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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Dans La Provence, Coronavirus : les quatre vérités du professeur marseillais Didier Raoult.

    En pleine épidémie du Covid-19, le médecin marseillais anticonformiste sort "Épidémies, vrais dangers et fausses alertes". Didier Raoult revient sur l'histoire des coronavirus et les polémiques actuelles - sur son recours à la chloroquine notamment

    Détient-il le Graal ? Si le professeur marseillais Didier Raoult a mis du temps à se faire entendre au niveau national, son nom est désormais sur toutes les lèvres et sa solution pour enrayer la pandémie de coronavirus fait l'objet de l'attention de plusieurs pays étrangers comme de Paris.

    Dans un livre à paraître cette semaine chez Michel Lafon et sur ebook, ce médecin controversé qui dirige l'infectiopole de l'Assistance Publique - Hôpitaux de Marseille, à la Timone, fait le point de manière exhaustive sur cette pandémie. Il prend sa baguette d'enseignant pour expliquer ce qu'est un coronavirus, et notamment celui qui nous préoccupe. Il détaille son approche en évoquant aussi d'autres maladies dangereuses et à fort potentiel anxiogène, comme le choléra ou le typhus. Il s'efforce de comprendre et d'expliquer pourquoi sa manière d'appréhender la question n'est pas davantage prise en compte par les autorités sanitaires françaises. Enfin il pose un regard philosophique et quasi politique sur notre société et, précisément, comme il l'indique dans le sous-titre, les "vrais dangers" qui la guettent et les "fausses alertes" qui distordent le réel. Et, s'il n'est pas tendre, qui lui en voudra en cette période étrange d'essayer de remettre certaines pendules à l'heure, quitte à ne pas hurler avec les loups ?

    En avant-première, avant que ce livre n'arrive non pas dans les rayons des librairies - fermées - mais pourquoi pas sur vos liseuses ou vos tablettes, La Provence vous en propose en exclusivité des extraits choisis.

    À propos de la chloroquine

    Rappelons que, malgré tous ces « drames » successifs autour des nouveaux virus respiratoires, la mortalité par infections respiratoires ne cesse de diminuer et que, selon les éléments que nous avons, les infections respiratoires bactériennes et virales qui étaient à l'origine de 4,5 millions de morts par an il y a encore trente ans, tuent actuellement 2,6 millions de personnes, soit une régression spectaculaire, due à l'amélioration des conditions d'hygiène, l'usage des antibiotiques qui permet de diminuer les surinfections mortelles, et la vaccination contre les pneumocoques des trèsjeunes enfants (qui protège aussi les personnes plus âgées). Au bout du compte, tous ces drames successifs se sont accompagnés d'une augmentation considérable de l'espérance de vie (...)

    Par ailleurs la vitesse de réaction des Chinois dans la gestion des épidémies a été stupéfiante, en particulier dans son évaluation des molécules anti-infectieuses. Ils ont pu rapidement montrer que la chloroquine, un des médicaments les plus prescrits au monde et les plus simples, est peut-être le meilleur traitement des coronavirus et la meilleure prévention. Ce qui en ferait une des infections respiratoires les plus simples à prévenir et à traiter (...)

    Le coronavirus chinois

    Le coronavirus chinois, lui, a fait son apparition en décembre 2019 à Wuhan où une épidémie de pneumonie a été mise en évidence. Nous reviendrons sur la stratégie d'équipement des Chinois depuis l'épidémie de SARS, qui leur a permis de découvrir ce virus, d'en tester la sensibilité aux anti-infectieux et de mettre au point des techniques de diagnostic dans un temps record. Quoi qu'il en soit, peut-être partant du marché aux animaux où se vendent toutes sortes de bêtes sauvages destinés à être mangées – dont des chauves-souris –, des pneumonies sont apparues, certaines graves, parfois mortelles, en particulier chez les sujets âgés ou porteurs de polypathologies. La description de ce nouveau virus par la Chine a entraîné, comme on le sait, une hystérie mondiale en dépit du fait que très rapidement on ait identifié que la mortalité était moindre que celle annoncée au départ. C'est un phénomène général (...)

    La mortalité initiale très élevée a rapidement été pondérée par la réalisation de tests de diagnostic comme c'est à chaque fois le cas. Les premiers cas semblent tous mortels car seules les formes très graves sont testées, et au fur et à mesure que le diagnostic s'étend, la proportion de morts ne cesse de diminuer. Ainsi, jusqu'en janvier 2020, tous les morts se trouvaient en Chine continentale à part un seul, la mortalité de la zone Wuhan était de 5,6 % et, en dehors de cette zone, elleétait inférieure à 0,5 %. Cela signifie qu'elle rejoindra probablement la mortalité de la grippe qui est aux alentours de 0.1 %. Concernant la contagion, elle est définie par le nombre de personnes infectées par la maladie. Et bien sûr, cette manière de représenter la transmission n'est pas raisonnable. C'est une façon de transformer en mathématiques des phénomènes extrêmement complexes qui n'est jamais lucide. Parmi les causes de transmission, il y a celle entre les êtres humains, mais tous les humains ne transmettent pas la maladie de la même manière. Certains sont des « superspreaders » ; les enfants sont plus contaminants, mais moins malades ; les sujets âgés sont plus sensibles, mais moins contaminants, à l'exception des immunodéprimés, qui ont des multiplications virales pouvant être plus importantes. Un de mes collaborateurs insiste sur le fait que l'unedes différences entre les comportements en Chine et les comportements européens est que les Chinois ont l'habitude de cracher par terre, partout, ce qui frappe tous les Européens qui vont dans ce pays. Le risque que comportent les crachats à moto est probablement très important. Et il est possible que cela ait joué un rôle non négligeable dans la transmission du corona chinois, car dans les crachats se trouvent de nombreux virus !

    Cette situation épidémiologique n'est donc peut-être pas reproductible en dehors de la Chine. Il faut toujours avoir à l'esprit que les maladies infectieuses sont des maladies d'écosystème. La vision pasteurienne, un microbe, un homme, point final, comme celle de Koch, sont des notions intéressantes mais elles datent du XIXe siècle, elles n'expliquent qu'une petite partie des choses. Il y a la variabilité des microbes, du nombre de microbes, de l'hôte, de la voie de transmission, même dans les maladies interhumaines. Ce qui fait qu'on ne peut pas étendre l'épidémiologie de ce que l'on voit dans un endroit au reste du monde.

    La longue histoire des coronavirus

    Les coronavirus (du latin corona) sont une très large famille de virus qui doivent leur nom au fait qu'ils semblent dotés d'une couronne. Ce sont des virus très répandus qui atteignent aussi bien les oiseaux que les mammifères, et certains d'entre eux ont une transmission interhumaine. Ces derniers sont fréquents, tuent de temps en temps, mais sont complètement ignorés de la presse et de la plupart des autorités sanitaires du monde. Ce qui est vraiment étrange, car les coronavirus constituent la troisième cause d'infection respiratoire virale. Ces virus ont la particularité d'être les plus grands des virus à ARN, et présentent donc de fréquentes mutations. Ce sont des virus qui chez l'Homme ont longtemps été connus comme donnant des infections respiratoires hautes – surtout des bronchites – et des diarrhées (...)

    Leur histoire commence en 1965 lorsque Tyrrel et Bynoe identifient un virus obtenu chez un enfant présentant un rhume. Ce virus a été appelé 229E. À peine plus tard, Macintosh, à l'occasion d'un prélèvement respiratoire, trouve un autre virus très proche qui, lui, s'appellera OC43, et peu de temps après le nom coronavirus va être choisi pour nommer cette famille. Ils sont donc connus depuis 1967, mais leur diagnostic était rendu difficile par le fait que seule la culture permettait de le faire. C'est seulement au moment des diagnostics moléculaires, récemment, que leur place réelle a pu commencer à être évaluée (...) Le troisième à être découvert dans une pathologie humaine était le virus du SARS identifié en 2003 et qui, nous l'avons vu, aurait causé 880 morts avant de s'arrêter brutalement à l'été 2003 sans jamais plus réapparaître (...) Le coronavirus d'Arabie Saoudite, MERS-corona, a été trouvé en 2012 quand un patient a été hospitalisé à Djeddah ( ...) Et enfin le coronavirus de Chine a été isolé en 2019 (...) Ainsi, nous l'avons vu, le SARS est resté essentiellement cantonné en Extrême-Orient, hormis une mystérieuse épidémie exportée à Toronto, liée à une personne voyageant depuis Hong Kong (...) À Toronto, les conditions de gestion mises en place après le début de l'épidémie (port de masques, de gants et de tenues) ont permis d'arrêter la transmission à l'intérieur des hôpitaux de la ville. Concernant le MERS-coronavirus, là aussi une folie a pris le monde avec le risque de transmission de ce virus en dehors de son foyer initial. Il s'agit en réalité essentiellement d'une zoonose liée au chameau qui en est porteur. On ne sait pas pourquoi le chameau porteur donne des cas en Arabie Saoudite et pas dans les zones environnantes où les chameaux sont aussi porteurs du virus, mais cela laisse supposer qu'il existe un hôte intermédiaire. Après m'être rendu sur place, j'ai émis l'hypothèse que les babouins, qui sont extrêmement nombreux en Arabie Saoudite, qui fréquentent les chameaux et vivent en zone périurbaine au sein de bandes d'une taille tout à fait invraisemblable (plusieurs centaines d'animaux), ont peut-être été ces hôtes intermédiaires.

    (...) Cela devrait nous rappeler la disproportion entre les risques affirmés et les risques réels, et le danger des prédictions alarmistes. À ce sujet, signalons que ces épisodes de fièvre auront amené certains pays, dont la Chine, à installer des portiques de détection de la température pour tester les patients présentant de la fièvre afin d'éviter que ceux-ci transmettent une maladie dans le pays dans lequel ils arrivent...

    "Fake news"

    Le risque que le coronavirus chinois change les statistiques de mortalité française ou mondiale est nul. Il y a dans cette disproportion entre réalité et bruits plusieurs éléments : la peur des maladies nouvelles, l'intérêt des laboratoires qui vendent des antiviraux (Gilead a fait une progression boursière spectaculaire), l'intérêt de ceux qui produisent des vaccins par précaution (bien que l'on ne sache pas si la maladie sera encore là dans un an), de ceux qui sont heureux d'être sur un plateau de télévision comme experts virtuels, de ceux qui font de l'audimat sur la peur, et de ceux qui se voient en sauveurs providentiels. Cet évènement aura confirmé pour moi qu'il y a plus de vérités dans les réseaux sociaux et que la labellisation « fake news » est parfois l'arme désespérée de certains médias pour continuer à exister. Une de mes vidéos a temporairement été étiquetée « fake news » par le détecteur du journal"Le Monde" ainsi que par le ministère de la Santé. J'avais diffusé l'information des autorités chinoises sur l'usage d'un médicament dont j'ai déjà parlé et que je connais bien (la chloroquine et son dérivé l'hydroxychloroquine), sur son efficacité dans les études préliminaires sur 100 cas, confirmée par une courte communication et par une conférence de presse du Pr Zhong, une autorité chinoise reconnue dans le monde entier. Cela a déclenché des réactions violentes, qui exigeaient que je retire ma communication, et j'ai même reçu des menaces anonymes pour lesquelles j'ai porté plainte. Il est de plus en plus difficile de savoir de quoi on parle et nous avons créé un site d'information hebdomadaire sur Youtube intitulé « On a le droit d'être intelligent » (...). Il y a 20 virus associés aux infections respiratoires qui circulent dans le monde. Peut-être que le coronavirus de Chine deviendra le vingt-et-unième, ni plus ni moins grave, peut-être disparaîtra-t-il momentanément ou définitivement, peut-être restera-t-il limité à un écosystème spécifique, comme le Coronavirus d'Arabie Saoudite (MERS corona). L'avenir nous le dira (...)

    Peur de la mort

    La situation des épidémies et pseudo-épidémies actuelles reflète des comportements très profonds chez l'Homme. L'histoire est pleine de peurs de catastrophes naturelles et d'épidémies, et la Bible en donne de nombreux exemples. Devant l'inexplicable, devant la brutalité des phénomènes, les hypothèses étaient à l'époque plutôt religieuses ou basées sur le comportement coupable des Hommes. Plus récemment, Baudrillard, en 1970, nous a très utilement permis de comprendre qu'une part de l'oisiveté se nourrit de la peur de la mort et des catastrophes, tandis que la météorologie (comme renouvellement du culte du Soleil) occupe l'autre partie de notre information passive reçue des médias. La pérennité des comportements religieux et des peurs religieuses, ainsi que de la magie, a été bien rapportée par Mircea Eliade dans son Traité d'histoire des religions qui montre que, sous des formes différentes, les grands thèmes des peurs et des comportements religieux n'ont pas changé.

    Simulacres

    Dans nos sociétés, il existe des rôles différents : rôle de ceux qui font de la recherche ou découvrent les choses, rôle de ceux qui gèrent, et rôle de ceux qui transportent l'information. Avec l'accélération du temps que nous constatons aussi bien dans l'information que dans la gestion, les gestionnaires sont en place pour de courts laps de temps soumis à des élections récurrentes, comme je l'ai déjà dit. Il y a de plus en plus de confusion entre le pouvoir de décision, le pouvoir exécutif et le quatrième pouvoir, celui de la presse. Or, s'il est naturel que la presse lance l'alerte, il n'est pas naturel que les gens qui dirigent, les politiques, soient de même nature et aient le même genre de réactivité. La gestion demande de prendre son temps et de la distance, mais cela devient aujourd'hui inutile puisque les conséquences des actes des gestionnaires ne leurs seront pas directement imputées, elles viendront plus tard et seront noyées dans une nouvelle information. Cette fusion entre médias et décisionnaires s'observe, pratiquement par mariage ou par transfert, d'un métier à l'autre, un ministre devenant animateur, un animateur devenant ministre. Cela pose un véritable problème, qui nuit à l'équilibre des forces. Par ailleurs, l'autre livre de Jean Baudrillard, "Simulacres et Simulation", prédisait, lui, la création d'un nouveau monde digital (...) Dans ce monde que Baudrillard appelle l'hyperréalité, et qui a servi d'inspiration pour le film "Matrix", en fait, la réalité digitale n'a plus aucun lien avec la réalité physico-chimique, tout comme dans le livre "Simulacres" de Philip K. Dick, où les hommes politiques sont des simulacres, des hologrammes ou des robots. Ainsi, la déconnexion totale de la réalité observable avec la réalité rapportée est un problème qui devient majeur. Il s'agit de moins en moins d'une amplification, mais d'une distorsion de la réalité. Quand l'informateur multiplie par 20 un risque de mortalité et divise par 100 un autre risque, nous ne sommes plus dans une exagération, nous sommes dans un autre monde. Et c'est actuellement ce qui se passe (...) Les chiffres eux-mêmes deviennent indécents quand ils ne confirment pas la théorie dominante. En pratique, il n'y a pas réellement de solution, sauf que les nouvelles technologies permettent d'avoir un nouveau pouvoir, qui est suivi d'une communication non filtrée (pour l'instant). Nous pouvons le constater dans le domaine scientifique. Il existe une censure de fait sur les articles qui ne se situent pas dans le flux général de la pensée technique, mais de très nombreux journaux se créent, et l'envoi d'articles directement sur des sites sans filtres avant leur publication commence à se développer.

