie l'Europe à son identité la plus intime, à sa part chrétienne, même si elle en a perdu la conscience claire, à sa culture profonde, héritée de sa lointaine Histoire. Il ne voit guère d'autre solution que ce retour sur soi-même de la civilisation européenne, pour mener la bataille qui lui est, aujourd'hui, imposée. Ici, accord profond, une fois encore, avec Mathieu Bock-Côté.   Lafautearousseau

     

    3222752275.jpgLa scène avait quelque chose d'atroce et, en même temps, de terriblement banale. À quelques jours du 25 décembre, un camion se lance sur un marché de Noël de Berlin, tue une douzaine de personnes et en blesse une cinquantaine. On croit revivre les événements de Nice quand Mohamed Lahouaiej Bouhlel avait frappé le soir du 14 juillet. Là aussi, il s'agissait de semer la terreur dans un moment de réjouissance et de traumatiser la population. On peut imaginer la suite médiatique : certains diront que l'événement demeure un incident isolé. On chantera en chœur « pas d’amalgame ». D'autres se demanderont encore une fois si l'Occident ne l'a pas cherché, bien qu'on se demandera de quelle manière l'Allemagne a bien pu se rendre coupable d'une forme plus ou moins intransigeante de laïcité néocoloniale, pour emprunter le jargon à la mode. Le système médiatique, devant l'islamisme, cultive l'art du déni. Il déréalise les événements, les égrène en mille faits divers et empêche de nommer la guerre faite à l'Occident.

    Il faudra quand même réinscrire l'événement dans la séquence terroriste associée aux événements du Bataclan. Le terrorisme islamiste veut montrer qu'il peut frapper partout. Il ne vise plus seulement des « institutions », comme c'était le cas avec Charlie Hebdo, mais entend imposer sa loi n'importe où, en transformant un simple camion en bélier. N'importe qui peut être ciblé dans ces frappes aveugles. Dans la guerre totale menée contre la civilisation occidentale, il suffit d'appartenir à cette dernière pour être jugé coupable et condamné à mort. À Berlin, nous venons en fait d'assister à une scène de terrorisme ordinaire. Encore une fois, l'État islamique a revendiqué l'attentat. Qu'il ait été programmé de loin ou qu'il soit le fruit d'une initiative plus ou moins spontanée, on peut être certain d'une chose : la propagande islamiste hante la civilisation européenne et est capable d'exciter les passions mortifères des uns et des autres.

    Et pourtant, cette attaque n'est pas absolument aveugle. La frappe d'un marché de Noël ramène l'Europe à une part d'elle-même dont elle ne sait que faire : sa part chrétienne. C'est dans son identité la plus intime qu'on veut la frapper, ce sont ses racines les plus profondes qu'on veut toucher. Les symboles chrétiens sont de plus en plus souvent visés. On se rappellera que le communiqué de l'État islamique qui avait suivi les attentats du 13 novembre mentionnait que les Français étaient visés en tant que « croisés ». De même, l'assassinat rituel du père Hamel, en juillet 2016, ne laissait pas d'ambiguïté sur sa signification. Pour reprendre une formule convenue, c'est moins pour ce qu'ils font que ce qu'ils sont que les Européens sont mitraillés, égorgés ou écrasés. Sauf qu'ils ne sont plus trop conscients de cette part d'eux-mêmes. Ou du moins, lorsqu'ils en sont conscients, on le leur reproche et on les accuse de s'enfermer dans une identité étriquée, inadaptée à la diversité. Nos élites médiatiques ne tolèrent le procès de l'islamisme qu'à condition de le mener en parallèle avec celui de l'islamophobie.

    Car le monde occidental veut croire qu'on l'attaque parce qu'il est démocratique, moderne et libéral. Il s'empêche de comprendre ainsi qu'il existe une telle chose qu'une tension entre les cultures, entre les civilisations et même entre les religions : elles ne sont pas toutes faites pour cohabiter dans une même communauté politique. Le rôle du politique, dans ce monde, n'est pas de verser dans un irénisme multiculturel où tous devraient se réconcilier sous le signe d'une diversité heureuse mais bien de bâtir, de conserver et de protéger les frontières protectrices permettant aux peuples de persévérer dans leur être historique sans pour autant s'empêcher de multiplier les interactions fécondes entre eux. Avec raison, on refusera de réduire les affrontements du monde actuel à un choc de civilisation. À tort, on refusera de voir qu'ils relèvent au moins partiellement de cette logique. Ceux qui cherchent à penser à nouveaux frais la pertinence des frontières ne sont pas des vautours ou des démagogues instrumentalisant le malheur des peuples pour les replier sur eux-mêmes.

    L'Allemagne voit se retourner contre elle-même les conséquences prévisibles d'un humanitarisme débridé. On s'est moqué, au moment de la crise des réfugiés, de ceux qui redoutaient que parmi les convois de malheureux, ne se glissent des djihadistes attendant ensuite le bon moment pour frapper. Ce moment est peut-être arrivé. Mais les dérives de la politique des portes ouvertes ne sauraient se laisser définir uniquement par le terrorisme islamiste. Il suffit de garder en mémoire les événements de Cologne, en début d'année, pour qu'on comprenne les nombreuses dimensions d'une crise qui n'est pas à la veille de se résorber. L'époque des grandes invasions militaires a beau être terminée, il n'en demeure pas moins que les islamistes sont habités par un sentiment de conquête et croient pouvoir miser sur l'immigration massive pour s'imposer en Europe. Comment la civilisation européenne peut-elle réagir à cette mutation imposée si elle en relativise la portée ?

    Il ne sert à rien d'imaginer en un paragraphe ce que pourrait être une riposte à ce terrorisme ordinaire appelé à durer. Mais le monde occidental aurait tort de croire qu'il saura résister à sa dissolution culturelle ou politique en se contentant de répéter de manière rituelle ses prières pour chanter la gloire de la diversité. Manifestement, elle n'est pas qu'une richesse. Toutes les différences ne sont pas également appréciables. En fait, c'est peut-être en assumant ce qu'on pourrait appeler leur identité de civilisation que les nations européennes seront à même de trouver la force de mener cette guerre pendant les longues années qu'elle durera. Il n'est pas insensé de penser que c'est en se tournant justement vers la part d'elle-même qui est attaquée que la civilisation européenne trouvera peut-être la force de mener la bataille.  

    « La frappe d'un marché de Noël ramène l'Europe à une part d'elle-même dont elle ne sait que faire : sa part chrétienne. »

    Mathieu Bock-Côté      

    XVM7713ddbc-9f4e-11e6-abb9-e8c5dc8d0059-120x186.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politique, vient de paraître aux éditions du Cerf.

      

  • Le scandale des éoliennes, par Fabien Bouglé.

    Table des matières

    1 Par Fabien Bouglé, lanceur d’alerte écologique, Le Bien Commun

    1.1 En quoi sommes-nous concrètement des victimes ?

    1.2 Ces infrasons sont aussi un danger pour les populations humaines…

    1.3 Vous nous parlez de rapports de la NASA. Les sources devotre livre sont-elles donc assez accessibles ?

    1.4 Un business qui coûte cher au contribuable…

    1.5 Entrevoyez-vous un motif d’espoir pour les lecteurs du Bien Commun  ?

    L’implantation d’éolienne est souvent soutenue par des lobbys qui se prétendent écologistes ou des organisations politiques comme Europe Écologie Les Verts. Votre livre Éoliennes : la face noire de la transition écologique semble prendre le contrepied de ces gens-là.

    4.jpgL’écologie c’est du bon sens et, avant tout, un acte de préservation. Ce n’est pas l’apanage d’un parti politique, c’est universel. Nous considérons donc que tout doit être fait pour préserver la nature, la vie des animaux et la vie de l’homme. Nous pourrions même dire l’oeuvre de Dieu. En somme, la véritable écologie se résume à bien vivre, dans un environnement sain, non contaminé par la pollution.

    Certains ont dévoyé ce principe. C’est notamment le cas des promoteurs éoliens qui ont créé un business. D’autres comme Europe Écologie Les Verts s’emploient à faire de la basse politique, une écologie idéologique et malthusienne. Ces gens-là détestent l’humain. Les promoteurs éoliens, les partis écologistes, les ONG environnementales, et même plus grave la Mafia, communient dans un business désastreux. Pour eux l’écologie c’est la préservation de la nature à l’exception de l’homme. Nous ne pouvons le tolérer. Nous sommes victimes de cette approche biaisée.

    En quoi sommes-nous concrètement des victimes ?