  • Djihadistes, Zemmour : La langue de bois est devenue une œuvre d’art contemporaine

    Laurent Cantamessi, dans Causeur, donne l'intéressante et très actuelle réflexion qu'on lira ici. On en discutera tel ou tel point. Elle a le mérite à nos yeux de montrer comment la barbarie nihiliste des fous de Dieu répond à la vacuité, au propre nihilisme, d’une société qui renonce à son histoire, qui renonce à exister et qui renonce même à nommer ses agresseurs, de peur qu’ils la frappent plus durement. Dialectique mortifère que cet article met en lumière et dont il incombe à la France de sortir. Lafautearousseau.  •    

    Ce n’est pas possible. C’est inconcevable. On nous avait pourtant promis la fin de l’histoire, la fin des guerres, la fin des frontières, la fin des religions, la fin des fanatismes, la fin des fins, la vraie der des ders, et voilà que ça repart. Nous étions pourtant bien tranquilles entre Européens, dans le petit vase clos de notre espace Schengen, convaincus d’avoir pour de bon réussi à abolir le passé, le présent et l’avenir, pour rêver d’un futur sans lendemain, un présent perpétuellement remis à jour : le jour sans fin, le vrai.

    Et voilà que, pour commencer, l’ours russe sort les griffes, furieux qu’on lui piétine les pattes tandis que le sommeil de l’Europe au bois dormant est troublé par des fous furieux, dont il est impossible d’évaluer le nombre et qu’aucun plan vigipirate ne peut arrêter, répondant à l’appel de Daech et se mettant en tête de faire exploser la France en fonçant sur des piétons dans un marché de Noël ou en attaquant un commissariat. Tandis que l’on était occupé dans les journaux à débattre du cas Zemmour ou de la place des crèches de Noël dans les mairies, la réalité s’est rappelée à notre mauvais souvenir. Le réveil est forcément un peu difficile. Madame le Procureur de la République à Dijon a avancé que le forcené qui a blessé treize personnes dans sa ville n’était qu’un simple déséquilibré dont les actes ne relevaient pas de l’entreprise terroriste. Comme si tous les types qui décapitent, roulent sur des piétons ou abattent des fillettes dans les cours d’école au nom de l’Islam n’étaient pas des déséquilibrés. Mais le procureur de Dijon avance que le fou furieux a simplement crié “Allahou Akbar” pour se donner du coeur à l’ouvrage. Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, a d’ailleurs confirmé ces propos. Il est donc établi qu’un type qui fonce à cinq reprises dans la foule en hurlant “Allahou Akbar” ne commet pas d’attentat. Il a simplement un coup de chaud, ce n’est pas un acte terroriste. Ceci n’est pas une pipe, écrivait Magritte en peignant une pipe. La langue de bois est devenue une véritable œuvre d’art contemporaine, à force d’absurdité. Les McCarthy et Jeff Koons peuvent aller se rhabiller, leurs provocations font pâle figure à côté des perles langagières qui dérivent dans l’immensité du vide politique.

    Mais en dépit de ces exorcismes médiatiques, le ready-made assassin a fait des émules. Deux heures après Dijon, c’est Nantes qui était la cible d’un autre “déséquilibré”, choisissant lui de foncer à travers un marché de Noël et faisant onze blessés. Vingt ou trente minutes après l’attentat, les médias ont attendu avec angoisse que l’on confirme ou non la nouvelle : le conducteur avait-il crié lui aussi “Allahou Akhbar”? Il s’agissait de pouvoir labelliser avec certitude ce deuxième acte de violence, comme si la cible choisie pour l’attaque n’était pas assez symbolique. Dans la foulée, le président annonçait la tenue d’une réunion ministérielle d’urgence, dont il ressortira sans doute qu’il convient désormais d’interdire les marchés de Noël ou d’apposer sur les tableaux de bord des voitures des autocollants invitant à la modération religieuse avant de prendre le volant.

    Ceux qui prétendent en Irak ou en Syrie servir l’Islam traditionaliste sont des déséquilibrés au même titre que ceux qui se jettent en voiture dans la foule ou ceux qui décident d’aller “faire le djihad” dans leur califat de déséquilibrés. Etait-il vraiment utile de préciser que ces fous de Dieu sont des fous furieux ? Ces fous-là d’ailleurs ne servent ni Dieu ni aucune sorte de tradition. Le fondamentalisme de Daesh et de ses multiples excroissances fanatisées n’est qu’un nihilisme parmi d’autres. L’islamisme renouvelé de 2014 ne propose qu’une table rase sommaire et ultra-radicale : plus de culture, plus de religion, plus d’histoire, seulement une sorte de mystique dévoyée mêlant la sacralisation de la violence à une caricature de théocratie qui séduit tous les laissés pour compte et les ratés, tous les perdants radicaux, comme l’écrivait Enzensberger, choisissant de se reconvertir en soldats de Dieu après avoir cessé de révérer le dieu Argent, lassés de ne pas devenir les petits arrivistes qu’ils rêvaient d’être.

    Ceci devrait poser question à l’Islam dans lequel cette « nouvelle radicalité » prétend trouver ses racines et sa justification morale. Cela devrait aussi poser question à l’imam de Lunel, ce prétendu religieux qui cautionne la barbarie nihiliste au nom des « enfants de la Palestine », comme le chauffard en croisade de Dijon prétendait agir « par empathie avec les enfants de Tchétchénie ».  Cela devrait enfin interroger les sociétés qui produisent ou accueillent ce genre de fanatiques sans oser les nommer clairement, une société qui fait tellement profession de se détester qu’elle est une cible parfaite pour cet Islam-là qui se rêve à nouveau guerrier et conquérant, une société qui oppose sa propre vacuité au vide de « cette religion sans culture », de cette « Sainte Ignorance ».

    La ridicule affaire des crèches de Noël a montré à quel point une minorité agissante raisonne encore en France, comme si nous étions encore au XIXe siècle ou coincés pour l’éternité dans un mauvais Don Camillo : ces « libres penseurs » prisonniers de leurs dogmes qui ne supportent rien de leur propre culture, ces antifas qui chassent les spectres d’une histoire qu’ils ne connaissent pas pour mieux ignorer les excès d’un monde qu’ils ne veulent pas voir. Le nihilisme de Daech, des jeunes djihadistes ou des déséquilibrés qui attaquent les commissariats ou foncent sur les marchés en hurlant « Allahou Akhbar » répond au nihilisme d’une société qui renonce à son histoire, qui renonce à exister et qui renonce même à nommer ses agresseurs, de peur qu’ils la frappent plus durement. Il fut un temps où Sartre compagnon de route enjoignait de prêcher le mensonge pour ne pas désespérer Billancourt. Aujourd’hui, alors que la gauche se fiche bien de Billancourt, il faut intervenir en Irak mais pas à Kobané la syrienne pour éviter de tuer un jeune djihadiste français. De même qu’après trois actes de terreur, certes perpétrés par des individus isolés mais revendiqués au même cri d’« Allahou Akhbar », il faut parler de déséquilibrés pour ne pas désespérer les banlieues.

    Les pouvoirs publics semblent tétanisés à l’idée d’appeler l’islamisme ou le terrorisme par leur nom au lieu de continuer à parler d’actes isolés, sans liens les uns avec les autres. Bien sûr qu’il s’agit d’actes isolés mais il existe un lien tellement évident entre ces trois attaques, qui ont eu lieu pour certaines à quelques heures d’intervalle, qu’il paraît presque surréaliste de le nier. Confrontés à cette menace, nous sommes désarmés par des années d’autoflagellation et de terrorisme intellectuel et nos dirigeants sont paralysés par la crainte de ne pouvoir préserver la paix sociale ou de « stigmatiser », péché mortel. Nous n’avons pas besoin de Daech ou de ses émules pour nous faire peur : quand il s’agit de nommer nos maux, nous sommes terrorisés par nos propres mots.  •

    Causeur

  • États-Unis, retour vers le futur, par Frédéric de Natal.

    Il existe dans les rangs Républicains un courant de pensée monarchiste hérité d'une tradition qui remonte aux origines de l'histoire des États-Unis.

    «Nos pères fondateurs, malgré ce que beaucoup de gens pensent, ont créé un gouvernement monarchique et non un gouvernement de type parlementaire. Des individus comme Alexander Hamilton, John Adams, John Jay, George Washington, James Wilson et d’autres ont travaillé pour créer un gouvernement qui permettrait l’unité entre tous les États. Ils ont créé une monarchie limitée, en s’assurant qu’aucune branche du gouvernement ne détiendrait la suprématie et ne deviendrait tyrannique. Nous voulons qu’un empereur héréditaire remplace la présidence actuelle, en conservant tous les pouvoirs conférés ou implicites présents dans la constitution ».

    frédéric de natal.jpgLongue chevelure blonde tombant à peine sur ses épaules et yeux bleus perçants, Austin Pomper est le fondateur de l’United Monarchist Party of America. Dans un pays qui a longtemps combattu l’oppression britannique, l’idée de voir un monarque à la tête de cette république fédérale peut paraître utopique. Réduit au rang de folklorisme, le monarchisme américain a connu plusieurs existences au cours de l’histoire des États-Unis. Les turpitudes liées à la présidence de Donald Trump viennent pourtant d’insuffler un vent nouveau à ce royalisme d’outre-Atlantique qui entend s’imposer comme une alternative dans une société radicalement fracturée.

    C’est le dernier né des mouvements monarchistes américains. L’United Monarchist Party of America (UMPA) revendique déjà plusieurs centaines de membres dans tout le pays, actifs sur les réseaux sociaux. À sa tête, Austin Pomper, qui est fermement convaincu que le système démocratique actuel est à bout de souffle, que seule une monarchie peut recréer l’esprit d’union cher aux pères fondateurs des États-Unis et empêcher une nouvelle sécession entre le Sud et le Nord. Lorsque les 13 colonies britanniques d’Amérique du Nord décident de réunir leurs destins sous une seule main, le 4 juillet 1776, c’est le républicanisme inspiré des idées philosophiques de Montesquieu, de Rousseau ou de John Locke qui est le système idéologique dominant dans les colonies. Centre des Lumières outre-Atlantique, la ville de Philadelphie va insuffler l’émergence d’une identité américaine aux insurgés qui désormais rejettent l’hégémonisme commercial et régalien de la monarchie hanovrienne de Georges III. Pourtant, à la veille de la révolution américaine, tous n’adhèrent pas à ce concept et certains cherchent à couronner la jeune nation en devenir. Une délégation parcourt les chemins d’Europe à la recherche d’un souverain et leur choix se porte sur Bonnie Prince Charlie, Charles Édouard Stuart : le prétendant jacobite les éconduit poliment. Leader du parti fédéraliste, Alexander Hamilton envoie un courrier au prince Henri de Prusse mais le goût prononcé pour les hommes du Hohenzollern, en dépit de ses talents militaires incontestables, ne permet pas l’instauration d’une monarchie héréditaire. Les partisans d’une monarchie jettent alors leurs derniers espoirs et leur dévolu sur George Washington lui-même. Riche planteur, ce général a été un des héros de la guerre d’indépendance, il est loin de s’opposer à cette proposition, la deuxième du genre qui lui est faite, mais il finit par refuser en dépit de titres aussi exotiques que farfelus qu’on lui soumet tels que « Sa Majesté élue », « Sa Splendeur » ou encore « Son Altesse le Président des États-Unis d’Amérique et le protecteur de leurs libertés ».

     

    La monarchie, remède pour une société américaine fracturée

     

    Austin Pomper regarde l’histoire de la France monarchique avec fascination. Comme tous les étrangers qui se passionnent pour le conflit dynastique, il a ses propres points de vue. Pour lui, la couronne passe par la branche des Orléans incarnée par le comte de Paris. « La monarchie n’est pas une relique du passé. C’est très naturellement que j’ai porté mon regard vers elle. C’est la forme d’organisation politique la plus logique selon moi. C’est le meilleur exemple de démocratie directe ou de démocratie représentative. Thomas d’Aquin et Aristote ont enseigné que le meilleur gouvernement est celui qui combine la monarchie, l’aristocratie et la démocratie, le système des trois vertus ». Dans les années 1970, en pleine présidence Nixon, un mouvement monarchiste américain avait surgi, la Constantian Society, cultivant la nostalgie de l’Ancien régime tombé en 1789. Il meurt avec son fondateur à l’aube du XXIe siècle, remplacé par un Royalist Party qui connaît un succès tout aussi mitigé. Présidence impériale, création d’un Sénat où siégeraient les membres de la maison royale, monarchie héréditaire avec primogéniture masculine, augmentation du nombre de représentants au Congrès et au Sénat, les propositions ne manquent pas. Un sondage est même en ligne sur leur site officiel aux couleurs du drapeau américain afin de savoir si les curieux de passage adhèrent à leur programme. « Les gens parlent du gouvernement central comme d’un gouvernement tyrannique, détenteur de trop de pouvoirs concentrés à Washington, et qui doit tomber » rappelle Austin Pomper qui renvoie ses compatriotes à leurs livres d’histoire. « Nous n’avons jamais demandé la chute du roi George III, nous lui avons adressé une supplique qu’il a ignorée. Nous n’avons pas eu d’autres choix que de prendre notre indépendance ». Mais à la question de savoir quel prince ceindrait une couronne, les monarchistes américains demeurent très indécis.

    « Nous sommes maintenant à la croisée des chemins dans notre pays. Ce dont nous avons besoin, c’est de mettre fin à ces combats constants, ces besoins de suprématie et de contrôle. Notre gouvernement national doit être réformé comme ceux des États d’Amérique. Si nous voulons survivre, si nous voulons nous unir, il est indispensable de nous transformer » affirme Austin Pomper. Pour autant, les monarchistes américains sont très divisés. Si l’UMPA a condamné l’attaque du Capitole et pointé du doigt la responsabilité de Donald Trump, il en est d’autres qui soutiennent l’ancien président des États-Unis. L’American Monarchist Society (AMS) entend favoriser « un vrai retour à une politique traditionaliste » et ne cache pas son adhésion aux idées extrêmes du Parti Républicain dont l’attitude durant quatre ans a dérouté plus d’un de leurs élus. « L’Amérique a besoin de se tourner vers des dirigeants puissants qui permettront d’inverser la tendance au sein d’une république qui mine notre société » rappellent les monarchistes de l’AMS qui citent volontiers Monseigneur Lefebvre en guise de référence ou encore l’UKIP britannique. « Une monarchie est fondée sur la nation, respectueuse de son passé, de son peuple et de sa culture » peut-on lire sur son forum de discussion. On évoque les monarchies constitutionnelles, absolues et électives. Cette dernière fait mouche. « Une élection par État afin d’élire démocratiquement un souverain » propose-t-on.

    Récemment, un historien, John Meacham, a publiquement accusé le Parti Républicain d’être devenu « un parti monarchiste, considérant Trump comme son roi, qu’il ait raison ou tort ». « Et c’est intéressant parce que dans l’esprit et la philosophie de l’ère fondatrice, c’est précisément ce contre quoi nous nous sommes battus » renchérit-il, raillant ces idéalistes qui pensent renverser utopiquement le système et refaire l’histoire.

     

    Illustration : De Bonnie Prince Charlie à Trump, les drapeaux de la discorde ou l’impossible quête de l’homme providentiel.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Éphéméride du 7 mars

    1875 : Naissance de Maurice Ravel

     

     

     

    1274 : Mort de Saint Thomas d'Aquin 

     

    Âgé de quarante-neuf ans, il se rendait au Concile de Lyon, où il avait été convoqué comme expert.

    Thomas avait fait trois séjours à Paris :

     D'abord, à partir de 1248, sous le règne de Louis IX (voir l'Éphéméride du 15 novembre);

     Puis il suivit son maître, Albert le Grand (dominicain lui aussi, et commentateur d'Aristote) à Cologne jusqu'en 1252 : en 1252, il revint  à Paris, où il resta sept ans, prenant en charge la chaire de Bachelier en Écritures, pour continuer comme Bachelier Sentenciaire (il fut, à trente et un ans, maître d’une chaire pour laquelle il en fallait trente cinq, selon les statuts et l’approbation pontificale).

    Au bout de ces sept années parisiennes, il fut appelé à Rome par le pape Alexandre IV, pour être incorporé à sa suite comme théologien pontifical;

    Enfin, il fit un troisième et dernier voyage à Paris, envoyé par le supérieur des Dominicains - avec le consentement du Pape - pour arbitrer et éteindre, dans l'université, de graves querelles doctrinales, grâce à son autorité et à son prestige. Après avoir brillamment accompli cette double mission, il retourna définitivement à Rome, au côté du pape. Mais c'est en se rendant une nouvelle fois en France, au Concile de Lyon, qu'il y mourut, en 1274.

     

    https://www.notredamedeparis.fr/decouvrir/peintures/saint-thomas-d-aquin-fontaine-de-sagesse/

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    Saint Thomas d’Aquin par Antoine NICOLAS, 1648, Notre-Dame de Paris. Don du couvent dominicain de l’Annonciation du faubourg Saint-Honoré, en 1974, à l’occasion du septième centenaire de la mort de saint Thomas.

    Avec ce tableau, Paris se souvient du "Docteur Angélique", de la "Fontaine de Sagesse", qui professa la théologie à la Sorbonne, et écrivit plusieurs ouvrages dont une partie de la "Somme" au couvent Saint-Jacques, et vint sûrement se recueillir à la cathédrale, dont il vit construire le transept au temps de saint Louis.

    Sur saint Thomas d'Aquin et ses rapports avec la France, voir aussi l'Éphéméride du 28 janvier et l'Éphéméride du 7 mars.

     

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    1765 : Naissance de Nicéphore Niépce

             

    Il est l'inventeur de la photographie.

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    1788 : Naissance d'Antoine Becquerel

               

    Premier de la dynastie des Becquerel, il est le grand-père d'Henri, Prix Nobel 1903.

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    1875 : Naissance de Maurice Ravel

     

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    Maurice Ravel : La Nuit

    (Orchestre philharmonique de Radio France / Mikko Franck) 

     
     

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    1884 :  Apparition des "poubelles"...

              

    Le Préfet de la Seine, Eugène Poubelle, impose l'usage de réceptacles fermés destinés à recevoir les ordures ménagères dans toute la ville de Paris. Ces récipients prendront rapidement, par antonomase, le nom de leur inventeur...

    Juriste, administrateur et diplomate, Eugène Poubelle fut Préfet de la Seine (donc de Paris) de 1883 à 1896. Le Préfet de la Seine était évidemment très influent, à une époque où il exerçait également la fonction de Maire à Paris. Il était notamment chargé de l'administration courante. C'est ainsi qu'Eugène Poubelle prit un arrêté en date du 7 mars 1884 qui obligeait les propriétaires d'immeubles à mettre à disposition de leurs locataires des récipients communs, munis d'un couvercle et d'une capacité suffisante pour contenir les déchets ménagers. Cette prescription a amélioré de manière considérable l'hygiène des foyers de la capitale, peuplée alors d'environ deux millions d'habitants.

    Eugène Poubelle fut également à l’origine de la mise en route du tout-à-l’égout : après l'épidémie de choléra de 1892, il fit passer, en 1894, un arrêté imposant aux propriétaires de raccorder leurs immeubles au réseau d'égout et de payer les frais d’exploitation afférents à la collecte de leurs eaux usées.

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    1936 : L'Allemagne remilitarise la Rhénanie

     

    Les troupes de la Wehrmacht occupent la zone démilitarisée de la Ruhr, le chancelier allemand, Adolf Hitler, ayant déclaré caduques les dispositions du Traité de Versailles par lesquelles l'Allemagne s'engageait à démilitariser cette région.

    Ci dessous - à Mayence, le 7 mars 1936... - lors de la remilitarisation de la Rhénanie, des civils allemands saluent les forces du Reich traversant le Rhin, en flagrante violation du Traité de Versailles...

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    Si les puissances occidentales s'insurgent en paroles face à cette violation du droit international, elles ne prennent aucune mesure concrète pour contrer l'Allemagne. Le service militaire obligatoire avait déjà été rétabli illégalement un an auparavant.

    En 1938, les accords sur les frontières seront à nouveau bafoués quand le Fürher ordonnera l'invasion de l'Autriche...

    En réalité, on assiste avec ces faits au dernier acte de la concrétisation de la prophétie de Jacques Bainville, prévoyant dès 1918 une nouvelle guerre dans les vingt ans. À cause du mauvais Traité de Versailles, "trop fort dans ce qu'il a de faible; trop faible dans ce qu'il a de fort".

    Pour une fois, ce n'est pas dans L'Histoire de France que nous nous plongerons, mais dans un autre ouvrage magistral de Bainville - qui en a écrit tant !... - : L'Histoire de deux peuples.

    Comme pour l'Histoire de France, il faut tout lire de ce chef d'oeuvre absolu.

    Voici les dernières lignes du chapitre VII (et dernier), Le réveil de la Walkyrie, de cet ouvrage remarquable en tous points : Bainville y est remonté aux sources, c'est à dire au calamiteux Traité de Versailles de 1918, qui a gâché la paix, après une guerre qui avait coûté tant de sacrifices matériels et humains au peuple français :

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    "... Stresemann avait déjà disparu de la scène, lorsque son oeuvre fut couronnée par l'évacuation de Mayence. La France avait le droit d'occuper jusqu'en 1935 la ville que Thiers, jadis, appelait "la place la plus importante de l'Europe". Avertissements, pressentiments, tout fut inutile. On alla jusqu'au bout du système de Locarno comme on était allé jusqu'au bout de la guerre. Ce qui répondait du respect des traités et même de l'existence de la démocratie allemande fut abandonné.

    Alors ce fut comme si l'Allemagne, libérée dans son territoire, l'était dans ses passions. En quelques mois elle fut embrasée à la voix d'un étrange Messie. On se refusait encore à croire qu'elle pût se livrer à Hitler. En quelques étapes il conquit le pouvoir que lui ouvrait le maréchal Hindenburg dont il avait été le concurrent et qu'il avait violemment combattu. Puis, en quelques jours, l'Allemagne se donnait à l'expression la plus extrême du nationalisme. L'Empire des Hohenzollern commença, en secret, d'être regretté dans le monde comme une forme de gouvernement modérée et libérale auprès du régime hitlérien. Conservée dans son unité, l'Allemagne avait donc mûri ce fruit ! Et même, l'unité sauvée par les vainqueurs, Hitler la consommait. Il allait plus loin que Bismarck, plus loin que la révolution de 1918 et que l'assemblée de Weimar. Il supprimait les dernières traces du fédéralisme. Il mettait un statthalter prussien jusqu'à Munich et la Bavière protestait encore moins qu'en 1871 lorsqu'elle avait été "avalée".

    Ainsi l'histoire des deux peuples se poursuit. Elle offre, dans la phase qui finit et dans celle qui commence, ce caractère redoutable que jamais les Français n'ont si peu compris les Allemands. Leurs raisonnements et leurs sentiments nous échappent. Leur monde intellectuel et passionnel n'est pas le nôtre. Jamais peut-être ils n'ont été plus différents de nous. Même l'art est fertile en malentendus. Lorsque nous écoutons Siegfried, lorsque le héros, traversant le cercle de feu, réveille Brunhilde endormie, ce théâtre est pour nous de la mythologie puérile, prétexte à musique. Cette musique, pour Wagner, était celle "de l'avenir". Et la Walkyrie chante : "Salut à toi, soleil ! Salut à toi, lumière ! Jour brillant, salut ! Long fut mon sommeil. Quel héros m'a réveillée ?" Paroles d'opéra ici. Là-bas, symbole de la résurrection et de la métamorphose. Autre et semblable à elle-même, l'Allemagne annonce quels destins ? "

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    1938 : Naissance d'Albert Fert

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  • Le dernier numéro (1180) de Royaliste est paru...

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    Sommaire
    Page 2 – Grèves : quelques hypothèses. – Construire un nouveau contrat social.
    Page 3 – Horreur numérique : le cas d’Amazon. – L’écho du net.
    Page 4 – Mgr le Comte de Paris : Sur les déserts médicaux. – La quinzaine sociale.
    Page 5 – Sahel : le désert des Tartares.
    Pages 6/7 – La réunification manquée de l’Europe.
    Page 8 – Ce corps charnel qu’on veut anéantir.
    Page 9 – L’ère du clash.
    Page 10 – Cinéma : Adults in the room . – BD : retour à Notre Dame des Landes. – Exposition : Moderne Maharadjah . – Lecture : Ravel.
    Page 11 – Le mouvement royaliste.
    Page 12 – Éditorial : De la Résistance à la révolution ?
     
    Nouvelle Action royaliste – 36-38, rue Sibuet - Bloc C - boite 13 - 75012 PARIS
  • Le nouveau numéro de « Royaliste » (numéro 1250, daté du 13 février) est paru...

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    AU SOMMAIRE
     
    Page 1 - Vert-de-gris
    Page 2 – Retraites: « C’est l’combat qu’on mène! » – Sur le mur de Jean Chouan.
    Page 3 – Après les balcons, l'oubli ? – La politique au crible.
    Page 4 – L'Union européenne, cette grande nébuleuse. – La quinzaine sociale.
    Page 5 – Dans le bain communautaire.
    Page 6 – Pérou : un narco-État prospère. – Voix étrangères. – Les Faits marquants.
    Page 7 – Trois sommets à Ryad : De Zheng He à Alibaba.
    Pages 8-9 – L'eau, une ressource politiquement sensible (Entretien avec François Molle).
    Page 10 – Chine : vers l'effondrement de l'empire ?
    Page 11 – Adieu à Philippe Tesson.
    Page 12 – La littérature sous contrôle – La BD se porte bien, mais…
    Page 13 – Monsieur de Charette au cinéma.
    Page 13 – Interdit aux chiens et aux Italiens. – Séries TV : Glass Onion.
    Page 14 – Henri d'Astier de La Vigerie (deuxième partie).
    Page 15 – Brèves royales.
    Page 15 – Mercredis de la NAR – Journée de l'IFCCE.
    Page 16 – Éditorial : La colère des sacrifiés
     
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  • Un sujet, deux médias, deux lecteurs…. et deux réactions/conclusions fort opposées…..

            Ces derniers jours, on a parlé de la Reine d'Angleterre, plus particulièrement, et de la Monarchie, plus généralement, dans deux médias fort différents : sur Arte et sur La Croix.

          Deux lecteurs habituels, amis de notre Blog, ont écouté et lu ces documents, et nous ont envoyé chacun son commentaire.....

          DC a été dégoûté du document diffusé sur Arte, alors que MP - qui nous fait parvenir le texte de La Croix que nosu reproduisons ci-après - nous dit simplement que cet article montre que les esprits peuvent évoluer.....

    1. de DC sur Arte :

    "....Pour information, avez-vous regardé le document diffusé sur Arte ce mardi 31 janvier "ballade pour une reine" ?
    Une horreur.
    Voici le commentaire que j'ai formulé sur le site internet des téléspectateurs d'Arte, j'invite ceux qui y adhèrent à faire de même.

    LES 60 ANS DE REGNE D'ELISABETH II MERITENT MIEUX QUE LE TORCHON ANTIMONARCHISTE ET CULTURELLEMENT NUL QUE VOUS AVEZ CRU BON DE PRESENTER SUR ARTE.

    CE REPORTAGE DE CANIVEAU N'EST PAS A LA HAUTEUR D'UNE CHAINE TELLE ARTE QUI EST CENSEE APPORTER UN REGARD CULTUREL SUR UN THEME (CELUI DE LA MONARCHIE PARLEMENTAIRE EN L'OCCURENCE  ET DU ROLE DE LA REINE) ET NON UN VOMI DE CARICATURE SUR UNE INSTITUTION QUE LA MAJORITE DES BRITANNIQUES SOUTIENNE N'EN DEPLAISE AUX "EMINENTES PERSONNALITES" FREQUENTEES PAR LE REALISATEUR DE CETTE MONSTRUEUSE BALLADE.

     

    2. de MP, l'article "royal" de La Croix :

     

    La royauté, un système politique d’avenir

    Devenue reine d’Angleterre le 6 février 1952, Élisabeth II célèbre son jubilé de diamant.