    Au nom de l’injonction « sauver la planète » avec un biais idéologique, on détruit le cadre de vie des humains. C’est l’environnement qui est directement atteint. Nos côtes sont industrialisées et nos paysages détruits. On implante désormais des éoliennes qui font 240 mètres de haut à 500 mètres des habitations. C’est l’âme de nos contrées, celle de laFrance en particulier que l’on attaque. Les éoliennes installées dans notre paysage sont autant de blessures de notre pays et autant de dégradations de la vie de nos concitoyens. Avec les éoliennes, la nature est saccagée au nom du principe de défense de la nature. Il faut bien se rendre compte qu’une éolienne c’est d’abord une chose extrêmement polluante. Onpeut reconnaître que le mât est facilement recyclable. Mais pour le reste, c’est une autre histoire. Le socle est constitué de 1500 tonnes de béton sur un ferraillage de 50 tonnes et les pales sont en fibres de carbone… Si on incinère celles-ci, elles font une fumée cancérigène. Elles sont donc enterrées dans des décharges… Enfin, le pire reste la nacelle qui contient des terres rares : 200 kg pour une petite, une tonne pour les éoliennes en mer. Elles sont extraites à Baotou en Chine, où il existe un lac toxique à cause des déchets d’extraction. On exporte donc notre pollution. Dans les quartiers bobos, on peut se permettre d’être écolo pour l’éolien en détruisant le cadre de vie de nos campagnes et l’environnement en Asie. On détruit des écosystèmes entiers. Dans les champs, les chauves-souris sont massivement broyées par les pales d’éoliennes qu’elles ne semblent pas percevoir et les rapaces – notamment les faucons et les milans royaux – sont déchiquetés par ces sortes de hachoirs géants qui tournent à 300 km/heure. Pour ce qui est de l’éolien en mer, les infrasons détruisent la faune maritime. On assiste d’une part à une disparition conséquentedes oiseaux marins, d’autre part à des échouages massifs de baleines et de dauphins à cause des infrasons.

    Ces infrasons sont aussi un danger pour les populations humaines…

    Oui, la santé des citoyens est considérablement affectée. La NASA l’a établi dans des rapports, il y a déjà 30 ans. Ces sons basses fréquences, non-audibles par l’oreille humaine, conduisent à une modification de la pression atmosphérique.Elles perturbent jusqu’à 20 km et peuvent amener des modifications cellulaires. Le biologiste Wolfgang Müller a écrit un livre en juillet 2019 à ce sujet-là. Verdict : ces vibrations sonores sont responsables de ce qu’on appelle le syndrome éolien : nausées, vertiges, tachycardie, problèmes cardio-vasculaires…

    Vous nous parlez de rapports de la NASA. Les sources de votre livre sont-elles donc assez accessibles ?

    Toute ma documentation n’est quasiment que de la source ouverte. D’ailleurs, le contenu de mon bouquin est rarement contesté sur le fond. Toute personne qui veut se plonger sur le sujet a une masse conséquente de documents à disposition. Et c’est édifiant ! L’éolien est une imposture. Cela saute aux yeux de toute personne qui se penche vraiment dessus. Ce qui est intéressant c’est qu’il est présenté comme un acteur ou un outil qui va sauver la planète. Sur le fondement faux que les éoliennes empêchent l’émission de gaz à effets de serre.

    Cela a été prouvé à maintes reprises. Comme je l’écris dans lelivre : en France, le président de la Commission de régulation de l’énergie et le rapport de la Commission d’enquête parlementaire sur le sujet l’ont encore affirmé. En plus, c’estencore plus absurde dans notre pays où l’électricité est – grâce au nucléaire – décarbonée à 90 %. En raison de l’intermittence des éoliennes, on est obligé d’utiliser des « back-up » quandelles ne tournent pas. Ces derniers fonctionnent au gaz et au pétrole, chez nous, et au charbon en Allemagne. Vouloir imposer l’éolien c’est remplacer de l’électricité nucléaire décarbonée par une électricité intermittente. En Allemagne, ils ont dépensé 500 milliards d’euros en éoliennes et la baisse desémissions de gaz à effet de serre est nulle, selon un rapport de la Cour des comptes fédérale. Les promoteurs éoliens répondent désormais à ces faits établis que l’éolien permet un mix énergétique. Plus prosaïquement, que cela permet de ne pas mettre ses oeufs dans le même panier. C’est un peu court comme argumentaire. Depuis 30 ans, on a de cesse de se faire déstabiliser par des lobbys aux mains de puissances étrangères qui ne rêvent que d’une chose : c’est de détruire notre indépendance énergétique pour détruire notre compétitivité. Ces éoliennes n’ont qu’un objectif : remplacer une électricité pas chère par quelque chose de plus coûteux. Qui y a intérêt ? L’Allemagne. L’éolien est un business industriel.

    Un business qui coûte cher au contribuable…

    Au travers de ce combat, j’ai découvert que le tarif de rachat de l’éolien en mer était de 220 euros le méga watter soit cinq fois le prix habituel. En faisant un calcul simple (5 minutes) on peut affirmer que cela revient à une subvention de plus de 40 milliards d’euros. Le gouvernement a renégocié mais cela fait toujours 30 milliards par an… Au passage, ce qui est extraordinaire c’est que le tarif de rachat subventionné est rémunéré par un fonds alimenté notamment par la hausse de lataxe sur l’essence. Il y a un lien direct entre la crise des gilets jaunes et le financement des éoliennes. De plus ce qui est ahurissant, c’est que ces subventions n’ont pas lieu d’être. En effet de l’aveu même des promoteurs le marché de l’électricité éolienne est compétitif. Si c’est compétitif, ils gagnent déjà de l’argent. Alors pourquoi le contribuable devrait financer dessubventions ? Ces subventions ne servent à rien si ce n’est enrichir les promoteurs éolien. C’est ça que j’ai découvert et que je dénonce et dévoile dans mon bouquin.

    Entrevoyez-vous un motif d’espoir pour les lecteurs du Bien Commun ?

    Oui, bien sûr ! L’éolien est mort. Il n’existera plus dans quelques années. La Pologne, après la COP 24, a arrêté toute implantation d’éoliennes. Elle a même un plan de désinstallation. En République tchèque, le ministre de l’écologie parle de «  monstre blanc  ». La Norvège vient de suspendre son programme national d’installation d’éoliennes. L’Allemagne a baissé de 82 % son nombre d’éolienne, l’année dernière. C’est évident et inéluctable, l’éolien disparaîtra. Je suis d’ailleurs en désaccord profond avec des associations de défense des paysages et du patrimoine qui prônent des adaptations dans l’installation d’éolienne. Il faut être au contraire d’une très grande fermeté. Je n’ai pas écrit un livre qui explique : les éoliennes c’est pas bien, c’est polluant, ça ne baisse pas les émissions de gaz à effet de serre et ça coûte cher, pour faire de la demi-mesure ensuite. Cela n’aurait aucunsens. Il ne faut plus ériger de nouvelles éoliennes et démonter la totalité de celles qui existent.

  • Bernanos l'écologie face au modernisme, par Frédéric Poretti.

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    Nous n’assistons pas à la fin naturelle d’une grande civilisation humaine, mais à la naissance d’une civilisation inhumaine qui ne saurait s’établir que grâce d’une vaste, à une immense, à une universelle stérilisation valeurs de la vie. Car, on dépit de ce que j’écrivais tout à l’heure, il s’agit beaucoup moins de corruption que de pétrification. » (Georges Bernanos, La France contre les robots)

    Bernanos est aussi un apôtre de l’écologie dans son combat contre la société mécanique, à l’image de Léon Bloy, Simone Weil, Gabriel Marcel, Nicolas Berdiaëff. Il s’insurge contre cette société déclinant vers un monde de « robots » : « dévorée par ses mécaniques comme une bête malade par ses poux ». Cette marche en avant de la technique mène la société vers la catastrophe. Il se retrouve ainsi comme d’autres écrivains comme Jean Giono, Genevoix, Jules Romains, Charles Peguy… La densité comme le nombre des machines, comme les techniques toujours plus sophistiquées ne sont pas sans conséquences sur la vie en société. Une certaine standardisation de celle-ci tend à discipliner de plus en plus l’individu à son rythme mécanique. La rapidité de l’évolution technologique amène des questionnements quant à l’assujettissement de l’homme à la machine. Est-ce que la fin de l’homme sera imposée par les machines ?
    « Ils ont multipliés les machines et la multiplication des machines pose chaque jour de nouveaux problèmes plus difficiles à résoudre, dont chacun marque une étape vers le paradis exécrable où la liberté ne sera plus qu’une anomalie monstrueuse, un phénomène pathologique, où la liberté d’un seul individu devra être considérée comme une menace redoutable pour la collectivité tout entière ». Cet esclavage dans un horizon plus ou moins lointain demeure notre préoccupation essentielle, à la vue de ce qui se passe. L’homme au service de la machine où celle-ci au service de l’homme, reste bien la question. Tout le monde y répond rapidement et facilement mais les faits comme l’observation semblent contrarier la logique naturelle de la réponse…


    « Heidegger y montre que l’essence de la technique n’est pas seulement, comme le croyaient ses prestigieux auditeurs, la provocation envers la nature, sa « mise en demeure » comme l’a dit Pierre Boutang : elle accomplit aussi l’exil de la philosophie grecque hors de son sol natal, achevant ainsi le mouvement d’éloignement des origines que représente la métaphysique. C’est, au sens propre, l’Occident, le déclin de la pensée grecque, du seul moment philosophique de l’histoire humaine. A l’inquiétude soulevée par ce lent processus peut seul répondre un recours mystérieux à « ce qui nous sauve », au risque d’une transcendance sacrée, à ce que Heidegger appelle encore « la piété de la pensée » … (Jean Védrines, « Bernanos contre les robots », avril 1998).