    Fils cadet du roi Georges V, le duc d'York, père d'Elisabeth II, n'aurait jamais dû régner. Il monte finalement sur le trône, après l'abdication de son frère Edouard VIII, en 1936. La princesse Elisabeth est désormais princesse héritière. 

    Les sept monarchies d’Europe restent populaires, car elles ont su se moderniser.

    Les personnalités royales incarnent la nation et sacralisent les moments forts vécus par leur pays. 

    « Le monde entier est en révolte. Bientôt il ne restera plus que cinq rois – le roi d’Angleterre, et puis ceux de Pique, de Trèfle, de Cœur et de Carreau » , déclarait, en 1948, le roi Farouk d’Égypte. S’il voyait juste pour lui-même, contraint peu après à l’exil, et pour sa région qui a chassé ses monarques, l’Europe, pour sa part, a conservé ses monarchies – Royaume-Uni, Belgique, Pays-Bas, Danemark, Suède, Norvège –, auxquelles s’est ajouté en 1975 le royaume d’Espagne, et ses principautés – Luxembourg, Liechtenstein, Monaco, Andorre.

    Alors qu’Élisabeth II, 85 ans, célèbre cette année les soixante ans de son règne – elle est devenue reine d’Angleterre le 6 février 1952 et a été couronnée le 2 juin 1953 – rois et reines d’Europe sont solidement installés sur leurs trônes. Les sondages affirment que tous – même en Belgique, où le roi est impopulaire en Flandre – conserveraient leurs trônes en cas de référendums.

    Plus de 220 millions de personnes dans le monde (en comptant les 15 pays du Commonwealth où la reine d’Angleterre est souveraine) sont les « sujets » de rois européens. Ils tolèrent, et très souvent apprécient, un système politique anachronique, où le chef de l’État doit sa position à sa naissance. Une adhésion qui vient sans doute d’abord de l’ancienneté de la continuité de systèmes qui ont duré – plus d’un millénaire au Danemark, la plus ancienne monarchie d’Europe, mille ans au Royaume-Uni – et ont façonné leur pays.

    La reine, « une respectable vieille grand-mère »

    « Si on voulait se passer de la reine, il faudrait changer tout le système politique », souligne Peter Conradi, journaliste au Sunday Times  et coauteur du livre Le Discours d’un roi  (1). Gouverneur suprême de l’Église d’Angleterre, chef des armées, responsable de la nomination du premier ministre, la souveraine joue un rôle politique important, et reçoit chaque semaine le chef du gouvernement. « Il n’y a que deux personnes dans le monde à qui on peut dire sincèrement ce qu’on pense de ses collègues : sa femme et la reine »,  disait Tony Blair.

    Figure de proue de la diplomatie, la reine d’Angleterre, plus que ses homologues européens, incarne des événements historiques majeurs, comme le rapprochement avec une Irlande pacifiée qu’elle a scellé symboliquement lors d’une visite à Dublin en 2011. Elle reste au-dessus des partis. « Un président nous diviserait , estime Rodney Barker, professeur à la London School of Economics. Mieux vaut une respectable vieille grand-mère. Les vertus de la reine peuvent sembler ordinaires, elle n’est pas charismatique, mais elle est perçue comme une personne honnête et consciencieuse, travaillant dur, qui a le sens de ses devoirs » , ajoute le politologue.

    Stabiliser un pays, le faire exister sur la scène internationale et faire respecter son indépendance, c’est ce qu’un roi est le mieux à même de faire. Tel était l’avis des Norvégiens lors de l’instauration du royaume européen le plus récent, en 1905. Il s’agissait pour le pays de s’émanciper de la Suède, d’être reconnu au niveau international et de survivre plus longtemps en tant que nation indépendante. La monarchie a réussi ce pari et est sortie renforcée de la Seconde Guerre mondiale, le roi Haakon ayant refusé de capituler face à l’Allemagne et pris la tête de la résistance. À l’inverse, les faiblesses pronazies de certains monarques les ont conduits soit à l’abdication (en Belgique), soit à une limitation presque totale de leur rôle politique (en Suède).

    Modernité

    Le roi d’Espagne a joué le même rôle de stabilisation politique et de garant de la jeune démocratie née après le franquisme, quand il s’est opposé en février 1981 à un coup d’État militaire. Juan Carlos, image du monarque moderne, soucieux de sa popularité, a toujours su s’adapter. Ainsi, quand a éclaté en décembre dernier le scandale de corruption impliquant son gendre, Inaki Urdangarin, il a publié les comptes de la maison royale : un budget de 8,43 millions d’euros accordé par le Parlement, en recul de 5 % en 2011, année de crise pour le pays. Une somme inférieure au salaire d’un footballeur vedette et « modeste » par rapport aux 46 millions d’euros alloués en 2010 à la famille royale britannique, « ce qui représente 62 livres (74 €) par contribuable » , a calculé Peter Conradi.

    « Derrière les spectacles à la Cendrillon, les défilés, les carrosses, les institutions royales européennes sont des organisations modernes »,  ajoute-t-il. Albert II, roi des Belges, vient de décider, en pleine austérité, de ne pas utiliser cette année l’augmentation de 3 % de sa dotation (11 millions d’euros en 2011), alignée sur l’inflation par la Constitution. « Les personnalités royales sont une personnification du caractère national,  souligne Peter Conradi. Si elles se comportent correctement, elles incarnent leur pays. » 

    Tous les souverains européens s’y appliquent, sans pouvoir toujours empêcher les scandales. « Ce qui est le plus défavorable aux royautés, c’est d’avoir des membres de la famille royale se conduisant mal, abusant à l’excès des privilèges dont ils disposent sans rien faire,  analyse Rodney Barker. La famille royale britannique a évité les erreurs de conduite depuis des années. Elle n’est pas perçue comme abusant de sa position, ou ne remplissant pas ses obligations. »  

    Normalité

    Son atout majeur, outre la reine, est son petit-fils, le prince héritier William, « un jeune homme sérieux, travailleur, décent » . Incarnant les valeurs du devoir, le fils du prince Charles et de Lady Diana, pilote de la RAF, va être déployé en février avec son unité aux îles Falkland (Malouines), trente ans après la guerre qui a opposé le Royaume-Uni à l’Argentine.

    Son mariage, le 29 avril 2011, avec Kate Middleton, qui a fait monter sa popularité à 76 % d’opinions favorables, a été l’occasion de vérifier que les familles royales sacralisent les émotions d’un pays. William, tout en étant un Windsor, pourrait être moins distant que la reine ou le prince Charles et « adopter un style proche de ses sujets, hérité de sa mère : on se souvient de Diana serrant dans ses bras des malades du sida » , rappelle Rodney Barker.

    Un style à la scandinave où les monarques, proches des citoyens, partagent leurs émotions. On se souvient de la famille royale norvégienne, visiblement éprouvée par la tuerie d’Oslo de l’été dernier (77 morts), visitant des rescapés, et pleurant dans la cathédrale d’Oslo lors de la cérémonie d’hommage. En montrant leur humanité, ces représentants d’une institution contribuent aux valeurs communes de leur pays. Ainsi, selon Peter Conradi, « Le film  Le Discours d’un roi a été un succès populaire, car c’est avant tout l’histoire d’un homme qui lutte contre l’adversité – et, par ailleurs, il est roi – pour remplir correctement ses fonctions. Tous les Anglais de plus de 50 ans connaissaient cette histoire, mais pas les jeunes,  ajoute-t-il. Son effet a simplement été de montrer que le roi était un être humain. »  

  • Fin de partie pour le Régime ? par Hilaire de Crémiers*

    Le peuple français en a assez, celui qui travaille, qui vit, qui croit dans son pays. Il n’est plus représenté ; il n’est pas gouverné ; il est matraqué. 

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    C’est sans issue. Les institutions de la Vème République ont été si affaiblies qu’il faut prévoir qu’elles ne résisteront pas à l’ébranlement qu’elles subissent aujourd’hui et qui n’est que le début d’un séisme économique et social d’amplitude inconnue. La contrainte des événements est trop forte, le quinquennat trop fragile, le gouvernement trop hétéroclite et dans ses membres trop impotent, la majorité parlementaire trop divisée, trop apeurée, à vrai dire aujourd’hui trop minoritaire dans le pays pour être qualifiée encore, sinon de nom, de « majorité ». Rien dans l’état actuel de nos institutions n’est capable de s’opposer avec quelque force et raison à ce qui va advenir inéluctablement dans les prochains mois. La population commence à le pressentir ; les parlementaires qui visitent leur circonscription à s’en affoler ; les préfets à avertir avec la gravité requise ; le gouvernement enfin à s’en rendre compte quoiqu’avec retard, tout en s’illusionnant de formules et de faux espoirs comme c’est si souvent le cas en pareilles circonstances quand une situation se dégrade.

    Un chef qui n’en est pas.

    Même François Hollande doute, sinon de lui-même, car il est fat, mais de sa position exacte dont il cherche vainement l’équilibre, depuis longtemps rompu ; son malaise se sent jusque dans son élocution et ses comportements hésitants. C’est qu’il ne sait rien de la politique, la vraie, celle de la France dont les constantes pour tout esprit averti se retrouvent de siècle en siècle : il ne s’y est jamais intéressé comme tous ceux de son espèce et ne l’a étudiée qu’à travers les schémas conventionnels de ses études de bourgeois bohème et médiocre. Si on ne voit pas cet aspect personnel qui porte sur la qualité intime de l’homme, il n’est pas possible de comprendre à l’avance la tournure tragique que vont prendre les événements. Tout historien de la vie politique française sait que le chef de l’État doit avoir en France une certaine étoffe. Le drame qui survient réside dans cette première et fondamentale constatation. L’homme n’est pas à la hauteur. D’ailleurs, dans le monde politique officiel y en a-t-il seulement un ?

    En attendant c’est lui qui est là et quelle guigne ! Pas un Français ou à peu près qui ne le pense et ne le dise. Dans les bistrots, dans les salons, dans les halls de gare, partout ! Comment pourrait-il appréhender ce qui se passe ? Comme tous ses pareils, sans connaissance profonde, toujours dans le superficiel, pire sans goût véritable, ignorant de l’art français, donc de l’artisanat, méprisant tout ce qui relève des PME, en fait homme des grands groupes, des structures établies, de la finance immorale et apatride qu’il ne dénonce que pour mieux s’en servir comme n’en témoigne que trop un entourage sinistre d’individus sans scrupules qui l’ont aidé à asseoir son pouvoir, sans autre perspective que le minable « idéal » social-démocrate qu’il identifie à la République, n’ayant pour pratique que les micmacs politiciens et partisans, que peut faire un tel « type » à une telle place ?

    Maintenant, au bout de dix-huit mois de mandature, il se trouve seul devant lui-même, c’est-à-dire devant le néant. Chacun dans son gouvernement, dans ses réseaux, dans ce qui fut son parti, ne songe plus qu’à lui-même et, comme l’homme n’est pas fou, il s’en rend compte. Il n’arrivera jamais à remettre de l’ordre. En réalité – et ça se devine dans ses tâtonnements – il ne sait plus quoi penser ni de sa personne qu’il surestimait niaisement, ni de ses conseillers qui ne pouvaient que le décevoir, en particulier les économistes qui le persuadaient d’un rebond français et d’une « inversion » de la courbe du chômage sur laquelle il a engagé tout son crédit. Se méfiant désormais de ses familiers qui, comme lui d’ailleurs, ne commettent que des bourdes, il s’essaie, mais jusqu’ici sans résultat, à s’appuyer sur un Premier ministre falot, qui n’existe pas plus que lui : Jean-Marc Ayrault n’a aucun charisme ; il ne répond aux nécessités du moment que par des reculades qu’il effectue avec force coups de menton, et en diluant les difficultés présentes dans de vastes considérations hors de propos, tout comme ses ministres dont les seuls connus ne sont que des moulins à parole sans efficacité aucune.

    Contre le peuple, la lutte républicaine.

    Ce tableau n’est pas noirci à plaisir : il est tout simplement vrai. C’est celui que voient les Français. Aussi n’est-il pas étonnant que la révolte gronde. Alors que tout va mal, que les conditions de vie se détériorent, la seule préoccupation du gouvernement, sur ordre précis de ceux qui furent les maîtres financiers de la dernière élection présidentielle, fut de faire passer la loi dite du mariage pour tous, malgré l’opposition d’une grande majorité des familles françaises, et en y incluant par anticipation, et sans le dire, avec cette hypocrisie si caractéristique de ce milieu de prétendus dirigeants, tout ce qui s’ensuit et qui est proprement criminel sur le statut de l’enfant. C’est leur seul bilan. Quant au reste, ce gouvernement ne connaît que l’impôt et la taxe avec l’unique idée de faire payer les Français, de casser les familles, de pulvériser les patrimoines et d’englober le social dans l’étatique pour mieux dissimuler dans une opacité voulue la totale ineptie de leur gestion. Le peuple français, bien que tout soit fait pour l’abrutir, n’est pas totalement idiot et, malgré sa bonne volonté, il n’en peut plus. Il le dit, il le manifeste. Et ce n’est qu’un début.

    ayrault.jpgAlors, devant la colère qui monte de partout, alors que l’économie français s’écroule par pans entiers, en raison essentiellement des choix politiques absurdes maintenus depuis des décennies pas une classe politique coupée des réalités, Jean-Marc Ayrault ne trouve rien de mieux, pour reprendre la main, que de faire la « grande » proposition d’une « grandissime » réforme fiscale, et qu’il prétend mettre en œuvre tout de suite. Et d’inviter en premier les syndicats ! Ce qui est contraire à tous les principes constitutionnels, car c’est au peuple et à ses représentants de consentir à l’impôt. Pas aux syndicats ! Députés et sénateurs auraient dû hurler : ils ne viennent qu’après et uniquement dans le cadre des partis, ce qui est encore outrageant, car les parlementaires par eux-mêmes représentent, toujours selon les principes, la nation. Alors, pourquoi ce chantier ? Mais en raison d’une évidente collusion ! Les syndicats comme les partis sont discrédités. Tous les mouvements se font sans eux et même contre eux ; leurs discours de haine sociale et politique ne passent plus. Reste donc à Jean-Marc Ayrault à jouer ce jeu terrible mené tant de fois dans l’histoire de la République par ses prédécesseurs : dresser les appareils légaux qui se sont emparés des institutions et des lieux de pouvoirs, contre le pays réel, opération de survie pour un régime qui ne vit que de divisions, parti contre parti, classe contre classe, riches contre pauvres, banlieues contre centres-villes, paysans contre citadins… Là se résument toute sa mécanique et sa raison d’être. Rien n’est pire pour lui que de voir, face à lui, le pays tout entier se réunir pour clamer son « ras-le-bol ».

    Il y a dans les politiciens qui dirigent la France, une crainte latente et donc une haine du peuple véritable, surtout quand il n’adhère plus à leurs discours. « Le populisme », voilà l’ennemi ! Ils seront donc implacables ; car, pour reprendre le langage qu’ils affectionnaient dans leur jeunesse marxisante, ils encourent le risque de n’être plus bientôt qu’une superstructure obsolète et vouée à disparaître, selon les prédictions pour une fois exactes d’un Saint-Simon et d’un Marx. Ce dont ils ne veulent à aucun prix et peu leur chaut au fond qu’en France, en ce moment, six entreprises disparaissent par heure, mille emplois soient détruits par jour et qu’un paysan se suicide toutes les 48 heures. Ils ne manœuvrent que pour leur seul pouvoir. Comme toujours, depuis deux cents ans, ils ne le lâcheront que quand il ne sera plus intéressant de l’avoir. Ils sont comme ça. Il est de vrais amis du peuple, ce ne sont pas eux !

    * Analyse politique parue dans le numéro 124 (décembre 2013) de Politique magazine.

  • En marge du 600ème anniversaire de la naissance de Jeanne d'Arc... : l'hommage à Henri Bataille, qui a beaucoup oeuvré p

            Profitons d el'occasion pour apporter quelques rappels et précisions sur le site de Vaucouleurs et l'oeuvre d'Henri Bataille... avec l'article de Pierre Bénard, docteur ès-lettres, dans la revue "Sites et Monuments", qui rappelle tous les aléas rencontrés par M. Bataille dont la vie entière a été vouée à faire vivre le site historique de Vaucouleurs contre vents et marées politiques (1).... 

            http://www.herodote.net/La_maison_natale_de_Jeanne_d_Arc-monument-156.php

     

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    La fameuse "Tour des Anglais" dernière oeuvre restaurée par Henri Bataille grâce au mécénat d'un Anglais rencontré fortuitement dans les rues de Nancy lorsqu'il avait contacté des banques pour le financement de ses travaux.  

            AU SECOURS DE VAUCOULEURS

            Vaucouleurs, du côté de "France" -la France du quinzième siècle- s'annonce par de graves paysages, forêts, prés exigus, clairières de champs bombés aur horizons sauvages, villages dans l'ombre de leur ravin. C'est octobre, les hameaux le font savoir comme ces calendriers des travaux déroulés, dans des quadrilobes, au soubassement des églises. Voici les tas de bois en vue du long hiveer. Sur la planche, le cochon que l'on vient de tuer fait -on m'excusera- un noble cadavre. Une échelle oscille dans un pommier. A Couvertpuis, Biencourt, Ribeaucourt, le temps s'est arrêté et l'automne d'aujourd'hui est l'automne d'hier et de toujours. Connaissez-vous les jolies portes, le pont, le site de Montiers-sur-Saulx ? Les bois, au bord des petites routes, commencent à peine à s'effeuiller. Dans l'ombre humide, des géants veillent, revêtus de mousses somptueuses, auxquels l'imagination, sur cette terre à merveilles, s'empresse de prêter un caractère fatidique.

            A quelques lieues d'ici, au coeur de hauts pays battus des vents, Grand propose à la solitude les vestiges de l'époque où ses murs enfermaient un sanctuaire prestigieux que Camille Jullian nomme "le plus fameux des temples d'Apollon celtique". Sous les portiques de Grand on pratiquait l'oniromancie : la nuit venue, après le sacrifice, le consultant entrait dans le sommeil qui devait lui offrir le rêve propre à le renseigner. Lumières de la nuit, oracles du songe... Par Houdelaincourt, Rosières-en-Blois, on gagne Vaucouleurs et les eaux d'une Meuse non moins paradoxale, "endormeuse" au dire de Péguy, et en même temps éveilleuse, conseillère de résistance, maîtresse d'énergie.

            M. HENRI BATAILLE, sur les bords de la Meuse ne dort pas.

            Depuis 1928, il veille et se dépense dans un site qu'il honore comme l'auxiliaire providentiel de la vocation de Jeanne d'Arc.

            Depuis 1928 ! C'est beau, ce long effort qui se poursuit soixante-deux ans plus tard, long effort inspiré, soutenu par une ardeur inextinguible, entrepris tout juste cinq siècles après l'apparition de Jeanne au pied des tours de Vaucouleurs !

            Ces tours de Vaucouleurs, que gouvernait Robert de Baudricourt, elles abritaient en 1428, l'une des toutes dernières flammes de la résistance française au nord de la Loire : le flot anglais et bourguignon recouvre tout, à telles enseignes que pour trouver, quittant le "sanctuaire" de la Meuse une autre place française, il faut marcher... jusqu'au Mont Saint-Michel.

            Ces tours de la cité de Vaucouleurs, on sent bien qu'Henri Bataille les vénère comme des dames autrefois puissantes et tutélaires, des fées de pierre déchues après avoir porté le destin de la France. Il se plaît à égrener, à faire chanter leurs beaux noms sonores : Gargasse, Saladin, Quiquengrogne, en exaltant ces heures dangereuses de 1428 où l'Anglo-Bourguignon campe devant Vaucouleurs. Robert de Baudricourt traite avec l'ennemi mais ne rend pas la place. Le temps gagné sera infiniment précieux. Dans Vaucouleurs, resté français, derrière ces tours assez vaillantes pour incliner les assiégeants à se contenter d'une capitulation conditionnelle, l'épopée de Jeanne d'Arc pourra se préparer, le salut pourra prendre forme. Henri Bataille avance de solides arguments pour appuyer sa thèse d'une reddition remise à Pâques ou à la Trinité.
    Et cette thèse va réveiller les questions éternelles de la stratégie de dissuassion et de la valeur des fortifications permanentes. Sautant encore cinq siècles en sens inverse, on se prend à rêver d'une certaine ligne Maginot et du cours qu'aurait pris l'Histoire si ce colosse n'avait souffert des infirmités que l'on sait...

            Voilà bientôt trois quarts de siècle qu'Henri Bataille s'est consacré à une double, à une triple défense et illustrtion : illustration du rôle historique de la cité de Vaucouleurs, matrice de l'aventure qui sauva la France ; illustration de la vertu politique de Robert de Baudricourt, négociateur heureux et collaborateur clairvoyant des destinées ; illustration, enfin des pierres qui protégèrent l'enfance de l'épopée, longtemps ensevelies sous la terre, sous les constructions parasites, sous le voile de l'oubli.

            En 1928, il dégage la basse-cour du château, la porte d'entrée, le pourtour de la crypte de l'ancienne chapelle et aussi le superbe tilleul multiséculaire qui se déploie en face de la vallée. Ce Schliemann d'une Troie qui ne fut pas prise roulera pour cette exhumation des milliers de brouettes...

            En 1932, il lui faudra lutter pour sauvegarder le site même du château, menacé de nivellement. Henri Bataille doit négocier avec l'huissier et le gendarme. Il l'emporte et pourra mener, jusqu'en 1954 -grâce à des dons, puis grâce au produit de ses efforts- des fouilles qui livreront le rez-de-chaussée de l'ouvrage, avec des murs très respectables pouvant atteindre six mètres d'épaisseur, des bases de tours et toutes les trouvailles que l'on pense. Comme des constructions plus récentes s'étaient accrochées au château, la Rumeur, qui ne chôme pas, prétend qu'il donne des vessies pour des lanternes en faisant passer de simples maisons pour la résidence de Robert de Baudricourt !

            Je passe sur quelques épisodes une autre page de l'oeuvre d'Henri Bataille : après le château, les murs de ville ! A partir de 1965, en effet, il acquiert sept propriétés à seule fin de pouvoir mettre en valeur les tours de l'enceinte qui reçut Jeanne d'Arc. Car la clôture de Vaucouleurs, partout rompue, subsiste comme en pointillé. Et de même que Vaucouleurs, dans la France envahie, fut un "clou de fidélité", de même ces tours soignées avec un zèle méticuleux forment grâce à Henri Bataille les clous précieux qui continuent de fixer cette cité à son glorieux passé.

            J'ai vu Henri Bataille sur la scène de ses grands travaux, les siens et ceux de son épouse, qui n'a pas cessé de se dépenser à ses côtés. Le château qu'il avait commencé de rendre à la lumière, hélas, disparaît de nouveau sous la végétation. Ces tâches sont trop souvent des supplices de Sisyphe... Mais Henri Bataille est tout courage et de toute confiance. Allez aux beaux jours sur la côte de Vaucouleurs. Il vous abordera, courtois et calme, pour remettre l'actuelle "porte de France" à sa place, qui est celle d'une construction du XVIIIème siècle posée sur une partie intacte -qu'il faut absolument dégager- de la porte qu'emprunta Jeanne allant sauver la France. A la mauvaise saison, Henri Bataille ne sera pas là pour vous faire visiter, gratuitement, selon son usage, la "Carcassonne de l'Est". C'est le temps de ses conférences, d'où il tire les ressources nécessaires pour sa mission. Les Anglais se montrent particulièrement généreux.

     

     

    (1) : Pierre Bénard - docteur ès-lettres - Revue "Sites et Monuments" - 1991

  • La France désarmée, par Hilaire de Crémiers

     

    2945744152.jpgEt d’abord, politiquement. Car la classe politique ne pense qu’aux prochaines échéances électorales. C’est la seule stratégie des partis qui accaparent le pouvoir. 

    Il aurait mieux valu y penser avant. La guerre est là, omniprésente. Les guerres, devrait-on dire. Pas seulement, celles, horribles, d’Al-Quaïda, de Daech, de Boko Haram, pas seulement celles que fomentent les fous et les truands des sectes fanatisées, mais toutes les autres guerres, celles que mènent les nations, les peuples, les États, les ethnies,  pour leurs intérêts, leur vie, leur survie, leur raison même d’exister.

    Il suffit d’écouter les discours qui se profèrent sur toute la planète et jusque dans les enceintes internationales pour comprendre que rien n’a changé fondamentalement dans les rapports, les équilibres et surtout les déséquilibres qui affectent l’avenir du pauvre monde. échanger des milliards d’information en quelques secondes et se rendre d’un bout à l’autre de « la machine ronde » en quelques heures ne modifient pas les données fondamentales de la politique. 

    Les États-Unis mènent une politique qui, sous couvert de grands principes libéraux, n’a en vue que la sauvegarde de leur domination, même et surtout quand ils imposent sous forme contractuelle leur conception stratégique ou commerciale comme dans l’OTAN ou dans le traité de libre-échange transatlantique. Barack Obama, tout progressiste qu’il soit, n’échappe pas à la règle.

    Le retour des nationalismes

    Il est de bon ton dans les cercles intellectuels qui  parlent de « la mondialisation heureuse » comme d’une divinité bienfaisante, d’exiger des Russes qu’ils sacrifient à cette déesse et à sa religion aussi moralisatrice que calculatrice, c’est-à-dire concrètement qu’ils cèdent tout, puissance, territoires, richesses, influences, à des adversaires déclarés qui veulent les réduire à néant ; les Russes s’y refusent ; ils connaissent leur histoire et n’y renoncent pas.

    La Grande-Bretagne dans les mois qui viennent fera parler d’elle et l’Europe aura à connaître une fois encore que l’Anglais est, d’abord, anglais et qu’au milieu des pires déliquescences son ressort ultime est son nationalisme. L’Allemagne fédérale avait fixé dans les principes de sa constitution de 1947 la règle intangible de sa réunification. Le chancelier Kohl l’a réalisée sans coup férir et sans demander l’autorisation à personne, comme il a décidé souverainement de l’équivalence du mark « est » et du mark « ouest » que les Français ont donc subie. Ce qui justifiera par la suite l’euro, monnaie fondamentalement allemande, Mitterrand et Chirac s’étant trompés lourdement sur le sujet. L’Allemagne, malgré ses déficiences, est maîtresse de l’Europe : l’euro durera tant qu’elle le voudra. Angela Merkel connaît son peuple qui se définit in principio comme souverain. La Pologne éternelle renaît, malgré le libéralisme révolutionnaire qui la ronge comme jadis : elle sait faire valoir ses intérêts et a, pour elle, face à la Russie, la voix du président de l’Europe qui est fils de la Pologne. Quelle revanche !

    L’Espagne et l’Italie, dans leurs élites, malgré des institutions défectueuses ou absurdes, savent fort bien où se situent les principes de leur prospérité. Ainsi de l’Irlande au Portugal, de la mer Baltique aux Balkans, les nations européennes face à des situations tragiques internes et externes gardent encore dans leur mémoire vivante les forces spirituelles qui les caractérisent et qui se refusent à la mort. Tel est le cas de l’Autriche et, plus encore, de la Hongrie : le passé y est garant de l’avenir.

    L’Europe apatride où se mirent les songe-creux de la politicaillerie européiste et française – Moscovici en est l’exemple type ! – a touché le terme de ses possibilités. Ni l’union bancaire ni l’union budgétaire, artificielles comme le reste, ne changeront les impératifs de souveraineté qui sont les conditions de la sortie de crise. Les monstrueux désastres des politiques migratoires, livrées maintenant – il fallait s’y attendre – à de modernes négriers, ne font que confirmer dans l’espace Schengen l’inhumanité profonde et l’irréalisme sordide de l’ensemble des directives européennes et, donc, des dirigeants européens. Une France souveraine qui traiterait avec les états, sauverait des populations perdues.

    Quant au cas grec, il risque d’être l’épreuve décisive de la construction européenne et de l’union monétaire. Dans les mois qui viennent.

     Le monde est dangereux

    Tourner les yeux vers l’Asie permet de changer le tableau mais non la réflexion de fond. Partout, malgré le ralentissement économique, malgré  les bouleversements de la modernité, les peuples prennent conscience de l’urgente nécessité de leur cohésion nationale dans un monde de plus en plus difficile. Le Japon réarme militairement et moralement. La Chine  se resserre sur elle-même et gonfle toutes ses ambitions. L’Australie a décidé d’être australienne et le fait savoir hautement. L’Inde renoue avec le nationalisme, le Vietnam aussi et ainsi de toutes les nations d’Amérique du Sud et d’Asie du Sud-Est.  