    Seulement voilà, un autre souci survient dans l’oligarchie technicienne amenant cet état de fait : « petite aristocratie d’ingénieurs et de policiers… grâce au contrôle de toutes les sources de production de l’énergie, à la fois du Travail et des travailleurs… ». Loin de rejeter la technique dont les apports amènent un confort appréciable dans nos vies, il s’agit de contrôler comme de maîtriser celle-ci afin de ne pas glisser dans une facilité nous détruisant à plus ou moins longue échéance. C’est avec intelligence qu’il faut gérer celle-ci et non glisser dans une dépendance qui aboutira immanquablement à « l’abrutissement » de l’homme. Que deviendra l’homme dans ce monde ? « Un robot vivant sur un petit bout d’âme atrophiée de robot au cœur d’insecte plus laborieux et plus féroce que les fourmis ». Cette technique augmente « monstrueusement son pouvoir », lorsqu’on transforme la planète en un : « gigantesque laboratoire, dans le but de faire servir à son confort, à son bien-être, à son avarice et à ses plaisirs des forces naturelles redoutables qui ne sont nullement à la dimension de l’homme mais à celle du colossal univers, on devrait comprendre qu’on s’expose à jouer le rôle du curieux qui circule à tâtons parmi les câbles d’une centrale d’énergie électrique sur la porte de laquelle est écrit en grosses lettres : « Danger de mort » ». C’est toute la différence avec le retour aux temps primitifs à la manière de Ghandi ou Lanza del Vasto. La technique fait partie de l’évolution de la société humaine, tout est dans la philosophie que l’on y met, comme des barrières de la conscience : « Que fuyez-vous donc ainsi ? », s’écrie Bernanos : « Hélas ! c’est vous que vous fuyez, chacun de vous se fuit lui-même, comme s’il espérait courir assez vite pour sortir enfin de sa gaine de peau ». La société actuelle est guidée par un mondialisme inondant l’humanité de besoins fictifs suscités à force de publicités incitatives : « n’est qu’une colossale entreprise en vue de distraire à tout prix, par des inventions mécaniques, une humanité trop récemment amputée pour ne pas souffrir de l’organe qu’elle a perdu. Sa machinerie la distrait – distrahere – la distraction devenue nécessité la pousse à multiplier sa machinerie, cercle infernal que rien ne semble devoir rompre jusqu’à ce que soit définitivement tarie cette vie intérieure qui faisait de l’homme un animal religieux ». C’est le sens de notre éthique, retrouver ce fameux chemin perdu de l’élévation que nous avons quitté par confort, en prenant celui de la perte des âmes pour le matérialisme. Ce chemin, que Régine Pernoud par ses travaux sur le monde médiéval comme ceux de Marie Madeleine Martin dans « Les doctrines sociales en France », prit une autre direction, changeant la mentalité comme la spécificité de notre peuple, se détournant du monde invisible au profit du visible matérialiste. Les « ingrédients » qui y aidèrent furent, l’apport massif de l’or d’Amérique, la déconsidération des hommes (les Amérindiens…) comme l’esclavage, la Réforme religieuse qui modifia l’essence même du but dans la vie sur terre. Comme le disait Paul Valery dans une citation que nous reprenons souvent, tellement elle inspire notre espérance : « La véritable tradition n’est pas de refaire ce que les autres ont fait mais de trouver l’esprit qui a fait ces grandes choses et qui en ferait de toutes autres en d’autres temps ». Alors oui disons-le, la misère morale est liée à un défaut de croyance, le totalitarisme est une « maladie de l’homme dé spiritualisé, comme le goitre est une maladie de l’homme dévitaminisé ». Les valeurs disparaissent comme le beau, le bien au profit de l’utile, souvent laid car dépourvue de grâce comme de recherche de beauté. La civilisation est malade, l’homme y est réduit, années après années, au rang d’objet, numéroté, conditionné comme enrégimenté dirait Proudhon : « Être gouverné, c’est être, à chaque opération, à chaque transaction, à chaque mouvement, noté, enregistré, recensé, tarifé, timbré, toisé, coté, cotisé, patenté, licencié, autorisé, apostillé, admonesté, empêché, réformé, redressé, corrigé. C’est, sous prétexte d’utilité publique, et au nom de l’intérêt général, être mis à contribution, exercé, rançonné, exploité, monopolisé, « concussionné, » pressuré, mystifié, volé ; puis, à la moindre résistance, au premier mot de plainte, réprimé, amendé, vilipendé, vexé, traqué, houspillé, assommé, désarmé, garrotté, emprisonné, fusillé, mitraillé, jugé, condamné, déporté, sacrifié, vendu, trahi, et pour comble, joué, berné, outragé, déshonoré. Voilà le gouvernement, voilà sa justice, voilà sa morale ! ».

    à suivre…


    F. PORETTI-Winkler (http://boutique-royaliste.fr)

  • Entre «acte de barbarie» et mesures «infanticides»: Jean-Frédéric Poisson tacle la loi bioéthique, par Maxime Perrotin.

    Source : https://fr.sputniknews.com/

    Élargir la PMA à toutes les femmes, une promesse de campagne de Macron: l’Assemblée nationale vient d’adopter en seconde lecture le projet de loi relatif à la bioéthique. Un texte qui ne s’arrête pas au simple élargissement de la procréation médicalement assistée: IMG, chimères, Jean-Frédéric Poisson fait part à Sputnik de ses vives inquiétudes.

    Une nouvelle étape a été franchie vers la promulgation du texte de loi relatif à la bioéthique. Dans la nuit du 31 juillet au 1er août, l’Assemblée nationale a adopté en deuxième lecture le projet de loi. 60 voix pour, 37 contre et 4 députés abstentionnistes, soit environs un sixième des 577 députés que compte la chambre basse du Parlement: «une désertion généralisée», regrette au micro de Sputnik Jean-Frédéric Poisson, président du parti Chrétien-Démocrate (PCD). Un absentéisme prononcé, lors d’un vote quelques heures après le début des vacances parlementaires déjà reportées, qui révolte l’ancien député au vu des enjeux d’un texte.

    Celui-ci fait part de sa «grande tristesse» de voir la représentation nationale adopter des textes de loi «qui n’ont rien de biologique, rien d’éthique» et dont certaines dispositions sont «infanticides», assène l’ancien député de droite.

    «L’amendement qui a été adopté sur l’interruption médicale de grossesse jusqu’à la veille de l’accouchement est un acte de barbarie. Il n’y a pas d’autre mot que celui-là», s’offusque Jean-Frédéric Poisson au micro de Sputnik.

    Il fait ainsi référence à l’article 20 de du projet, qui reprend la loi existante concernant l’Interruption médicalisée de grossesse (IMG) –à ne pas confondre avec l’interruption volontaire de grossesse (IVG)– pouvant aller jusqu’au terme de la grossesse, s’il est jugé que celle-ci met en péril la vie de la mère ou si l’enfant à naître présente une maladie grave et incurable.

    Vote de la loi bioéthique: «désertion généralisée» au Parlement

    Cependant, cet article s’est retrouvé renforcé, contre l’avis même du rapporteur du texte, par un amendement porté par la députée socialiste Marie-Noëlle Battistel. Celui-ci ajoute la «détresse psychosociale» aux motifs pouvant justifier le recours à une IMG. Bien que ce recours existe déjà (sur 7.000 IMG pratiquées en France chaque année, 250 le seraient au nom de la détresse psychosociale, relève CheckNews), l’amendement a provoqué un tollé sur la Toile.

    La prise en compte officielle d’un tel critère, de nature psychologique, constitue un tournant significatif, dans le contexte d’un projet de loi dont l’article 1er fait déjà passer la PMA d’un moyen de pallier à une infertilité pathologique à celui de satisfaire un désir d’enfant.

     

    «Il faut prendre la mesure de ce qui se joue, c’est un basculement à l’échelle de l’Histoire de l’humanité» déclarait à ce sujet, au micro de RTL l’eurodéputé LR François-Xavier Bellamy, au lendemain du vote du fameux article 1er.

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    Ce critère de «détresse psychosociale», jugé difficilement évaluable par les détracteurs du texte, pousse ces derniers à brandir le risque de possibles recours abusifs pour justifier des interruptions de grossesse une fois le délai légal pour effectuer une IVG (12e semaine de grossesse) dépassé. En effet, une IMG est réalisable jusqu’à la veille de l’accouchement. Pour Jean-Frédéric Poisson, «il ne peut pas y avoir de motif pour justifier ça.»

    Risque de recours abusifs à l’IMG

    «Maintenant, on fait revenir la détresse pour autoriser un acte de barbarie, et puis on fera disparaître avec cette même logique la condition de détresse dans quelques années pour expliquer qu’après tout, la vie des enfants est entre les mains de ceux qui veulent éventuellement les supprimer», insiste l’homme politique.

    «À partir du moment où la vie humaine n’a plus de valeur et que personne n’est arc-bouté pour la défendre quoi qu’il arrive, on entre dans un monde de fous. Nous sommes dans un monde de fous», s’indigne-t-il.