    L’Afrique va très mal, à quelques exceptions près, et tout le monde le sait, mais feint de l’ignorer. Bernard Lugan a tout dit sur le sujet (Osons dire la vérité à l’Afrique, éditions du Rocher) et c’est pourquoi, sans doute, il est interdit de parole en France. L’Afrique est retournée à ses démons. Ses populations la fuient. Ce n’est que tueries et prévarications dans l’indifférence des élites mondialisées qui en profitent. Que ne ferait ici une France souveraine, si elle avait des hommes d’état ?

    Et de même vis-à-vis du monde arabe. Les responsables musulmans qui ont le sens de l’état et de l’avenir, et qui se refusent à la barbarie, comme les présidents tunisien, égyptien, n’attendent que ce soutien de la France, ils le disent clairement. Heureusement ces pays ont encore des élites civilisées, souvent francisées, qui peuvent reprendre la main. Le chaos djihadiste qui a presque tout emporté au Moyen-Orient, au Yémen, en Libye, en Somalie, est dû en grande partie à l’impéritie des nations occidentales. Un démocratisme idiot et de mauvais aloi a jeté le feu dans des barils de pétrole et de gaz. Le Chaos syrien de Randa Kassis et d’Alexandre del Valle (Dhow Editions) montre les origines proprement islamiques de cette prétention à un Califat musulman qui était le danger qu’il fallait prévoir : un état qui ne serait pas un état et subvertirait tous les états, au nom d’un islam radical. Le Djihad à la conquête du monde de Laurent Artur du Plessis (Ed. Jean Cyrille Godefroy) décrit les procédés de cette guerre d’usure qui n’est qu’à son début, comme l’annonce également Mathieu Guidère dans son étude Terreur, la nouvelle ère (Ed. Autrement). 

    Or, tous les moyens de lutte mis en œuvre aujourd’hui, militaires, policiers, techniques, n’auront de véritable efficacité que s’ils sont coordonnés à une vision politique et diplomatique. Guerre conventionnelle, guerre terroriste, guerre de l’information, cyberguerre, tout se combine aujourd’hui pour disperser les efforts et déstructurer les plans de combat. La France a encore de remarquables services et d’excellents exécutants, mais la politique française dans ses principes et ses institutions n’est pas à la hauteur des circonstances, à l’heure où sous le regard papelard d’un François Hollande qui ne songe qu’à 2017, le ministre de la Défense Le Drian discute du bout de gras avec le ministre des Finances Michel Sapin. Nous n’avons pas plus de politique étrangère que de politique intérieure cohérente. La Ve République finissante ressemble de plus en plus étrangement à la IIIe qui a mené au désastre de 1940.  

  • Ivan Rioufol : « Le “ progressisme ” malade de ses dénis »

    Peuple en colère ... 

    Par Ivan Rioufol

    CHRONIQUE - Comprendre la désintégration de la nation invite à s'arrêter [Le Figaro du 12.01] sur le dérèglement intellectuel de cette gauche qui a tant fasciné la droite. De cette droite qui l'a tant suivie. Et parfois dépassée pour diverses raisons - dont celles liées à de puissants intérêts. Ainsi la désintégration de la nation qu'Ivan Rioufol pointe ici avec justesse a souvent été l'œuvre commune de la droite et de la gauche. Et François Fillon n'y a pas été toujours étranger, toujours opposé. C'est pourquoi ici, nous ne lui ferons ni confiance ni procès anticipés. S'il venait à être le futur Chef de l'Etat, nous le jugerions aux actes. Ni plus ni moins. Quant à la critique du prétendu progressisme à laquelle Rioufol se livre ici, y compris s'agissant du centrisme de Macron, elle rencontre naturellement notre accord.  Lafautearousseau.    

     

    picture-269762-59fn6n7.jpgSept fantômes du PS se sont disputés, jeudi soir à la télévision, la place de candidat à la présidentielle. Les Français les verront apparaître deux fois encore avant le premier tour de leur primaire, le 22 janvier: ce court délai devrait suffire pour faire le tour des programmes. Le manichéisme de Vincent Peillon, la démagogie de Benoît Hamon, la suffisance d'Arnaud Montebourg sont les vieux restes qui rappellent ce que fut le progressisme du temps de sa splendeur. Manuel Valls, qui avait ouvert le procès de ce socialisme infatué, ne cesse depuis de se renier pour tenter de rassembler une armée des ombres. L'entendre rejeter le libéralisme après avoir déclaré son « amour» de l'entreprise est une incongruité parmi d'autres. Lundi, un sondage du Figaro donnait l'ancien premier ministre perdant au second tour face à Montebourg, soutenu par les « socialos » morts-vivants. Valls se perd à vouloir séduire des zombies.

    Pour autant, comprendre la désintégration de la nation invite à s'arrêter sur le dérèglement intellectuel de cette gauche qui a tant fasciné la droite. Deux et deux n'ont jamais fait quatre dans ce monde qui marche sur la tête. « Faire plier les réalités » a toujours été l'orgueilleux objectif d'une idéologie rétive à la réflexion et aux résultats. Rien d'étonnant à ce que les candidats de la ronflante Belle Alliance Populaire reprennent l'héritage de la gauche marxiste, dépensière et immigrationniste. L'assistanat, la culture de l'excuse, le clientélisme restent les piliers des projets. Hamon est, avec Peillon, l'un des plus décomplexés dans le cynisme électoral. Pour plaire aux cités, il minimise le sexisme culturel qui s'y observe et soutient la cause palestinienne dans sa lutte contre l'existence d'Israël. « Il s'agit du meilleur moyen pour récupérer notre électorat de banlieue et des quartiers », s'était-il justifié en 2014.

    Redonner des responsabilités à ces laborantins de l'Homme nouveau reviendrait à asséner le coup de grâce à la nation sur les genoux. D'autant qu'aucun des grands sujets qui sont au cœur des inquiétudes des gens - l'immigration de peuplement, la cohabitation avec l'islam conquérant, le séparatisme territorial - n'a été pour l'instant abordé par la plupart des prétendants. Le débat ne peut se réduire au travail, à l'emploi et à la redistribution des richesses, alors même que la France est en guerre, depuis les attentats islamistes des 7 et 9 janvier 2015 contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher de Vincennes. Or c'est bien le déni qui fédère les survivants du socialisme. Valls fait figure d'intrus quand il tient tête à l'islam radical. Jeudi dernier, sur France 2, il n'a pas cédé au discours victimaire d'une femme voilée censée représenter les Françaises musulmanes. La gauche soumise déteste cette raideur.

    En fait, le courant humanitariste et universaliste s'asphyxie sous la vague conservatrice. Aux États-Unis, la gauche en perdition s'est retranchée derrière ses bastions des médias et de Hollywood pour faire feu sur Donald Trump. Lors de la soirée des Golden Globes, l'actrice Meryl Streep a porté l'indignation du camp du Bien devant un monde de paillettes, de strass et de dollars. Mercredi, CNN et le site BuzzFeed ont rendu publique une série d'infamies non sourcées et invérifiables. Barack Obama se réserve une sortie piteuse le 20 janvier, pour avoir mesquinement multiplié les chausse-trappes à l'intention de son successeur. Un sort similaire est promis à la gauche française, incapable de s'avouer dépassée par l'histoire. Certes, la forte audience que rencontre Emmanuel Macron dans ses meetings peut laisser croire en un renouveau du progressisme dont il se réclame avec talent. Mais cet Obama blanc, non plus, ne dit rien des réalités qui dérangent.

    L'insécurité culturelle occultée

    Macron, comme Trump, symbolise le rejet d'une démocratie confisquée. Un besoin d'air frais les porte. Mais l'analogie s'arrête là. Si l'Américain sanguin a pris le parti des « ploucs » contre les « élites », le Français sophistiqué ensorcelle davantage les people que le peuple. Les fondamentaux de son programme sont ceux d'un centrisme angélique qui voit en Angela Merkel le modèle à suivre, dans les migrants le prétexte à l'ostentation des bons sentiments, dans l'Union européenne la protection des peuples. Macron a l'art de faire du neuf avec du vieux. Des juppéistes, des membres de l'UDI et du Modem, dont François Bayrou lui-même, sont appelés à rejoindre cet entre-deux qui leur ressemble. En marche ! pourrait aussi ringardiser définitivement le PS momifié. Cependant, nulle part n'apparaît, derrière cette belle figure, le chef de guerre attendu. Il est peu probable que ce rôle soit un jour endossé par celui qui préfère légaliser le cannabis. Trop de retenues empêchent Macron d'aborder l'insécurité culturelle qui taraude les peuples. Cette semaine, un sondage montre que 77 % des Belges ne se sentent plus chez eux.

    François Fillon, que les enquêtes d'opinion disent en perte de vitesse, a pour lui de vouloir s'émanciper du conformisme de la fausse droite et des humanitaristes professionnels. Si, sur la réforme de la sécurité sociale, il a donné le sentiment de reculer dès la première critique, sa résistance aux pressions de ses alliés corrige la faiblesse de caractère qu'il a laissé voir. Ceux qui veulent mettre leur grain de sel dans son projet ont jusqu'à présent été tous éconduits, sèchement concernant Laurent Wauquiez et sa proposition de rétablir la défiscalisation des heures supplémentaires . « Les grilles de lecture du microcosme ne sont plus celles de cette France silencieuse et fiévreuse que j'ai parcourue de long en large », a-t-il expliqué mardi. Les combats contre l'islam politique et l'immigration remplaciste sont des thèmes qui, occultés par le PS et Macron, s'annoncent prometteurs si les réponses se montrent à la hauteur. « L'immigration doit être fermement contrôlée et réduite », a annoncé Fillon, mercredi à Nice. La concurrence du FN lui interdit tout recul.

    Cécité de l'Église

    Même le pape François, si décevant dans son refus de faire obstacle à la déculturation de l'Europe*, admet que l'immigration pose des problèmes. Lundi, devant le corps diplomatique, il a recommandé une nouvelle fois aux « autorités publiques » de suivre une « démarche prudente » pour l'accueil des migrants. L'Église sortirait-elle enfin de sa cécité ? 

    * Laurent Dandrieu, « Église et immigration. Le grand malaise », Presses de la Renaissance.

    Ivan Rioufol           

  • Aux origines de la question sociale en France. Partie 2 : l'idéologie libérale des Lumières, par Jean-Philippe Chauvin.

    Après un rapide tableau de la situation économique de la France royale avant la fin du XVIIIe siècle et l’évocation des corporations et de l’ordre socio-professionnel de cette époque, il n’est pas inutile d’évoquer succinctement l’état d’esprit dominant sous les Lumières, véritable révolution dans la pensée du service et du temps (entre autres), à rebours de la conception royale de la justice : le règne de l’Argent et de la classe qui en vit et qui en fera système s’annonce…

     

    jean philippe chauvin.jpgL’organisation corporative de la société et de la production françaises a longtemps convenablement fonctionné et la puissance avérée et significative de l’économie nationale sous la royauté fondatrice et fédérative est indéniable. Mais cela signifie-t-il, pour autant, que la Monarchie d’Ancien Régime ne connaissait pas de problèmes sociaux ou qu’elle était un système parfait et intangible, insensible aux temps et à leurs contraintes, leurs évolutions ? Bien sûr que non !

     

    Nous connaissons tous les révoltes paysannes mais aussi urbaines qui émaillent les temps les plus difficiles du Moyen âge, en particulier après le XIIIe siècle. Elles traversent aussi l’époque dite moderne, et peuvent nous laisser une image plus que contrastée des temps anciens. Nous savons également que ce qui nous semble simple et naturel aujourd’hui (comme la disponibilité – payante, généralement – des produits de consommation alimentaire ou technique), ne l’était pas forcément hier : mais ne confondons pas les progrès techniques, souvent utiles et même salvateurs quand ils sont maîtrisés (1), avec les questions sociales, sans pour autant négliger les rapports et les tensions que les uns et les autres, dans toute société humaine, peuvent entretenir.

     

    Or, ce qui est marquant dans l’exercice et la justification de la Monarchie, c’est son souci politique de la justice, symbolisé par la main de justice remise au roi lors du sacre de Reims et par l’histoire exemplaire (et présentée comme telle par les historiens de la dynastie) du roi Louis IX, devenu saint peu de décennies après sa mort devant Tunis. (2) C’est aussi le souci de garantir « le plus grand bien » aux peuples du royaume, ceux-ci étant indissociables de l’essence même de la Monarchie, ce que symbolisait l’alliance remise au roi, toujours lors de la cérémonie du sacre. Sans oublier sa fonction thaumaturgique qui voit le roi toucher les écrouelles (3) et laver, à l’imitation du Christ, les pieds de quelques miséreux à Pâques…

     

    Or, l’idéologie des Lumières va remettre tout cela en cause, et c’est ainsi que la justice sociale va en être, au niveau des principes en attendant que cela soit au niveau des pratiques, la grande victime expiatoire, tout comme l’équilibre des sociétés et les classes populaires que les Lumières se chargeront, bientôt, d’invisibiliser.

     

    Dans un récent article passionnant de La Nouvelle Revue Universelle (4), Antoine de Crémiers décrit le processus idéologique qui se met en place au XVIIIe siècle, sous un titre de paragraphe particulièrement évocateur, « La liberté du travail, « valeur » suprême de l’oligarchie » : « Comme l’a si bien démontré Karl Polianyi, qu’il s’agisse du mercantilisme ou des formes antérieures de régulation du travail, la valeur du travail – comme l’économie en général, d’ailleurs – est toujours subordonnée à d’autres exigences – religieuses, morales, politiques – qui en forment le cadre et viennent « l’encastrer » dans le social. C’est le libéralisme qui, peu à peu, va dégager l’économie de ces encastrements pour la rendre autonome et indépendante de tout lien avec la religion, la morale et la politique. Et c’est au nom de la liberté du travail que ce processus de dégagement va s’accomplir. C’est une fantastique et redoutable révolution.

    Hannah Arendt résume très clairement les étapes de cette conception nouvelle : « L’ascension soudaine, spectaculaire du travail passant du dernier rang à la place d’honneur et devenant la mieux considérée des activités humaines, commença lorsque Locke découvrit dans le travail la source de toute propriété. Elle se poursuivit avec Adam Smith qui affirma que le travail est la source de toute richesse ; elle trouva un point culminant dans le système du travail de Marx où il devint la source de toute productivité et l’expression même de l’homme. » Adam Smith élabore une idée promise à un grand avenir et qui triomphe aujourd’hui, celle d’un marché « libre » permettant la libre circulation des marchandises et l’accumulation sans aucune limite des richesses. Pour que ce marché puisse se constituer, il faut que les produits du travail puissent s’y échanger en fonction de leur coût et cela ne peut se faire que si le marché du travail est également « libre » et indépendant de toute considération d’ordre moral, religieux et social susceptible d’en perturber le fonctionnement. Le travail est désormais une marchandise vendue comme tous les autres produits au prix strictement déterminé par la sacro-sainte loi de l’offre et de la demande.