    Une levée de boucliers qui vient dénoter au milieu d’une couverture médiatique et d’une communication gouvernementale principalement articulée autour de l’élargissement de la PMA aux couples lesbiens ainsi qu’aux femmes seules.

     

    L’ex-candidat aux primaires de la droite et du centre se dit «très inquiet» pour la France, faisant part de sa «détermination» à ce que «ce gouvernement, ce Président de la République, soient empêchés de nuire le plus vite possible».

    «Entre la suppression des libertés fondamentales, la psychose généralisée concernant la pandémie que tout le monde veut combattre, mais où l’on interdit à ceux qui ont des médicaments pour la contrer d’agir, tout cela devient insupportable […] Je suis très étonné que les Français soient encore dociles, au point de se laisser embobiner comme ils le font», regrette le président du PCD, qui a déclaré son intention de se présenter aux Présidentielles de 2022.

    Pour autant, le texte de loi voté à l’Assemblée nationale, après avoir balayé les amendements du Sénat, ne satisfait pas tout le monde, même du côté de ses principaux partisans.

    Ainsi, du côté des militants LGBT+ (représentant les différentes orientations sexuelles et «identités de genre»), on fait entendre que ce texte n’allait pas assez loin: pas de considération de la transidentité, pas de PMA post-mortem, pas de reconnaissance de la filiation d’enfants nés de la GPA à l’étranger.

    Trop ou trop peu: les mécontents de la loi Bioéthique

    Un projet de loi qui en l’état, hors PMA, serait donc à leurs yeux «peu inclusif». Faut-il voir dans ces griefs –ou désidératas– le menu d’une énième réforme sociétale? Jean-Frédéric Poisson en est convaincu, «les prochaines étapes sont celles que vous venez de décrire.»

    «Si on continue de donner droit aux revendications de groupes qui sont des minorités –extrémistes par ailleurs–, qui veulent imposer au mépris de tous le respect de la nature, finalement, leur propre vision du monde, eh bien nous irons encore plus loin vers la folie», insiste-t-il.

    Le président du PCD renvoie au long processus législatif qui a progressivement mené à la situation actuelle, évoquant ce qu’il considère comme la première étape de celui-ci: la loi PMA promulguée à l’été 1994.

    «Cela fait 26 ans maintenant, on nous expliquait qu’évidemment il n’y aurait jamais de clonage, pas de chimères– et c’est dans la loi aujourd’hui. Au moment du PACS, on nous expliquait qu’il n’y aurait jamais de mariage homosexuel et maintenant il y en a un. Au moment du mariage homosexuel, on nous expliquait qu’il n’y aurait pas de PMA, pas de GPA, et maintenant ça existe… Donc si vous voulez, la prochaine étape est écrite.»

    Face au projet de loi, la principale force d’opposition est venue des Républicains (LR) présents au moment du vote, qui –à l’exception d’un seul d’entre eux, Maxime Minot– ont tous voté contre le texte en l’état. Du côté des non-inscrits, qui rassemblent notamment les députés du Rassemblement national (RN), seule Emmanuelle Ménard a visiblement pris part au vote solennel pour s’opposer au texte.

     

    Un travail d’opposition du député de l’Hérault «qui s’est battu sans le soutien d’un groupe», que «salue» Jean-Frédéric Poisson. Ce dernier est peu surpris par l’absence des élus du parti lepéniste, y voit une «cohérence» avec les positions du parti. «On ne sait jamais s’ils sont pour ou s’ils sont contre», tacle-t-il, «il y a en ce moment […] une offensive contre les conservateurs qui n’échappe à personne». Sollicité sur cette absence, l’un d’eux n’a pas donné suite à nos demandes d’interview. Toutefois à l’opposé des positions idéologiques de ces derniers, tant les écologistes que les communistes n’ont chacun aligné qu’un élu en faveur du texte.

    Il reste encore au projet de loi une navette à effectuer entre les deux chambres du Parlement, une étape où le texte pourra être à nouveau amendé, dans un sens ou dans l’autre… quoi qu’il en soit, c’est l’Assemblée aura le dernier mot, Constitution oblige.

  • L'union européenne, le léviathan impuissant, par Georges-Henri Soutou.

    L’Union européenne n’a jamais paru si faible sur le plan international. Mais le projet fédéraliste, à l’intérieur de ses frontières, gagne sans cesse du terrain avec l’arme fatale du droit communautaire.

    La coïncidence du Brexit et de la crise pandémique a conduit l’Union européenne à une nouvelle étape de son développement, à mon avis désormais irréversible.

     3.jpgLe dernier conseil européen présidé par Mme Merkel a en effet définitivement adopté le projet de budget pour les années qui viennent, et l’aide spécifique pour la relance nécessitée par la crise sanitaire, de 750 milliards d’euros. Deux innovations essentielles : la Commission peut emprunter directement sur les marchés pour financer cette aide, et elle peut lier l’aide à des conditions, en particulier le respect de l’État de droit. La Hongrie et la Pologne, qui ne voulaient pas de cette conditionnalité, ont en fait fini par s’incliner, quelles que soient les formulations qui estompent leur reculade.

    Et il y aura des suites logiques : la question des ressources propres de l’Union, au-delà des droits de douane et du 1% de la TVA, va se poser très vite. On ouvrira ainsi la voie à un budget qui ne sera plus spécifiquement celui de l’UE comme institution, mais deviendra progressivement le budget européen fédéral, reprenant des responsabilités anciennement nationales. D’autre part la conditionnalité ne se limitera pas au respect de l’État de droit, mais va inclure très vite le non-respect des normes environnementales fixées par Bruxelles. Il est déjà possible de condamner un État devant la Cour européenne de Luxembourg dans ce domaine, avec amendes et astreintes, mais on passerait là à un niveau supérieur. D’autant plus que le parlement européen va très probablement voter l’avancement de la réalisation de l’objectif de zéro émission nette de 2050 à 2030, ce qui est d’ailleurs parfaitement irréalisable mais qui permet de s’immiscer dans pratiquement tous les aspects de la politique économique et sociale. Les Européens vont être de plus en plus concernés par les décisions de l’UE pour leurs impôts et pour leur vie quotidienne (chauffage, transports, logement…). Ainsi que pour tout ce qui concerne, par exemple, la politique d’immigration : Luxembourg attaque de plus en plus souvent les mesures que tentent de prendre les pays membres pour endiguer le flot et vient de condamner Varsovie et Budapest pour le durcissement de leur politique d’asile.

    Luxembourg über alles

    Une telle accélération n’aurait pas été possible si la Grande-Bretagne était restée (c’est d’ailleurs parce qu’elle sentait venir l’avalanche qu’elle est partie). Il y a eu une époque où la France n’aurait pas accepté tout cela, mais c’est bien fini, et maintenant nos cours et le conseil constitutionnel s’inclinent devant le droit européen et Luxembourg.

    La dernière résistance importante venait, on l’a vu dans cette chronique, du Tribunal constitutionnel de Karlsruhe, qui contestait la politique de la Banque centrale européenne ainsi que de la Cour européenne, et les accusait d’agir « ultra vires ». Or Luxembourg ne s’incline pas : il y a quelques jours, un avocat général auprès de cette Cour, le Bulgare Evgeni Tanchev, rappelait que le droit européen « brise le droit national » (reprise de la vieille formule allemande, « Bundesrecht bricht Landesrecht », le droit fédéral brise le droit des Länder). Un gouvernement qui ne serait pas content n’aurait selon lui que trois solutions : ou bien modifier sa constitution ; ou bien demander, via le processus de l’Union, une modification du traité concerné ; ou bien quitter l’Union. Ça a le mérite de la clarté ! Cette déclaration provoque à Berlin et à Karlsruhe beaucoup de spéculations : que la Pologne et la Hongrie soient condamnées à Luxembourg ne gêne personne, mais on se rend compte que la RFA pourrait l’être elle aussi, à cause des jugements de Karlsruhe !

    Mais il me semble que Karlsruhe commence sinon à reculer, du moins à changer de registre. L’un de ses juges, Peter Huber, dans une longue interview à la Neue Zürcher Zeitung le 8 décembre, ne parlait plus D’« ultra vires » mais demandait à Luxembourg de ne pas juger uniquement en fonction de critères juridiques mais en tenant compte des conséquences concrètes des programmes proposés, ou de leur refus (ce qui, dans la tradition juridique allemande, est tout à fait acceptable). En outre, il en appelle à une collaboration entre les différentes cours constitutionnelles des pays membres et Luxembourg, collaboration que nos propres juges invoquent toujours avec des larmes d’émotion mais qui ne me paraît pas figurer dans les traités, qu’elles court-circuitent. Et quant à la question précise de la position de la Bundesbank face aux rachats d’emprunts d’États membres par la BCE, ce qui avait déclenché toute la procédure, Peter Huber admet que la Banque fédérale fait ce qu’elle peut mais peut parfaitement être mise en minorité au conseil des gouverneurs à Francfort.

    Un empire qui consacre sa faiblesse

    Deux forces freinaient la dérive institutionnelle constante de l’UE : la Grande-Bretagne et Karlsruhe. La Grande-Bretagne est partie et Karlsruhe se réfugie dans des théories de plus en plus complexes. En revanche une contradiction fondamentale apparaît, et même s’est beaucoup aggravée ces dernières semaines, entre une entité de plus en plus étroitement intégrée à l’intérieur mais de plus en plus impuissante à l’extérieur. Et qui même refuse la puissance. Le dernier conseil européen a renoncé à prendre des sanctions un peu sérieuses à l’égard de la Turquie. L’Allemagne, après la France, vient d’accepter d’admettre Huawei à participer à la mise en place de la 5G, certes avec des conditions, mais les deux pays se séparent sur un point important de Washington et Londres. Dans le même sens, les dirigeants allemands, à la suite d’un débat national animé, se distancient de plus en plus de la politique de fermeté que Washington a engagé face à Pékin, y compris la ministre de la Défense Kramp-Karrenbauer, qui jusqu’ici pourtant prônait la résistance face aux pénétrations chinoises dans tant de domaines. Et ils ne tenteront pas une relocalisation de leurs industries, c’est désormais clair, le marché chinois est trop important à leurs yeux. A l’égard de la Russie, des déclarations très fermes de la chancelière sur l’Ukraine ou l’affaire de la tentative d’empoisonnement de Navalny n’empêchent pas le fait que le gazoduc Nord Stream 2 n’est pas remis en cause.

    En ce qui concerne la politique de défense commune, on en est encore plus loin qu’en 2015, où on sentait certains frémissements. Le départ de la Grande-Bretagne représente la perte de près du quart du budget militaire total des membres de l’UE, ainsi que la sortie du seul pays européen, avec la France, à disposer (à peu près…) d’une panoplie complète et d’une capacité opérationnelle réelle. Il ne reste que l’OTAN, plus comme un moulin à prières d’ailleurs que comme un engagement militaire bien concret, sauf des exceptions comme la Pologne.

    Un ancien conseiller fédéral et ministre des affaires étrangères helvétique, Mme Micheline Calmy-Rey, a tout récemment suggéré que l’Union européenne adopte une politique de « neutralité active », sur le modèle suisse. Elle rappelle que les Cantons avaient fini par adopter cette politique parce que c’était le seul moyen de maintenir leur union, malgré leurs divergences et leurs attirances étrangères divergentes voire opposées. Et elle suggère que c’est la seule solution pour l’UE, étant donné ses divergences. A mon avis, cette thèse va faire des adeptes, particulièrement en RFA…

    Je dois dire cependant que la « neutralité active » à la Suisse repose sur une politique extérieure discrète mais très active, et sur un établissement militaire très sérieux et soutenu dans l’ensemble par la population. Si l’Union européenne en était là, je serais plutôt rassuré !

    Mais on assiste au contraire, exception dans l’Histoire, à la naissance d’un État fédéral, géant économique mais nain géopolitique, et qui tient à le rester. À mon avis, l’une des explications profondes est que le mouvement fédéraliste européen, reprenant pendant et après la Seconde Guerre mondiale des thèmes apparus dès les années 30, à la suite du traumatisme de la Grande Guerre, a voulu détruire systématiquement les systèmes politiques reposant sur des politiciens professionnels et sur le parlementarisme, ainsi que les États-nations fauteurs de guerres. Le « Message aux Européens » proclamé lors du Congrès européen de La Haye en 1948 fixait des objectifs qui sont ceux de l’Union européenne aujourd’hui : « la libre circulation des hommes, des idées et des biens », « une Charte des droits de l’homme », « une Cour de justice » et « une Assemblée européenne ». Et il ne parlait pas de sécurité et de défense de l’Europe…

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • L’union européenne, le léviathan impuissant, par Georges-Henri Soutou.

    Illustration : La Suisse, modèle de neutralité active. Ça marche quand le cadre est petit.

    L’Union européenne n’a jamais paru si faible sur le plan international. Mais le projet fédéraliste, à l’intérieur de ses frontières, gagne sans cesse du terrain avec l’arme fatale du droit communautaire.

    La coïncidence du Brexit et de la crise pandémique a conduit l’Union européenne à une nouvelle étape de son développement, à mon avis désormais irréversible.

    1.jpgLe dernier Conseil européen présidé par Mme Merkel a en effet définitivement adopté le projet de budget pour les années qui viennent, et l’aide spécifique pour la relance nécessitée par la crise sanitaire, de 750 milliards d’euros. Deux innovations essentielles :

    • la Commission peut emprunter directement sur les marchés pour financer cette aide ;
    • et elle peut lier l’aide à des conditions, en particulier le respect de l’état de droit.

    La Hongrie et la Pologne, qui ne voulaient pas de cette conditionnalité, ont, en fait, fini par s’incliner, quelles que soient les formulations qui estompent leur reculade.
    Il y aura des suites logiques : la question des ressources propres de l’Union, au-delà des droits de douane et du 1 % de la TVA, va se poser très vite. On ouvrira ainsi la voie à un budget qui ne sera plus spécifiquement celui de l’UE comme institution, mais deviendra progressivement le budget européen fédéral, reprenant des responsabilités anciennement nationales. D’autre part la conditionnalité ne se limitera pas au respect de l’état de droit, mais va inclure très vite le non-respect des normes environnementales fixées par Bruxelles. Il est déjà possible de condamner un État devant la Cour européenne de Luxembourg dans ce domaine, avec amendes et astreintes, mais on passerait là à un niveau supérieur. D’autant plus que le parlement européen va très probablement voter l’avancement de la réalisation de l’objectif de zéro émission nette de 2050 à 2030, ce qui est d’ailleurs parfaitement irréalisable mais qui permet de s’immiscer dans pratiquement tous les aspects de la politique économique et sociale. Les Européens vont être de plus en plus concernés par les décisions de l’UE pour leurs impôts et pour leur vie quotidienne (chauffage, transports, logement…). Ainsi que pour tout ce qui concerne, par exemple, la politique d’immigration : Luxembourg attaque de plus en plus souvent les mesures que tentent de prendre les pays membres pour endiguer le flot et vient de condamner Varsovie et Budapest pour le durcissement de leur politique d’asile.

    Luxembourg über alles

    Une telle accélération n’aurait pas été possible si la Grande-Bretagne était restée (c’est d’ailleurs parce qu’elle sentait venir l’avalanche qu’elle est partie). Il y a eu une époque où la France n’aurait pas accepté tout cela, mais c’est bien fini, et maintenant nos cours et le Conseil constitutionnel s’inclinent devant le droit européen et Luxembourg.
    La dernière résistance importante venait, on l’a vu dans cette chronique, du Tribunal constitutionnel de Karlsruhe, qui contestait la politique de la Banque centrale européenne ainsi que de la Cour européenne, et les accusait d’agir « ultra vires ». Or Luxembourg ne s’incline pas : il y a quelques jours, un avocat général auprès de cette Cour, le Bulgare Evgeni Tanchev, rappelait que le droit européen « brise le droit national » (reprise de la vieille formule allemande « Bundesrechtbricht Landesrecht », le droit fédéral brise le droit des Länder). Un gouvernement qui ne serait pas content n’aurait, selon lui, que trois solutions :

    • ou modifier sa constitution ;
    • ou demander, via le processus de l’Union, une modification du traité concerné ;
    • ou quitter l’Union.

    Ce qui a le mérite de la clarté ! Cette déclaration provoque à Berlin et à Karlsruhe beaucoup de spéculations : que la Pologne et la Hongrie soient condamnées à Luxembourg ne gêne personne, mais on se rend compte que l’Allemagne pourrait l’être aussi, à cause des jugements de Karlsruhe !
    Mais il me semble que Karlsruhe commence sinon à reculer, du moins à changer de registre. L’un de ses juges, Peter Huber, dans une longue interview à la Neue Zürcher Zeitung le 8 décembre, ne parlait plus d’« ultra vires », mais demandait à Luxembourg de ne pas juger uniquement en fonction de critères juridiques mais en tenant compte des conséquences concrètes des programmes proposés, ou de leur refus (ce qui, dans la tradition juridique allemande, est tout à fait acceptable). En outre, il en appelle à une collaboration entre les différentes cours constitutionnelles des pays membres et Luxembourg, collaboration que nos propres juges invoquent toujours avec des larmes d’émotion mais qui ne me paraît pas figurer dans les traités, qu’elles court-circuitent. Et quant à la question précise de la position de la Bundesbank face aux rachats d’emprunts d’États membres par la BCE, ce qui avait déclenché toute la procédure, Peter Huber admet que la Banque fédérale fait ce qu’elle peut mais peut parfaitement être mise en minorité au conseil des gouverneurs à Francfort.