    Ainsi, la véritable découverte que promeut le XVIIIe siècle n’est pas celle de la nécessité du travail – on la connaissait depuis toujours -, mais celle de la nécessité de la liberté du travail et, pour y parvenir, la destruction, la disparition des modes d’organisation du travail qui venaient la limiter et la contraindre. » C’est aussi ce que promeut Turgot à travers ses écrits et ses actes lorsqu’il sera lui-même aux commandes de l’économie française, avant que le roi ne mette fin à cette « expérience libérale » (sur le plan économique) qui avait entraîné la première dissolution des corporations, en 1776, ensuite rétablies avant que la Révolution, éminemment libérale, ne les interdisent purement et simplement par les lois de 1791 : « Dans un article de L’Encyclopédie, Turgot résume fort bien la philosophie politique du libéralisme : « Ce que l’Etat doit à chacun de ses membres, c’est la destruction des obstacles qui les gêneraient dans leur industrie ou qui les troubleraient dans la jouissance des produits qui en sont la récompense. » Pour Turgot comme pour Adam Smith, l’intérêt est le véritable régulateur économique et c’est l’économie qui fait société. » Ainsi, les libéraux légitiment ce que l’on pourrait nommer l’égoïsme économique contre les solidarités professionnelles incarnées par les corporations.

     

    Autre révolution issue des Lumières, celle du temps, ou plutôt de sa conception et de sa compréhension, synthétisée et symbolisée par le raisonnement d’un Benjamin Franklin qui va « financiariser », « marchandiser » le temps, le ramener à une simple dimension utilitaire et matérielle : « Le temps, c’est de l’argent », traduction un peu maladroite mais explicite de son « Time is money » (5). Une formule terrible qui va légitimer la destruction de tout ce qui n’apparaît pas « utile » ou rentable aux yeux des possédants ou des actionnaires, et va permettre, en toute « bonne conscience » et dans le cadre de la Loi, l’imposition de rythmes inhumains, mécaniques et réglementés aux travailleurs d’usines comme de la terre…

     

    (à suivre : les grandes dates de la naissance de la question sociale en France)

     

    Notes : (1) : la Technique est-elle toujours un « progrès » ? S’il s’agit de la meilleure connaissance (et de sa pratique) des savoirs et des moyens de les maîtriser sans en devenir totalement dépendant, la réponse sera positive ; mais s’il s’agit d’une Technique qui s’imposerait aux hommes et serait aux mains de ceux qui la possèdent sans les garde-fous du « Bien commun » et de la nécessité du « partage du meilleur », il est évident que notre réponse sera négative ! C’est ce que le républicain Michelet évoque en partie dans son ouvrage peu connu intitulé « Le peuple », dans lequel il dénonce le machinisme, idéologie « patronale » de la Machine… C’est aussi ce que dénonce le royaliste Bernanos dans la série d’articles de « La France contre les robots », véritable charge contre le règne des Machines étendu aux sociétés modernes toutes entières.

     

    (2) : Louis IX est ainsi représenté comme celui qui rend la justice sous le chêne de Vincennes, et qui conseillait à son fils d’être d’abord du côté des plus pauvres quand un procès les opposait à de plus riches, et cela pour permettre, non d’influer sur le verdict, mais d’assurer l’équité du procès lui-même et éviter que la puissance des uns ne favorise ceux-ci au détriment de la justice elle-même. Aujourd’hui, saint Louis passerait, près de certains, comme un odieux gauchiste…

     

    (3) : les écrouelles se marquent par des fistules purulentes, localisées principalement dans le cou, et que les rois de France, sans doute depuis les carolingiens, étaient censées guérir en les touchant : le seul roi Louis XIV en touchera plus de 200.000 durant son règne… Mais, en fait, ce n’était pas le roi lui-même qui était guérisseur, mais son intercession entre Dieu et les malades qui devait permettre à Dieu de décider qui devait guérir…

     

    (4) : Nouvelle Revue Universelle, 1er trimestre 2019, numéro 55.

     

    (5) : quand Benjamin Franklin écrit cette phrase, il ne pense alors qu’au temps du travail et à sa productivité. La société de consommation, qui est la deuxième grande phase de développement et d’imposition de cette conception utilitariste du temps, va étendre la formule au temps libre, faisant de celui-ci une des plus importantes sources de revenus contemporaines, des parcs d’attraction aux films d’Hollywood, des jeux électroniques au tourisme international…

  • D'accord avec Hadrien Dessuin : « L’Europe souveraine » n’est qu’un slogan Il n'y a pas un seul peuple européen mais plu

     

    par Hadrien Desuin

    soleil.jpgL'Europe de Bruxelles prend l'eau de toutes parts tandis qu'une autre Europe est peut-être en train d'émerger. Hadrien Desuin réfléchit sur cette situation et son article est remarquable. [Causeur, 23.08]  LFAR

     

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    Comme De Gaulle l’avait compris, il n’y a pas un seul peuple européen mais plusieurs. Dans ces conditions, seule une Europe confédérale respectueuse des Etats-nations représente une solution d’avenir réaliste face aux géants américain et chinois.

    Tandis que l’Autriche préside l’Union Européenne depuis le 1er juillet, la Roumanie se prépare à prendre la relève au 1er janvier 2019. A quelques mois des élections européennes de mars mais aussi du Brexit, cette double présidence austro-roumaine souligne l’importance croissante des pays d’Europe centrale dans les mécanismes bruxellois. Même lorsque les coalitions ou les gouvernements au pouvoir suscitent de vives réserves parmi les élites libérales de France et d’ailleurs, les pays d’Europe centrale sont devenus incontournables.

    Juncker se rallie (enfin) à Séguin

    Dans ce contexte, la venue le 18 août de Vladimir Poutine au mariage de la ministre des affaires étrangères autrichienne a provoqué quelques commentaires acerbes. Raphaël Glucksmann a crié à la trahison. En somme le projet d’ « Europe souveraine » porté par Emmanuel Macron (belle formule qui a le mérite de polir le terme habituel de construction fédérale ou supranationale) était symboliquement foulé au pied en Autriche. Le clivage entre les partisans d’une construction fédérale de l’Union Européenne d’une part et les défenseurs d’une Europe respectueuse de l’indépendance de ses membres d’autre part n’est pas mort, il est plus vivace que jamais.  

    Dans le même temps, le roi Philippe VI d’Espagne peinait à commémorer dans la dignité le premier anniversaire de l’attentat djihadiste de Barcelone. Une ville qui concentrait en 2017 les tensions nationalistes mais aussi fondamentalistes qui taraudent l’Europe de ce début de XXIème siècle. Autrement dit, l’Europe se trouve confrontée à la réémergence de tensions culturelles mais aussi à un questionnement sur son organisation politique. Les deux enjeux étant intimement liés. La crise migratoire est là pour nous le rappeler chaque été.

    Bruxelles gênée par l’Ecosse et la Catalogne

    Si l’Europe est mise à l’écart de la politique antiterroriste, Bruxelles a milité en faveur du statu quo dans le cadre des référendums écossais et catalans de 2014 et 2017. Et les dirigeants régionalistes se sont retrouvés piégés entre leurs convictions européennes affichées et le manque de soutien de la part de la Commission. Jean-Claude Juncker se rallie, mais un peu tard, à Philippe Séguin qui en son temps prévenait qu’une Europe régionale (une Europe à 100 membres environ) équivaudrait en réalité à une Europe féodale. Sous l’apparente autorité d’une lointaine capitale européenne, l’Empire confédéral se noierait dans de microscopiques rivalités de territoires. On peine à se mettre d’accord à 27, on n’ose imaginer à 100…

    2885141609.jpgLa logique qui a animé les principaux penseurs français de l’Europe (Photo), en particulier Jean Monnet, n’était évidemment pas celle d’une « décolonisation de la province » comme on disait en 68 mais au contraire celle d’une plus grande unité, c’est-à-dire d’une centralisation européenne à la faveur de la guerre froide et de la tutelle américaine sur le continent. Plus modestement, ce fut l’approche fonctionnaliste pensée par Robert Schuman et poursuivie par Jacques Delors qui l’emporta, une synthèse que l’on habilla du concept ambiguë de « fédération d’Etats-nations ». « L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble: elle se fera par des réalisations concrètes, créant d’abord une solidarité de fait. » Cette formule ambivalente laissait aux successeurs de Robert Schuman la liberté de faire le grand saut fédéral en fonction des avancées et des solidarités progressivement acquises.

    Trois Europe possibles

    Au bout du compte, nous restons face aux trois directions possibles : une Europe féodale, celle de Barcelone. Une Europe confédérale composée d’Etats-nations, celle prônée par le groupe de Visegrad et jadis par de Gaulle. Et une Europe fédérale, ardemment souhaitée par Bruxelles et Emmanuel Macron. Choix difficile. Tellement difficile que depuis 2005, on n’ose plus demander directement aux peuples leur avis.

    La France naturellement reste au centre du jeu européen. Sa position géographique la place au carrefour des tensions Nord-Sud mais aussi Est-Ouest du continent. Quant à l’élection de son jeune président, elle a redonné brièvement espoir aux partisans du grand saut fédéral. La France s’est historiquement construite autour de sa capitale, de son armée et de son Etat. Elle est donc portée à imaginer la construction européenne comme un phénomène nécessairement centralisé et dirigée par une administration et une armée européenne. Toutefois, elle a peine à exercer son leadership au sein même de ce nouveau dispositif puisqu’il faut précisément défaire la France pour faire les Etats-Unis d’Europe. Ses partenaires se sont empressés de lui faire ressentir ce paradoxe. La France n’est déjà plus en mesure d’entraîner ses partenaires puisqu’elle est déjà en décomposition.

    De Gaulle l’avait bien dit

    La France est donc isolée lorsqu’elle parle avec emphase à ses partenaires « d’Europe-puissance » et de monde multipolaire face à l’Amérique de Trump, la Russie de Poutine ou la Chine de Xi Xinping. Malgré les effets d’annonce, l’Europe régalienne de la Défense, de la Police et de la Justice est restée dans les cartons. Emmanuel Macron voulait dans son fameux discours de la Sorbonne un nouveau traité de l’Elysée, une constituante à Strasbourg en 2019 et un Etat fédéral pour les jeux olympiques de Paris en 2024. Il a été très vite rattrapé par les réalités européennes, celles de Visegrad. Le général de Gaulle nous avait pourtant prévenus puisque la question se posait déjà en 1962: « La France savait aussi bien que quiconque, en tout cas beaucoup mieux que ceux qui ne sont pas européens, qu’il ne peut y avoir d’Europe qu’en vertu de ses nations, que, de par la nature et l’Histoire, notre continent est tel que la fusion n’y est que confusion, à moins qu’elle ne soit l’oppression, qu’on n’est pas un européen si l’on est un apatride, que, par exemple, Chateaubriand, Gœthe, Byron, Tolstoï – pour ne prendre que les romantiques – n’auraient rien valu du tout en volapük ou en espéranto, mais qu’ils sont toujours de grands écrivains de l’Europe parce que chacun d’eux s’inspira du génie de son pays. »

    « L’Europe souveraine » restera un simple slogan puisqu’il n’y a pas un seul peuple européen, il y en a plusieurs. Si elle passe en force, c’est l’Europe de Barcelone qui finira par resurgir. L’Europe des Nations c’est la paix. L’Europe sans les peuples, c’est la guerre.   

    Ancien élève de l'École spéciale militaire de St-Cyr puis de l'École des officiers de la Gendarmerie nationale, Hadrien Desuin est titulaire d'un master II en relations internationales et stratégie sur la question des Chrétiens d'Orient, de leurs diasporas et la géopolitique de l'Égypte, réalisé au Centre d'Études et de Documentation Économique Juridique et social (CNRS/MAE) au Caire en 2005. Il a dirigé le site Les Conversations françaises de 2010 à 2012. Aujourd'hui il collabore à Causeur et Conflits où il suit l'actualité de la diplomatie française dans le monde. 
  • Éphéméride du 19 juillet

    Dans Le Figaro du 19 juillet 1919, Jacques Bainville et Henri Massis publient un manifeste "Pour un parti de l'intelligence", aux origines de La Revue universelle

     

     

     

     

     

    1799 : Découverte de la Pierre de Rosette 

     

    Exhumée lors de l'expédition de Bonaparte en Egypte, et aujourd'hui exposée au British Muséum, elle est l'un des documents qui permirent à Jean-François Champollion de percer le mystère de l'écriture des anciens Égyptiens. 

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    Voici ce qu'en dit Jean Leclant, secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions et Belles-lettres :        

    "Dans la geste de l'Expédition d'Égypte (mai 1798 à octobre 1801), parmi de nombreux acquis d'ordre scientifique consignés en particulier dans la célèbre Description de l'Égypte se distingue la découverte de la Pierre de Rosette — document fameux qui ouvrit la voie au déchiffrement des hiéroglyphes.

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    En juillet 1799, se poursuivaient des travaux de terrassement dans une ancienne forteresse turque édifiée à l'embouchure de la branche occidentale du Nil, non loin de la bourgade de Rachid, que nous francisons en Rosette (ci dessus et ci dessous) : une flotte anglo-turque venait de débarquer sur la plage voisine d'Aboukir une armée qu'une charge de Murat devait bientôt mettre en déroute. Les travaux étaient dirigés par un jeune officier du génie, qui avait juste passé, en Égypte même, son examen de sortie de l'École polytechnique : Pierre-François-Xavier Bouchard. Soudain son attention fut attirée par un bloc de pierre noire, haut de près d'un mètre, écorné à sa partie supérieure et sur le côté : il portait des inscriptions en trois sortes de caractères : en haut des hiéroglyphes finement ciselés, au centre 32 lignes d'une graphie cursive, en bas 54 lignes d'un texte en grec.

    L'ingénieur des Ponts et Chaussées M.A. Lancret, en mission dans le Delta, adressa à ses collègues de l'Institut d'Égypte un rapport qui fut communiqué à la 31ème session du 29 juillet. Le 29 fructidor an VII (15 septembre 1799), on peut lire dans le n° 37 du Courier (sic) d'Égypte :

    "Cette pierre offre une grand intérêt pour l'étude des caractères hiéroglyphiques; peut-être en donnera-t-elle la clef."