    L’empire européen consacre sa faiblesse

    Deux forces freinaient la dérive institutionnelle constante de l’UE : la Grande-Bretagne et Karlsruhe. La Grande-Bretagne est partie et Karlsruhe se réfugie dans des théories de plus en plus complexes. En revanche, une contradiction fondamentale apparaît, et même s’est beaucoup aggravée ces dernières semaines, entre une entité de plus en plus étroitement intégrée à l’intérieur mais de plus en plus impuissante à l’extérieur. Et qui même refuse la puissance. Le dernier Conseil européen a renoncé à prendre des sanctions un peu sérieuses à l’égard de la Turquie. L’Allemagne, après la France, vient d’accepter d’admettre Huawei à participer à la mise en place de la 5G, certes avec des conditions, mais les deux pays se séparent sur un point important de Washington et Londres. Dans le même sens, les dirigeants allemands, à la suite d’un débat national animé, se distancient de plus en plus de la politique de fermeté que Washington a engagé face à Pékin, y compris la ministre de la Défense Kramp-Karrenbauer qui, jusqu’ici pourtant, prônait la résistance face aux pénétrations chinoises dans tant de domaines. Et ils ne tenteront pas une relocalisation de leurs industries, c’est désormais clair, le marché chinois est trop important à leurs yeux. À l’égard de la Russie, des déclarations très fermes de la chancelière sur l’Ukraine ou l’affaire de la tentative d’empoisonnement de Navalny n’empêchent pas le fait que le gazoduc Nord Stream 2 n’est pas remis en cause.

    En ce qui concerne la politique de défense commune, on en est encore plus loin qu’en 2015, où on sentait certains frémissements. Le départ de la Grande-Bretagne représente la perte de près du quart du budget militaire total des membres de l’UE, ainsi que la sortie du seul pays européen, avec la France, à disposer (à peu près…) d’une panoplie complète et d’une capacité opérationnelle réelle. Il ne reste que l’OTAN, plus comme un moulin à prières d’ailleurs que comme un engagement militaire bien concret, sauf des exceptions comme la Pologne.

    Un ancien conseiller fédéral et ministre des affaires étrangères helvétique, Mme Micheline Calmy-Rey, a tout récemment suggéré que l’Union européenne adopte une politique de « neutralité active », sur le modèle suisse. Elle rappelle que les Cantons avaient fini par adopter cette politique parce que c’était le seul moyen de maintenir leur union, malgré leurs désaccords et leurs attirances étrangères séparées voire opposées. Et elle suggère que c’est la seule solution pour l’UE, étant donné ses propres divergences. À mon avis, cette thèse va faire des adeptes, particulièrement en Allemagne…

    Je dois dire cependant que la « neutralité active » à la Suisse repose sur une politique extérieure discrète mais très active, et sur un établissement militaire très sérieux et globalement soutenu par la population. Si l’Union européenne en était là, je serais plutôt rassuré !
    Mais on assiste au contraire, exception dans l’Histoire, à la naissance d’un État fédéral, géant économique mais nain géopolitique, et qui tient à le rester. À mon avis, l’une des explications profondes est que le mouvement fédéraliste européen, reprenant pendant et après la seconde guerre mondiale des thèmes apparus dès les années 30, à la suite du traumatisme de la Grande Guerre, a voulu détruire systématiquement les systèmes politiques reposant sur des politiciens professionnels et sur le parlementarisme, ainsi que les États-nations fauteurs de guerres. Le « Message aux Européens » proclamé lors du Congrès européen de La Haye en 1948 fixait des objectifs qui sont ceux de l’Union européenne aujourd’hui : « la libre circulation des hommes, des idées et des biens », « une Charte des droits de l’homme », « une Cour de justice » et « une Assemblée européenne ». Et il ne parlait pas de sécurité et de défense de l’Europe…

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • SOLIDARITÉ KOSOVO !... : CONVOI D’ÉTÉ 2021 : DU MATÉRIEL POUR LES ÉCOLIERS DU KOSOVO-MÉTOCHIE

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    Site officiel : Solidarité Kosovo

    lafautearousseau "aime" et vous invite à "aimer" la page facebook Solidarité Kosovo :

    https://www.facebook.com/solidarite.kosovo/

    CONVOI D’ÉTÉ 2021 : DU MATÉRIEL POUR LES ÉCOLIERS DU KOSOVO-MÉTOCHIE

    En juin 2021, une équipe de volontaires français s’est rendue auprès des habitants des enclaves serbes du Kosovo-Métochie pour y distribuer du matériel scolaire aux enfants d’une dizaine d’écoles et témoigner de l’amitié de milliers de Français. Un convoi d’été qui n’avait pas eu lieu depuis près de dix ans, que nos volontaires ont tenu à organiser en raison de l’aggravation de la situation, tant sanitaire que sécuritaire, au Kosovo, et qui a été un nouveau beau succès pour Solidarité Kosovo. Nous vous en racontons certains moments clés.

     

    Dimanche 13 juin, Belgrade. Nos volontaires retrouvent Arnaud Gouillon, Président de Solidarité Kosovo, pour un dernier briefing avant de prendre la route vers le Kosovo-Métochie. Rappel des règles de sécurité pendant tout le convoi et de l’attitude à tenir au passage administratif. Pas d’inquiétude particulière, mais on ne sait jamais : quand Arnaud a été arrêté et interdit de séjour, rien n’avait pu le laisser deviner ; la prudence reste donc de mise, comme à chaque convoi. Arnaud nous demande de saluer de sa part tous nos amis du Kosovo-Métochie, et nous prenons la route pour six heures de voyage.

    Avant même d’arriver au Kosovo, nous vivons un moment amusant et touchant : à quelques kilomètres du passage administratif, nous faisons une pause pour nous désaltérer dans une petite ville. Nous nous installons à une terrasse bien remplie et bruyante : sur une télévision installée là, Novak Djokovic est à quelques points de remporter la finale de Roland-Garros… ce qu’il fait rapidement, sous les vivats des clients du bar. Nous nous amusons de vivre ce moment ici, en Serbie, si bien qu’un de nos voisins comprend que nous sommes Français, s’approche de nous, nous parle de sa fille qui vit à Orléans, et nous offre une tournée pour fêter cette victoire, notre rencontre et l’amitié entre nos deux peuples. Surréaliste, ce moment nous plonge d’emblée dans le bain.

    Lundi 14 juin au matin, nous retrouvons nos amis Milovan et Marko devant l’entrepôt du bureau humanitaire de Gracanica. Joie des retrouvailles pour certains, joie de la rencontre et de la découverte pour d’autres. Nous nous mettons au travail : il y a deux palettes de matériel scolaire, récolté en France par plusieurs associations franco-serbes, à trier, à mettre dans des cartons plus petits, à charger dans les trois fourgons qui composeront ce convoi.

    À partir de ce moment-là, les journées s’organiseront de la façon suivante : le matin, tournée des écoles pour distribuer ce matériel aux enfants (qui n’ont classe que le matin en cette fin d’année scolaire) ; l’après-midi, rencontres et visites diverses. Sur le papier, c’est un peu monotone ; en vrai, chaque nouvelle rencontre est une nouvelle histoire à découvrir, dure, touchante, joyeuse, encourageante, et tout ce qu’on peut trouver entre tout ça sur la palette des émotions.

    Il y aura Pavle et Sava, deux jeunes frères élèves de la même école, qui nous marqueront par l’évidente misère dans laquelle ils vivent. Vêtements usés, chaussures trouées sans chaussettes… Milovan nous en dira plus sur leur quotidien : ils vivent avec leurs parents et leurs cinq frères et sœurs dans une maison vide où les seuls meubles sont constitués de planches en bois posés sur des parpaings. Nous demandons les âges des enfants et laissons un carton entier de vêtements et de chaussures pour toute la famille. Puis nous partons le cœur gros de n’avoir pu faire plus.

    Pavle et Sava observent les volontaires préparant la distribution.

    Il y aura cette école où nous sommes accueillis par seulement cinq élèves. Cinq enfants qui n’ont pas d’autres amis que chacun des quatre autres… Malgré le planning chargé ce jour-là, nous improvisons un match de foot dans le pré qui sert de cour de récréation. En repartant, Milovan confie à un volontaire qui l’accompagne qu’il lui arrive de pleurer en pensant à ces enfants : « Ils font partie de ceux qui ont la vie la plus difficile de tout le Kosovo-Métochie, leurs parents sont non seulement très pauvres, mais surtout terriblement isolés, alors que c’était une région très peuplée avant la guerre. » Le long de la route, des ruines se succèdent pendant plusieurs centaines de mètres…

    Qu’importe le planning : l’isolement de cette école nous incite à improviser une partie de football avec ces enfants qui vivent si seuls…

    Il y aura ces enfants qui chanteront pour nous deux chansons traditionnelles serbes du Kosovo dans leur école posée au milieu de collines couvertes de coquelicots, chansons qu’ils connaissent sur le bout des doigts et chantent avec beaucoup de cœur.

    Dans cette salle de classe, une chorale s’improvise, qui nous interprète des chants traditionnels serbes du Kosovo, que tous les enfants connaissent par coeur.