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    Aussitôt l'orientaliste Joseph Marcel, directeur de l'imprimerie, en appliquant sa méthode de l'autographie put obtenir une reproduction du texte que le général Dugua, rentrant en France en mars 1800, communiqua à l'Institut de France; à la fin d'octobre, Bonaparte lui-même range parmi les gains majeurs de l'Expédition les fouilles d'Alexandrie, l'étude du percement de l'Isthme de Suez et la découverte de la Pierre de Rosette.

    De leur côté, d'autres méthodes de reproduction avaient été mises au point par Nicolas Conté, qui traita l'inscription comme une sorte de cuivre gravé, et par Adrien Raffeneau-Delille, qui réalisa un moulage à base de soufre. Si l'Expédition recueillit d'autres documents comparables, à la fois en égyptien et en grec (à Menouf, puis au Caire même, formant le seuil de la mosquée de l'émir Khour), ce fut la Pierre de Rosette, le mieux conservé, qui connut la célébrité.

    Lors de la capitulation de 1801, les savants français rencontrèrent énormément de difficultés pour conserver leurs notes et papiers personnels, témoins de leurs fouilles, recherches et découvertes : les Anglais, vainqueurs, exigeaient la livraison de tout ce qu'ils avaient en leur possession. Les savants français déclarèrent alors qu'ils préféreraient brûler ou détruire leurs papiers, leurs notes etc.. Un compromis fut trouvé : les savants purent conserver tout ce qu'ils étaient capables d'emporter avec eux. Papiers, notes, dossiers, furent donc sauvés et conservés par eux, mais, bien, sûr, pas les objets et autres témoignages lourds, encombrants, intransportables; et voilà pourquoi la pierre de Rosette tomba aux mains de nos ennemis, et se trouve aujourd'hui... au British Muséum !

    Le texte grec fut vite traduit : c'était le décret d'un synode de prêtres égyptiens, réuni en 192 avant J.C., instituant un culte en l'honneur de Ptolémée Épiphane; il indiquait que le texte serait aussi affiché en langue indigène. Aussitôt la sagacité des savants s'attaqua à la partie médiane, en démotique; 1802 vit paraître deux études, l'une du célèbre Silvestre de Sacy, l'autre d'un diplomate suédois, J.-D. Akerblad; à quelques intuitions justes se mêlaient des erreurs sans qu'on pût discerner le vrai du faux; à partir de 1814, l'illustre physicien anglais Thomas Young s'attaqua avec ardeur — et parfois succès — aux deux versions démotique et hiéroglyphique. 

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    Il était réservé cependant à Jean-François Champollion (ci dessus) de résoudre l'énigme des hiéroglyphes (voir l'Éphéméride du 17 septembre) : enfant prodige maîtrisant toutes les langues anciennes et orientales, adolescent enthousiaste qui réalisa vite que le copte lui montrerait les chemins vers l'Égypte pharaonique, travailleur acharné jusqu'à l'obsession, joignant à l'étude de la Pierre de Rosette celle de tous les documents à sa disposition, en particulier des inscriptions nouvellement découvertes en Nubie, il identifia les noms de Thoutmosis, Ramsès et analysa les cartouches des Pharaons macédoniens et romains : avec deux obélisques, des sarcophages, le poing colossal de Ramsès II, la Pierre de Rosette fut considérée comme prise de guerre ; aussi est-elle aujourd'hui un des joyaux du British Museum, à Londres, où jamais ne se rendit Champollion.

    À la fin de septembre 1822, par sa Lettre à M. Dacier, secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, Champollion offrit la lecture des hiéroglyphes phonétiques; en 1824, dans son Précis du système hiéroglyphique, il donnera la définition la meilleure "d'un système complexe, d'une écriture tout à la fois figurative, symbolique et phonétique dans un même texte, une même phrase, je dirai jusque dans le même mot".

    Désormais plus de trois millénaires s'ajoutaient à l'histoire de l'humanité, ceux d'un passé parmi les plus glorieux, aux admirables monuments d'éternité."

     

      La découverte de la pierre de Rosette marque traditionnellement le début de l'Egyptologie, unanimement reconnue "science française" :

     

    • http://www.ac-sciences-lettres-montpellier.fr/academie_edition/fichiers_conf/SENAC2013.pdf

     

    • https://rh19.revues.org/1091

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     En 1880 sera créé le prestigieux Institut Français d'Archéologie orientale (IFAO), appelé d'abord "Mission permanente au Caire"; homologue en Égypte des Écoles françaises d'Athènes et de Rome, il reçut tout naturellement le nom d' "École du Caire", qui consacrait sa parenté avec ses devancières. Ce n'est qu'en 1898 – à l'occasion d'une nouvelle définition de ses statuts – qu'il reçut son titre définitif d' "Institut français d'archéologie orientale", plus à même de traduire une vocation proche-orientale dépassant le cadre de la seule Egypte : voir l'Éphéméride du 28 décembre

     

     http://www.legypteantique.com/pierre-de-rosette.php      

     

     

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    1834 : Naissance de Degas

     

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    L'Étoile
     
     
     
     
     
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    1900 : Inauguration de la première ligne du Métro parisien 
     
     
    Prête pour l'Exposition universelle, la ligne reliant la Porte Maillot à la Porte de Vincennes a été construite en 17 mois sous la direction de l'ingénieur des Ponts et Chaussées Fulgence Bienvenüe, et remporte un succès immédiat : elle transportera jusqu'au 31 décembre près de 16 millions de passagers...
     
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    Inauguration de la Ligne 1, le 19 juillet 1900 :
    le premier train à la station Gare de Lyon (collection RATP)
     
     
     

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    1903 : Arrivée du premier Tour de France

     

    19 juillet,degas,pierre de rosette,champollion,hieroglyphes,metro,tour de france,revue universelle,bainville,massisLe 1er juillet, 60 coureurs ont pris le départ du Tour, à Paris.

    Organisé par le journal sportif "L'Auto", que dirige Henri Desgrange, le Tour s'est déroulé en six étapes de Paris à Paris via Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux et Nantes.

    L'arrivée le 18, consacrera le cycliste Maurice Garin qui remportera l'étape, et le Tour, avec trois heures d'avance sur ses concurrents.

    Sur les 60 cyclistes présents au départ seuls 20 franchiront la ligne d'arrivée...

     

  • Éphéméride du 1er décembre

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    2001 : professionnalisation totale de l'Armée française

     

     

     

    660 : Mort de Saint Éloi 

     

    Né en 588 près de Limoges, Éloi est un orfèvre au service du roi qui entre dans les ordres et devient à la fois évêque de Noyon et Ministre des Finances du "bon roi Dagobert" 1er.

    Intègre, travailleur et grand organisateur, le roi le charge d’importantes négociations et l’envoie en 636 auprès du Duc de Bretagne, Judicaël, qui s’est révolté et a pris le titre de roi : Éloi l’amène à faire sa soumission...

    Doué pour les arts, attentif aux besoins des pauvres comme au service de l’État, alors balbutiant, Éloi a été choisi comme saint patron par les mécaniciens, par les orfèvres et par ceux qui travaillent le fer...  

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    Missel de Saint Éloi (IXème siècle) - très antique Missel originaire de Corbie (Bibl. Nat., lat. 12051) 
     

     

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    1420 : Entrée d'Henri V, roi d'Angleterre, dans Paris

     

    Triste temps : la Guerre de Cent Ans, après des désastres et un spectaculaire redressement français est, de nouveau, vraiment mal repartie : la France est, de nouveau, au plus bas; il semble bien que les jeux soient faits et que les Anglais doivent, cette fois, l'emporter...

     

    De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre V, La Guerre de Cent ans et les révolutions de Paris. : 

     

    "...Le désastre d'Azincourt ne ranima pas la France, elle se dissolvait. Par un autre malheur, les chances de l'avenir reculèrent. En quelques mois, trois dauphins moururent. Seul resta le quatrième fils de Charles VI, un enfant. La longue incapacité du roi fou ne finirait que pour une nouvelle minorité : Henri V pouvait se proclamer roi de France. D'ailleurs les Français se battaient entre eux devant l'ennemi. La reine elle-même, la Bavaroise Isabeau (ci dessous), avait passé au duc de Bourgogne, de plus en plus populaire parce que son parti était celui de la paix à tout prix avec les Anglais. Bientôt les Bourguignons ouvrirent à Jean sans Peur les portes de Paris.

    Ce fut une terrible revanche pour les exilés, pour les vaincus des journées cabochiennes qui revinrent avides de vengeance. Des milliers de personnes du parti armagnac avaient été arrêtées : il ne fut pas difficile de réveiller la furie des écorcheurs et de la foule. À deux reprises, des massacres eurent lieu dans les prisons. Étrange ressemblance de ces scènes avec celles de septembre 1792. Plus étrange encore le soin des historiens de ne pas la marquer, comme si la révolution du dix-huitième siècle avait été un phénomène miraculeux ou monstrueux, mais unique et gigantesque, au lieu d'être un épisode à sa place dans la suite de nos crises et de nos renaissances, de nos retours à l'ordre et de nos folies.

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    Christine de Pisan présente son livre à Isabeau de Bavière
     

             

    Jean sans Peur (ci dessous) finit par rétablir un peu d'ordre dans Paris, mais la France était dans le chaos. La confusion des idées était extrême. Il n'y avait plus de gouvernement. Le duc de Bourgogne tenait en son pouvoir le roi fou, parlait en son nom et avait pour complice la reine Isabeau, l'indifférente et obèse Bavaroise. Le dauphin Charles s'était retiré avec ses partisans au sud de la Loire. Cependant Henri V procédait méthodiquement à la conquête de la France, prenait Rouen et s'installait en Normandie.

    On reprochait à Jean sans Peur de trahir. Sans doute ne voulut-il pas conclure avec l'Angleterre une paix qui ne pouvait être que honteuse et s'exposer à la protestation du dauphin : l'âme de la résistance nationale se fût réfugiée chez le futur roi. Jean chercha donc à se rapprocher du jeune prince. Deux entrevues eurent lieu. À la seconde, à Montereau, une altercation éclata. Le duc de Bourgogne fut assassiné, ainsi que lui-même jadis avait fait tuer le duc d'Orléans (1419).

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    Ce nouveau crime politique, commis en présence du dauphin bien que celui-ci ne l'eût pas commandé, précipita la fin du drame. Comme jadis le parti d'Orléans, le parti bourguignon cria vengeance, en appela au pays. Cette vengeance, le nouveau duc de Bourgogne, Philippe le Bon, l'exerça contre la France. Il la livra à Henri V qui épousa une fille de Charles VI et qui deviendrait roi de France à sa mort, les deux couronnes devant alors être confondues. Ainsi la France était conquise par l'Angleterre, elle perdait son gouvernement national puisque le dauphin Charles, le "soi-disant dauphin" était déchu de ses droits au trône par un document signé de Charles VI privé de ses dernières lueurs de raison.

    Dans ces mots "soi-disant dauphin" il y avait une imputation terrible : celle que Charles VII n'était pas le fils de son père. Tel fut le honteux traité de Troyes (20 mai 1420). Plus honteuse l'acceptation de l'Université, du Parlement, de tous les corps constitués de France. La signature de Charles étant nulle, les États généraux consentirent à donner la leur. Paris même, ce fier Paris, acclama Henri V, "moult joyeusement et honorablement reçu". Henri V s'empressa de prendre possession de la Bastille, du Louvre et de Vincennes. De ces forteresses, un roi étranger commanderait les Parisiens. Voilà ce que les révolutions leur avaient apporté : elles sont la seule cause de cet incroyable abaissement. La misère, la famine étaient telles, à la suite de ces longs désordres, que Paris, après avoir perdu le sens national dans ses disputes, avait perdu la dignité..."

     

     Après son grand-père, le futur Charles V, lui aussi Dauphin quand il quitta Paris aux mains d'Étienne Marcel, le Dauphin Charles - futur Charles VII - est ainsi  le deuxième des quatre rois - ou détenteurs de fait du pouvoir royal ou de la légitimité royale... - à devoir quitter Paris pour sauver sa vie et son trône, avant d'y revenir en maître, après avoir vaincu les factieux...

    Morts à l'étranger, faits prisonnier sur le champ de bataille, préférant quitter Paris révolté afin d'y revenir après avoir dompté les rebelles, assassinés : plusieurs rois de France ont eu un destin hors du commun, que recensent quatre de nos Éphémérides :

    pour les rois morts à l'étranger, voir l'Éphéméride du 8 avril;

    pour les rois faits prisonniers sur le champ de bataille, voir l'Éphéméride du 11 février;

    pour les rois ayant préféré quitter Paris révolté afin d'y revenir après avoir dompté les rebelles, voir l'Éphéméride du 21 mars;

    pour les rois assassinés, voir l'Éphéméride du 30 juillet...

     

    Et, pour en revenir à la Guerre de Cent ans : 

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      Dans notre album L'aventure France racontée par les cartes, voir la photo "Guerre de Cent Ans (3/4) : deuxième effondrement"

     

     

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    1684 : Création du Régiment de Béarn

     

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     Il s'agit de l'un des dix plus anciens régiments de l'armée française.

    Au début, ceux-ci n'étaient qu'au nombre de quatre : le Régiment de Picardie, le Régiment de Champagne, le Régiment de Navarre et le Régiment de Piémont. On appelait familièrement ces régiments les "Vieux corps"...

    En 1620, le nombre de régiments fut porté à dix : aux 4 "Vieux corps" initiaux, un cinquième fut d'abord ajouté : le Régiment de Normandie; puis 5 autres régiments : le Régiment de Bourbonnais, le Régiment de Béarn, le Régiment d'Auvergne, le Régiment de Flandre et le Régiment de Guyenne : ces six nouveaux régiments reçurent le surnom de "Petits Vieux"...

    Dans notre Album Drapeau des Régiments du Royaume de France voir la photo "Les plus anciens régiments sont d'infanterie", puis toutes les photos de la Partie 1, dont celle concernant "Le Régiment de Béarn"...

     

    Un premier décembre également, mais en 1684, sera créé le Régiment de Cambrésis :

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    1760 : Naissance de Marie Tussaud

     

    C'est elle qui est la fondatrice du fameux Musée de Cire de Londres.

    Très proche de la famille Royale (elle fut invitée à vivre à Versailles...) elle faillit être guillotinée à la Révolution pour sympathies royalistes, et finit par s'exiler en Angleterre.

    Elle réalisa les effigies de Louis XVI et de Marie Antoinette (ci dessous, au musée de cire de Londres).

    Le Musée Grévin, à Paris, fut crée en 1882 à l'imitation de celui qu'elle avait crée à Londres.