    Il y aura ce directeur d’école, très digne, qui nous affirmera ne manquer de rien… sinon de la liberté. Mais refusant de se plaindre des conditions matérielles dans lesquelles il est contraint de faire son travail : « J’ai des locaux en relativement bon état, j’ai des manuels, j’ai même quelques ordinateurs… Je ne suis pas à plaindre, beaucoup n’ont rien de tout ça. » Et de terminer en nous demandant de simplement revenir les voir : « C’est ça dont nous avons le plus besoin : de savoir que nous ne sommes pas abandonnés. Même les mains vides, revenez nous voir ! » Une phrase que nous entendons souvent et qui reste toujours aussi émouvante pour nos volontaires.

    Il y aura cette enclave où le Père Serdjan a tenu à nous emmener parce qu’il y a un an et demi, pendant le convoi d’hiver, nous étions restés coincés par la neige gelée au début du chemin qui y mène. Chemin dont nous mettrons plus d’un quart d’heure à atteindre le bout, un quart d’heure de virages à flanc de collines, avec parfois quelques centimètres à peine entre nos roues et le bord du ravin. Là-haut, quelques familles avec des enfants effrayés par ces inconnus… Nous sommes sans aucun doute les premiers étrangers qu’ils voient. Une de nos volontaires devra déployer des trésors de persuasion pour parvenir enfin à obtenir un sourire discret de l’un d’eux. Nous repartirons en laissant plusieurs cartons.

    Sommes-nous les premiers inconnus que voient ces enfants qui vivent dans une enclave perdue au bout d’un long chemin de terre défoncé, qu’on ne peut prendre quand il y a de la neige ?

    Il y aura ces chants qui feront résonner les murs du Centre culturel de Gracanica à l’occasion des 700 ans de la fondation du monastère : « Cette jeune fille s’est avancée sur la scène, raconte un volontaire, puis a commencé à chanter. Mes très légères connaissances en serbe m’ont permis de comprendre qu’elle répétait “Nedam”, “Je ne donne pas”, puis qu’elle énumérait tout ce qu’elle ne donnerait pas : sa terre, ses églises, son village, ses montagnes… tout le Kosovo semblait être décrit dans son chant, déchirant et plein d’espérance à la fois. Et je revoyais moi aussi ces villages, ces églises, cette terre, que j’ai appris à aimer depuis quelques années que j’ai le bonheur de les parcourir pour en aider les habitants. Et je pleurais, de tristesse qu’il soit nécessaire de chanter ce chant, et de joie qu’il soit chanté aussi

  • ”Les expulser, oui, mais pour où ?” (3/6) : Un exemple historique, l'expulsion des Morisques d'Espagne en 1609...

    Nous avons donc vu (première note) qu'il fallait d'abord savoir exactement ce que nous voulions faire, et quel avenir nous voulions (ou ne voulions pas...) pour notre pays; et conclu que, une fois la volonté politique arrêtée, les modalités techniques de mise en oeuvre restent, naturellement, à fixer, sans que, pour autant, les difficultés soient insurmontables. 

    Nous avons vu ensuite (deuxième note) où en était la législation actuelle (que l'on peut d'ailleurs modifier, dans le sens de l'adoucissement ou au contraire du durcissement...), et que les textes en vigueur prévoyaient déjà la possibilité d'une déchéance (et d'une expulsion). La conclusion, à la fin de notre deuxième note, étant, comme à la fin de la première : si un Etat de droit décide de déchoir et d'expulser, il en a la possibilité et les moyens; c'est avant tout une question de volonté politique.

    Cette troisième note évoque un exemple historique : l'expulsion des Morisques d'Espagne, qui fut promulguée par Philippe III d'Espagne, le 22 septembre 1609. Et l'on verra que, sur deux points tout à fait majeurs, parler de l'Espagne de 1609 c'est parler de la France aujourd'hui, tant sont grandes, au point d'en être surprenantes, les ressemblances entre les deux situations (1). 

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    Les Morisques d'Espagne étaient ces descendants des populations d'origine musulmane converties au Christianisme par le décret des Rois catholiques du 14 février 1502. Parmi eux, il y avait des Arabes, des Berbères, mais également une grande majorité d'Espagnols qui s'étaient convertis depuis des siècles à l'Islam.

    Plus d'un siècle après leur conversion forcée au Christianisme, et bien que devenus, à force de métissage, physiquement indiscernables des « vieux chrétiens », une grande partie des Morisques se maintenait comme un groupe social cloisonné du reste de la société espagnole en dépit de la perte de l'usage de la langue arabe au bénéfice du castillan et de sa connaissance très pauvre des rites de l'Islam, religion que beaucoup continuaient toutefois à pratiquer en secret.

    morisques 1.jpgfemme morisque de Grenade (1)
     

               

    En 1568-1571 eut lieu la Rebéllion des Alpujarras, menée par les Morisques de Grenade (le dernier territoire à avoir été reconquis par les Espagnols, en 1492, ce qui mit un terme aux presque huit siècle de Reconquista). L'opinion selon laquelle cette minorité religieuse constituait un véritable problème de sécurité nationale gagna alors, régulièrement, du terrain. Les morisques étaient couramment soupçonnés de complicité avec les Turcs, les pirates barbaresques qui pillaient périodiquement le littoral espagnol, ou même avec les Français. Mais surtout l'année 1604 marqua le début d'une récession économique dans la péninsule, conséquence d'une première baisse dans l'arrivée des ressources du Nouveau Monde. La dégradation des conditions de vie des Chrétiens les mena à considérer avec défiance celles des Morisques.

    morisques 2.jpgfemme morsique de Grenade (2)
     
     

    C’est là un premier élément de ressemblance frappant entre les deux époques et les deux pays : la crise économique ....

    La répartition des Morisques à l'intérieur de l'Espagne était assez irrégulière : si leur présence était négligeable en Castille et dans tout le nord/nord ouest, ainsi qu'en Catalogne, ils représentaient environ le cinquième de la population de l'Aragon, le tiers de la population du royaume de Valence, et plus de 55% dans le royaume de Grenade. Selon les estimations, leur nombre pouvait s'élever - au minimum - à environ 325 000 membres et - au maximum - jusqu'à un million, sur un total d'approximativement 8,5 millions d'habitants. Mais il faut noter que leur taux de croissance démographique était nettement supérieur à celui des Chrétiens.

    Mais voici le deuxième élément de ressemblance frappante entre l'Espagne de 1609 et la France de 2009 : contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'expulsion des Morisques ne faisait pas du tout l'unanimité dans l'opinion publique de l'époque. En clair, il y avait des partisans (et nombreux, et farouches...) de la présence de ces populations en Espagne. Et pour quelle(s) raison(s) ? Tout simplement parce que - pour ne parler que d'elles - les noblesses aragonaises et valenciennes profitaient de cet état de fait, particulièrement en termes de main-d'œuvre sur leurs terres. La classe paysanne, cependant, voyait les morisques d'un mauvais œil et les considérait comme des rivaux. Ne retrouve-t-on pas là nos patrons véreux d'aujourd'hui, qui ont fait le choix de compromettre l'avenir économique du pays, dans le but d'augmenter leurs profits immédiats, grâce à une main d'oeuvre bon marché (ce que nous traduisons par chair à profit....), plutôt que d'investir dans la Recherche et préparer l'avenir par les investissements ?... Et, parallèlement, le petit peuple qui voit d'un mauvais oeil ces concurrents sur un marché du travail qui se rétrécit ? (voir les récentes manifestations ouvrières en Angleterre pour le travail anglais aux anglais...) 

    Jusqu'en 1608 la politique menée envers les Morisques avait été celle de la conversion, bien qu'il y ait eu quelques tentatives de politiques plus radicales de la part de Charles Ier (c'est-à-dire Charles Quint, le même roi étant Charles Premier d'Espagne et Charles V, empereur d'Allemagne) et de son fils Philippe II, respectivement en 1526 et 1582. Ce n'est cependant qu'à partir de 1608 que le Conseil d'État commença à envisager sérieusement le choix de l'expulsion, pour la recommander au souverain l'année suivante.

    Le déroulement de l'expulsion dans l'ensemble des royaumes espagnols se prolongea jusqu'en 1614. Le nombre de personnes ainsi concernées varie, comme nous l'avons vu plus haut, entre 300 000 (fourchette basse) et 1.000.000 (fourchette haute).

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    Il fut décidé de commencer par Valence (ci dessus), la zone la plus concernée par la mesure. Les préparatifs furent menés dans le plus grand secret. À partir du mois de septembre des régiments d'infanterie, les tercios, venus d'Italie (ci dessous, ceux dont parlera Hugo: "la redoutable infanterie espagnole...") prirent position dans le nord et le sud du royaume de Valence et le 22 du même mois le vice-roi ordonna la publication du décret. L'aristocratie valencienne se réunit avec des représentants du gouvernement pour protester contre l'expulsion qui supposait une diminution significative de ses revenus, mais l'opposition faiblit avec la promesse de récupérer une part des propriétés terriennes des Morisques. On permit à ces derniers de prendre tout ce qu'ils pouvaient emporter, mais leurs maisons et terrains furent octroyés à leurs seigneurs, sous peine de mort en cas d'incendie ou de destruction avant le transfert des biens.              

    morisques 3.jpggravure d'époque de Vicente Carducho, Musée du Prado.
    On y voit bien la présence des troupes, à droite...

                 

                            

    À partir du 30 septembre, ils furent menés aux différents ports du royaume, où on les obligea même à payer le trajet. Les premiers Morisques furent transportés vers Oran et les ports de l'Oranie, où ils furent quelquefois fort mal reçus et parfois même attaqués par les autochtones. Ceci causa de grandes craintes parmi la population morisque n'ayant pas encore été déportée, et le 20 octobre se produisit un soulèvement contre l'expulsion. Les rebelles furent vaincus en novembre et l'expulsion des Morisques valenciens fut menée à terme.

    Au début de 1610 eut lieu l'expulsion des Morisques aragonais, suivie en septembre par celle des catalans....

    On remarquera que nous nous bornons, ici, à rappeler un fait historique, et que notre but n'est pas de porter un jugement de valeur. Nous nous contentons de constater, à travers cet exemple, que si et quand un gouvernement, un Etat, un pays, décide, pour telle ou telle raison, d'expulser, il peut le faire, et que cela s'est vu dans l'histoire....

    On en revient donc toujours à notre affirmation du début: c'est une question de volonté politique.... (à suivre...)

    morisques 4.jpg             Pere Oromig, Embarquement des Morisques au Grao de Valence
     

     

    (1) : Cette comparaison presque absolue que l’on peut faire, sur deux points essentiels, entre la situation de l’Espagne d’alors et celle de la France d’aujourd’hui peut d'ailleurs s'étendre aussi, plus généralement, à l’Europe ; et, plus généralement encore, à l’ensemble du monde blanc…..

  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse de lafautearousseau...

     

    On n'est pas obligé - surtout dans les termes employés - de partager en totalité l'analyse de Syndicat France Police - Policiers en colère, mais on ferait bien de s'alarmer un peu plus, ici en Métropole, de ce qui se passe, là-bas, à Mayotte, et - au moins - d'entendre l'avertissement :

    "La guerre civile à #Mayotte est un avant goût de ce qui va se passer en Métropole. Les #migrants attaquent les forces de l'ordre et veulent prendre le pouvoir pour fonder un Califat. C'est la conséquence directe de la politique laxiste de la France vis-à-vis des #clandestins"

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    "Surtout dans les termes", disons-nous. Mais, qu'est-ce que cela signifie ? "C'est par les mots qu'on désigne les idées, et c'est sur les idées qu'on s'entend", disait notre grand Jacques Bainville. Or :

    1. On a tort de parler de "migrants" et de "clandestins", car il n'y a ni "migrants" ni "clandestins", c'est employer le vocabulaire de l'ennemi que de parler ainsi, et on a perdu d'avance si on le fait. Il n'y a que des des envahisseurs :

    • qui ne viennent nullement chez nous pour accepter et recevoir avec joie "l'héritage France" et pour prolonger "l'aventure France" pendant encore des siècles; mais, bien au contraire, pour remplacer notre Culture, notre Civilisation, nos Moeurs, Coutumes et Traditions par les leurs - qu'ils fuient, justement, dans les pays dont ils sont originaires et où elles règnent en maîtresses absolues...

    • et qui veulent tout simplement, au passage, profiter en s'en accaparant du fabuleux héritage matériel que nous ont légué nos deux millénaires de labeur, illuminés par notre filiation gréco-romaine et judéo-chrétienne...

    2. Il faudra donc "faire partir" ces envahisseurs que le Système, la République idéologique a volontairement "fait entrer", en masse, dans le but de diluer, dissoudre et faire disparaître ce que les révolutionnaires au pouvoir considèrent comme un "maudit peuple français", qui, malgré un siècle et demi de bourrage de crâne et de mensonge officiel, malgré l'état mental, moral et spirituel inquiétant et très dégradé dans lequel il se trouve, persiste à exister encore, même très affaibli et très pâle, persiste à être toujours là. Et, cela, ce "faire partir" les envahisseurs, ce ne sera pas une "guerre civile" mais bien une "guerre de libération nationale".

    3. Il reste bien entendu que ne sont pas visés par l'expulsion nécessaire une bonne part des étrangers entrés en France depuis les années Chirac (années 1975/76, début de l'immigration/invasion de masse imposée à la France, qui ne demandait rien...). Tous ceux qui ont une attitude correcte et positive (et ils sont légion...) depuis leur entrée sur le territoire sont maintenant "français de souche par naturalisation", pour reprendre la belle formule de notre ami Jean Messiha. Ils sont nos amis, nos frères, nos compatriotes et "ils" ou "elles" enrichissent la France, c'est une affaire entendue, mais, comme on le sait, ce qui va sans dire va encore mieux en le disant...

    Donc, en conclusion, cette "guerre de libération nationale" qui vient, qui va s'imposer d'elle-même, par le fait même de la conduite des envahisseurs brutaux et tyranniques, seule la révolution royale pourra la mener, puisque c'est le Système, la République idéologique, qui a livré la France aux envahisseurs; et qui continue et accélère même le processus de dépossession des Français de leur France...

    Elle nécessitera très probablement une insurrection des citoyens mais aussi le recours à l'armée, vu la puissance numérique, matérielle et financière des forces d'invasion : heureusement que Louis-Philippe a créé la Légion étrangère !

     

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    1. De Jean-Christophe Buisson :

    "Dans @Le_Figaro, encore un excellent reportage de @zazpierson en #Armenie, où elle a rencontré le fondateur et quelques uns des 4.000 citoyens-soldats du groupe VOMA qui se forment pour résister les armes à la main à la prochaine attaque militaire des Azéris."
    (que l'on préfère, à lafautearousseau, appeler "nazéris", ndlr)
     
    "Réservé aux abonnés", voici l'entame de cet article :
     

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    2. D'accord avec Philippe de Villiers, au cas où cette idée baroque, absurde, folle se concrétiserait :

    "Le Parlement s’apprête à mettre l’avortement des enfants à naître dans la #Constitution au moment même où il débat de l’interdiction de la #corrida. Il vaut mieux aujourd’hui être un taurillon qu’un embryon humain. L’Histoire jugera sévèrement ce suicide collectif. #IVG"

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    3. La France de Macron et, plus généralement, du Système : nous sommes le pays le plus taxé au monde, le plus "tondu", nous ne payons plus des impôts, il n'y a plus de "consentement à l'impôt", mais nous sommes victimes de rackett légalisé, d'une immense extorsion de fonds "en bande organisée" et tout ça pour quoi ? Plus on paye, moins on a...

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    4. Michel Onfray parle de la Nupes, des négriers : à l'exception du mot "migrant", qu'il a tort d'employer -comme tout le monde - il a raison sur tout...

    "Ce bateau de migrants, c’est l’arbre qui cache la forêt. Mélenchon est un négrier, la NUPES est négrière. Quand vous allez chercher des gens dans leurs villages pour les faire traverser en échange d’argent, vous êtes un négrier..."

    (extrait vidéo )

    https://twitter.com/Omerta_officiel/status/1595467939884716034?s=20&t=fT6ZxqjXQiw27n5_41MJng

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    5. D'accord avec Geoffroy Lejeune, sur l'escroquerie, "l'hypocrisie sans nom" d'Aymeric Caron, l'imposteur, qui veut se refaire une virginité en prétendant défendre la cause animale, lutter contre la souffrance animale et, pour cela, demande l'interdiction de la Corrida. Sauf que, dans son hypocrisie sans nom, il oublie, évidemment la barbarie sans nom, l'ignominie affreuse de l'abattage rituel : évidemment, 70% des musulmans de France votent LFI... :

    "L'abattage rituel est une vraie souffrance animale délibérée pour motif religieux en l'occurrence islamique, et Aymeric Caron s'en fiche éperdument"

    https://twitter.com/CNEWS/status/1595462595309355013?s=20&t=YegkqS7y0NZIkMvl0GkNvw

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    À lafautearousseau, nous l'avons dit, personne n'aime la Corrida. Mais on essaie d'être logiques et, comme on souhaite mettre fin, autant que possible, à "la souffrance animale", on n'oublie pas, par exemple, les horribles combats de coq et, surtout, le monstrueux abattage rituel...

    Bref, on n'est pas, mais alors pas du tout, comme ce Tartufe d'Aymeric Caron !

     

    6. Dans Aleteia.org : Ces pays où les chrétiens pourraient totalement disparaître...

    https://fr.aleteia.org/2022/11/23/ces-pays-ou-les-chretiens-pourraient-disparaitre/

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    7. vosgeshorizondurable communique :

    "ÉOLIEN - BAS-RHIN, VOSGES - CENTRALE ÉOLIENNE DE BELFAYS ET SEM ÉNERGIES DE BELFAYS. « L’AFFAIRE DE BELFAYS EN MARCHE VERS LA TRANSPARENCE… » À suivre…"
     

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    Cliquez sur l'image pour l'agrandir, puis utilisez le zoom... comme pour le document ci-dessous.

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    Le maire de Saâles, Bas Rhin, porte plainte pour escroquerie et majoration frauduleuse d’actifs auprès du Procureur de Saverne contre les promoteurs du projet éolien implanté sur sa commune, la municipalité se portant partie civile.

     

     

     

    À DEMAIN !

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